Chapitre 45 : Jardin d'Éden

Hey ! Comment allez-vous ? De mon côté je suis à la plage et publier sur le sable est indéniablement une preuve de mon indéfectible fidélité à cette histoire ! J'espère que ce chapitre vous plaira, je l'ai relu tant de fois que je ne sais plus s'il correspond à ce que je voulais ou pas mais j'y ait mis tout mon cœur ! Ne partez pas sans me laisser un petit mot, c'est pour vos retours que je publie ici ! :D


Ulrich avait été élevé dans la joie et la bonne humeur. Son enfance avait été heureuse. Peu importe la manière dont il la regardait, il n'y voyait que bonheur, douceur et innocence.

Peut-être avait-il été un petit garçon particulièrement naïf et niais. Peut-être l'était-il resté plus qu'il ne l'aurait jamais espéré.

Si l'enfance était déterminante au point de corrompre le cœur à jamais, alors la sienne avait laissé des éclats de rire quelque part à l'intérieur du sien. Des éclats d'une force qui l'éblouissait parfois.

Le laissant prisonnier de ce bonheur passé qui s'évanouissait encore et encore sous ses yeux impuissants.

Il y avait des enfants nés dans la paix qui avaient connu les pires peines de l'humanité et ceux qui au contraire étaient nés dans la guerre et finissaient par accéder au bonheur.

Ulrich n'enviait aucune de ces deux situations. Sa vie avait démarré dans un bonheur banal, si inconscient qu'il en était probablement fantasmé par beaucoup. Puis un événement effroyable lui avait tout retiré et il s'était rendu compte à quel point son enfance avait été belle.

Après cet évènement il avait mis longtemps pour atteindre de nouveau un équilibre.

En y regardant bien, cela aurait pu transformer à jamais son regard sur l'humanité.

Il n'était pas passé loin de haïr son enfance pour avoir été ce qu'elle avait été. Il n'était pas passé loin de détester sa propre personne pour l'acte qu'il avait commis. Il n'était pas passé loin de ne plus pouvoir croire en rien.

La famille ? L'amour ?

Adolescent, il aurait grincé des dents à ses simples évocations.

Il n'était pas devenu silencieux, désabusé, malheureux. Il n'avait pas pleuré jour et nuit, il n'avait pas hurlé sa colère au monde entier. Non, après que sa vie ait basculé, rien de ce qu'il était vraiment n'avait changé. Au contraire, ses pires traits de caractère avaient été exacerbés.

Il était devenu plus imprudent, plus insolent, plus irresponsable que jamais. On aurait probablement trouvé son nom sous la définition de rébellion. Ce genre de rébellions immatures qui cachent de trop grosses blessures. Un comportement défiant, où il se fuyait lui-même plus que quiconque.

Aujourd'hui il pouvait regarder ce passé avec des yeux plus vieux. Des yeux plus aguerris, un peu nostalgiques aussi. Qui remerciaient son enfance malgré tout. Qui avaient fini par accepter ce qui était arrivé. Qui louait l'arrivée salvatrice d'un électrochoc inattendu dans son existence.

Si on pouvait considérer Severus Rogue comme un électrochoc.

Cela le fit sourire.

Sa situation passée n'était pas comparable avec celle qu'il avait sous les yeux néanmoins Ulrich leur trouva un point commun.

Un point commun entre ce qu'il avait été et ce qu'étaient ces deux garçons aujourd'hui.

Harry Potter et Tom Jedusor étaient à un tournant de leur vie. Un point de bascule. De ceux que l'on vit parfois et qui, en fonction de comment penche la balance, redéfinissent les lignes de l'avenir.

Pour une raison qu'il avait des difficultés à comprendre, Ulrich savait que son propre bonheur dépendait dorénavant de comment ces garçons allaient basculer.

C'est la pensée qui naquit dans son esprit au moment où il revint dans le petit salon qu'il avait arpenté de nombreuses fois étant enfant. Ce salon privé, minuscule, qui servait auparavant d'antichambre au bureau de son père. Ce salon témoin de ses joies passées comme de ses moments les plus difficiles.

Ce jardin d'Éden où l'infamie avait remplacé le paradis. Où son enfance s'était arrêtée net. Sans préavis.

Cet endroit était presque devenu un symbole dans son esprit. Un lieu sacré, sali par sa mémoire.

Le fait que Severus ait amené les garçons ici n'était qu'une coïncidence. C'était l'endroit le plus proche de leur bureau, la pièce la plus adaptée pour traiter leurs plaies tout en gardant un œil vigilant sur eux.

Juste une coïncidence. Qui le força une bonne fois pour toutes à s'engager dans cette histoire. À devenir acteur dans la destinée de ce qui était devenu malgré lui, une partie de sa propre vie.

Cet engagement commença par quelques mots.

— Il faut que l'on parle.

Harry Potter lui lança un coup d'œil empli de confusion, encore méfiant et perdu alors que le Seigneur des Ténèbres se tournait lentement vers lui.

Les garçons étaient proches, assis face à face, l'un dans le canapé, l'autre dans le fauteuil, pâles et tremblants.

Ils avaient l'air de deux chiots récupérés dans un carton détrempé au détour d'une rue crasseuse et malfamée - les oreilles tombantes - effrayés par le moindre bruit. Prêts à mordre si qui que ce soit tentait de les attaquer.

Cette image le dérida malgré lui et il s'attira un regard mauvais de son confrère. Severus Rogue devait se demander ce qui le faisait rire dans la situation présente.

Une situation compliquée mais pas désespérée. Puisque Potter n'avait pas l'air d'être sur le point de se transformer de nouveau en Obscurus incontrôlable.

Son regard croisa celui du Seigneur des Ténèbres et Gaunt plissa les yeux en l'observant s'asseoir sur le canapé où était déjà assis Potter.

Regard mauvais et avertissement tacite.

Ulrich retint un soupir, le mage noir le considérait comme s'il allait tout à coup les poignarder dans le dos sans sourciller. Il lui était impossible de gagner sa confiance.

En plus d'une vie vécue dans le sang d'une guerre provoquée par sa propre folie, Jedusor devait avoir eu une enfance malheureuse, de celles qui laissent des éclats de rage coincés quelque part. Son cœur était un champ de bataille, une terre dévastée.

C'était une cause perdue. Tiare savait qu'il n'avait aucune chance de tisser un lien, ne serait-ce que cordial, avec une entité aussi hostile à sa présence.

Ce n'était pas lui que visait sa sollicitude, Potter en avait davantage besoin. Harry était le seul à pouvoir faire pencher la balance du bon côté.

Ulrich fit apparaître un verre d'eau et le tendit à Potter, songeant que c'était une bonne façon de briser la glace sans brusquer le jeune homme.

Potter saisit le verre tendu avec réserve mais lui adressa tout de même un regard amical accompagné d'un sourire hésitant et le Seigneur des Ténèbres détourna progressivement son attention de lui. Reprenant sa surveillance constante des moindres faits et gestes de Potter.

Comme un métronome qui, perturbé, reprenait tout à coup son mouvement de balancier. Gravitant à jamais, profondément ancrée sur la musique qu'il était censé rythmer.

Victoire. Ulrich réprima un autre sourire. Thomas Gaunt. Une cause perdue, un cœur asséché, sauvé par un simple regard de l'Élu. Tendre la main à Harry suffirait à les sauver tous les deux.

Pendant l'instant durant lequel Potter portait à sa bouche le verre offert, Ulrich jeta un œil à sa propre cause perdue.

Contemplant avec un sentiment étrange, hybridation entre empathie, anxiété et affection, les traits tirés et les tics nerveux qu'ils connaissaient par cœur. Ceux que son propre métronome ne pouvait ignorer trop longuement.

Severus se tenait devant eux, assez loin pour les regarder tous les trois.

Peut-être les voyait-il comme le gibet auquel il était condamné. Il paraissait aussi dépassé qu'il était possible de l'être. Furieux et désespéré ; partagé entre l'envie d'être n'importe où ailleurs et la volonté féroce de rester ici. À sa place auprès d'eux, désarmé à leurs côtés. Fragile et faible face à leurs tourments. Juste impuissant.

Le connaissant, Severus devait se sentir déchiré entre le besoin de hurler sur quelqu'un et l'impossibilité de le faire sur des gamins qui n'avaient connu que ça.

Hurlements, rage et peine. Remords, déni et peur. La recette pour confectionner un Obscurus enfermé dans un flacon de sorcier. Ils allaient devoir trouver un contrepoison. Une solution.

Peut-être que la recette inverse fonctionnerait. Pour annihiler un ingrédient devenu néfaste à un mélange, on y ajoute son contraire. Parfois ça fonctionne.

Chuchotements, douceur et joie. Consolation, acceptation et espoir. Cela ne suffira peut-être pas. Toutefois Ulrich n'avait rien de mieux sous le bras.

Au fond de lui, il ne restait que cela. Des morceaux de joie maladroits.

Alors il adressa un sourire à son seul ami, se releva à moitié, l'attrapa par le bras et le tira sur le canapé à ses côtés puis chuchota.

— Ça va aller. Cesse de penser à tout ce qui pourrait mal se passer.

Rogue le laissa faire sans se débattre mais en l'entendant, il grinça à voix basse.

— Tout ce qui aurait pu mal se passer est arrivé.

Ulrich ajouta, avec un enthousiasme presque réel.

— Raison de plus pour arrêter d'y penser.

Son seul ami lui envoya un regard dangereux qui, après quelques secondes, s'affaiblit, se dégonfla comme un ballon piqué par une aiguille. Il poussa un soupir inaudible, se redressa, dégagea son bras du sien et déclara.

À nouveau plein de détermination, celle qu'il venait de puiser à l'intérieur d'Ulrich.

— Le professeur Tiare a raison. Il faut que l'on parle

Harry vit les jointures de ses doigts blanchirent en se resserrant convulsivement sur le verre donné par Ulrich. L'objet délicat tinta entre ses mains et le bruit se répercuta dans sa poitrine. Créant un battement trop aigu à l'intérieur de son cœur.

L'eau avait chassé le goût écœurant du médicament qu'on lui avait fait avaler et les mots de Rogue avaient fait fuir l'engourdissement qui y était lié. Harry garda les yeux rivés sur le fond du verre transparent. Il n'avait pas envie de parler. Encore moins de ce qui s'était passé.

On ne lui laissa pas le choix.

— Comment est-ce arrivé ?

Ce n'était pas la voix âpre et rugueuse de Rogue mais celle plus chaleureuse du professeur Tiare. Ce qui eut le don de lui faire relever la tête pour rencontrer le visage du Maître des potions d'Ilvermorny.

Harry n'avait aucune réponse à donner alors l'homme continua, lui adressant un regard encourageant.

— Severus et moi savons ce qui s'est passé. En réalité, c'est la raison pour laquelle nous t'avions défendu d'utiliser ta magie. Ta blessure à l'épaule était une excuse pour retarder l'échéance. Nous pensions avoir le temps de t'expliquer la situation avant ton rétablissement.

Harry sentit quelque chose se resserrer violemment dans sa poitrine avant de se relâcher en même temps que sa voix.

— Vous le saviez, vo-

Vous l'avez toujours su et vous ne m'avez rien dit !

Ça sonnait familier. Comme une phrase qu'il avait déjà prononcée. Il ne la termina pas, ferma sa propre bouche et garda ses lèvres scellées. Hanté par des souvenirs d'enfance trop pesant et une colère qui lui paraissait injustifiée.

Tom savait et il ne lui en voulait pas. Tom savait ce qu'il était, ce qu'ils étaient. Il lui avait interdit la magie pour les mêmes raisons.

Pourquoi en voudrait-il à Rogue et Tiare pour quelque chose qu'il avait déjà pardonné à Tom ?

Ça n'avait pas de sens. Ou peut-être que si. Tom était Tom.

Inconsciemment, Harry avait donné l'autorisation à Jedusor de garder des informations le concernant. Comme Cerbère devant la porte de ses démons.

Severus Rogue et Ulrich Tiare n'avaient pas ce privilège.

Il ne savait pas comment cela s'était produit mais le Seigneur des Ténèbres était le seul autorisé à garder des informations sur lui qu'il ne connaissait pas lui-même.

Le seul privilégié.

En plus de ce secret de polichinelle sur sa magie, Tom était également l'unique témoin des événements ayant eu lieu sur le Mont Greylock.

Harry grimaça alors que l'image assombrie dans son esprit s'éclaircissait un peu. Il vit les mâchoires de la Manticore s'enfoncer dans ses chairs, il se souvint avoir pensé que s'il devait mourir ainsi alors il souhaitait mourir libre. En protégeant ce qui comptait pour lui. C'était son choix.

Il avait volontairement relâché les brides qui tenaient encore sa magie. Pour sauver Tom. Ensuite, l'obscurité, la colère et la douleur, la peine et la volonté obsédante de protéger.

On lui avait donné le choix entre s'écrouler comme l'aurait fait n'importe quel sorcier ou se battre comme le monstre qu'il était. C'était son choix.

Sa mémoire était encore confuse mais Harry savait, il savait qu'il était devenu ce truc et qu'il avait tué la Manticore. De manière à ce qu'elle ne puisse plus jamais s'approcher de ce à quoi il tenait.

Il n'avait pas fait que l'abattre, il l'avait réduite à néant. Démembrée alors qu'elle suppliait sa pitié.

Ce jour-là, il avait été le monstre.

Pendant un instant, la photographie du cadavre revint le harceler. Remplaçant ses souvenirs confus par une image nette et précise.

Il était un monstre. Il se rendit malade, se leva précipitamment et ne put faire que quelques pas avant de s'écrouler à genoux et de rendre le contenu de son estomac sur le parquet.

L'image ne voulait pas quitter son esprit et tout à coup elle se métamorphosa, il se vit petit, recroquevillé sous les coups de son oncle.

— Arrête ! Arrête ! Si tu n'obéis pas, tu seras puni MONSTRE !

Son ventre lui faisait mal, tellement mal.

Ce n'était pas arrivé.

Oncle Vernon n'était pas quelqu'un de bien mais il ne l'avait jamais roué de coups. C'était un membre de sa famille. Il ne l'aimait pas beaucoup mais il ne lui avait jamais donné plus que quelques coups derrière la tête lorsqu'il était de mauvaise humeur.

Ce n'était pas arrivé.

Son corps tout entier était parcouru de hoquets et de sueurs froides et bien avant qu'il ne puisse tenter quoi que ce soit pour se calmer, le désastre avait disparu et Tom était à côté de lui, posant ses mains froides sur son front et sa nuque.

Harry ressentait son inquiétude dévorante, si forte qu'elle chassa sa confusion et sa panique. Le mage noir ne faisait que siffler avec douceur.

§ Tout va bien. Essaie de reprendre ton souffle. §

Il le maintient par les épaules une seconde de façon à pouvoir vérifier ses yeux. Il parut soulagé lorsque leurs regards se rencontrèrent à mi-chemin.

C'est en relevant la tête vers le Serpentard que Potter remarqua les particules d'une magie trop sombre autour d'eux. La sienne.

Ce n'était plus les éclats colorés qui s'échappaient autrefois de son corps lorsqu'il se laissait dépasser. Les couleurs s'étaient comme noyé les unes dans les autres. Immergées dans le noir. Similaires à des poussières dansant sous la lumière.

Des lambeaux de la puissance autrefois confinée à l'intérieur de lui nimbaient désormais leurs deux corps.

Il les regarda avec effarement. Puis avec épouvante lorsqu'il remarqua qu'elles se concentraient davantage autour de Tom. Comme attirées par un aimant.

Il se dégagea avec brusquerie de la prise du Seigneur des Ténèbres, se releva et constata avec horreur que les particules se changeaient en filaments qui s'accrochèrent à Tom. S'étirant entre eux en s'agrippant à ses vêtements, comme un enfant le ferait avec sa mère.

Il ordonna, impulsivement.

§ Lâche-le ! §

Sa magie lui obéit, se déchirant. Les lambeaux revinrent vers lui, tournoyant avec lenteur autour de ses membres avant de redevenir des particules aussi fines que des poussières.

Sa respiration était lourde, sa vision troublée, il resta complètement immobile alors qu'un silence de mort gagnait l'antichambre.

Harry remarqua un mouvement quelque part sur sa gauche mais il ne détourna pas le regard de Tom qui le fixait. Le jeune mage noir se releva et fit un geste dans sa direction.

§ Ne t'approche pas ! §

Harry avait fait un pas en arrière. Cette chose à l'intérieur de lui était dangereuse, elle pouvait s'en prendre à Tom. Elle pouvait s'en prendre à n'importe qui.

Le visage de Jedusor dépeint une émotion qu'Harry ne réussit pas à saisir alors que leur lien se contentait de déverser ses propres émotions incohérentes de l'autre côté.

§ Elle ne me fera rien. §

Sans l'écouter, Tom s'approcha de nouveau.

À bout de souffle, Harry s'entendit demander.

§ Comment peux-tu en être sûr ? §

Figé, il laissa Gaunt se placer à quelques centimètres de lui. Immédiatement la poussière noire quitta son corps pour aller se déposer sur celui de Tom. Le revendiquant.

Celui-ci leva une main où la poussière s'accumula comme des cendres sur une feuille de papier puis il se pencha vers lui et siffla.

§ Tu ne me feras rien. §

Cela sonnait comme une vérité incontestée.

Harry comprit l'émotion que dépeignait le visage de Tom. Elle était inhabituelle sur le visage du Seigneur des Ténèbres. Inconnue de son propre registre.

La confiance. Absolue. Totale. Inaltérable. Inébranlable.

Tom avait confiance en lui. En chacun de ces fragments. Le plus destructeur aussi.

Elle ne lui fera pas de mal. De la même façon qu'il ne lui en ferait pas. Même le monstre à l'intérieur de lui était… lui.

Le Seigneur des Ténèbres n'avait rien à craindre de lui ni aujourd'hui ni jamais. Tout comme il n'avait rien à craindre de Tom.

C'était peut-être la raison pour laquelle cette magie qui était la sienne semblait s'accrocher à Jedusor. Parce que le Seigneur des Ténèbres la considérait avec plus de bienveillance qu'Harry ne l'avait jamais fait.

Tom tolérait des aspects de sa personnalité qu'il avait choisi de rejeter.

C'était ça. L'émotion sur son visage. La compréhension, l'acceptation, la confiance.

Harry sentit son corps se détendre, ses muscles se dénouer, son souffle se calmer, son univers s'apaiser. Il relâcha la tension qui le rendait malade et les yeux de son vis-à-vis se mirent à rougeoyer.

§ Mieux ? §

Tom le lui demanda en souriant, la poussière venait de disparaître autour d'eux. Les particules noires s'étaient évanouies. Sa main était redevenue d'un blanc immaculé.

Ça allait mieux. Inexplicablement mieux.

§ Mieux. §

Jedusor lui attrapa la main, le ramena vers le canapé où Severus et Ulrich les dévisageaient, éloigna le fauteuil, attendit qu'il y prenne place avant de s'appuyer sur l'accoudoir, croisa ses bras sur sa poitrine et déclara avec un accent irréprochable.

— Vous vouliez parler.

Défensif et agressif. À la fois en train de mener une offensive et de le protéger.

Ulrich Tiare se racla la gorge mais ne réussit pas à prononcer le moindre mot. La présence de Gaunt était trop imposante.

Cependant son comportement fit renaître la combativité du Maître des potions de Poudlard. Les Serpentards ne savaient que se battre en bravades et coups bas, ne supportant l'autorité que lorsqu'elle était sans cesse remise en question par des prises de position. Des coups d'État miniatures où se jouaient manipulation et persuasion.

Ou en tout cas, c'était comme ça qu'Harry voyait les jeux de pouvoir auxquels ils aimaient se livrer.

Si quelque chose pouvait rasséréner un serpent c'était bien cette attitude.

Que le plus malin gagne.

Severus Rogue débuta le match en répondant immédiatement au Seigneur des Ténèbres.

— Effectivement, mais peut-être devrions-nous vous laisser le faire. Après tout, n'est-ce pas le marché que nous avions passé ? Vous étiez censé le lui expliquer.

Il était venimeux. Furieux. Il se retenait visiblement de hurler sa colère envers Lord Voldemort.

Harry se demanda quel marché Tom était censé avoir passé avec le potionniste, puis l'autre soir lui revint en mémoire. Il s'était absenté une quinzaine de minutes et quand il était revenu les deux hommes se regardaient en chiens de faïence comme s'ils avaient passé les dernières minutes à se menacer.

Ce qui signifiait que la conversation qu'ils avaient eue ce soir-là avait un rapport avec… sa nature d'Obscurmachin et sa magie défectueuse.

Par quels moyens le Maître des potions avait réussi à faire chanter le mage noir, Harry l'ignorait, mais si Jedusor avait accepté quelque chose qui le mettait dans une position difficile, alors c'était que Severus avait quelque chose sur Tom.

Une information que le Gryffondor n'était probablement pas censé découvrir un jour. Que Severus avait menacé de lui révéler et que Jedusor ne voulait pas qu'il sache. Au point de céder à un chantage qui l'avait laissé en état de détresse.

Incapable de décliner ou d'obéir.

Comme s'il lisait dans ses pensées, Tom se tourna vers lui et déclara, au lieu de répondre à Severus.

— Je n'ai pas accepté de le dire sous la contrainte. Comme l'a dit le professeur Tiare, il aurait fallu te l'expliquer à un moment ou à un autre, avant qu'Agilbert Fontaine ne puisse en profiter. J'ai seulement retardé l'échéance, j'ai accepté un délai d'une semaine pour t'en parler. Puis j'ai essayé à plusieurs reprises de-

Il fut coupé.

— Ne nous mentez pas. Vous n'avez pas essayé. Si vous lui en aviez parlé, rien de ce qui s'est passé ce soir ne serait arrivé.

Harry crut un instant que le Seigneur des Ténèbres allait se jeter sur Rogue pour lui arracher la langue de ses propres mains mais le mage noir se contenta de fermer les yeux un instant avant de reprendre, sans prêter attention à l'interruption.

— J'ai tenté d'amener le sujet quelques fois mais tes réactions m'ont découragé. Je craignais qu'apprendre la nouvelle ne te blesse. Je pensais que je trouverais le bon moment pour te le dire avant que tu ne décides d'utiliser ta magie. Je me suis trompé, je te demande pardon.

Entendre Voldemort s'excuser choqua assez Rogue pour qu'il reste coi. Laissant à Harry le temps d'assimiler les paroles de Tom.

Cela signifiait qu'il cherchait à lui avouer la vérité le matin où il lui avait posé des questions au sujet de ce qu'il pensait du fait d'être un sorcier.

Jedusor tâtait le terrain, tentant de voir s'il pouvait lui dire que sa magie actuelle n'était pas celle d'un sorcier. Harry avait mal réagi et Tom avait pris peur.

S'il prenait aussi mal une question innocente, comment allait-il réagir en apprenant la vérité ?

Exactement comme il l'avait fait ce soir. L'apprendre de la bouche de Tom n'aurait rien changé.

Tom n'avait pas de quoi s'en vouloir. C'était lui le problème. Cela faisait si longtemps qu'il fermait les yeux sur sa magie… la regarder en face l'aurait blessé dans n'importe quelle situation. Croire le contraire était une illusion.

Puisque Jedusor avait pris la peine de lui parler en anglais, Harry essaya de lui répondre sans passer par le fourchelang.

— Il n'y a rien à pardonner. Je l'ai toujours su. Ma magie n'était pas… je ne savais pas ce qu'elle était mais je savais qu'elle n'était pas comme elle aurait dû l'être. J'ai pensé qu'avec le temps ça passerait. Je me suis dit que c'était peut-être quelque chose que tous les sorciers vivaient un jour ou l'autre et qu'à un moment ça prendrait fin. Quand j'ai compris que ce n'était pas le cas… je l'ai enfermée.

Ignorée, détestée, malmenée, insultée.

Harry se sentit misérable. Il songea aux souvenirs qu'il avait probablement effacés de sa propre mémoire pour garder le contrôle de sa prison imaginaire.

Il se demanda depuis quand cette prison existait. Était-ce lui qui l'avait créé et pourquoi ?

Ces fragments de mémoire où son oncle lui faisait du mal étaient réels ? Il était si petit.

Depuis quand, exactement…

Bien qu'il eût le courage de s'exprimer en anglais il ne pouvait regarder personne. Ses yeux restaient fixés sur ses mains, serrées l'une contre l'autre pour réprimer les tremblements qui auraient pu trahir ses sentiments.

Bien qu'il fût sûr qu'ils allaient droit vers Tom, comme le Poudlard Express allait droit à la gare de King's Cross avant de repartir pour la maison. Leur lien était comme une balle de ping-pong attachée à un élastique et cette fois-ci, il était le premier à frapper dedans.

Ulrich le tira de ses pensées en lui demandant.

— C'est du passé, tout va bien maintenant. Ce qui t'arrive n'est pas de ta faute. Je crois avoir compris que Tom Jedusor t'a dit que tu étais un Obscurial, a-t-il expliqué ce que cela signifiait exactement ? On ne naît pas Obscurials comme on naît sorciers. On le devient.

On le devient ? Harry pensait qu'il était né comme ça. Qu'il avait empiré sa situation en rejetant ses pouvoirs, que, pour une raison qu'il ignorait, les Obscurials étaient condamnés à mourir jeunes et que c'était pour ça que Tom s'était senti obligé de recourir aux Horcruxes pour atteindre l'immortalité.

Il pensait que c'était parce qu'il était né comme un monstre tout comme le Seigneur des Ténèbres, que la prophétie l'avait choisie. Que les Dursley ne l'avaient jamais aimé. Qu'il s'était senti comme un étranger à Poudlard parmi les autres sorciers.

Cependant s'il n'était pas né Obscurial et qu'il l'était devenu alors sa condition n'expliquait ni la prophétie ni le rejet de sa famille. Comment était-il devenu un Obscurial ? Pourquoi lui ?

Ulrich Tiare n'avait fait qu'amorcer d'autres questions dans sa tête. Des questions qui tournoyaient sans réponses dans son esprit.

La réaction de Tom lorsque l'homme commença à s'expliquer l'aiguilla.

— Les Obscurials sont des sorciers qui, malgré eux ont souffe-

§ Non ! §

Voldemort s'était redressé brutalement avait saisi sa baguette et peinait à utiliser un langage correct.

— Vous n'allez pas le lui dire ! Personne ne va le lui dire ! Il n'a pas besoin de savoir comment il est devenu un Obscurial. Peu importe comment lui ou moi, sommes devenus ce que nous sommes.

Harry comprit sans mal que Tom savait pertinemment comment on devenait un Obscurial. Il déduisit aussi de son attitude qu'il n'allait pas aimer la façon dont ils l'étaient devenus…

Il se pencha vers Jedusor et attrapa la manche de la chemise blanche que celui-ci portait habituellement pour dormir et il lui siffla, en tentant de rassurer la panique qu'il sentait vibrer dans leur lien.

§ J'en ai assez des secrets et des mensonges. §

Tom le regarda avec des yeux trop grands, remplis d'ombres et de peur et Harry se retint de céder. Il ajouta, pour appuyer sa décision.

§ À partir d'aujourd'hui je ne veux plus me protéger de moi-même. §

Ne me protège pas de moi, de mon passé, de nous. Ça va aller. Je suis fort.

Il fit un sourire piteux lorsqu'il vit les épaules du Seigneur des Ténèbres s'affaisser. Tom le laissait être fort. Celui-ci ouvrit la bouche puis il la referma avant de la rouvrir de nouveau pour lui siffler avec une hésitation qui ne lui ressemblait pas.

§ Tu me laisserais te le dire ? §

S'il te plaît, je n'accepterai pas que ce soit quelqu'un d'autre.

Harry acquiesça et les ombres quittèrent les yeux du mage noir, laissant une couleur brune, presque rouge reprendre sa place dans ses yeux.

Tom n'était pas en train de le manipuler ou de lui mentir. Il ne supportait pas l'idée qu'un autre que lui lui confie quelque chose qu'il considérait comme sensible. C'est tout.

Alors il accepta mais posa une condition.

§ Tu devras aussi répondre à mes autres questions si j'en ai. Plus de secrets. §

Jedusor se retourna face à lui et, sans signe avant-coureur, se retrouva à chuchoter contre son oreille. Joue contre joue.

§ Plus de secrets. §

Ça sonnait comme une promesse à double tranchant mais il était trop tard pour revenir en arrière.

Lorsque Tom s'éloigna de lui, Harry remarqua l'expression sombre de Rogue et celle gênée d'Ulrich. Il réalisa avec un temps de retard que Tom et lui se permettaient non seulement des entretiens privés en fourchelang dans leur conversation mais en plus, Gaunt venait d'avoir un comportement déplacé devant leurs professeurs.

Si chuchoter dans l'oreille de quelqu'un devant public pouvait être considéré comme tel.

Il s'entendit bafouiller une excuse alors que Jedusor s'asseyait pour de bon, à califourchon sur l'accoudoir de son fauteuil. En face des professeurs qu'il toisait, s'amusant de son propre manque de savoir-vivre.

Tom pouvait autant faire preuve d'une éducation irréprochable et charmante que d'un comportement provocateur et impoli et il en jouait dès que l'occasion se présentait.

Le Seigneur des Ténèbres se recula sur son siège improvisé jusqu'à pouvoir poser son dos contre le dossier, croisa les jambes, puis reprit leur conversation comme s'il n'avait pas été prêt à maudire Tiare il y a une minute.

— Je l'expliquerai à Harry quand nous serons seuls. Je préfère le faire moi-même, il est possible que cela fasse resurgir des souvenirs qui pourraient mener à un manque de contrôle.

Parfaitement honnête. Poli et aussi charmant qu'il était possible de l'être.

La bouche d'Ulrich forma un O parfait avant que le potionniste ne s'excuse.

— Je n'avais pas pensé aux conséquences que pourrait avoir la diffusion de ce genre d'informations.

Il se racla la gorge et ajouta.

— J'imagine que vous souhaitez également lui expliquer ce qu'implique le fait d'être un Obscurial ?

Tom nia et répondit en s'adressant à lui. Ignorant Ulrich comme si l'homme n'était pas juste sous son nez, en train d'attendre sa réponse.

— Tu as vécu longtemps avec, tu sais ce que ça implique.

Un risque de mort, une magie destructrice et incontrôlable, une douleur effroyable et une lutte constante contre soi-même. Oui, il savait. Plus que jamais.

Tom ajouta, comme si cette information risquait d'être lâchée par Ulrich sans son consentement.

— Notre magie n'en est plus lorsqu'on passe au stade final d'Obscurial, on l'appelle alors un Obscurus.

Obscurus. Sa magie n'en était plus. C'était un Obscurus à l'intérieur de lui. Il émit la remarque qui lui brûla tout à coup les lèvres.

— Tu n'es pas au stade final.

La magie de Tom était encore de la magie. Il n'avait jamais atteint le stade d'Obscurial final comme lui. Grâce aux Horcruxes. Ou plutôt grâce à celui qu'il avait encore.

Jedusor confirma d'un signe de tête alors que Rogue ajoutait âprement.

— Il ne l'est pas. Néanmoins Lord Voldemort a réalisé sept Horcruxes consécutivement lors de sa vie. Monsieur Potter, pouvez-vous me dire pourquoi un sorcier aussi intelligent que le Seigneur des Ténèbres aurait-il mis ainsi en danger sa santé mentale ?

Le regard qu'adressa Tom à Severus était positivement terrifiant. Harry le manqua, trop occupé à se poser à son tour cette question. Cela lui était déjà venu à l'esprit depuis qu'il savait que Tom l'avait fait pour contrôler sa magie et non par volonté d'atteindre le statut d'un dieu.

Sept était un nombre très lié à la magie et Dumbledore en avait conclu que c'était la raison pour laquelle le Seigneur des Ténèbres avait jeté son dévolu sur ce chiffre plutôt qu'un autre mais s'il y avait une autre explication ? Une explication plus logique. Qui expliquerait pourquoi Voldemort avait continué d'en faire encore et encore au lieu d'abandonner le premier en sécurité dans la Chambre des Secrets et de continuer sa route avec la certitude de pouvoir revenir à la vie ?

Faire un Horcruxe avait divisé et stabilisé sa magie. Tom le lui avait dit lui-même. Il avait recommencé car la première fois n'était pas suffisante. Sa magie avait été stabilisée durant un certain temps puis il avait été obligé de recourir de nouveau au processus pour ne pas perdre le contrôle. Atteindre le stade final.

Bien que Voldemort ait été inconscient de sa condition d'Obscurial, il luttait contre lui-même. Combattant sa propre dégénérescence bien plus que le reste du monde. Devenant fou à force de triturer son âme pour survivre.

Tom n'était pas parvenu au stade final parce qu'il était devenu Lord Voldemort, le Seigneur des Ténèbres psychotique, à l'âme déchirée qu'il connaissait.

Son Horcruxe actuel ne serait probablement pas efficace pendant longtemps. Un jour sa magie redeviendrait aussi instable que ne l'était la sienne et ce jour-là, il aurait le choix entre devenir un Obscurial pour de bon, mourir ou se laisser aller à la folie et poursuivre la création répétée d'Horcruxes.

Harry sentit sa poitrine lui faire mal. La peine qui le transperça le déchira en deux laissant d'un côté un désespoir étouffant et de l'autre une tristesse insondable.

Tom n'était pas plus à l'abri que lui.

L'illusion à laquelle il se rattachait où, même s'il mourrait, Jedusor pourrait vivre sa vie, libérée des exactions de Voldemort, n'existait plus.

Son cœur cessa de pleurer lorsque le Seigneur des Ténèbres laissa sa tête tomber contre son épaule, sans même bouger de sa position ; chuchotant dans un anglais sifflant.

— Ne sois pas triste. Je ne le suis pas.

Je suis content de vivre avec toi. On trouvera le moyen de se guérir ensemble. Promets-le-moi.

Harry eut l'envie irrépressible de prendre la main de Tom et avant qu'il ne puisse décider si c'était la bonne chose à faire ou non, sa main était déjà dans la sienne. Leurs paumes froides se réchauffant l'une contre l'autre.

Potter intercepta sans mal la colère résignée de Severus Rogue lorsque celui-ci regarda leurs mains comme si c'était la chose la plus écœurante qu'il avait vue depuis sa naissance.

Il aurait voulu dire qu'il était désolé. Que ce n'était pas ce qu'il avait voulu. Que tout était la faute du lien. Mais il avait peur et mal au cœur et avait sincèrement envie qu'on lui tienne la main. Que Tom soit celui qui lui tienne la main.

Il se contenta d'un pâle sourire d'excuse, conscient du fait que c'était déjà un miracle que l'ancien espion ne soit pas en train de l'injurier.

Rogue avait vécu l'esclavage auprès du Seigneur des Ténèbres, son aversion était compréhensible. Injuste et compréhensible.

Parfois, l'injustice est comme ça. Une zone grise où personne n'est en tort. Où un sourire désolé est plus efficace que la morsure d'une injure.

Celui-ci se leva et commença à faire les cent pas, leur tournant le dos, sous le regard d'Ulrich Tiare qui le suivait des yeux avec sympathie. Affection, empathie, inquiétude et tolérance.

Harry y reconnut de l'amour. Hermione avait ce regard pour Ron bien avant qu'ils ne s'avouent leurs sentiments. Bien avant qu'ils ne soient séparés par la Faucheuse.

C'était un regard qui donnait tout sans rien demander en retour. C'était une belle façon d'aimer. D'une pureté remplie de mélancolie.

Hermione pensait que Ron ne s'intéresserait pas à elle avant qu'elle ne se rende compte que c'était le cas. Dans son regard demeurait une once d'espoir, un si jamais.

Ulrich Tiare était un peu différent. Il n'avait plus de si jamais. Seulement une mélancolie apaisée. Un amour sans retour. À sens unique. Sans espoir.

Potter se souvenait s'être demandé quelle relation entretenait Severus Rogue et Ulrich Tiare et maintenant qu'il le savait, il aurait préféré ne pas l'avoir vu.

C'était d'une évidence douloureuse à regarder. D'une beauté difficilement compréhensible.

Tiare avait renoncé à la réciprocité mais il continuait d'aimer. Se contentant de rien, de tout. Sans exigences.

Harry songea que c'était une belle manière d'aimer. Insidieusement une pensée se glissa dans son esprit.

De quelle manière aimait-il ?

Tom aime comme on hait. Avec passion. Avec rage et désespoir. Comme on se bat, comme il a vécu toute sa vie. En se débattant dans son monde trop violent.

Ulrich aime comme on observe. Avec émerveillement, contemplation, dans un silence bienheureux, comme s'il avait vécu toute sa vie sur le parvis du paradis.

Severus aime comme on pleure. Avec regret, colère, réserve et joie parfois. Dans un passé qui ne reviendra jamais comme s'il était coincé dans les méandres du temps.

Et lui, de quelle manière aimait-il ?

Son regard se porta involontairement sur Tom Jedusor, penché contre lui, à moitié sur l'accoudoir, à moitié dans le fauteuil. Sur sa main qui tenait la sienne avec chaleur.

Y avait-il une manière correcte d'aimer ? Comment était-on censé s'y prendre exactement ?

Ulrich attira tout à coup son attention et lui adressa un sourire. Désigna d'un geste large les allers-retours de Severus et lui dit en se penchant vers eux.

— Ne t'inquiète pas pour lui. Il s'y fera avec le temps. Je ne pense pas qu'il ait profondément quelque chose contre, c'est juste… il t'apprécie beaucoup. Plus qu'il ne se l'avouera jamais et comme il tient à toi, il se fait du souci.

Ulrich lui fit un clin d'œil et ajouta.

— Raison pour laquelle je te conseille d'attendre au moins une dizaine d'années avant de lui dire de vive voix tes intentions romantiques envers le Seigneur des Ténèbres.

Harry s'empressa de corriger le malentendu. En lâchant la main de Tom qui rouvrit les yeux qu'il avait fermés.

— Ce n'est pas ce que vous croyez ! Tom et moi nous ne sommes pas… il n'y a ri-

Il ne put pas poursuivre son explication parce qu'Ulrich s'exclama.

— Tu n'as aucune raison de me le cacher ! Quand j'avais votre âge, j-

Rogue venait d'arrêter son manège pour s'arrêter pile devant Ulrich, il répéta dangereusement.

— Quand tu avais leur âge, tu ?

Tiare s'étrangla et se mit à tousser avant de partir dans un grand éclat de rire. Entre deux hoquets Harry crut comprendre qu'Ulrich lui proposait de lui raconter quand son confrère ne serait pas là.

Confrère qui avait, bien entendu, compris la même chose que lui.

Après cela, l'interrogatoire reprit et Harry expliqua comment il en était venu à vouloir retirer le sortilège d'immobilité de son épaule, pour transporter du bois jusqu'à sa chambre. Severus le traita d'idiot inconscient, de Gryffondor sans cervelle mais ça sonnait comme les propos inquiets d'un proche qui avait craint de le perdre alors Harry n'y prêta que peu d'attention.

Severus déclara qu'à partir de maintenant il ne devait plus utiliser sa baguette magique sauf lors des entraînements. Harry demanda à quels entraînements le Maître des potions se référait et celui-ci avait répondu que les vacances de Noël débutaient dans trois jours et que, durant ces vacances, Ulrich et lui comptaient lui apprendre à maîtriser un minimum sa nature d'Obscurial. Son Obscurus.

Puisqu'à la rentrée, il y aurait le bal de Noël, suivi de la deuxième épreuve dont l'intitulé serait donné la veille des départs en vacances.

Harry Potter sut que ses quelques moments de paix et de tranquillité étaient terminés.

Une partie de lui le regrettait mais une autre le poussait en avant, il fallait qu'il se batte. Pour lui, pour Tom, pour vivre.

Son combat commencerait par réapprendre à se servir de pouvoirs qu'il reniait depuis aussi loin qu'il s'en souvienne.

Le jeune Seigneur des Ténèbres ne parut pas opposé à la décision prise par leurs professeurs de potions. Il était prêt à tout essayer.

Après ce qui lui sembla être une longue et fastidieuse conversation, Severus et Ulrich les laissèrent enfin en paix.

Ils dormaient déjà à moitié lorsque les deux hommes avaient décidé de mettre fin à leur réunion de crise.

Harry prit la décision que son lit était trop loin, il voulut se contenter du fauteuil dans lequel il était déjà mais Tom réussit à le convaincre de s'allonger sur le canapé.

Les lumières s'éteignirent, la pièce parut devenir plus grande et Harry se sentit plus petit. Il était épuisé mais ne parvenait pas à gagner le sommeil. Restant immobile dans le noir, allongé sur le côté les yeux rivés vers le vide.

Un moment qui lui parut durer à la fois une seconde et une dizaine d'années s'écoula avant que Tom ne quitte son côté du canapé pour se glisser derrière lui, se coller à son dos. Passant tout à coup ses bras autour de lui, l'une de ses mains vint se poser juste au-dessus de son cœur et Harry s'entendit demander.

§ Qu'est-ce que tu fais ? §

La réponse lui parvint d'une voix ensommeillée.

§ Je vérifie que ton cœur bat. §

Il rata un battement puis se stabilisa.

Jedusor ne retira pas sa main et Harry le laissa faire. Parce qu'il y a quelques heures il avait cessé de se battre et Tom avait le droit d'avoir peur. Ils en avaient le droit.

Même si ça signifiait s'endormir en laissant le Seigneur des Ténèbres veiller sur son cœur.

À suivre…

Si vous aimez DISSEMBLANCE et que vous souhaitiez lire d'autres de mes fanfictions, j'ai posté un court OS récemment "Stay with me" et je poursuis la publication d'une HarryXVoldemort "Sortilèges et Amnésie" n'hésitez pas à aller y jeter un œil si ce n'est pas déjà fait !