Chapitre 20 : La naissance d'un Obscurial

Coucou ! Nous voilà lundi et voici le chapitre 20 ! :) Vous savez ce que cela signifie ? Plus que 6 avant la fin de la réécriture ! Dimanche prochain on en aura terminé avec la publication des anciens chapitres et je vous posterai un nouveau chapitre (le 27) dans la foulée, certainement à la fin du mois. Par la suite je prévoirai des dates de publication pour le 28 et le 29 dans le mois d'avril, je pense toujours vous publier deux chapitres par mois (au moins jusqu'à ce que je sois en vacances) alors j'essaierai de vous prévenir à l'avance du jour de publication d'un chapitre, soit en l'écrivant dans une note en haut du chapitre précédent comme ici, soit sur mon profil FF. En attendant je vous laisse avec le chapitre 20 et je vous préviens qu'il est plutôt difficile (émotionnellement) à lire même s'il y a quelques touches de légèreté vers la fin ça reste un chapitre assez difficile, donc si vous êtes dans le bus, le train ou le métro... ce n'est pas l'idéal ! Bonne lecture à vous et laissez-moi une review en partant même si c'est juste pour me dire que vous êtes là, ça me fera énormément plaisir !


Prisonnier, tenu à l'écart, captif, retenu contre sa volonté. L'esprit de l'enfant avait prêté des dizaines et des dizaines d'expressions à sa situation actuelle, il se sentait piégé. Il était piégé.

Seul dans le sombre placard sous l'escalier, un petit garçon brun aux yeux verts, d'à peu près cinq ans, était couché sur le dos, le regard affolé alors que brillait au-dessus de lui une petite sphère de lumière.

Paralysé par la peur, sa panique ne fit qu'augmenter et comme pour le punir du manque de contrôle qu'il possédait sur ses émotions, la boule de lumière se fit plus éclatante encore, se déplaçant autour de lui avec agitation et éclairant spasmodiquement les recoins les plus sombres du placard.

Il faisait nuit et la porte était verrouillée, il était piégé. Piégé avec ça. Il ne savait pas exactement ce que c'était mais il savait que cela n'aurait pas dû être là.

Harry avait toujours eu peur du noir mais jusqu'à maintenant, cette peur ne l'avait pas dérangé. Il se souvenait qu'à chaque fois qu'il avait eu un peu peur, il lui avait suffi de penser très fort à de la lumière pour que celle-ci apparaisse et reste avec lui, comme par magie.

C'était bien là le problème, la magie n'existait pas. Son oncle Vernon lui répétait souvent cette phrase, sans que le plus jeune ne sache réellement pourquoi. Il le savait. Il savait que la magie n'existait pas. Cette boule de lumière devant lui n'était pas censée être là, elle n'aurait pas dû exister. La magie ne devait pas être réelle.

Toujours immobile dans son placard sous escalier et alors qu'il ne réussissait pas à trouver le sommeil, Harry fut obligé de remettre en cause cette conviction. Il ignorait ce que c'était exactement mais il se savait capable de réaliser certaines choses. Des choses que les autres enfants à l'école ne semblaient pas pouvoir faire. Cela le terrorisait...

Légèrement tremblant, Harry leva la main et, avant même qu'il n'ait fini de formuler sa pensée, la petite sphère lumineuse se retrouva dans le creux de celle-ci. Effrayé, il hoqueta de surprise. Jusqu'à présent, il n'avait jamais essayé de diriger ces choses qu'il réussissait parfois à faire.

Il préférait les ignorer, faire comme si elles n'existaient pas et, même si parfois il y pensait, il essayait de ne pas le faire. Harry ne voulait pas s'attirer d'ennuis et, en dehors de lui, ce qu'haïssait le plus son oncle et sa tante étaient les choses anormales. Comme le fait de pouvoir faire apparaître de la lumière dans son placard plongé dans le noir.

Harry en était parfaitement conscient, certaines choses qui lui arrivaient ou qu'il faisait sans vraiment en avoir le contrôle étaient anormales. Cette magnifique petite boule de lumière blanche dans sa main en faisait partie.

Pourtant, après plusieurs minutes à se demander ce qu'il allait faire pour la faire disparaître, comme il le faisait tous les soirs depuis un moment maintenant, Harry finit par trouver la lumière apaisante et même très jolie. Après tout, tant qu'elle était là, l'obscurité ne pouvait pas l'atteindre.

Tant qu'il pourrait invoquer cette petite boule de lumière, même si c'était quelque chose d'anormal, il n'aurait pas à avoir peur des ténèbres.

Cette nuit-là, Harry ne trouva pas le sommeil, il réfléchit longtemps à ce qu'il réussissait parfois à faire et à ce que son oncle lui avait dit au sujet de la sorcellerie.

Après de nombreuses réflexions et comparaisons, le brun finit par conclure, assez tristement, que ses dons un peu particuliers ressemblaient fortement à ce que son oncle appelait de la magie. Sauf que, bien qu'il essayât vraiment, jamais l'enfant ne trouva ce que ses parents adoptifs pouvaient bien voir de si horrible dans la magie.

Ce fut la pensée qui accompagna Harry durant toute la journée qui suivit cette nuit blanche, il se demanda et il chercha même ce qui était mal dans la magie. Il reconnut que parfois, lorsqu'il avait peur ou qu'il était en colère, certaines choses un peu dangereuses autour de lui se produisaient mais cela n'avait jamais vraiment créé de gros problèmes.

Plus il y pensait et plus Harry trouvait que sa magie semblait agréable. Elle l'aidait toujours quand il avait un problème et ça, pour un petit garçon qui n'avait aucun ami et des parents ne se préoccupant absolument pas de lui, cela semblait incroyable. Même si, au fond de lui, Harry se doutait que cette magie faisait partie de lui et qu'en réalité, c'était un peu comme s'il s'aidait lui-même...

La journée se déroula à grande vitesse et c'est plus tard dans la soirée, alors qu'il avait déjà fini de débarrasser la table et de faire la vaisselle, que Harry lança un regard à sa famille.

Son oncle et sa tante étaient avec Dudley pour l'encourager et l'aider à faire quelques devoirs pour l'école. Bien sûr, ils ignoraient complètement la présence d'Harry qui, lui aussi, avait les mêmes exercices à faire. À un moment, Dudley réussit à résoudre une addition plutôt simple, et son père le félicita chaleureusement, apparemment très heureux des progrès de son jeune fils en mathématiques.

Harry se mordit intérieurement les joues, de jalousie ou de dépit, il l'ignorait. Lui réussissait déjà à faire des problèmes de mathématiques bien plus compliqués que celui-ci et jamais il n'avait reçu une parole de félicitation ou même d'encouragement pour cela.

Après un instant, il ressentit comme une douleur à la poitrine et il sentit ses yeux devenir humides, il fuit pour se réfugier dans son placard, humilié par sa propre réaction.

Il ne devrait pas être jaloux de Dudley, la jalousie c'était quelque chose de mal et même si Dudley avait plus de choses que lui et que leurs parents l'aimaient plus que lui, c'était normal. Dudley était leur vrai fils, lui n'était rien. Juste un neveu qu'ils préféreraient oublier.

Son cœur lui fit encore plus mal après cela et il remarqua de nouveau la lumière magique qui éclairait toujours son placard quand il y était seul, dans le noir.

Elle l'apaisa un peu et il sentit sa douleur s'éloigner. Brusquement, une idée percuta son esprit. Une idée qui lui parut fantastique.

Sa magie était jolie. Dudley ne pouvait pas faire de magie comme lui alors peut-être que son oncle et sa tante le verraient différemment s'il leur montrait qu'il était capable de faire quelque chose que Dudley ne pouvait pas faire.

Harry se souvenait que son oncle lui avait répété des centaines, peut-être même des milliers, de fois que la magie n'existait pas et à chaque fois, il avait paru très contrarié et même en colère en lui répétant ça.

Il savait que ni sa tante ni son oncle ne semblait aimer l'idée que la magie puisse exister puisqu'ils semblaient toujours horrifiés à cette pensée mais, peut-être que s'il leur montrait que la magie existait et qu'elle pouvait être belle, son oncle et sa tante l'aimeraient, comme lui aimait cette petite lumière.

Harry eut alors de l'espoir, l'espoir que sa famille adoptive lui accorde enfin un peu d'attention s'il leur montrait qu'il était capable de faire quelque chose que Dudley ne savait pas faire et que cette chose était vraiment belle.

Un peu angoissé mais déterminé à essayer, Harry se releva et sortit de son placard. Le couloir et même le salon où était sa famille étaient plongés dans la pénombre et le petit brun espérait qu'il réussirait à refaire venir la lumière grâce à ça.

Il avait décidé que cette lumière était la plus belle chose qu'il réussissait à faire avec sa magie, il se doutait que ce n'était pas grand-chose et que l'ampoule d'une lampe était tout aussi lumineuse que sa sphère mais elle lui semblait beaucoup plus belle qu'une ampoule et elle n'avait pas besoin de l'électricité - dont il avait entendu son oncle expliquer le fonctionnement - pour éclairer ce qui était bien, non ?

Lorsqu'il réussit à la faire apparaître à côté de lui, il sourit, heureux qu'après seulement quelques secondes à y penser très fort la lumière réapparaisse. Il la fit venir dans ses mains et l'observa un instant supplémentaire. Il avait tout de même un doute sur le fait que cela suffise à faire changer d'avis son oncle et sa tante sur la magie, mais il se disait que cela valait le coup d'essayer.

Peut-être qu'après cela, il pourrait essayer de faire apparaître quelque chose de plus impressionnant ? Il aimerait bien apprendre à faire plus de choses grâce à sa magie.

Décidé à en parler à sa famille, il fit quelques pas vers le salon, s'arrêta un peu derrière les Dursley et il réfléchit à ce qu'il pourrait leur dire pour leur expliquer comment il avait découvert qu'il pouvait faire de la magie mais il décida finalement que ce n'était pas une très bonne idée.

Les Dursley n'aimaient pas beaucoup lorsqu'il prenait la parole et Harry n'était pas certain de savoir exactement quels mots il utiliserait pour s'expliquer. Son oncle lui avait interdit de dire à voix haute le mot magique.

L'enfant décida qu'il ne parlerait pas sauf si son oncle ou sa tante lui posait une question. Il se disait que voir la lumière suffirait pour que les Dursley comprennent, lui avait bien compris que la magie n'était pas horrible en la contemplant. Au contraire même, il l'avait trouvé magnifique.

Prenant son courage à deux mains, il s'approcha des Dursley et il fit même exprès de faire un peu de bruit en marchant alors que d'habitude, il essayait d'être le plus silencieux possible.

Son cousin fut le premier à relever la tête de son cahier d'exercices vers lui. Immédiatement, le jeune garçon vit Harry Potter illuminé par une sphère lumineuse aussi grosse qu'une pomme entre ses mains. La boule de lumière flottait au-dessus des mains du garçon, comme une luciole et elle vacillait parfois un peu comme la flamme d'une bougie.

Dudley eut immédiatement une exclamation ébahie qui eut le don de faire lever les têtes des deux adultes vers leur neveu mal-aimé.

Harry retint son souffle alors que sa tante et son oncle lui adressaient un regard, le premier depuis longtemps maintenant. L'enfant aux cheveux bruns et aux vêtements usés et bien trop grands pour lui comprit rapidement que quelque chose n'allait pas.

Le visage de sa tante s'était décomposé, passant peu à peu de la surprise à l'horreur la plus profonde. Elle le regardait avec dégoût et, face à son regard, Harry ne put que faire un pas en arrière. Effrayé, il perdit le contrôle de la petite lumière qui, sensible à ses émotions, devint plus lumineuse encore, voletant autour de lui comme un papillon.

Son oncle était resté muet et immobile de surprise bien plus longtemps que sa tante, qui avait poussé un cri d'horreur excessivement aiguë lorsqu'elle avait vu la lumière bouger.

Le visage de l'oncle Vernon et même sa posture tout entière était passé de la surprise à la colère après ces quelques secondes.

Harry n'eut pas le temps de s'éloigner, il eut juste le temps de comprendre qu'il allait vraiment regretter ce qu'il venait de faire avant de se recevoir un coup. Une énorme gifle qui le cloua au sol.

La douleur lui coupa le souffle un instant tout entier et il paniqua, la lumière qui était toujours près de lui se divisa en de nombreuses petites versions d'elle-même qui se mirent à tournoyer tout autour de lui et même ailleurs dans la pièce.

Son oncle lui hurla si fort dessus qu'Harry eut le réflexe de porter ses mains à ses oreilles.

— Arrête ! ARRÊTE-LES ! Si tu n'obéis pas, je te promets que tu seras puni espèce de... espèce de MONSTRE !

La peur et la panique ne faisaient qu'empirer le phénomène et la pièce fut bientôt remplie de dizaines et de dizaines de sphères lumineuses, rendant le salon des Dursley plus lumineux que tous ceux du quartier de Privet Drive.

Harry entendit sa tante crier après lui de manière hystérique et l'oncle Vernon le saisit bientôt par le col pour lui hurler qu'il devait tout arrêter.

Le petit garçon essaya mais il échoua, trop terrorisé pour calmer sa magie encore instinctive, et bientôt Dudley se mit à pleurer - probablement plus parce que les adultes hurlaient qu'à cause de la lumière. À cela, l'oncle Vernon devint fou.

*

Attention ! Scène de violence sur un enfant, si vous souhaitez passer ce passage, vous pouvez le faire.

Harry reçut d'abord une seconde gifle qui le propulsa de nouveau au sol et comme la douleur ne faisait qu'empirer le phénomène, cela augmenta la colère de son oncle. Sous les pleurs de Dudley, il frappa son neveu.

Ce furent d'abord des coups de pied ponctués d'insultes comme le fait qu'il n'était qu'un monstre, une bête, une anomalie qu'il aurait dû corriger il y a bien longtemps déjà.

Alors qu'il était déjà étourdi par la douleur et paralysé par la peur, Harry avait fermé les yeux, recroquevillé sur le sol, incapable d'avoir des pensées claires. Il avait mal au corps et au cœur. Beaucoup trop mal pour essayer d'arrêter sa magie ou même faire des excuses. Il ne savait même pas pourquoi il devait s'excuser mais il se doutait qu'il aurait dû le faire.

Cependant, il ne le fit pas et la situation empira, son oncle était devenu fou de rage de voir les petites lumières devenir plus brillantes et plus affolées encore.

Il ordonna à Harry de les faire disparaître, il essaya d'en chasser quelques-unes lui-même puis il sembla perdre complètement l'esprit en voyant les lumières disparaître à son contact puis réapparaître au-dessus d'Harry, comme si lui n'était rien. Comme si sa présence les indifférait complètement.

L'homme de forte corpulence attrapa la première chose qu'il aperçut et qui lui semblait pouvoir détruire les lumières. Le tisonnier brûlant de la cheminée fut bientôt entre ses mains, il chassa les lumières puis, alors qu'elles revenaient vers le corps de l'enfant recroquevillé sur le sol, il frappa celui-ci.

Un horrible cri strident de souffrance s'échappa immédiatement de la bouche du garçonnet, il hurla à s'en arracher les cordes vocales pendant plusieurs minutes alors que les lumières s'éloignaient et s'éteignaient une à une, plongeant de nouveau la pièce dans l'obscurité.

À travers toute sa souffrance et alors que son oncle avait reposé la barre de métal incandescente sur le sol, Harry l'entendit répéter comme un homme complètement fou que la magie n'existait pas, qu'elle n'était pas réelle et qu'il n'était qu'un monstre.

Oncle Vernon le répéta encore et encore et, de la même manière que le coup de tisonnier avait laissé une marque indélébile sur le corps du garçon, ces paroles le firent aussi.

*

Fin de la scène violente. Pour résumer (sans les descriptions) à ceux qui ont sauté le passage : l'oncle de Harry le frappe avant de lui donner un coup avec le tisonnier brûlant de la cheminée.

Ce jour-là, le très jeune Harry Potter renia sa magie de la manière la plus violente possible en souhaitant ne plus jamais pouvoir l'utiliser ; il voulait l'oublier. Il voulait oublier la naïveté dont il avait fait preuve en voulant montrer à quel point il était monstrueux à ses parents.

Il voulait oublier tout ce qui concernait la magie et il enferma celle-ci quelque part très profondément en lui. La souffrance physique le rendant malade, il n'eut même pas conscience de la douleur qu'il subit en annihilant sa très jeune magie.

Ce jour-là, il fit ses adieux à cette lumière qui le protégeait lorsqu'il avait peur du noir, il fit ses adieux à la seule chose lui ayant apporté un peu de réconfort et il accepta les ténèbres.

Demain, il n'aurait plus peur de l'obscurité, elle l'habiterait.

Finalement, il perdit conscience et lorsqu'il se réveilla à l'hôpital le lendemain, ses parents adoptifs expliquèrent aux médecins qu'il avait trébuché en courant dans la maison puis était tombé violemment sur le tisonnier de la cheminée et Harry ne démentit pas puisqu'il avait oublié, oublié tout ce qui concernait les choses qu'il réussissait parfois à faire ; la magie.

Il ne se souvenait pas du fait que cette blessure n'était pas due à une maladresse de sa part mais bien à un coup porté par son oncle. Peu à peu, il eut la certitude qu'il s'était fait cette blessure lui-même.

Une seule idée semblait lui être restée en mémoire ; la magie ça n'existe pas.

Certains enfants finissent handicapés à vie suite à un traumatisme comme celui-ci et Harry n'en eut pas conscience mais ce fut son cas, jamais plus sa magie ne fonctionnerait comme avant.

Brutalement, Tom Elvis Jedusor se réveilla, immensément ébranlé par le cauchemar qu'il venait de vivre. Il vérifia sa hanche, persuadé qu'il y verrait la marque brune significative de sa peau qui avait été complètement brûlée à cet endroit. Mais il ne vit rien. Sa peau était blanche et sans aucune marque de ce genre.

Il lui fallut un instant pour comprendre que ce n'était pas lui qui avait reçu ce coup, que ce n'était pas sa propre chair qui avait été brûlée et c'est en haletant d'horreur que son esprit parvint à la bonne conclusion.

C'était arrivé pour la seconde fois, il avait encore revécu l'un des moments de la vie d'Harry en rêve...

Quelques mètres plus loin, au même instant, le garçonnet de ce cauchemar avait grandi et il se tenait assis, inspirant et expirant lentement ; le regard fixé sur le plafond. Il ferma les yeux pour essayer de rationaliser ses pensées et ses émotions.

Le baiser de Tom, bien plus intime que les fois précédentes et ses mots sur leur situation, sur la possibilité que sa propre magie puisse le tuer ; tout cela tournoyait dans sa tête et formait un brouillard confus dans son esprit.

Le jeune mage noir avait aussi prononcé une phrase qu'Harry ne comprenait pas : il lui avait dit qu'il était la seconde chance de son âme. Qu'est-ce que Tom entendait par là ? Comment pouvait-il être la seconde chance de l'âme du Seigneur des Ténèbres ? Ça n'avait pas de sens.

Les paroles que Tom avait prononcées au sujet de sa magie et du fait qu'il le détesterait lorsqu'il connaîtrait la vérité l'empêchaient de se calmer. Pire, il réussissait encore à ressentir la présence du corps du mage noir contre le sien alors que son esprit rejouait en boucle certaines de ses déclarations. La dernière le terrorisait particulièrement parce que Tom avait été sincère. Il lui avait dit, tout à fait sérieusement, qu'il devrait faire un Horcruxe pour ne pas mourir. Pour que sa magie ne le tue pas, Tom lui avait proposé de fabriquer son propre Horcruxe.

À quel point sa vie était-elle en danger pour que le mage noir, dont l'âme et l'esprit avaient été détruits par les Horcruxes, puisse lui conseiller sérieusement de briser lui-aussi son âme ?

Y penser le rendait malade. Plus encore que l'idée qu'il avait laissé Tom profiter de lui seulement par peur de le blesser. Il aurait pu le repousser, il lui avait laissé le temps de le faire. Il aurait dû le repousser.

Une voix, bien trop familière au goût d'Harry, l'empêcha de se perdre plus profondément dans les pensées qui tourbillonnaient sans cesse dans son esprit.

— Tenez.

Ouvrant un œil, Harry jeta un regard au verre que lui tendait son professeur de potions et, surpris par l'odeur et la couleur du liquide, il grogna.

— Vous comptez me saouler pour que je réponde à vos questions ?

Le Maître des potions renifla avec mépris avant de lui dire.

— Si c'est la seule solution pour que vous m'expliquiez enfin ce qu'il se passe dans votre tête, je suis prêt à vous resservir jusqu'à ce que vous ne puissiez plus marcher droit.

Harry grinça des dents mais, se redressant un peu dans le fauteuil dans lequel il était assis, saisit le verre à deux mains et il murmura en regardant le liquide ambré.

— D'après Ron et Hermione, j'ai l'alcool plutôt mauvais, je ne pense pas que ce soit la meilleure idée que vous ayez eu, professeur.

Avant que ledit professeur n'ait eu le temps de regretter son geste et de lui reprendre son verre, le Gryffondor le vida d'un seul coup.

Rogue grimaça en voyant le gamin vider son verre et le poser par terre comme s'il lui avait donné un verre de lait à la place de whisky-pur-feu. De toute évidence, ce n'était pas la première fois que Potter avalait de l'alcool aussi fort.

S'asseyant en face de son élève, Severus attendit en silence que Potter se décide à lui expliquer ce qu'il l'avait mis dans un tel état.

Lorsqu'il avait récupéré le Survivant, celui-ci était dans un état lamentable : il ne lui répondait pas, sa lèvre était fendue, ses vêtements débraillés et il semblait complètement perdu.

Finalement, après avoir enfermé le jeune Seigneur des Ténèbres dans sa propre chambre et conduit Potter dans le salon de ses quartiers personnels sans que celui-ci ne se décide à lui parler, Severus s'était décidé à lui servir quelque chose à boire en espérant que cela réveillerait un peu le gamin de son état catatonique. Malheureusement, il ne s'attendait pas à ce que Potter vide son verre de whisky comme s'il ne s'agissait de rien de plus que du jus de citrouille.

Au moins, le Gryffondor paraissait enfin capable d'aligner trois mots pour constituer une phrase.

Severus espéra qu'un seul verre ne soit pas suffisamment fort pour réellement saouler Potter. Il n'avait aucune envie de se battre avec le sauveur du monde sorcier lorsque celui-ci avait trop bu. Si les rumeurs à Poudlard étaient vraies, alors Potter ne supportait vraiment pas l'alcool. Il lui demanda.

— Comptez-vous enfin m'expliquer pourquoi le Seigneur des Ténèbres et vous-même avez quitté la cérémonie et ce que vous faisiez dans cette salle de classe ?

Potter posa ses coudes sur ses genoux et resta silencieux un moment, ses cheveux bruns masquant son regard jusqu'à ce qu'il relève la tête et commence par dire avec une certaine hésitation.

— C'est à cause de Chul Fontaine, je crois que lui et Tom ont eu... une conversation que Tom n'a pas beaucoup appréciée.

Severus sentit son rythme cardiaque s'accélérer en entendant Harry Potter prononcer deux fois de suite le prénom du Seigneur des Ténèbres. Il était malade à l'idée que Potter puisse appeler le Seigneur des Ténèbres par son prénom naturellement et surtout, sans que cela ne soit pour le mettre en colère.

Cela le dégoûtait presque autant que la pensée que Potter ne s'était pas fendue la lèvre en recevant un coup de poing. Jamais le Seigneur des Ténèbres n'aurait utilisé ses poings dans un duel. La seule autre possibilité était que... peu importe ce que Potter avait fait pour s'ouvrir la lèvre inférieure n'était pas son problème.

Le maître des Potions se doutait que cela avait un rapport avec Chul Fontaine. Comme tout le monde dans la salle, il avait remarqué que Fontaine et Thomas Gaunt s'étaient figés un court instant après avoir échangé quelques mots, avant que le mage noir ne se lève tout à coup pour quitter la salle et que Potter le suive immédiatement, comme un chien obéissant.

Cette pensée suffit à faire revenir sa colère et il gronda à l'adresse du fils de son ennemi.

— J'étais avec vous pendant la cérémonie, je sais que le Seigneur des Ténèbres est parti après avoir eu une interaction avec le jeune Fontaine, ce n'était pas ma question. Je vous demande pourquoi vous l'avez suivi et ce qui s'est passé entre vous deux dans cette salle de classe.

Potter lui lança un regard noir pendant un court instant avant qu'il ne baisse de nouveau la tête. Il sembla revenir dans ses pensées un moment puis, il lui dit d'une voix un peu plus grave qu'à l'accoutumée.

— Je ne sais pas. Je sais ce qui s'est passé mais je ne sais pas pourquoi cela s'est passé. Je l'ai suivi seulement parce que j'ai senti qu'il fallait que je le fasse. Après tout, n'est-ce pas le rôle que vous m'avez donné ? Je suis censé le surveiller alors je ne vois pas pourquoi cela vous semble si surprenant que je le suive.

Le ton utilisé par Potter était colérique, pourtant le Maître des potions n'en prit pas offense. Il essayait de faire parler Harry depuis presque une demi-heure maintenant et le fait que celui-ci lui adresse la parole lui semblait déjà être une bonne chose.

Le Potionniste insista un peu en demandant plus précisément.

— Vous l'avez suivi et après ? Vous vous êtes battus ?

Potter secoua immédiatement la tête.

— Non, il ne m'a pas provoqué en duel.

Il se pencha en avant, l'air un peu perturbé et Severus sentit qu'il n'allait pas aimer ce que Potter allait dire ensuite. Cependant, sa volonté de savoir ce qui s'était réellement passé était plus forte que ce pressentiment.

Potter se raidit et il lui dit.

— Il n'était pas dans son état normal, il était perturbé par quelque chose et je voulais savoir de quoi il s'agissait. J'ai attendu qu'il parle mais il n'a jamais prononcé le moindre mot, il s'est juste levé et il m'a...

Cette fois-ci, le professeur de potions sentit son cœur faire un raté. Le visage de Potter avait toujours été bien trop expressif. Ses émotions étaient toujours terriblement lisibles, beaucoup trop franches. Il ne faisait aucun effort pour les masquer. Ni ses émotions ni ses pensées n'étaient protégées en cet instant, si bien que Severus n'eut absolument pas besoin du reste de la phrase pour comprendre pourquoi la lèvre inférieure de Potter était fendue.

Luttant contre une brutale envie de frapper à mains nues le jeune homme en face de lui, il se leva brusquement et fit plusieurs pas en rond dans la pièce. Il essayait d'effacer les images mentales que Potter venait de lui transmettre sans vraiment le vouloir.

Cet abruti de Gryffondor s'était laissé... Le Seigneur des Ténèbres avait...

Même son esprit ne réussissait pas à formuler de pensées concrètes. Pourtant, Severus se doutait que Potter devait avoir essayé de repousser le mage noir, d'où la blessure à la lèvre, mais il ne pouvait pas s'empêcher d'être en colère contre lui. Il savait lui-même depuis longtemps que l'obsession du Seigneur des Ténèbres pour Potter avait quelque chose de terriblement malsain et il avait vu les deux jeunes hommes se rapprocher, il avait même prévenu Potter du danger que représentait une telle relation.

Il savait que le Gryffondor n'y était pour rien et qu'il devrait seulement maudire le Seigneur des Ténèbres et l'attirance de celui-ci pour Harry Potter mais il n'y arrivait pas.

Pour lui, Harry avait largement les capacités et la force nécessaire pour empêcher que ce genre de choses se produise. Dans l'esprit du professeur de potions, c'était plutôt clair ; si le Seigneur des Ténèbres avait réussi à l'approcher assez pour... l'embrasser, et peut-être même plus étant donné l'état dans lequel était son uniforme, c'était que Potter l'avait laissé faire.

Pour quelle obscure raison, il l'ignorait et il n'était pas certain d'être prêt à l'entendre...

Après un moment, l'homme plus âgé retrouva la capacité à s'exprimer et il réussit à demander un peu sèchement.

— J'ai compris, c'est arrivé et après ça ? Vous étiez en train de parler lorsque je vous ai interrompu. Qu'est-ce que vous vous disiez ?

Potter resta muet. Il ne dit rien et Severus n'eut pas le courage d'insister, il lui semblait en avoir appris déjà bien assez sur les événements pour comprendre qu'il ne souhaitait pas en savoir plus, pour le moment en tout cas.

Malgré cela, son esprit ne pouvait pas ignorer l'information qu'il venait d'assimiler. Le Seigneur des Ténèbres ne voulait définitivement plus abattre Potter, non c'était pire que cela, bien pire. Il le voulait vivant et Rogue connaissait assez bien le caractère du mage noir pour se douter qu'il ne se contenterait pas de sa présence ; il voudrait tout, de manière exclusive.

Rogue n'avait aucune idée de ce qui avait toujours autant fasciné le Seigneur des Ténèbres au sujet de Potter mais il savait que cette obsession était un sentiment présent depuis longtemps, mais que ce sentiment s'était encore amplifié au point de devenir... Il ignorait quel mot il devait mettre sur l'attirance physique et psychique du Seigneur des Ténèbres pour son élève et il refusait d'y mettre un mot mais il savait que cela ne finirait pas bien.

Potter était bien trop indépendant pour accepter d'être la possession de qui que ce soit et le Seigneur des Ténèbres était tout à fait capable de déclarer la Troisième Guerre mondiale pour forcer Harry à rester près de lui s'il l'avait décidé ainsi.

Il devait s'assurer que Potter se tienne éloigné, assez pour que le Seigneur des Ténèbres ne développe pas encore plus de sentiments à son égard. L'attrait du Seigneur des Ténèbres pour Potter lui semblait tout à coup bien plus effrayant que son ancienne volonté de l'abattre.

Severus prit conscience qu'il devait séparer Harry de l'influence du mage noir autrement, cela risquait d'empirer et de devenir complètement incontrôlable. Il n'était pas prêt à laisser le fils de Lily se faire souiller par le Seigneur des Ténèbres seulement parce que celui-ci avait décidé que cela semblait plus stimulant que de conquérir le monde.

Il n'allait pas sacrifier la vie d'Harry seulement pour canaliser les pulsions d'un fou. Il préférait encore avoir à faire une guerre plutôt que d'imaginer Harry Potter prisonnier de Tom Jedusor.

Il espérait seulement que ce n'était pas trop tard et que le fait que Potter n'ait pas complètement repoussé l'homme ne signifiait pas qu'il le laisserait aller plus loin.

Alors que cette pensée le torturait, Severus Rogue entendit l'alarme qu'il avait mise sur le corps inconscient du mage noir. Celui-ci s'était réveillé.

À suivre…