Chapitre 33 : À son corps défendant

Bonjour ! Votre dimanche se passe bien ? Le mien est un peu bousculé mais j'ai l'habitude de ce genre de journée ! Bonne nouvelle, j'ai réussi à écrire un chapitre complet cette semaine, applaudissement ! Non ? Tant pis... dans ce cas, je me contenterai de la satisfaction d'avoir réussi ! Ce chapitre n'est pas un gros chapitre mais il s'y passe quand même pas mal de bouleversements, vous verrez. Je vous laisse, je file préparer un plan pour le prochain chapitre, parce que la première tâche du tournoi approche à grands pas et je tiens beaucoup à réussir cette partie de l'histoire. Passez un bon dimanche et n'oubliez pas qu'une review ne vous coûte rien mais que pour moi c'est un peu comme une preuve que je suis lue ! :D


Les ténèbres. C'était une notion abstraite, l'expression d'un ensemble de choses profondément négatives, quelque chose de sombre à l'intérieur de chaque être. Un ressenti. Comme l'était aussi la magie. Cette magie qui habitait chacun de leurs gestes, qui témoignait de leurs états d'âme. Elle incarnait ce qu'ils étaient au-delà des mots, au-delà des apparences.

Les ténèbres avaient toujours été effrayantes pour lui. Il avait dû les combattre à chaque instant de sa vie. À l'extérieur, dans le monde où on le forçait à adopter une posture de combattant et à l'intérieur, en lui. Là où il n'avait jamais vraiment eu le choix. Les repousser ou les épouser. Deux possibilités. Qu'aurait-il donné pour en avoir une troisième ? Une où il ne serait pas obligé de se battre. Soit contre lui-même, soit contre le reste du monde.

Elle n'existait pas cette possibilité. Il n'y avait aucune échappatoire, pas pour lui ni pour celui qui se tenait à ses côtés. Piégés. Ils l'étaient. Entre la peur et la haine, quelque part là où leurs monstruosités provoquaient encore dégoût et fascination. Il avait fait son choix. Dans ce monde où on ne le voyait que comme un monstre, il avait choisi de les épouser. D'en faire une arme. Les ténèbres étaient siennes. Puisqu'elles demeuraient pour l'éternité à l'intérieur de lui, il les dominerait.

Lorsque le courage quittait son âme, il avait envie de crier que ce n'était pas de sa faute s'il était né ainsi, mais jamais il n'avait supplié pour obtenir quoi que ce soit. Ni pitié ni affection. Il pensait qu'il pourrait poursuivre son chemin seul. Qu'il n'avait besoin de personne et surtout pas de ces êtres remplis de haine qui ne faisaient qu'essayer de le blesser. L'obscurité serait sienne puisqu'il ne pourrait pas s'en débarrasser. Il avait choisi de s'y accrocher. Combattre le monde ou soi-même, il avait choisi son camp depuis longtemps.

Il était incapable de ne pas l'aimer. Après tout, il le fallait. Aimer. Il existait deux schémas, deux types de personnes. Ceux qui craignaient et haïssaient les ténèbres, choisissaient de les repousser. Et ceux qui dans cette haine s'étaient épris d'elles. La solitude menait à aimer même le plus mauvais des compagnons. Et il n'avait jamais eu qu'elle, la haine. Aimer la haine c'était aimer quand même. Peut-être n'avait-il jamais été aimé mais il n'avait jamais été dénué de ce sentiment.

L'amour. Il le portait à la magie. Aux ténèbres, à lui-même et à Harry. Ce serait suffisant. Le reste du monde lui importait peu. Il avait choisi son combat, sa bataille. Tom ne se battrait pas contre lui-même. Il ne prendrait pas les armes contre son âme. Il éviterait d'adopter une posture de combat contre l'essence même de son existence. C'était ce qui faisait de lui ce qu'il était. Le Seigneur des Ténèbres.

Il n'était pas Lord Voldemort et il ne le serait plus jamais mais rien ne changerait le fait que les ténèbres lui appartenaient. Il était un mage noir, un Seigneur sombre. Repousser son identité, sa magie, n'avait fait que l'entraîner plus loin dans la noirceur qu'il l'entourait. Il était un sang-mêlé.

Sorcier impur et Seigneur des Ténèbres. Ce ne serait plus incompatible. Plus aujourd'hui.

Il avait pensé ne pas pouvoir garder son identité en s'engageant dans cette voie, parce qu'il en avait honte, parce qu'en acceptant son côté sorcier il avait voulu repousser l'autre partie de lui. Désormais, être un hybride ne le dérangeait pas. Harry aussi était un sang-mêlé cela ne faisait pas d'eux des bâtards n'ayant de place nulle part.

Il l'avait trouvée, sa place. Ici. Auprès de lui. Seul, il ne l'était plus et il n'avait rien. Rien à offrir en échange de sa présence, de sa reconnaissance, rien à lui laisser pour le remercier d'avoir déchiré son monde pour l'y laisser exister. Rien pour le protéger des autres, sauf ça. Ses ténèbres. Ses seules armes.

Il ne pouvait lui offrir que peur et destruction. Amour obsessif et volonté de possession. Il n'y avait rien de pur en lui. Rien de bon. Si ce n'est sa volonté de garder Harry à jamais piégé à ses côtés, dans les ténèbres qu'il chérissait. Puisqu'à ses côtés, son âme liée resterait loin du danger, de la souffrance qu'on voulait lui infliger. Il était le seul à avoir un droit sur lui. À pouvoir décider de l'enfermer.

Harry n'aurait pas à faire ce choix entre repousser les ténèbres et les épouser.

Ce choix, il le ferait pour lui. Il lui laissait se créer cette troisième possibilité, lui qui avait encore le courage de croire qu'elle existait. Il laisserait les ténèbres l'envahir et à ses côtés Potter pourrait rester dans cet entre-deux où il n'aurait pas à se soucier de combattre ni le monde ni lui-même. Il le ferait pour lui. Tâcher ses mains ne le dérangeait pas, elles étaient déjà bien trop sales pour qu'il puisse les poser ailleurs que dans le sang.

C'était ce qui avait motivé son choix. Celui de révéler la vérité à Agilbert Fontaine. Son identité. Il était las de devoir se maîtriser face à cet homme qui osait traiter Potter comme s'il n'était rien qu'un instrument de mort laissé à sa disposition. Personne n'avait le droit de le traiter de cette manière-là. Personne n'avait le droit de le regarder comme il le faisait. Et personne ne pourrait plus jamais tenter quoi que ce soit contre lui sans savoir qu'il était sous sa protection.

La vie ne lui avait jamais rien concédé, Tom s'attendait à devoir se battre pour la moindre parcelle de joie et de chaleur dans son monde froid. Et si pour ça il devait détruire chaque être s'approchant un peu trop près de sa lumière, il le ferait sans hésiter.

Il ne pouvait pas le protéger en se contentant d'une identité empruntée, il serait plus fort sans. La peur, il savait que c'était un sentiment puissant. Jedusor savait que cette terreur empêcherait Agilbert de s'approcher trop près. Il savait aussi que l'homme était un danger et que lui dévoiler son identité était un pari risqué.

Miser là-dessus était à double tranchant, certes Fontaine allait certainement le reconnaître comme un adversaire de choix mais étant donné comment il considérait Harry, cela ne l'arrêterait pas. L'autre était complètement obnubilé par l'idée de la puissance magique, celle que portait Harry et celle qu'il lui dévoilait aujourd'hui. Fasciner l'ennemi n'était pas dans ses plans.

Il y avait ceux qui fuyaient et détestaient l'obscurité et ceux qui, immergés, s'étaient épris d'elle. Tom savait qu'Agilbert Fontaine était de ceux qui s'étaient pris d'affection pour elle, il l'avait vu dès leur première rencontre. À sa manière de regarder Harry. Comme s'il incarnait une perfection malsaine à laquelle il aurait aimé ressembler. Fontaine n'était pas seulement habité par les ombres, il les recherchait chez les autres. Probablement pour fuir les siennes. Et la manière dont Harry parvenait, par un équilibre fragile, à maintenir les siennes sous contrôle était fascinante.

Après tout, le Survivant y arrivait seulement par la force de sa volonté. C'était plus qu'impressionnant. Et c'était ça qui avait poussé Agilbert Fontaine à s'intéresser à Harry, c'était comme ça qu'il avait découvert sa nature d'Obscurial et c'était ces éléments qui le poussaient à vouloir se servir de lui. Tom ignorait pour quel objectif précisément et cela lui importait peu de le savoir puisqu'il ne laisserait pas le directeur aller plus loin.

Agilbert Fontaine voulait jouer ? Ils allaient faire une partie. Celui qui meurt le premier perd. Tous les coups sont permis. S'il voulait atteindre Harry l'homme n'aurait d'autre choix que de l'abattre et c'est ce que le jeune Seigneur des Ténèbres voulait lui faire comprendre. Il n'avait aucune chance contre lui.

C'est pour cela qu'après avoir précisé qu'il était celui qui avait poussé Darren et son groupe dans les ténèbres, Tom Elvis Jedusor n'hésita pas une seconde à déployer l'intégralité de la magie qu'il savait posséder à l'intérieur du bureau du directeur.

Harry écarquilla les yeux, le cœur battant. Tom. Qu'est-ce qu'il pensait faire ? En avouant tout à coup être un Seigneur des Ténèbres, quel était son objectif ? Les amener tous les deux face au MACUSA ? Avait-il seulement conscience de ce qu'avait été Lord Voldemort dans l'esprit des gens ? Savait-il quels genres d'horreurs on lui ferait subir si le monde apprenait son identité ?

De toute évidence, il s'en fichait. Alors que la magie du Seigneur des Ténèbres le recouvrait, étouffant les plaintes qu'il aurait voulu lui crier, Harry se demanda s'il s'agissait d'imprudence, d'inconscience ou d'autre chose. Tom savait-il quelque chose au sujet du directeur qui lui donnait l'assurance qu'il n'irait pas tout raconter au MACUSA ?

Harry l'ignorait, ses pensées devinrent secondaires alors qu'il reconnaissait la magie qui se déployait autour de lui, d'eux. C'était celle de Voldemort, elle était encore plus puissante même. Plus maîtrisée. Elle était menaçante, meurtrière.

Et elle n'était pas dirigée contre lui.

Il en avait longtemps eu l'habitude de cette aura noire, oppressante, si difficile à affronter, se destinant à braver la sienne. Contrairement aux fois précédentes où il avait dû s'élever contre elle avec force et courage, elle n'était pas dirigée contre lui.

Pire, elle semblait valser autour de lui comme si elle l'invitait à délier sa propre magie pour la rejoindre. Recouvrir son corps et caresser sa peau, sans volonté de destruction.

Les ténèbres les engloutirent tous deux, le bureau entier du directeur fut soumis à leur présence et Harry ne sut pas s'il devait arrêter Tom ou le laisser faire. Si celui-ci agissait sous le coup d'une folie passagère ou si dans son esprit se dessinait un plan.

Un plan dont il ignorait les tenants et aboutissants. Néanmoins quelque chose dans la manière dont Tom se leva, quelque chose dans la façon dont sa magie rendait l'air irrespirable, lui souffla qu'il était parfaitement maître de lui-même. Qu'il pouvait tenter de lui accorder sa confiance. C'était complètement fou mais puisque Tom avait déjà avoué à demi-mot être le Seigneur des Ténèbres, Harry le laissa aller plus loin. Il en assumera les conséquences plus tard et il saurait l'arrêter si Jedusor allait trop loin.

Potter se leva à son tour, lança un regard derrière eux où se tenaient encore les professeurs Rogue et Tiare. Il offrit un sourire d'excuse à Severus qui, dans un réflexe inutile, avait agrippé son avant-bras comme s'il s'attendait à ressentir une vive douleur le parcourir à tout instant.

Elle ressemblait tant à celle de Voldemort. Cette aura déchaînée, emplie d'espoirs déçus, d'une colère sans frontières, d'une froide détermination. C'était celle du Seigneur des Ténèbres à une différence près, Tom n'avait pas encore sa baguette entre les mains. Il n'avait prononcé aucun sort de torture ou de mort. Il était juste là, debout, intimidant au-delà de la pensée.

Le Survivant attrapa discrètement sa propre baguette, au cas où le directeur réagirait violemment à cette tentative évidente d'intimidation et il se retint d'essayer de stopper le Serpentard en lui demandant pour quelle raison il se sentait obligé de faire ça. Le brun ressentait à travers leur lien que Tom était calme, assez pour être conscient des conséquences de ses actes. Et il ne savait pas si ça devait le rassurer ou l'inquiéter davantage.

Lord Voldemort avait été dangereux car fou et incontrôlable. Tom l'était car ses actes n'étaient freinés par aucune morale et que son esprit était celui d'un prodige.

Si bien qu'Harry se figea lorsque le mage noir ouvrit la bouche pour déclarer à Agilbert Fontaine.

— Je ne vous laisserai pas mener vos projets à bien.

Le visage déjà pâle de Fontaine perdit toutes ses couleurs et il dévisagea longuement Tom sous les yeux d'Harry. La peur s'installa dans son corps et le directeur se mit à trembler pour de bon, il recula d'un pas et prononça assez faiblement. Le choc visible sur son visage.

— Vous êtes… vous êtes…

Un éclat rouge incandescent brilla un instant dans le regard du jeune Seigneur des Ténèbres alors qu'il prononçait lentement, comme une question rhétorique emplie d'ironie.

— Celui dont on ne doit pas prononcer le nom ?

Fontaine eut un mouvement de la tête incertain, pas tout à fait un hochement de tête ni tout à fait autre chose non plus. Il recula davantage, l'air complètement décontenancé. Perdu entre terreur et effarement. Comme s'il ne pouvait y croire.

Jedusor lui adressa un sourire mauvais puis confirma.

— Voldemort est mon passé, j'ai délaissé cette identité à la fin de la guerre. Lord Voldemort est mort mais je suis toujours en vie.

Harry sentit son rythme cardiaque se faire erratique, Tom en avait déjà trop dit, il ne devait pas le laisser aller plus loin. S'en était assez, le directeur avait déjà l'air annihilé par la nouvelle, il n'avait pas besoin d'aller plus loin. Peu importe pourquoi il voulait mettre l'autre homme en garde, c'était suffisant.

Potter se décida à ce moment-là et attrapa, avec incertitude, l'épaule de Jedusor en lui sifflant dans un murmure.

§ Tom ? Ne lui dit rien de plus. §

Le mage noir se tourna vers lui et Harry grimaça en remarquant que Tom n'avait pas l'air d'en avoir fini, son expression exprimait plutôt une volonté d'écraser le directeur dès maintenant. De profiter de la faiblesse de l'autre devant cette révélation pour l'abattre.

Le Seigneur des Ténèbres lui souffla, sa magie se déversant autour d'eux dans des torrents de haine.

§ Je veux qu'il sache. §

Cette fois-ci leur lien lui exprima des envies de meurtre de plus en plus prononcées, hors de contrôle. Alors que les yeux rouges du mage noir se recouvraient de noir.

§ Je veux qu'Agilbert Fontaine comprenne à qui il a affaire quand il essaie de s'en prendre à nous. Cette cage, elle t'était destinée. Il voulait t'enfermer à l'intérieur pour tester la puissance de ta magie. §

L'enfermer pour tester la force de sa magie ? Pourquoi ferait-il une chose pareille ? Comment Tom pouvait-il savoir ce que Fontaine voulait faire de la cage de Faraday ? Le lion n'eut pas le temps de se poser davantage de questions à ce sujet. Tom se retourna vers l'homme devant eux et poursuivit en fourchelang.

§ Je veux que la prochaine fois qu'il imaginera une manière de te blesser, il soit conscient de qui il provoque en le faisant ! §

Puis le Gryffondor capta le regard du directeur qui faisait la navette entre lui et Tom. Ses yeux se fixèrent sur la main qu'il avait déposée sur l'épaule du mage noir et tout à coup, il éclata d'un rire dément. Comme un fou furieux, Fontaine éclata de rire.

Un rire sans humour, un rire malsain, de ceux qui flirtaient définitivement trop avec la folie. Sous le choc, Harry ne réagit pas alors que l'homme se rapprochait vivement, contournant son bureau pour les regarder tous les deux. De haut en bas. Puis il se remit à rire, il avait toujours l'air effrayé mais son rire semblait être de ceux qui ne se manifestent qu'à travers la peur.

Jedusor l'attrapa à son tour par les épaules pour le retrancher derrière lui, comme par instinct. Ce qui fit mourir de rire l'autre homme. Il se calma en hoquetant.

— Le Seigneur des Ténèbres… et le Survivant ! Je suis tellement bête… j'étais tellement obnubilé par sa puissance que j'en ai oublié de me demander d'où elle lui venait ! Je pensais son instigateur mort...

Il rit encore puis se retourna et leva les bras dans un geste théâtral. Dos à eux, il cria à Rogue et Tiare.

— Vous le saviez ? Bien sûr que vous le savez tous les deux ! C'est ce que tu me cachais Ulrich ?

Il se tut tout à coup, fit quelques pas en marmonnant des paroles incohérentes puis il se tourna de nouveau vers eux et leur souffla avec un air complètement malade.

— Comment avez-vous caché ça à l'Angleterre tout entière ? Depuis combien de temps ? Étiez-vous réellement ennemis ou avez-vous toujours été comme ça ?

Puis il se posta devant eux l'air extatique et se pencha jusqu'à que son visage soit à quelques centimètres de celui de Jedusor, c'est à lui qu'il s'adressa.

— C'est votre création ! C'est à cause de vous qu'il est comme ça, n'est-ce pas ?

Harry sentit plus qu'il ne vit la magie de Tom se ruer brusquement sur l'homme pour le renverser, Agilbert Fontaine fut cloué au sol en moins d'une seconde.

Jedusor le contourna, sa baguette dans sa main il grinça, sa fureur plus grande que lorsque Harry avait été blessé pendant la répartition.

— Vous allez mourir.

Sa voix était si proche du fourchelang que Potter ne sut pas dans quelle langue il l'avait dit. Cela ne l'empêcha pas de réagir, tout comme Rogue et Tiare.

Ils séparèrent les deux sorciers, Harry retenant Tom et Tiare soutenant son directeur alors que l'homme se relevait. Rogue se plaça entre Fontaine et ses deux élèves et il fut le premier à parler. Il avait l'air tendu et hors de lui.

— Vous êtes complètement inconscient ! Je vous interdis de les traiter comme vous venez de le faire.

Fontaine leur lança un regard entre fascination et dégoût, puis il leur susurra.

— Les traiter comme quoi ? Les deux meneurs de la dernière Grande Guerre sorcière ? C'est ce qu'ils sont ! Le Survivant et le Seigneur des Ténèbres.

Il eut un autre rire empreint de folie et il les regarda, Severus se déplaça de manière à ce que l'homme ne puisse plus les dévisager comme il le faisait. Puis il gronda.

— Maintenant que les présentations sont faites, je vais devoir ramener ces garçons à l'infirmerie. Ou dois-je vous rappeler qu'ils ont été blessés à cause d'une cage de Faraday utilisée par vos élèves dans votre école ?

La menace était claire, un mot sur Voldemort au MACUSA et Rogue raconterait tout de cette histoire de cage au gouvernement Américain. Ce ne serait peut-être pas suffisant pour empêcher Agilbert Fontaine de parler mais c'était mieux que rien.

Toutefois, la menace n'était pas nécessaire puisque lorsque Agilbert comprit la situation, il leur chuchota, l'air un peu plus calme.

— Je n'aurais aucun intérêt à dévoiler ce genre d'informations au MACUSA. À vrai dire, je trouve même amusant de ne pas le faire.

Ses yeux se tournèrent exclusivement sur le Seigneur des Ténèbres alors qu'il articulait très sérieusement.

— Il y a d'autres manières de mourir, je ne suis pas pressé de rejoindre vos précédents ennemis.

Ce à quoi le mage noir ne répondit rien, menaçant malgré son silence.

Rogue tremblait, Harry s'en rendit compte seulement maintenant. Il tenta de calmer la situation, même s'il se sentait lui-même fébrile et désemparé.

— Monsieur le directeur ?

Il gagna immédiatement l'attention de l'homme et celle de toute la salle. Jedusor lui saisit la main, puis le bras, s'appuyant sur lui alors qu'il prononçait aussi calmement que possible.

— Tom est le Seigneur des Ténèbres... mais cette information est classée secrète par le ministère de la magie. Il est amnésique et je suis responsable de lui, hier il a été blessé par vos élèves et il est en colère. On ne veut pas de problème, ni lui ni moi. Nous partirons à la fin du tournoi des trois sorciers et vous n'entendrez plus jamais parler de nous. Et ce, à la seule condition que vous nous fassiez le serment de ne pas révéler son identité.

— Est-ce une menace ?

Agilbert Fontaine avait de nouveau l'air amusé, comme s'il regardait un spectacle particulièrement divertissant. Il perdit son sourire lorsque Harry précisa, mortellement sérieux.

— Sans ce serment, je rentre immédiatement en Angleterre et je préviens le ministère que vous avez été mis dans la confidence.

Il bluffait, le ministère anglais ne savait rien de la résurrection de Voldemort, de la véritable identité de Thomas Gaunt ou même du fait que Tom Elvis Jedusor était Voldemort et qu'il avait perdu ses souvenirs pour revenir à son lui de seize ans. Tout avait été camouflé par Minerva McGonagall, elle était la seule - avec les professeurs de Poudlard et les élèves de dernière année - à savoir la vérité.

L'homme dirigeant cette école se redressa, complètement ignorant du fait qu'il prenait au sérieux un mensonge.

— Très bien. Vous savez vous montrer très convaincant monsieur Potter. Que voulez-vous que je prononce comme serment ?

Harry n'en avait pas la moindre idée mais Rogue réagit promptement, tendit sa main au directeur et lui dit.

— Vous ferez le même serment que tous ceux qui savent pour lui.

Agilbert Fontaine lui attrapa le poignet et Severus prononça le serment.

— Sur votre vie et votre magie vous faites la promesse de ne jamais divulguer d'une quelconque manière que ce soit le fait que Thomas Gaunt soit Lord Voldemort, Seigneur des Ténèbres. Si vous tentez d'outrepasser votre serment votre magie vous sera retirée et si vous le trahissez ce sera elle qui vous tuera.

Fontaine plissa les yeux.

— C'est ce qu'on appelle un serment inviolable.

Rogue ne se laissa pas décontenancer et répliqua.

— C'est la seule manière de prêter serment convenablement.

Enfin, Agilbert Fontaine prêta serment en répétant les mots prononcés par Severus. Une fois cela fait, le Maître des potions relâcha un peu la pression qui comprimait encore chacun de ses muscles.

Il se retint de se retourner pour maudire Jedusor. Peu importe ce que le mage noir reprochait au directeur, ce n'était pas une raison pour agir comme il l'avait fait. Il s'était mis en danger et Harry avec lui. Qu'est-ce qui n'allait pas chez lui ?

Rogue laissa son regard chercher celui d'Ulrich Tiare puis il lui demanda.

— Raccompagne-les à l'infirmerie.

Ce qui signifiait : je te confie leur sécurité, surveille-les pendant que je remets les choses à plat.

Ulrich le comprit sans mal puisqu'il accepta et transplana en emmenant les deux garçons avec lui.

Harry ouvrit les yeux sur l'infirmerie, trébucha sur ses pieds et fut ébloui par la lumière mordorée qui éclairait le plafond au-dessus de lui. Il se stabilisa en attrapant à deux mains les bords d'une étagère qui faillit s'écrouler sous l'impact de son corps et de sa magie.

Il grimaça et soupira en réparant du bout des doigts une fiole fissurée, remerciant sa chance qu'elle ne soit pas complètement brisée. En reprenant possession de ses moyens, il se tourna vers les sorciers qui avaient transplanés avec lui. Il croisa le regard de Jedusor immédiatement, celui-ci le dévisageait comme il avait pris l'habitude de le faire en permanence, sauf que cette fois-ci il ne soutint pas son regard alors qu'Harry le lui rendait.

Il se détourna et adopta un air un peu coupable qui empêcha le Gryffondor de lui en vouloir tout à fait. L'Oiseau-tonnerre ne pensait pas que le Serpentard pouvait exprimer de véritables regrets, mais la légère culpabilité qu'il lisait dans son comportement tout à coup moins assuré lui suffit à penser que le mage noir savait que faire ce qu'il venait de faire sans le consulter auparavant, sans même lui expliquer pourquoi, était une mauvaise chose.

L'envie qu'il avait de lui crier dessus s'évanouit aussitôt. Jedusor se tenait debout presque uniquement sur sa jambe valide, avait le regard fuyant et avait replié ses bras contre lui, croisés sur son torse. Harry eut presque envie de sourire en constatant que même le Seigneur des Ténèbres était capable d'avoir l'air fautif et repentant.

Il l'ignora quelques secondes pour vérifier Ulrich Tiare et il sentit immédiatement l'attention du mage noir revenir à lui, brûlant sa peau de par son intensité. Repentant peut-être mais pas assez pour le lâcher du regard plus que quelques secondes.

Tiare était encore pâle, il semblait nerveux et mal à l'aise. Harry aurait bien aimé avoir un mot à lui dire pour le rassurer mais lui-même ne l'était pas. Ce que Tom venait de faire changeait beaucoup de choses sur la manière dont pourrait se passer leur séjour à Ilvermorny. Et même si Ulrich savait depuis longtemps qui était Tom en réalité - Harry supposait que Severus le lui avait dit dès le premier jour - cela n'empêchait pas le professeur d'être inquiet maintenant que le directeur lui aussi connaissait la vérité.

Le lion passa une main dans ses cheveux et serra les dents, c'était trop tard pour effacer ce qui avait été fait. Les cartes étaient redistribuées, Agilbert Fontaine connaissait la vérité. La principale question restait ; pourquoi Tom s'était-il senti obligé de la lui dévoiler ?

Pour le menacer. Jedusor s'était senti obligé de dévoiler sa véritable identité pour prendre le dessus sur le directeur. Harry l'avait compris, ce qu'il ignorait, c'est pour quelle raison le mage noir souhaitait asseoir sa supériorité face à Fontaine.

Il l'avait haï dès le premier regard mais il n'avait pas agi sous une pulsion, il voulait réellement ce qu'il venait de se passer. Et il lui avait confié que c'était à cause de la cage, que Fontaine voulait l'utiliser contre lui. Tom voulait effrayer le directeur pour l'empêcher de mener à bien des projets qu'il avait contre lui. Contre eux.

Quels types de projets ? Pourquoi le directeur voudrait tester la force de sa magie ? Était-ce pour ça qu'il l'avait fait venir à Ilvermorny ? Était-ce ce qui motivait le regard mauvais que le directeur lui adressait depuis plusieurs semaines ? Ça avait un rapport avec le tournoi des trois sorciers ou seulement avec lui ?

Plus Harry y pensait - tout en considérant le fait que Tom avait déjà compris pourquoi et pas lui - plus il en arrivait à la conclusion que cela devait avoir un rapport avec lui. Avec sa magie incontrôlable et avec cette chose que Tom avait découverte là-dessus et qu'il ne lui avait pas dévoilée. Cette chose que Chul Fontaine lui avait certainement dite à son sujet. La raison pour laquelle leurs magies n'étaient pas comme celles des autres sorciers.

Plus il y pensait, plus cela le rendait nerveux. Il se sentait mal. Pourtant il devait en avoir le cœur net, savoir s'il était sur la bonne piste ou pas du tout.

§ Ça à voir avec ce qui t'a forcé à faire un Horcruxe ? Le directeur, s'il en a après moi, c'est à cause de ça ? §

Jedusor le regarda intensément, son visage exprimait déjà le fait qu'il venait de tomber juste et aussi que le sujet était sensible. Il acquiesça tout de même, semblant le faire à contrecœur, comme s'il eût préféré qu'il ne le devine jamais.

§ Oui, c'est à cause de ça. §

Donc le directeur savait, lui aussi, ce qui n'allait pas avec sa magie. Comment l'avait-il appris ? Dans ce cas, cela signifiait que c'était bien Chul Fontaine qui avait avoué la vérité à Tom et déclenché sa détresse. Le directeur et son fils étaient au courant de cette chose, tout comme Tom.

Harry allait ouvrir la bouche, pour demander ce qu'était cette chose. Même s'il n'était pas prêt à le savoir, même s'il ne voulait pas comprendre pourquoi on l'avait toujours traité comme un monstre, si cela les mettait en danger, si c'était pour ça que le directeur leur voulait du mal, il devait savoir. Pour ne pas laisser une longueur d'avance à leurs ennemis.

Mais Jedusor ne lui laissa pas le temps d'ouvrir la bouche, il se rapprocha de lui, trop proche pour qu'Harry puisse se concentrer sur autre chose et il lui souffla à voix basse.

§ Même si tu me le demandais, je ne te dirais pas ce qu'est cette chose. §

Potter sentit son souffle se raccourcir, Jedusor se recula et il lui précisa en anglais.

— C'est mieux comme ça. Si je n'avais pas d'autres choix, je t'en parlerais.

Ce qui signifiait que tant qu'il pourrait éviter de le faire, il ne lui en parlerait pas. Cela lui donnait également une indication de la gravité de sa situation. Si Tom se refusait à lui en parler, c'était pour éviter de mettre sa vie en danger. C'était la seule chose qui réussissait à le mettre dans cet état-là. La mort. Sa propre mort et la sienne aussi.

Le directeur ne voulait pas les tuer… d'ailleurs jusqu'à aujourd'hui il ne semblait pas s'intéresser à Tom. Seulement à lui. À sa magie. Le Gryffondor se sentit obligé de demander.

— Est-ce qu'il en a seulement après moi ?

Le jeune Seigneur des Ténèbres sembla hésiter un instant avant de lui préciser.

— Je pense que oui. Il ne sait que pour toi, il n'a pas compris que j'étais dans le même cas.

Harry sentit un soulagement brutal soulever son cœur, cela dut se lire sur son visage car Tom lui siffla immédiatement.

§ C'est pour ça que je lui ai révélé mon identité. Pour détourner son attention de toi. Qu'il comprenne que je ne le laisserais pas faire. §

Là, c'était moins rassurant. Évidemment, Jedusor s'était dit que ce serait une bonne idée que d'attirer l'attention de l'ennemi sur lui… pour être sûr qu'ils soient bien tous les deux la cible du même malade mental. Agilbert Fontaine avait un problème, ils venaient d'en avoir la confirmation et Tom, qui se doutait déjà de ce fait, avait sincèrement pensé qu'être deux dans le collimateur de celui-ci serait plus sécurisant ?

Comme s'il lisait dans ses pensées le mage noir précisa, pour se justifier.

— En s'attaquant à toi, il s'attaque à moi. Maintenant il le sait.

Souffrir à deux plutôt que seul. Depuis quand était-ce devenu leur manière de faire les choses ? Depuis quand considérait-il normal que Tom soit impliqué quand ça le concernait ?

Le Seigneur des Ténèbres avait mis en garde le directeur. En lui révélant son identité, il lui faisait passer un message. Une mise en garde pour le protéger. Parce que si Harry se sentait investi de cette mission - celle de protéger Tom - Jedusor ressentait la même chose. Il avait seulement une manière bien à lui de le faire. En lui imposant sa présence à la première tâche et en déclarant la guerre au directeur d'Ilvermorny. Sa façon à lui de le protéger, c'était de mettre sa propre vie en danger aux côtés de la sienne.

Harry aurait voulu être profondément contre ça mais il ressentit une chaleur inconnue se répandre dans ses veines et il sut qu'il se sentait touché. Ému par le fait que le mage noir qui craignait tant la mort n'hésite pas une seule seconde à la défier à ses côtés. Voldemort avait disparu, jamais le Seigneur des Ténèbres n'aurait agi ainsi pour quelqu'un d'autre que lui.

Jedusor avait peut-être une manière personnelle de l'exprimer mais il tenait beaucoup à lui et sans qu'il ne puisse la chasser, Harry sentit la chaleur dans ses veines réchauffer son cœur à cette pensée. Même si cela le rendait anxieux, il réalisa qu'il commençait à accepter le fait que Tom éprouvait sincèrement des sentiments pour lui.

Il ne savait toujours pas quoi faire de ça. Et si cela ne partait pas ? Si Tom l'aimait réellement et que ce sentiment n'était pas faussé ? Qu'est-ce que ça faisait de lui ? Personne ne l'avait jamais aimé de cette manière-là, il n'y était pas préparé. Lui-même ne savait pas s'il était capable d'aimer et certainement pas comme Jedusor le faisait, aussi intensément.

Ses pensées le quittèrent alors que l'infirmier, Börte Tchino, se présentait à eux, l'air passablement énervé d'avoir découvert leurs lits vides au matin. Ulrich Tiare lui raconta que le directeur souhaitait les interroger et le médicomage répliqua que la prochaine fois monsieur le directeur n'aurait qu'à se déplacer plutôt que de lever aux aurores ses patients alors qu'il n'avait même pas encore vérifié l'état de leurs blessures.

Ils durent se plier à la volonté de l'infirmier qui les fit asseoir pour regarder leurs plaies. Alors que l'homme examinait d'un air critique et désapprobateur la blessure de Tom, Harry lui demanda, impatient d'être libre de ses mouvements.

— Est-ce que vous savez quand on pourra quitter l'infirmerie ?

Le Gryffondor savait qu'ils devraient faire attention et prendre tout un tas de potions infectes pendant quelques jours mais il était persuadé d'être en état de pouvoir sortir.

Tchino lui lança un regard acéré, visiblement en désaccord avec sa pensée.

— Votre escapade matinale ne vous a pas suffi ? J'ai pris des dispositions pour que vous restiez ici toute la journée. Ce sera plus prudent, vous pourrez sortir demain matin, d'ici là vos blessures auront suffisamment cicatrisé pour vous permettre d'assister au cours de la semaine prochaine.

On était vendredi, Harry ne s'en souvenait que maintenant. C'était aujourd'hui que le directeur allait annoncer qui seraient les partenaires des champions pour la première tâche. Et c'était aussi parce que la semaine touchait à sa fin que l'infirmier tenait à les garder sous surveillance encore une journée. Pour être sûr qu'ils n'iraient pas empirer leurs blessures dans une autre bagarre pendant les cours.

Ils ne purent pas contester la décision de l'homme, puisque Ulrich Tiare sembla du même avis et qu'il précisa.

— J'irai récupérer vos cours et je préviendrais moi-même monsieur Legrand que vous êtes ici, pour que les Oiseaux-tonnerre ne soient pas inquiets.

Puis il ajouta, l'air plus sombre.

— De toute façon, à l'heure qu'il est, le départ des Serpents cornus doit avoir fait le tour de l'école et la rumeur doit déjà courir et je serais étonné que personne n'ait fait le lien entre leur départ précipité et votre présence à l'infirmerie. Je vais devoir expliquer pas mal de choses aux membres de vos maisons respectives.

Ce à quoi Potter répondit, avec politesse.

— On est désolé de vous causer tant de soucis.

La culpabilité regagna immédiatement les traits de l'homme et il leur souffla, en quittant l'infirmerie.

— J'ai ma part de responsabilité là-dedans, vous n'avez rien à vous faire pardonner.

Le reste de la journée se passa dans une langueur réconfortante pour les deux blessés. Therence était arrivé, inquiet mais souriant, à peu près une heure après le départ d'Ulrich et il leur avait apporté, à tous deux, les cours qu'ils avaient manqués. Puis il les avait laissés avec la promesse d'apporter le reste en fin de journée. Le jeune homme ne semblait pas pouvoir cacher sa joie de les voir s'être enfin réconciliés.

Harry et Tom avaient passé la matinée allongés à plat ventre dans le même lit, à parler des cours et de magie. Jedusor expliquait à Potter comment procéder pour brasser la potion dont il n'avait pas écouté les instructions et les deux garçons s'amusaient du fait qu'avec les événements récents Severus Rogue oublierait certainement l'heure de retenue qu'il avait donnée à Harry.

C'est ainsi que Gabrielle Delacour les trouva pour midi, allongés entre des livres laissés grands ouverts, des parchemins couverts d'inscriptions d'une écriture tantôt élégante et éthérée tantôt plus serrée et fébrile, discutant en alternant fourchelang et anglais sans discontinuer, visiblement absorbés par une théorie magique dont elle ne comprenait pas un mot.

Les deux garçons avaient évité les sujets sensibles, ne voulant pas compliquer davantage cette journée, reportant à plus tard leurs inquiétudes sur Agilbert Fontaine et le tournoi des trois sorciers, oubliant pour un temps l'instabilité de leurs magies et leurs problèmes. Sans le préméditer, ils avaient réussi à s'offrir un moment de paix et de sérénité. Ce genre d'instant hors du temps qui ne faisait que les rapprocher davantage.

Aux yeux de Gabrielle, leur complicité était belle, elle était heureuse de les voir de nouveau ensemble. Ne comprenant pas beaucoup plus que Therence pourquoi ces deux-là arrivaient à se quereller alors que leurs sentiments l'un pour l'autre étaient flagrants. Harry était un garçon peu sûr de lui et assez méfiant, il lui faudrait du temps pour se rendre compte qu'il n'était jamais autant souriant que lorsqu'il était avec Gaunt.

En attendant, elle leur avait apporté de quoi manger ! On lui avait raconté, à quelques détails près, ce qui s'était passé avec les Serpents cornus et elle ne savait ni trop quoi dire ni trop quoi faire pour montrer à Harry et Thomas qu'ils avaient son soutien alors elle s'était contentée de pas grand-chose. Deux repas à emporter pour l'infirmerie.

Harry lui avait souri, l'avait même invité à rester un peu avec eux, pendant que Gaunt lui jetait un regard ennuyé, certainement un peu contrarié d'avoir été ainsi dérangé. Gabrielle était partie aussitôt en précisant qu'elle avait déjà mangé et qu'elle devait se dépêcher de traverser l'école si elle ne voulait pas arriver en retard à son cours.

Juste avant de quitter l'infirmerie, Harry l'avait questionné pour savoir si elle avait finalement choisi son partenaire pour la première épreuve, l'air un peu préoccupé et elle s'était souvenue que le Gryffondor n'en avait toujours pas ; ce qui signifiait que ce serait au directeur de tirer au sort pour lui.

Gabrielle l'avait rassuré à ce sujet en déclarant qu'elle avait choisi une amie avec qui elle travaillait souvent les cours en binôme puis elle était partie. Les laissant de nouveau seuls.

L'Oiseau-tonnerre n'avait pas osé dire un mot de plus à ce sujet, de peur que Tom et lui ne soient pas encore tout à fait d'accord. Ils s'étaient silencieusement entendus sur le fait que ce serait le directeur qui choisirait, malgré leurs craintes.

Fontaine avait l'air d'avoir des projets bien précis pour lui et Harry espérait que, peut-être, Tom l'avait assez effrayé pour que l'homme ne choisisse pas de le mettre volontairement avec quelqu'un qui ne voudrait pas participer. C'était ce qui le rassurait, pour le reste il essayait de réfréner son appréhension à l'idée de laisser Jedusor seul pendant qu'il participerait à cette première épreuve. Convaincu qu'Ilvermorny restait moins dangereuse que le mont Greylock.

L'après-midi fut tout aussi agréable, Tom fit venir à eux un Diligitis très heureux de retrouver l'Oiseau-tonnerre et qui ne cessait de répéter.

§ Harry ! Tu me manques ! §

Ce qui n'était pas tout à fait correct puisqu'il était avec lui dorénavant. Tom corrigea sans regarder le serpent, concentré sur lui, les yeux rougeoyants.

§ Tu m'as manqué. §

Un ange eut le temps de passer avant que le lion balbutie quelque chose qui devait ressembler à :

§ Toi- Vous aussi. §

Diligitis s'était alors réfugié entre eux et semblait écouter avec attention chaque mot qu'ils prononçaient. Réussissant à s'exprimer correctement la plupart du temps. Ses progrès étaient impressionnants, tout comme le fait qu'il devait bien avoir pris une bonne dizaine de centimètres depuis la dernière fois qu'il l'avait vu. Les crotales étaient-ils censés grandir si vite ? Probablement.

Tom lui expliqua avec le sourire qu'il était en train de mettre au point un sortilège pour faire venir Diligitis à lui, s'ils n'étaient pas trop loin l'un de l'autre. Comme un Accio mais reprenant plutôt les caractéristiques du transplanage, adaptées pour un familier. Harry s'était demandé si Voldemort avait fait ce genre de choses pour Nagini et pour une fois les images de la mort de Ron ne s'étaient pas imposées à lui trop violemment.

En fin de soirée, Severus Rogue pénétra dans l'infirmerie, ses capes et robes noires donnant toujours à sa démarche une allure assurée, tragique et théâtrale. Le potionniste sembla faire semblant d'ignorer le serpent qui, sur les épaules de Jedusor, sifflait encore alors qu'il s'adressait à Harry Potter.

— Monsieur le directeur a profité du dîner pour annoncer celui qui sera votre coéquipier durant la première tâche.

Harry se redressa et remarqua que le Maître des potions semblait encore furieux et anxieux après la journée qu'il avait certainement passée à essayer d'arrondir les angles avec Fontaine. Le lion lui demanda.

— Qui est-ce ?

Un sourire sardonique recourba les lèvres du professeur alors qu'il grinçait.

— Il est à côté de vous.

À suivre…