Chapitre 34 : De feu et de métal

Coucou ! (Se cache derrière le petit écran de son téléphone.) Vous n'êtes pas trop fâchés de mon absence ? Je suis désolée ! Mon excuse pour cette pause c'est juste que je n'arrivais pas à écrire. Ça m'arrive parfois, ça finit toujours par passer tout seul quand j'arrête de me prendre la tête alors me revoilà ! J'ai ce chapitre de terminé et le suivant est bien entamé alors c'est reparti ! J'espère que ce chapitre vous plaira, il reprend juste après la révélation du précédent et je le considère comme un chapitre très doux, parfait pour une lecture avant de s'endormir. Je vous souhaite une bonne lecture et une bonne nuit et écrivez-moi un petit mot avant de fermer les yeux (lire vos reviews (et y répondre ce que je suis en train de faire) me permet souvent de débloquer mon écriture, merci pour ça !)


L'air saturé par l'odeur de potions et de désinfectants, aux effluves agressifs et désagréables, continuait de lui brûler la gorge. Il haïssait les infirmeries, les hôpitaux et tout ce qui leur était lié. Il se rappelait sans mal de la première fois qu'il s'était fait cette réflexion. À cette époque-là il n'était encore qu'un petit garçon et il était tombé, probablement assez violemment - ses souvenirs étaient flous à ce sujet - contre le tisonnier de la cheminée des Dursley.

Le sorcier ne se rappelait pas sa chute mais il se souvenait très bien de la douleur qui lui déchirait la peau lorsqu'il s'était réveillé à l'hôpital. Pour une fois les Dursley avaient eu l'air assez inquiets en l'observant alors que les médecins lui posaient des tas de questions auxquelles il n'avait pas de réponse. Il se souvenait sans mal des médicaments, des pansements et des murs blancs ainsi que de l'odeur persistante de chaud, comme si on avait brûlé quelque chose.

Étant plus vieux, il avait compris que cette odeur ne provenait pas de l'endroit mais de lui. Que c'était sa blessure qui sentait le chaud, la chair brûlée.

D'ailleurs la plaie avait continué de lui faire mal longtemps après sa sortie de l'hôpital et pendant cette période de sa vie, les Dursley avaient semblé un peu plus conciliants à son égard. Il avait le souvenir d'avoir mangé une fois avec eux à table lors d'un dîner et sa tante l'avait laissé passer une après-midi entière devant la télévision avec Dudley. Qui plus est, il n'avait pas été à l'école jusqu'à que sa blessure soit guérie et il n'avait pas eu plus de corvées à faire pour autant. À l'époque, il avait trouvé ça agréable. Gentil même.

En dépit de ça, quelque chose le poussait à rejeter les endroits comme celui-ci. Blanc et aseptisé. Il s'y sentait mal à l'aise, sur ses gardes, comme si une partie de lui avait associé le lieu à la douleur.

Pourtant il savait qu'il s'était fait mal près d'une cheminée, il aurait dû avoir peur du feu, du métal brûlant, de la chaleur mais ce n'était pas le cas. À la place, les hôpitaux lui laissaient toujours une violente sensation d'inconfort.

C'est après cet événement qu'il avait cessé d'essayer d'attirer l'attention de sa famille. Parce qu'il avait pris conscience que si seule une blessure grave pouvait les persuader de se montrer un peu plus doux avec lui alors il n'avait aucune chance de les faire l'aimer. Sauf en mourant peut-être. Même aujourd'hui, il ignorait si les Dursley seraient tristes en apprenant sa mort ou pas du tout. L'idée qu'ils puissent ne rien ressentir le blessait. Harry se sentait idiot, ce genre de choses n'était plus censé lui faire du mal désormais.

Ce devait être à cet âge-là, vers ses cinq ans, qu'il avait arrêté d'espérer que son oncle et sa tante finiraient par le considérer comme un fils au même titre que Dudley.

Ce sont ses espoirs d'enfant déçus et cette douleur cuisante lui déchirant la hanche, qui lui faisaient détester ce genre d'endroit. À cela s'ajoutaient toutes les fois, jamais vraiment agréables, où on l'avait traîné à l'infirmerie de Poudlard.

D'où son incapacité à s'y endormir paisiblement. Il avait réussi pourtant la nuit dernière. Peut-être parce qu'il était blessé et épuisé ou peut-être parce que Jedusor se tenait auprès de lui et que l'odeur du mage noir, la chaleur de sa présence à ses côtés et celle de sa magie l'avait apaisé, éloignant ses insécurités. Sa présence était rassurante.

Le Gryffondor se maudit presque pour avoir pensé quelque chose comme ça. Tom Elvis Jedusor n'était pas rassurant. Protecteur peut-être. Juste un peu. L'avoir à ses côtés le faisait se sentir plus léger sans qu'il ne comprenne réellement pourquoi. Le simple fait de l'avoir dans son champ de vision suffisait parfois pour qu'il ressente cette sensation d'apaisement.

Un apaisement qu'il trouvait effrayant. S'attacher à lui n'était pas une bonne chose. C'était périlleux mais comme pour le feu et le métal, même après s'être brûlé, le Survivant était incapable d'éprouver une once de peur face au danger.

Cette pensée lui fit froncer les sourcils, lui rappelant le sourire que Tom avait abordé tout le reste de la soirée - depuis que Rogue leur avait annoncé que Jedusor serait son partenaire pour la première tâche du tournoi. L'héritier Gaunt n'avait pas du tout peur du danger que représentait cette tâche.

Il avait échoué. Harry avait de quoi être en colère. Une semaine à se démener, à se battre contre leur lien et sa propre magie, pour rien. Il avait perdu la bataille. Tom avait exactement ce qu'il voulait. Jedusor se tiendrait à ses côtés durant l'épreuve tout comme celui-ci l'avait décidé il y a une semaine.

Le lion songea qu'il aurait dû s'y être habitué depuis le temps. Rien ni personne ne pouvait empêcher le Seigneur des Ténèbres d'avoir exactement ce qu'il voulait si celui-ci était vraiment déterminé à l'avoir. Nul doute que le Serpent cornu savait pertinemment la décision que prendrait le directeur une fois son identité révélée. Ce qui expliquait son sourire satisfait face à Rogue. Heureux d'avoir obtenu ce pour quoi il s'était battu. Peut-être était-ce même une partie de son plan.

Jedusor en avait un, de ça Harry en était certain. Pour autant, il ignorait complètement de quoi était fait ce plan. Severus Rogue était impliqué, d'une manière ou d'une autre. Les deux Serpentard avaient parlé comme s'ils étaient sur la même longueur d'onde quelques heures auparavant.

Rogue avait demandé à savoir pourquoi Tom avait agi comme il l'avait fait, ce à quoi Jedusor avait répondu que le directeur savait pour "la magie d'Harry" et tout à coup, Rogue avait cessé de paraître furieux contre le mage noir. Au lieu de ça, il avait lancé un regard sombre dans sa direction.

Puis Jedusor avait précisé - comme il l'avait également fait devant lui - que la cage lui était destinée et qu'il ne laisserait pas le directeur aller plus loin. L'humeur du Maître des potions s'était alors assombrie davantage avant qu'il ne demande.

— Dans ce cas la situation est encore plus précaire que je ne l'imaginais. Que compte-t-il faire de cette information selon vous ?

Il avait posé la question à Tom, pas à lui, mais il ne le lâchait pas des yeux comme s'il s'attendait à ce qu'il se désagrège tout à coup pour partir en poussière.

Le mage noir à sa droite avait répondu que le directeur ne comptait certainement pas se servir de l'information mais plutôt du fait. De lui, avait compris l'Élu. Ce n'était pas l'information que sa magie était… ce qu'elle était qui intéressait le directeur mais ce qu'il pourrait en faire. De sa magie. De sa personne.

Agilbert Fontaine voulait se servir du héros du monde sorcier pour quelque chose et Tom avait choisi de révéler son identité pour l'en dissuader.

C'était certainement ce qu'en avait conclu le Maître des potions puisque après ça, il n'avait pas adressé de remontrances à Jedusor. Approuvant presque de par ce fait son comportement. C'était inquiétant. Si Rogue trouvait les actes de Tom appropriés à la situation, alors ça signifiait que celle-ci méritait que quelque chose d'aussi grave que la couverture du Seigneur des Ténèbres vole en éclats.

À côté de tout ça, le fait que grâce à aux actes de Tom, le directeur l'ait choisi pour l'accompagner pendant la première épreuve du tournoi paraissait être juste un plus que Jedusor avait certainement ajouté à sa motivation première.

Une sorte de bonus non négligeable.

Un bonus qui avait fait sourire le mage noir de bonheur toute la soirée. Un sourire discret, qu'il avait probablement été le seul à remarquer mais qui n'avait pas quitté son visage.

Juste un étirement imperceptible des lèvres, quelque chose de vibrant dans son regard et de dansant dans la manière dont sa magie s'exprimait autour de lui.

Si Jedusor retirait une telle joie à l'idée de mettre sa vie en danger aux côtés de la sienne, Harry ne pouvait qu'essayer de l'accepter. Le fait d'avoir perdu contre Tom. Se faire à l'idée que la première tâche serait certainement bien plus difficile qu'il ne l'avait espéré.

Protéger quelqu'un à qui on tenait était tellement plus difficile que de le faire avec un inconnu. Mais peut-être était-ce mieux que Tom reste auprès de lui. Cela sonnait comme quelque chose de positif après l'attaque des Serpents cornus.

Harry James Potter poussa un profond soupir et ouvrit les yeux sur le plafond sobrement éclairé par la pâle lueur de la lune qui transparaissait au-dessus de lui. Ses pensées tournaient en rond et l'odeur de l'antiseptique lui piquait toujours le nez et la gorge.

Son agitation attira l'attention de celui qui était couché dans le lit le plus proche du sien et une voix brisa le silence, régent des nuits à Ilvermorny.

— Tu n'arrives pas à dormir.

Ça ne ressemblait pas à une question. Plutôt à une affirmation qui ne souffrait d'aucun doute. Si bien qu'Harry s'entendit répondre, un peu défensivement.

— Toi non plus.

En définitive, s'il l'entendait soupirer, c'est que lui non plus n'était pas parvenu à s'endormir. Peut-être n'avait-il pas essayé d'ailleurs.

Après un instant de silence, Harry entendit Tom se tourner vers lui, sans quitter son lit, pour lui demander.

— Tu m'en veux ?

Lui en vouloir de quoi ? Du fait qu'il eut révélé à Fontaine qu'il était le Seigneur des Ténèbres ou de sa joie égoïste à l'idée de participer à l'épreuve ?

C'était une question sérieuse, Potter le sentit à l'intonation utilisée et il se demanda une seconde s'il en voulait vraiment au mage noir. Pour son comportement, pour ce qu'il était finalement.

Il se rendit compte que ce n'était pas le cas, il en voulait au directeur, il s'en voulait à lui-même mais pas à Jedusor ni à Rogue bien que tous deux lui cachassent des informations importantes le concernant. Les deux hommes le faisaient par affection pour lui et s'il y avait bien quelque chose qu'Harry ne pouvait pas reprocher aux autres c'était bien la volonté de protéger.

Cependant il avait encore un peu de mal à se faire à l'idée qu'on essayait de le protéger, c'était son rôle habituellement. La réciproque paraissait encore un peu difficile à tolérer mais il arrivait à la comprendre. C'était déjà ça.

Alors non, il n'en voulait pas le moins du monde à Tom. Il aurait dû. Parce que cette journée ils auraient pu la finir au MACUSA à plaider pour garder la vie sauve. Celle de Tom parce qu'il était Lord Voldemort et la sienne car il était celui qui le protégeait.

Toutefois, il s'entendit lui répondre avec sincérité. Parce que même s'il aurait voulu lui en vouloir ce n'était pas le cas, même s'il aurait préféré ne pas trouver sa présence rassurante, elle l'était et même s'il aurait préféré avoir peur de la chaleur du métal brûlant, c'était la froideur blanche et sans âme des centres de soins qui l'apeurait. C'était comme ça, on ne choisissait pas nos combats.

— Je ne t'en veux pas.

Il ne lui en voulait ni pour ce qu'il avait dit devant le directeur ni pour le fait qu'il resterait avec lui durant la première tâche.

Il sentit un sourire revenir danser sur les lèvres du mage noir et il ne put s'empêcher de lui lancer un coup d'œil pour vérifier. Il le regretta lorsque les yeux rougeoyants attrapèrent les siens et que le sourire en question s'agrandit davantage.

Il avait presque oublié qu'un Seigneur des Ténèbres heureux était un Seigneur des Ténèbres insupportable.

Jedusor lui dit alors, sans le quitter du regard, son sourire s'affaissant un peu.

— Qu'est-ce qui t'empêche de dormir, dans ce cas ?

Le Gryffondor aurait pu lui retourner la question. Il devait être plus de onze heures maintenant, pourquoi le Serpentard ne dormait pas ? Pour gagner du temps et parce qu'il ne savait pas comment exprimer le malaise qui l'empêchait de s'endormir, il s'entendit demander.

— Pourquoi tu ne dors pas, toi ?

Il regretta immédiatement d'avoir posé la question. Parce qu'en le faisant, en voyant l'expression du mage noir alors qu'il se tournait définitivement vers lui pour obtenir une réponse. Il sut. Il sut parfaitement les mots que Tom prononcerait avant qu'il ne le fasse.

— Tu ne dors pas alors je ne dors pas.

Malgré le fait de les avoir prémédités avant que le Serpentard ne les prononce, le Gryffondor sentit tout de même quelque chose à l'intérieur de lui au niveau de son estomac ou peut-être un peu plus bas, s'entortiller inconfortablement.

Il ne dort pas parce que je ne le fais pas. Il retira cette phrase de son esprit tout comme il tenta de dénouer la sensation qui l'avait pris en les entendant. Mais les deux restèrent piégés quelque part en lui alors qu'il réussissait à prononcer, dans un souffle.

— C'est cet endroit. Je ne m'y sens pas…

— En sécurité ?

Tom le regarda intensément, quelque chose qui ressemblait à de la compréhension passa dans son regard et Harry comprit que tout comme lui avait su pourquoi Jedusor ne dormait pas, celui-ci comprenait le sentiment d'inconfort qui l'empêchait de se laisser aller à l'inconscience.

Jedusor se leva alors, comme si le léger signe d'assentiment qu'il lui avait donné était exactement ce qu'il attendait pour bouger. Il récupéra leurs affaires, regroupa les livres éparpillés entre leurs deux lits et sur les tables. En profita pour se servir sans permission dans les réserves de potions et d'ingrédients qui y avaient autour d'eux et embarqua la couverture de son propre lit pour la transfigurer en cape avant de se poster devant lui.

Une main tendue à son encontre, il murmura.

— On part.

Ça ne paraissait pas être une proposition. Et ça ne semblait attendre aucune réponse positive ou négative non plus. C'était là. Comme un choix fait pour deux. Un choix fait pour lui.

Harry aurait dû avoir une conversation avec Tom à ce sujet, sur sa tendance à faire des choix le concernant sans pour autant le consulter au préalable. Sans lui demander son avis. Mais il n'y avait rien de ce qu'il faisait avec Tom qui était comme ça aurait dû être alors il attrapa sa main, récupéra Diligitis - laissant le petit serpent somnolant s'enrouler autour de son bras et ils fuirent l'infirmerie.

Arrivés à l'extérieur, l'odeur écœurante qui brûlait ses sens s'évanouit, l'air lui parut infiniment plus doux et la nuit beaucoup plus belle.

Jedusor lui souffla, comme un écho.

— Mieux ?

Et Harry se demanda si, tout ce temps où il n'arrivait pas à dormir, il n'avait pas par accident retransmis ses émotions à Tom. Cela expliquerait la clairvoyance avec laquelle il semblait le comprendre et si ce n'était pas le cas, alors peut-être que le lien n'était pas la seule chose qui leur permettait de se comprendre au-delà de la parole.

Après avoir profité de l'atmosphère pendant quelques secondes de plus pour purifier ses poumons, il se sentit obligé de demander alors que sa main était encore prisonnière de celle de Tom.

— Où on va ?

Le mage noir avait commencé à avancer mais en l'entendant il se retourna, le dévisagea un instant, puis précisa.

— On va où tu veux. Dans un endroit où tu te sentiras en sécurité.

Harry s'était senti sourire avant de voir l'éclat de couleur rouge devenir plus fort dans les yeux de Tom et il lui avait dit que c'était d'accord. Qu'ils n'avaient qu'à chercher un endroit comme ça, pour dormir en sécurité.

C'était enfantin, de fuir l'infirmerie comme des voleurs - même si Tom s'était allègrement servi dans les réserves de celles-ci et que dans les faits, il venait de se rendre complice de ce vol - pour aller traîner dans les couloirs après le couvre-feu sans même avoir l'intention de regagner l'un ou l'autre de leurs dortoirs.

Ce n'était pas sérieux parce que les infirmiers risquaient de s'inquiéter en ne les voyant pas demain matin, qu'ils allaient certainement prévenir Rogue et que celui-ci serait furieux en apprenant qu'ils étaient partis au beau milieu de la nuit pour faire je ne sais quoi.

Mais tant pis.

Severus s'en remettrait et Harry était fatigué de lutter, de tenter de contenter tout le monde et de ne pas faire de vagues.

Il n'y arrivait pas, partout où il allait il créait des tempêtes d'ennuis, un tsunami de problèmes. Alors il pouvait bien faire des vagues, avec un peu chance, elles iraient dans le sens contraire au raz-de-marée.

Demain, il pensera au tournoi. Il trouverait un plan d'attaque, mettrait au point un entraînement pour passer le Mont Greylock et ses dangers sans soucis. Demain il affronterait Rogue et sa peur de le voir partir en poussière, demain il écrirait à Hermione et demain il trouverait un moyen pour faire en sorte que celui qui avait entrelacé ses doigts aux siens ne soit pas blessé.

Cette nuit, il ne lutterait pas. Contre rien. Parce que même s'il ne choisissait pas ses combats il pouvait décider de les laisser aller, parfois. De temps en temps, quand on lui en donnait l'occasion, la permission. Lorsqu'on lui offrait un sentiment de sécurité.

Après un moment à déambuler dans les couloirs à côté de Tom, Harry reconnut les lieux, ils étaient dans la partie d'Ilvermorny qu'ils avaient vu la première fois qu'ils l'avaient traversée. Cette nuit avant la répartition où il avait dormi dans un appartement destiné aux invités et où le lendemain ils avaient rencontré le Puckwoodgenie.

Peut-être que Tom cherchait l'appartement en question, peut-être pas. Toujours est-il qu'à un moment donné, sans raison apparente, le mage noir se dirigea vers une porte verrouillée qu'il ouvrit d'un Alohomora. Un Alohomora qui n'en avait que le nom tant sa force était éloignée de celle du sortilège de base. Plus comme s'il voulait arracher la porte de ses gonds plutôt que de l'ouvrir.

Celle-ci s'ouvrit normalement, la sécurité d'Ilvermorny demandant probablement au moins un Alohomora un peu plus fort que la moyenne pour céder.

Derrière la porte, il n'y avait pas une salle de classe. Ni même un appartement réservé aux invités. Ça ressemblait plutôt à une sorte de salon, comme une toute petite salle commune. Avec une cheminée en pierre, un canapé et des fauteuils visiblement usés. La pièce était sombre et sans fenêtre mais elle avait quelque chose de chaleureux. Peut-être parce que les murs faits de granit avaient été laissés bruts, camouflés uniquement par des étagères vides. Ou peut-être parce que Tom y avait immédiatement déposé leurs sacs. Satisfait de l'endroit.

Il n'y avait aucun tableau accroché aux murs pour les suivre du regard et le grand tapis aux nuances rouges orangées qui recouvraient le sol avait quelque chose d'ancien qui le rendait agréable, malgré la poussière dont il était maculé. Poussière qui fut chassée d'un simple murmure de la part de Jedusor.

Harry éternua et Tom se tourna vers lui. Lui demandant silencieusement si cet endroit lui convenait. Une demande silencieuse qui obtint un simple hochement de tête pour toute réponse. C'était juste assez pour exprimer un sentiment partagé. C'était parfait.

Jedusor lui lâcha la main et Potter sentit la chaleur de celle-ci persister un moment entre ses doigts et sur sa paume. Il n'était pas habitué au fait qu'on lui tienne la main, cela lui donnait toujours une drôle d'impression.

Le mage noir poussa leurs sacs jusqu'au canapé puis se dirigea vers la cheminée pour y allumer un feu d'un simple Incendio - qui ne durerait pas longtemps mais serait agréable - tandis que le lion refermait la porte. Par précaution et seulement à cause de Fol Œil qui lui avait trop de fois répété vigilance constante ! Il se sentit obligé de la verrouiller avec un sort qui le préviendrait si elle était forcée ou ouverte pendant la nuit.

Puis il s'avança dans la pièce, un peu incertain. Il dormirait certainement bien plus facilement ici que dans l'infirmerie ou bien dans son lit chez les Oiseaux-tonnerre, mais il ne savait pas trop où s'installer.

Jedusor avait une idée à ce sujet puisqu'il lui fit signe d'approcher du feu, et Harry déposa le petit Diligitis sur un fauteuil au passage, pour que le jeune serpent puisse y dormir confortablement.

Tom s'était assis près de la cheminée et quand Harry vint s'asseoir près de lui, il prit la parole. Ses yeux rougeoyaient plus fort encore que les flammes, il se dégageait de lui une certaine sérénité comme s'il souhaitait la lui transmettre.

— La métamorphose n'a jamais été ma matière préférée mais je pense pouvoir transfigurer des oreillers convenables.

Probablement qu'il aurait pu transfigurer un lit et même deux mais il ne le fit pas et Harry n'eut pas envie d'essayer lui-même. Ce tapis était rassurant, tout comme le fait de dormir proche d'un feu. Le mage noir retransforma sa cape en couverture, celle qu'il avait pris à l'infirmerie, puis il attrapa la table basse proche d'eux et la changea en coussins. Deux coussins et juste une couverture.

Harry n'avait pas pris la sienne, il était parti de l'infirmerie avec seulement sa robe blanche sur le dos et Diligitis autour du bras. Mais une couverture était suffisante puisqu'ils s'allongèrent côte à côte.

La dernière chose dont Harry se souvint c'est que Tom avait étalé la couverture au-dessus d'eux, qu'il avait replié ses jambes contre son ventre et que quelque chose avait attrapé sa main pour la serrer, puis il s'était endormi en murmurant dans ce qu'il savait être du fourchelang.

§ Merci. §

Il n'avait pas entendu de réponse mais la main qui ne lui appartenait pas s'était resserrée dans une faible pression autour de la sienne et quelques mots avaient subsisté un instant dans l'espace entre eux.

§ Je suis celui qui est censé te remercier. §

Quelques heures plus tard, le soleil remplaçait la lune aux abords du Mont Greylock et la faible lumière qui passait dans l'interstice entre la porte et le sol de son refuge accueillit Harry à son réveil.

Les yeux encore embués par le sommeil, il se demanda où il était, cherchant dans ses souvenirs parmi les endroits qu'il connaissait. Sa mémoire fut aidée par un élément qu'il ne pouvait que reconnaître.

Dans la pénombre le Gryffondor ne distinguait pratiquement rien mais il voyait assez pour reconnaître le visage détendu proche du sien. Tom dormait.

Ces deux mots suffirent entièrement à ce qu'il se souvienne de sa soirée et qu'il identifie l'endroit dans lequel il était.

Pourtant il n'eut pas tout de suite envie de se lever. Tout était paisible autour de lui et Harry sentit un rare sentiment de calme et de paix l'envahir. Il savait que cette journée était un samedi, il n'avait aucun cours ni aucune autre obligation de ce genre avant lundi et cela lui donna l'impression d'être un peu libre.

Il se retourna sur le côté, observant le visage endormi du jeune Seigneur des Ténèbres tout proche du sien. Tom était beau. Harry ne rejeta pas cette pensée, après tout il avait accepté ce fait depuis longtemps. Il considérait même que c'était ce qui avait aidé Jedusor à réunir ses premiers partisans. Même si son sang était impur dans l'esprit des Serpentard de cette époque, sa magie était forte, son esprit vif et il avait définitivement quelque chose d'attirant.

Quelque chose qui terrifiait ceux qui pouvaient voir au travers et charmait aveuglément les autres, provoquant asservissement ou jalousie.

Harry se considérait comme un cas à part, rien chez Tom ne l'effrayait. Tout simplement parce qu'il savait de quoi le sorcier était capable et qu'il n'en avait pas peur, il y était accoutumé. Et c'était exactement car il savait qui était Tom, d'une manière plus profonde que ne le laissait voir la surface, qu'il n'était pas aveuglé par le charme dont le mage noir se servait pour manipuler son entourage. Ça n'avait pas d'effet sur lui.

Jedusor le savait et il ne se comportait pas du tout de la même manière en sa présence. Avec lui et même lorsqu'ils n'étaient pas seuls, l'ancien Seigneur des Ténèbres ne perdait pas de temps à user de manipulation. C'était venu avec le temps, en quelques semaines Tom s'était senti assez en sécurité auprès de lui pour n'avoir rien à cacher devant ceux qui les entouraient.

Harry réalisa que c'était réciproque, si sa présence permettait à Tom de ne pas s'encombrer de masques devant leurs proches, lui aussi se sentait plus libre de s'exprimer sans filtre quand ils étaient deux. Il n'avait pas à tenter d'être le Survivant, à correspondre à l'image idéalisée que s'était fait le monde de lui. Pas avec Tom et cela s'était étendu à un tel point qu'il n'arrivait plus à faire semblant quand celui-ci était autour de lui.

Le regard des autres sur son comportement était devenu secondaire. Le fait que son entourage puisse voir comment sa magie était à l'intérieur de lui le terrifiait toujours mais c'était moins pesant avec le soutien de quelqu'un qui était au courant, quelqu'un qui n'éprouvait pas l'envie de le fuir à cause de ça.

Un fardeau était plus facile à porter lorsqu'il était partagé. Harry supposa que c'était quelque chose que Tom ressentait aussi, que le fait d'être ensemble leur avait permis de détruire la solitude qui pesait sur leurs âmes. Être seul faisait mal. Plus encore lorsque cette solitude était accompagnée du sentiment de n'avoir personne. Personne avec qui être, de manière entière, complète.

Le fait que Tom soit devenu cette personne pour lui était aussi agréable que terrifiant. C'était un sentiment salutaire, apaisant mais effrayant. Harry se sentait dépassé par ça, c'était arrivé trop vite dans son existence. Il avait pensé trop longtemps, trop souvent, qu'il serait seul pour l'éternité. Piégé entre sa magie et l'image que le monde lui renvoyait de lui.

Il avait réussi à se faire quelques amis proches, à avoir des personnes sur qui compter, chères à son cœur, mais sa solitude était restée, s'accrochant à lui avec la force du désespoir. Née de la peur de ne pas être accepté, d'être trop différent, elle était restée profondément ancrée dans sa manière de concevoir le monde. Lui et les autres.

Le fait que Tom réussisse, par sa simple présence, à chasser ce sentiment persistant d'isolement qui l'habitait était incroyable. Harry n'avait pas de mots assez forts pour dire à quel point il trouvait ça extraordinaire. À quel point il était reconnaissant pour cette sensation indéfinissable d'avoir quelqu'un pour soi.

Cela ne l'empêchait pas d'être terrifié par l'idée. Pour plusieurs raisons. Il craignait de devenir dépendant à sa présence, de ne plus supporter la solitude après ça. Il craignait de se retrouver seul à nouveau, peu importe de quelle manière, il savait que Jedusor ne pourrait pas rester éternellement à ses côtés.

C'était une certitude qu'il avait, sans qu'il ne comprenne vraiment pourquoi, il avait cette sensation que le temps qu'il passait en paix et avec Tom serait de courte durée. Qu'ils n'étaient pas faits pour être deux, pour être heureux. Son instinct le poussait vers lui mais sa raison lui criait de ne pas s'impliquer davantage.

De toute façon, il me laissera.

La peur d'être seul venait après avoir eu quelqu'un, avant ça il n'y avait que le vide et cet horrible sentiment d'être seul au monde. C'était nouveau pour Harry. Il n'avait pas eu peur d'être abandonné, au contraire il avait espéré toute sa vie que quelqu'un veuille bien de lui. Que ce soit avec les Dursley comme famille puis avec d'autres comme ses amis, Sirius et même les Weasley. Jamais il n'avait pensé "ils vont partir" mais plutôt "faites qu'ils veuillent bien de moi."

Tom voulait bien de lui. Voilà ce qui différenciait sa relation avec Tom de celle qu'il avait avec les autres. Quelque chose en lui était convaincu que Jedusor ne le rejetterait pas, qu'il ne l'éloignerait pas de lui, peu importe ce qu'Harry pourrait bien faire ; s'il en avait le pouvoir, le Seigneur des Ténèbres resterait à ses côtés.

Alors la question n'était pas de savoir si Tom voulait de sa présence mais plutôt à quel moment il serait forcé de le laisser. Un abandon en était un même s'il n'était pas voulu au premier abord. Être abandonné faisait peur. Plus que d'être seul au monde.

C'était ce qui effrayait tant Harry et ça le freinait, ça l'empêchait d'être serein envers l'avenir. Comme ce sentiment était nouveau, il ne savait pas s'il allait grandir, prendre plus de place encore, devenir irréversible.

Pourtant, un peu plus tard, lorsqu'il se glissa hors de la couverture - dans le but de récupérer du papier et de l'encre pour écrire à Hermione avec la pensée qu'il devrait passer à son dortoir pour récupérer le paquet que celle-ci lui avait offert - il entendit Tom remuer et du coin de l'œil il remarqua que le visage auparavant détendu du mage noir avait laissé place à un froncement de sourcils.

Pendant une seconde le Gryffondor se demanda comment il était possible d'avoir l'air si… mécontent en dormant avant de grogner et de se rapprocher à nouveau. Dès qu'il fut près de lui, Jedusor se détendit de nouveau et, sans se réveiller, l'ancien Seigneur des Ténèbres se pencha vers lui jusqu'à qu'ils ne soient plus que séparés par quelques centimètres l'un de l'autre.

Le lion se fit la réflexion que le Serpentard avait un sommeil plutôt lourd, à la condition qu'il reste dans son périmètre de protection. Il appela à lui le papier, sa plume et de l'encre par magie et soupira en lançant un regard à celui qui continuait de somnoler paisiblement.

Irréversible. C'était trop tard pour avoir peur, il était là. Ils étaient là. Tom et ce sentiment d'être deux, d'être ensemble. Rien ne les ferait partir sans combattre et Harry avait bien assez de combat à mener, il laissait celui-là à d'autres. Puissent ceux-là être assez forts pour résister au mécontentement du jeune Seigneur des Ténèbres.

La brèche qu'Harry Potter créa alors entre les murs entourant son cœur fut trop petite pour y glisser d'un seul tenant l'amour sans commune mesure que lui portait le jeune Seigneur des Ténèbres, cependant il y eut assez de place pour que le Survivant puisse y laisser grandir lentement ses propres sentiments. Apprendre à aimer prenait du temps.

Où ? À Ilvermorny, avec Harry, dans l'aile de l'école réservée aux invités sur le tapis d'une pièce pratiquement vide et assombrie par le manque de lumière. Sombre mais chaleureuse. Familière.

Tom inspira et expira profondément sans ouvrir les yeux, se retournant sur le dos. Il avait incroyablement bien dormi et il savait pourquoi, il savait où il était et avec qui et cette nuit était la meilleure de sa semaine. Celle d'hier avait été agréable aussi mais il était blessé et se sentait épuisé, il n'avait pas pu en profiter. Celle-ci était la meilleure depuis ce qui lui semblait être une éternité. Des cauchemars l'avaient harcelé toutes les nuits après qu'il ait été séparé d'Harry.

Ses rêves avaient toujours été affreux et une nuit paisible faisait partie des choses qu'il pensait ne jamais être capable d'obtenir, seulement il avait réussi à en faire plusieurs au côté du Gryffondor. Dormir séparément était une épreuve qu'il ne voulait plus vivre même s'il était conscient que cela risquait d'arriver encore. Harry ne voudrait pas qu'ils dorment ensemble chaque nuit.

Tom ignorait pourquoi exactement. Il savait que le lion dormait mieux, lui aussi, lorsqu'ils étaient côte à côte. Il savait aussi que ce n'était pas quelque chose que faisaient de simples amis ou, en tout cas, pas toutes les nuits et il pensa que c'était peut-être ça le souci. Que ce n'était pas approprié.

Pour le moment. Ça le deviendra. Approprié. Le jour où Harry lui rendrait ses sentiments, rien ne les empêcherait de passer toutes leurs nuits l'un contre l'autre.

Cette idée suffit à le réconforter à la pensée qu'il passerait encore plusieurs autres nuits seul à lutter contre les affres de ses tourments. En attendant, il profiterait de chaque moment de repos à ses côtés pour éloigner un peu plus ses bêtes noires.

Jedusor ouvrit les yeux lentement, attrapa la couverture du bout des doigts et s'assit, se tournant vers l'objet permanent de ses pensées. Agenouillé dans une position probablement inconfortable, le nouvel Oiseaux-tonnerre semblait concentré sur l'écriture de quelque chose.

Le fait qu'il écrive dans le noir, sur ses genoux, près de lui fit sourire Tom. Avait-il craint de le réveiller en s'éloignant ou en allumant une bougie ?

Tom se décida à le saluer, rallumant du même mouvement les braises de la cheminée Pas qu'il eût froid mais ça ferait un peu de lumière en attendant de trouver un éclairage plus permanent.

§ Bonjour. §

Harry eut un petit sursaut, ce qui confirma à Tom que celui-ci était complètement absorbé par ce qu'il écrivait. Il se pencha pour voir de quoi il s'agissait pendant que Potter lui répondait dans un murmure balbutiant.

§ Bonjour. Tu as bien dormi ? §

Tom releva la tête qu'il avait penchée pour décrypter l'écriture serrée du lion et lui sourit.

§ Ma meilleure nuit depuis longtemps. §

Potter lui retourna son regard, plongeant ses yeux verts dans les siens et Jedusor dut mobiliser toutes ses forces pour ne pas se rapprocher davantage de lui et l'embrasser. Au lieu de ça, il abaissa son regard de nouveau vers le papier sur lequel il distingua son nom et demanda, reprenant en anglais.

— Qu'est-ce que c'est ?

— Un brouillon, j'essaie d'écrire une lettre pour Hermione et les autres… je ne sais pas trop comment lui parler de ce qui s'est passé sans l'inquiéter. J'espère qu'elle va bien, qu'ils vont tous bien.

Tom lut un passage de la lettre qui avait été raturé et où Harry parlait du directeur d'Ilvermorny puis un autre ou il était mentionné, lui aussi barré, trop pour qu'il puisse distinguer le sens des phrases. Il arriva seulement à comprendre la derrière : "je sais que cela va vous paraître inconcevable mais nous nous entendons bien."

Harry remarqua que Tom tentait de lire son brouillon et il l'attrapa à deux mains pour le chiffonner, précisant.

— J'ai toujours du mal à écrire des lettres, répondre m'est plus facile mais j'imagine qu'Hermione attend d'en recevoir une de ma part pour savoir comment ça se passe ici avant de m'envoyer quelque chose.

— Ce n'est pas le cas.

Harry dévisagea Jedusor du regard, surpris. Et celui-ci poursuivit.

— Elle t'a certainement déjà écrit et ta lettre doit être quelque part dans cette école, si on ne l'a pas brûlé. Les Serpents cornus… leur excuse pour m'amener à la volière avec eux était qu'il y avait un hibou de Poudlard là-bas.

Potter réussit à faire le lien, il s'était demandé comment les Serpents cornus avaient pu piéger Tom malgré la méfiance naturelle du Serpentard. Il avait sa réponse. Un hibou venu d'Angleterre. Le Gryffondor demanda.

— Un hibou de Poudlard ? Il n'est pas venu me donner de lettre et ça m'étonnerait que la lettre ait été pour Rogue ou pour…

Harry ne termina pas sa phrase, se sentant tout à coup maladroit. Il ne voulait pas dire que personne n'écrirait à Tom ou à Severus mais dans les faits, il y avait peu de chances pour que cela arrive.

— Tu as raison, cette lettre était pour toi. Sauf qu'elle ne t'a pas été délivrée, elle a été interceptée avant.

Interceptée mais par qui et pourquoi ? Les Serpents cornus ? Ils auraient été si loin pour piéger Tom ? Harry posa la question au concerné qui nia immédiatement.

— Non, ce ne sont pas eux. Darren Hartley est quelqu'un d'intelligent mais il n'aurait pas eu l'idée de t'utiliser contre moi en interceptant ton courrier. Il est du genre à se concentrer uniquement sur sa cible. Ça ne peut être que le directeur, les Serpents cornus ont seulement croisé le hibou qui attendait une réponse et en voyant qu'il venait de Poudlard, ils en ont fait un appât.

Le directeur, encore lui. Harry serra les dents, sentant sa magie s'agiter à l'intérieur de lui. Il gronda et se sentit obligé de se lever et de faire quelques pas, comme pour chasser l'agitation qui régnait à l'intérieur de lui en la faisant transparaître à l'extérieur.

§ Pour qui il se prend ! §

Jedusor se leva à son tour et il lui murmura sombrement en fourchelang.

§ Pour le Maître des lieux, cet homme a tous les droits ici. Il a intercepté ton courrier parce qu'il pensait y trouver des informations te concernant. §

Tom regarda Harry faire un aller-retour sur le tapis, la tête baissée entre fureur et réflexion. Il ne l'arrêtera pas, lui-même éprouvait de la colère, assez pour que voir Potter l'exprimer ouvertement le soulage un peu de la retenue dont il faisait preuve. Cette retenue qui l'empêchait de faire passer Fontaine de vie à trépas d'un seul coup.

Ça ne servirait à rien. Pas avec Agilbert Fontaine. Il pensait pouvoir se défaire de l'homme autrement, il fallait procéder par étapes, jusqu'à sa destruction complète. Puisque Tom ne pouvait pas le tuer sans provoquer des répercussions qui pèseraient sur Harry et lui, il ferait autrement. Il y avait d'autres manières de tuer quelqu'un que l'Avada Kedavra, plus insidieuses et plus lentes. Il devait seulement en trouver une qui le satisfasse assez pour qu'il cesse de ressentir ce sentiment d'impuissance lorsque l'homme trouvait d'autres moyens de faire souffrir son âme-sœur.

Harry cessa tout à coup de faire les cent pas, il expira lentement, replia ses bras contre son torse et lui dit, l'air abattu.

— Dans ce cas, je peux oublier ma lettre. Elle sera interceptée elle aussi. Je n'ai plus aucun moyen de communiquer avec Poudlard.

Ça avait l'air de le rendre triste. Trop pour que Jedusor n'essaie pas de le réconforter.

— Peut-être avec les moyens de communication habituels mais on devrait pouvoir trouver quelque chose pour les contacter. La magie n'a pas de limites, si tu tiens à leur passer un message alors on peut leur en envoyer un.

Potter releva la tête vers lui, l'air interdit, comme si le fait qu'il l'encourage le surprenait encore. Puis il lui adressa un sourire un peu faible mais qui sembla sincère à Tom, ce genre de sourire qui signifiait merci et qui lui était précieux.

— Tu as raison. On trouvera quelque chose. En attendant j'aimerais voir ce hibou et peut-être passer à la bibliothèque pour commencer à préparer la première tâche. J'ai aussi quelque chose à récupérer à mon dortoir.

Puis il récupéra son sac et y rangea ses brouillons sans hésitation.

Potter se laissait facilement dévaster par la colère ou la peine mais quelques mots d'encouragement suffisaient à le remettre complètement d'aplomb. Il possédait une force de caractère rare, le courage, l'audace et la bravoure dont il faisait preuve n'étaient pas irréfléchis, c'était son arme. Pour combattre l'enfer dans lequel on le forçait à évoluer.

L'imprudence n'en était pas lorsqu'on savait parfaitement qu'on fonçait droit dans un mur. Ça frôlait l'inconscience, sauf qu'à la différence de quelqu'un d'irréfléchi, Harry était persuadé qu'en fonçant avec assez de force, il se créerait une porte.

Son rôle serait de faire en sorte que celle-ci s'ouvre quoi qu'il arrive. Pour que l'Élu puisse continuer à avancer dans les ténèbres, resplendissant parmi les ombres.

Lorsqu'ils quittèrent cette pièce assombrie, la lumière leur piqua un peu les yeux. Jedusor songea qu'ils devraient commencer par rentrer à leur dortoir, mettre des vêtements convenables avant d'aller à la volière ou à la bibliothèque. Ils pourraient également déposer Diligitis près des cuisines, il devait y avoir des proies assez petites pour qu'il puisse chasser là-bas.

En essayant de structurer leur journée pour réussir à y mettre toutes les choses auxquelles il avait songé, Tom pensa n'avoir rien oublié sauf qu'en refermant la porte de leur refuge pour la nuit, Harry prononça avec légèreté.

— Il faudra penser à des bougies ou des torches. On ne peut pas travailler dans le noir.

Tom comprit qu'Harry comptait revenir ici. Pour travailler, pour y passer du temps ensemble, parce qu'ils s'y sentaient en sécurité. Alors Jedusor ajouta à sa liste.

Trouver de quoi éclairer le refuge.

Et il se sentit heureux. Ce sentiment qu'il avait encore des difficultés à définir le réchauffait de l'intérieur. Comme du métal fondu coulant dans ses veines, un feu né de braises dont il pensait son âme dénuée. Lui qui ne ressentait que craintes et rage avait appris le bonheur.

À suivre...


Réponses aux reviews des invités !

Noname : Salut ! Merci ! C'est super que tu sois revenue après avoir suivi ma fanfic il y a longtemps. Oui, je suis relancée ! Les seuls temps morts que j'ai c'est lorsque je suis vraiment débordée ou lorsque je me mets trop de pression et que je reste coincée devant ma page blanche. Non, DISS' n'est pas prête d'être terminée, je pense la continuer sur encore plusieurs dizaines de chapitres ! J'espère que tu as eu tes examens (et/ou) diplômes malgré tout !

liizylii : Merci beaucoup pour ta review ! Ne t'inquiètes pas, j'ai la motivation pour finir DISS', ce n'est pas ce qui manque ! En espérant que ce nouveau chapitre te plaît !