Chapitre 27 : Entre les lignes

Hello ! Je crois que vous avez l'habitude maintenant mais généralement quand je ne publie pas le matin c'est que vous allez avoir le chapitre le soir ! :) Et nous voilà avec le chapitre 27, un chapitre que je n'ai jamais publié ici. Entièrement nouveau pour vous et j'espère qu'il vous plaira, c'est un chapitre très centré sur le développement de la confiance et de l'affection déjà présentes entre Harry et Tom, ils prennent leur temps et se confient leurs craintes une à une pour pouvoir avancer dans le même sens. C'est un chapitre que j'aime bien, notamment pour sa connexion avec le tome 2 de la saga. Je ne vous en dit pas plus et je vous laisse avec le chapitre. Oh ! J'ai failli oublier, il faut que je détermine une date pour le prochain... le 16 avril ? C'est très bien ! Alors je vous souhaite une bonne lecture, je file répondre aux reviews et on se revoit bientôt !


Ilvermorny bourdonnait encore de l'affluence du déjeuner lorsque Harry rejoint Tom et le suivit au-delà du réfectoire et du hall, très encombrés à ce moment de la journée.

Il le rejoint dans le silence et se demanda s'il devait revenir sur le comportement de Tom à table ou pas. Une partie de lui était rassurée qu'il ne se soit pas comporté comme il le faisait à Poudlard, mais une impression dérangeante lui restait, comme si, pendant ce repas, Jedusor s'était appliqué à faire passer un message à Gabrielle et Therence que lui-même n'était pas sûr d'avoir saisi.

Il lui était toujours difficile de saisir précisément les objectifs que poursuivaient le mage noir ainsi que les méthodes qu'il employait pour les réaliser.

Harry n'abandonna pas l'idée d'un jour comprendre parfaitement comment fonctionnait l'esprit de celui qui marchait à ses côtés, mais il n'était pas sûr que l'éternité suffirait à y parvenir. Jedusor restait énigmatique même en connaissant son passé dans les moindres détails - y compris les plus difficiles à encaisser - Harry n'était jamais certain de bien assimiler ses réactions et ses comportements. Peut-être parce que, justement, il ne le connaissait pas vraiment.

La personne qu'il connaissait, celle qu'il avait combattue, l'homme dont il avait connu le sinistre passé, les morbides ambitions, les idées empreintes de folies, les réactions, l'esprit, les connaissances et le caractère. Ce n'était pas exactement lui, il le savait et il se l'était répété à plusieurs reprises, cela l'avait même rassuré, Tom n'était pas Voldemort.

Et il ne pouvait certainement plus l'être, même en récupérant ses souvenirs, il resterait probablement quelque chose qui ferait que la personne qui se tenait avec lui en ce moment ne serait plus jamais entièrement le Seigneur des Ténèbres qu'il avait tué. Tout simplement car jamais le Seigneur des Ténèbres n'aurait souhaité marcher aux côtés de quiconque.

Peut-être qu'Harry se rassurait avec cette pensée car il sentait - pour la première fois - qu'il pouvait baisser la garde face au mage noir. Lui accorder une partie de sa confiance. Il avait l'impression de mieux percevoir les qualités du mage noir depuis qu'ils avançaient dans le même sens. Ce n'était pas volontaire, mais cela lui fit réaliser qu'il aimerait comprendre Jedusor.

Harry avait conscience qu'il le cernait déjà mieux que toutes les personnes qui avaient pu croiser sa route, qu'il connaissait intimement les forces et les faiblesses du Seigneur des Ténèbres, mais ses connaissances se rapportaient au passé. Au leur, certes, mais à un passé qui n'avait jamais existé dans la mémoire de Tom et c'était probablement ce qui l'induisait en erreur. Pour comprendre quelqu'un dans l'instant présent, le passé ne paraissait pas suffisant.

Peut-être serait-il plus à même de comprendre Jedusor s'il prenait la peine d'essayer de mieux le connaître personnellement sans le rattacher à Voldemort, ou en tout cas, pas autant qu'il l'avait fait auparavant. Il savait qu'il ne pourrait pas s'en empêcher et il aurait peut-être tort d'essayer de le faire, Tom et Voldemort restaient liés, ils étaient la même entité mais pour une raison qu'il ignorait, désormais Jedusor ne lui semblait plus marcher sur les traces de son passé.

C'est à cause, ou grâce, à ces réflexions que Harry accepta ce que Tom lui offrit quelques minutes plus tard.

Pourtant, lorsqu'il y fut confronté seul, il se demanda si c'était réellement une bonne idée que d'avoir accepté. Une partie de lui avait compris, bien avant qu'il ne lui explique, à quoi servait le cadeau que Tom lui avait laissé ce matin.

Harry le tenait désormais entre ses mains, il releva la tête comme pour regarder autour de lui, personne... C'était à prévoir, il était en avance de plus d'une demi-heure sur le cours qu'il allait avoir par la suite - Connaissances sur les peuples magiques - qui devrait, en théorie, ressembler un peu aux Soins aux créatures magiques qu'il avait eu à Poudlard. Mais d'après ce que Therence lui avait expliqué, là où Poudlard se concentrait surtout sur la pratique, Ilvermorny les abreuvait de connaissances théoriques sur tous les peuples et créatures magiques qu'ils risquaient de côtoyer dans ce monde. Ce n'était pas si mal, au moins il ne reviendrait pas couvert d'égratignures - ou pire - après ce cours.

De son côté, Tom avait Théories et sciences incertaines de la magie, le titre de la matière ne lui inspirait rien qu'il connaisse à Poudlard. Il espérait que ce ne soit pas un cours qu'il ait lui aussi dans son emploi du temps - emploi du temps qu'il était loin d'avoir appris par cœur comme semblait l'avoir fait le mage noir. Tom avait non seulement mémorisé son emploi du temps, mais s'était amusé à repérer chacune des salles de classe où il devrait étudier, c'était lui qui lui avait indiqué où était sa salle après l'avoir laissé sur le pas de la porte de son propre cours.

Jedusor avait gardé des réflexes de préfet, durement acquis à Poudlard. Son sérieux dans ses études avait apaisé Harry ; celui-ci semblait souhaiter un avenir réellement différent de celui que le reste du monde magique voyait se profiler pour l'homme qui avait essayé de les mettre à genoux.

Les derniers mots que lui avait adressés Jedusor avant de partir s'asseoir à un des bureaux de sa salle de classe apparaissaient encore en filigrane dans les songes d'Harry, si bien qu'il se résigna à le faire.

« Écris-moi quelque chose. »

Cela aurait pu paraître banal si le mage noir ne le lui avait pas chuchoté à l'oreille et en fourchelang, comme si cela avait une importance cruciale qu'il le fasse.

Il ne se souvenait pas lui avoir dit qu'il le ferait. Il avait juste accepté qu'il lui mette entre les mains le cahier que le mage noir avait lui-même sorti de ses affaires, comme s'il savait très bien qu'il y serait. Il avait voulu lui expliquer à quoi il servait, ce à quoi Harry avait répliqué, sans le laisser finir, qu'il le savait.

Jedusor n'avait rien ajouté de plus, il s'était contenté de lui adresser un de ses regards insistants que Potter n'était jamais certain d'interpréter correctement, avant de partir, en lui laissant pour derrière parole une injonction qui ressemblait plus à un ordre qu'à un désir.

§ Écris-moi quelque chose. §

Le brun s'était assis sur le bas d'un escalier tout proche de la salle de classe où il devait entrer dans une demi-heure et, une plume encrée à la main - qu'il ne pouvait malheureusement pas mâchouiller comme il l'aurait certainement fait si cela avait été un stylo-bille - il se demandait si c'était une bonne idée.

Une bonne idée de laisser à Jedusor un moyen de communication permanent avec lui. Une bonne idée d'utiliser un carnet qui ressemblait à s'y méprendre au journal du Seigneur des Ténèbres qui l'avait guidé, il y a plusieurs années, dans la Chambre des Secrets avec le Basilic à combattre, le presque cadavre de Ginny à sauver et... exactement la même personne - ou presque qu'aujourd'hui à battre.

Le Jedusor du journal, le Seigneur des Ténèbres qu'il avait affronté en deuxième année, ce morceau d'âme, cet Horcruxe avait seize ans et il ressemblait à Tom - celui qu'il côtoyait en ce moment - comme deux gouttes d'eau.

Harry voulait apprendre à le connaître, il voulait le comprendre, mais il savait, le lui de douze années se souvenait avoir essayé... et échoué. Était-ce réellement un échec ? Pas tout à fait, il avait rencontré un jeune Jedusor, et il l'avait compris aussi. Il avait compris le pire sur celui-ci, qu'il ne pouvait que manipuler, se servir des personnes qu'il voulait pour atteindre des buts égoïstes. Son objectif était de le tuer pour se venger du revers qu'il avait subi et de prendre la vie d'une enfant pour ressusciter. C'était le rôle d'un Horcruxe après tout, être là pour venger et survivre à son âme principale lorsque celle-ci perdrait la vie.

L'Élu murmura à lui-même, dans le silence.

— Ils ont le même âge...

C'était la même version du Seigneur des Ténèbres. Il se répétait qu'il ne le connaissait pas car il n'était pas encore Voldemort, mais il se souvenait l'avoir connu à cet âge-là aussi. Il était encore très jeune, un petit garçon, à cette époque il était naïf, il avait d'abord cru les mensonges que lui avait raconté le mage noir, avant que son amitié avec Hagrid le mette sur la voie, cela ne pouvait pas être le demi-géant le véritable coupable.

Peut-être était-ce ce qui l'empêchait véritablement d'essayer. La curiosité et son caractère le poussait à vouloir tenter le meilleur mais ses souvenirs l'en empêchaient, il lui avait déjà fait confiance. En vain. C'était probablement la raison qui l'empêchait vraiment de vouloir s'en rapprocher car cela pouvait se terminer de la même manière qu'avec l'Horcruxe de Tom à cet âge.

Alors Potter aurait aimé comprendre Jedusor mais ces événements lui rappelaient qu'il risquait de finir désabusé et finalement désarmé envers celui qui aurait gagné sa confiance pour pouvoir s'en servir. Ça pouvait être une défaite car Harry considérait qu'apprendre à connaître et à comprendre quelqu'un qui n'attendait que cela pour se servir de lui était une erreur.

Et il n'était pas du genre à faire deux fois la même.

Cela aurait dû le retenir, l'empêcher définitivement de tenter quoi que ce soit, mais ses expériences récentes ne rattachaient pas tant le Tom qu'il connaissait à celui de seize années qu'il avait déjà affronté. Alors il fit ce que son instinct lui dictait de faire. Il écrivit quelque chose.

Quelque chose qui incarnait les dilemmes qui l'avaient traversé avant de pouvoir écrire ces mots en fourchelang sur le cahier.

Ce n'est pas la première fois que l'on se parle de cette manière-là.

Harry Potter eut moins d'une seconde à attendre avant de voir s'écrire, mots après mots.

Je m'en doutais un peu.

J'imagine que cela ne t'évoque pas de bons souvenirs.

Le Gryffondor soupira, il imagina que le mage noir avait gardé à portée de main et peut-être même ouvert, son propre carnet en attendant qu'il lui écrive, ça aurait expliqué la rapidité de sa réponse et peut-être même avait-il deviné le contenu du premier message qu'il lui écrirait.

Il reconnut l'écriture de Tom Elvis Jedusor, l'Horcruxe du journal intime de Lord Voldemort, elle était pleine de boucles, d'une certaine élégance, un peu petite même sur une page de ce format. La sienne était moins sophistiquée, plus serrée et un peu plus maladroite peut-être, écrire avec une plume ne lui avait jamais semblé évident.

Il ne s'appliqua pas pour autant à la rendre moins incertaine, ni même plus élégante, elle lui était familière et dans un certain sens elle le représentait autant que celle de Tom. Il ne l'avait pas beaucoup observé mais il savait qu'il s'agissait de la sienne, tout comme il savait que les mots qu'il voyait s'afficher en anglais étaient en réalité du fourchelang.

Après un instant face aux mots calligraphiés par le jeune Seigneur des Ténèbres, il réussit à répondre sans trop y réfléchir.

Je reconnais ton écriture.

Ton Horcruxe avait la même, il avait également ton apparence et ton âge.

En théorie, tu es plus vieux que lui mais en matière de souvenirs vous étiez égaux.

Cette fois-ci la réponse prit un peu plus de temps à venir et Harry eut le temps de relever la tête du papier pour la poser contre le mur derrière lui et souffler. Il n'était pas certain de ce qu'il était en train de faire, il ne voulait pas confronter Jedusor avec son passé, c'était juste qu'il ne pouvait s'empêcher d'y penser.

Voldemort, moi, celui qui est mort pendant la bataille.

C'était ce qu'il prévoyait de faire, il voulait se ramener à la vie en utilisant les restes de cet Horcruxe que tu as détruit.

J'en suis le résultat.

Je suppose que c'est normal que je lui ressemble beaucoup, nous partageons les mêmes souvenirs, le même passé.

Il était moi.

Il ne l'est plus, même si ce morceau d'âme ou ce qu'il en reste désormais, est encore présent dans mon journal intime, ce n'est plus moi.

Ce n'est qu'une partie de ce que je suis aujourd'hui, une partie qui ne t'avait pas encore rencontré.

Cette dernière déclaration fit réfléchir Harry sur un élément en particulier et il s'empressa d'écrire.

Si le Seigneur des Ténèbres s'est servi des restants du journal pour te ramener, pourquoi n'as-tu pas en mémoire notre rencontre à Poudlard, lorsque j'étais en deuxième année ?

Tu es revenu grâce à un Horcruxe que j'avais détruit, avec qui je m'étais battu, tu devrais également posséder ses souvenirs.

La réponse fusa à la même vitesse.

Tu te trompes, un morceau d'âme n'est pas pourvu de souvenirs, de conscience, ou de quoi que ce soit que tu puisses t'imaginer de ce genre.

Ce que tu as rencontré, ce que tu as combattu, ce n'était rien d'autre qu'un souvenir de moi.

Un souvenir probablement très réaliste et sûrement capable d'agir, s'il avait récupéré presque assez de force pour ressusciter mais il n'était pas vivant, ni mort d'ailleurs.

Il était moins qu'un fantôme, une pâle copie, un sortilège tout au plus, il ne peut pas t'avoir gardé en mémoire car il n'avait pas les capacités de se souvenir, ce n'était qu'un morceau d'âme avec un souvenir de moi piégé par un sortilège.

Je ne suis pas capable de créer des incarnations de moi-même pensantes et conscientes, tu me surestimes.

Le Gryffondor eut un minuscule sourire à la lecture des trois derniers mots, surestimer le Seigneur des Ténèbres ?

Tu sous-estimes l'étendue des pouvoirs que tu as obtenus avec le temps.

Peut-être n'était-il pas capable de garder en mémoire quelque chose après sa destruction mais ce souvenir de toi m'a reconnu.

Il était capable de penser et d'avoir des désirs propres.

Tu l'as créé dans le but de reprendre celui de Salazar Serpentard et probablement pour te ressusciter dans la foulée. Pourtant ce n'est pas ce qu'il a fait. S'il s'en était contenté, il aurait probablement réussi.

À la toute fin, lorsque nous nous sommes retrouvés face à face, il n'aspirait plus qu'à une seule chose

La mémoire de ce jour lui était encore très claire, la brûlure du poison du Basilic s'infiltrant dans ses veines, le corps froid de Ginny et la jubilation du souvenir de Jedusor proche de l'aboutissement de ses ambitions.

L'anagramme de son nom dans les airs, la révélation de son identité redoutée.

Tom Jedusor lui écrivit, avec évidence.

Te tuer.

Il a possédé cette fille, Ginny Weasley, et il a appris d'elle toutes les informations dont il avait besoin pour comprendre à quelle époque il évoluait et ce qui lui était arrivé.

C'est facile à deviner. Je n'ai peut-être pas en mémoire les actes qu'il a commis mais j'ai été lui.

Ton nom lui a été répété, ton histoire lui a été contée, en quelques interrogatoires simples ; il aura obtenu tous les détails sur toi et ce qui te liait à sa disparition.

Il était moi. Il était fier de ses pouvoirs, de sa maîtrise et de ses capacités. Il était envieux de connaître son futur qu'il espérait brillant. Ce souvenir était empli des espérances que je possédais à l'époque où j'ai créé cet Horcruxe.

Il t'a haï, tu n'étais qu'un bébé ayant fait voler en éclats ses rêves, je suppose qu'il voulait voir de quoi tu étais capable, si vraiment un enfant pouvait être meilleur que lui.

Il n'avait aucune considération pour le fait que tu n'aies que douze ans, il ne voyait que par le prisme de ses espérances. Te tuer aurait été sa délivrance, la preuve qu'il avait raison, que tu avais eu de la chance et qu'il était bien ce qu'il pensait devenir.

Je n'essaie pas de justifier ses actes mais il n'avait pas les capacités de faire d'autres choix que ceux qu'il a faits.

Cette copie de moi n'avait que pour sentiments la soif de pouvoir et de destruction. C'est ainsi que je l'ai conçu, c'est ainsi que je voulais qu'il soit, c'est ainsi que je me pensais fort.

C'est ce que j'étais.

Je ne suis pas lui et il n'est plus moi.

Harry n'aurait pas été capable de lui demander à voix haute s'il avait été confronté à sa présence mais il put lui écrire.

Il n'est plus toi...

Est-ce que tu es sûr de ce qui te différencie de lui ? Il ne s'est pas passé beaucoup de temps, pour toi en tout cas, entre le moment où tu l'as conçu et aujourd'hui.

Qu'est-ce qui, en si peu de temps, te permet d'être sûr que vous n'êtes plus la même personne ?

Si tu avais été toi, dans ce journal intime avec les informations qu'il a obtenues, n'aurais-tu pas fait la même chose ?

Harry Potter retint son souffle alors qu'il voyait s'écrire lettre après lettre, les mots suivants.

À sa place... tu n'imagines pas à quel point cela aurait été différent pour moi.

Si je t'avais rencontré à l'âge de douze ans, j'aurais fait tout ce qui était en mon pouvoir pour que tu puisses m'

Cela s'arrêta là et un moment plus tard, un message vint compléter le précédent.

Je ne suis pas un souvenir de moi-même, je suis vivant.

Vivant. Capable de tout. Jedusor l'était, l'Oiseau-tonnerre n'en doutait pas.

Autour de lui, des élèves approchaient, la salle de classe s'était ouverte et dans peu de temps le cours commencerait certainement. Harry prit quelques secondes pour écrire avec empressement.

Mon cours va débuter.

Il referma le cahier et partit vers sa salle de classe. Quelques regards se posèrent sur lui, il reconnut des élèves du cours de duel en plus d'autres qu'il n'avait jamais rencontrés. Ceux qui avaient assisté au cours de ce matin le surveillaient du regard, les autres semblaient assez indifférents à sa présence.

Il décida d'ignorer ce détail et s'installa à une place vide.

Harry sortit quelques affaires et le cahier offert par Tom se mit à scintiller, il l'ouvrit à côté de lui, en songeant que comme aucun professeur n'était là, il pouvait bien regarder le message que Jedusor lui avait écrit.

Ce n'est pas comme si cela changeait quelque chose.

Je suis en cours.

Le Gryffondor eut un sourire en comprenant ce que cela sous-entendait, Jedusor pouvait certainement se le permettre mais il n'était pas certain de réussir à suivre tout en répondant au mage noir, celui-ci prenait toute son attention et il lui était difficile de la diviser en deux.

Je ne suis pas un prodige. Je ne sais pas quelles sont les rumeurs qui circulent à Poudlard sur mes résultats aux examens ou mes capacités mais en réalité, je suis plutôt mauvais. Hermione a toujours été la plus douée du groupe, à côté

d'elle j'excellais surtout en matière de chance. Ron était persévérant et sportif, je suppose que je leur dois la plupart de mes réussites, le monde magique semblait si différent du mien que le moindre sortilège me paraissait sorti d'un conte de fées.

La réponse arriva tout aussi promptement que les autres, pleine de l'écriture si particulière du Seigneur des Ténèbres.

Poudlard était mon conte de fées, la misère de l'orphelinat était difficile à accepter après y avoir vécu. Mais ce n'était pas vraiment mon monde. On m'y refusait l'accès complet, mon sang n'était pas le bon. C'était comme entrevoir le paradis par la fenêtre des enfers.

Mon monde et le monde magique étaient autant éloignés qu'ils pouvaient l'être, j'ai longtemps pensé que c'était un désavantage et j'ai maudit le lieu où je suis né et ai grandi.

En te côtoyant, j'ai compris que notre rapport à la magie était ce qu'il était car nous en avions été privés.

Une pause survint et la suite apparue, lettre après lettre aussi clairement que si Harry pouvait voir Tom les dessiner sur le papier.

Tu es un prodige, seulement tu ne mesures pas l'étendue des talents que tu as obtenus au fil du temps.

Si tu as envie de suivre le cours et de prendre des notes malgré tout, fais-le sur ce cahier. Tes cours m'intéressent plus que les miens qui sont d'un niveau inférieur, et cela nous permettra de poursuivre cette conversation.

Le prodige en question hésita un instant puis il songea qu'un jeune Seigneur des Ténèbres victime de l'ennui n'était pas quelque chose d'envisageable pour Ilvermorny.

Peser le pour et le contre fit pencher la balance vers Jedusor, ce n'était pas si gênant pour lui de prendre des notes ici plutôt qu'ailleurs et il redoutait ce que ferait Tom s'il finissait réellement ennuyé par les cours auxquels il assistait.

C'est donc sans grande peine que l'Oiseau-tonnerre accepta.

Tu me surestimes. Le seul talent dont je puisse me vanter, c'est d'avoir tenu la distance face à toi.

Faisons comme ça.

Le Serpent cornu eut l'air bien trop satisfait et même à l'écrit, Potter eut le sentiment que l'ancien Serpentard souriait.

C'est un talent que je ne peux qu'apprécier à sa juste valeur.

Parfait, dans ce cas, je suivrai tes cours en plus des miens.

C'est cette dernière déclaration qui résume le mieux l'après-midi qu'Harry Potter et Tom Jedusor passèrent ensemble. Ils s'écrivirent au sujet des cours et se confièrent l'un à l'autre sur des choses qui parurent n'avoir que peu d'importance à Potter mais qui, aux yeux de Jedusor étaient tout autant de preuves de confiance. Une confiance naissante et fragile que le Seigneur des Ténèbres considérait comme inespérée.

Loin de la quiétude dans laquelle évoluaient les deux âmes-sœurs, des voix se faisaient entendre, cacophoniques, dans le brouhaha d'une salle de réunion où les directeurs d'Ilvermorny, de Beauxbâtons et Durmstrang se confrontaient à des désaccords concernant le tournoi des trois sorciers.

En démêlant les propos des deux voix qui se mêlaient, on pouvait saisir ;

— Ce n'est pas sérieux ! Vous connaissez très bien la réputation qu'a le Mont Greylock !

— Y organiser une course d'orientation, pourquoi pas. Mais y lâcher des adolescents sans qu'ils ne puissent se servir de magie serait une folie... Aucun d'eux ne reviendrait sain et sauf.

L'adjoint au ministre du MACUSA acquiesça dans son coin, appuyant les dires des directeurs des maisons de Beauxbâtons et Durmstrang.

— Agilbert, vous savez bien que le MACUSA est de votre côté et qu'il vous a laissé carte blanche pour ce tournoi, mais vous devriez revoir votre position. Les champions, même avec l'appui d'artefacts ou de potions, ne pourront pas gravir le Mont Greylock sans user de magie. C'est déjà inconcevable d'imposer cela à des sorciers confirmés.

Olympe Maxime de Beauxbâtons, renchérit d'abord avec inquiétude puis certitude.

— Et il y a cette légende sur une Manticore qui vivrait là-bas ... le Mont Greylock n'a pas pour réputation d'être un lieu clément, même en pleine possession de ses moyens un sorcier risquerait de s'y blesser ; je refuse de laisser ma championne participer à cette épreuve sans qu'elle ne puisse user de magie ! Pourquoi les priverions-nous de leurs pouvoirs ?

Harfang Munter renifla mais appuya la directrice tout de même.

— Ce sont des contes pour effrayer les enfants, il n'y a pas eu d'incident impliquant de Manticore depuis 1957 et ce n'était pas sur ces terres. Mais même sans cela, j'appuie la demande de madame Maxime, mon champion est un très bon sorcier, il serait ridicule de ne pas le laisser se servir de magie dans la première tâche de ce tournoi.

Puis le directeur de Durmstrang se tourna vers une silhouette qui n'avait pas encore exprimé d'avis. Dans la pénombre et sans un mot se tenait le seul membre de cette assemblée qui n'était ni directeur ni envoyé par le MACUSA.

Munter demanda d'une voix bourrue mais dénotant d'une certaine sympathie.

— Et vous ? Vous n'avez rien dit, cela ne vous gêne pas que votre champion ne puisse pas faire usage de sa baguette ?

L'homme dans l'ombre ouvrit enfin la bouche pour dire, d'une voix pleine d'un cynisme mordant.

— Vous pouvez lui retirer sa baguette, si vous décidez d'une disqualification systématique à cause d'un recours à la magie, alors autant le disqualifier tout de suite.

Harfang eut un sourire grinçant et il déclara avec assurance.

— Bien parlé. Nos champions sont des sorciers, ils sont doués de magie à la naissance, leur retirer c'est les disqualifier avant même le début des épreuves.

Le directeur d'Ilvermorny, qui présidait cette assemblée, sut à ce moment qu'il devrait modifier ses plans. Bien heureusement, il avait prévu cette éventualité et dans un certain sens, elle l'arrangeait, son champion aussi aurait besoin de la magie pour remporter l'épreuve et il était essentiel que Chul se maintienne dans une bonne position au tournoi.

L'alternative qu'il s'apprêtait à proposer aurait été refusée si elle l'avait été directement mais après leur avoir exposé une proposition aussi dangereuse, elle avait toutes ses chances d'être acceptée.

Il comptait sur cela et il ne se trompa pas, après avoir présenté et exposé sa seconde proposition, il réussit à mettre d'accord les directeurs de Beauxbâtons et Durmstrang. Seul Severus Rogue, qu'il aurait préféré ne pas voir à cette réunion, était resté silencieux. Si bien que lui-même ignorait s'il désapprouvait ou approuvait leur décision.

Il lui avait semblé que peu importait la proposition faite, le protecteur de sa cible se serait tu. Peut-être était-ce là une manière de le déstabiliser en lui faisant croire que l'épreuve en elle-même n'avait pas d'importance et que Potter n'aurait aucune difficulté à la remporter. Ou alors il s'était fourvoyé et le professeur qui accompagnait le champion de Poudlard n'était pas tant attaché à sa sécurité que semblait le penser Ulrich.

Ulrich... qui jusqu'à lors lui avait semblé lui accorder confiance et obéissance, paraissait tout à coup lui cacher des éléments importants à propos de leurs trois invités de Poudlard. Harry Potter, Severus Rogue et Thomas Gaunt... en quoi ces trois-là étaient-ils liés ? Se pourrait-il que Tiare sache et se taise au sujet de l'Obscurial ?

Cela paraissait invraisemblable, si quelqu'un avait su pour Potter, l'alerte aurait été donnée et le garçon condamné. Qu'est-ce qu'Ulrich lui cachait ? Qu'essayait-il de camoufler ? Se pourrait-il qu'il y ait autre chose qu'un Obscurial dans la délégation de Poudlard qui soit digne d'intérêt ?

Dans ce cas, peut-être que sa deuxième proposition pour l'épreuve d'inauguration du tournoi serait encore plus prolifique qu'aurait pu l'être la première.

La couleur du ciel déclinait déjà vers des teintes plus chaudes, plus crépusculaires, lorsque Tom Jedusor mit un pied au-delà de son dernier cours de la journée. Il eut le réflexe de vérifier que sa baguette était toujours auprès de lui, il ne s'en était pas servi et pourtant il sortait tout droit d'un cours dont l'intitulé était "enchantements et sortilèges" le professeur l'avait ignoré, probablement car il était bien trop occupé à vanter les mérites du petit préféré d'Ilvermorny.

En une après-midi, Tom avait eu le temps de comprendre que Chul Fontaine était le favori de la plupart des professeurs et que les membres de sa maison lui mangeaient dans la main au pire et évitaient de se mettre sur son chemin au mieux. Et puisqu'il paraissait clair pour tous après l'incident de la nomination des champions qu'il était devenu la bête noire de Chul, il l'était également devenu pour tous. En tout cas pour chaque Serpent cornu.

Le professeur l'avait laissé dans son coin sans même lui demander de réaliser les exercices pratiques de la leçon et il n'avait fait que féliciter le jeune Fontaine, qui sans être mauvais - Jedusor était capable de reconnaître la valeur de quelqu'un même s'il ne l'appréciait pas - ne méritait pas tant de sollicitude.

Tom n'avait rien trouvé d'extraordinaire aux capacités ou connaissances démontrées par son camarade. Peut-être avait-il plus le niveau d'un septième année plutôt que d'un sixième et encore, cela restait à prouver dans les autres matières.

L'objet de ses pensées sortit de la salle de classe peu de temps après lui, accompagné des encouragements mielleux du professeur et d'une foule de camarades dont Jedusor était incapable de comprendre les intérêts. Étaient-ils attirés par la puissance qu'ils pensaient voir chez Chul ? Voulaient-ils de la reconnaissance en s'accrochant à quelqu'un l'ayant obtenue ?

Cela lui rappela vaguement les Serpentard de son époque et même si son caractère plus distant les avait empêchés de suivre ses pas comme le faisaient les Serpent cornu avec Fontaine, il eut l'impression que la situation n'était pas très différente.

Il lança un regard ennuyé et un peu dégoûté à la troupe d'élèves qui se formait dans l'entrée de la salle et se pressait pour sortir en encadrant Fontaine et en l'accablant de compliments pour sa réussite du dernier exercice du cours - un enchantement qui se révélait inutile car il ne servait qu'à détecter la présence d'autres sorts.

Pour le jeune Seigneur des Ténèbres qui percevait la magie avec clairvoyance, ce sort était inintéressant et il ne saisissait pas en quoi était-ce impressionnant de réussir à le lancer.

Ses yeux croisèrent ceux de Fontaine dans l'attroupement alors qu'il s'en était éloigné. Celui-ci perdit son sourire à l'instant où leurs regards se rencontrèrent et Jedusor fronça les sourcils lorsque le garçon fendit la foule pour venir vers lui.

Celle-ci se tut et le silence se fit tout à coup dans le couloir alors qu'ils se faisaient face.

Sur ses gardes et persuadé que le jeune favori d'Ilvermorny souhaiterait une vengeance pour le Legilimens qu'il lui avait lancé, le mage noir se tint aux aguets.

Le Serpent cornu n'avait pas semblé s'être intéressé à lui de toute la journée alors Tom s'était persuadé qu'il l'avait assez effrayé pour que celui-ci les laisse en paix, lui et Harry, pour l'année. Mais visiblement ce ne serait pas le cas.

Peut-être que le directeur lui avait donné de nouvelles directives.

Son tuteur. N'était-ce pas étrange un tuteur qui traite son pupille comme un serviteur ?

Jedusor n'avait pas assez d'éléments pour comprendre ce qui se tramait derrière le comportement d'Agilbert Fontaine et de son fils adoptif mais il savait qu'il y avait quelque chose que ces deux-là espéraient et que pour l'obtenir, ils comptaient se servir d'Harry ou de l'Obscurus.

Il était donc plus méfiant encore qu'à l'accoutumée lorsque Fontaine s'approcha de lui, celui-ci ne pénétra pas dans son espace personnel, il n'avait pas l'air très assuré ni très confiant. En vérité, si Tom n'était pas aveuglé par l'idée qu'il avait un ennemi en face de lui, il aurait remarqué que le plus terrorisé et méfiant des deux n'était pas le plus menaçant.

D'un sortilège inoffensif, le champion d'Ilvermorny envoya un morceau de papier vers lui et - alors que la magie du mage noir le stoppait dans son élan pour le présenter à ses yeux sans qu'il n'ait à le toucher - le Serpent cornu fuyait déjà, en emmenant avec lui l'attroupement qui ne s'était pas dissipé lors de leur courte confrontation.

Sur le bout de parchemin il était écrit, de manière à ce que seul le concerné puisse le lire ;

Je ne suis pas votre ennemi ni à toi ni à l'Obscurial.

L'expression du mage noir se déforma en rage à la lecture du dernier mot. Il se sentit perdre pied avec la réalité et voulut faire immédiatement payer son impudence à ce moins que rien qui osait utiliser ce terme sur un bout de parchemin comme s'il ne signifiait rien. Le tuer pour le danger que ce message constituait.

Mais son esprit n'eut pas le temps de descendre dans la spirale de haine que le message lui avait imposée. Une paire de mains atterrit dans son champ de vision, elles attrapèrent le morceau de parchemin et une voix les accompagna alors que leur propriétaire tournait le papier pour pouvoir en lire le contenu.

— Qu'est-ce que c'est ?

Plus rapide que sa voix, la magie de Tom réagit à sa panique et le morceau de parchemin brûla entre les mains du concerné, qui le lâcha en s'exclamant.

— Outch ! Il était enchanté ? Je n'ai pas eu le temps de le déchiffrer.

Son cœur battait la chamade et ses émotions se livraient bataille entre colère et effroi. De la colère contre celui qui avait osé écrire ce mot et de l'effroi à la pensée que celui qui se tenait devant lui eût réussi à le lire.

Si bien qu'il fut incapable de réagir physiquement, comme bloqué entre ses sentiments. Il eut le temps de contempler la mine déçue et curieuse qu'affichait le visage de Potter alors qu'il regardait les cendres du morceau de parchemin tournoyer avant d'échouer au sol pour se consumer entièrement.

Puis celui-ci releva la tête comme au ralenti et Tom pria pour qu'il n'ait réellement rien perçu du message inscrit sur le papier.

Et lorsque l'expression de l'Élu du monde sorcier se déforma et qu'il plaqua une main contre son cœur pour lui souffler, le visage déformé par une expression de douleur.

— Est-ce que ça va ?

Puis en fourchelang.

§ Ce message... c'était une menace ? §

Il comprit que ses émotions allaient tout droit là où Potter agrippait son uniforme, là où elles révélaient toute l'ampleur de ce qu'il essayait de cacher. S'il se montrait trop émotif, jamais le Gryffondor ne croirait qu'il ne s'agissait que d'une menace que Chul Fontaine lui avait faite.

Pour Tom qui n'avait jamais essayé ni pensé possible de contrôler ses émotions - qui lui étaient bien souvent imposées avec violence - les adoucir pour qu'elles paraissent moins fortes était inconcevable.

Il essaya pourtant de les mettre de côté, de tenter de penser à autre chose qu'à ce mot laissé par le jeune Fontaine mais rien ne fonctionna. Pire encore, il eut l'impression en essayant de les maîtriser que ses émotions lui paraissaient plus obsédantes. Très vite, il ne put que s'imaginer ce qui serait arrivé si Chul avait donné ce mot à Harry ou si le Gryffondor avait eu le temps de le lire en annihilant l'enchantement qui le protégeait.

Est-ce que la lecture du mot aurait suffi ? Aurait-ce été suffisant pour déclencher l'irréversible ? Harry savait-il seulement ce qu'était un Obscurial ?

Tom se perdait de plus en plus dans cette boucle qui le forçait à considérer la fragilité de l'équilibre qui les maintenait. Un rien pouvait tout faire basculer, cela le plongeait dans une angoisse insurmontable... il aurait probablement complètement perdu le contrôle de ses émotions si Potter n'avait pas agi.

Il lui saisit le poignet, sans y mettre trop de force mais en le tirant malgré tout en avant. Le contact entre eux et le mouvement eut pour effet de briser son flot de pensées. Tom se retrouva un court instant hébété, moins d'une seconde, avant qu'il ne saisisse la main qui lui avait saisi le poignet pour y glisser ses doigts. Lui tenir la main suffit entièrement à faire partir la panique qui avait élu domicile dans son esprit.

Potter ne lui dit rien, resta à un pas devant lui et le laissa prendre sa main sans même tressaillir, il ne lui lança même pas un regard, son visage résolument tourné vers le côté où il ne pouvait pas l'apercevoir, ni lui ni leurs mains soudées l'une à l'autre.

Après un couloir franchi à vive allure, il ralentit et lui dit en lui lançant un coup d'œil furtif.

— Mieux ?

Jedusor eut besoin d'un instant pour comprendre qu'il se sentait réellement mieux et que Potter venait de le sortir de sa torpeur consciemment, qu'il l'avait fait en comprenant qu'il n'y arriverait pas seul.

Ni l'un ni l'autre ne se sentirent capables d'expliquer la situation. Tom s'était contenté d'acquiescer dans le dos d'Harry et ils ne se séparèrent que lorsqu'ils arrivèrent dans l'un des principaux couloirs qui allaient vers le Hall.

Potter lui dit alors, abruptement.

— Il faudra que tu m'expliques à propos de Chul Fontaine.

La simple entente des deux derniers mots eut pour effet d'assombrir les yeux du jeune Seigneur des Ténèbres, eux qui avaient retrouvé une couleur rouge presque rassurante pendant qu'ils traversaient Ilvermorny.

Harry n'insista pas, ne se posa pas davantage de questions qu'il s'en était posé depuis qu'il avait rejoint le mage noir et conclu l'incident en fuyant Jedusor du regard.

— N'essaie pas de restreindre tes émotions parce que je suis capable de les ressentir, je ne vais pas m'en servir contre toi.

Jedusor fut surpris que Potter ait même ressenti cela et plus encore de la conclusion que celui-ci en avait faite. Harry pensait qu'il avait tenté de contrôler ses sentiments pour ne pas les lui transmettre ?

Ce n'était pas tout à fait faux mais le Survivant en concluait certainement qu'il ne souhaitait pas qu'il puisse en avoir l'accès alors que ce n'était pas du tout le cas. Il voulait seulement garder le contenu du message secret. Et ses émotions trahissaient le véritable impact qu'il avait eu sur lui.

Potter devait s'être persuadé que sa panique était due à l'échec de n'avoir pu réussir ce qu'il avait essayé et peut-être que le mot ne lui avait pas paru suspect... pourtant la première chose qu'il lui avait dite était qu'il devrait lui expliquer pour Fontaine.

Le Serpentard en conclut qu'il lui suffirait d'accepter de parler de Chul plus tard pour que le lion se conforte dans l'idée que sa panique n'était pas due au fils du directeur mais à son incapacité.

Il aurait préféré ne pas faire croire à Harry quelque chose d'aussi désagréable à ses yeux que le fait de ne pas vouloir lui partager ses émotions mais il sentit qu'il n'avait pas le choix, s'il voulait que Potter ne repense pas trop à ce morceau de papier et à son contenu illisible.

Alors pendant qu'ils avançaient ensemble vers le réfectoire, Tom ajouta d'un ton qu'il voulait détendu.

— Je crois que j'ai réussi à me faire un ennemi.

Il sut qu'il avait réussi à clôturer l'incident lorsqu'il vit un léger sourire sur les lèvres de Potter, qui répliqua.

— Un de plus sur notre liste.

Notre. Cet adjectif possessif lui plaisait plus encore lorsque Harry l'utilisait pour lui.

C'était leurs ennemis, leur combat.

À suivre...