Série : Naruto

Auteur : Schismatik

Disclaimer : Naruto (les livres, les personnages…), ne m'appartient pas


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Fuite en avant d'une bête traquée par son propre sang. Courir jusqu'à l'épuisement pour brûler sa hargne. Lave acide sur son visage, colère et chagrin mêlés, dans la nuit froide d'un pays inconnu jusqu'à se perdre et s'effondrer. A genoux dans le sable martelé de poings amers. Debout, marcher, encore, vers la faible lueur au loin, comme un papillon aux ailes brisées, attiré sans conscience. Et frapper une porte ouverte. Sans espoir de main tendue.

C'est ainsi qu'il s'était retrouvé dans ce bar, accoudé au comptoir, un verre plein devant lui qui le narguait. Le barman avait bien rechigné à servir un gamin, mais vite obtempéré devant le regard glacial du jeune homme. Et puis qui s'en souciait dans cette salle ? Cet antre assombri d'odeurs âcres où tremblent des vies mortes, êtres égarés réunis au hasard qui se soutiennent en s'ignorant dans cet havre de paix paradoxal.

Egaré dans la lumière obscure des lampes ternies, Neji n'avait même pas bu. Il regardait son verre sans le voir, perdu dans ses pensées, noyant son regard dans l'ambre de l'alcool. Rage, colère, abattement, haine, tristesse, désespoir. Tous ces sentiments l'avaient traversé tour à tour alors qu'il repensait à sa situation.

Il voulait leur mort et leur souffrance, il voulait la sienne. Il voulait se venger, il voulait en finir. Il voulait crier sur eux, il pleurait sur lui-même et ses rêves brisés. Il voulait voler et sentait les barreaux de sa cage imprimer leur marque dans sa chair. Il voulait courir et se sentait paralysé. Il voulait être et se sentait mort.

Une chèvre, un appât, le ver accroché au bout de l'hameçon. Voilà comment ils le considéraient. Voilà ce qu'il était pour eux, rien de plus.

Ce n'était pas les dangers auxquels il avait été exposé qu'il leur reprochait. Il était un Ninja. Vivre, mourir, être blessé, tuer, même servir d'appât. Tout cela faisait partie de sa vie, il en avait conscience. Mais n'être pour sa propre famille qu'un simple pion, un pantin de bois et de papier que l'on pouvait manipuler à son aise, sans rien lui dire, et sacrifier à volonté ; la négation de sa qualité d'être humain, cela…

Avance, recule, danse… comme une marionnette au bout d'un fil…

Dans un accès de rage, il voulu prendre son verre et le vider d'un trait. C'est alors qu'il remarquât la feuille froissée dans sa main. Gaara la lui avait donnée, mais il l'avait oubliée. Pris d'une froide curiosité, Neji ouvrit l'enveloppe et commença à lire, désabusé puis avide, l'incrédulité se lisant sur son visage, avant de sortir en courant du bar, laissant sur le comptoir son verre intact.


Gaara se tenait assis à son bureau, les bras croisés, et toisait les Ninjas qu'il avait convoqués, Suna et Konoha mêlés sans animosité. Une première dans l'histoire des deux villages. Si l'on négligeait leurs visages préoccupés, cela aurait pu être un jour faste. Averti par son sable, il s'autorisa un léger soupir de soulagement, et par la baie toujours ouverte entra Neji, encore en pyjama d'hôpital, et l'air furieux.

- Comment ont-ils osé ?

- Lorsque tu iras leur demander, préviens-nous, Neji. Je tiens à leur dire ma façon de penser moi aussi.

La remarque de Kiba détendit un peu l'atmosphère, et fit briller des regards de rancune.

Neji fixa le Kasekage, tout en repensant à ce qu'il avait lu. Un mélange de mièvreries sucrées et de complexe de supériorité. Une déclaration comme quoi les Hyugas n'avaient pas de compte à rendre à Suna, et qu'au contraire, ce village devrait leur être reconnaissant de l'aide qu'ils lui apportaient.

- Bien. - L'attention générale se reporta sur Gaara. - Comme ils ont fini par nous le dire, le conseil des Hyugas a pris la liberté de proposer un échange aux Hydres, sans en référer à quiconque. Hinata contre Neji. Soit elle était au courant et a volontairement semé ses coéquipiers pour se livrer aux Hydres,…

- Hinata n'aurait jamais fait une chose pareille sans nous prévenir !

D'un regard, Gaara intima l'ordre à Kiba de ne plus l'interrompre.

- Soit elle a été elle-aussi manipulée, ce qui semble l'hypothèse la plus probable. Il est exclu qu'elle ait été capturée sans que Kiba ou Shino ne s'en aperçoivent alors qu'ils avaient décidé de rester en permanence en contact et à proximité les uns des autres. Heureusement, Shino avait placé, par habitude, un insecte sur Hinata, ce qui a permis de la pister jusqu'aux souterrains où Neji et Jesoba étaient retenus prisonniers.

- Où est Hinata ?

- Le problème est là, Neji. Peut-être le traceur d'Hinata est-il tombé. Peut-être Hinata a-t-elle su que tu étais là et déposé volontairement l'insecte dans les souterrains. Toujours est-il qu'elle n'y était pas. Nos services ont interrogé les Hydres faites prisonnières. Ils m'ont transmis leur rapport ce matin, et je tenais à ce que vous soyez tous présents pour vous en faire part.

Presque trop lentement, Gaara décachète l'enveloppe, parcourt les feuillets manuscrits, avant d'en lire la conclusion.

- Les champignonnières du village abandonné d'Ikames. A trois jours d'ici.

Un silence tendu pèse sur l'assemblée.

- Vos missions sont suspendues. Rendez-vous dans une demi-heure devant la porte du bâtiment, en armes et prêts à partir. Neji !

- Je viens, et personne ne m'en empêchera.

- Je sais. Ne pars pas sans nous, c'est tout.

Un moment d'attente, puis un hochement de tête et le bureau est déserté.


Un pion ? Un jouet sans libre-arbitre ?

Il allait leur montrer. Tout d'abord ramener Hinata, et non pas parce que c'était son rôle en tant que membre de la Bunke de protéger un de la Soke. Mais parce qu'il l'avait décidé, seul, sans que personne ne lui en donne l'ordre. Parce que l'imaginer endurer ce qu'il avait vécu le rendait malade. Parce qu'il tenait à elle.

Ensuite, conseil ou pas, Soke ou pas, ils allaient connaître la colère d'un homme libre en dépit de ses chaînes. La colère de l'homme libre qu'il était malgré eux, leur mépris et leurs lois. Un simple sceau ne l'arrêtera plus.


A suivre...
Réponses aux reviews :

tafolpamadlaine: Non, personne n'est mort, l'auteur est trop émotive pour ça, les aimes bien mes persos, snifs, mais vont souffrir quand même LOL. Sinon, la motivation des Hydres pour capturer Neji, Jesoba et bien d'autres (les "disparitions sur la frontière des marais" dont parle Gaara), ben si, c'est bien de s'en servir comme filtres humains. Quand à Hinata… rire machiavélique, tu risques de restresser.

Thealie: Bien vu, Hinata est absente, infiltrée plus ou moins volontairement, tout dépend du point de vue (dixit Oby Wan Kenoby). J'avais pas pensé au mariage, mais c'est une idée. Kiba, quand à lui, cache la marque de la morsure de Neji sous son manteau de fourrure parce qu'il est vexé; en plein désert chaud, c'est d'un discret, tu imagines, ça fait bien rire les autres.