Petit mot de l'auteure : ce texte a été écrit en l'honneur de l'anniversaire de Henri Cavill !
Geralt marchait d'un pas énervé.
Pour la millième fois, il c'était disputé avec Jaskier. Toutefois, la dispute avait été cette fois-ci particulièrement violente. Le pire dans toute cette histoire, c'était que s'il était honnête avec lui-même, leur embrouille était de sa faute. Jaskier était en train de composer un air pour une prochaine balade, et il lui avait méchamment dit de se taire. Certes, rien de nouveau sous le soleil, mais quand le barde avait refusé d'obtempérer, il avait commencé à lui faire remarquer que sa musique était si nulle qu'il ne comprenait pas pourquoi il persistait. Alors oui, le sorceleur avait passé une très mauvaise journée ; sa blessure obtenue à cause d'une brouxe lui lançait, et oui, il était agacé que Jaskier ne veuille pas comprendre qu'il avait besoin d'un peu de calme pour se remettre de ceci. Mais il n'aurait jamais dû lui parler comme ça.
Il avait regretté ses mots sitôt les avoir prononcé ; malheureusement, il était trop tard. Jaskier qui d'ordinaire supportait bien ses brimades l'avait regardé les larmes aux yeux. Il fallait dire que lui aussi avait été blessé, pas aussi violemment que le loup blanc, mais assez pour le fragiliser physiquement et moralement. Avant qu'il n'ai pu le retenir pour s'excuser, son ami avait prit son luth en déclarant « Bien, je vais aller voir si d'autres supportent ma daube », avant de claquer dramatiquement la porte.
Geralt était resté quelques instants médusé, ne s'attendant pas à une réaction si virulente. Du coin de l'œil, il avait vu par la fenêtre Jaskier rentrer dans l'auberge au bout de la rue, certainement pour mettre de la distance entre eux.
Soupirant, le loup blanc se laissa tomber sur le lit. On pouvait dire qu'il avait bien mal géré ce coup là. Il devrait aller s'excuser sur le coup, pourtant, il ne parvenait pas à réunir assez de courage ou d'énergie pour y aller. Il sentait que cette fois-ci, un simple grognement ne suffirait pas ; il lui faudrait réunir les bons mots pour faire sentir sa sincérité à Jaskier.
Il était ainsi en train de réfléchir à que dire lorsqu'il entendit des bruits venant de la rue. Lorsqu'il arriva à la fenêtre, il vit une foule courir. Il remonta du regard vers le point que fuyaient ces gens et son cœur manqua alors un battement.
L'auberge dans laquelle se trouvait Jaskier était en feu.
Ni une ni deux, il récupéra son épée et se rua dans la rue. Il n'y avait aucune trace de son ami ; où c'était encore fourré cet idiot ? Avait-il pu sortir ? Était-il... piégé ? À cette simple pensée, il ne put tenir en place. Allant à contre-courant de la foule fuyant l'immeuble en feu, il pénétra le bâtiment. La fumée piquait ses yeux pourtant plus résistants que ceux des humains normaux. Tout en se protégeant le nez et la bouche, il songea que ce feu avait grandit anormalement vite... Mais il n'eut le temps d'y penser d'avantage car il trouva alors ce qu'il était venu chercher : Jaskier.
Comme il l'avait pensé, cet idiot se comportait... et bien, en idiot.
Il s'évertuait à avancer vers la zone la plus enflammée de l'auberge, là où étaient stockés les alcools.
- Viens là ! Grommela-t-il arrivé à sa hauteur.
Jaskier ne lui répondit rien, continua son chemin parmi les poutres en flammes. Geralt allait l'assommer lorsqu'il vit ce qui obsédait le barde. Son luth, ou plutôt ce qui en restait, était sur le bar en proie aux flammes.
Là, Geralt aurait mieux fait de s'en tenir au plan initial : assommage de l'idiot, évacuation, soin des brûlures. Sauf que voilà. Il savait que s'il agissait ainsi, l'autre imbécile ne lui reparlerait plus jamais. Alors il brava les flammes et, avec sa chemise maladroitement retirée, se saisit des restes du luth. Puis, il s'empressa de faire demi-tour, Jaskier sur ses talons.
Lorsqu'ils sortirent enfin, ils toussèrent à n'en plus finir.
Quand il eut reprit sa respiration, Geralt fut à deux doigts de crier sur Jaskier de sa voix enrouée. Ou peut-être de s'excuser. Ou de dire combien il était soulagé qu'il n'ait rien.
Il n'en fit rien.
À la place, il prit Jaskier dans ses bras, et murmura solennellement :
- On l'enterrera dignement.
Le barde hocha tristement la tête.
- Merci, souffla-t-il.
Ce n'était pas le premier luth qu'ils enterraient. Comme pour tous les autres moments difficiles, ils affronteraient celui-ci à deux.
Parce que c'est ce que les amis faisaient – même quand ils se comportaient comme de vrais idiots. Ils se pardonnaient et repartaient braver la vie, côtes à côtes.
Note de fin : Une review = rip Luth, mort pour la 150e fois
