Chapitre 17 : L'affect de la solitude

Bonsoir, bonne nuit ! C'est une publication bien tardive, je le sais, mais elle a le mérite d'être publiée à temps malgré tout ! X) Je répondrais à vos reviews demain matin, ça me fera commencer le week-end de bonne humeur ! :) Je vous présente le chapitre 17 et dans celui-ci vous apprendrez dans quelle(s) maison(s) iront nos sorciers préférés ! Seront-ils séparés ? (Le titre est peut-être un peu trop révélateur à ce sujet... mais ce chapitre contient une révélation plus importante que celle du titre alors tout va bien !) En espérant que cela vous plaira et avant de plonger vers Morphée n'hésitez pas à me donner votre avis sur la lecture !


« L'Obscurus est une entité magique parasite qui naît du refoulement par un sorcier de ses pouvoirs magiques. Un sorcier hébergeant un Obscurus à l'intérieur de lui est appelé Obscurial. »

C'est la définition la plus précise que les sorciers aient donnée à ce phénomène qu'ils ne comprennent que très peu.

Celui-ci semble d'une rareté aussi grande que la puissance incommensurable détenue par son hôte, autrement nommé Obscurial. Cette forme de magie est si violente qu'elle détruit systématiquement son propre possesseur, le tuant la plupart du temps bien avant qu'il n'atteigne une dizaine d'années de vie.

La nuit qui voilait le ciel d'Ilvermorny était peu à peu chassée par le soleil malgré l'habituelle chape de brume recouvrant le domaine ; ainsi sonnait le début d'une nouvelle journée pour les étudiants de cette noble école de magie.

N'ayant probablement pas remarqué ce changement, le directeur d'Ilvermorny resta plongé dans la lecture d'un petit livre d'apparence ancienne.

Il avait passé toute la nuit à chercher cet ouvrage dans sa bibliothèque personnelle et rien ne pourrait l'empêcher de le relire une énième fois, maintenant qu'il le tenait enfin.

Ses mains tournaient fébrilement chaque page de l'objet tandis que son corps était parcouru d'un mélange d'excitation et d'horreur. Sa captivation était telle qu'elle le rendait complètement indifférent au lever du soleil dont les rayons frappaient pourtant les larges fenêtres de son bureau.

Alors que ses yeux parcouraient les lignes d'encre sur les pages vieillies du livre, ses mains se mirent à trembler ; il ressentit exactement le même sentiment de profond dégoût qu'il se souvenait avoir éprouvé la première fois qu'il avait découvert ces informations.

Ce livre faisait partie des très rares ouvrages traitant de cette forme de magie. Les Obscurus, l'incarnation la plus pure et la plus destructrice que la magie puisse prendre.

Non seulement ce livre traitait de ce sujet, mais en plus de cela, il révélait aussi plusieurs faits relatifs aux Obscurials et à ce que représentaient exactement les Obscurus.

Cet ouvrage, contrairement à la définition qu'en donnait le MACUSA et les autres gouvernements magiques, ne qualifiait pas les Obscurus de parasites mais plutôt comme étant l'incarnations physiques de la magie de leurs sorciers.

L'Obscurus était seulement le nom que les sorciers avaient donné à la magie particulièrement destructrice habitant les Obscurials.

Selon ce livre, dire d'un Obscurus qu'il est un parasite serait aussi absurde que de dire que la magie en était un pour les sorciers.

Les Langues-de-plomb ayant rédigé cet ouvrage y avaient inscrit la vérité, une vérité à la fois cruelle et dégoûtante ; ainsi, le monde sorcier avait inventé cette histoire de parasite dévorant son hôte de l'intérieur pour pouvoir abattre les Obscurials dont la puissance les effrayait. Aucune forme de jugement ne fut prononcée puisque tuer un Obscurial revenait à le libérer de sa souffrance.

Il était vrai que les Obscurials souffraient mais pas à cause d'une entité parasite mais à cause de leur magie réprimée. Il n'y avait aucun parasite, c'était un mythe, une légende, un mensonge.

Ce n'était qu'une excuse pour pouvoir abattre les enfants Obscurials avant que leur magie ne prenne le dessus sur eux et qu'ils se révèlent être un danger pour le Code International du Secret Magique.

L'Obscurus n'était pas le parasite d'un sorcier refoulant sa magie ; l'Obscurus était la magie de l'Obscurial. Une magie qui n'était pas très différente dans ses caractéristiques par rapport à celle d'un sorcier classique. L'étude écrite entre ces pages le prouvait par des relevés très précis et très complets.

Un Obscurus n'avait jamais eu d'identité propre, ce n'était pas une créature, ni une malédiction. C'était une forme de magie. Non seulement la plus puissante des formes existantes, mais aussi la plus proche de ce qu'était la magie à son origine.

Les Obscurials étaient similaires sur de nombreux points aux premiers sorciers : instables, d'une durée de vie ridiculement faible mais d'une puissance incommensurable.

Voilà ce que représentait réellement un Obscurial ; un sorcier ayant développé sa magie jusqu'à son apogée et mourant consumé vif par cette même magie.

Malheureusement, même les Langues-de-plomb ignoraient ce qui, exactement, déclenchait ce changement dans la magie d'un jeune enfant. Mais puisque ce phénomène n'avait été observé que chez des enfants ayant subi des sévices physiques ou psychiques durant leur petite enfance, les Langues-de-plomb en avaient conclu que restreindre et vouloir cacher sa propre magie faisait, paradoxalement, évoluer celle-ci jusqu'à ce qu'elle devienne un Obscurus.

Suite à cette théorie, des expériences avaient été réalisées sur de très jeunes enfants, des cobayes, livrés aux Langues-de-plomb. Ceux-ci étaient chargés de les traiter comme le faisaient les moldus lorsqu'ils avaient découvert l'existence des premiers sorciers...

Sur plus d'une centaine d'enfants testés à travers le monde, aucun ne développa d'Obscurus. Une vingtaine d'entre eux moururent en bas âge et plus de la moitié ne survécurent que quelques années, mais aucun d'eux ne montra de capacités plus élevées que la moyenne en magie. Ce fut un échec. Après cette expérience ratée, comprenant que ce phénomène était difficilement reproductible et encore moins compréhensible, la peur des sorciers ne fit qu'augmenter. Ils ne savaient ni qui pourrait devenir un Obscurial ni comment il le devenait.

Ils décidèrent donc d'un commun accord de détruire chaque sorcier développant cette particularité avant que celui-ci ne puisse devenir dangereux ; que ce soit pour eux ou pour l'équilibre qu'ils avaient enfin réussi à instaurer entre les sorciers et les non sorciers.

Ce fut à ce moment-là qu'ils inventèrent cette histoire de parasite. Ce dernier n'était en fait que la représentation physique de la magie d'un Obscurial lorsqu'il faisait appel à l'intégralité de ses pouvoirs ou plutôt, lorsqu'il perdait le contrôle de sa magie longuement réprimée.

Cela arrivait généralement bien avant que l'enfant n'atteigne une dizaine d'années. Réprimer son essence magique durant plusieurs années étant déjà un exploit en soi.

C'était la réalité, celle que le livre qu'Agilbert avait trouvé dans les affaires de son grand-père exposait. Son grand-père devait avoir déniché ce rapport écrit et relié au ministère puisqu'il avait été Auror durant la quasi-totalité de sa vie, tout comme de nombreux membres de la famille Fontaine d'ailleurs.

Ce livre, Agilbert avait pratiquement oublié son existence. Mais maintenant...

Maintenant cet ouvrage lui semblait bien plus utile. Si sa théorie se confirmait, si ce qu'il avait cru percevoir n'était pas seulement le fruit de son imagination et si les informations contenues dans ce livre étaient réelles... alors il avait enfin trouvé la clef lui permettant d'accomplir sa vengeance sur le MACUSA. La vengeance parfaite.

Le Congrès magique des États-unis d'Amérique tombera sans espoir de se relever un jour. La vérité ferait mal, très mal à ce gouvernement et elle ne pourrait que le réduire en cendres aussi bien littéralement que de manière politique, on ne se relevait pas d'un scandale pareil lorsque une preuve aussi flagrante était exposée à la population.

Son petit Ellias serait alors vengé de ceux qui l'avaient condamné et son âme pourrait enfin reposer en paix.

À cette simple idée, les poings de l'homme se resserrèrent sur l'ouvrage qu'il tenait toujours entre ses mains et il inspira profondément pour se calmer. Rien n'était joué, rien n'était encore gagné. Tout reposait sur une hypothèse, une hérésie, une idée absolument inconcevable.

Celle que Harry Potter, le héros de la dernière grande guerre magique, soit en réalité un Obscurial. Un Obscurial ayant réussi à survivre dix-huit ans, l'hôte d'un Obscurus dont la puissance était si monstrueuse que pour la restreindre, il avait été obligé de placer assez de verrous sur sa magie pour qu'elle se divise en de multiples facettes d'elles-même.

Et si c'était le cas... alors il suffirait que toutes les restrictions de Potter volent en éclats pour que sa magie redevienne ce qu'elle avait toujours été : un Obscurus. Et ce juste sous les yeux du MACUSA...

Un Obscurus restreint depuis plus de dix-huit ans, un Obscurial inconscient de sa propre monstruosité. Le monde magique ne survivrait jamais à l'éveil d'un monstre pareil. Il détruirait l'équilibre entre la population sorcière et ses dirigeants et Agilbert frémit en imaginant les dégâts matériels et les victimes que pourraient faire un monstre pareil lâché sur la population.

Lui qui avait si mal réagi au simple sous-entendu qu'il était anormal. Pauvre Potter, son éveil le rendrait complètement fou et il en deviendrait incontrôlable. Il en mourrait certainement mais peu lui importait tant qu'il le faisait aux yeux de tous.

Ce serait un véritable carnage. Le MACUSA n'y résisterait pas, il imaginait déjà une guerre civile ravageant leur beau pays. Le simple fait de songer aux membres de ce gouvernement morts broyés par la fureur d'un Obscurus suffisait déjà à apaiser un peu le gouffre que l'absence de son fils avait laissé dans le cœur d'Agilbert.

Et pour la suite, il imaginait facilement que la mort de Potter mettrait le feu à la poudrière qu'était les États-Unis magique d'Amérique. Plus jamais. Plus aucune vie ne serait ruinée par les lois de ce pays gouverné par la peur et la haine. Son cœur et son sang criaient vengeance et s'il ne pouvait l'obtenir autrement, il l'aurait par la destruction.

C'est donc avec les cris d'agonies imaginaires des membres du MACUSA qu'Agilbert Fontaine accueillit Harry Potter et Thomas Gaunt dans son bureau.

Avant de faire quoi que ce soit, il fallait qu'il en soit certain. Potter pouvait très bien être seulement un sorcier très puissant mais trop jeune pour savoir se maîtriser correctement. Il fallait être sûr que Potter était un Obscurial et pour cela, quoi de mieux qu'un tournoi à la réputation particulièrement meurtrière ?

Après tout, s'il avait fait venir Harry Potter à Ilvermorny, c'était à la base pour avoir un œil sur l'un des meilleurs sorciers d'Angleterre et peut-être même persuader celui-ci de le soutenir dans sa cause. Disons seulement que si ses espoirs se confirmaient, il n'aurait aucunement besoin de persuader le garçon de se rallier à lui...

Il lui suffirait de lui révéler la vérité pour le briser et en faire l'arme de destruction massive dont il avait tellement besoin. La manière douce était trop lente, il n'avait plus la force se battre avec des mots et des jolis discours ; il avait essayé la diplomatie, Potter lui offrirait la guerre.

Agilbert adressa un sourire aux deux garçons, la première chose qu'il allait faire, ce serait de les séparer. Gaunt était un sorcier capable et dangereux mais il ne l'intéressait pas outre mesure, ce n'était que l'héritier de la famille Gaunt et il n'avait rien à lui apporter. Il allait seulement faire en sorte de l'éloigner de l'autre.

Isoler l'Obscurial le rendrait plus fragile…

Quelques heures seulement après leur répartition par le directeur, Harry s'écroula pratiquement contre un mur, se forçant à essayer de se maîtriser.

Son instabilité magique, ajoutée aux sentiments si sombres qu'il ressentait encore provenir du cœur de Tom, l'empêchait de se préoccuper du regard que portaient sur lui les autres Oiseaux-tonnerre. Peu importe s'il les effrayait, pour le moment cela l'indifférait.

Rien n'était capable de lui sortir de la tête ce qui alourdissait en permanence son cœur. Il fallait qu'il fasse quelque chose. Il ne pouvait pas le laisser comme cela. Il ne pouvait pas seulement faire comme si de rien n'était. Jamais il ne réussirait à passer encore une heure avec ça pesant sur sa poitrine.

Tout avait commencé ce matin à cause d'Agilbert Fontaine qui n'avait rien trouvé de mieux que de les répartir dans des maisons différentes. Harry s'était retrouvé assigné aux Oiseaux-tonnerre de par son passé de Gryffondor.

Apparemment les Oiseaux-tonnerre et les Gryffondor partageaient de nombreux points communs alors le directeur avait tout naturellement voulu qu'il rejoigne cette maison. A contrario, il avait décrété qu'un digne descendant de la famille Gaunt devait aller chez les Serpents cornus.

Tom n'avait pas du tout apprécié le fait que le directeur se donne le droit de les séparer.

Fontaine s'était montré inflexible sur sa décision. Harry avait bien essayé de convaincre celui-ci que Thomas Gaunt devait rester avec lui puisqu'il était placé sous sa tutelle. Cependant, le directeur n'avait pas voulu prendre cela en compte, arguant qu'en Amérique un sorcier de dix-huit ans ne pouvait être responsable d'un autre sorcier à peine plus jeune que lui.

Tom avait seize ans. Sur ses papiers officiels, il était écrit qu'il n'avait que seize ans. Par conséquent, et contrairement à lui qui avait dû rejoindre le cours des dernières années, Tom avait été réparti avec les sixièmes années...

Donc non seulement le directeur les avait placés dans des maisons différentes mais en plus de cela, ils ne suivraient même pas les mêmes cours.

Dès que Tom en avait pris conscience, une rage sans nom s'était élevée en lui et Harry avait craint qu'il ne s'en prenne au directeur. Il avait donc essayé d'écourter au maximum leur entretien.

Cela avait fonctionné puisque le directeur leur avait donné la journée d'aujourd'hui, un dimanche, pour découvrir l'établissement scolaire, son fonctionnement, les cours qu'ils devraient suivre ainsi que leurs maisons respectives. Tout en précisant que le lundi suivant, jour où les champions seraient nominés par la Coupe de Feu, marquerait officiellement le début du tournoi des trois sorciers.

Lorsqu'ils avaient quitté le directeur et qu'un étudiant responsable du bureau des élèves les avait amenés à leurs maisons respectives, Harry avait senti la colère de Tom se muer peu à peu en quelque chose de beaucoup plus sombre.

C'est après leur avoir fait brièvement visiter l'école que le responsable leur avait dit qu'il serait mieux pour eux de faire connaissance avec les élèves de leurs maisons et de leurs promotions. Il les amena alors dans la cour principale pour leur montrer où se trouvaient les deux bâtiments.

Les Oiseaux-tonnerre possédaient une tour sur l'extrême gauche de l'arc de cercle constituant les bâtiments secondaires autour du bâtiment principal et les Serpents cornus avaient l'intégralité d'un dédale de couloirs occupant tout le flanc droit de l'école. Les deux lieux étaient donc complètement à l'opposé l'un de l'autre ; éloignés par plusieurs hectares de terrain.

Ils s'étaient alors séparés et la colère que ressentait encore Tom à ce moment-là s'était comme évaporée dans un océan brûlant de désespoir et de solitude.

Même maintenant, alors qu'ils étaient éloignés de plusieurs centaines de mètres l'un de l'autre, Harry le ressentait. Ce désespoir, cette solitude, cet appel à l'aide, ce sentiment d'abandon, cette rage de ne pas pouvoir être avec lui.

Harry savait que Tom n'avait jamais eu de personnes proches de lui avant... pas d'ami, pas de famille. Aucun repère. Et Merlin seul savait à quel point il comprenait la douleur que cela pouvait causer, mais jamais il ne se serait douté que le mage noir vivrait si mal leur séparation. Ils ne se côtoyaient que depuis quelques semaines, Tom ne pouvait pas s'être attaché à lui aussi fortement que cela.

Comme un coup de poing dans le ventre, le souvenir du baiser du mage noir et du sentiment d'amour l'accompagnant percuta Harry et il ne put qu'accepter cette vérité. Tom tenait à lui bien plus qu'il n'aurait jamais dû le faire. Il l'aimait. Cette pensée avait encore du mal à s'inscrire dans l'esprit de l'ancien Gryffondor. Pourtant c'était la seule explication qu'il réussissait à donner à ce qu'il percevait actuellement.

Cela ne faisait que quelques heures qu'ils étaient physiquement éloignés et Harry était déjà à bout mentalement. Il n'arrivait pas à tenir une conversation, il était incapable de se concentrer sur quoi que ce soit, tous ses sens étaient comme viscéralement rattachés à ces émotions qu'il continuait de ressentir. Comme une sorte de tourbillon incontrôlable, les émotions du jeune Seigneur des Ténèbres passaient de la colère à la tristesse et du désespoir à la solitude sans jamais s'arrêter, sans jamais s'apaiser.

Pas étonnant que Tom soit devenu si asocial et manipulateur s'il ressentait tout ainsi, Harry comprenait bien mieux qu'il puisse sombrer dans la folie. Lui-même avait l'impression que son esprit allait rompre à force de recevoir directement des émotions aussi brutales.

Le brun se souvenait que Dumbledore lui avait dit il y a longtemps que Tom Jedusor, Voldemort, était incapable de ressentir l'amour ou même l'affection, puisqu'il avait été conçu sous l'influence d'un philtre magique et qu'il avait grandi sans jamais recevoir d'attention particulière.

Si Albus Dumbledore était encore de ce monde Potter ne se serait pas gêné pour aller lui faire comprendre qu'il s'était trompé et qu'au contraire de ne rien ressentir, Tom semblait tout percevoir de façon bien plus intense.

Harry supposait que cela devait être le cas depuis toujours. Tom ressentait la haine, la colère, la jalousie, l'affection et tout autre sentiment sans en avoir la maîtrise, sans avoir le moindre recul sur ses émotions. Si c'était réellement le cas, cela justifierait beaucoup de choses.

Si Tom n'était pas capable de stopper ses sentiments internes, il était normal qu'il ait dû apprendre à en maîtriser l'aspect externe. D'où l'habitude qu'il avait prise de pénétrer les pensées des gens ou de manipuler son entourage. Il essayait de se protéger...

Harry serra les dents à cette pensée, incapable de ne pas faire de parallèle avec sa propre enfance.

Lui-même avait dû oublier l'envie de recevoir de l'amour de sa famille, se forcer à essayer de ne pas vouloir que sa tante le prenne dans ses bras comme elle le faisait avec son cousin. Oublier que ce n'était pas normal de recevoir des coups et des insultes à longueur de journée. Essayer de ne pas ressentir de la peur ou de la haine envers les personnes lui offrant malgré tout un toit et au moins un repas par jour.

Les Dursley n'étaient pas si mauvais ; il s'était répété cette phrase tellement de fois. Espérant peut-être qu'elle prendrait un jour du sens.

Si Tom, contrairement à lui, n'avait pas réussi à s'éloigner de ses émotions, alors Harry comprenait réellement qu'il soit devenu ce qu'il est. Un être torturé en permanence, essayant désespérément de trouver un moyen de s'éloigner de toute cette souffrance.

Ce moyen Tom l'avait trouvé et Voldemort l'avait élevé à son paroxysme. La haine, la haine n'était pas douloureuse. La haine était bien plus agréable que la peur ou la douleur, elle n'attendait rien en retour, elle ne pouvait pas décevoir...

Penser à tout cela ne le menait à rien. Cela continuerait, s'il ne faisait rien, personne ne le ferait. Il continuerait à ressentir cela et Tom continuerait de souffrir.

Ce fut assez brutalement et sous les regards définitivement apeurés de la plupart des Oiseaux-tonnerre, qu'Harry partit en courant. Il n'eut même pas besoin de prononcer le moindre mot de passe pour franchir la porte de la tour, qui céda dès l'instant où elle rencontra sa magie débridée.

Il n'avait pas besoin de connaître les lieux ni de savoir où se rendre exactement pour suivre, sans le moindre doute, la direction qu'avait emprunté Tom. C'était purement instinctif, il savait qu'il suivait simplement ce lien qui continuait de lui retransmettre, sans interruption, ce que ressentait Jedusor.

Il se retrouva bien vite de l'autre côté de l'école, légèrement essoufflé mais assez déterminé pour ne pas faire demi-tour maintenant.

À la vue du serpent cornu gravé à même la pierre de l'entrée du bâtiment, il sut qu'il n'aurait pas besoin de mot de passe pour entrer.

S'adressant à la gravure, il siffla.

§ Ouvre-toi ! §

La gravure bougea immédiatement et le serpent de pierre sembla le regarder un instant, comme s'il était animé d'une conscience. Il disparut après sa contemplation, activant le mécanisme permettant d'accéder à l'entrée du domaine des Serpents cornus.

Harry s'engouffra à l'intérieur sans hésitation et continua de suivre ce qu'il percevait de la présence de Tom dans ce dédale de couloirs en pierre brute. De nombreuses gravures et fresques décoraient les lieux et il croisa également des portraits de différents sorciers mais il ne prit pas le temps de s'attarder sur cela.

Descendant un escalier plus large que les autres, il arriva au sous-sol devant une grande double porte qui devait marquer l'entrée de la salle commune des Serpents cornus. Cette fois-ci, en plus de ses émotions, Harry fut capable de sentir la présence magique de Tom.

Ne se préoccupant aucunement du fait qu'il n'avait probablement pas le droit d'être là, le brun ouvrit les deux portes en grand et entra dans la salle.

Ses yeux trouvèrent instantanément ceux de Tom.

Celui-ci se trouvait au fond de la salle, un élève semblait avoir fait une tentative de conversation avec lui puisqu'il attendait visiblement une réponse. Réponse qui ne viendrait jamais puisque le regard de Jedusor et l'intégralité de son attention venaient de se focaliser sur Harry, comme toute la salle le fit, peu de temps après lui.

Potter était visiblement essoufflé et sa magie s'échappait toujours de lui par petites étincelles colorées. Son apparence actuelle ne rassurait en rien les Serpents cornus sur ses intentions. La magie de Harry Potter avait l'air dangereuse, assez pour que tous les élèves ayant assisté à la répartition du Gryffondor reculent d'un pas, appréhendant la suite.

Harry ignora les regards et les chuchotements. Il ne les remarqua d'ailleurs même pas et alla vers Tom d'un pas décidé, il se contenta de faire quelque chose qu'il ne se souvenait pas avoir fait depuis une éternité : il le prit dans ses bras, volontairement. Le brun ne se souvenait même plus de la dernière fois qu'il avait initié un contact aussi franc avec un autre être humain.

Tom et lui faisaient approximativement la même taille alors il n'eut aucun mal à le prendre dans ses bras.

Le lien lui retransmis alors avec une fidélité sans faille les émotions qui traversèrent Jedusor, avant que celui-ci ne lui rende son étreinte de manière terriblement possessive.

D'abord il y avait eu de la surprise mélangée à une certaine forme de perplexité. Puis Harry avait lui-même ressenti son propre cœur s'apaiser lorsque le sentiment de solitude et de désespoir que ressentait précédemment Tom avait disparu, s'effaçant progressivement. Pour laisser place à un brute sentiment possessif, de l'affection mêlée à une certaine forme de volonté ; celle qu'il ne le relâche jamais.

Harry ne se sentit pas gêné par le fait que Tom avait passé ses bras autour de sa taille et que ses mains s'étaient resserrées sur son dos, froissant son uniforme. Il ne s'était même pas inquiété du fait que l'intégralité des personnes présentes dans la salle les fixaient.

Il se sentait apaisé. Il ne savait pas si ce sentiment était le sien ou celui de Tom, mais il savait qu'il se sentait beaucoup mieux maintenant. Il poussa d'ailleurs un soupir de soulagement lorsque le lien entre le jeune Seigneur des Ténèbres et lui diminua en intensité avant de s'éteindre, le laissant de nouveau libre. Son esprit pouvait enfin se concentrer sur autre chose.

Cela ne tarda pas ; sa conscience le rattrapa brusquement. Trop brusquement.

Il se rendit compte qu'il venait de traverser l'intégralité d'Ilvermorny en courant. Et ce, uniquement pour retrouver Tom Jedusor et le prendre dans ses bras.

Après un bref moment de panique, il réussit à se convaincre que le monde n'allait pas s'écrouler à cause de ça. Tout ce qui comptait, c'est que son cœur ne semblait plus si lourd.

C'est en fourchelang qu'il s'adressa à Jedusor. Il fallait qu'il lui dise quelque chose.

Il aurait voulu expliquer à Tom pourquoi il était là. Il aurait voulu réussir à lui exprimer le fait qu'ils allaient devoir trouver rapidement une solution pour contrer ce lien qui lui retransmettait toutes les émotions du Serpentard dès que celles-ci étaient un peu trop fortes. Il aurait préféré avoir un discours plus logique et moins affecté mais ce ne fut pas le cas.

§ Je... je suis maladroit pour ce genre de choses mais je voulais te dire que... j'aurais préféré que l'on reste ensemble. Que tu sois réparti dans la même maison que moi et que l'on suive les mêmes cours. §

C'était terriblement simple mais c'était probablement les mots qu'il aurait aimé qu'on lui dise s'il s'était senti aussi seul que Tom l'avait été.

À ces mots l'étreinte de Tom s'était encore un peu resserrée et le mage noir s'était penché avec lenteur pour chuchoter à son oreille, son souffle caressant sa nuque.

§ Cela signifie que tu ne me détestes pas. §

Jedusor ne l'avait pas prononcé comme une question, pourtant Harry n'avait eu aucun mal à distinguer le doute et l'espoir dans sa voix, comme si même sans leur lien, il était capable d'en interpréter la moindre inflexion.

À cela il s'était comme figé, incapable d'apporter une réponse au jeune Seigneur des Ténèbres. Il se souvenait lui avoir dit qu'il le détestait, qu'il en avait le droit. Il lui avait dit cela à Poudlard, lorsqu'il essayait encore d'accepter le fait que Tom soit en vie et qu'il n'avait plus aucun des souvenirs faisant de lui Voldemort. Il se souvenait lui avoir dit que contrairement aux autres, il avait de bonnes raisons de le haïr mais qu'il essaierait d'être juste avec lui, malgré tout ça.

Tom pensait qu'il le détestait toujours, que depuis le premier jour il essayait seulement de faire preuve de tolérance envers lui... que sa haine pour lui n'était que retenue par une volonté de justice. Était-ce encore le cas ?

Harry sentit son propre cœur se serrer de manière incontrôlable dans sa poitrine, le faisant presque souffrir. Comment Tom avait-il pu développer des sentiments pour lui en pensant cela ? Est-ce que Jedusor l'aimait réellement tout en étant persuadé que lui le haïssait ?

C'était la raison pour laquelle il s'était excusé de l'avoir embrassé.

Il lui avait demandé de ne pas le détester pour ça... pour se baiser, il ne lui avait pas répondu. Tom en avait-il conclu qu'il le haïssait ? Que s'il ne l'aimait pas comme lui l'aimait, cela signifiait qu'il le détestait ?

Sa mâchoire s'était resserrée, elle aussi. Harry se retenait de dire à Tom qu'il ne le détestait pas, que cela faisait un moment maintenant qu'il n'était plus capable de penser à lui avec ressentiment.

S'il lui disait ça, il ne savait pas quel impact cela aurait sur la manière dont Jedusor agissait avec lui. Mais pouvait-il réellement le laisser croire qu'il le détestait si ce n'était pas le cas ?

Ce fut presque physiquement douloureux pour Harry. Une image paraissant très réelle de Voldemort apparut dans son esprit lorsqu'il ouvrit la bouche pour dire si faiblement qu'il doutait que Tom ne puisse l'entendre.

§ Je ne te déteste pas. §

La fulgurance avec laquelle le lien se rouvrit entre eux l'aurait probablement cloué à terre si les bras de Tom ne le tenaient pas encore étroitement serré contre lui.

Cette fois-ci ce ne fut pas un maelstrom de sentiments pratiquement indiscernables les uns des autres qui lui parvinrent, mais un seul. Un immense sentiment de joie. Du bonheur. Quelque chose de chaud et de réconfortant. Tellement à l'opposé de la tristesse qu'il avait senti le traverser auparavant que cela réussit à l'atténuer.

Quelques secondes plus tard Tom s'était redressé, ses yeux déviant vers la bouche de Potter et sans même qu'Harry n'ait le temps d'en prendre conscience, Jedusor alla déposer un baiser sur sa joue, au coin de ses lèvres...

La dernière pensée qui s'était imposée à Harry sans qu'il ne puisse l'analyser était ; s'il ne le détestait pas pour l'avoir embrassé, est-ce que Tom en concluait qu'il en avait le droit ?

Une autre idée qu'il se refusa à penser découlait de celle-ci. S'il ne détestait pas Tom, qu'est-ce qu'il ressentait pour lui ?


Les gonds du coffre, où était élégamment inscrit H.J.P. faillirent sauter lorsque le propriétaire dudit coffre en relâcha le couvercle un peu trop brusquement.

Le bruit sourd que firent les deux morceaux de bois en s'entrechoquant d'un coup sec tira Harry Potter des méandres de son esprit où, depuis longtemps déjà, le moment où il avait rejoint Tom se rejouait.

— Si vous avez besoin d'aide pour installer vos affaires, je peux peut-être vous aider ?

Harry cligna des yeux, la sensation du corps de Tom contre le sien s'effaçant tout à coup de son esprit.

Il se retourna vers la personne venant de lui adresser la parole et il reconnut le garçon qui lui avait montré où se trouvait le dortoir des septièmes années.

Ce jeune homme aux cheveux blonds foncés portait exactement le même uniforme bleu et rouge que lui, le nœud gordien ainsi que le symbole des Oiseaux-tonnerre marquant sa poitrine, comme la sienne.

Il était la seule personne l'ayant approché lorsqu'il était rentré dans la tour des Oiseaux-tonnerre. Les autres élèves s'étaient contentés de le dévisager sans rien dire, parfois avec crainte et d'autres fois seulement curieux.

Après avoir jeté un coup d'œil à sa malle, il fit un signe négatif de la tête et répondit.

— Ce n'est pas la peine. J'oublie toujours qu'au lieu de tout ranger à la main, je peux faire ça.

Il fit un petit mouvement de baguette pour illustrer ses propos et toutes ses affaires allèrent se ranger toutes seules dans son armoire et sa table de nuit. Un petit sourire échappa au brun. C'était toujours les actes de magie les plus simples qui le faisaient sourire comme s'il voyait celle-ci pour la première fois.

— Ça m'arrive aussi. Je suppose que grandir dans le monde moldu laisse quelques réflexes.

Harry se retourna vers l'Oiseau-tonnerre et ne put s'empêcher de penser qu'il y a encore quelques mois, en Angleterre, ce genre de paroles n'aurait pas été prononcé à cause des Mangemorts qui faisaient toujours régner la terreur en traquant les sorciers nés de famille moldues.

Son expression dut faire transparaître quelque chose de sombre puisque le blond s'excusa.

— Je suis désolé, je ne voulais pas vous rappeler de mauvais souvenirs. Je m'appelle Therence Legrand, enchanté !

Harry fut un peu surpris que Legrand ait l'air d'un... Gryffondor ? Legrand ressemblait à un Gryffondor essayant d'être accueillant et poli avec un nouveau membre de sa maison.

Cette pensée le rassura un peu. Tous les Oiseaux-tonnerre qu'il avait précédemment croisés lui avaient offert un accueil assez froid. Probablement à cause de sa répartition ou de sa réputation... ou d'un mélange des deux.

Il répondit assez simplement, se souvenant que tenir une conversation avec un inconnu ne lui avait jamais réussi.

— Enchanté.

Therence lui sourit et dû comprendre qu'il ne parlerait pas beaucoup plus, puisqu'il se contenta de dire en réponse.

— Si tu as un souci, tu peux t'adresser à moi, je suis responsable de la maison des Oiseaux-tonnerre jusqu'au rétablissement de notre directrice. Pour les cours, je t'expliquerai tout au fur et à mesure, et en ce qui concerne le tournoi, je sais seulement que les champions seront nominés demain. Ce sera une longue journée, tu devrais peut-être te reposer.

Harry remarqua son passage du vouvoiement au tutoiement. Maintenant qu'ils s'étaient plus ou moins présentés, il supposa que c'était logique.

Il acquiesça, ne voulant pas contredire son camarade, notant aussi que la directrice de sa maison était visiblement absente.

Therence le laissa seul et Harry en profita pour aller prendre une douche. Les dortoirs des garçons étaient équipés de douches individuelles et séparés par année d'études.

Il avait obtenu le dernier lit au fond du dortoir mais il ne s'en plaignait pas, son lit était en face d'une fenêtre qui avait une vue vertigineuse sur le terrain de Quidditch perdu dans le lointain. Même s'il n'aurait sûrement ni le temps ni l'occasion de jouer à ce sport, il pourrait au moins observer les entraînements de loin.

Le Quidditch faisait partie des choses qu'il appréciait le plus ; la sensation de vol était de loin la meilleure qu'il n'ait jamais ressentie.

Lorsque Harry sortit de la douche, il fut surpris par le brouhaha. Tous les élèves semblaient s'apprêter à aller dormir et un capharnaüm infernal régnait dans la tour.

Les cris, le bruit et les mouvements brusques n'auraient sûrement pas gêné Potter il y a plusieurs années mais là, cela le mettait sur les nerfs. La guerre en était peut-être responsable ? Ou était-ce la peur de perdre le contrôle de sa magie qui l'empêchait de se détendre ne serait-ce qu'une seconde dans cette ambiance ? C'était certainement, là aussi, un mélange des deux.

C'est plusieurs heures plus tard, allongé dans son lit, n'ayant même pas pris la peine de tirer la couverture sur lui, qu'Harry se rendit compte qu'il n'arriverait pas à dormir. Pourtant la tour était de nouveau silencieuse et les rideaux présents autour de son lit lui offraient une impression de sécurité.

Il regardait le plafond sans bouger, absolument pas à l'aise. Il se sentait de la même manière que les premières nuits qu'il avait passées dans un vrai lit chez les Dursley. Ce confort lui donnait l'impression qu'à la seconde où il fermerait les yeux, il se réveillerait dans un endroit horrible où tous ses pires cauchemars seraient réunis.

Inévitablement, ses pensées revinrent vers le mage noir qu'il était censé surveiller, où se trouvait Tom ? Est-ce qu'il avait réussi à trouver le sommeil ?

Au même moment, le dortoir des sixièmes années était plongé dans la pénombre et chacun de ses résidents semblait dormir d'un sommeil profond.

Exception faite d'un seul. Derrière les rideaux d'un des lits du dortoir brillait une petite lumière, celle d'un Lumos et si l'on tendait l'oreille on pouvait y distinguer des sifflements.

§ Cela se prononce journal. Mais on peut aussi appeler cela un carnet ou un cahier. Celui-ci est pour Harry. §

Le mage noir désigna l'un des deux livrets à la couverture noire où il était écrit en lettres d'or et en fourchelang ; Harry James Potter.

§ Et celui-là est à nous. §

Tom fit alors un bref mouvement désignant un carnet similaire au premier, mais celui-ci avait l'inscription Tom Elvis Jedusor écrite en fourchelang sur la couverture.

Le petit crotale se dirigea vers l'un des cahiers et siffla en envoyant un regard interrogatif à Tom.

§ Harry ? §

Tom siffla, l'air un peu plus sombre.

§ Harry n'est pas là, tu pourras le voir demain. C'est pour lui. §

Le jeune Seigneur des Ténèbres faisait attention à prononcer ses phrases lentement et simplement, espérant que Diligitis en retiendrait mieux le vocabulaire ainsi. Mais visiblement Diligitis se demandait pourquoi Harry n'était pas là : le tout petit serpent regardait le carnet qu'avait désigné Tom comme si celui-ci allait brusquement faire apparaître Potter.

Les yeux de Jedusor prirent une teinte rouge vive à cette pensée, Harry ne pouvait pas apparaître d'un coup ici mais ces carnets pourraient au moins leur permettre de communiquer malgré la distance.

Il venait de les relier par un sortilège en fourchelang, un enchantement plutôt basique mais qui, avec quelques modifications, devenait intéressant.

Si Harry écrivait dans ce carnet en fourchelang, et seulement en fourchelang par mesure de sécurité, le texte apparaîtrait sur son propre carnet et il pourrait y répondre de la même manière.

Tom savait qu'avec leur lien d'âme ils leur étaient probablement possible de communiquer directement par télépathie, mais il se doutait que Potter n'était pas encore prêt pour accepter quelque chose comme ça. Alors, il avait préféré recourir à quelque chose de moins personnel.

Il ne voulait pas brusquer les choses avec Harry. Ce serait déjà un pas en-avant si Potter acceptait d'utiliser son cadeau.

À suivre...