Série : Naruto

Auteur : Schismatik

Disclaimer : Naruto (les livres, les personnages…), ne m'appartient pas


Chapitre 14

Libre… enfin

(Autres temps, autres lieux…)

Les ans pèsent sur mes épaules, ma charge aussi, mais elle est douce à mon esprit. Qui aurait cru qu'un jour je serais à cette place, reconnu et respecté. La réunion d'aujourd'hui conforte définitivement notre position non seulement dans le village mais aussi dans les pays voisins, et mes détracteurs ont vu s'évanouir leurs dernières chances de me discréditer. Quel chemin parcouru…


(Près d'Hyxios, à la nuit tombée)

J'ai écouté en silence l'Hydre nous raconter leur histoire, de leur création jusqu'à aujourd'hui, j'ai vu la peine dans le regard de mes amis, et leur indignation. Lorsque le vieil homme est arrivé au bout de son récit, je me suis discrètement éclipsé, les laissant discuter entre eux à voix basse.

Que dois-je faire maintenant ? Je ne peux pas en vouloir aux Hydres de ce que l'une d'entre elles m'a fait. Je ne commettrai pas l'erreur de confondre un peuple entier et un petit groupe d'individus. Néanmoins je n'ai pas pardonné à Imena. Un jour, peut-être. Mais je la laisserai vivre, les siens ont besoin d'elle pour l'instant ; il y a beaucoup trop peu de combattants dans leurs rangs pour que les priver d'un élément de son niveau soit négligeable. Je ne serai pas facteur de leur extermination.

Hinata pense que je peux les comprendre. D'une certaine façon c'est vrai. Ils ont été pour les Hyugas ce que je suis actuellement pour ceux de la branche principale, des objets que l'on jette lorsqu'ils deviennent inutiles.

Cependant je les envie. En dépit des épreuves qu'ils ont traversé, des difficultés qu'ils rencontrent pour l'instant, ils sont plus libres que n'importe quel membre de la branche secondaire. Ils sont certes pourchassés, mais ils n'ont pas sur leur front la marque de l'esclavage ni la menace mortelle qui y est liée.

En même temps, j'éprouve comme un sentiment de honte à leur égard, pour ce que mes ancêtres leur ont fait, pour l'attitude des Hyugas actuels. Jamais auparavant je n'avais regretté mon Byukagan. Pourtant, aucun d'entre eux ne nous en a fait le reproche, ni à Hinata ni à moi. Ils ne demandent rien aux Hyugas, rien à personne, ils veulent juste le droit de vivre.

Mes pas m'ont conduit jusqu'à la surface. L'air limpide du désert m'offre le ciel, constellé d'étoiles tremblantes. Je m'installe un peu plus loin, allongé sur le sable encore tiède, pour tour à tour réfléchir encore ou repousser mes fantômes en contemplant ces frêles immortelles.

Petit à petit mes idées se précisent. Je ne peux rien pour les Hydres. Et même si ce n'était pas le cas, je ne suis pas certain d'avoir une âme assez noble pour effacer ma rancœur et leur tendre la main. Mais il y a d'autres personnes pour lesquelles je vais agir, même si je dois y laisser la vie.


Par le dôme de l'agora, la lumière du jour a rempli la salle. Neji est revenu de sa virée nocturne, mais il reste à l'écart. Il ne tolère que les membres de son équipe, et encore, avec son attitude encore plus glaciale que d'habitude. Il évite même soigneusement Hinata. Cependant, il y a certains détails…

Foi d'Inuzuka et professionnel des manigances, n°1 toutes catégories (à égalité avec Naruto) : Neji, si tu n'es pas en train d'intuiter quelque chose, alors j'accepte d'avouer à Tsunade-sama que je suis responsable de la destruction de son ticket gagnant à la grande loterie de printemps.


Gaara contemplait le désert, légèrement indécis. Neji Hyuga sortait tout juste de son bureau, apparemment très décidé. La question était : décidé à quoi ? Ces deux derniers mois il n'avait pas vraiment eu le temps d'en chercher la réponse. Entre la rencontre avec les Hydres, la mise en place de relations diplomatiques secrètes entre Hyxios et Suna, information bien évidemment très largement relayée dans les pays voisins ou ayant des 'différends' avec les Hydres ; et les affaires courantes… Il avait eu bien d'autres sujets de préoccupation.

Mais en quittant Hyxios, Neji lui avait demandé la permission d'explorer la bibliothèque de Suna. Ensuite, il avait passé la plus grande partie de son temps dans de vieux rouleaux datant d'avant les grandes guerres, cherchant les Kamis seuls savent quoi, sans rien dire à personne. S'il n'avait pas eu confiance dans le jeune homme, Gaara lui aurait refusé son autorisation lorsque Neji avait demandé à voir des rouleaux plus confidentiels.

Et après deux mois de recherches assidues, Neji, plus déterminé que jamais, était venu le voir pour lui annoncer qu'il avait trouvé ce qu'il cherchait et qu'il repartait pour Konoha.

Une silhouette disparaît à l'horizon, et, seul sur le plus haut toit de Suna, l'enfant-démon espère qu'une âme tourmentée a trouvé son chemin vers la paix.


Utopiste ? Sûrement un peu. Naïf ? Je le reconnais désormais. Un peu fou ? Sans l'ombre d'un doute. Oui, j'ai été tout cela, et plus encore, cependant je ne regrette rien. J'ai eu des moments de doute, de découragement, j'ai connu des échecs, rencontré des obstacles imprévus. Mais aussi des alliés inattendus, des victoires magnifiques et des sourires éblouissants sur les visages d'hommes et de femmes qui se croyaient condamnés. Je continuerai aussi longtemps qu'il sera nécessaire.

La réunion est terminée et nos invités partent peu à peu. Je m'adosse au dossier de mon siège et me remémore ce qui s'est passé depuis le moment où j'ai quitté Suna, il y a de cela près de vingt ans.


Tsunade compulsait d'un air absent les montagnes de papier qui encombraient son bureau. Neji était arrivé à Konoha quelques jours auparavant, plus de deux mois après ses coéquipiers, porteur de nouvelles assez encourageantes : Les relations avec Suna étaient renforcées, et enrichies d'un nouvel allié alors que les Hydres auraient pu se retourner contre Konoha.

Neji lui était apparu mûri, déterminé, apaisé aussi, Mais il y avait quelque chose dans son attitude qui la dérangeait…

Un bruit de cavalcade dans le couloir la mit sur ses gardes, et lorsque le chuunin venu l'avertir entra en trombe dans le bureau, il eu la désagréable surprise de sentir la lame d'un kunaï sur sa gorge, une Hokage menaçante à l'autre bout.

Pestant contre la stupidité des chuunins qui entrent sans frapper, Tsunade relâcha sa prise. Légèrement troublé, l'importun reprit son souffle avant de faire ce pourquoi il était venu, à l'origine, à savoir prévenir son Hokage que des bruits inhabituels s'échappaient du domaine Hyuga, comme si on se battait à l'intérieur. Une fraction de seconde plus tard, il était seul dans la pièce.

De toit en toit, Tsunade traversa le village aussi vite que possible, avant d'entrer dans le domaine Hyuga, inquiète de ne voir aucune sentinelle apparaître. Parvenue au niveau de la cour principale, elle s'arrêta, ébahie.


J'ai eu peur ce jour-là, je dois bien le reconnaître. Après avoir mis en pratique ce que j'avais découvert à Suna, j'ai demandé audience au conseil qui se tenait pour une fois au grand complet. Quand le garde est revenu pour me transmettre l'accord d'Hyuga-sama, j'ai commencé à tisser mon destin…
Il s'efface pour me laisser passer, et je pousse les deux battants de la lourde porte d'airain ; pour la salle du conseil, les Hyugas ne pouvaient se contenter d'un simple panneau en papier de riz. Alors que je m'avance, sous l'œil étonné ou désapprobateur des plus prétentieux de la Soke, outrés de voir Hyuga-sama inviter un membre de la Bunke dans leur sanctuaire. Comme à chaque rencontre, il y a cette étrange lueur dans le regard de mon oncle. Je sais maintenant que c'est de l'espoir, et je devine que ce qui le retient d'agir lui-même c'est la mort de mon père, et la douleur de ne pas l'avoir empêchée.

Arrivé au centre de la pièce, je reste debout.

- Moi, Neji Hyuga, déclare qu'à partir de ce jour je ne reconnais plus l'autorité de la Soke sur la Bunke. J'exige l'intégration de la branche secondaire dans la famille sans distinction d'avec la branche principale. J'exige le renoncement au sceau de l'oiseau en cage, et sa suppression du front de ceux qui en sont marqués. J'exige l'arrêt des pratiques de sélection prénatale des enfants porteurs du Byukagan.

Le tollé que mes propos déclenche est aussi violent que je l'avais prévu. Seul Hyuga-sama reste imperturbable.

- C'est une honte ! Comment oses-tu te présenter devant notre auguste assemblée et proférer de telles absurdités ? Retires-toi sur le champ et alors nous pourrons peut-être être cléments et considérer ton affront comme une séquelle des épreuves que tu viens de traverser.

Evidement, c'est cet hypocrite d'Hisaku qui parle, grand conseiller, membre le plus important des Hyugas, après Hyuga-sama.

- Je n'ai pas le temps de m'occuper de vous pour l'instant, Hisaku, mais dès que le conseil aura accepté ma requête, je vous ferai regretter de nous avoir envoyés, Hinata-sama et moi, dans les griffes de Hydres.

Je lui ai volontairement refusé tout titre, toute marque de respect, tout 'sama'. Il ne les mérite pas. Il s'étrangle de rage, avant de me toise d'un air mauvais et de cracher ces mots infâmes qui activent le sceau.

La salle se tend. S'il y a bien évidemment des conseillers qui approuvent Hisaku, mais certains ont acquis une certain considération à mon égard. Ils ne se risquent cependant pas pour autant à désavouer leur supérieur. Mon oncle se redresse, puis s'immobilise lorsqu'il voit que je ne bronche pas. Le visage du grand conseiller se trouble et il répète son incantation, sans plus de succès.

- Au risque de me répéter, je ne reconnais plus l'autorité de la Soke sur la Bunke. Maintenant, nous allons pouvoir parler d'égal à égal. Vous avez deux choix : accepter de discuter, ou lancer une guerre fratricide au cœur de la famille, si je dois rapporter votre refus à la Bunke.

Un frisson les parcourt. C'est en partie un coup de bluff : je n'ai prévenu personne de mon initiative et je ne déclencherai pas un bain de sang. Mais j'ai discuté du sujet avec nombre des plus jeunes, beaucoup veulent en finir avec cette histoire de sceau. Je sais qu'il révulse aussi certains anciens, même s'ils n'osent pas en parler. Par ailleurs, en tant que l'un des meilleur Ninja que les Hyugas ait connu depuis des décennies, j'ai une certaine valeur pour les miens. Si cet imbécile m'attaque, je riposterais. Or quelque soit mon sort cela aura des conséquences et j'espère que les choses changeront.

Visiblement, Hisaku a choisi la seconde décision. Il s'élance vers moi tandis qu'Hyuga-sama intime l'ordre aux autres conseillers de ne pas s'en mêler. La discussion qui commence entre eux est assez vive, mais je n'y prête pas attention. J'ai lancé la machine, j'ai confiance en Hyuga-sama pour poursuivre ce qu'il m'a rêvé que je commence. De plus, Hisaku s'est déchaîné et notre lutte se poursuit hors de la salle du conseil.

Il a sans doute été doué à une époque, mais elle est loin derrière lui. Malgré mon récent handicap, il n'est pas une menace pour moi. Tout en l'empêchant de faire trop de dégâts, je décide de l'utiliser pour avertir le reste de la famille, voire tout Konoha, ainsi il sera difficile de passer mon action sous silence.


En contrebas, Tsunade pouvait admirer Neji au mieux de sa forme jouer au chat et à la souris avec un homme enragé (un teigneux de la pire espèce qui n'avait de cesse de poser problème lors des réunions du village, soit dit en passant), au milieu d'une assemblée de Hyugas ébahis. Attrapant par la peau du cou le premier garde qui eu la malchance de passer à sa portée, elle se fit expliquer la situation.

Après avoir contemplé le combat encore un instant, elle décida d'enfoncer le clou et d'aller donner un coup de main à Hyuga-sama pour aller dans la bonne direction, fût-ce à coups de pieds bien placés. Un Hokage a une très bonne mémoire. Pour une Hokage, il n'y a pas de date de prescription. Et cette Hokage en particulier avait dernièrement avalé une couleuvre particulièrement amère, qu'elle contait bien régler aux Hyugas, avec intérêts.


La suite… vingt ans de discussion houleuses, de découvertes désagréables, parfois d'empoignades, de dérapages de part et d'autres, et petit à petit, d'une génération à l'autre, la modification des mentalités, puis des usages. L'abandon des pratiques d'eugénisme a été assez facile à imposer. Quand ils en ont eu connaissance, la quasi totalité des Hyugas a réclamé leur suppression immédiate. Les conséquences ont été bien plus fortes que je ne l'avais prévu. L'arrêt des distributions des médications qui favorisaient la transmission du Byukagan a entraîné une diminution drastique de la proportion de nouveaux-nés porteurs de l'œil blanc. Nous avons pu utiliser cet argument pour convaincre le conseil de renoncer au sceau, et aujourd'hui, enfin, cela a été décidé. Nous avons même obtenu que les Hyugas déjà marqués soient autorisés à se le voir enlever ; s'ils le voulaient, les effets secondaires étant importants.

Deux moments m'ont personnellement touché. Il y a sept ans, ma nomination au poste de grand conseiller.

Et le soir de ce jour décisif où tout à commencé : J'avais fini par assommer Hisaku, et j'étais retourné dans ma chambre. A la nuit tombée, Hyuga-sama est venu me voir. Dans l'obscurité, j'ai senti son fin sourire, signe que la situation était en bonne voie. Il m'a dit qu'Hisaku était prié de rester dans ses quartiers, moi de même. Puis il m'a questionné.


- Comment as-tu découvert tout ça ? Et comment t'es-tu libéré du sceau ?

- J'ai réfléchi à ce qu'ont dit les Hydres, aux méthodes des anciens pour transmettre le Byukagan d'étrangers à leurs héritiers, au fait étrange que les Hyugas sans Byukagan sont plus que rarissimes alors qu'un pouvoir héréditaire se transmet généralement mal. Les Ninjas de Suna ont créé Gaara, je me suis dit qu'ils devaient avoir des données concernant les manipulations sur les humains. Alors j'ai cherché dans leur bibliothèque, et j'ai fini par faire le rapprochement entre l'instabilité des pouvoirs héréditaires, la difficulté de les transmettre normalement, les techniques pour les favoriser et les produits que le conseil oblige tout Hyuga à prendre régulièrement.

- Et pour le sceau ?

J'hésite un instant, puis j'annule le genjutsu que je porte.

- Le sceau est lié au Byukagan. Dans les archives de Suna je n'ai trouvé que la confirmation que ce lien est irrémédiable. Par contre…

Je ne finis pas ma phrase, mais mon regard définitivement blanc, blanc et vide, parle pour moi. Plus de Byukagan, plus de sceau.

- Il vaudrait mieux le cacher pour l'instant, sauf à l'Hokage, qu'elle en tienne compte dans les missions qu'elle me donne. Mon niveau est suffisant pour faire illusion dans la plupart des situations. Je pourrais toujours dire que mon emprisonnement m'a affaibli, alors qu'en fait, il a développé mes sens autres que la vue. C'est aussi pour ça que j'ai pensé à cette solution.


Hyuga-sama est resté immobile, puis il m'a pris dans ses bras en me disant merci. Huit mois après, quand j'ai mis Hinata et mes amis au courant, j'ai entendu un autre son de cloche. Je crois que c'est la plus belle engueulade que j'ai jamais subite. Je ne savais pas que Naruto pouvait être muet, ni qu'Hinata pouvait être aussi autoritaire. Le conseil l'a d'ailleurs découvert à ses dépends quand mon oncle lui a laissé la place et qu'elle est devenue le chef des Hyugas, j'en ris encore.

L'avenir ne sera certainement pas tendre, mais je l'attends sans crainte. Ma famille est libre, moi aussi.


Fin

Un Grand Merci à tous ceux et celles qui m'ont reviewé, Arasan, Maetelgalaxy, Pepsikari, tafolpamadlaine, Thealie, Twin Sun Leader, yune-chan66, et à tous ceux et celles qui ont lu cette fic. :)


Réponses aux reviews :

Arasan : Voici donc la fin de l'histoire (et des tortures), et un monologue de Neji adulte en prime. Comme tu le dis, la boucle est bouclée. Pas de problème pour ton JDR, j'en suis même flattée.

tafolpamadlaine : Neji ne pète pas les plombs cette fois, cela ne collait pas, mais un jour ou l'autre, certainement. Quand à Hinata, je trouve qu'on la sous-estime souvent, elle est écrasée par son père, mais elle a de la ressource, et puis elle avait un peu perdu la tête. Au sujet des chaînes, j'ai été inspirée par mes souvenirs de 'The Wall', de Pink Floyd. Ce n'est pas seulement la chanson que l'on entend parfois à la radio, c'est beaucoup plus long : 2 CD.

Thealie : Merci, je craignais de m'être embrouillée. Oui, Neji progresse, il fait ses propres choix, et en assume les conséquences. Je crois que ça transparaît que j'aime beaucoup Gaara aussi, je me retiens souvent d'oublier que ce n'est pas le personnage principal.