L'ENFANT-DEMON

Auteur : ENFIN, LE RETOUR ! J'aurais mis du temps, sur ce coup-là ! Bref, c'est Stingmon, crevée par un trimestre de collège, mais en forme !

Genre : Toujours pas de poème, désolée TT. Action/Adventure, ça va éventuellement tourner à la Tragedy XD

Disclaimer : Les personnages de Naruto, c'est-à-dire mon chibi mignon Gaara, ne sont pas à moi (alors pourquoi tu parles de lui au possessif, abrutie ?). Shukaku est également à Masashi Kishimoto, il est OOC dans la mesure où on parle pratiquement pas de lui dans le manga. Je risque encore d'avoir des problèmes avec ça, d'ailleurs oO.

Couples : Il n'y aura aucune histoire d'amour entre Shukaku et les chasseurs de démons qui l'ont capturé, vous êtes prévenus.

Réponse aux rewiews : Maintenant, il y a un truc très sympa qui permet d'envoyer un mail en réponse aux review ! Ca m'a l'air bien sympa, alors je vais essayer ! Comme ça en plus, les personnes en question seront prévenues que j'ai mis à jour ma fic ! Par contre, ça ne marche pas pour les personnes non connectées, alors je garde cette rubrique !

Nadramon : Je sais, je sais, tu n'es pas une anonyme…Mais j'allais quand même pas envoyé un mail à ma propre sœur, non ? En plus, tu m'es comme d'habitude très utile en tant que beta lectrice ! Heureusement que tu m'as fait retoucher les dernières répliques d'Ifrit ! J'en avais fait un gamin pris en faute, c'était vraiment pourri oO. « Tête d'ampoule grillée »…Plutôt sympa, comme surnom. Dommage, Shukaku n'y a pas pensé ! XD

Tsunadesama : Merci pour ton gentil commentaire ! Alors tu préfères Hydre ? Je l'aime beaucoup aussi, même si ce n'est pas mon favori ! J'ai pris beaucoup de plaisir à décrire son attaque, avec toutes ses têtes de serpent, et sa mise est plutôt classe. Par contre, il m'oblige à écrire des gros mots. Vilain XD J'espère que mon chapitre sera à la hauteur de tes attentes (même si on risque de parler davantage de Shukaku que de Gaara…) ! Il y a deux démons qui parlent bizarrement : Baku l'esprit japonais, et Ying Long le dragon chinois. Le plus bizarre est quand même Ying Long, à mon avis XD

Shikamaru : Merci beaucoup pour tes encouragements, et je te demande humblement pardon pour mon retard ! TT J'espère que tu vas aimer !

Et voilà ! Merci aussi à Twin Sun Leader, Dragonwing, Elenthya et Maetelgalaxy ! Continuez de voter pour votre démon favori ! Pour l'instant, Sekhmet a une voix, Seth une voix, et Hydre est en tête avec deux voix ! Maintenant, je vais faire parler le démon qui sera en tête à chaque chapitre !

Hydre : Putain, voilà qu'on me prend pour une bête de foire, c'que c'est chiant…

Enfin, une bonne nouvelle pour ceux qui préparent déjà leur tomates pourries pour accueillir mon retard : j'ai terminé deux chapitres d'un coup ! Le prochain arrivera la semaine prochaine sans faute :-) Bon chapitre !


Chapitre 8 : Avant l'aurore, quand le sable danse

C'était vraiment pénible d'être traîné sur le sol caillouteux. Shukaku sentait les pierres griffer son corps, la poussière pénétrer ses plaies, s'y agglutiner, les élargir encore davantage. Et impossible de faire ne serait-ce qu'un geste pour se protéger le visage ! Il songea avec mauvaise humeur que son pendentif devait être répugnant de terre et de sang poisseux, à présent.

Depuis combien de temps la marche des chasseurs de démons durait-elle ? Pas bien longtemps, probablement. En tous cas, les ténèbres étaient toujours aussi profondes, alentours. Ca paraissait une éternité, pourtant. Derrière les paupières closes du tanuki, ses losanges dorés brillaient furieusement, de sorte qu'une faible lueur semblait éclairer son visage. Un démon avec une aura. Pitoyable. Comme beaucoup de choses, en fait.

Ils montaient une pente, apparemment. Les manipulateurs de sortilèges peinaient à le traîner le long du sentier sinueux. On entendait leurs grognements essoufflés, au milieu des murmures. Tout autour, le silence était presque irréel. Dans quel coin désolé des montagnes déambulaient-ils ? Il entrouvrit les yeux, son regard ne rencontra que la pierre grise du sol. Une lumière dorée, sa propre lumière, l'éclairait faiblement.

Il chercha à se tourner pour voir le ciel. Il était si noir, si bas, si menaçant…La profondeur de la nuit avait quelque chose d'oppressant. Le froid du vent nocturne s'infiltrait dans ses vêtements de toile, les nuages ondulaient lentement, faisaient du ciel une créature vivante, sombre et rampante. Shukaku sourit amèrement.

Belle nuit pour crever.

Soudain, la marche des chasseurs de démons s'interrompit. Le démon baissa de nouveau les yeux. On distinguait vaguement un trou camouflé dans la montagne. Deux silhouettes étaient postées de part et d'autre de l'entrée. Ils avaient dû voir arriver le groupe, car ils dégainèrent leurs sabres et les croisèrent devant l'ouverture, bloquant le passage.

-Halte-là, voyageurs ! Que cherchez-vous si loin ? Interrogea l'une des silhouettes.

L'un des hommes se détacha du groupe, et répliqua calmement :

-Nous sommes en quête de la discipline, qui fait de nous des hommes.

Shukaku hocha la tête dédaigneusement. Pas très original, comme mot de passe.

Quoi qu'il en fût, il devait être correct, car les deux gardes baissèrent leurs armes et les laissèrent entrer sans prononcer un mot de plus. Le passage révéla un escalier de pierre grossièrement taillé, qui s'enfonçait dans les profondeurs de la montagne. Les chasseurs de démons s'y engagèrent, traînant sans ménagement leur proie derrière eux. Cela sentait la poussière, à l'intérieur. Et les sortilèges. Le bruit de leurs pas était étouffé par les murs inégaux, et l'on entendait à peine le son mat de son corps qui heurtait chaque marche en descendant.

Enfin, ils parvinrent jusqu'à une porte, presque invisible dans l'obscurité. Un membre du groupe s'en approcha, et effleura sa surface en marmonnant des incantations à mi-voix. Il y eut un sourd grondement, et le panneau de pierre se volatilisa, déversant sur les chasseurs une vive lumière. Un bourdonnement de paroles provenait de l'intérieur.

La salle dans laquelle ils débouchèrent était grande, circulaire, et éclairée par des centaines de torches. Une grande partie de l'espace était occupée par un large cercle gravé dans la roche, à même le sol. Il était envahi de symboles et d'écritures, et en son centre se trouvait un second cercle, plus petit, entouré de sortilèges.

Dès l'instant où ils franchirent le seuil, le silence se fit. Tous les regards se tournèrent vers le groupe, et plus particulièrement vers la forme prostrée, emmaillotée de fils d'or. Tous ces gens, hommes et femmes, portaient la même tenue vert sombre, avec sur la poitrine un dessin doré, représentant le miroir du soleil ceint du joyau d'Amaterasu et le sabre. Le tanuki ricana en sourdine. Il reconnaissait là les trois symboles du culte Shinto, qui était à l'origine de cette branche de la religion animiste très particulière dont on nommait les membres « Chasseurs de démons ».

Un vieil homme, sec et usé, dont les yeux laiteux semblaient presque aveugles, s'approcha lentement d'eux. Tous les autres s'écartaient respectueusement sur son passage, et les guerriers s'inclinèrent profondément en le voyant approcher. Il baissa les yeux sur Shukaku, le contempla longuement sans proférer un son, tandis que le démon le regardait ironiquement.

-Êtes-vous bien sûrs qu'il s'agisse là d'un démon ? Interrogea-t-il d'une voix atone, si lisse qu'elle en devenait insupportable à entendre.

-Il n'y a pas de doute ! Voyez ses yeux, Maître, comme ils luisent de malice. Cette créature n'a d'humain que l'apparence !

Le vieillard acquiesça paisiblement.

-L'exorcisme peut avoir lieu, dans ce cas.

Le tanuki fut aussitôt traîné au centre de la salle. On l'allongea brutalement dans le cercle, au milieu des sorts, puis on s'écarta précipitamment. Sans doute le fossile humain composa-t-il certains signes, le démon ne pouvait rien en voir. En tous cas, le filet doré frémit, les fils se murent rapidement, se rassemblèrent en filaments épais autour de ses poignets, de ses chevilles et de son cou.

Les chasseurs de démons saisirent les extrémités des cordes et les tirèrent vers eux jusqu'au bord du cercle. Shukaku étouffa un grognement, tandis qu'il se retrouvait écartelé par le sortilège, les bras en croix, les jambes écartées d'un peu plus que la largeur des épaules, la tête renversée en arrière.

Son crâne heurta douloureusement les petites griffes de pierre qui rassemblaient ses cheveux en queue de cheval, et bloquaient également une grande partie de son énergie.

Cet élastique, ce présent, ce sortilège, ce handicap…C'aurait sans doute été sa seule chance de survie, maintenant. Mais il aurait été bien en peine de se le retirer, immobilisé comme il l'était. De toute façon, il n'avait toujours pas envie de s'en débarrasser. Cela lui semblait…Comment le décrire ? Il n'y avait pas lieu de le retirer. Il ne le voulait pas.

Et cela l'agaçait. Profondément.

-Commençons.

La voix monocorde déclama une série d'incantations étranges. Ce fut d'abord une simple rumeur sourde, funèbre, qui ne se répercutait même pas dans la vaste pièce. Et puis d'autres voix se mêlèrent à la première, des voix plus jeunes qui faisaient vibrer l'air. La mélopée enfla, emplit lentement tout l'espace, parut se mêler à la lueur dansante des torches.

-Je constate que vous êtes encore une dizaine. Annonça le vieillard de sa voix morne. Nous n'avons pas subi de trop lourdes pertes.

Le sortilège se poursuivait.

-Non, renchérit un autre chasseur, ce démon-là n'était pas bien fort…

Shukaku grinça des dents. Il y avait eu droit, à celle-là ! Partout où son nom était connu, on le voyait comme l'Ichibi, ce surnom pitoyable, le soi-disant « démon à une queue », le plus faible des Bijuus. Et dire qu'il faisait le double de l'âge de Kyûbi ! C'était ainsi. Tous les manipulateurs de Juuinjutsu, tous les chasseurs de démons qui l'avaient eu comme adversaire avaient noté la faible quantité de son chakra, la faiblesse de ses attaques.

Le tanuki soupira. Mais quel imbécile il avait été, mais quel idiot !

-Si tu désires suivre ce chemin, tu dois faire le serment de ne jamais retirer cet objet face aux créateurs de sorts. Jure, et je t'aiderai à trouver ta voie.

-C'est juré, Maître !

Autour de Shukaku, les inscriptions s'étaient mises à briller. Les cordes dorées se tendirent brusquement, tirant sur les articulations de ses membres, entaillant ses chevilles et ses poignets. L'incantation résonnait autour de lui, plus fort que jamais. Elle semblait venir de partout, résonnait dans son corps meurtri. Sa tête commençait à tourner, et la douleur à grandir.

-JUUINJUTSU ! Shûkyoo no kooin ! Le sceau sacré !

La souffrance abominable qu'il ressentit lui fit perdre toute notion du temps ou de l'espace. Elle surgissait de son cœur et de son estomac, dans l'espace libre qui semblait s'être formé à l'intérieur de son corps écartelé. Il voulut hurler, mais la corde qui tirait sur son menton l'empêchait de desserrer les mâchoires. Si on lui avait dit qu'il mourrait en silence…

Il se perdait dans un brouillard douloureux. Il pouvait presque sentir la vie battre de l'aile contre sa chair, se démener pour s'enfuir. Il n'avait pratiquement plus conscience de la réalité. Le plafond, éclairé par les flammes dansantes, vacillait dangereusement.

Parfois, de manière trouble, il ne voyait plus que les ténèbres, plus que la nuit sombre et mouvante, tout autour. Il avait la curieuse impression de se déplacer, de courir, de bondir de roches en roches dans l'obscurité. Et, durant ces à-coups, il avait vaguement en tête l'idée qu'il fallait à tous prix continuer à courir, toujours plus vite, pour atteindre quelque chose.

Que pourchassait-il ainsi ? La mort ?

C'était douloureux, tellement douloureux…Le démon ne distinguait plus qu'un brouillard rouge. L'incantation lacérait ses tympans, résonnait dans sa tête vide. La vie se débattait, cognait contre sa peau. Elle voulait s'enfuir, s'échapper de cette enveloppe mourante.

La nuit était froide. On ne voyait les obstacles qu'à la dernière seconde, et il fallait les éviter. Mais il y avait un but à atteindre…A n'importe quel prix…De quoi s'agissait-il ? Etait-ce encore un vieux souvenir ?

« Je vais les tuer…S'ils lui ont fait du mal…S'il est arrivé quelque chose… »

Etrange, cette voix lointaine qui arrivait difficilement jusqu'à lui. Elle était déformée, presque incompréhensible, et si lointaine…Ses propres pensées, troublées par l'agonie ?

« JE LES TUERAI TOUS ! »

C'était idiot. Il ne pouvait pas les tuer, pas dans cet état. Non pas qu'il n'en éprouvât pas l'envie ! La vengeance était une chose propre aux démons, après tout. Et la douleur était tellement insupportable…Il haïssait ces gens, évidemment. Le froid était mordant, dehors. Le chemin invisible continuait. Il fallait suivre.

Un spasme violent parcourut son corps. Il n'y voyait plus rien. La souffrance qui lacérait son torse était si intolérable qu'il la soupçonna d'avoir déchiré la chair de sa poitrine. Mais il subissait encore la tension des cordes sur ses membres, non loin de déboîter ses articulations.

La nuit. La montagne. Deux êtres qui devaient mourir. Un passage qui s'enfonçait dans le sol. Il fallait faire vite. Un escalier. Courir. Et du sable, toujours plus de sable. Il y avait de la lumière. C'était là…

-AAAAAAAAAARRRRGH !

Les chasseurs de démons relevèrent la tête de leur besogne. Des cris retentirent. Leur chef, leur vénérable maître gisait sur le sol, mort, la tête broyée. Mais ils n'eurent pas le loisir de s'en soucier.

Un torrent de sable avait jailli de l'entrée, une marée sans fin qui recouvrait le sol et les murs, qui broyait la roche et la réduisait en fine poussière, produisant toujours plus de sable. Une mer claire qui s'agitait par saccades, dont l'odeur sanglante prenait à la gorge, qui envahissait tout.

Et, devant l'entrée, debout face au cadavre du vieillard, il y avait un jeune garçon à la flamboyante chevelure rouge. Ses poings crispés tremblaient, se serraient et se desserraient convulsivement, les vagues minérales sursautaient en réponse à chaque saccade. Ses yeux turquoises, sans pupille, brûlants de rage, injectés de sang, répandaient une aura dangereuse, presque démente.

Autour de son cou, il y avait une corde grossière supportant ce qui avait dû être une croix ansée. Mais ce n'était plus qu'un morceau de bois calciné, à présent. L'amulette avait apparemment éclaté de l'intérieur, comme sous l'effet d'un puissant pouvoir qu'elle aurait détenu. Mais surtout…

Une énergie démesurée émanait de tout son être, tourbillonnait autour de lui, et indiquait clairement qu'il était le contrôleur, le maître de cette rafale mortelle. On devinait même une tornade de chakra noir et or, montant en spirale autour de son corps frêle.

Un frisson de panique parcourut les hommes. L'enfant (mais était-ce réellement un enfant ?) tendit les bras devant lui, ses paumes crispées tournées vers les manipulateurs de sortilèges, tremblant de fureur. Un instant à peine avant que le sable ne recouvrît tout, ne condamnât le repère dans une tombe sanglante, la même question se forma furtivement dans tous les esprits.

S'étaient-ils trompés de démon ?


Le milieu de la mâtinée, à Suna, était le moment où sa fière jeunesse jaillissait le mieux. La fraîcheur de la nuit n'avait pas encore laissé place à la chaleur torride du désert, aussi les habitants étaient-ils nombreux à déambuler.

La ville, toute jeune, était loin d'être le glorieux village caché à la renommée universelle qu'elle devait devenir. Et pourtant, on sentait que l'optimisme était au rendez-vous, ce siècle. C'était avec une fierté presque possessive que les habitants regardaient défiler les ruelles, larges en raison des nombreuses constructions qui n'avaient pas encore débutées, les murailles inachevées et le gigantesque bâtiment central, sur lequel les échafaudages étaient encore visibles, et où on avait peint le pictogramme du vent, symbole du pays.

La plupart des passants étaient vêtus d'amples kimonos, et de capes qui les protégeaient du vent et du sable. Mais certaines personnes se distinguaient des autres par leur tenue de combat aux couleurs plus sombres, et arboraient avec arrogance un bandeau beige autour de la tête, avec sur le front un symbole de sablier. Ceux-là comptaient parmi les plus respectés du village. Après tout, ils étaient les manipulateurs, de plus en plus nombreux, de ces arts guerriers récemment découverts par les moines animistes du village.

Il s'agissait en fait d'une application guerrière du culte Shinto, qui prônait une harmonie parfaite entre le corps, l'esprit et la nature. Cette harmonie obtenue, on acquérait une force nouvelle, qui avait permis de franchir les limites humaines connues jusqu'alors. Cette force, qui résultait non seulement de l'entraînement physique et mental, mais aussi de l'union avec les Kami, on l'appelait « chakra ».

A partir de cette découverte, on avait mis au point des arts guerriers « Ninjutsu », les arts d'illusionnisme « Genjutsu », l'art d'utiliser son corps au combat « Taijutsu », et enfin, le plus puissant de tous, celui qui permettait de sceller, de créer, de modifier ou de détruire par les incantations et les écritures, cet art si puissant que les moines shintoïstes n'en autorisaient l'apprentissage qu'avec d'extrêmes prudences.

« Juuinjutsu » L'art des sceaux.

Quoi qu'il en fût, ces pouvoirs avaient taillé au jeune village de Suna une réputation de grande puissance militaire, et ceux-ci s'en enorgueillissaient fort. Une telle renommée si tôt dans l'histoire de leur cité était promesse de grandeur à venir.

Bref, il y avait mille ans, deux siècles et 61 années exactement, la gloire de Suna était déjà à son aurore.

Pourtant, il y avait un coin de rue où l'atmosphère se tendait légèrement. Les passants s'y déplaçaient un peu plus lentement, et jetaient des regards surpris teintés de méfiance au groupe de trois personnes traversant les routes. Ils dévisageaient surtout le minuscule bambin qui gambadait derrière sans se soucier de rien.

Le petit garçon ne devait pas avoir plus de trois ans, et en raison de sa petite taille il lui fallait parfois cavaler pour ne pas perdre de vue les deux adultes avec qui il marchait. Pourtant, loin de se plaindre de cet exercice forcé, il fredonnait au contraire avec insouciance, en battant des bras dans le vide. Si ce bonhomme attirait ainsi tous les regards, ce n'était pas sans raison : il était bel et bien étrange.

La première anomalie qu'on notait chez lui était son incroyable endurance : depuis près d'une heure qu'il allait maladroitement, mi-marchant mi-courant, pouffant de rire, il n'avait à aucun moment laissé paraître le moindre signe de fatigue.

Ensuite, contrairement aux autres passants, il avait ouvert la cape qu'il portait, paraissant prendre un réel plaisir à sentir le vent s'infiltrer dans ses vêtements, le sable tourbillonner autour de lui. Ses cheveux couleur sable, qu'il avait déjà assez longs, dansaient au grès de la brise et se plaquaient sur son visage, le faisant à chaque fois hurler de rire. Mais ce n'étaient pas ces détails que les passants regardaient suspicieusement.

Les yeux de l'enfant.

Ses prunelles étaient totalement noires, et en guise de pupilles, il arborait deux incroyables losanges d'or.

Des yeux de démons.

C'était la remarque qui avait été faite par des parents terrifiés, le jour de la naissance du bébé. Selon le culte Shinto, le bien ou le mal pur n'existant pas, les démons « Oni » étaient ambivalents, et on les considérait comme les protecteurs des récoltes. Aussi l'avait-on baptisé Shukaku, ce qui signifiait « Moisson ». Celui-ci devait s'en souvenir avec un certain scepticisme, beaucoup plus tard. Mais pour l'heure, il se moquait bien de ce genre de problèmes.

Les deux adultes s'arrêtèrent enfin. Shukaku stoppa également sa marche, et commença à sautiller d'un pied sur l'autre en regardant le bâtiment arrondi qui leur faisait face. Bien sûr, il ne pouvait comprendre l'écriteau au-dessus de l'entrée, indiquant simplement que ladite porte donnait sur le cabinet d'un médecin. Mais le dessin des écritures lui parut vaguement familier. Il avait visité un certain nombre d'endroits comme celui-ci, ces derniers temps.

-On va encore là-dedans ? Marmonna-t-il, déçu.

L'une des deux personnes qui se trouvaient à ses côtés baissa la tête vers lui, le fusilla du regard et frappa à la porte. L'homme avait de courts cheveux de la même couleur sable que son jeune fils, mais c'était bien la seule chose qu'ils avaient en commun. Il avait le visage carré, la mâchoire forte, les traits durs et crispés.

Le garçon baissa la tête sous le regard meurtrier de son père, ses lèvres dessinant une moue boudeuse. Il n'aimait pas vraiment ce regard que lui jetait si souvent l'homme, ce regard où se mêlaient trop fréquemment de la méfiance et une trouble inquiétude. Il secoua la tête d'un côté et de l'autre avec dédain, avant de suivre ses parents à l'intérieur.

Bah…Quelle importance, après tout ?

Il déboucha dans une petite salle, sobre comme l'étaient la plupart des demeures à Suna. Les murs étaient arrondis, en pierre claire, avec des fenêtres étroites pour préserver la fraîcheur du lieu. Il n'y avait aucun meuble, à part quelques chaises, et un homme se tenait debout en son centre.

Il n'était pas bien grand, presque chauve. Quelques rides commençaient à apparaître sur son front et les coins de sa bouche. Il leur sourit à tous trois avec bienveillance.

-Que puis-je faire pour vous, Monsieur, Madame ?

Son regard croisa alors les losanges dorés de Shukaku. Une expression étrange passa sur son visage, que le bambin ne parvint pas à identifier. Mais elle s'estompa vite, et le médecin se remit à sourire.

-Je vois…Tu dois être ce singulier petit garçon, Shukaku, n'est-ce pas ? Demanda-t-il avec bonhomie. J'ai déjà entendu de nombreux dires au sujet de tes…dons.

Le jeune démon sourit fièrement à l'évocation de ses talents. Finalement, cet homme avait l'air très sympathique.

-Pardonnez mon impatience, coupa soudainement le père de Shukaku, mais je souhaiterais que vous l'examiniez. Apparemment, vous avez eu vent de certaines rumeurs…Ce garçon montre des dispositions anormales au Ninjutsu. Il n'a que trois ans, n'a jamais reçu aucun enseignement, et pourtant il commence à manipuler son chakra ! Il parvient à faire des choses…étranges.

« Les autres médecins n'ont pu arriver à aucun diagnostic. Ma femme et moi pensons qu'il développe une nouvelle lignée de pouvoirs héréditaires. On nous a rapporté que vous étiez versé dans les arts Shinto, aussi ai-je pensé que vous seriez le plus à même de…de percer à jour la nature de ces anomalies.

L'homme écouta tout cela silencieusement, en hochant la tête. Ses sourcils s'étaient imperceptiblement froncés.

-Des pouvoirs héréditaires…Murmura-t-il, plus pour lui-même que pour ses clients. Ce serait une bonne chose, en effet…

-C'est quoi, des pouvoirs héré…hédi…héditéraires ? Bafouilla le petit garçon.

Il secoua la tête, son expression boudeuse de nouveau visible sur son visage. Pour une raison ou pour une autre, il ne parut pas accepter cette déformation du terme, et se concentra pour retenter la chose comme s'il en allait de son honneur.

-Des pouvoirs hé-ré-di-taires ? Acheva-t-il difficilement.

-Ce sont des dons qu'ont certaines personnes, répondit sa mère avec douceur, comme toi, peut-être. C'est rare, mais ce n'est pas anormal.

La voix de la femme était très basse, si discrète qu'elle se comparait à un souffle. Elle passa deux doigts dans la chevelure déjà touffue de son fils, mais retira rapidement sa main.

En fouillant dans ses souvenirs, Shukaku se souvenait de sa mère comme d'une jeune femme très mince, sa fragilité contrastant avec l'apparence massive de son mari. Quant à son visage, il lui était tout à fait impossible de se le remémorer. Il se le figurait toujours, non sans raison, comme d'un masque blanc dessinant une grimace de désespoir.

-Eh bien, si vous voulez bien attendre ici, je ne devrais pas en avoir pour longtemps, assura le docteur.

Il se dirigea vers une porte peinte en beige, au fond de la salle, l'ouvrit et invita Shukaku d'un signe de tête.

-Suis-moi, jeune homme.

L'enfant ne se le fit pas répéter, et pénétra avec enthousiasme dans la nouvelle salle. Il considéra avec une légère déception le bureau encombré de feuilles, le lit destiné à recevoir les patients, la table où de bizarres ustensiles ainsi que quelques rares plantes médicinales étaient savamment rangés. Il avait déjà vu tout cela de nombreuses fois, et toutes ces choses étranges avaient perdu de leur intérêt.

Cependant, son regard or fut immédiatement attiré par le coffre de bois, au bout de la pièce, dans lequel s'entassaient divers rouleaux. Il y avait même, adossé au mur, une forme longue et effilée, enveloppée dans un fourreau, qui paraissait se terminer en pointe. Sans savoir qu'il contemplait là un objet potentiellement dangereux nommé « sabre », il décida que cette chose était très jolie. Mais quand il voulu s'en approcher, il fut retenu par le bras du médecin.

-Ce n'est pas une chose pour les enfants, dit-il sans se départir de son sourire paternel.

Le bambin se tourna vers lui.

-C'est quoi, ça ? Interrogea-t-il en pointant du doigt le bel objet.

-Cela s'appelle une arme. On s'en sert pour se défendre.

-Et ça ?

Cette fois, c'étaient les rouleaux qui étaient désignés.

-Ce sont des livres pour apprendre. Ils sont très rares et très précieux.

-Pour apprendre quoi ?

-Ils te montrent comment utiliser ton corps et ton esprit pour te défendre.

-Vous vous défendez beaucoup ? Demanda encore Shukaku, surpris par un tel engouement au self-défense.

L'homme hocha la tête avec douceur. Son expression était toujours bienveillante, mais il fixait intensément son jeune patient.

-Tu as l'esprit fort vif, mon garçon. Oui, parfois, il faut savoir se défendre. Mais ce sont des choses qui ne concernent pas les petits enfants, n'est-ce pas ?

Ledit petit enfant ne répondit pas. Il se balançait maintenant d'un pied sur l'autre, son regard allant sans cesse du coffre à son interlocuteur. Manifestement, il brûlait de poser une nouvelle question. L'autre le laissa se décider, gardant tout de même sur les lèvres son sourire engageant.

-Ces livres, demanda rapidement Shukaku, ils apprennent comment on fait pour bien bouger du sable ?

Il scruta le médecin de ses yeux étincelants, guettant la réponse avec excitation. L'homme ne frémit pas, mais déplaça son regard sur le front de l'enfant, pour ne plus avoir à fixer ces deux losanges de lumière.

-Il est possible, répondit-il lentement, que ces connaissances permettent ce genre de choses…Et si tu me montrais tes merveilleux dons, mon garçon ?

Shukaku opina vivement de la tête, enchanté à l'idée de capter l'attention d'un adulte détenteur de « livres pour apprendre » et d' « armes ». L'autre le fit s'asseoir sur une chaise, devant son bureau, et s'installa lui-même en face de lui. Il remarqua que le petit garçon se tortillait sur le siège, et jetait de fréquents coups d'œil en direction des rouleaux de techniques. Il eut un rire léger.

-Dis-moi, tu ne comptes pas me les voler, n'est-ce pas ? Interrogea-t-il.

Le ton était à la plaisanterie, et pourtant l'enfant bondit presque sur sa chaise. Il baissa la tête d'un air contrit, les lèvres retroussées. Mais il ne répondit rien.

L'homme plissa les yeux. Que faisaient habituellement les gamins de trois ans, commençant tout juste à savourer les joies de la parole, quand on leur soumettait un problème délicat comme celui-ci ?

-Est-ce que tu aimerais me les voler ? Insista-t-il, en veillant à ne pas rendre sa voix trop intimidante.

Ils mentaient. Evidemment. C'était pour eux une découverte exaltante, un pouvoir merveilleux que leur donnait le langage. Tous passaient par là, c'était une étape incontournable de leur croissance.

Le garçon aux cheveux de sable balança la tête d'un côté et de l'autre avec gêne. Enfin, il prit la parole à contrecœur :

-J'aimerais bien les avoir…Pour les regarder…

Il croisa les bras et fixa résolument ses pieds, comme n'importe quel enfant pris en faute. Cette fois, les yeux de l'homme s'agrandir, et il dut fournir un effort pour maintenir son doux sourire. Il inspira quelques instants, puis reprit la parole, rendant sa voix la plus détendue possible.

-Tout va bien, assura-t-il, c'est un désir bien naturel, n'est-ce pas ? Dis-moi…tu m'as parlé de faire bouger le sable. Est-ce là l'un de tes pouvoirs ?

L'autre retrouva aussitôt le sourire, ainsi que sa langue :

-Ouais ! Même quand il y a pas de vent du tout, je peux le faire bouger ! Regarder, regardez ! Je peux le faire sans mettre ma main, maintenant !

Il inspira un moment, gonflant ses petits poumons de tout l'air qu'ils voulaient bien contenir. Il ferma étroitement les yeux, ramena ses bras près de sa poitrine et serra les poings. Ses traits crispés démontraient sa concentration. L'adulte attendit quelques instants, fixant son jeune patient sans ciller.

Un courant d'énergie invisible monta lentement le long de son corps, agitant imperceptiblement ses longs cheveux. Il ouvrit les yeux, dont l'éclat doré paraissait plus inhumain que jamais, et regarda le bureau qui se trouvait en face de lui. Les nombreux grains de sable qui y traînaient frémirent, se murent lentement, et finirent par se rassembler en un petit tas, d'où surgit un fin tentacule minéral. Il considéra son travail avec orgueil, et leva son visage enthousiasmé vers l'adulte.

-Je peux même attraper des petits objets !

Il tendit la main devant lui.

Le tentacule se remit à trembler, parut sur le point de s'effriter, mais finalement rassembla encore du sable et gagna en longueur. Une petite main informe apparut à son extrémité, main qui se dirigea maladroitement vers les papiers jonchant le bureau. Elle se referma sur une plume, au milieu des paperasses, dont la pointe était encore noire d'encre.

La fragile chose s'éleva lentement dans les airs et, portée par le sable, elle fut déposée dans la paume ouverte de l'enfant. Celui-ci referma sa main sur elle et commença à la manipuler, riant de plaisir.

-En effet, c'est très intéressant…Commenta le médecin, qui maintenant surveillait le moindre geste de Shukaku. Possèdes-tu d'autres…d'autres dons ?

Sans cesser de jouer avec sa nouvelle plume, le garçon réfléchit quelques instants. Son visage s'alluma d'un sourire mystérieux, et il reprit sur le ton de la confidence :

- J'arrive à faire souffler le vent, quand je me concentre vraiment beaucoup. Il tourne partout et c'est très drôle ! Et puis…Des fois, j'arrive à faire sortir quelque chose de mes mains et de mes pieds. Je peux grimper sur les murs ! Acheva-t-il fièrement.

L'homme sursauta.

-Grimper sur les murs, tu dis…Voilà qui m'a l'air passionnant. Veux-tu me le montrer ?

L'enfant approuva vivement, sauta à bas de sa chaise et se précipita vers l'un des murs arrondis de la pièce. Le médecin se leva à son tour, et se rapprocha insensiblement de l'endroit où le coffre et le sabre étaient entreposés.

Shukaku posa ses deux mains à plat sur la surface lisse, se concentra quelques secondes. Quand il sentit de nouveau le flux de chakra se déverser dans ses paumes et dans la plante de ses pieds, il bondit pour se plaquer à la paroi de pierre. Pendant un moment, il parut sur le point de glisser, mais il se stabilisa vite. Il commença lentement à ramper vers le plafond. De petites gouttes de sueur perlaient sur son visage juvénile, sans pour autant ralentir sa progression.

Quand il eut atteint le haut du mur, il s'y fixa à quatre pattes, et renversa la tête en arrière pour regarder le médecin. Celui-ci avait fermé sa main sur la garde du sabre, mais l'enfant n'y fit pas attention.

-Je peux même tenir sans les mains ! Haleta-t-il.

Il détacha ses paumes de la pierre fraîche, et se redressa prudemment. Il se tenait maintenant à l'horizontale, presque contre le plafond bas. Il exultait.

-Vous voyez ! Vous voyez ! Claironna-t-il de sa petite voix aiguë. Son enthousiasme l'emportant sur sa prudence, il esquissa dans les airs ce qui ressemblait à des pas de danse.

Son pied dérapa aussitôt, et il chuta vers le sol, plus de deux mètres en contrebas, en battant des bras dans le vide. L'homme l'observa heurter durement le parterre de pierre, et retint sa respiration.

Etait-il mort ?

Un hurlement strident s'échappa du petit corps recroquevillé, cri suraigu qui se mua bien vite en un bruyant éclat de rire. Le minuscule Shukaku se tortillait sur le sol en pouffant, et frottait vigoureusement les parties endolories de son corps. Il avait eu une chance incroyable, manifestement, et s'en était tiré sans séquelle. Le médecin considéra le phénomène, avec sur le visage une expression mêlant crainte, surprise…et dégoût.

Derrière eux, la porte s'ouvrit, laissant apparaître la silhouette massive du père, le front barré par un pli sévère. Derrière lui venait la timide jeune femme.

-Nous avons entendu des cris, expliqua-t-il brièvement avant de se tourner vers son fils, toi, qu'est-ce que tu as encore fait ?

L'enfant se releva difficilement, et adressa à son père un regard teinté de reproche. Cette façon qu'avait l'homme de s'adresser à lui faisait naître en lui un vague sentiment d'injustice, qu'il ne comprenait pas encore très bien.

-Tout va bien, le tranquillisa le médecin, je lui avais demandé de me montrer quelques uns de ses tours. Tout est de ma faute, évidemment. Tu ne t'es pas fait mal, mon petit ?

Shukaku sourit avec reconnaissance.

-Si. Mais je m'en fiche !

-…Bien, très bien. Maintenant, mon garçon, tu vas rester sagement dans cette salle pendant que je parle à tes parents, et ne pas bouger, d'accord ?

L'enfant parut perplexe, mais il haussa les épaules et fit ce qu'on lui disait.

Toutefois, quand la porte du bureau se fut refermée sur lui, il lui apparut qu'il n'avait pas promis d'obéir aux recommandations du médecin, et que cette conversation l'intéressait énormément. Il s'approcha du panneau de bois, et y colla son oreille pour ne pas perdre une miette de l'échange.

-…arrivé à une conclusion ? Lui parvint la voix étouffée de son père.

Un silence.

-Vraiment, Monsieur, j'aurais aimé avoir de meilleures nouvelles à vous annoncer. La nature de la force que possède ce…garçon n'est, hélas ! pas due à de quelconques pouvoirs héréditaires. C'est pire, j'en ai peur, bien pire…

-Ecoutez-moi, reprit le père, dont la voix s'était mise à trembler, dès le jour de sa naissance, des rumeurs ont commencé à courir au sujet de Shukaku. Ses yeux, cette façon qu'a le sable de frémir quand il le touche…Nous n'avons pas voulu y croire, bien sûr. Nous sommes une famille respectable, entendez-le bien ! Nous n'avons aucun péché à nous reprocher, aucune malédiction ne pèse sur nous ! Vous n'allez pas prétendre que…

-Je suis profondément navré, coupa le médecin (sa voix s'était durcie), pour le fils que vous croyiez avoir.

Il y eut un long silence pesant, dans lequel la dernière phrase tomba comme une pierre :

-Cet être est marqué par le Diable.

La mère laissa échapper un cri étouffé, et Shukaku entendit vaguement des sons qui ressemblaient à des sanglots. Une sourde inquiétude creusait lentement une voie jusqu'à son cœur. Il n'avait pas compris grand chose du dialogue, si ce n'était que quelque chose n'allait pas. Que lui n'allait pas, d'une manière ou d'une autre…Cela le rendit perplexe. Il ne se sentait pas du tout mal dans sa peau, et n'avait pas l'impression d'être sujet à une quelconque anomalie. Tout allait bien, il en était persuadé. Pourquoi ses parents se montraient-ils si graves ?

Il était si troublé qu'il en oublia d'écouter la fin de la conversation. Au bout de quelques minutes, la porte se rouvrit, dévoilant les deux adultes. La femme sanglotait éperdument, le visage plongé dans ses mains, de sorte qu'on ne pouvait voir ses traits. Le père, quant à lui, avait une expression si sombre, si dure qu'il paraissait être devenu la statue d'un homme deux fois plus âgé. Il entraîna son fils à l'extérieur de la demeure d'un rapide signe de la main et, l'espace d'une seconde, ses yeux croisèrent les siens.

Shukaku blêmit sous l'ampleur de ce regard. Il n'y avait plus trace de l'inquiétude ou de l'hésitation qu'on y voyait auparavant. Ces deux yeux sombres semblaient consumés par la haine, et n'exprimaient plus que l'écœurement.

Sa mère sanglotait si fort…Cela le tracassa beaucoup, alors qu'ils se dirigeaient vers leur demeure. Etait-ce en raison de ces choses anormales, dont on l'accusait injustement ? Pourquoi était-elle si triste ? Tout allait bien ! Il se sentait parfaitement normal ! Peut-être fallait-il le lui dire, pour la rassurer ?

-Maman…

Il ne vit rien venir. Il sentit simplement un choc violent contre sa tempe, qui lui arracha un cri de surprise douloureuse et le projeta au sol. Il se recroquevilla aussitôt sur lui-même en gémissant, sans comprendre, et replia les bras devant son visage. Son père le fixait, le poing brandi, ses traits convulsés par la rage.

-Plus jamais…Suffoqua l'homme. Ne nous appelle jamais comme cela !

Effrayé par le spectacle, l'enfant recula pour s'éloigner de cet être menaçant. Sous lui, le sable se mit à onduler, agité par sa propre peur. Ce mouvement le réconforta un peu.


Et oui, des flashback ! J'aime mieux vous prévenir tout de suite, ils vont durer au moins trois chapitres, et au plus quatre ! On retrouvera Gaara chibi kawai plus tard.

Des review et des votes pour le peuple ! XD