Auteur: Yohko
Genre: prise de tête, philosophage, romance mimi. YAOI.
Note: allez hop troisième du nom. Un bravoà toutes celles qui retrouvent les citations tirées du manga
Disclaimer: rien à moi sauf l'idée lol
« Hey ! C'est toi qui arrêtes pas de m'appeler ? »
« …Hein ? J'ai appelé personne moi… T'es qui ? »
« Arrête de me raconter des salades, je t'entends tout le temps ! Ca me vrille les tympans, alors arrête ! En échange, je t'emmène avec moi… J'ai pas vraiment le choix de toute façon. »
Et c'est ainsi qu'il l'avait trouvé et emmené.
Bien sûr les autres débiles de chauves avaient gueulé haut et fort que c'était un sacrilège, que les dieux se vengeraient d'eux pour avoir osé libérer un être qui était si visiblement un de leurs prisonniers, criminel et damné.
Sanzo avait eu vite fait de les réduire au silence, ou plutôt aux médisances dans son dos – ce qui lui convenait très bien.
De toute façon si les dieux avaient quelque chose à dire, qu'ils descendent lui parler en face !
Quant à Goku… Et bien, à le voir redécouvrir le monde avec de grands yeux de gosse à la fête foraine, il était déjà dur de l'imaginer parmi les dieux, alors le prendre pour un dangereux hors la loi…
Durant les premières semaines en sa compagnie, il y eut quand même quelques désagréables surprises, qui le menèrent presque à laisser le gosse en pâture aux moines.
Déjà, il bouffait. Dès qu'il eut redécouvert les plaisirs du palais, il se mit à dévorer systématiquement tout ce qui lui tombait sous la main et qui était à peu près comestible, avec une nette préférence pour la viande. Sanzo avait beau s'énerver et distribuer les baffes à la pelle, rien n'y faisait. Il finit par en conclure que le singe compensait pour le temps passé emprisonné et apprit à faire avec.
Ensuite, il était vraiment con.
Ou plutôt assez inadapté à certaines règles de la vie en société que même lui, Genjyo Sanzo, asocial ceinture noire était capable de respecter.
Et ainsi ledit asocial se retrouvait engueuler régulièrement le gosse à propos de l'une ou l'autre des nombreuses bêtises qui secouaient le temple entier.
Mais rien n'y faisait, et il finit par se résoudre à l'éventualité que ce fût une fois de plus une conséquence inévitable de ce fameux emprisonnement – qui avait vraiment, vraiment dû être long.
Et surtout, il était très fort. Avec une puissance impressionnante, et encore en gardant son contrôleur de pouvoir. Sanzo crut vraiment péter un câble le jour où il explosa sans faire exprès le portail en bronze massif de quatre mètres d'envergure du temple.
Et faillit bien se faire jeter dehors par les moines, seule sa carte bancaire divine et le chakra sur son front les sauvant de l'expulsion – et la légendaire menace de mort dans d'horribles circonstances à quiconque le contrariait.
Au bout d'un mois en compagnie de ce phénomène qu'était le yokai, Sanzo avait déjà doublé sa consommation de tabac.
Un soir qu'il se sentait enfin sombrer dans le sommeil après des heures à veiller en maugréant sur son futur mal de crâne au réveil, on frappa violemment à sa porte.
« Maître Sanzo ! C'est l'enfant ! Il… Il est bizarre ! »
Le grand responsable de la communication entre les dieux et les hommes retint un grondement de bête des profondeurs, puis finit par se résoudre à se lever. C'était son fardeau, à lui de s'en occuper. Et ces couillons de chauves étaient bien capables d'essayer de le laisser mourir dans son dos.
Il se leva donc en soupirant et sortit en manquant assommer le moine derrière sa porte – qui retint d'ailleurs un cri d'outrage à la vue de sa tenue jean chemise si peu orthodoxe.
Sanzo arma son Smith and Wesson an s'avançant vers les quartiers des serviteurs deux étages plus bas, où se trouvait la chambre de Goku. L'attroupement devant la fut dissipé en deux coups de feu.
« Maintenant tout le monde se casse. » lâcha-t-il de son habituel ton rogue.
Le spectacle de la chambre était pour le moins frappant.
Tout était en miettes. Les meubles cassés, les draps et les rideaux déchirés, une statue éventrée.
Et au beau milieu de cette désolation, Goku était recroquevillé, se balançant d'avant en arrière dans cette position qu'il reconnut comme celle qu'il adoptait quand quelque chose l'angoissait – bien que l'aveu même de ses peurs fut difficile à obtenir
Sanzo fronça les sourcils. Qu'est-ce qu'il s'était encore passé ?
Il s'avança dans la pièce, déposant au passage son revolver sur la table bancale.
Il y avait un oiseau mort devant le yokai. L'avait-il tué, ou était-ce ce qui avait provoqué toute cette folie ?
Il écarta le cadavre du bout du pied puis s'accroupit.
« Goku. »
Comme il s'y attendait, le gosse ne réagit pas.
« Goku regarde-moi. »
Une voix rauque et cassée jaillit d'entre les bras croisés.
« Cassez-vous. »
Sanzo tiqua. Apparemment le singe n'avait même pas conscience de qui lui parlait.
« Laissez-moi ! Laissez-le. Pourquoi lui ? Pourquoi moi ? Pourquoi ? »
Le moine finit par soupirer. Peut-être qu'on aurait pu apprendre des choses intéressantes sur le passé du châtain en l'écoutant délirer, mais il n'en avait strictement rien à faire. Tout ce qu'il voulait, c'était résoudre au plus vite le problème et retourner se coucher.
Il posa la main sur son épaule, sentant son sursaut au contact.
« C'est quoi ton problème Goku ? »
« Sanzo… »
Doucement il vint se réfugier dans ses bras.
« Quand j'étais enfermé… Si j'avais été au plus profond des entrailles de la terre, j'aurais jamais pu rêver du soleil… J'aurais jamais connu la liberté… Et la solitude. »
Le moine était pour le moins abasourdi d'entendre des mots si réfléchis, si matures /souffrance/ dans la bouche de celui qu'il considérait comme un gosse.
Comme il s'était trompé.
« Goku… On t'a enfermé pendant combien de temps ? »
Il frémit.
« Je sais pas. Longtemps. »
Puis il lui raconta l'histoire de son emprisonnement. Il fallait que ça sorte, que ses malheurs s'écoulent au moins un peu hors de lui.
Toutes les choses qui avaient rythmé ces longues années. Les saisons et leur rythme si régulier qu'il finissait par le rendre fou. Les bruits et les odeurs si tentants venus de l'extérieur. Les années entières passée à s'écorcher la peau pour se faufiler hors de ses chaînes. Les rares êtres vivants à s'aventurer vers lui, les instants de bonheur inaltérables et toujours la tristesse, le désespoir amenés par la mort. Comme ce petit oiseau peu avant qu'il arrive.
Sanzo ne dit rien et écouta encore le jeune homme déverser sa douleur et ses larmes, crier ses peurs qui lui tordaient les intestins. Il l'écouta et resserra doucement son étreinte.
Pour l'empêcher de trembler.
Pour l'empêcher de souffrir.
Il sentait bien que c'était stupide, que jamais il ne pourrait lui enlever aussi facilement la souffrance causée par un mal aussi grand, et les cicatrices si profondes qui le défigureraient à jamais.
Pourtant il fit pour une fois taire cette imbécile de voix de la raison et le releva doucement, pour l'entraîner en direction de la cour intérieure.
Tant pis, il ne dormirait pas cette nuit. C'était déjà foutu, alors autant aller jusqu'au bout.
Il sortit avec son précieux fardeau tremblant serré dans ses bras, traversa la cour sans faire attention aux cris des moines derrière lui et sortit de l'enceinte du temple.
Il suivit encore la route puis s'enfonça dans la forêt environnante qu'il connaissait par cœur à force de s'y réfugier pour éviter ses diverses obligations religieuses. Jusqu'à la petite clairière si paisible.
Les bois éclairés uniquement par la lune et les étoiles auraient pu sembler trop sombres pour être agréables, mais le ciel était découvert et la lumière irréelle qui nimbait l'espace découvert entre les arbres centenaires était presque reposante.
Il posa délicatement Goku, qu'il avait fini par prendre dans ses bras, au centre, sans le lâcher pour autant. Le jeune homme avait fini par arrêter de pleurer mais son visage strié de larmes aux yeux gonflés et vides faisait presque peur.
Sanzo continua à le bercer doucement en lui murmurant des paroles sans queue ni tête mais qui se voulaient encourageantes. Il ne comprenait pas exactement pourquoi il prenait au juste sur lui une telle charge. Il s'était promis qu'il ne protégerait plus jamais quelqu'un. Il en était incapable, le mort de son maître avait cruellement gravé au fer rouge cette certitude en lui.
Et pourtant si lui ne protégeait pas cet être, qui le ferait ? Personne ne voulait de lui.
Finalement, comme pour approuver son train de pensée, Goku sembla revenir à lui.
« Voilà, chuchota doucement le moine. Tu vois, t'es libre. T'es plus enchaîné, plus prisonnier. »
« Plus jamais. » Lâcha le châtain, d'un air farouche.
« Non. Plus jamais. »
« Tu promets ? Tu les empêcheras ? Sanzo… S'il te plaît… »
Le voix était devenue suppliante et les abîmes dorées dans lesquelles il se noyait semblaient lui dicter sa réponse.
« D'accord. D'accord, promis. »
Il se mordit les lèvres d'avoir laissé échapper une promesse aussi stupide, mais les bras lancés autour de son cou et la joue contre la sienne furent une récompense plutôt agréable.
« Merci. »
Goku ponctua sa déclaration d'un léger baiser, hésitant et décidé à la fois, dans le cou du blond.
Qui faillit gémir, puis lui foutre une baffe pour le principe avant de se pencher pour embrasser la joue offerte.
Le jeune homme dans ses bras resserra son étreinte puis tourna légèrement son visage pour mieux venir effleurer sa bouche de la sienne.
Le cœur de Sanzo se mit brutalement à faire des allers retours dans sa cage thoracique, avant qu'il ne décide que les principes et la morale étaient bons pour ces cons de moines. Il répondit au baiser avec un peu plus de détermination, remontant une main jusqu'aux longs cheveux brillants.
« T'attends pas à ce que ça se reproduise. » trouva-t-il finalement la force de grogner contre les lèvres de Goku.
Ils repartirent peu après pour le temple, le châtain toujours serré contre lui.
Bien sûr, il dormit dans la chambre de Sanzo, au grand dam des serviteurs outrés.
Et bien sûr, le lendemain, réveillé le premier, il vint parsemer le visage du blond de baisers pour le forcer à ouvrir les yeux.
La migraine battant aux tempes, Sanzo lâcha la bête des profondeurs.
« Je croyais t'avoir dit que ça se reproduirait pas ? »
Pour toute réponse Goku planta ses lèvres sur les siennes. Réplique imparable. Puis il caressa la joue d'un moine trop fatigué et soupçonneux pour se dégager vraiment et sourit.
« Pendant tout ce temps, le soleil s'est levé, tous les jours. Quoi qu'il arrive, il y avait toujours les chaînes, les barreaux, et le soleil pour me sauver une fois de plus. Alors je vais pas y renoncer maintenant parce qu'il est de mauvaise humeur. »
Sanzo le contempla un moment, indéchiffrable.
Puis il se dégagea et se leva pour aller jusqu'à la fenêtre où l'aube était bien entamée.
« Je ne veux pas avoir à protéger quelqu'un. »
Il se tourna vers Goku, abandonné parmi les draps, qui le regardait.
« Je ne veux pas d'un boulet. »
Le châtain se referma visiblement, mais il n'en avait pas encore fini.
« Je ne veux pas avoir à me lever chaque jour pour quelqu'un. »
Il hésita. Pourtant il devait aller jusqu'au bout quoi qu'il lui en coûte.
« Parce qu'un jour je me lèverai plus. Et j'ai déjà connu l'horreur d'être celui qui reste. Je refuse que quelqu'un la ressente par ma faute. »
Il en avait fini. Il frémit, il n'avait jamais avoué aussi clairement ce qu'il ressentait à qui que ce soit depuis Shuei et son maître. Il ressentit seulement alors à quel point ça lui avait manqué, même s'il avait appris à faire avec.
Goku se leva et marcha vers lui, toujours avec autant d'hésitation que de détermination.
Il s'arrêta et le dévisagea, du défi dans le regard.
« Je m'en fous. »
Le blond fronça les sourcils.
« Sanzo. J'ai vécu trop longtemps tout seul. Je refuse de le rester plus longtemps. »
Il leva la main et la posa dans son cou, avant de s'avancer encore et de l'enlacer.
« Et quoi qu'il arrive maintenant, je serai quand même celui qui reste. Tu peux pas l'empêcher. »
Goku resta serré contre lui, la peur au fond du ventre, voisine de l'espoir. Il ne pourrait pas supporter que le blond se détourne de lui.
Mais Sanzo finit par l'enserrer dans ses bras rassurants avant de poser sa tête sur la sienne.
« Très bien. Mais le soleil est souvent de mauvaise humeur. »
« Il reste le soleil. » murmura le yokai.
Sans un mot de plus ils s'embrassèrent.
Le soleil se lèverait encore pendant bien assez longtemps pour les satisfaire.
