L'ENFANT-DEMON
Auteur : Stingmon, je vois même pas pourquoi je précise ça à chaque chapitre, c'est navrant XD.
Genre : Action/Adventure, parce que je suis à sec question poèmes, mais ça devrait revenir dans…peut-être longtemps TT. En attendant, je peux juste essayer de faire des descriptions convenables qui pourraient paraître poétiques…J'essaye…
Disclaimer : Gaara appartient à Masashi Kishimoto (non, du calme, je vais PAS me suicider pour ça, alors lâche ce couteau XD). Shukaku n'est pas à moi non plus, mais sa forme humaine, son passé, son caractère et pas mal de ses techniques, je les ais inventés…Alors pour éviter les embrouilles, je dis qu'il est OOC !
Couples : La mère de Shukaku ne divorcera PAS et ne se remariera PAS avec le médecin du chapitre précédent. Il n'y aura PAS d'intrigue amoureuse entre Shukaku et ses parents, rassurez-vous XD.
Votes : Surtout, ne vous bousculez pas pour choisir votre star XD. Sekhmet : 2 voix ; Satan : 1 voix ; Hydre : 2 voix ; Seth : 1 voix
Sekhmet : Hé, Shukaku ! Promesse tenue, maintenant je fais la compétition aux Fondateurs ! T'as la rage, hein ?
Hydre : Ferme-la.
Réponse aux reviews : J'ai comme le pressentiment que cette section va se raccourcir oO. Maintenant, c'est réservé à ma sœurette et aux anonymes ! J'en profite quand même pour remercier les autres : Aalynn, Dragonwing4 et Ehwinn. Merci beaucoup :'-) !
Nadramon : Merci à toi aussi, sœurette :-) ! Et désolée de te briser le cœur avec Shukaku, mais je pouvais quand même pas lui faire un passé heureux et sans histoire, etme taperquatre chapitres à décrire les cadeaux qu'il reçoit à Noël ! XD Heureusement que l'intervention de Gaara t'a calmée, j'y aurais laissé ma peau…J'ai vraiment aimé décrire ce passage, quelle classe il a mon chibi mignon shinobi :'-) !
Kao : Wow ! Merci pour ton commentaire plein d'enthousiasme. Tu peux pas savoir à quel point ça fait plaisir de voir ça tomber dans ma boîte mail TT. Être fan de moi ? (rougit) Mais je fais quoi si je n'arrive pas à me montrer à la hauteur de tes attentes ? TT Quoi qu'il en soit, je suis vraiment désolée pour le yaoi : ce n'est pas vraiment le genre de truc qui m'inspire…A la rigueur, je peux tolérer du Sasunaru puisqu'ils sont déjà quasiment ensembles dans le manga (ça m'étonnerait à peine s'ils finissaient mariés à la fin…oO). Deux-trois trucs yaoi avec Gaara…OK tant que c'est bien tourné et qu'il n'y a pas de relation Uke-Seme, passe…Mais du ShukakuXGaara dans cette fic, c'est tout à fait impossible. Tout d'abord pour une raison simple : c'est pas dans mon scénario, et ça risque de le ficher en l'air. Ensuite, il y a d'une part le problème de la différence d'âge (Shukaku a quand même 1264 ans, c'est pas rien XD), et d'autre part le fait que Shukaku est le parrain de Gaara. Je pensais davantage à une relation père/fils, ou fraternelle, quelque chose comme ça. Donc, mes excuses.
Euh…Voilà, c'est tout. S'il vous plaît, n'hésitez pas à m'envoyer des commentaires TT. Une dernière précision avant de commencer le chapitre 9 :
Si vous n'aimez pas le Shukaku de ma fic, il vaudrait sans doute mieux que vous alliez chercher une autre histoire dès maintenant, à moins que vous ne soyez VRAIMENT fan de Gaara. Je ne voudrais pas être tenue pour responsable des dommages occasionnés à votre écran à la suite des flashbacks. Pour les autres, bonne lecture !
Chapitre 9 : Au gré du vent, quand le sable danse
-Ce démon a perdu l'esprit !
-Enfermez-le ! Privez-le de nourriture jusqu'à ce que la douleur lui fasse entendre raison !
-Emmenez les blessés !
Les cris fusaient de toutes parts. Les moines animistes, crânes rasés, nus pieds, vêtus de leurs habituels kimonos de toile, entraînaient le corps du jeune démon dans les profondeurs du sol.
Ils avaient creusé ces cachots à l'écart du village et de leur temple, qui ne devait abriter aucune violence, quelle que fût sa nature. C'était pour cette raison que toutes les salles où ils vivaient, tous les terrains d'entraînement avaient été creusés dans les falaises, loin de l'oasis qui abritait le modeste bâtiment religieux, destiné aux études et à la prière.
Le petit être, tellement emmailloté qu'on distinguait à peine son corps, ses liens parcourus de parchemins sur lesquels maints sortilèges avaient été dessinés, se débattait comme un beau diable. Il injuriait ses porteurs, avec tout le maigre bagage d'obscénités qu'il avait pu rassembler en huit années d'existence.
Shukaku avait beaucoup grandi en cinq ans, mais conservait un aspect chétif pour son âge. Il était vêtu du même kimono clair que les moines, un minuscule habit que l'on avait dû lui confectionner sur mesure. Sa maîtrise du chakra s'était sans conteste améliorée : le sable dansait frénétiquement autour de lui, malgré les sceaux qui le couvraient, et des rafales furieuses mais inoffensives cinglaient le visage des hommes. Ses yeux noir et or brillaient plus fort que jamais. Il avait aussi enrichi notoirement son vocabulaire :
-Lâchez-moi, fichez-moi la paix, bande d'humains débiles ! Vous verrez quand je serai un vrai démon, bande de faibles ! Têtes de cailloux !
Il hurlait de toute la force de ses jeunes poumons, et entrecoupait ses insultes de rires suraigus. Ce fut donc les oreilles passablement malmenées que les manipulateurs de Juuinjutsu arrivèrent à une cellule, fermée par une lourde porte de pierre. Ils y jetèrent l'enfant, non sans soulagement. Celui-ci percuta le mur d'en face avec un hoquet de surprise.
-Nous ne te ferons pas sortir d'ici avant trois jours, annonça la voix grave d'un moine, puisse cette pénitence te permettre de réfléchir à tes actes.
Shukaku entreprit péniblement de redresser la tête et le buste pour faire face à l'homme. Il partit d'un grand rire, et recommença à chantonner « Têtes de cailloux ! Têtes de cailloux ! ». La porte se referma avec un lourd fracas. Le son de son rire se répercuta sur les murs de pierre.
Il faisait sombre, à présent. Il n'y avait qu'une seule minuscule fenêtre, si haute qu'il ne pouvait pas voir le ciel à travers elle. Sa position était vraiment inconfortable…Mais qu'y pouvait-il, attaché comme il l'était ?
Ses éclats de rire emplissaient tout l'espace, le faisaient paraître plus petit encore. Il faisait froid, et son petit kimono de toile le protégeait si mal…Il se tassa sur lui-même en frissonnant. Son rire devenait grêle, parsemée des fêlures que provoquait la morsure du froid. Le sable ne bougeait plus quand il l'appelait, à cause de ces sortilèges contre sa peau. Cela le rendait un peu triste, un peu seul. Il se mit à chanter ses impertinences sur un air simple, dont le refrain répétait invariablement « Têtes de cailloux ! ».
Cela dura quelques minutes. Il y avait quelque chose d'humide sur ses joues. De surprise, sa voix mourut sur ses lèvres. Les deux petites gouttes d'eau tracèrent un léger sillon sur sa peau, se retrouvèrent en équilibre instable sur son menton, glissèrent dans son cou. D'autres surgirent de ses yeux. Il constata avec désarroi qu'il s'agissait de larmes.
-Non…Il ne faut pas…Hoqueta-t-il à mi-voix, en se tortillant pour les essuyer.
Mais les cordes lui liaient solidement les bras, et il retomba sur le côté. Ses larmes glissèrent sur la pierre froide. Là encore, il se concentra pour stopper le débordement.
Verser des larmes, ça n'avait aucun sens. Un démon ne devrait pas pleurer, n'est-ce pas ? C'est fort, un démon. Ca rit fort, ça fait beaucoup de bruit, parce qu'ils n'ont pas peur qu'on les remarque, parce qu'ils sont si puissants, mais ça ne pleure pas.
Pourquoi ces larmes, alors ? Etait-ce à cause de ses parents ?
Depuis ce jour où ils avaient appris que leur fils était promis à devenir un démon, il avait été pénible de vivre avec eux. Tous deux, bafoués dans leur honneur, avaient nié de toutes leurs forces les liens qui les unissaient à leur monstre de fils, et son père était allé jusqu'à raser ses cheveux couleur de sable.
Il lui avait interdit de les appeler autrement que « Monsieur » et « Madame », interdit de marcher avec eux dans la rue, interdit de plus en plus fréquemment de mettre les pieds dans leur demeure, interdit de porter le nom de leur famille. Quand, aux cinq ans du garçon, il était venu supplier les moines shintoïstes de le débarrasser du monstre qui hantait sa famille, il l'avait désigné comme « Shukaku ». Uniquement Shukaku.
Mais avait-il réellement besoin d'un second nom, qu'il partagerait avec cet homme haineux ? Pour un démon, « Shukaku » était amplement suffisant, sa puissance rattraperait les syllabes manquantes ! N'était-il pas déjà l'esprit du sable ? Songeait-il avec orgueil. Non, ce n'était pas cet homme, cet homme qui avait refusé d'être son père.
Sa mère, peut-être ? Elle avait eu l'air tellement triste ! Sa mère dont il avait oublié le visage. Sa mère dont les traits devaient être semblables à ceux de son fils, sans quoi elle n'aurait pas porté ce masque blanc, qui grimaçait désespéramment et qu'elle n'avait plus quitté depuis cinq ans.
Combien de larmes avait-elle versé ? Pourquoi tous ces pleurs, comme si la mort l'avait séparée de son unique enfant ? Tout allait bien, pourtant. Pourquoi accusait-on ce sable qui lui obéissait, ces pouvoirs si formidables qu'il possédait ? Il n'avait jamais compris la détresse de sa mère, et avait fini par trouver cela fatigant. Ce n'était pas elle non plus.
Son existence chez les moines, dans ce cas ? C'est vrai qu'il s'était senti un peu perdu, quand on l'avait enfermé dans cette salle sombre, nue et minuscule qui devait lui servir de chambre, avec pour tout bagage le léger kimono qu'il portait et un autre qu'on lui avait donné. Il avait un peu pleuré, tout seul dans la petite pièce, ce jour-là. Pas beaucoup.
Il avait été accueilli par les shintoïstes bien malgré lui, à la demande quasi suppliante de son père. Les manipulateurs de Juuinjutsu avaient accepté, car la sincérité intérieure était l'une des trois grandes valeurs du culte Shinto, et Shukaku était tout simplement incapable de mentir, même à lui-même. Quand la vérité lui déplaisait, il ne pouvait que s'efforcer de l'ignorer, ou encore la railler.
Sans doute espéraient-ils éteindre, grâce à leur religion, les instincts maléfiques qui risquaient de se développer chez l'enfant. Convertir le démon, en somme.
Mais les principes sont les principes, et les hommes sont les hommes. Nombre d'entre eux ne pouvaient masquer la répugnance que leur inspirait Shukaku. Peut-être fut-ce pour cette raison que son mode de vie devint si stricte tout à coup. Les moines menaient une existence austère de prière et d'étude, ne possédant rien, ne recherchant que le savoir et l'harmonie. Pas vraiment l'état d'esprit que pouvait adopter un jeune garçon turbulent, grisé par ses propres capacités.
Moins d'un mois avait été nécessaire pour qu'il connût chaque recoin des bâtiments creusés dans la roche, tout particulièrement les cachots, ainsi que l'oasis et le temple qu'il abritait. Il avait également décrété que, si les tenues des shintoïstes étaient pratiques pour les acrobaties, le crâne rasé était tout bonnement affreux. Par esprit de rébellion, il avait laissé pousser sa propre toison claire, et elle formait maintenant une impressionnante queue de cheval.
Pourtant, si les habitudes religieuses auxquelles il avait été soumis, telles que les études, ou les prières (qu'il avait parfois dû refuser purement et simplement de prononcer, par soucis de sincérité), lui paraissaient terriblement ennuyeuses, il y avait au moins une chose qui le rendait, en fin de compte, plutôt heureux d'avoir atterri là : Les moines shintoïstes étaient aussi, et avant tout, de puissants utilisateurs des arts Shinto, qui deviendraient plus tard les arts ninja.
Ces arts de combat, essentiellement consacrés à la défense et à l'harmonie avec le chakra, il y avait été familiarisé dès son arrivée. Taijutsu, Ninjutsu, (il n'avait jamais su apprendre le Genjutsu, trop semblable à un mensonge), et sa discipline favorite, la spécialité du village caché de Suna : Fûton, l'art d'utiliser le vent.
Non, ce n'était pas son mode de vie en lui-même. Il commençait presque à y prendre goût, quoiqu'il déplorât le fait qu'on ne le laissât sous aucun prétexte enrichir ses connaissances sur les démons, un sujet qui l'intéressait au plus haut point.
Alors ?
Les évènements de la journée ? Le sentiment d'injustice que cela lui inspirait ? Ses larmes coulèrent de plus belle, de gros sanglots d'enfant. Oui, c'était probablement ça.
Il faisait beau, ce jour-là, pourtant. La lumière du soleil, reflétée par le sable, nimbait le désert tout entier d'une lueur aveuglante. Les dunes scintillaient comme des marées de joyaux. L'air était presque saturé de poussière, et la température difficilement supportable, mais Shukaku ne s'en inquiétait pas. Il s'était depuis longtemps habitué à la chaleur écrasante de son pays natal.
Il courait, le visage épanouit, sa longue queue de cheval fouettant le vide derrière lui. S'il se retournait, le sol, de plus en plus lointain. Sous ses pieds nus, la falaise brûlante. Devant ses yeux, l'objectif, le sommet du ravin, et plus loin le ciel. Cette sensation le ravissait.
C'avait été une véritable révélation, que d'avoir appris à maîtriser son chakra. Lui qui quelques années auparavant peinait à rester accroché à un mur, à présent il n'existait plus d'obstacle capable d'arrêter sa fougue. Le vent sifflait autour de lui, un vent sec qui augmentait encore la sensation de sa toute-puissance.
Il ralentit légèrement le rythme, et baissa les yeux vers le moine supposé l'entraîner. Celui-ci faisait de son mieux pour ne pas se laisser distancer, mais il n'était ni aussi agile ni aussi endurant que le jeune démon, et il perdait peu à peu du terrain. Cette constatation acheva de mettre le garçon de bonne humeur. Il éclata d'un rire railleur, lança au shintoïste un enthousiaste « Vous êtes lent ! » et se précipita vers le sommet.
Il eut vite fait d'atteindre le parterre de roche, très loin au-dessus des dunes. Il regarda le paysage couché devant ses yeux, savourant son triomphe.
On voyait bien Suna, d'ici. La construction des murailles avait bien avancé, et elles s'élevaient à présent loin au-dessus des bâtiments. On était en milieu de mâtinée, et les rues étaient animées. Shukaku se tint là un moment, à regarder les habitants déambuler, se plaisant à deviner ce qu'ils faisaient, surveillant avec amusement les guerriers à l'uniforme sombre…
Il pouvait distinguer la couleur de leurs vêtements, et dans une faible mesure, leur âge. D'un poste d'observation si éloigné, ce type d'exploit aurait été purement impossible à tout humain. Mais ni la distance ni les ténèbres n'arrêtaient les yeux flamboyants du démon.
On sentait bien le vent, de là-haut. Le garçon renversa la tête avec délice, savourant l'air vif comme une eau fraîche coulant dans sa gorge. Il adorait écouter le vent, et cela l'aidait à mieux réussir ses sortilèges Fûton. Ces moments de contemplation étaient les seuls où il pouvait demeurer tranquille plus d'une minute.
La brise tourbillonnait autour de lui, agitait ses cheveux. Elle semblait danser, une belle danse gracieuse et rythmée, et l'inviter à suivre cette danse.
Ses deux losanges d'or se teintèrent d'un éclat inhumain, merveilleux, deux étoiles par une nuit sans lune, tandis qu'il écoutait de toute son âme la mélodie du désert. Lentement, il tourna sur lui-même, en s'appliquant à suivre la cadence dictée par le vent. Ce n'était pas trop dur, et vraiment très agréable, découvrit-il avec plaisir. Il se mit à danser plus librement, porté par la brise comme le sable des dunes, tourbillonnant, défiant le vide au bord de la falaise.
Ce n'était plus lui qui suivait le vent. C'était le vent qui reproduisait ses gestes, qui l'enveloppait de son étreinte mordante, qui virevoltait à ses côtés comme un esprit familier.
Il était le Maître du sable, le Seigneur des rafales ! Il rit de plaisir, et accéléra encore le rythme de ses mouvements. Les dunes, sous lui, flamboyaient d'un éclat magique, formidable.
Shukaku, le démon du désert !
Il finit par entendre la voix lointaine du moine, et interrompit sa danse à contrecœur. L'homme le fixait avec antipathie, les bras croisés. C'était un grand individu corpulent, le visage buriné par le soleil, déjà vieux et sec aux yeux du garçonnet.
-Tes pitreries ne t'aideront pas à apprendre, jeune insolent, dit-il sévèrement, combien de fois déjà t'a-t-on répété à quel point la discipline était indispensable, particulièrement pour un demi-humain tel que toi ? La technique Fûton que je dois t'enseigner est autrement plus complexe que toutes celles que tu maîtrises déjà.
L'enfant dressa l'oreille à l'évocation du mot « Fûton », et s'approcha de l'homme en sautillant.
-C'est vrai, du Fûton ? Wow ! Quel genre de Fûton ?
-Cesse de t'agiter ! Tout d'abord, il est nécessaire que tu comprennes la raison de ta formation : en tant que moine shintoïste de Suna, tu es ici avant tout pour protéger le village caché du sable. Cette priorité doit toujours te rester présente à l'esprit.
Le jeune démon allait rétorquer qu'il n'avait jamais demandé à devenir moine, et encore moins à protéger un village d'imbéciles qui de toutes façons l'avait chassé dès ses cinq ans, et qu'il comptait bien au contraire devenir un véritable démon dès que l'occasion se présenterait à lui, comme ça les imbéciles tels que le gros moine chauve et bigleux en face de lui cesseraient de le qualifier de « demi-humain » ou de « demi-démon », et qu'il commençait à en avoir assez d'être un « demi », mais l'homme ne lui laissa pas le temps d'ouvrir la bouche :
-Comme tu devrais le savoir, le village caché subit de plus en plus de pressions des pays voisins. Ces gens jalousent nos pouvoirs, et ont déjà réussi à nous dérober certains secrets concernant le chakra. La rumeur prétend que le pays d'Heiya mettrait au point de nouveaux arts Shinto, à des fins purement belliqueuses.
« Malgré tous nos efforts, il semblerait que nous soyons à l'aube d'une guerre, aussi devons-nous nous préparer. Il nous appartiendrait de protéger le village, si jamais il venait à être assiégé. En conséquence, ton entraînement va être précipité, et les techniques que nous t'enseigneront seront désormais d'un niveau plus avancé. Celle-ci te sera certainement la plus utile :
« Il s'agit d'un sort défensif, qui consiste en la fabrication d'un champ de force par déformation de l'air autour de l'objet ou de la personne à protéger. Plus le chakra du lanceur est puissant, plus la protection est grande, et le vent forme une barrière plus efficace. C'est pourquoi elle a été nommée « Renkudan », la Distorsion de l'air.
L'enthousiasme de Shukaku retomba légèrement. Encore des sortilèges défensifs ! Le principe de non-violence était encore fermement ancré chez les moines du culte Shinto, et les techniques consistaient essentiellement en des sorts d'immobilisation, de soin ou de parade. On racontait que, dans l'enceinte du village, on avait commencé à développer des techniques utilisables pendant les guerres de conquêtes…
-Tu as des objections ?
Le ton menaçant était plus que clair : la question n'attendait rien d'autre qu'un « Non, Maître. ». Mais c'était sans compter la sincérité, légendaire autant que railleuse, qui était propre aux démons :
-C'est pas mal, mais j'aimerais mieux un truc offensif. Et puis à tous les coups, ce sera trop facile !
Une veine palpita à la tempe du moine animiste.
-Méprisable démon plein d'orgueil, marmonna-t-il entre ses dents serrées, tu ne devrais pas sous-estimer la puissance de tes professeurs.
Et, sans crier gare, il se mit à composer une multitude de signes à une vitesse telle qu'on distinguait à peine ses doigts.
Ayant senti le piège trop tardivement, Shukaku s'efforça de suivre des yeux les symboles. Ils s'enchaînaient à une vitesse ahurissante. Le coq, le tigre, le cheval, la chèvre, le chien…Et celui-là ? La série continuait. Il y en avait tellement ! Il n'arrivait pas à tous les mémoriser, pas à un tel rythme.
La cavalcade infernale s'interrompit enfin sur le signe du dragon, et l'homme déclama, les sourcils froncés par la concentration :
-Fûton ! Renkudan ! La Distorsion de l'air !
Médusé, le garçon vit l'air se déformer autour de l'homme, et former un dôme de rafales tourbillonnantes qui repoussaient tous les obstacles. D'énormes nuages de poussière s'abattaient sur lui, se tordaient, se déchiraient et s'éparpillaient de tous côtés.
Enfin, le sortilège cessa, le vent tempéra sa furie. Le moine, de la sueur commençant à dégouliner de ses tempes, se redressa pour le considérer, un sourire narquois sur les lèvres.
-C'est ton tour, à présent. Et tâche de réaliser un sortilège à la hauteur de tes fanfaronnades.
Shukaku se renfrogna. Tout ça pour le simple plaisir de le coincer ! Il n'avait aucune envie de lui donner cette satisfaction, non, vraiment aucune. Il lui tira la langue, et ferma les yeux pour se concentrer, tandis que le chakra affluait dans ses méridiens. Il commença à composer des signes, lentement, avec application. C'était difficile. Comment pouvait-il réaliser un sortilège dont il ne connaissait que la moitié des symboles ? Il faudrait se fier à son intuition. Il lui avait semblé qu'il y avait trois signes principaux, trois piliers pour tous les autres symboles.
Attiré par son énergie démoniaque, le vent s'enroula autour de lui, bruissa dans ses cheveux. Cette présence obéissante le rasséréna. Que risquait-il, après tout ? Le vent était son vassal, son arme, son allié, un fragment de son âme ! Quelles que fussent ses maladresses, il se passerait quelque chose. L'impalpable messager du désert, le seigneur aux sandales ailées qui allait par les dunes en mugissant ne le trahirait pas pour si peu !
Il composa l'une des suites qu'il avait mémorisées, coq, tigre, cheval, chèvre, chien…Il avait oublié le suivant. A tout hasard, il choisit le tigre. Il réalisa ensuite complètement à l'instinct la fin du sortilège, et acheva par le dragon. Il ferma les yeux, concentra de toutes ses forces son chakra dans ses poumons, et prononça le sortilège :
-FÛTON ! RENKUDAN ! LA DISTORSION DE L'AIR !
Etait-ce en raison de la colère que son aigre professeur lui avait inspirée ? Fallait-il y voir les effets de son sort bancal ? Les conséquences de sa trop grande maîtrise de l'élément venteux ? Le sourd désir de faire savoir cette supériorité ?
Le vent s'éleva, le vent tournoya autour du jeune lanceur en un ballet effréné, mais il n'en resta pas là. Il se rassembla lentement au-dessus de l'enfant, continuant de siffler avec fureur, forma une sphère d'ondes cinglantes et de poussière, grandit, grandit sans cesse…
Le moine écarquilla les yeux de panique, alors que la Distorsion de l'air se formait sous ses yeux. Elle se mit brusquement en mouvement, fendit la roche, ouvrit dans la falaise de vastes plaies, se rua vers l'homme.
La bombe d'atmosphère ne visait rien en particulier, sans quoi l'homme aurait probablement perdu la vie. Toutefois, si le sortilège de protection qu'il bâtit en hâte le préserva du gros de l'attaque, il ne l'empêcha pas de rouler sur le sol, fauché par l'onde de choc, et de s'entailler les membres en maints endroits.
Shukaku demeura un long moment immobile, les bras repliés devant son visage, à tousser et à s'étrangler pour chasser de ses poumons la poussière qu'il avait inhalée. Puis il risqua un regard penaud sur le décor :
Une large crevasse ouvrait en deux la falaise. Des roches entières avaient été arrachées et chassées du chemin qu'avait emprunté l'attaque, laissant apparaître une large zone déblayée au milieu du cataclysme. Fort heureusement, il n'y avait pas grand-chose à part de la pierre et de la poussière, par ici. Ces dégâts n'étaient pas très importants. Le démon soupira de dépit. Il avait échoué, finalement. En grimaçant, il se tourna vers son professeur, prêt à endurer les brimades et les sourires triomphants du vautour.
Mais, quand il l'aperçut enfin, ce n'était pas du triomphe qui luisait dans ses yeux. Ni du reproche. C'était de la terreur.
Encore recroquevillé sur le sol, les bras en sang, le moine esquissa un unique signe, et souffla de toutes ses forces entre ses doigts. Un sifflement strident retentit aussitôt, un trille abominable de deux notes grinçantes. Ce fut au tour de Shukaku de se figer d'angoisse.
Ce sifflement, il le connaissait. Il y avait un prix à payer, quand on était un démon formé au combat par les humains : la défiance et la crainte. Ce son abominable était un signal d'alerte.
Sans perdre de temps à réfléchir, il s'élança vers le bord de la falaise, et se mit à courir frénétiquement à la verticale. Les autres allaient bientôt arriver. Le sol se rapprochait de plus en plus vite. Suffisamment ? Il ne le savait pas encore. Des cris commençaient à retentir derrière lui.
-Qu'y a-t-il ?
-Encore Shukaku ?
-Ce monstre m'a attaqué !
-POURSUIVEZ-LE ! NE LE LAISSEZ PAS S'ENFUIR !
Il atteignit enfin le sol. Le sable, en réponse à sa panique, se contorsionna sous ses pieds, ondula sous lui et l'entraîna plus vite encore vers l'avant. Il fendit l'air, courant à en perdre haleine à travers l'immensité des dunes. Les moines le poursuivaient, il sentait leur présence dans son dos. Il serra les poings de frustration. Combien de temps encore devrait-il fuir devant eux ?
Il entendit la rumeur d'une incantation, derrière lui, et s'aplatit contre le sol brûlant. Le sable s'éleva aussitôt pour parer l'offensive. Il devina un nouveau sortilège, non loin, se releva en hâte et continua sa course. Il pivota alors sur lui-même, et fit face à ses adversaires tout en joignant les mains devant son visage :
-Mais vous allez me ficher la paix, oui ? Prenez ça, bande de croulants ! Suna no usuita ! Les lames de sable !
Le sable, face à lui, se mut en bruissant, creusant un large sillon dans la dune qui lui faisait face. Il se ramassa sur lui-même, s'éleva dans les airs, si haut qu'on ne pouvait le regarder sans avoir les yeux brûlés par l'éclat ardent du soleil. Une lame se forma sur toute la longueur de la langue de sable, qui s'abattit avec fracas sur les moines.
Certains s'écartèrent, beaucoup parèrent avec diverses techniques, la plupart lui renvoyèrent des sortilèges Ninjutsu. Les cris continuaient de fuser :
-Il est incontrôlable, à présent !
-Immobilisez-le ! EMPÊCHEZ-LE DE S'ECHAPPER !
Il composa un sort pour parer une nouvelle offensive. Un autre pour balayer d'un large mouvement de son sable les adversaires qui approchaient. Certains tombèrent à terre en grognant de douleur.
-Il nous faut des renforts !
-Prévenez Namida-sama !
-Fûton ! Kyuu no odori ! La danse des dragons !
Shukaku bondit pour échapper à la multitude de serpents translucides qui le chargeaient. D'autres assauts venaient. Il se remit à danser, mais c'était une danse dangereuse, pleine de rage et de panique. Les attaques pleuvaient. Elles sifflaient autour de lui, elles explosaient sous ses pieds, elles l'écorchaient quand il perdait sa concentration. Si nombreux…
-JUUINJUTSU ! Shinsei no saiban ! Le jugement divin !
L'enfant écarquilla les yeux. Les moines shintoïstes s'étaient rassemblés en demi-cercle autour de lui. Des rouleaux s'étendaient à leurs pieds, vomissant d'interminables colonnes qui s'étendaient sur le sable. Elles rampaient, serpentaient rapidement sur les dunes. Une large toile d'araignée qui se poursuivait d'elle-même, qui se resserrait inexorablement vers sa cible.
Vers lui.
Il s'éleva dans les airs, dans une ultime tentative pour échapper aux assauts. Des sortilèges Juuinjutsu, à présent…La tête en bas, il contempla les dunes scintillantes, envahies par la broderie noire. Certains animistes s'étaient accroupis sur le sol, ouverts une plaie au bras, et traçaient de nouvelles écritures rouges de leur propre sang.
Juuinjutsu…Cet art qu'on ne lui avait jamais enseigné, cet art qui lui inspirait tant de répulsion…L'art qui tuait les démons. Un frisson de peur parcourut l'échine du jeune garçon.
Il amorçait sa descente. Il fallait faire vite. Se défendre, attaquer…Il ne voulait pas être repris ! On allait encore le punir, et il savait qu'il n'avait rien fait qui méritât ces sentences. Tout au plus avait-il provoqué un petit incident en se trompant dans son sortilège ! Toutes ces injustices sous prétexte qu'il n'était pour l'instant qu'un demi-humain…Il serra les dents. Un jour, il serait un véritable démon ! Ils allaient voir…
Il ramena ses mains contre sa poitrine, et commença à toute vitesse à composer des signes. Il se souvenait précisément de la longue suite qui avait provoqué cette attaque…Serpent, lapin, singe, sanglier, cheval, dragon, coq, tigre, dragon, singe, chien, chèvre, bœuf, coq, rat, tigre, coq, tigre, cheval, chèvre, chien, tigre, singe, rat, tigre, coq, dragon !
-FÛTON ! RENKUDAN ! LA D…
-JUUINJUTSU ! NIKKOKUSARI ! LES CHAÎNES DE LUMIERE !
Il n'eut pas même le temps de porter ses doigts à ses lèvres. Son champ de vision fut obstrué par une marée d'or. Avant même qu'il ait pris conscience du danger, il se retrouva projeté à terre.
Il avait mal. Quelque chose l'écorchait, brûlait sa peau. Il n'y voyait plus rien. Il tenta de se débattre. Cette chose bloquait ses mouvements. Il sentit la présence ardente et familière du sable, sur lui. Il lui commanda de se dresser devant lui, de le protéger de ces agresseurs qu'il ne parvenait plus à distinguer. Son chakra jaillit de ses méridiens en un flux serré, mais disparut immédiatement. Il eut un hoquet de surprise douloureuse. Son énergie disparaissait ! On la lui dérobait ! Il redoubla d'efforts pour se libérer de l'emprise du sortilège. En vain.
-Parfait ! Nous le tenons !
Les lamelles d'or se rassemblèrent autour de sa taille et de ses chevilles. Il put enfin ouvrir les yeux. Les liens lumineux étaient redevenus de simples fils de métal, minces et tranchants. Les moines s'avancèrent, le soulevèrent sans ménagement et l'entraînèrent vers les falaises.
Il ne voulait pas. Il ne voulait pas ! Ces gens allaient encore le faire souffrir, l'empêcher de manger, l'empêcher de boire, l'empêcher de courir à sa guise parmi les dunes, l'empêcher de sentir le vent sur son visage, l'empêcher de voir la lumière du soleil ! Il ne voulait pas qu'ils l'emmènent !
Et il ne parvenait pas à les en empêcher. Ce sentiment d'impuissance fit monter une grosse boule dans sa gorge. Il se sentait mal. Il voulait faire quelque chose.
Il se tortilla en tous sens. Il hurla des injures aux moines qui le tenaient. Il tenta de distribuer des coups de pieds autour de lui.
Il éclata de rire.
-Ce démon a perdu l'esprit !
-Enfermez-le ! Privez-le de nourriture jusqu'à ce que la souffrance lui fasse entendre raison !
-Emmenez les blessés !
Devant eux s'élevait la falaise. Une ouverture dans la roche menait aux cachots.
Pas forcément un chapitre très intéressant, désolée…Seulement, on retrouve Shukaku à 14 ans dans le prochain flashback, et je ne me voyais pas sauter 11 ans de son existence d'un coup oO. Alors, j'en ai profité pour retracer l'apprentissage de sa technique favorite, qu'il utilise comme un bourrin dans le volume 15 et dont j'adore le nom : Renkudan, la Distorsion de l'Air :-) !
