Chapitre 8 : prise de conscience

Installé confortablement dans l'un des fauteuils des appartements que le directeur d'Hogwart avait gracieusement mis à se disposition, Alastor Maugrey s'impatientait. Il fixa d'un air morose l'horloge qui se trouvait dans l'un des coins de la pièce, comptant mentalement dans sa tête. Six heures moins trois. Une fois son décompte terminé, il s'éclaircit précautionneusement la voix... et rugit:

"AGRIPPINEEEEEEEEEEEEEUH !

-Oui mon grognon d'amour ? s'enquit la jeune femme, surgissant soudainement du conduit de la cheminée qui lui faisait face.

-AU RAPPORT ! tonna-t-il.

-Mais je n'ai pas eu le temps de taper mon troisième exemplaire ! minauda-t-elle, simulant un soupir de désappointement.

-Tu le taperas plus tard ! Alors qu'as-tu appris cette semaine ? J'espère au moins que cette fois-ci tu lui as laissé le temps de temps de s'exprimer!

-Oui ! J'ai appris des tas de choses sur mon fiston préféré. Je suis certaine que tu seras fière de moi !

-Je t'écoute.

-Alors ! Mon petit Tom adore les haricots verts et les brocolis, par contre il déteste la tomate, la viande rouge et les cerises. Il mesure 1m80 et pèse seulement 55 kilos.

-Tu me l'avais déjà dit la semaine dernière, ronchonna Maugrey.

-Non, la semaine dernière il pesait 56kg. S'il maigrit trop il risque de tomber de nouveau malade.

-Tomber malade ? Où ça ? Comment ? Grâce à qui ?

- Ose me dire que tu ne t'en souviens pas !

-Severus a pris un malin plaisir à me le rappeler. Vas-t-en savoir pourquoi le James Potter des neiges lui est resté en travers de la gorge... Toujours est-il que si j'arrive à prouver que c'est lui qui a glissé dans mon repas la mixture qui m'a rendu malade ET aphone, alors que c'était l'occasion inespérée de s'attaquer à ton fils, je lui prends moi-même un rendez-vous galant avec un dementor!

-Quand est-ce que tu vas te mettre dans ta sale caboche d'auror dégénéré que je n'ai accepté de vous aider que parce que Dumbledore m'avait assuré qu'il n'y aurait ni attaque physique ni verbale tant que je n'aurais pas décrété qu'il est irrécupérable.

-Dumbledore ? Mais tout le monde le sait! Il est désespérément trop utopiste !

-Je te parlais de mon fils !

-Mais lui aussi est bien trop utopiste. Comme s'il allait arriver à faire un monde pur, dénué de toute trace moldue ! Il devrait effacer la moitié de lui-même pour commencer !

-Tu n'es qu'un mufle Alastor, s'exclama Agrippine tout en essayant de le gifler.

Alastor évita avec facilité la main du fantôme - après tout il était devenu Auror pour éviter ce genre de désagrément, mais il ne vit pas arriver la seconde main qui l'envoya valser trois pas en arrière.

-Il est temps de voir les choses en face, Agrippine! Depuis quatre mois que tu es là, ton cher et tendre fils n'a pas modifié sa conduite d'un iota! s'énerva l'ancien Auror. Il EST irrécupérable, et tout ce que tu as fait n'auras servi à rien! Et je sais que tu le SAIS!

-Non, moi ce que je sais, c'est que tu es devenu un sorcier au coeur sec comme la pierre! Mon Tommy a encore la haine qui dévore le sien, son coeur est vivant, et j'arriverai à m'y faire une place et à ce moment là, je pourrai le faire changer!

-Ton amour maternel t'aveugle, ma pauvre Agrippine! Il n'a rien fait pour le mériter pourtant, RIEN!

-Et toi, la jalousie t'aveugle! En fait, tu as toujours été amoureux de moi, et tu ne vois en Tommy que la preuve que jamais je n'aurais été à toi!

Les deux anciens Slytherins se fixèrent un moment. Et Maugrey éclata d'un rire sans joie et douloureux.

-Tout ce que je vois en ton monstre de fils, Agrippine, c'est un mégalomane avide de vengeance qui met la population sorcière à feu et à sang sous prétexte de n'avoir pas su s'intégrer, de n'avoir connu que la haine de moldus inconscients du monde sorcier! C'est un sociopathe qui a le maheur d'avoir un certain charisme et des ancêtres prestigieux. Il ne pourra jamais s'intégrer ou seulement se faire pardonner pour toutes les horreurs qu'il a perpétrées et cautionnées! Je le sais et TU le sais!

L'ectoplasme resta sans voix pendant quelques secondes. Et tout à coup, un étrange résonnement retentit dans le silence de plomb qui s'était abattu suite à la tirade du vieux sorcier, allant en s'amplifiant, jusqu'à ce que toutes les vitres et miroirs explosent, au milieu des sifflements furieux du scrutoscope qu'il s'employait tantôt à remettre en état... apparemment, c'était chose faite.

-Tu n'essaie même pas de me comprendre, Fol Oeil! cracha-t-elle, avec amertume. J'en attendais tout de même plus d'un de mes plus vieux amis!

-Et toi, tu n'as même pas essayé de comprendre toutes les familles des victimes! Tous les moldus sans défense massacrés au nom d'un seul homme qui n'a même plus aucune humanité! Pense aux McKinnon! Aux Bones! Aux Longbottom! Aux frères de Molly Weasley, les Prewett! Aux Potter au nom de Merlin! As-tu seulement pensé une fois à eux, Agrippine Slytherin, avant de décréter que ton fils devait être sauvé, avant de me jeter à la figure que je suis sans coeur? Tu n'as pas vécu la guerre, tu ne peux pas comprendre à quel point il est vital d'anéantir ce monstre! Alors cesse de me faire la morale, parce que la morale d'aujourd'hui n'est plus celle d'il y a cinquante ans!"

Livide voire transparente, le fantôme ne répondit pas. Le visage hagard et le regard hanté, elle fit volte-face et sortit non sans prendre soin de claquer la porte avec le plus grand des fracas. Pour le coup, ce qui restait de la Glace à l'Ennemi qui était accrochée au mur chuta au sol dans un bruit de tonnerre.

Resté seul dans la pièce, Maugrey se prit la tête dans les mains, accablé.

§

Ce soir-là, à Hogwart, la maison des Slytherins était en liesse : la folle ectoplasmique ne s'était pas manifesté de toute la journée! Finies les cuillerées d'huile de foie de morue pour avoir de beaux cheveux, finies les leçons de maintien slytherinesques, finis les cours de soutien qui se retrouvaient systématiquement dans les pires cauchemars des élèves!

Seul Draco semblait en reste : il attendait toujours son masque de beauté quotidien dont Agrippine avait le secret... Elle, en qui il commençait à voir la figure d'une vraie mère, certes pas tendre, mais attentive et concernée par le devenir de 'ses' enfants...

Et puis il fallait dire aussi qu'il ne se sentait pas le courage de désamorcer la bataille de nourriture qui n'allait pas manquer d'avoir lieu dans la salle commune des Slytherins puisque des petits malins avaient trouvé le moyen de chiper les desserts de la tablée gryffondoresque. Bah... les elfes de maison y trouveront leur compte...

Ce fut Rémus qui trouva Agrippine dans sa chambre, alors qu'il revenait du dîner.

"Encore vous Narcissa? fit-il sans chercher à discerner qui se dissimulait dans les ténèbres de la chambre. Non, je n'ai toujours pas trouvé le moyen, alors si vous voulez bien vous donner la peine de débarrasser le plancher, je ne vous retiens surtout pas ... Oh, et faîtes attention à Severus, il traîne un peu trop dans le coin à mon goût ces temps-ci... A croire que ses cachots sont... hantés.

-Mais pourtant, je ne lui en ai même pas encore fait baver à ce Slytherin-là, s'étonna la jeune femme. Faut dire aussi que je l'ai bien aidé à mêler une certaine petite potion au repas de Maugrey il y a quelques temps...

Finissant cette phrase, elle s'assombrit, et, avec des larmes de crocodile ectoplasmiques, elle finit par s'effondrer dans les bras de Remus.

"Oh non... encore! songea celui-ci. Décidément, les femmes Slytherins ne sont plus aussi vicieuses et avides de bouffer du Gryffondor qu'avant... Et je suis censé faire quoi, là?"

-Que se passe-t-il, Lady Slytherin? Notre vieil Auror grognon aurait-il découvert votre participation à la bataille de boules de neige?

-Vous... fit-elle, stupéfaite, vous savez?

-Oui, mais là n'est pas, je pense, la question.

-Je me sens inutile, Lupin... renifla-t-elle, je veux sauver les gens, mais... tout s'ingénie toujours à me retomber sur le coin de la figure! Que faire? interrogea-t-elle, la lèvre inférieure tremblant juste ce qu'il faut pendant que ses paupières se mouillaient de larmes.

-Si j'osais.. commença le loup-garou.

-Eh, je vous avertis de suite, petite boule de poils, pas de propositions indécentes! s'écria le spectre, reprenant un instant toute sa superbe pour retomber la seconde suivante dans son affliction simulée.

-Loin de moi cette idée, soupira l'ancien Maraudeur, refusant de relever l'appellation pour le moins ... édifiante qu'avait employé son interlocutrice.

-Oui, vous préférez me demander d'aller chercher le petit Black qui est derrière le Voile, acquiesça-t-elle.

-Vous ... vous savez? souffla-t-il, horrifié. Mais comment?

-Les murs ont des oreilles, lui confia-t-elle, d'un air de conspiratrice. Et moi aussi!

-Et... vous seriez d'accord?

-Pourquoi je serai là, sinon? s'impatienta-t-elle en consentant enfin à lâcher son cou auquel elle s'était suspendue. Mais, il me faudra une... comment dire? une compensation!

-A savoir?

-Eh bien, réfléchissez, enfin! Vous croyez franchement que Maugrichou serait d'accord pour cette petite expédition au Ministère? Et à cette vile association avec la petite Black-Malfoy? Oh non... Vous vous imaginez bien que pour mon cher vieil ami, le jeune Sirius est parfaitement bien là où il est... Alors...

Elle lui lança un regard significatif.

-Assommer Maugrey ne sera pas de la tarte, si vous voulez mon avis, et le transporter, c'est encore plus surréaliste! Lady Malfoy m'en ferait une apoplexie si je lui demandais de m'aider à le porter rien que dans le passage secret qui sort d'Hogwart : si je lui dis de le prendre par les épaules, elle me répond queje lui laisse le plus gros de la charge et que ce n'est pas digne d'un gentleman, et si je lui laisse le soin de ses jambes, elle me répondra que pour rien au monde elle ne le fera, de peur de salir ses vêtements, disserta-t-il, amusé. Alors puisque mon intelligence réduite de bête sauvage ne me propose que cette option qui est pour le moins irréalisable, pourquoi ne pas me soumettre la votre?

-Il suffirait de lever un scellé, qu'en dîtes-vous?

Il soupira.

-Dumbledore va me tuer... Mais... Sirius le ferait pour moi. Alors c'est d'accord! Juste le temps que je cheminette Lady Malfoy, et on s'attaque à ce problème.

-Prenez garde de ne pas tomber sur Lucius! C'est un vrai casse-pied quand il s'agit de sa femme! Rien que l'autre jour, figurez-vous que Severus me disait que... Non, vous ne voulez pas savoir!

A suivre!

§

RaR :

Chimgrid : En manque d'Agrippine? Tout va bien, dans ce chap, ELLE est revenue, et ELLE est vraiment là!

De la part de Mephie : Eh bien je comprends pourquoi il m'est revenu traumatisé! Franchement lui pourrir le cerveau de la sorte, t'as pas honte?

La Folleuh : Gâcher tes idées de pseudocouple? Loin de nous cette idée, c'est juste que Rem et Sev sont chasse GARDEE! smile! Bon, pour le guide, c'est pas James... Il serait capable de le paumer encore plus loin que.. eh bien là où il est! Mais on a quand même trouvé un guide à la hauteur, non?

De la part d'Ayako : un petit bonjour à Douceur et Joie de vivre!

Frudule : PAS de couple Narci/Rem! Veux paaaaaaaaaaaaaaaaas! Clic

Ayako : je profite de cette coupure momentanée pour glisser un mot aux revieweurs : surtout, ne pas suggérer un couple Rem/qui que ce soit à part Mephie à ma chère coautrice, sinon c'est moi qui trinque! Pitié! Et nous tenons aussi à préciser que s'il avait connu sa mère... Voldemort se serait suicidé avant même de commencer à exister!

Lyane : Partiales dans la description de Rem? C'est la faute à Mephie, et elle assume entièrement! ... Et Ayako aussi pour cette fois !

Caraman : Nous comparer à la Belgariade? C'est trop voyons! Mais ça n'empêche pas Mephie d'avoir des envies de meurtre quand tu suggères d'arracher la fourrure de Rem et d'en faire une corde pour ramener Sirius... Ayako essayera de l'en empêcher mais...ce sera limite! (et revoilà Agrippine d'ailleurs... alors, heureux?)