Chapitre 26 : Plaies fantômes

Joyeux dimanche matin à vous ! Le changement d'heure ne vous a pas trop perturbé ? De mon côté j'ai l'impression de mettre levée très tard alors que ce n'est pas vraiment le cas ! x) Aujourd'hui est un jour particulier car c'est le dernier jour de publication de la réécriture ! Avec le chapitre 26 et toute sa simplicité on égale enfin l'ancien chapitre 80. J'espère qu'il vous plaira car contrairement à d'habitude vous devrez attendre quelques jours pour obtenir la suite. Que diriez-vous d'avoir le prochain chapitre pour le premier avril ? J'ai consulté mon emploi du temps et ça me paraît être un bon jour pour commencer la publication des nouveaux chapitres. Du coup, notez-le dans un coin et on se retrouve le premier avril pour le chapitre 27 "entre les lignes" (j'aime beaucoup le titre que j'ai choisi !) Je vous souhaite de passer un bon moment de lecture et n'hésitez surtout pas à vous manifester en reviews ! Après tout une partie de ce chapitre est inédite alors j'imagine qu'il va réunir les anciens et les nouveaux lecteurs. :)


Harry expira brutalement alors qu'un sort percutait sa poitrine et vidait l'air que contenaient ses poumons d'un seul coup. Il ne connaissait pas le sort qu'avait utilisé Agilbert pour provoquer ça et lorsqu'il réussit à reprendre sa respiration, il se mit à tousser s'en pouvoir s'arrêter, la respiration bloquée par intermittence. Il grinça des dents en réalisant qu'il n'avait plus le choix.

Le Survivant s'était en partie rappelé d'un sortilège de protection de haut niveau qu'Hermione avait qualifié d'utile contre les Mangemorts mais dont elle avait précisé que la complexité et la dangerosité pour son utilisateur faisait de lui un sortilège trop dangereux et un peu trop lié à la magie noire contre laquelle ils essayaient de se prémunir. Ron avait acquiescé, l'air inquiet qu'Hermione puisse seulement envisager de l'utiliser et Harry se souvenait avoir mémorisé la formule. Juste au cas où.

Il ne se remémorait plus exactement les effets secondaires de ce sort, mais il était certain qu'il serait assez puissant pour stopper toutes les tentatives d'attaque du directeur. Celui-ci souhaitait qu'il utilise un sortilège de niveau supérieur, c'était ce que Harry comptait faire.

Malheureusement, il ne trouvait aucune ouverture, aucun moment assez long pour qu'il puisse se concentrer et lancer le sort. Fontaine ne lui laissait pas une seconde pour souffler, le directeur ne semblait pas retenir ses coups, il se battait comme s'il souhaitait sérieusement le blesser.

L'Élu n'en pouvait plus, s'empêcher d'utiliser la magie offensivement alors que cela lui semblait naturel le rendait fou. Il savait qu'il devait faire quelque chose pour éviter de perdre le contrôle au risque de blesser quelqu'un, il songeait même à abandonner. S'il pouvait éviter une catastrophe, il se fichait de perdre contre le directeur.

C'est ce qu'il s'apprêtait à faire, lorsque, en face de lui, entre le directeur et sa propre position, pile au centre du nœud gordien, il vit quelque chose apparaître peu à peu.

La silhouette blanchâtre d'un enfant de profil surgit devant ses yeux, cela ressemblait à un fantôme, comme ceux qui hantaient Poudlard sauf qu'il ne semblait pas autant... visible. Il paraissait bien plus translucide, on pouvait complètement voir au travers et contrairement à un fantôme, sa pâleur n'était pas d'un blanc-gris comme celle d'un drap usé. Elle paraissait plus pure.

Immédiatement après l'apparition du petit fantôme, le directeur perdit toutes ses couleurs et Harry l'entendit prononcer un prénom à voix basse. Ellias.

Le petit garçon fantomatique ne sembla pas l'entendre, il se tourna vers lui et Harry le vit lui faire un signe de tête avant d'écarter les bras. Juste au moment où il entendait une voix résonner dans son esprit.

— C'est le moment ! Utilise ta magie !

Cette voix... il l'a reconnue assez facilement, c'était celle qu'il lui avait crié de briser le sceau pour se libérer. Dans un sursaut de conscience et juste avant que la silhouette fantomatique ne disparaisse, Harry concentra toute sa magie et traça maladroitement un sort qu'il utilisait pour la première fois, en criant la formule ;

— Filamenta !

L'effet fut immédiat, des fils de magie apparurent dans les airs et vinrent encercler ses muscles et son corps, formant une armure. Mais Harry se rendit très vite compte de la dangerosité du sort lorsque les fils magiques qui l'encerclaient - dans le but de le protéger et de lui permettre en même tant d'attaquer - lui brûlèrent la peau, le sort le blessait, il ne le maîtrisait pas.

Revenant à lui après l'apparition, le directeur reconnut le sortilège utilisé par Harry Potter et s'empressa de lancer.

— Finite Incantatem !

Malheureusement, l'effet voulu ne fonctionna pas, le sortilège s'écrasa contre l'armure magique qui l'absorba et celle-ci sembla enserrer un peu plus son sorcier pour le protéger.

Paniqué, le directeur cria à Potter de stopper le sortilège.

Harry n'eut aucun mal à tout arrêter, il se contenta de cadenasser sa magie et de la faire revenir dans sa poitrine comme il en avait l'habitude. Les fils magiques suivirent sa volonté, se retirant de son corps pour fondre vers sa poitrine, disparaissant.

Le directeur eut l'air très perturbé, il déclara d'une voix forte.

— La démonstration est terminée. Monsieur Potter, sachez que le dernier sortilège que vous venez d'utiliser est non seulement hautement interdit dans la plupart des nations magiques, mais en plus de cela ; vous ne le maîtrisez pas, il aurait pu vous tuer.

Ou vous faire perdre le contrôle de votre monstruosité. Ajouta le directeur sans pour autant en exprimer la pensée.

Agilbert Fontaine lui adressa un regard grave emplit de trouble. Harry ignorait ce qui se passait, c'était la première fois qu'il voyait ce fantôme à Ilvermorny et personne ne lui avait dit qu'il y en avait un autre que Marthe, la femme qui s'occupait des sombrals du mont Greylock. Était-ce réellement un fantôme ?

Le directeur ne dit rien à ce sujet, bien qu'Harry fut certain que celui-ci l'avait vu aussi clairement que lui. Les élèves quant à eux, ne semblaient même pas avoir remarqué l'incident. En vérité, ils parlaient tous à voix basse du sortilège de Filamenta et du fait qu'il devait être inconscient pour avoir tenté d'utiliser un sortilège aussi dangereux sur lui-même.

Certains, une minorité, semblaient admiratifs du fait qu'il ait presque réussi à l'utiliser et les autres regardaient les légères marques rouges qui étaient apparues sur sa peau, comme si elles étaient des marques de la peste.

Il les ignora, et le reste du cours fut uniquement théorique, le directeur ne lui adressa plus aucune attention. Il avait passé plus d'une heure à lui lancer des sorts et des malédictions en le provoquant et maintenant ; il évitait sa vue comme s'il était maudit. Ses camarades faisaient la même chose, imitant le directeur, excepté Therence qui lui avait discrètement demandé s'il allait bien.

Oui, il allait bien. S'il le comparait aux entraînements avec l'Ordre du Phénix et à ses combats contre les Mangemorts, ce duel n'était pas si terrible. Il était seulement perturbé par cet enfant fantomatique qui l'avait aidé ainsi que par le comportement paradoxal du directeur envers lui.

Harry passa le reste du cours dans un coin de la salle, un peu isolé malgré lui, Agilbert Fontaine l'ignorait et la seule fois où il lui lança un coup d'œil, ce fut un regard noir. Troublant un peu plus le Gryffondor qui ne savait plus du tout quoi penser du directeur.

Est-ce qu'il lui en voulait ? Avait-il vraiment été trop loin en utilisant ce sort ? Peut-être qu'il aurait mieux fait d'abandonner le duel et qu'Agilbert Fontaine attendait simplement de lui qu'il avoue qu'il n'avait jamais eu d'enseignement dans le domaine de la magie défensive. Ou alors ce n'était pas lui le problème mais le fantôme...

Ellias ? C'était le nom que lui avait donné le directeur. Qui était-il ? C'était la deuxième fois qu'il lui prêtait main-forte dans une situation difficile et à chaque fois... le directeur était aussi impliqué.

Soupirant, Potter grimaça un peu en baissant les yeux vers ses mains, elles étaient meurtries, non seulement parce qu'il les avait utilisées comme boucliers mais aussi à cause du Filamenta mal exécuté qu'il avait utilisé. Des traces de brûlures rougeâtres marquaient son visage et probablement toutes les parties de son corps qui n'étaient pas protégées par son uniforme ; fines, elles ne lui faisaient pas vraiment mal mais elle lui rappelait à quel point son ignorance en matière de sortilèges défensifs pouvait être handicapante.

Harry se promit que dès qu'il en aurait l'occasion, il essaierait de se pencher sur la question. Histoire d'avoir au moins des connaissances théoriques pour se débrouiller la prochaine fois. Il songea avec un sourire que Hermione serait heureuse d'entendre ça.

À Poudlard il n'avait appris que l'offensive, au lieu de réellement se défendre, il esquivait et ripostait immédiatement. Il se battait sans jamais bloquer les sorts et les malédictions, ne pensant toujours qu'à attaquer, c'était de cette manière-là qu'on lui avait appris la magie et... c'était ce qui lui venait le plus naturellement. S'il avait le choix entre un Expelliarmus et un Protego dans une situation de duel, son choix irait sans hésitation vers le premier. Un Protego le protégerait de manière éphémère, alors que l'Expelliarmus pourrait lui permettre de remporter le duel.

Pourtant, après l'expérience assez désagréable qu'il venait de vivre, Harry se disait que, peut-être, en apprendre plus sur la magie défensive l'aiderait dans une situation comme celle-ci où il ne pouvait pas - ou ne voulait pas - attaquer.

Quelques instants plus tard, le cours prit fin et Harry quitta la salle avec davantage de questions à l'esprit que lorsqu'il y était arrivé...

Alors qu'il descendait l'escalier en colimaçon menant au bureau du directeur utilisé comme une salle de classe - Therence le rejoignit et il lui demanda à voix basse.

— Tout va bien ? Tu devrais peut-être aller à l'infirmerie pour soigner ça.

Harry grimaça en remarquant la manière dont son camarade regardait ses blessures, elles ne lui semblaient pas graves au point de consulter l'infirmière, cela ne lui faisait même pas mal, il n'allait pas déranger quelqu'un pour ça.

— Ce ne sont que des égratignures.

Therence eut l'air incrédule un moment mais il ne lui dit rien. Après un instant supplémentaire, Harry exprima une question qui lui tournait dans la tête depuis un moment.

— Est-ce que tu sais s'il y a des fantômes à Ilvermorny ? Je veux dire, à part Marthe.

Harry savait que seul lui et le directeur avaient vu l'apparition du petit garçon mais il voulait tout de même demander, au cas où des rumeurs courraient sur un fantôme d'enfant à Ilvermorny.

Therence le dévisagea un peu, trouvant visiblement sa question étrange puis il lui souffla.

— Non, pas que je sache. Marthe a toujours été la seule, elle veille sur les allées et venues à Ilvermorny depuis de nombreuses années. Je n'ai jamais entendu parler d'un autre fantôme ici. Pourquoi cette question ?

Harry ne se sentait pas encore assez en confiance avec Therence pour lui parler sans détour mais il ne voulait pas non plus lui mentir. Il se décida pour un entre-deux un peu maladroit alors qu'ils atteignaient le bas des escaliers.

— Je me posais la question. À Poudlard il y a beaucoup de fantômes qui vivent dans le château. Je me suis dit que cela pourrait être le cas ici aussi.

La conversation se termina là-dessus, laissant Harry un peu plus perplexe encore. Il n'osa pas demander si Therence connaissait ou avait connu un enfant du nom d'Ellias...

Harry se sentait encore secoué, il ne parvenait pas vraiment à se retirer de l'esprit cette étrange apparition ; il venait de descendre dans le Hall en compagnie de Therence qui le guidait vers le réfectoire lorsqu'il remarqua une magie, qu'il reconnut instantanément, entrer en contact avec la sienne.

Cela lui donna un frisson involontaire et il se retourna, la présence de Tom Jedusor était quelque part derrière lui, celle de sa magie se précipitant vers la sienne pour s'assagir à l'instant où elles se rencontrèrent.

Lorsqu'il se retourna, il ne put pas le manquer, il y avait pourtant une foule d'élèves qui traversaient le Hall à ce moment là, pourtant Harry n'eut aucunement besoin de le chercher et il eut cette impression, celle que même s'il y avait eu des milliers de personnes dans cette pièce immense, ses yeux ne se seraient pas trompés. Ils se seraient directement plongés dans ceux, qui au bout de cette salle, l'attendaient.

Le temps fut suspendu pendant une seconde, une seconde où ils furent les deux seules âmes immobilisées en ce lieu. Puis le monde se remit à tourner autour de lui et Harry entendit de nouveau les conversations et les bruits de l'agitation.

Au loin, Jedusor sembla se ressaisir lui aussi, il lui adressa un léger signe de tête, une vague de soulagement percuta la poitrine d'Harry et il sut sans hésiter que ce soulagement ne provenait pas de lui mais qu'il était pour lui.

Il arrêta de bouger, sans se préoccuper de Therence qui, après un instant à avancer sans lui, avait remarqué son immobilité. Le responsable des Oiseaux-tonnerre s'apprêtait à demander à Harry Potter pourquoi il s'était arrêté de marcher tout à coup, quand il s'aperçut dans quelle direction regardait Potter.

À l'autre bout du Hall, Thomas Gaunt se tenait près de la porte principale et il regardait dans leur direction. C'était un regard pénétrant qui rendit Therence mal à l'aise alors qu'il n'était pourtant pas celui auquel il était destiné. Il n'eut aucun mal à deviner à qui ce regard s'adressait réellement. Potter ne fit aucun mouvement, comme figé. Avant que Gaunt ne se décide à venir vers eux. À cet instant Harry Potter sembla hésiter entre avancer dans la direction du Serpent cornu ou au contraire reculer.

Therence songea qu'à sa place, il aurait probablement fui. Gaunt lui faisait peur, il se souvenait très clairement avoir vu celui-ci tenir tête au directeur pendant la répartition d'Harry ainsi que traumatiser Chul Fontaine - un Serpent cornu réputé pour être un excellent élève, respecté à Ilvermorny, tout comme le directeur par ailleurs - d'un seul regard.

Maintenant il comprenait un peu pourquoi. C'était déjà le cas avec Harry Potter, mais Therence trouvait cela normal, après tout Potter était le héros de la dernière guerre, il était normal qu'il puisse percevoir sa magie. Même s'il n'avait jamais vraiment remarqué ce don chez lui auparavant, il ne pensait pas faire partie des sorciers ayant la capacité de ressentir les flux magiques, seuls ceux en ayant une excellente maîtrise ainsi que ceux en disposant d'une quantité impressionnante ; étaient censés pouvoir posséder ce don.

Gaunt se rapprocha d'eux pas à pas et Therence sentit qu'en plus de la magie de Harry Potter qui lui donnait déjà parfois un peu le tournis, celle de Gaunt s'y ajouta, il lui sembla que les deux présences magiques se retrouvaient, se saluaient, rendant l'air un peu plus lourd, chargé.

Il en était témoin pour la première fois, alors il ne se sentait pas le cœur de se détourner de ce spectacle. Un spectacle invisible qui l'effrayait autant qu'il le fascinait. En tant que né-moldu, jamais il n'avait pensé au fait que la magie était réellement partout autour d'eux de cette manière-là, en regardant Potter et Gaunt se saluer, il prenait brutalement conscience de ce fait.

Alors même s'il se sentait un peu comme un voyeur à observer les retrouvailles de ces deux sorciers, Therence ne se détourna pas. Il savait que Gaunt avait passé la nuit avec Potter, il les avait entendus remonter ensemble, les avait vus se tenir la main et il avait remarqué le départ de Gaunt tôt ce matin, avant le réveil des autres Oiseaux-tonnerre.

Il ne savait pas s'il avait le droit d'en tirer les conclusions qui s'imposaient à lui mais de toute façon, il lui aurait fallu être aveugle pour ne pas le voir à l'instant où Gaunt attrapa Potter par les épaules pour l'attirer dans une étreinte. Une étreinte brève qui suffit à Therence pour enfin prendre la décision de détourner le regard.

Avant de partir, il dit, en tournant le dos au couple derrière lui.

— Harry ? Gabrielle souhaitait que l'on déjeune tous ensemble ce midi, tu pourras nous rejoindre tout à l'heure si tu le souhaites.

Il entendit Potter se tourner vers lui tout comme il sentit le regard de Gaunt passer brièvement dans son dos avant de se désintéresser de sa personne.

Harry accepta son invitation et lui dit qu'il les rejoindrait un peu plus tard. Therence quitta alors le Hall, son rythme cardiaque perturbé retournant peu à peu à la normale. Il lança un dernier regard aux deux sorciers avant de disparaître dans les couloirs adjacents et lorsqu'il les vit de loin, il songea que même à cette distance, il n'y avait rien d'ordinaire dans leur manière d'interagir et même s'il essayait de rationaliser ses pensées en se répétant qu'il devait être un peu fatigué et que cela expliquait pourquoi sa vision de la situation était déformée, après tout Potter et Gaunt ne faisait que se saluer, n'est-ce pas ? Il n'y avait rien d'extraordinaire là-dedans... alors pourquoi avait-il l'impression d'avoir assisté à un moment privilégié ?

Tom se détacha de son âme-sœur après l'avoir brièvement étreint. Remarquant presque à regret que le contact physique lui avait retiré la capacité de ressentir les émotions d'Harry. Il s'y était fait. Ces émotions ténues, lointaines et fragiles qui lui parvenaient comme si elles venaient d'une partie de lui dont il n'avait pas le contrôle, elles lui manquaient déjà.

Elles l'avaient d'abord effrayé, elles lui étaient parvenues parce qu'Harry souffrait quelque part loin de lui et cette idée lui était insupportable. Mais malgré cette connaissance et maintenant qu'elles ne l'atteignaient plus, elles lui manquaient. Les émotions de Potter étaient beaucoup plus douces et agréables que les siennes, elles lui semblaient être une version plus apaisée et maîtrisée des siennes.

Tom savait qu'il ressentait les choses un peu plus fortement parfois mais si Harry les ressentait de cette manière si... agréable alors, maintenant, il comprenait bien mieux comment ses émotions à lui pouvaient le rendre malade. À côté de ceux du Gryffondor ses sentiments étaient d'une violence inouïe.

Au moment où il relâcha Potter de son étreinte, il entendit l'Oiseau-tonnerre proche d'eux demander à Harry s'il souhaitait déjeuner avec Delacour - la championne de Beauxbâtons - Tom se souvenait d'elle. Harry semblait la connaître et il avait été inquiet pour elle à sa nomination. Jedusor lança un regard à l'Oiseau-tonnerre en question et il entendit Harry lui dire qu'il les rejoindrait plus tard, avant que celui-ci ne parte en direction du réfectoire.

Lorsqu'il releva les yeux sur Harry, le cœur de Tom manqua un battement et il sentit une rage froide brûler ses veines. Blessé. Il était blessé, des marques de brûlures encore vives marquaient le visage de son lion, descendant dans son cou, ses vêtements aussi semblaient avoir subi l'assaut de ces lignes de feu et lorsque les yeux du mage noir tombèrent sur les mains du Griffon, sa mâchoire se contracta et il siffla.

§ C'est le directeur qui t'a fait ça ? §

Harry grimaça, il aurait dû se douter que Tom ne serait pas du même avis que lui. Qu'il ne considérerait pas ses blessures comme des égratignures et encore moins comme sans importance. Avant qu'il ne puisse la chasser, la pensée qu'il aurait probablement réagi de la même manière si Tom s'était présenté à lui avec ces plaies s'installa dans son esprit.

Pour rassurer le mage noir et lui prouver que ses blessures n'étaient que des égratignures sans importance, il saisit sa baguette et se concentra quelques secondes. Tom lui avait appris les bases en magie curative lorsqu'ils avaient sauvé Diligitis ensemble, c'était le moment de voir s'il était capable d'utiliser ce type de magie par lui-même.

— Vulnera Sanentur.

Cela fonctionna, il maintient le sort de soin jusqu'à qu'il ne vit plus aucune trace sur ses mains. À l'instant où il ne ressentit plus qu'un léger picotement, il releva la tête et avec un sourire fier d'avoir réussi, il ajouta, remarquant que le mage noir était visiblement partagé entre deux émotions, ses yeux s'embrasant pour s'assombrir peu après.

— Cela ne me faisait pas mal. Ce n'était qu'un exercice de défense pendant le cours, j'ai voulu utiliser un sortilège que je ne maîtrisais pas et c'est arrivé. Le directeur n'a rien fait du tout.

Tom ne réagit pas sur ce sujet. Il regarda sa baguette puis ses yeux revinrent vers les siens se colorant d'un rouge écarlate alors que l'expression de son visage se teintait d'un effarement rempli de satisfaction.

— Tu utilises la baguette qui était la mienne.

Harry écarquilla les yeux et entendit son rythme cardiaque s'emporter un peu, il l'avait oublié. Il avait fini par oublier ce détail. Cette histoire de baguette qu'il ne devait pas utiliser avant d'obtenir des explications plus claires sur ce que pourrait engendrer cette utilisation.

Cela lui était complètement sorti de l'esprit, la première fois qui l'avait utilisé, Tom lui avait fait sa déclaration... et après cela, il n'avait pas eu l'occasion de demander à Jedusor pourquoi Rogue avait autant mal réagi en apprenant qu'ils avaient échangé leurs baguettes, déjà jumelés.

Ne trouvant pas quoi répondre au mage noir, indécis sur la réaction qu'il devait adopter, Harry regarda la baguette d'if dans sa main. Il l'aimait bien, elle ne lui semblait pas aussi familière que la sienne mais il sentait qu'il n'y avait aucune résistance ni incompatibilité avec sa magie lorsqu'il l'utilisait.

Le Gryffondor se souvenait avoir ressenti le fait que la baguette d'if lui ait prêté allégeance dès la première fois où il l'avait utilisé ; il s'était demandé comment cela pouvait être possible étant donné qu'elle était la baguette de Tom avant d'être la sienne et qu'une baguette ne pouvait pas convenir à deux sorciers différents. Mis à part cet élément, il n'avait rien remarqué de particulier.

Harry avait même l'impression que cette baguette lui convenait aussi bien que la sienne et puisque Tom ne pouvait pas l'utiliser, l'échange lui semblait avoir été une bonne chose. En tout cas, Jedusor ne s'était jamais plaint d'avoir des difficultés avec sa baguette de houx.

Par conséquent, c'est un peu hésitant que Potter déclara.

— Je l'ai utilisé une première fois pour te désarmer le jour de la répartition. Après ça j'ai pensé que je pouvais l'utiliser comme je le faisais avec la mienne. Ça pose problème ?

Jedusor sembla s'amuser de la simplicité de sa réponse lorsqu'il lui dit ;

— Tu veux dire à part le fait que Severus Rogue avait juré de la briser si jamais tu l'utilisais avant que je ne t'explique les tenants et aboutissants de l'échange ?

Harry grimaça et se frotta la nuque de sa main gauche, la droite toujours agrippée à la baguette blanche, lorsqu'il souffla.

— Rogue ne l'aurait pas fait, il... c'est un Serpentard il menace plus qu'il n'agit, c'est sa manière de communiquer ses craintes.

Potter releva la tête et ajouta un peu plus sérieusement.

— Je ne sais pas ce qui l'inquiétait mais, de toute évidence, ce n'est pas encore arrivé et il était là aussi le jour de la répartition, il a dû me voir l'utiliser. S'il y avait vraiment quelque chose de grave dans le fait que je l'utilise, il m'aurait empêché de le faire.

Tom lui adressa un sourire, apparemment amusé par sa manière de voir les choses et sa confiance aveugle envers Severus Rogue.

— Je vois, alors les Serpentard menacent leur entourage pour leur communiquer ce qui leur fait peur ? C'est une théorie intéressante...

Harry l'interrompit au moment où il comprit que le Serpentard en face de lui... en était un, justement.

Il se racla la gorge et s'empressa d'ajouter.

— Ce n'est pas ce que je voulais dire... Rogue le fait, cela ne signifie pas que tous les Serpentard le font !

Cette fois-ci il entendit clairement Tom avoir un éclat de rire, c'était bref et cela le cloua sur place aussi efficacement qu'un Stupéfix. Le jeune Seigneur des Ténèbres lui adressa un sourire, un sourire joyeux. Quelque chose de si rare que cela rendit Harry confus.

Tom lui dit, les yeux brillants.

— Il me semble que le Choixpeau était très déterminé à te placer à Serpentard. Dois-je en tirer des conclusions ?

Harry resta figé un instant puis il réalisa que Tom le taquinait depuis un moment maintenant. Il soupira profondément et grogna un peu.

— Tu t'amuses bien ?

Jedusor lui adressa un grand sourire qu'Harry aurait qualifié d'enfantin, si ce n'était pas sur le visage du Seigneur des Ténèbres que celui-ci trônait. Le comportement de Tom lui semblait être en décalage avec celui méfiant qu'il adoptait généralement. Puis sans raison apparente, le mage noir s'approcha de lui, si proche qu'Harry pouvait sentir son souffle sur sa nuque.

Trop déconcerté pour faire le moindre geste et reculer, Harry resta complètement immobile et Jedusor lui siffla à l'oreille.

§ J'ai détesté être loin de toi ce matin. Lorsque tu étais en cours, le lien s'est ouvert de mon côté. Je pouvais ressentir tes émotions, tu avais peur, tu avais mal. Je ne savais pas quoi faire... je suis si heureux de voir que tu n'as rien. §

Là Harry comprit un peu mieux ce qu'il venait de se passer. Il lui avait manqué au point où Jedusor éprouvait un réel bonheur à avoir une conversation avec lui, aussi simple soit-elle. Tom était soulagé et heureux qu'il soit sain et sauf...

À quel point craignait-il qu'il lui arrive quelque chose pour qu'une seule matinée loin l'un de l'autre lui fasse éprouver cela ? À quel point Tom tenait-il à lui pour craindre en permanence de le perdre ?

Harry refusait de s'attarder sur ces questions qu'il s'était déjà posées, au lieu de cela, il demanda avec incertitude.

— Cela signifie que c'est réciproque désormais ? Que je peux ressentir tes émotions comme tu peux ressentir les miennes ?

Cette idée l'angoissait mais elle le rassurait aussi, ce n'était pas très égal qu'il ait accès aux émotions de Tom si celui-ci ne pouvait pas recevoir les siennes. Alors même si le fait que le jeune Seigneur des Ténèbres puisse connaître ses sentiments les plus intimes le troublait, peut-être que c'était un peu mieux maintenant que c'était réciproque, il n'aurait plus à se sentir coupable de connaître les siens. Et puis... peut-être qu'ils pourraient réfléchir à un moyen de stopper plus facilement le phénomène si celui-ci était partagé.

Jedusor s'éloigna de lui, il regarda ses mains, comme si elles recélaient un secret indicible, puis il lui confia ;

— Je crois que j'ai compris. Nos baguettes... tu as commencé à ressentir mes émotions après que j'aie commencé à me servir de la tienne, je me trompe ? C'est ce qui a dévoilé cette partie du lien, tu ressens mes sentiments car ta baguette magique m'a accepté et je ressens les tiens car la mienne t'a prêtée allégeance. Elles ont renforcé cette partie du lien.

Harry fronça les sourcils et reprit la baguette blanche entre ses mains.

— C'est ça que Rogue ne voulait pas voir arriver ? Comment savait-il que ça allait se produire ? Et en quoi ta baguette et la mienne ont un rapport avec le lien ou nos émotions ? Ce n'est pas logique. En plus je n'ai pas commencé à m'en servir aujourd'hui, je l'ai fait pour la répartition la première fois.

Tom le regarda en soulevant un sourcil, les traces d'un sourire trahissaient encore de son amusement.

— Tant de questions. Je n'ai pas la moitié des réponses mais je sais que cela doit avoir un rapport, peut-être que cela se déclenche à retardement ou qu'il faut les utiliser plus d'une fois. Quant à Rogue, ce n'est pas de ça qu'il parlait. Je pense qu'il avait peur de ce qui arrive toujours lorsque deux baguettes jumelées sont échangées.

— Et qu'est-ce qui arrive toujours ?

Le mage noir lui répondit dans un fourchelang plein d'effronterie.

§ Je pensais que cela n'avait pas d'importance. §

Le Gryffondor détourna ses yeux de lui et Tom l'entendit lui répondre de la même manière dont il s'en convaincrait certainement, un peu plus tard.

— Cela n'en a pas, mais il faut bien que je puisse répondre quelque chose à Rogue, s'il me demande les clauses de l'échange.

Tom comprit sans mal que le lion avait besoin de comprendre, maintenant que cela avait peut-être un rapport avec leur lien, Potter était effrayé à l'idée de l'avoir amplifié malgré sa volonté.

— Tu ne peux plus me blesser que ce soit avec la baguette blanche ou avec la noire et pour moi c'est pareil. Nous ne pouvons plus nous battre, pas avec ces baguettes-ci en tout cas et même si j'en tiens une autre, si tu m'attaques avec celle-ci, elle ne voudra et ne pourra pas me blesser.

Cette fois-ci le Survivant le dévisagea un instant avant de hausser les épaules, son visage s'était adouci et il semblait soulagé.

— Oh, c'était déjà plus ou moins le cas. Voldemort et moi, on a dû se battre avec des baguettes différentes lorsqu'on s'affrontaient.

Il baissa un peu la tête en lui racontant ;

— Tu comprends, puisqu'il voulait me tuer, il ne pouvait pas me blesser sérieusement avec sa baguette alors il en avait une autre le jour de la bataille finale et c'était la même chose pour moi... je n'aurais pas pu lui lancer le sort mortel autrement.

Le Gryffondor eut l'air de prendre tout à coup conscience qu'il lui racontait qu'il avait dû choisir une autre baguette pour le tuer. Son expression se modifia pour exprimer un malaise et ses yeux se ternirent comme ils le faisaient chaque fois où il lui parlait de la guerre.

Pourtant Tom ne se sentait ni triste ni même en colère que Potter soit celui qui ait mis fin à l'existence qu'il menait. Il pensa que c'était quelque chose qu'il aurait dû préciser à Harry il y a un moment déjà car le lion avait toujours l'air de se sentir coupable de sa mort. Comme s'il avait eu le choix et comme si une partie de lui eût voulu qu'il ne mourut pas.

Peut-être que Harry ne le détestait pas tant finalement, même lorsqu'il était ce monstre dans ses souvenirs.

— Je sais que tu as lancé l'Avada Kedavra, je le sais depuis toujours. Cela ne me dérange pas, je ne t'en veux pas. Si tu ne l'avais pas fait, on n'en serait pas là aujourd'hui et je suppose que je serais toujours lui et cela ferait de nous des ennemis.

Potter se figea un instant, inspira profondément puis remplit de l'audace si cher aux yeux des Gryffondor, ses yeux se plantèrent dans les siens alors qu'il lui soufflait.

— Je n'ai jamais souhaité être l'ennemi de personne.

Peut-être cela signifiait-il qu'il avait gagné son amitié ? Tom l'ignorait mais d'une manière inexplicable, il se sentit plus léger après cette déclaration. Cela correspondait à Harry et ça paraissait évident. Bien sûr qu'il n'avait jamais souhaité être son ennemi, pourtant le fait de l'avoir entendu avait tout de même de l'impact sur lui.

La foule se rappela alors à sa mémoire et il se souvint qu'ils étaient encore dans le Hall et que s'ils restaient là, le temps de midi serait passé sans que ni l'un ni l'autre n'aient rien avalé.

L'éventualité que Potter souhaiterait rejoindre la jeune Delacour et le garçon qu'ils avaient vu précédemment ne l'enchantait guère mais si c'était là que Harry allait alors il irait. Même si la pensée qu'il préférait déjeuner dans un coin tranquille, là où ils pourraient continuer de discuter, lui semblait séduisante.

Peut-être qu'il pourrait le lui proposer ce soir ?

Jedusor se contenta de lui dire qu'il était peut-être temps pour eux de suivre le courant et d'aller dans le sens de la foule qui se pressait vers l'entrée du réfectoire et Harry le suivit.

Lorsqu'ils arrivèrent dans le réfectoire décoré de larges fresques et de fenêtres immenses, l'Élu n'eut pas beaucoup de mal à repérer Gabrielle et Therence qui s'étaient assis ensemble sur la plus petite des tables rondes.

La championne de la délégation de Beauxbâtons lui fit un petit signe discret en désignant les places devant eux et Harry consulta Jedusor du regard. Il n'avait pas envie de le forcer à le suivre partout où il allait, surtout qu'il imaginait facilement que le mage noir aurait préféré manger seul ou en tout cas, dans une tranquillité relative... mais il avait accepté l'invitation de Therence et il avait promis à Gabrielle qu'il lui présenterait Tom... c'était le bon moment pour le faire.

Jedusor lui rendit son regard avec insistance et lui souffla.

— J'aimerais déjeuner avec toi.

Harry détourna ses yeux des siens et il s'entendit répondre quelque chose qui devait vaguement ressembler à ;

— Comme tu veux.

L'attitude du mage noir changea à chaque pas qui les rapprochait de leur objectif. Harry remarqua sans mal que l'humeur plutôt joyeuse du mage noir s'effaçait au fur et à mesure qu'ils avançaient dans le réfectoire et bien avant qu'ils arrivent auprès de Gabrielle et Therence, le Seigneur des Ténèbres avait retrouvé sa méfiance et sa prestance naturelle. Un mélange effrayant et intimidant auquel le nouvel Oiseaux-tonnerre était accoutumé mais dont il se serait bien passé pour faire les présentations.

Jedusor n'était pas quelqu'un de sociable et sa joie, ses sourires, sa bonne humeur et ses taquineries n'étaient réservés qu'à lui, le reste du monde avait le droit au pire dont il soit capable. C'est avec cette idée qu'Harry fit les présentations, priant Merlin pour que l'ancien Serpentard se comporte bien. Pour une raison qu'il ignorait et peut-être parce que Gabrielle représentait une attache avec son passé, Harry souhaitait qu'elle ne le déteste pas.

Il ne demandait pas à ce qu'elle l'apprécie mais si, au moins, elle pouvait ne pas le haïr autant que les élèves de Poudlard l'avaient fait, cela le rassurerait. Sans savoir réellement pourquoi, Harry tenait à ce que Tom ne soit pas vu à Ilvermorny comme il l'était à Poudlard. Peut-être parce que lui-même ne le voyait plus de cette manière-là.

Lorsqu'il le présenta, il oublia presque que Tom Jedusor ne s'appelait pas ainsi et il bafouilla.

— Tom- je veux dire Thomas, Thomas Gaunt.

Il se tourna un peu vers le mage noir dont il vit une forme de moquerie, ou d'amusement, il n'en était pas très sûr, dans les yeux de celui qui rectifia immédiatement le tir.

— Je préfère Tom.

Ledit Tom l'avait dit en le regardant lui, sans prêter la moindre attention à leurs hôtes, si bien qu'Harry eut des difficultés à se détourner de son regard pour regarder Gabrielle. Celle-ci les regardait chacun à leur tour avec une drôle d'expression, que Potter ne sut interpréter, peinte sur le visage. Après un instant, ce fut Therence et sa grande politesse qui brisa le silence.

Il se leva, visiblement pas très à l'aise, et tendit une main vers Jedusor en se présentant, peut-être un peu trop formellement pour que cela paraisse naturel.

— Legrand Therence, enchanté.

Harry n'avait pas besoin de regarder Tom pour comprendre qu'il ne lui serrait pas la main, Voldemort haïssait les contacts physiques et même si Tom était visiblement moins affecté par cette idée, il ne faisait aucun doute que le jeune mage noir ne voudrait pas saluer Therence de cette manière.

Après avoir brièvement fermé les yeux en pensant fortement qu'amener Jedusor ici était la pire idée qu'il avait eue aujourd'hui, pire encore que celle d'utiliser le Filamenta. Il eut la surprise d'entendre.

— Je suis désolé mais je ne suis pas très à l'aise avec les contacts physiques.

Harry rouvrit les yeux avec effarement, Therence eut l'air tellement confus qu'on aurait pu croire qu'il avait fait la pire impolitesse possible, il s'en excusa au moins trois fois, puis il se rassit et parut si mal à l'aise qu'Harry en aurait eu de la peine, s'il n'était pas trop occupé à regarder Jedusor avec une expression de surprise si franche que cela devait être drôle, vu de l'extérieur.

D'ailleurs Gabrielle éclata de rire. Cela secoua le Gryffondor dont la conscience ne voulait pas admettre la sincérité dont avait fait preuve Tom en expliquant à Therence pourquoi il n'accepterait pas sa poignée de main.

Elle leur dit avec un grand sourire plein de fossettes.

— Ce sont les présentations les plus laborieuses que je n'ai jamais vues !

Elle réprima encore un rire, se leva, embrassa Harry sur les deux joues et elle lui dit, avec entrain.

— Ne sois pas si tendu, on ne va pas le manger ton ami, d'accord ?

Puis elle s'approcha de Tom et lui sourit en déclarant qu'elle s'appelait Gabrielle Delacour et qu'elle était ravie de faire sa connaissance et très curieuse de connaître le mystérieux jeune homme qui suivait Harry comme son ombre depuis qu'il était arrivé à Ilvermorny.

Après ça ils s'assirent à table et Harry se sentit trop tendu pour avaler quoi que ce soit. Pourtant Gabrielle avait l'air très à l'aise et elle conversait avec Therence sans problème, celui-ci semblait se remettre peu à peu et avait l'air moins gêné et maladroit qu'auparavant.

Un côté de la table discutait avec bonne humeur et l'autre était plongé dans le silence.

C'est étrangement ce silence qui permit à Harry de se sentir mieux, le temps passa et Tom lui servit à boire après avoir rempli son propre verre, l'attention le détendit pour de bon et il saisit son verre pour en avaler le contenu, ratant le regard en coin que Gabrielle lui adressait.

Après un instant supplémentaire, et alors que Harry s'était décidé à remplir son assiette, Gabrielle demanda à Jedusor.

— Harry n'a pas voulu me dire de quelle manière vous vous étiez rencontrés ni même d'où tu venais. Tu n'es pas vraiment un élève de Poudlard, n'est-ce pas ?

Jedusor lança un regard à la championne de Beauxbâtons avant de répondre, sans gêne.

— Peu importe d'où je viens ou si je n'ai, ou pas, toujours été un élève de Poudlard. Si je suis ici c'est parce que Potter n'a pas le choix d'y être.

Gabrielle fronça un peu les sourcils avant de sourire de nouveau, les yeux brillants, comme si cette réponse l'avait aidée à tirer des conclusions personnelles. Elle posa sa tête sur ses mains liées et elle déclara ;

— C'est un peu comme si Harry avait un garde du corps, c'est amusant !

Harry avala de travers et attrapa de nouveau son verre que Tom remplit d'un Aguamenti informulé, d'un coup de baguette.

Gabrielle regarda toute l'action avant de poursuivre.

— J'ai dit une bêtise ? Il te suit partout, si ce n'est pas ton garde du corps, qui est-il pour toi ?

L'Oiseau-tonnerre ne répondit rien, si bien que Jedusor le fit à sa place, ce n'était qu'un chuchotement et peut-être que le reste de la tablée ne l'avait pas compris mais Harry distingua chaque mot prononcé.

— Je suis ce qu'il veut que je sois pour lui.

C'était probablement la pire réponse, et la plus gênante, que le jeune Seigneur des Ténèbres aurait pu donner. Pourtant cela fit taire toutes les interrogations de Gabrielle jusqu'à la fin du repas où le mage noir se leva et déclara qu'il devait partir s'il voulait arriver à temps à son cours.

Harry n'eut aucun mal à comprendre que Tom souhaitait qu'il le suive en dehors du réfectoire et Gabrielle lui confia alors qu'il s'apprêtait également à quitter la table.

— Il a l'air d'être une bonne personne.

Elle regardait Jedusor qui s'éloignait et Harry écarquilla les yeux à cette déclaration. L'idée que quelqu'un puisse trouver Tom bon le laissait ébahi, surtout qu'il ne considérât pas le comportement de Jedusor ce midi comme exemplaire, même si le mage noir avait visiblement fait un effort.

— Tu trouves ?

Gabrielle plongea ses yeux limpides vers lui et elle lui demanda, sa voix dénotant une grande curiosité.

— Ce n'est pas le cas ? Vous êtes très proches pourtant, ça crève les yeux.

Elle lui sourit et Harry déglutit en se tournant vers Tom qui, au loin, l'attendait en observant du coin de l'œil les personnages d'une des scènes représentées sur les murs. Il répondit alors pensivement, perdu dans son observation.

— Je crois qu'il essaye de l'être.

— On essaie tous, le plus important c'est de faire de son mieux.

Et Harry songea que Tom tentait probablement de faire de son mieux pour sembler être quelqu'un de bien à ses yeux.

À suivre...