L'ENFANT-DEMON

Auteur : Si, si, c'est toujours moi ! Toujours là, toujours cinglée, toujours en forme !

Genre : Romance, quelle question ! XD

Disclaimer : Les personnages de Naruto (ils sont pas bien nombreux pour le moment mais on va faire comme si) ne m'appartiennent pas, ils sont à quelqu'un qui a un nom très très long très saoulant à écrire, et que de toute façon vous connaissez, sinon vous ne pigez absolument rien à cette fic ! Shukaku est OOC, et il y a des OC qui traînent et que vous reconnaîtrez ! Voilà, c'est dit !

Couples : Non, non, je ne vous prends pas pour des abrutis obsédés, rassurez-vous. Je prends simplement mes précautions ! Donc, pas de GaaraShukaku dans cette fic !

Réponse aux rewiews :

Lumina : Son…très beau corps…oO Pas faux, mais, euh comment dire…(passe VITE une ceinture de chasteté autour de la taille de Gaara XD) Voilà c'est réglé ! Merci pour tes compliments sur mon chapitre (promis, je vais essayer de pas mutiler notre tenshi national ! XD)

Tsunade sama : Contente que ça t'ait fait rire ! Je me suis bien amusée, en écrivant sa conversation ! En fait, j'adore faire parler Shukaku ! Sauf que je dois trouver pleins de tournures pour que ce soit le plus irrespectueux possible, sans être trop vulgaire (aaaah, prise de tête ! XD) ET NON ! Mon pitit Ai no Gaara est toujours bien vivant ! (pour l'instant, du moins…Niark)

Hitto sama : Tout le monde a aimé mon Shukaku OOC, alors ? YEAAAAAAH HAHAHAHA ! (houlà, mauvaise influence…TT) J'ai trouvé que les démons étaient un sujet très intéressant à exploiter ! Quant à Kyûbi…Je suis très méchante, avec lui…XD C'est sa faute aussi, tout le monde raconte qu'il est super puissant et machin truc ! Alors du coup, forcément…J'ai envie de me payer sa tête XD ! Pardon Kyûbi !

Dragonwing : Oui oui, moi je veux bien continuer d'écrire ma fic, mais seulement si tu promets de continuer à poster des commentaires ! XD Et oui, SHUKAKU EN FORCE ! Personnellement, je le trouve nettement plus exploitable que Kyûbi (qui fait un peu la grosse bête mystérieuse stéréotypée, à mon goût…Mais ce n'est que mon avis ! XD) En plus, comme on sait rien de lui à part que c'est un démon surexcité…Ca me laisse PLEIN de possibilités sans trop avoir l'impression que c'est un OOC ! VIVE SHUKAKU !

Kaorulabelle : (fouette une foule de démons NIARK) ALLEZ au boulot bande de fainéants ! Les lecteurs n'aiment pas attendre ! (se tourne vers Kaoru) La suite arrive, la suite arrive ! ALLEZ on se bouge !

Gemmer : Merci pour cette longue rewiew ! Vivent les looooongues rewiews ! Niark en effet Shukaku est un peu illuminé sur les bords ! Euuuh…ça veut dire quoi « evil bishie » ? Méchant quoi ? (a l'impression de se taper la honte, mais ça fait rien) J'essaye d'expliquer la plupart des trucs dans ce chapitre, j'espère que ça ira ! Par contre, je suis vraiment désolée pour le peu de clarté du chapitre précédent ! J'étais hyper concentrée sur le point de vue de Gaara, j'essayais de bien retranscrire le fait qu'il était complètement perdu, qu'il ne savait pas ce qui lui arrivait…Et j'ai même pas envisagé la possibilité que du coup, ce serait une vraie prise de tête pour les lecteurs ! Toutes mes excuses TT ! Mais euh…J'avoue que pour le temple, je n'en aie pas une image très précise en tête non plus ! Quand j'ai écrit ça, j'avais en tête l'endroit où Kakashi scelle la marque d'Orochimaru que Sasuke a à l'épaule, dans le tome sept ou huit, je sais plus. On voit pas grand chose, à part qu'il y a plein de piliers partout…Donc, en gros, c'est une salle très sombre toute en marbre avec un autel, des piliers et Shukaku qui s'ouvre la poitrine à coups de stylet ! XD

Nadramon : Merci ma sœur, tu sauves la vie d'une désespérée ! TT Tu es la seule à avoir remarqué mon zouli poème en prose pendant le rite de Shukaku que j'ai eu du mal à écriiiiire ! TT Et aussi mon morceau de poème que chante Shukaku (oO il sait chanter celui-là ? On en apprend tous les jours ! XD) Merci de toujours prendre le temps de répondre à mes chapitres ! Je t'aime ma sœur !

Ehwinn : Ooooh…UNE AUTRE LONGUE REWIEW ! Dans mes bras ! Tu viens d'entrer dans ma liste de rewiewer préférée ! Lol ! (bave de joie devant son écran en lisant que le caractère de Gaara est bien respecté) Je serais vraiment dégoûtée si je me mettais à abîmer sa personnalité si mignonne qui donne envie de le serrer fort fort fort FORT (se prend une baffe de la part d'un loup et d'un tanuki qui passaient par là et se calme) Je suis vraiment contente que mon petit poème t'ai plu ! Je l'aime bien aussi, même si certains vers sont franchement ignobles (« Quand tu sens cette foule scander dans un sourire » TT atroce, ça gâche tout mon joli quatrain, sale ver pourri !) Mais j'avoue que le deuxième chapitre est mon préféré pour l'instant ! Bon, d'accord, on va me dire que je suis masochiste, mais je pense sincèrement que la souffrance rajoute un certain charme à Gaara (après tout, je suis devenue dingue de lui en m'apercevant qu'il était malheureux comme un chien, alors…). C'est là que j'ai retranscrit avec le plus de justesse ses sentiments, à mon avis…J'en frissonne rien que d'y repenser ! BrrrXD En tous cas, s'il te plait, continue de me poster des commentaires ! XD

Karasu : Merci pour tous tes compliments ! (niveau OOC, tu n'as pas grand chose à dire lol ! Bravo pour « Pas de nom » XD) Temari et Kankuro euh…Soyons patients, c'est le seul conseil que je peux donner XD !

Wow ! Je prends de plus en plus de plaisir à répondre aux commentaires ! Merci à tous pour vos encouragements ! Sinon, je tiens à vous signaler que vous êtes tous et toutes des méchants ! TT A part ma sœur (et elle, je l'avait prévenue), personne n'a relevé l'incantation que je me suis tuée à imaginer pour le rite de Shukaku ! TT Il était si pourri que ça, avouez ? Lol. Pour la forme, et au cas où ça intéresse quand même quelqu'un, je mets l'explication en bas ! Sur ce, bonne lecture à tous ! XD


Chapitre 4 : Abysse, la cité des démons

Pour Gaara, la notion de sommeil avait toujours été un mystère. Dès son plus jeune âge, il s'était interrogé sur cet état comateux dans lequel se plongeaient sa sœur, Yashamaru et les autres. Pourquoi restaient-ils allongés, immobiles ? Pourquoi semblaient-ils ne plus l'entendre, quand il leur parlait ? Cependant, la chose leur paraissait, à eux, tellement naturelle et évidente que, quand il les questionnait à ce sujet, il recevait toujours en retour des regards interloqués. Et les réponses étaient bien souvent vagues et hésitantes.

"Euh…Quand tu dors, tu sens rien…Et après, bah…Tu te réveilles." Avait bafouillé un petit Kankuro de sept ans, en le dévisageant derrière son manuel de marionnettiste, les sourcils froncés comme à son habitude.

"Pourquoi ? Est-ce que c'est agréable ?"

"Si je te dis que tu sens RIEN ! Tu t'endors, tu te réveilles et c'est le matin ! Point."

Les explications de Yashamaru avaient été plus complètes, bien qu'un peu plus ardues à comprendre.

"Quand tu dors, tu ne vois plus rien, n'entends plus rien, ne sens plus rien. Mais tu n'as pas peur, puisque tu ne penses plus à rien non plus."

"Alors…Pourquoi est-ce que les gens normaux dorment ?"

"Le sommeil est important : quand tu dors, ton cerveau trie tout ce que tu as fait pendant la journée, comme s'il les consignait dans un livre. A ton réveil, toutes ces choses te paraissent plus lointaines, et tu peux tout reprendre à zéro".

Grâce aux explications patientes de sa tante, il avait compris le principe. En théorie, du moins. Il n'était jamais réellement parvenu à se représenter ce trou noir quotidien. Une chose était sûre, malgré tout. On lui avait toujours décrit le fait de dormir comme une nécessité, naturelle et bénéfique à l'équilibre mental. C'est pourquoi il s'était toujours figuré cela comme quelque chose d'agréable.

Aussi en concluait-il que sa situation actuelle appartenait davantage au domaine du coma qu'à celui du sommeil. Ou alors, il devrait sérieusement revoir à la baisse son jugement sur le phénomène.

Il se sentait lourd, faible, et n'avait aucune idée de l'heure ou du jour. Sa tête tournait, et il avait mal au dos. Pourtant, il lui apparut rapidement que son état était nettement supérieur à ce qu'il aurait dû être. Tout d'abord, sa gorge ne le brûlait plus. Son sang ne semblait plus charrier la mort dans ses veines. Ensuite, si son niveau de chakra était toujours au plus bas, il recommençait déjà à se reformer, provoquant le long de ses méridiens un agréable picotement. En bref, il était en train de guérir.

Pour l'heure, il était encore trop las pour s'interroger, et il préféra considérer simplement qu'il s'agissait là d'une très bonne nouvelle.

D'après ses estimations, il se trouvait allongé sur le dos. Aucun lien n'entravait ses mouvements, manifestement. Il décida donc d'ouvrir les yeux. Inspecter les lieux serait judicieux, d'autant plus qu'il avait le vague souvenir que sa situation n'était pas des plus brillantes…Il était persuadé d'avoir la force de les rouvrir, et pourtant il sentit contre ses paupières une étrange résistance. Une sorte de croûte semblait lui recouvrir tout le visage. Intrigué, il porta la main à ses yeux, et rencontra effectivement une surface dure, qui dégageait une odeur forte et qui, heureusement, s'effritait au contact de ses doigts. Il la frotta énergiquement de ses deux mains, tout en se redressant. La surface était relativement épaisse, mais il en vint à bout sans trop de mal. Il put ainsi regarder autour de lui.

Il se rendit compte qu'il était en ce moment assis sur une table, au milieu d'une salle brillamment éclairée. Le meuble, de grande taille, avait été façonné sobrement dans un bois d'assez jolie couleur. De toute évidence, il n'était pas conçu pour accueillir un shinobi épuisé. Son estimation se trouva confirmée quand il aperçut le verre fracassé sur le sol, l'eau et les longues tiges aromatiques qu'il avait contenues répandus sur le parquet et à qui il avait, de toute évidence, pris la place habituelle.

La pièce dans laquelle il se trouvait était une salle de séjour ordinaire, bien qu'aux murs arrondis, avec peu de mobilier : mis à part la table, quelques chaises (presque toutes debout), un coffre ouvert rempli de rouleaux de tailles variées et une armoire toute aussi sobre. Quelques fenêtres sans rideau, plutôt grandes, permettaient aux rayons du soleil de se déverser librement dans la pièce. Certains détails prouvaient toutefois que celle-ci n'était pas aussi banale qu'elle aurait aimé le faire croire : par exemple, les coins dans lesquels s'amoncelaient des quantités de sable impressionnantes, qui s'agitaient parfois paresseusement. Et, bien entendu, la longue traînée sanglante qui partait de la porte à la table où Gaara demeurait figé, en s'attardant tout particulièrement sur la forme vaguement humaine écroulée sur le sol. Elle était tellement imbibée d'écarlate que le Kazekage mis du temps à la reconnaître : il s'agissait de Shukaku, allongé sur le côté, à même le sol, profondément endormi.

Interloqué, il resta un certain temps immobile à le dévisager. Pour autant qu'il pût en juger, le démon était toujours torse nu. Les trois symboles étranges étaient mêmeencore visibles : l'enfant, la protection et la vie, trois blessures qui paraissaient déjà cicatrisées. Les autres symboles, marqués par de simples égratignures, avaient entièrement disparus.

Il remarqua également un détail, auquel il n'avait pas fait attention jusqu'alors. Le tanuki portait sur lui une fine chaîne d'or, si longue qu'il avait dû l'enrouler deux fois autour de son cou. Elle était pourvue d'un pendentif, mais Gaara ne put l'examiner : la main du démon était crispée sur la chaîne, contre sa poitrine, abritant l'objet entre ses longs doigts.

Il y avait trop de questions à se poser pour y prêter attention dans l'immédiat. Il jugea préférable de se préoccuper de son propre état. Il sursauta en voyant ses bras, son torse et ses vêtements couverts d'une épaisse croûte vermeille, qui s'effritait partiellement à chacun de ses mouvements. Du sang séché. Le sang de Shukaku. Il pouvait également le sentir sur son visage.

Perplexe, il se laissa tomber à bas de la table et entreprit d'examiner l'intégralité de la maison. C'était un pavillon, de petite taille puisque apparemment, il se constituait en tout et pour tout de la salle de séjour, d'une chambre tout aussi peu meublée (un matelas flanqué à même le sol et une petite armoire), d'une salle de bains dont le carrelage était teinté d'une curieuse couleur vert bouteille et d'un escalier qui donnait sur une cave. De retour dans la pièce où gisait le démon, il remarqua qu'un kimono avait été jeté à la hâte sur une chaise. Un kimono de toute évidence trop petit pour convenir à un homme d'1m90 de haut…Gaara resta quelques instants totalement indécis puis, agacé, il renonça à s'interroger. On verrait bien plus tard.

Juste avant de retourner dans la salle d'eau, il repéra le dernier détail singulier de la salle. Un détail qu'il aurait probablement dû voir plus tôt, et qui provoqua un sinistre frisson le long de sa colonne vertébrale.

Face à la porte d'entrée, de façon à ce qu'il fût impossible de ne pas la voir en pénétrant dans la maison, une feuille de parchemin avait été fichée contre le mur par un kunaï. Sur ce parchemin étaient transcrits ces vers, d'une écriture noble, parfaitement lisible :

Je jure de tout protéger

Et je jure de guérir

Je le jure sur mon sang

Je jure de périr

Et jure de tuer

Je le jure sur le démon que je suis

Je jure d'oublier

Et jure de détruire

Je le jure sur ma haine

Je jure d'oublier

Mon humanité si ancienne

Je le jure sur mon ressentiment

Et sur le démon que je suis

L'eau chaude lui fit le plus grand bien, et acheva de le réveiller. Il ne se préoccupa même pas du léger inconvénient de la cabine de douche, qui ne semblait pouvoir délivrer que deux températures : glaciale ou brûlante, selon les goûts. Il y resta même plus longtemps qu'il ne l'avait prévu, le temps de se débarrasser de l'inconcevable quantité de sang séché qui le recouvrait. Sous les giclées d'eau chaude, les plaques rouge sombre redevenaient liquides et dégoulinaient par litres entiers, laissant de nouveau échapper leur odeur âcre. Il lui fallut vingt bonnes minutes pour se retrouver enfin propre.

Heureusement pour lui, le vêtement laissé à son intention était d'une taille convenable. C'était un petit kimono blanc, assez semblable à celui que portait Shukaku. Alors qu'il resserrait la ceinture de toile qui le fermait et enfilait ses sandales, un grognement provenant de l'autre pièce lui rappela où il se trouvait. Ou plutôt, il lui rappela qu'il n'avait strictement aucune idée de l'endroit où il se trouvait. Ni de ce qui s'était passé depuis son premier évanouissement. Ni de la raison pour laquelle son démon ne l'avait pas dévoré. Ni de pourquoi il arborait cette apparence humaine. En fait, il était complètement perdu. Mais il redoutait d'entendre des explications.

Il inspira profondément, puis il ouvrit la porte et pénétra dans la salle de séjour.

Shukaku était assis sur le sol, l'air encore un peu ensommeillé. Il entreprenait manifestement de remuer une à une chacune de ses articulations, faisant s'effriter ses plaques sanglantes dans un concert de craquements. Il considéra avec ennui le verre fracassé, non loin de lui.

"Et meeerde, soupira-t-il, les plantes aromatiques sont bonnes pour la poubelle."

Il se redressa lourdement et tituba quelques instants. Apparemment, sa brutale perte de sang l'avait laissé à bout de forces. Son regard tomba alors sur Gaara, qui l'observait avec une certaine méfiance, gardant entre lui et son démon une distance prudente.

"Yo gamin. T'es réveillé, on dirait."

"Qu'est-ce que…Commença ledit gamin."

"Oh ! Stop, stop stop ! Coupa-t-il aussitôt. Pour ta gouverne, je suis crevé et je suis crade. Les questions et autres trucs chiants, pas maintenant, merci ! Attends au moins que je me sois enlevé tout ça."

Trop surpris pour réagir, Gaara le laissa s'enfermer dans la salle d'eau. Au bout de quelques instants, il soupira et se laissa tomber sur une chaise, la tête entre les mains. S'il n'était pas fâché d'être enfin éveillé, la situation n'avait pas que des avantages…Pour commencer, ses questionnements le harcelaient maintenant sans relâche, et une vague de souffrance s'emparait de lui. Non pas la vive douleur physique, à laquelle il était désormais plus ou moins accoutumé, mais une affreuse blessure morale, infiniment plus cruelle.

Pourquoi, pourquoi, pourquoi, pourquoi ?

Pourquoi avait-il échoué dans sa tentative de gagner la reconnaissance des autres ? Pourquoi, si d'autres demi-démons avaient réussi avant lui ? Pourquoi n'avait-il pas été dévoré ? Pourquoi était-il en ce lieu inconnu ? Pourquoi l'avait-on trahi ? Pourquoi Baki-sensei ? Et pourquoi…

Il crispa les doigts sur son crâne. Non…Sa dernière question lui échappait. Pourtant, il avait la sensation qu'il s'agissait d'un « pourquoi » capital…Quelque chose…Mais il n'arrivait pas à se souvenir.

Complètement abattu, ce fut à peine s'il leva les yeux aux sons de la porte qui percutait le mur avec fracas en s'ouvrant, et le hurlement suraigu du démon.

"HEY GAMIN ! Clama-t-il avec entrain, de toute évidence à nouveau en pleine possession de ses capacités pulmonaires. On a pompé toute l'eau chaude ! Ca fout vraiment la zone jusqu'au bout, ce sortilège !"

Il interrompit son joyeux monologue en apercevant son hôte, effondré sur une chaise, la tête courbée, totalement écrasé par son propre fardeau mental. Gaara entendit le tanuki s'approcher et s'accroupir devant lui, sentit deux doigts se poser sur son front et lui relever la tête. Il se retrouva face à deux losanges dorés, cernés de deux prunelles noires qui le scrutaient avec curiosité. Le démon portait à présent un autre kimono, bleu nuit celui-ci, qui lui permettait une grande liberté de mouvement et laissait nus ses avant-bras.

"Eh ben ? Interrogea-t-il. Tu sens toujours le poison, ou quoi ?"

Le Kazekage se contenta d'hocher lentement la tête en signe de dénégation. Il prit son courage à deux mains, et décida de poser dèsà présentles questions qui le torturaient. Ce n'était pas tant son interlocuteur qui l'effrayait, mais plutôt les réponses qu'il allait peut-être lui fournir.

"Tu es bien Shukaku ?" Commença-t-il enfin, d'une voix qu'il parvint à maintenir calme.

"Ouais."

"L'esprit du sable, le démon tanuki ?"

"Ouais."

"Celui que l'on a scellé en moi à ma naissance ? Qui a fait de moi une créature, une relique du passé haïe de tous ?"

"Ouais."

"Celui qui a dévoré tous ses hôtes avant moi ? Qui a provoqué trop de massacres pour qu'on puisse les compter ?"

"Ouais…"

"Celui qui a tué ma mère ? Sa voix s'était mise à trembler."

"Hey ! Vas-y mollo, gamin ! Se récria-t-il brusquement. Il secoua son épaisse queue de cheval avec agacement. Shukaku a fait ci, Shukaku a fait ça ! Shukaku a buté la veuve et l'orphelin ! Shukaku a fait rappliquer les tempêtes de sable, la peste et les sauterelles ! Je veux bien que tu m'accuses, mais viens pas me ficher tous les maux du monde sur le dos, quand même !"

Ce brutal mouvement d'humeur stoppa Gaara dans son élan, et il dévisagea avec incrédulité le démon, qui continuait de balancer la tête d'un côté et de l'autre avec dédain. Que voulait-il dire ? C'était pourtant bien lui qui…

"Vous voulez dire…que…" Hasarda-t-il, soudainement envahi par un terrible doute.

"C'est pas moi qui aie buté ta mère, nope. Répliqua l'autre. Ni toi, pour ce que j'en sais…"

"Mais…pourtant…"

"Bah elle a clamsé, ouais. C'est comme ça, les humains. Ca crève, on sait pas trop pourquoi…"

Il haussa les épaules et s'étira, la mine songeuse.

"Elle avait pas l'air franchement malade, pourtant. En principe, on a pas besoin de sacrifice, avec un sort de possession. Et elle avait pas trop l'air d'être sur le point de crever…Enfin, va savoir."

"Elle serait morte…naturellement ?"

"Faut croire."

Gaara resta silencieux un long moment, choqué par cette brutale révélation. Il ne savait s'il devait se sentir soulagé ou furieux, à cette perspective. Il se sentait simplement confus et triste, blessé par les souvenirs qui lui revenaient en mémoire. Ca ne collait pas…Yashamaru lui avait dit que sa mère avait été sacrifiée pour le village du sable ! Et elle le savait, sinon elle n'aurait pas prononcé cette malédiction…Ou alors, c'était ce qu'on leur avait fait croire, à toutes les deux ? A tout le village ? Mais pourquoi ?

Pas un seul instant, il ne songea à mettre en doute la parole de Shukaku. Gaara avait toujours été incapable de prononcer de véritables mensonges, l'idée ne l'avait même jamais effleuré. On lui avait dit que son proche contact avec son démon en était la cause.

"Les démons ne peuvent mentir. Lui avait-on expliqué. Ils en sont tout simplement incapables, comme certains ninjas ne peuvent apprendre le Ninjutsu. Et il en va de même pour toi, le possédé."

Le jeune shinobi secoua la tête. S'il laissait ses réflexions prendre le dessus, il ne s'en sortirait jamais. Et il avait bien d'autres choses à éclaircir…

"Ce…sortilège que tu as utilisé tout à l'heure…Reprit-il donc. De quoi s'agissait-il ?"

"Bah, ça se voit, non ? Un rite de soin."

Et, voyant que son hôte demeurait perplexe, il reprit :

"Le sang d'un démon contient certains pouvoirs. Comme des capacités guérisseuses, si on l'utilise correctement. Après, faut des sortilèges, des incantations et d'autres trucs un peu casse-pieds, mais en gros c'est surtout le sang qui se tape tout le boulot…"

"Mais il n'y a pas d'effets secondaires ?" Insista Gaara avec méfiance.

Il ne comprenait pas. Pourquoi le démon tanuki lui avait-il sacrifié une telle quantité de son propre sang ? Tout de même pas dans le but désintéressé de lui sauver la vie ! Avait-il quelque chose derrière la tête ?

"Oh si ! Soupira l'intéressé en regardant autour de lui avec lassitude. Déjà d'une, ça te salope tes fringues ! Ca prendra au moins trois siècles pour partir complètement, tout ce sang. En plus, maintenant, je suis bon pour aller récurer le sol d'ici jusqu'au temple ! Un vrai merdier, ce sortilège ! Encore heureux qu'il soit efficace…"

La réponse le désarçonna quelque peu, mais il continua tout de même. Sa prochaine interrogation n'était pas dénuée d'importance.

"Où sommes-nous ?"

Pour une raison ou pour une autre, la question plut énormément à Shukaku. Il poussa un glapissement joyeux, obligeant son hôte à reculer sur sa chaise pour se protéger de l'agression sonore. Puis, sans crier garde, il le saisit par le col de son kimono comme s'il s'était agi d'un chaton et l'entraîna vers une fenêtre, qu'il ouvrit non sans un claquement retentissant.

"Ouvre grand les yeux, gamin ! Claironna-t-il. Bienvenu à Abysse, la cité des démons !"

Gaara n'émit aucun son, soufflé par le décor qui s'étendait sous ses yeux.

Autour de la maison, il y avait un petit jardin, qui contenait en tout et pour tout un ou deux jeunes arbres, une vasque pleine d'eau et une herbe folle qui poussait à peu près n'importe comment. Il y avait également quelque chose qui avait dû être un rocher, du temps où il était encore entier. Mais ce n'était pas le plus étonnant, loin de là.

Tout autour, d'autres habitations entourées de jardins de tailles restreintes, sans haie ni clôture, s'éparpillaient de tous côtés sans aucun ordre logique. Très variées, elles étaient aussi nombreuses qu'étonnantes : certaines étaient rondes, comme celle de Shukaku, d'autres se constituaient d'un simple pavé de couleur vive. Il y en avait en forme de pyramides, d'igloos de pierre, de minuscules maisons aux toits pointus. Les habitations mises à part, on pouvait également voir une foule d'autres bâtiments plus ou moins haut, de formes toutes aussi curieuses et dont la fonction demeurait un mystère. En bref, les constructions formaient un fouillis fort original, coupé parfois par un grand parc ou un terrain sportif, relié de toutes parts par de larges sentiers pavés.

Les sentiers…C'était peut-être le plus époustouflant. Il y en avait partout, qui zigzaguaient allègrement de maison en maison, en contournaient quelques-unes unes, formaient brusquement une boucle, parfois plusieurs d'affilé. Sur certains bâtiments étaient fixées de solides passerelles de bois et de cordes, qui traçaient un véritable dédale aérien. Les chemins s'entrecroisaient, se chevauchaient et bifurquaient avec fantaisie, rejoignaient parfois le sol et quelque fois les toits. Certaines allaient jusqu'à former des vagues, des loopings et des vrilles dans le vide. Sur les plus hauts bâtiments, il y avait même des sentiers qui sillonnaient les façades en reliant les fenêtres entre elles, zigzaguant à la verticale.

La rue était loin d'être déserte. Les chemins étaient encombrés d'un grand nombre de shinobis, qui galopaient d'un bâtiment à l'autre, où au contraire flânaient sans but. Ils étaient nombreux, sans pour autant former une foule. On pouvait aisément distinguer que chaque individu avait ses propres caractères singuliers : des vêtements fantaisistes, des cheveux colorés et curieusement coiffés, des visages peints ou arborant de minuscules détails inhumains. Ils étaient tous de tailles, d'âges et de couleurs différents, mais une chose était sûre : tous étaient des démons.

"Pas mal, non ?" Reprit Shukaku avec fierté.

Gaara recula, désarçonné par le spectacle, sous ses yeux. Ce lieu était si étrange ! Où pouvait-il bien se situer ? Et pourquoi était-il peuplé de démons ? Il n'avait encore jamais entendu parler d'un tel endroit…

"Pourquoi cette apparence humaine ?" Demanda-t-il finalement.

La question sembla surprendre l'interpellé. Il répondit en haussant les épaules :

"Bah, il faut bien qu'on la récupère à un moment ou à un autre ! Tu nous vois bricoler des baraques assez grandes pour nos apparences d'animaux ? On est pas des masos, non plus !"

"Mais…Vous n'êtes pas humains…"

"On l'est plus, nan. Mais on se débarrasse pas facilement de sa véritable apparence, gamin."

"Tu…S'exclama Gaara. Tu veux dire que vous avez tous été…Des humains ?"

"Ouais, ouais…marmonna le tanuki en s'étirant. Bon, c'est pas tout ça, mais va falloir que j'aille faire ma livraison à Satan, moi. Déjà que je suis pas franchement en avance…Si je traîne, je vais encore me faire gronder !"

Curieusement, sa remarque provoqua chez lui un brusque accès d'hilarité. Il dut s'appuyer à la table pour s'empêcher de s'écrouler par terre, en attendant que sa crise ne se termine. Après quoi, il sortit de son kimono la petite fiole qu'il avait auparavant présentée au démon-chien, Cerbère. Il l'examina quelques instants, comme pour s'assurer qu'elle n'avait subi aucun dommage. Apparemment satisfait, il la rangea de nouveau et se dirigea vers la porte. C'est seulement à ce moment qu'il parut se souvenir de la présence de son hôte. Il se tourna vers lui et l'observa un bon moment avec circonspection, son expression affichant clairement un « Mais qu'est-ce que je vais faire de toi, gamin ? ».

"Mouais. Dit-il finalement. A tous les coups, si je te laisse tout seul, tu vas te faire dévorer par quelqu'un…T'as qu'à venir avec moi ! Je t'expliquerai tout ça en chemin !"

Et, voyant que Gaara hésitait à le suivre :

"Allez gamin, du nerf ! Satan-sama n'aime pas attendre !"

Secoué par un inexplicable fou rire, il quitta en trombe sa demeure, entraînant le jeune ninja derrière lui.

La journée était belle, le ciel sans nuage éclairé par un soleil éclatant. Shukaku allait d'un pas vif au milieu du dédale de sentiers, sans prêter aucune attention aux autres démons, de sorte que son hôte devait souvent se mettre à trottiner pour éviter de se laisser distancer. Celui-ci se sentait quelque peu mal à l'aise, au milieu de tous ces êtres démoniaques qui déambulaient sans paraître se rendre compte de sa présence. Curieusement, la présence de Shukaku le rassurait, comme s'il constituait une protection entre lui et les autres démons.

-Abysse est un village ancien. Expliquait-il tout en marchant. Il y a près de vingt-mille ans, six humains sont nés avec des caractéristiques anormaux, dont une quantité de chakra terrifiante. On a appelé ce truc la « Marque du Diable », beaucoup plus tard. Ils étaient pas si différents, finalement. Plus puissants, un peu bizarres et c'est tout. Pourtant, les humains ont eu peur d'eux. Leur chakra était illimité et ça, ils arrivaient pas à le comprendre. On les a considérés comme des monstres et nommés en conséquence : Cerbère, Sphinx, Hydre, Chimère, Kraken et Satan, dont la puissance était inégalée. On a essayé de les buter, on leur a pourri la vie de toutes les manières possibles et imaginables. Ils étaient trop puissants pour que de faibles humains en viennent à bout. Mais les humains sont nombreux, et persévérants.

« A un moment donné, ils se sont rencontrés et ont proclamé leur haine, leur ressentiment. Ils ont combiné leurs pouvoirs pour se créer des apparences de monstre et ainsi rompre avec leur statut d'humains. Ils ont créé Abysse, et l'ont scellée pour que seuls les humains marqués par le Diable puissent en trouver le chemin. Abysse stagne dans un monde parallèle, qui nous permet de nous rassembler et de reprendre notre véritable apparence sans risquer de voir des meutes d'humains nous tomber dessus. Après, d'autres sont nés marqués par le Diable, et la ville s'est peuplée, peu à peu.

« Satan est l'ultime être démoniaque et le chef d'Abysse. C'est grâce à son chakra que la cité reste introuvable pour les humains. Avec les cinq autres, ils sont les six démons Fondateurs, le sommet de la hiérarchie démoniaque. Notre pouvoir grandit avec l'âge. Avec nos mille ans, on obtient de nouvelles capacités, et notre chakra se personnalise. On devient un démon Millénaire. A partir de dix-mille ans, on devient encore plus fort, et on est reconnu comme Illustre démon. Notre incapacité de mentir se transforme même en atout : Les Illustres peuvent pas dire de mensonges. Si ce qu'ils s'apprêtent à dire, ou même ce qu'ils pensent est faux, ils le savent tout de suite. Ils peuvent découvrir pratiquement tout ce qu'ils veulent sur leurs adversaires, deviner le passé et même entrevoir l'avenir. Ca doit prendre un peu la tête, mais c'est pratique. Tous les autres sont des démons Secondaires. Je suis un démon Millénaire depuis plus de deux siècles ! Termina-t-il en relevant fièrement la tête.

Il éclata de rire en s'apercevant que son hôte s'était figé de stupeur.

"Surpris, gamin ?"

"Je…Hésita celui-ci. J'ignorais que les Bijuus étaient si anciens…"

"Les Bijuus ? Répéta Shukaku avec incrédulité. Qu'est-ce que ces rigolos viennent faire là-dedans ?"

"Si toi, Ichibi, le plus faible des Bijuus, tu es un démon Millénaire…Et si les démons se renforcent au fil des siècles…Kyuubi est donc un Illustre démon ?"

L'autre resta silencieux un bon moment, en clignant des yeux d'un air totalement ahuri. Et puis vint le déchaînement. Il poussa à l'improviste un hurlement strident, suraigu, insupportable. Il tomba à genoux, et Gaara put voir qu'il était pratiquement mort de rire.

"K…Kyuubi, un Ill…Articula-t-il péniblement. Je…Le plus…faible des…GYAH HAHAHA ! TROP FORT ! TROP FORT !"

Il dut rester plusieurs minutes prostré sur le sol, suffoquant presque dans ses efforts pour calmer son fou rire. Gaara s'était prudemment approché et attendait la suite, totalement dépassé par les réactions du démon.

"Eh ben ! Haleta-t-il finalement, tout en essuyant les quelques larmes qu'il avait sur le coin des yeux. Il m'aura vraiment collé aux plantes jusqu'à la fin, ce crétin de pseudonyme !"

Il se tourna vers son hôte et lui adressa un sourire éclatant.

"A ton avis gamin, que signifie « Bijuu » ?"

"Ce sont les démons à queues…" Répondit celui-ci avec une certaine méfiance.

"TOUT JUSTE ! Alors tu serais sympa de pas m'appeler Ichibi, je peux plus sacquer ce nom de niais. Et je veux surtout pas qu'on me mélange avec cette bande de joyeux lurons qui ont rien d'autre à foutre que d'aller faire les marioles à Portnawakland ! Ils me font marrer, ces bouffons, mais sans plus."

"Mais tu es bien Ichibi, le démon à une queue !" Protesta Gaara.

"Mais vous êtes tous cons, vous les humains, ou vous le faites exprès ? On vous dit que les Bijuus sont des démons à PLUSIEURS queues et moi, parce que j'en ai une, sois disant je fais partie de leur cirque ! Faut que je me rase la tête, pour qu'on me foute la paix ?"

Le jeune shinobi demeura interloqué. Qu'est-ce que cela signifiait, encore ?

"Donc…Tu n'es pas l'un des Bijuus ? Reprit-il enfin. Alors pourquoi…Tout le monde a observé que tu avais les mêmes capacités qu'eux, mais que tu étais moins puissant !"

"Déjà d'une : les mêmes capacités qu'eux, tout le monde les a ! Ces abrutis n'ont que les pouvoirs primaires des démons. Ensuite, je suis largement plus fort qu'eux ! J'utilise pas la totalité de mes capacités, c'est tout. Faut arrêter de gagatiser sur ce gang improvisé, gamin : les Bijuus sont huit démons Secondaires un peu fêlés, pour pas dire complètement mabouls. Ils ont fait leur propre petite hiérarchie au sein d'Abysse, et ils se distinguent par leur nombre de queues de cheval ! Kyuubi est le plus âgé d'entre eux, du coup il crâne à mort avec ses neuf queues ratatinées, mais c'est tout juste s'il a cinq cent ans ! Leur passe-temps préféré, c'est foutre la zone chez les humains ! Pour ce que j'en sais, ils sont toujours pas revenus de leur dernière escapade. P'têt qu'ils se sont tous fait sceller. En tous cas, ils nous font bien marrer avec leurs bêtises, chez nous !

"Si tu es si fort…Interrogea encore Gaara, surpris par le peu de notoriété dont jouissaient les célèbres Bijuus. Pourquoi as-tu si peu déployé tes pouvoirs, contre Naruto ? Et avant, à toutes les occasions où les humains ont voulu se servir de toi ?"

"Oh, ça…Par flemme, disons. J'aime pas trop me lâcher les cheveux, ça me fatigue. Dit-il d'un ton détaché, en triturant une mèche de son épaisse toison. Allez, assez glandé, on repart !"

Il se redressa d'un bond et se mit à galoper droit devant lui. Gaara se vit dans l'obligation de se lancer à sa poursuite au pas de course pour éviter de le perdre complètement. Il fut tellement absorbé par son démarrage en trombe qu'il en oublia d'interroger Shukaku sur la signification de sa phrase mystérieuse.

La suite du voyage se déroula plus silencieusement, en grande partie parce que le jeune shinobi était trop concentré sur sa laborieuse poursuite pour parler. Pourtant, il y avait encore une question qu'il devait soumettre à Shukaku. La plus impérative, peut-être, et il se maudissait de ne l'avoir posée plus tôt. Il accéléra encore le pas pour arriver à sa hauteur. Il inspira profondément, mais aucun son ne franchit ses lèvres. C'était plus compliqué qu'il ne l'aurait cru. Pourquoi ? Parce qu'il craignait la réponse ? Parce qu'il ne semblait pas y avoir de raison possible ?

"Shukaku…Dit-il enfin. Quand je me suis évanoui, pourquoi ne m'as-tu pas dévoré ? Et pourquoi as-tu utilisé ce sortilège pour me sauver la vie ?"

C'est cet instant précis que choisit l'interpellé pour s'exclamer d'une voix ravie :

"On y est, gamin ! C'est ici que siège Satan, le chef des démons !"

Gaara releva la tête, et ne put retenir une exclamation de surprise devant l'époustouflante majesté du bâtiment.

Pour autant qu'il avait pu en juger, ils étaient arrivés au centre de la cité. Toutes les routes semblaient converger vers le palais. Trônant sur une colline, il devait dominer la ville entière.

C'était une titanesque construction de pierre noire, un véritable dragon d'ébène. Le sommet était hérissé de tours anguleuses. Une porte à double-battants se dressait devant eux, démesurée, décorée de fils d'argent entrelacés, qui semblaient les défier de pénétrer dans le palais. Curieusement, la plus haute tour, au centre, ne se terminait pas en pointe effilée, mais en une gigantesque coupe de marbre, à l'intérieur de laquelle tournait une sphère de chakra de taille semblable. C'était probablement ce chakra qui permettait à Abysse de demeurer introuvable.

Sur deux façades de cette étonnante construction, d'immenses sculptures les dardaient de leurs regards vides, encadrant la porte d'entrée. D'un côté et de l'autre, on pouvait voir un chien à trois têtes bavant férocement entre ses canines d'ébène, une chimère à la bouche emplie de flammes, un sphinx au regard fixe et écrasant, un dragon dont les multiples têtes semblaient surveiller les alentours dans toutes les directions, et une monstrueuse créature marine, dotée de centaines de tentacules. Au-dessus de la porte se tenait une sixième créature, qui fixait froidement les visiteurs. Drapée d'ombre, celle-ci, il était impossible de la distinguer clairement. Il s'agissait de toute évidence d'un oiseau au bec démesuré, mais on ne pouvait distinguer son espèce exacte.

Ce dragon de roc ramena brutalement Gaara a la réalité, et il dut réprimer un frisson d'inquiétude. Il allait rencontrer le seigneur des démons, Satan. Comment allait-il réagir, le voyant ? N'était-il pas un intrus, lui, le possédé ? N'allait-on pas décider de le détruire ?

« Du calme…Songea-t-il. Si puissant soit-il, il a déjà été humain. On verra bien ce qui se passera. » Et il redevint impassible.

Sans une once d'hésitation, Shukaku repoussa les lourds battants de bois massif et s'engagea dans le domaine de Satan, son hôte à sa suite. Les pieds nus du démon étaient toujours aussi silencieux quand il se déplaçait. Les sandales de Gaara, en revanche, faisaient résonner chacun de ses pas sur le sol de marbre, rythmant leur progression d'un son funèbre et lancinant. La pièce était longue et immense, aussi noire qu'à l'extérieur, et totalement vide. Quelques fenêtres, hautes et fines, projetaient de pâles rayons de lumière autour d'eux. Loin devant, au bout de la salle, se dessinait un vaste piédestal, au centre duquel était monté un trône de roche, vide. Il était immense, trop grand même pour Shukaku, avec son dossier haut d'au moins trois mètres et ses accoudoirs surmontés de mains griffues.

Ils arrivèrent face au piédestal. Là, le démon regarda quelques instants autour de lui, comme s'il cherchait à vérifier que personne ne se dissimulait derrière le trône. Après quoi, il mit ses mains en porte-voix devant son visage et cria, son appel se répercutant contre les murs de pierre :

"HEY PICUS ! JE REVIENS DE MISSION !"

"ARRÊTE DE M'APPELER PICUS !" Glapit en retour une petite voix aiguë.

Le seigneur Satan, l'ultime démon maître d'Abysse, s'était téléporté sur le trône. Il se tenait bien droit, les bras croisés. En fait, il n'avait pas vraiment le choix : il lui aurait été parfaitement impossible d'atteindre les gigantesques accoudoirs, étant donné qu'il ne devait pas mesurer plus d'1m40. Assis au fond du vaste siège, il ne parvenait même pas à plier les jambes et devait les garder tendues devant lui. D'ailleurs, parler d' « ultime démon » se révélait être tout à fait erroné. Il aurait été plus correct de dire « ultime démone ».

Satan était une petite fille à la peau sombre et aux membres frêles. Elle avait un visage fin, avec un petit nez et deux grands yeux sombres. Elle était même assez mignonne, bien qu'elle affichât en permanence une mine boudeuse. Ses cheveux étaient fort étranges : noirs aux reflets multicolores, ils étaient très longs et dressés derrière sa tête comme une coiffe incurvée. Elle portait, outre une petite robe bleu ciel lui arrivant à mi-mollets, un large manteau ouvert dont les couleurs chatoyantes ondulaient et se modifiaient à chacun de ses mouvements. Elle ne devait pas avoir plus de onze ans.

"Tu as dit que tu arriverais beaucoup plus tôt ! Reprit-elle de sa petite voix. C'est toi qui l'as dit ! ET ARRÊTE DE RIGOLER !"

En effet, la vue de sa maîtresse avait manifestement plongé Shukaku dans un état d'hilarité impressionnant.

"J'ai été retardé ! Répondit-il, rayonnant, son sourire tout de même un peu crispé par son mal de côte. Et c'est pas forcément facile à trouver, ces trucs-là."

Il tira de son kimono sa minuscule fiole, tout en commentant :

"De l'essence vitale. Celle du désert est la plus précieuse, mais aussi la plus rare. Ca devrait permettre de maintenir ton sortilège pendant encore deux millénaires."

A la vue de l'objet, Satan poussa une exclamation de joie et battit des mains. Elle parvint tout de même à reprendre son sérieux, et tendit la main en commandant :

"Donne."

Le démon tanuki s'exécuta après s'être profondément incliné, sans toutefois se départir de son air joyeux et détendu. La petite fille secoua le récipient devant son visage, agitant le liquide qu'il contenait. Son visage s'éclaira d'un sourire satisfait. Elle se tourna de nouveau vers Shukaku, et s'adressa à lui de la voix la plus théâtrale qu'elle était capable d'émettre :

"Tu as fait du bon travail, Shukaku. Je t'annonce qu'en tant que démon vieux de 1264 ans, tu es officiellement admis dans la classe supérieure de notre hiérarchie ! Sois désormais Shukaku le Millénaire !"

"C'est trop d'honneur, Satan-sama." Répliqua l'intéressé d'une voix étouffée.

L'émotion était peut-être la cause du timbre de sa voix, à moins qu'il ne s'agît du fou rire qu'il s'efforçait de réprimer depuis que le seigneur d'Abysse avait pris la parole.

Si c'était bien le cas, ledit seigneur n'y prêta aucune attention. Elle venait de remarquer la présence de Gaara, qui jusque là s'était tenu en retrait, impassible comme il l'était toujours en pareil circonstance. Elle sauta immédiatement de son trône et gambada vers lui, le considérant avec curiosité.

"Ooooh…S'exclama-t-elle, l'examinant sous toutes les coutures. Mais c'est un humain ! Dis, Shukaku, c'est qui ? Hein ? Et pourquoi tu l'as amené ?"

"C'est mon hôte, répondit le démon, il a eu quelques ennuis chez lui, alors je l'ai amené ici. Comme je le possède, il peut pas mentir."

"Woah ! Comme nous, alors ! Dis, tu t'appelles comment ?"

Le jeune shinobi hésita quelques instants, mais le regard enfantin posé sur lui était dépourvu de toute malveillance. Aussi se décida-t-il à répondre :

"Gaara…Gaara du désert."

"Gaara ! Répéta-t-elle joyeusement. Gaara, ça ressemble à un prénom de démon ! En plus, t'as presque plus de chakra, en toi. Tu as été attaqué ?"

Il demeura silencieux, les poings soudain serrés. Non…Il ne pouvait pas dire cela…Pas à haute voix. Il commençait tout juste à supporter d'y penser, et non sans souffrance. Il ne pouvait le dire tout haut !

"On l'a trompé…Hasarda Shukaku. Tu sais, des mensonges…des trucs d'humains."

"Oh…Alors, ils t'ont chassé ? Tu es tout seul ?"

Elle ne disait probablement pas cela dans le but de le blesser. Mais cela ne calmait en rien les profondes déchirures que provoquaient ces sentences, prononcées par la voix fluette. Seul…Malgré tous ces efforts, il se retrouvait de nouveau seul…Une fois de plus, il avait tout perdu, à cause de ce qu'il était. Ses poings se crispèrent encore davantage, à tel point qu'il sentit le sable crisser sous ses doigts pour l'empêcher d'entailler ses paumes. Très lentement, il hocha la tête. Une seule fois.

Il sentit alors une large main se poser sur son épaule, et en levant les yeux, il constata avec stupéfaction qu'il s'agissait de celle de Shukaku.

"Tu as une idée derrière la tête ? Demanda-t-il, interrompant ainsi les questionnements de la démone. Tu sais, comme nos chakras sont mélangés…"

"Il pourrait devenir un démon ! Acheva la petite fille, battant des mains de joie. Comme ça, tu pourrais rester à Abysse, Gaara !"

Elle fit une courte pause, le temps de prendre son inspiration, et déclama :

"En tant que démon Fondateur et maîtresse d'Abysse, je t'autorise à devenir l'un d'entre nous, si tel est ton désir, ainsi qu'à bénéficier de la protection des murs de notre cité !"

Shukaku applaudit bruyamment. Son sourire hilare était réapparu sur ses lèvres.

"Très beau texte ! Apprécia-t-il. Cerbère t'a aidée ?"

"Non, je l'ai trouvé toute seule ! Dit Satan en se haussant avec fierté. Sphinx m'a juste aidée à le corriger ! Il m'a dit qu'il était très joli !"

Brusquement, elle se tourna vers le tanuki, et le regarda avec un sourire mystérieux.

"Dis, Shukaku ! Tu as oublié quelque chose, pour moi !" Reprit-elle en agitant les mains, pleine d'espoir.

"Hm ? Quoi donc ?" Répondit celui-ci d'un ton faussement surpris.

"Tu as promis ! Protesta-t-elle. Tu as dis que tu m'en ramènerais une de chez les humains ! C'est toi qui as dit ça !"

Et, voyant que les yeux de la fillette s'étaient soudain faits larmoyants, il éclata de rire et replongea sa main dans une manche de son kimono. Il en tira une minuscule boîte de verre, à l'intérieur de laquelle s'agitait une petite chose noire.

"Hey, du calme Picus ! Ria-t-il en exhibant son trophée. J'oublie pas mes promesses si facilement : voilà ton cadeau !"

Une expression de pur ravissement apparut aussitôt sur le visage du seigneur des démons, qui se précipita vivement sur son subordonné avec de petits cris de joie et enserra ses genoux entre ses bras frêles. Gaara eut la vague impression de voir un oncle jouant à taquiner sa petite fille. Il ne s'attendait pas exactement à ce genre de rapports entre son démon et la maîtresse d'Abysse.

Satan s'empara de la boîte et l'ouvrit avec des gestes précipités.

"Une fourmi ! Une fourmi !" Répétait-elle avec allégresse.

Ses exclamations joyeuses redoublèrent quand la petite bête affolée s'échappa de la boîte et commença à cavaler sur ses mains et avants-bras. Elle se mit à rire aux éclats, avec au moins autant d'enthousiasme que Shukaku.

"Ca vit pas longtemps, une fourmi…" Dit-elle au bout d'un moment, d'un ton désolé.

Le tanuki haussa les épaules.

"Nan, mais elles sont nombreuses, ça compense."

La fillette considéra un moment l'insignifiante créature qui continuait ses galopades, complètement ignorante de l'immense honneur qu'elle avait d'escalader le seigneur des démons.

"Un peu comme les humains, alors ?"

La remarque sembla amuser le démon, qui répliqua joyeusement :

"Ouais, c'est ça ! Les humains et les fourmis, c'est kif-kif !"

Il passa brusquement sa main dans les cheveux bizarrement coiffés de la minuscule démone.

"Va falloir que j'y aille ! Essaie de pas rendre la vie trop impossible à Sphinx, Picus !"

La seconde d'après, Gaara s'était fait saisir le bras par un Shukaku hilare, et se faisait entraîner hors du palais démoniaque à une vitesse qui aurait fait pâlir d'envie un Hokage, poursuivi par les glapissements furibonds de Satan :

"ARRÊTE DE M'APPELER PICUS ! MECHANT !"

Arrivé dehors, le démon tanuki s'effondra sur le sol, les épaules secouées par un fou rire incontrôlable, les deux mains crispées sur ses côtes.

"Toutes mes excuses, Satan-sama !" Hoqueta-t-il en direction de l'entrée, bien que son interlocuteur ne pût probablement plus l'entendre.

Il resta avachi un long moment encore, à s'efforcer de respirer profondément pour se calmer. Après plusieurs minutes d'efforts intensifs, il se redressa et se tourna vers Gaara, lui adressant un sourire rayonnant :

"Voilà gamin ! Aujourd'hui, t'auras rencontré le seigneur d'Abysse ! Sympathique, n'est-ce pas ?"

"Satan…Répondit celui-ci en désignant d'un geste vague la statue d'ébène qui les toisait, au-dessus de la porte. Quel oiseau est-elle ?"

"J'espérais que tu poserais la question ! Picus est un toucan toco ! Surpris ?"

La mine ahurie de son hôte sembla lui fournir la réponse qu'il attendait, car il se remit en marche avant que celui-ci n'ait pu proférer un son.


"Shukaku…Appela faiblement Gaara, alors qu'ils marchaient depuis près d'une heure."

"Ouais ?"

"Toi et Satan…Vous avez dit que je pourrais…"

"Devenir un démon ? Bien sûr, pas de problème ! C'est pas compliqué, tu sais !"

Le jeune shinobi sentit son cœur se serrer. La proposition était généreuse, il ne pouvait le nier, mais l'idée de se transformer définitivement en monstre l'emplissait d'une sourde souffrance. Renoncer…définitivement. Renoncer à jamais à la reconnaissance de ses semblables. Mais…Si eux continuaient de le trahir, de le détester ? S'ils refusaient sa présence ? Être un démon n'était-il pas préférable, plutôt que de demeurer seul ?

"Comment…Peut-on devenir un démon ? Hésita-t-il."

Il lui semblait qu'il délibérait du déroulement de ses propres funérailles.

"Facile ! Répliqua l'autre. Il y a quelques âneries, des cérémonials et autres trucs soûlants. Mais, en gros, il suffit de prononcer le Serment !"

"Le serment ?"

"Ouais. Celui qui a été écrit par Sphinx, il y a vingt mille ans. Tien, regarde !"

Ils étaient arrivés devant les portes d'Abysse. Juste à côté de la sortie, il y avait une maison isolée qui ressemblait curieusement à une niche. Le bois paraissait toujours en aussi piteux état, mais il ne faisait aucun doute qu'il était résistant. Vu de l'intérieur, il dévoilait un nouveau détail, que Gaara n'avait encore jamais repéré : sur les deux battants était gravé un texte, d'une écriture un peu grossière, mais tout à fait claire. Il s'agissait de ce même poème funeste, qu'il avait auparavant lu, dans la demeure de Shukaku.

Je jure de tout protéger

Et je jure de guérir

Je le jure sur mon sang

Je jure de périr

Et jure de tuer

Je le jure sur le démon que je suis

Je jure d'oublier

Et jure de détruire

Je le jure sur ma haine

Je jure d'oublier

Mon humanité si ancienne

Je le jure sur mon ressentiment

Et sur le démon que je suis

A la lecture de la sentence, Gaara sentit un frisson glacé lui parcourir l'échine.

"Toi aussi…Articula-t-il faiblement. Tu as prononcé…ce Serment ?"

Le démon se figea un court instant, et un court instant, ses pupilles dorées se teintèrent d'une lueur impénétrable. Puis il haussa les épaules et répondit :

"Tous les démons doivent le prononcer."

Le jeune shinobi se sentit reculer d'un pas. Prononcer ce Serment…Jurer sa haine et son ressentiment pour les humains. En avait-il le courage, la capacité ? Le voulait-il seulement ? Temari, Kankuro…Tous les autres…L'avaient-ils tous trahi ? Le voir se transformer en monstre leur était-il indifférent ? N'y avait-il vraiment plus aucun espoir, du côté des humains ? Son avenir se résumait-il en cette sentence ? « Je jure d'oublier…Et jure de détruire »

"NON ! S'exclama-t-il, sans réellement se rendre compte de ce qu'il faisait. Je ne peux pas jurer cela ! Jamais !"

Il se figea sous le regard surpris de Shukaku. C'était dit…Et il savait que c'était la vérité. Allait-il mourir, être chassé ? Ou peut-être serait-il finalement dévoré par les démons, comme l'avaient désiré les humains…Mais aucune colère, ni aucune rancune ne se lisait sur le visage du tanuki. Il l'observa quelques instants avec un certain embarras, puis il se mit à triturer pensivement une de ses mèches.

"Merde. Marmonna-t-il, plus pour lui-même que pour son hôte. C'est embêtant, ça…Qu'est-ce qu'on va faire de toi, alors ?"

Il réfléchit encore un moment et, soudainement, il claqua des doigts. Un éclat satisfait, non dépourvu d'une certaine fierté, s'était allumé dans son regard. Il s'accroupit devant Gaara pour se retrouver à sa hauteur, souriant d'une oreille à l'autre, et clama joyeusement :

"J'ai trouvé, gamin ! J'ai qu'à te prendre pour filleul ! Comme ça, tu pourras rester à Abysse sans devenir un démon, et sans qu'on te bouffe !"

"Pour…filleul ?" Répéta l'autre, frappé de stupeur.

"Ouais, devenir ton parrain ! Ca se fait, tu sais ! En gros, ça implique qu'on reste avec son filleul, qu'on le protège et qu'on l'aide à réaliser ses objectifs. Ca tombe plutôt bien : vu que nos chakras sont complètement mélangés, on peut pas vraiment se séparer…En principe, on choisit d'autres démons pour filleuls mais ça, c'est pas précisé dans nos écrits ! Comme ça, tu peux rester sans enfreindre le règlement !"

Gaara le dévisagea. Etait-il sérieux ? Le démon souriait fièrement, ravi de la solution qu'il avait trouvée. Jouer avec les règles ne semblait pas non plus être pour lui déplaire. Et il ne pouvait pas mentir.

"Alors, ça te va gamin ?"

Rester ici…sans devenir un démon. Une alternative, en somme. Du temps pour réfléchir, pour prendre une véritable décision. Un sursis. Il lui apparut que c'était exactement ce dont il avait besoin. Lentement, il hocha la tête.

"Cool ! C'est réglé, alors ! Conclut Shukaku en se redressant. Allez, on ferait mieux de rentrer au bercail, t'as l'air encore complètement groggy."

"Shukaku…" Le retint Gaara.

"Hm ?"

Il garda le silence un certain temps. Il y avait quelque chose qu'il devait lui dire. Le démon l'avait sauvé et guéri de manière totalement désintéressée, allant même jusqu'à lui sacrifier son propre sang. Et maintenant, il se proposait pour assurer sa protection comme s'il s'agissait d'un choix naturel, après que son hôte ait refusé de rejoindre le rang des démons. Toujours de cette même manière spontanée.

"Ce que je veux dire…Murmura-t-il, l'ombre d'un sourire apparaissant sur ses lèvres. C'est…Merci. Merci de faire tout cela pour moi."

La réaction du démon fut trop soudaine, trop rapide pour être suivie à l'œil nu. Gaara eut seulement conscience de deux mains qui le saisissaient sous les aisselles, et qu'on le projetait en l'air. Le glapissement hystérique du démon tanuki lui martyrisa les oreilles. Il poussa lui-même une exclamation étouffée en se retrouvant plaqué contre son torse et dut fermer les yeux en voyant le décor tourner à vive allure, tout autour de lui.

Ce fut seulement quand Shukaku le reposa enfin sur le sol qu'il se souvint du sens de la phrase qu'il avait prononcée, ce sens qui lui avait tout d'abord échappé, au milieu de son rire suraigu :

"TU AS SOURI, GAMIN ! TU AS SOURI !"


Et voilà ! C'est-y pas tout mimi, tout ça ? XD Pour la forme, je vous informe que le nom scientifique du toucan est « picus occulis », d'où le surnom de Satan « Picus ». Shukaku est décidément très poli avec tout le monde ! XD Je tiens aussi à présenter mes condoléances aux Bijuus, mais j'ai décidé de réduire leur réputation en bouillie alors ils ferment leur gueule ! Sinon, pour ceux que ça intéressent, voici l'explication de l'incantation de Shukaku :

Dans son poème, la « nuit » symbolise la mort, et le « jour » la vie. Le levez du jour et l'aurore sont donc tous les deux la guérison. Ce qui coule depuis le début du poème, c'est l'énergie vitale, ici représentée par le sang. Après, bah, le sens est assez évident : le fluide vital de Gaara est terni, donc il va mourir. Shukaku utilise son propre fluide vital, en perçant sa chair et en répandant son sang, pour communiquer de l'énergie à son hôte et lui permettre de guérir. (tout le monde avait déjà saisi l'essentiel, espèce de tarte, mais c'est pas grave t'as fait ta petite explication t'es contente maintenant ? Bah oui XD)