Série : Naruto
Auteur : Schismatik
Disclaimer : Naruto (les livres, les personnages…), ne m'appartient pas
Tartare
Métronome infatigable, la goutte tombe et le son résonne dans la petite pièce.
Lorsque la pluie avait cessé, j'avais espéré pouvoir renverser la situation et gagner ce combat contre Imena. J'y suis presque arrivé pourtant. Fragilisée par la nouvelle situation, l'Hydre a été obligée de changer de tactique. Elle a vite compris que je l'avais vaincu sur le terrain du corps à corps et qu'elle ne pouvait plus me vampiriser.
Elle s'est alors éloignée pour lancer ces dards, de fines aiguilles, pas même chargées de chakra. J'ai eu beau les repousser encore et encore, l'une d'entre elles a fini par m'égratigner et son poison est entré dans mes veines. Plus il progressait, plus mes réflexes étaient lents, et d'aiguille en aiguille, j'ai bientôt été paralysé.
J'ai cru qu'elle allait m'achever, mais elle s'est contentée de m'assommer. Je me suis réveillé dans cette cellule humide et sombre, vraisemblablement souterraine, sans aucun moyen de savoir combien de temps j'étais resté évanoui. Les repas sont irréguliers, sans doute pour brouiller encore plus ma perception du temps, mais j'essaie de garder les idées claires. Cela doit bien faire près de deux semaines que je suis là.
Pour autant que je puisse estimer le temps, plus d'un mois s'est écoulé depuis le début de mon emprisonnement. Je connais désormais les moindres aspérités des parois grossières de ma cellule. Je l'ai examinée avec tant de soin, cherchant la plus petite faille que j'aurais pu exploiter. Mais le roc est massif et a résisté à tous mes coups. Même Lee n'aurait pu le broyer. Je repousse son souvenir, il me rend nostalgique et je ne veux pas me laisser abattre.
La porte a longtemps été l'objet de mes attentions. Le bois qui la constitue n'est pas un obstacle en lui-même, mais des sceaux doivent orner sa face extérieure : elle absorbe mon chakra à chaque fois que je l'approche et ne me laisse que mes capacités purement physiques. J'ai beau ne pas être maigrichon, dans ces conditions, le chêne massif est un adversaire trop fort pour moi.
J'ai aussi essayé toutes les techniques susceptibles de m'être utiles. Toutes celles que je connaissais, et même celles que je ne maîtrisais pas. J'ai bien failli y laisser la peau. Ce fiasco m'a cependant permis de découvrir quelque chose sur mes ravisseurs : ils tiennent à me garder en vie. Après un Katon particulièrement puissant (copié sur l'Uchiwa, pas besoin du Sharigan pour reproduire une technique), j'étais très sévèrement brûlé, et certain de ne pas en réchapper. Mais lorsque je me suis réveillé, sans doute bien plus tard, Quelqu'un avait soigné mes plaies. De plus, lorsque j'ai voulu me laisser mourir de faim, Ils ont trouvé le moyen de me nourrir de force pendant mon sommeil.
Je ne sais pourtant toujours pas ce qu'Ils veulent. Et je ne leur ferrais pas le plaisir de crier à travers la porte pour le leur demander.
Les jours, ou absence de jours, se succèdent. Fréquemment, je m'endors, abruti par un gaz qu'Ils répandent dans ma prison. J'ai bien tenté de résister, tout comme j'ai essayé de profiter du moment où ils apportent mes repas et donc ouvrent la porte pour m'enfuir. Mais d'une manière ou d'une autre, sans me voir, ils savent si je dors où pas. Avec le Byukagan, je les ai vu me surveiller depuis l'extérieur de ma cellule. Deux par deux, rarement les mêmes. Des Hydres. Leur réseau de chakra ne trompe pas. Et après chacune de leurs visites, j'ai la gorge desséchée par la soif.
Ce n'est pas l'eau qui manque pourtant ici. Dans une des parois est creusée une vasque où l'eau filtrée par le roc s'accumule. Une eau des plus limpides. Je me souviens soudain de ce que m'avait dit Jesoba lorsque nous somme arrivé aux marais : « Ce secteur est presque pire pour les êtres comme elle que le désert, car cette eau n'est pas potable pour elle. C'est comme être devant une table couverte de mets tous plus alléchants les uns que les autres, et savoir que la moindre bouchée peut te tuer. Tantale et Damoclès à la fois. »
Nous sommes toujours dans les marais de Suna. Les Hydres ont du s'y réfugier lorsqu'elles ont été traquées par tous. Pour les laisser d'installer ainsi sur son territoire, Suna devait vraiment être dans une position de faiblesse et chercher des alliés partout. Mais je m'éloigne du sujet qui me concerne : Par les Kamis, ils se servent de moi comme d'un filtre ! Il faut que je trouve un moyen de sortir d'ici.
Il ne me reste que mes souvenirs. Mes pensées reviennent sans cesse à mon passé, mes compagnons, ma famille, tout ce monde baigné de lumière. Dans ce caveau, tout ça me semble si loin, irréel. Pendant longtemps, j'ai essayé de résister. En cherchant une issue, même quand il est devenu évident qu'il n'y en avait pas. En m'entraînant, encore et encore, pour me maintenir en forme, au cas où. En comptant la goutte d'eau qui tombe à l'angle de ma cellule, sans jamais se presser ni varier, et qui formera peut-être un jour une colonne de pierre.
J'ai eu beau résister, je n'y arrive pas.
Je garde l'esprit clair, ce n'est pas ça. Mais je ne parviens plus à éloigner mon esprit de mes souvenirs, et ils reviennent sans cesse, toujours et encore. Les rires de Tenten qui me prenaient par surprise. Les défis de Lee qui m'agaçaient et me faisaient sentir vivant en même temps. La timide d'Hinata à qui j'ai si longtemps reproché ce qui l'écrasait aussi. Les missions et les enseignements, mêmes étranges, de Gaï-sensei. Les pitreries de Kiba ou de Naruto. Ino et Sakura qui se chamaillent pour l'Uchiwa qui essaie de leur échapper sans qu'elles ne le voient. Konoha, la lumière qui rend vivants les visages de pierre des Hokages, qui étincèle sur une échoppe au coin d'une rue. Mes heures de solitude paisible en forêt. Les froncements de sourcils d'Hyuga-sama lors des durs entraînements qu'il me donnait après m'avoir reconnu. Ma vie entre la Bunke et la Soke.
Tout ça le manque, m'appelle et me torture plus que le froid, la nuit et l'humidité.
Je regrette tellement de choses que je n'ai pas faites ou dites. J'aurais du dire à mes amis que je les aimais, que je les aime, à Lee que je l'admire pour son fichu caractère, à Hinata qu'elle peut compter sur moi comme sur le frère que j'aurais du être pour elle, à Hyuga-sama que ces séances d'entraînement étaient parmi les plus beaux cadeaux que l'on m'ait jamais fait, à Naruto que je le remercie de m'avoir secoué, et bien d'autres choses encore.
J'aurais aimé clouer son bec à Kiba, lui montrer que je ne suis pas qu'un Iceberg, me gaver de glace à la framboise un jour d'été, allongé sur l'herbe, enseigner deux trois trucs à mes cousines, pourquoi pas partager avec elles un moment qui ne soit pas lié à la Bunke, la Soke ni au Ninjas. J'aurais voulu grimper tout en haut des bâtiments officiels et les repeindre de toutes les couleurs, faire l'école buissonnière, apprendre à cuisiner.
Il faut que j'arrête de ressasser tout ça.
Depuis combien de temps n'ais-je pas vu la lumière du soleil ? Je suis de plus en plus fatigué. Sont-ils plus affamés, ou plus nombreux, à moins que leur traitement n'ai des effets secondaires.
Il y a un bruit nouveau dans ma cellule, étrange, intermittent, déplacé.
Il me faut un moment pour comprendre que c'est moi qui rit, pour autant que l'on puisse appeler ça un rire. Je commence à perdre pied.
A suivre...
Pour information, le Tartare est, dans la Mythologie Grecque, l'endroit le plus bas du monde souterrain. C'est aussi une prison située dans les Enfers où sont enfermés entre autres les Titans et ceux condamnés à un châtiment éternel ; tel Tantale, condamné à passer l'éternité dans le Tartare à souffrir de faim et de soif avec pourtant à boire et à manger sous les yeux et à portée de main, pour avoir donné à manger de la chair humaine (en l'occurrence son propre fils) aux Dieux.
A noter que le terme 'Enfers' n'a pas la même signification chez les Grecs anciens et dans notre civilisation. Pour les Grecs, Les Enfers désignent simplement le royaume des morts et non pas un lieu de tourments.
Réponses aux reviews :
Arasan : Mais c'est très bien de mijoter. Plus tu fais cuire une sauce et plus la viande s'attendrit et chaque ingrédient prend le goût des autres et… Oups, j'ai faim. Et pis d'abord, mes chaps, ils sont plus longs de quelques dizaines et parfois centaines de mots que les premiers. Boude.
tafolpamadlaine : Merci! Mais pourquoi pseudo-amitié? Ils ne sont pas très locaces, mais Jesoba et Neji s'entendent plutôt bien. Quand à Imena, ce chapitre doit t'éclairer sur ce qu'elle veut.
Thealie : Belle déduction! Pauvre Neji, en effet, et il n'est pas sorti d'affaire. Reste encore à savoir comment et pourquoi il va se retrouver dans un bar en solitaire.
