Petit mot de l'auteure : ce texte a été écrit en cadeau pour Nanthana !

Merci à Merlin pour sa relecture


Geralt pouvait se montrer parfois particulièrement agaçant.

Enfin, souvent serait plus juste.

Mais il n'était jamais aussi énervant que lorsqu'il le traitait comme un enfant de trois ans.

- Encore une fois, les arbres de cette forêt sont réputés pour manger les âmes qui la traverse. Ils réagissent au moindre bruit, alors...

- Oui, oui, je sais, silence complet. Tu me l'a répété au bas mot cent cinquante fois ! J'ai compris !

Là, le loup blanc avait eu l'audace de lui lancer un regard emplis de doute, mais avait soupiré. Ils avaient tous deux continués leur route, jusqu'à pénétrer dans la fameuse forêt. Au premier coup d'œil, celle-ci ressemblait à n'importe quel autre bois. Mais très rapidement, on s'apercevait d'un fait étrange : elle était anormalement silencieuse. Pour Jaskier, qui trouvait tant de réconfort dans le bruit, entrer dans un monde où tout semblait retenir son souffle était particulièrement compliqué. Il était à deux doigts de craquer et chanter quelque chose afin de chasser cette horrible impression de fin du monde. Toutefois, un rapide coup d'œil aux arbres le retint. Là encore, tout semblait normal. Mais après quelques secondes à les regarder, il avait la désagréable impression que ces derniers le dévisageaient en retour, attendant le moindre faux pas pour bondir.

Peu désireux de finir en pattée pour arbre cannibale dans une agonie certaine, il tâcha de se faire tout petit et suivre le plus discrètement possible Geralt. Et même s'il y arrivait pour l'instant bien, il n'arrivait pas à chasser l'horrible pressentiment qui lui hurlait que les choses n'allaient pas tarder à se gâter.

En effet, les choses se gâtèrent.

Alors qu'ils n'étaient qu'à quelques mètres de la sortie de cet enfer, Geralt éternua.

Jaskier n'eut le temps que de le dévisager avec stupéfaction qu'il se reçut une branche dans le dos. Sonné, il s'écroula au sol, se releva juste à temps pour voir un arbre s'approcher de lui dans une vision cauchemardesque : une bouche béante s'était ouverte sur le tronc. Le barde ne réfléchit pas plus longtemps et prit ses jambes à son coup. À ses côtés, Geralt en faisait de même.

Lorsqu'ils sortirent enfin de cette forêt de malheur, ils étaient tous les deux couverts de profondes lacérations et de bleus qui menaçaient de rester bien longtemps. Et puisqu'ils étaient hors de danger – enfin, Jaskier l'espérait – il en profita pour laisser ressortir tout ce qu'il avait contenu.

- Tu choisis AUJOURD'HUI pour éternuer ? Sérieusement ? Et après c'est à MOI qu'on fait des leçons de moral pendant dix ans sur le bruit ?

Et ainsi de suite pendant dix bonnes minutes, durant lesquelles Geralt eut le bon ton de paraître contrit. Au fond de lui même, Jaskier exultait – pour une fois que c'était lui qui pouvait faire les reproches !


Note de fin : Une review = un mouchoir pour Geralt