Petit mot de l'auteure : il fait beau chez moi


Jour 7 : Mort.

Merci à Angie, Nanthana, Marina et BA (x2) pour leurs review sur l'OS précédent !


Le silence était si pesant que pour la première fois de sa vie, Geralt avait envie de le briser. Seulement, il ne savait pas bien quoi dire. Il y avait-t-il simplement quelque chose à dire dans ce genre de situations ? Le Sorceleur qu'il était avait beau ne pas être le plus socialement averti en manière de discours, même lui savait que parfois, aucun mot n'était suffisant. Pourtant, Jaskier, toujours allongé à ses côtés, trouva le moyen de parler :

- S'il te plaît.

Les mots qu'il avait tant de mal à trouver d'ordinaire étaient encore plus emmêlés dans son esprit. Geralt aurait voulu se réfugier derrière un « hmf », un haussement d'épaule, une ignorance feinte, mais rien n'aurait pu fonctionner dans cet instant ci.

À vrai dire, rien n'était correct. Rien n'avait de sens depuis que Jaskier s'était fait griffer si violemment qu'ils avaient pris conscience tous deux qu'il ne pourrait s'en sortir. Cela ne faisait que quelques minutes que le combat s'était terminé et pourtant, Geralt avait eu l'impression qu'une éternité s'était engouffrée. Après tout, l'éternité, ce n'était pas si mal, non ? Cela permettait de repousser l'inimaginable : que le barde ne survive pas.

Geralt refusait cette éventualité. Lorsque Jaskier s'était effondré, le ventre ouvert d'une plaie si profonde que rien ne pourrait la refermer, son esprit avait refusé de croire l'évidence. C'était assez ironique d'une certaine manière – lui, si raisonnable et conscient, refusait de croire ce qu'il avait devant lui, alors que Jaskier, d'habitude si perdu dans ses pensées, ne se faisait aucune illusion sur ce qui l'attendait.

- Tue moi, demanda-t-il alors encore une fois. Je ne veux pas mettre des heures à mourir. Je... je ne veux pas souffrir, Geralt...

Les yeux de Jaskier étaient plein de larmes. Ceux de Geralt eux, étaient perdus, remplis d'incompréhension – pourquoi le barde pleurait-il ? Des deux, il était toujours celui avec le plus d'optimisme, de fougue, de joie. Il ne pouvait pas pleurer. Tout comme il ne pouvait pas lui demander de le tuer.

- Comment suis-je censé faire ça ? Finit par murmurer le loup blanc.

- T'es un sorceleur, tu dois bien avoir quelques idées, répondit Jaskier dans une tentative d'humour.

Ce n'était pas drôle. Pas drôle du tout, même. Pourtant, Geralt laissa s'échapper un petit rire en réponse à son ami. Peut-être parce qu'il pressentait qu'une fois qu'il aurait exécuté le souhait de Jaskier, il ne pourrait plus jamais rire.

Celui-ci lui souriait, ses yeux remplis de confiance, une confiance qu'il lui avait toujours donnée, une confiance avec laquelle il partirait.

- Merci de m'avoir supporté, dit finalement Jaskier.

- Merci à toi de m'avoir supporté, se racla la gorge en retour Geralt.

Puis, il empoigna son épée, et porta le dernier coup.


Note de fin : Une review = un mouchoir.