CHAPITRE SECOND
LE DEPART
Dans le modeste quartier de Privet Drive, le silence était tout aussi froid, tout aussi pesant, la lune glissait dans la nuit telle une ombre. Cette faucille dans le champ d'étoile étalait sa faible clarté sur les habitations identiques et tristes. Parfois, quelques lampadaires brillaient par intermittence dans cette obscurité oppressante. Seule une chambre était éclairée à cette heure tardive de la nuit au creux de cette pieuvre qu'était la triste banlieue de Londres. Il était minuit moins dix et depuis le couvre-feu instauré en dépit des attentats qui avaient ravagé la ville, il était formellement interdit à tous et à toutes de sortir non accompagné. Londres devait être plongé dans l'opacité la plus totale et les forces de l'ordre avaient comme consigne d'empêcher quiconque de sortir.
Pourtant, dans cette modeste chambre éclairée, un jeune homme s'hasardait à préparer sa valise, ne cessant de jeter un œil vers sa montre dès qu'il s'approchait de son bureau.
Il ne possédait presque rien, sa vie se condensait dans deux malles et des souvenirs menaçants. Il poussait avec mépris quelques livres, jetait une ou deux robes aussi sombres que ses cheveux et après vérification qu'il n'avait rien oublié, il déposa un vieux balais avec une attention toute particulière comme si celui-ci représentait son seul bien, son seul souvenir heureux.
Il glissa une baguette fine et rugueuse dans sa poche arrière malgré tous les dangers que cela pouvait représenter. Il observa sa montre avec une moue dégoûtée, il était minuit moins cinq: Dans cinq minutes, il deviendrait un adulte… Dans cinq minutes, il aurait dix-sept ans… Dans cinq minutes, cette maison ne serait plus sure pour lui et il devrait la quitter le plus tôt possible.
Il avait reçu deux jours plus tôt un mot d'une brièveté étonnante de la part d'une de ses amie:
Harry, on vient te chercher Dimanche à minuit, préviens les Dursley que ce sera la dernière fois que tu résideras chez eux.
Nous serons à l'heure, sois le…
Hermione.
Depuis deux jours, le Gryffondor ne cessait de se demandait ce que Hermione entendait par ce «on». Il savait pertinemment que Dumbledore ne pourrait plus venir le chercher compte tenu de la tragédie de Juin mais il espérait que ses amis ne risqueraient pas leur vie pour venir le chercher.
Un chemin se traçait devant lui, sinueux, incertain, plongé dans la brume et pourtant, il ne pouvait l'arpenter que seul. Un frisson lui traversa l'échine à cette pensée.
Le jeune sorcier se tourna lentement vers sa chambre avant de sourire en fixant sa poubelle. Celle-ci ne contenait qu'un exemplaire du journal la gazette des sorciers de la veille. En première page apparaissait la physionomie d'un vieux sorcier, aucun sourire ne traversait son visage qui avait trait à ceux des lions, marqué par des cheveux fauves et des sourcils broussailleux. Le ministre de la magie fixait avec une grande humilité devant lui les hautes tours de l'école à jamais entaché d'infamie depuis la mort de son plus haut représentant.
SCRIMGEOUR PROMUT AU PLUS HAUT RANG DES SORCIERS
Nous avons eu l'occasion de rencontrer le ministre de la magie hier après midi dans ses appartements privés. Dans une interview exclusive, il nous a révélé certaines de ses réformes afin de faire face au pouvoir grandissant de celui qui a pris le nom de Lord, l'une a d'ailleurs manifesté tout notre intérêt.
Durant cet interview, le ministre de la magie nous a fait part de sa décision principale. En effet, celui qui fut directeur du service des Aurors avant de devenir ministre de la magie et ainsi se hisser au sommet du pouvoir n'a pas abandonné sa si grande soif de pouvoir… Rufus Scrimgeour a en effet décidé de rouvrir l'école de sorcellerie de Poudlard. Il est bien évidemment inutile de vous rappeler que celle-ci à officiellement fermé ses portes depuis le décès de l'homme qui fut son plus fidèle représentant, serviteur et directeur, le très regretté Albus Perceval Wilfric Brian Dumbledore.
Ainsi, le premier ministre a invité les familles des élèves de Poudlard a reconsidéré leurs décisions, et durant cet interview, il a manifesté son impatience de rouvrir l'école. Il nous a d'ailleurs avoué que certains parents avaient déjà répondu présent à l'appel, ainsi nous a t'il cité Mme Londubat, mère de Franck Londubat, auror a jamais regretté et grand-mère d'un jeune septième année, Mme et Mr Weasley, parents de deux Gryffondor qui furent toujours aux cotés de Harry Potter. Il leur paraît évident que l'école ne peut pas fermé et Arthur Wesley a répondu avec joie au ministre que ses élèves étaient déjà inscris pour une nouvelle année. Quant à Harry Potter, personne ne sait si celui-ci reviendra à Poudlard, pourtant il ne fait aucun doute que l'avenir de Poudlard repose sur les épaules de l'élu: s'il accepte de revenir à l'école, nombre de parents accepteront eux-aussi de renvoyer leurs enfants entre les murs de l'école aux cotés d'un des plus jeune et puissant sorcier que notre siècle n'a jamais rencontré… Finalement la réponse du ministre de la magie sur la nomination d'un directeur de Poudlard est plutôt évasive, il ne fait aucun doute qu'il a déjà réfléchit à la question et qu'il a vu en lui la seule personne à même de rediriger Poudlard après la crise qu'elle traverse depuis Juin. Après avoir atteint les cimes du pouvoirs, la profession de professeur l'aurait charmée, il est évident qu'il a toute les capacité physiques, magiques et morales pour enseigner la défense contre les forces du mal. Il a d'ailleurs conclut l'interview par une remarque pleine d'humilité et de sagesse: «Dumbledore ne disparaîtra vraiment de Poudlard que lorsque plus personne que ne manifestera de loyauté envers lui… » Nous espérons seulement que Rufus Scrimgeour sera capable de diriger Poudlard avec la même ardeur qu'il a conduit le monde de la sorcellerie dès la démission de Fudge.
Dumbledore ne disparaîtra vraiment de Poudlard que lorsque plus personne que ne manifestera de loyauté envers lui… »Le Gryffondor, après un dernier sourire amusé vers sa chambre tourna le dos à une partie de sa vie et descendit l'escalier d'un pas lourd mais décidé, une valise dans chaque main, son balais sous le bras, le regard fatigué et la mine lasse.
Lorsqu'il atteignit le salon, les Dursley l'attendaient dans le divan, légèrement inquiets à l'idée que plusieurs sorciers allaient pénétrer dans leur demeure, la dernière fois qu'un mage s'était adressé à eux, ils s'étaient fait attaquer par des verres de liqueurs et craignaient la venue d'une armée de sorcier. L'humeur se tendit soudainement lorsque Harry s'approcha d'eux, Vernon ne cachait pas son humeur, Pétunia se taisait, impassible bien que son sourire se crispait légèrement lorsqu'elle croisait le regard de Harry avant de se détourner vers la cheminée. Dudley attendait, croissant les doigts avec emphase, l'inquiétude marquait ses traits.
-Ils arrivent à quel heure? Aboya Vernon Dursley, les joues rougies par l'inquiétude et le vin. Son regard vacillant alternativement de la cheminée et la porte d'entrée.
-Ils doivent arriver vers minuit.
-Je vois que, contrairement à notre monde, les gens de ton monde ne connaissent pas la ponctualité!
Harry se contenta d'un regard de biais, aussi méprisant que possible. Sa main glissait avec alternance de sa baguette à ses lunettes. Il ne dormait plus beaucoup par nuit, la fatigue se faisait sentir et avait de nombreuses répercussions sur son humeur. Il devenait de plus en plus froid et il sombrait rapidement dans l'agacement, surtout lorsque Vernon Dursley se trouvait dans la même pièce que lui. Les révélations et la mort de Dumbledore avaient accru le poids qui pesait sur ses épaules. L'existence des horcruxes compliquait sa tache plus qu'il ne l'avait imaginé. Cette crainte était renforcée par l'idée qu'il était maintenant seul, sans maître, sans guide. La route qu'il suivait devenait plus sinueuse et il allait devoir l'arpentait sans ses amis qui ne pourraient le suivre dans cette aventure au delà des limites du courage et de l'amour…
C'est sur cette pensée peu réjouissante qu'il perçut un léger son émanant de la cuisine astiquée le matin même par Pétunia Dursley. Semblable à la résonance d'une bouteille de champagne qu'on débouchait, le Gryffondor reconnut aisément l'arrivée d'une groupe de sorcier par transplanage. Au même instant, une pile d'assiette se brisa au sol et Harry ne put s'empêcher un léger sourire à l'idée que Tonks les avait accompagnés. Le bruit de verres cassées fut alors suivit d'une explosion tandis que la lumière dans la cuisine s'éteignit soudainement après que Harry ait entendu un grognement.
Les Dursley sursautèrent et s'enfoncèrent plus profondément dans le divan tandis que Harry saisit vivement sa baguette magique et la pointa vers la cuisine. Les doigts potelés de Dudley s'enfoncèrent dans la jambe grassouillette de son père.
-Lumos! Murmura une voix étrange. Fais plus attention, grogna alors une voix roque, semblable à un aboiement. Et toi, Fol Œil, pas besoin de détruire la lampe!
Bien que le rouge et or n'avait pas souvenir d'avoir un jour perçu un timbre de voix si étrange, il ne put que frémit au frisson qui lui parcourut l'échine. Cette voix, il en avait entendu une similaire en Juin dernier, alors que Dumbledore était au seuil de la mort, aux portes de la vie, la voix de Greyback…
-Elle n'a pas fait exprès! Trancha une voix d'adolescente que Harry reconnut immédiatement cette fois-ci. Il baissa sa baguette. Pas la peine de lui crier dessus… On est tous sur les nerfs! Réparo! S'écria alors la voix féminine. Voilà, il n'y paraît plus rien!
Un sourire échappa à Harry alors que un grand adolescent, de l'age d'Harry, émergea dans le salon, une longue cape noire traînant derrière lui, lui donnant un air mystérieux, alors qu'il serrait sa baguette fermement dans sa main. Son apparence si mystérieuse contrastait vivement avec ses cheveux d'un rouge brillant qui le rendait légèrement comique avec ses yeux si chaleureux tandis qu'il semblait auparavant menaçant. Ron Weasley s'avança avec élégance dans le salon chaleureux mais moderne des Dursley.
Il serra alors solennellement la main du Gryffondor en le fixant dans ses yeux verts émeraudes. Alors, à l'unisson, ils éclatèrent tous deux de rire et Harry serra dans ses bras son meilleur ami qu'il n'avait plus vu depuis environ un mois.
-Comment ça va, Ron?
-Moi, ça va, mais dans la cuisine, par contre, ça chauffe! Avoua le grand garçons. Content de te revoir vieux! On s'impatientait là-bas!
-Alors, t'as eu ton brevet de trans…
Mais il fut alors interrompu par la même voix roque, indistincte, semblable à une respiration animale. Le Gryffondor détourna alors le regard vers un jeune homme recouvert d'une longue cape noirâtre, une capuche couvrait sa tête, empêchant de distinguer ses traits. L'individu glissa rapidement en trois pas, semblant frôler le sol à la manière d'un détraqueur. Harry n'eut pas le temps de faire le moindre geste qu'il sentit la pointe d'une baguette magique pressée contre sa gorge.
-Quel est ton patronus? Grogna t'il alors que son haleine arracha une grimace à l'élu.
-Quoi? S'exclama Harry tandis qu'il sentait la baguette crépitait contre sa peau nue. Ron, c'est une blague!
-Bill arrête! L'interrompit soudainement Hermione qui s'interposa, ses doigts recouvrant alors la main froide du sorcier qui se calma, Hermione éloigna la baguette de la gorge de l'élu qui se massa la gorge en répondant «un cerf» au Weasley. La réponse le rassura et Bill lui tendit la main qu'il sera avec réserve, lorsqu'il frôla ses doigts, un froid se répandit dans son corps et le rouge et or tenta de ne pas laisser paraître la once de dégoût qui l'assaillit.
-Désolé Harry mais depuis Juin, je ne laissa personne s'approcher de ma famille sans que je sois sur que celui-ci soit sure.
-Ca frise la parano! Maintint Ron avec un regard réprobateur vers son ami. Il a même faillit attaquer madame Rosmer…
-Pas de temps à perdre… Ajouta Lupin qui interrompit Hermione qui venait de se jeter au coup de Harry, surpris, en lui murmurant toutes sortes de choses incompréhensibles. Après que Lupin ait écarté Hermione, il serra franchement la main de Harry, fixant avec fierté le fils de son meilleur ami. Content de te revoir Harry!
Le Gryffondor sourit en guise de remerciement et fixa tour à tour les autres membres de l'ordre qui se pressaient dans le salon, face aux Dursley abasourdis qui essayaient de comprendre comment tant de sorciers avaient pu apparaître simultanément dans leur si petite cuisine. Tonks se fixait dans la glace du salon, analysant ses changements de coiffure, faisant des remarques à voix haute sur celle qui lui conviendrait le mieux. Harry sourit en remarquant qu'elle fixait le reflet du loup-garou. Fol Œil, le célèbre Auror grimaça alors qu'il replaçait son œil d'un bleu azur. Il tenait fermement sa baguette magique et l'œil magique tourbillonna soudainement dans son orbite, analysant tour à tour chacun des Weasley avant de fixer à nouveau Harry.
-Tes affaires sont prêtes Harry? Demanda Maugrey.
-Tout est prêt, on y va?
-Deux minutes Potter, Dawlish, prenez les valises de Potter.
Le Gryffondor serra brièvement la main de l'Auror avec surprise, celui-ci, l'air niais, esquissa un sourire en sa direction tout en prenant ses valises d'une main, serrant celle d'Harry de l'autre.
-Nous nous sommes déjà rencontré Potter… Deux ans, si je ne m'abuse…
L'élu fit ensuite un signe bref vers Kingsley Shackelbot, signe qui ne lui fut pas rendu, l'auror tenait sa baguette avec tranquillité, posté dans un coin de la pièce, analysant tour à tour chaque recoins du salon des Dursley, murmurant dans un langage inconnu au Gryffondor, mais qu'il avait déjà entendu dans la bouche de Dumbledore. Le Gryffondor se douta que l'Auror vérifiait que aucun mangemort ne s'était métamorphosé en siège, piano ou table à leur insu.
-Mr Dursley… Mme Dursley…
Hermione salua tour à tour avec franchise et une politesse inouïe les deux moldus qui n'avaient dit mot depuis l'entrée dans la pièce d'une armada de sorciers. Inconsciemment, Vernon et Pétunia murmurèrent un inaudible «bonjour», trop étonnés de voir de la politesse dans le «monde d'Harry». Hermione ne jeta même pas un regard vers Dudley qui la regardait avec étonnement, ou plutôt la fixait avec insistance, surpris que son cousin puisse connaître une fille d'une telle élégance, d'une telle classe.
-Hermione, tu connais mieux les moldus que nous, tu leur annonces… Je vais vérifier les chambres…
-Bien Rémus!
-Vas y lentement… Ca va leur faire un choc…
Alors que Lupin ordonna à Tonks de vérifier l'étage, que Kingsley s'occupait de la cave et du jardin, il vérifia avec un grand soin les pièces autour du salon tandis que Maugrey et Dawlish encerclaient Harry avec une proximité qui lui provoquait un léger sentiment d'angoisse.
-Mr Dursley, Harry est maintenant majeur. - Hermione ne fit pas attention à la moue du moldus - Il ne peut donc plus séjourner chez vous durant les vacances…
-Pourquoi? S'exclama Pétunia avec grossièreté, n'appréciant guère qu'une adolescente lui dicte ce qu'elle devait faire. Sa mère nous as demandé de l'entretenir jusqu'à ce qu'il soit apte de s'en aller de lui-même, il a dix sept ans et je doute qu'il puisse s'installer de lui-même.
-Je pense que nous nous sommes mal-compris, ajouta Lupin avec une certaine froideur, il était arrivé derrière Hermione et s'impatientait. Vous n'avez pas éduqué Harry pour respecter la volonté de sa mère mais pour respecter celle de Dumbledore. Vous ne l'avez pas entretenu pour qu'il ne meure pas de faim, vous l'avez entretenu pour qu'il ne se fasse pas tuer durant son enfance. Dumbledore a été claire sur ce point. Jusqu'à sa majorité, il devait séjourner ici parce que c'était le seul endroit où il pouvait y être en sûreté. Maintenant, il a dix sept ans, l'enchantement et les liens du sang sont rompus, il ne peut demeurer ici.
-Qu'il s'en aille Pétunia, ne fais pas des histoires, on va pouvoir vivre enfin tranquille. Vous vouliez notre accord, vous l'avez, alors qu'il parte!
-Il n'est malheureusement pas le seul à partir. Ajouta Lupin avec froideur, n'acceptant qu'avec affliction qu'on parle ainsi d'Harry.
-Je vous demande pardon? S'insurgea soudain Vernon.
-Mr Dursley, reprit Hermione d'une voix tranquille. Tant que Harry avait moins de dix sept ans, cette maison était tranquille pour lui, pour vous et pour votre femme puisque le lien du sang était maintenu entre lui et sa tante. Maintenant qu'il est partit, cette maison n'est plus sure, ni pour lui, ni pour vous…
-Qu'insinuez vous mademoiselle.
-Nous avons appris l'année passée que Lord Voldemort, le plus grand mage noir que la terre n'est jamais enfantée, a juré de tuer de lui-même Harry Potter.
-C'est gênant pour lui, assura Vernon avec une voix tintée d'ironie. Il ne semblait pas croire un mot de cette histoire qui sortait de la bouche d'une jeune fille et non d'un adulte sérieux. En quoi ça peut bien nous concerner.
-Harry a vaincu Lord Voldemort alors qu'il n'était qu'un bébé, il lui a échappé par cinq fois alors qu'il n'était qu'un adolescent. Lord Voldemort a juré de poursuivre Harry jusqu'en enfers - Hermione se tourna vers Harry et esquissa un sourire peinée - ils y sont d'ailleurs tous deux déjà. Je peux vous assurer qu'il va tout faire pour retrouver Harry et le tuer et je peux vous promettre que lorsqu'il apprendra que l'élu a séjourné durant seize ans dans un modeste quartier de Londres et que la magie qui protégeait sa demeure s'est éteinte avec son adolescence et avec Dumbledore, il viendrait s'assurer que vous n'avez pas de renseignements à lui fournir. Et à votre place, je ne me poserais pas de question, je ferais mes bagages dès ce soir et je ne serais pas pressée de rencontrer l'être le plus dangereux qui ait existé depuis l'avènement de l'humanité.
-Mais nous n'avons rien à voir avec Harry, pourquoi viendrait il? Que pourrait il nous faire?
Lupin qui ne cessait de regarder sa montre se crispa soudainement et d'une voix teintée de la même ironie dont fit preuve Vernon auparavant mais avec froideur, il opposa aux Dursley des arguments convaincants.
-Lord Voldemort viendra sûrement vous rencontrer de lui-même et vous demandera «aimablement» où se trouve Harry, vous lui répondrez, ensuite, il vous tuera, vous, votre chère femme et votre fils. -Vernon et Pétunia déglutirent bruyamment tandis que Dudley plaqua ses mains devant son visage. - Malheureusement, pour plus de précautions, nous n'allons pas vous dire où se trouve Harry. Voldemort utilisera dans un premier temps des enchantements pour avoir accès à vos pensées, -Vernon devint blanchâtre - il n'y découvrira que des futilités. Il utilisera alors les procédés dont il raffole. Nul doute qu'il tortura votre fils et votre femme devant vos yeux afin que vous lui révéliez où se trouve Harry. Vous ne pourrez rien répondre. Alors, après s'être «amusé» avec vous, il vous tuera, sa marque nagera avec délicatesse dans cette immensité céleste, au dessus de votre magnifique petite demeure qui sera la torche éclairant la nuit tandis que vous serez les cendres alimentant ce brasier. Vestige d'une nouvelle ignominie de Lord Voldemort. Notre ministère étouffera les circonstances de votre mort et on vous oubliera… Tant que vous le pouvez, je vous conseille de «prendre des vacances», changez de pays, changez de travail, changez de vie. Nous aimerions pouvoir vous aider, mais nous en serions incapable, le seul être capable de lui résister n'étant plus de ce monde.
Lupin marqua une minute de silence, Dudley était monté en courant dans sa chambre, préparant déjà ses affaires. Pétunia, blanchâtre, fixait son époux d'une pâleur spectrale.
-Vous nous avez utilisé et vous nous laissez tombé, quel genre de ty…
-Au revoir Mr Dursley… Mme Dursley, heureux d'avoir fait la connaissance de la sœur d'une personne aussi formidable que Lily Potter. Vous me voyez navré de voir que vous n'avez pas hérité de sa grandeur d'âme…
Lupin et Hermione leur tournèrent le dos et tandis que Hermione murmurait avec humour à Lupin: «Heureusement que tu m'avais dit de les ménager!»
Le loup-garou ne prit pas la peine de répondre, il s'approcha d'Harry, le fixa dans les yeux et grogna avec tristesse.
-Square Grimmaurd.
-Pardon?
-On transplane au square Grimmaurd, pas de temps à perdre…
-Je n'ai même pas le droit de transplaner… Je n'ai pas mon brevet!
Pourtant, Harry savait parfaitement qu'il était capable de transplaner. Il avait d'ailleurs réussi l'année dernière tout en emmenant avec lui Dumbledore. S'il réagissait ainsi, c'était pour s'éviter de retourner à la demeure du seul membre de sa famille qu'il avait vraiment connu.
-Depuis quand respectes tu les règles? Tu as toutes les capacités pour transplaner… Maintenant, allons y, réunion exceptionnelle de l'ordre dans treize minutes. Hermione, Bill, Tonks, passez devant… Harry, Fol Œil et moi vous suivons, puis finalement Ron, Kingsley et Dawlish.
Aussitôt, la jeune Gryffondor, l'aîné des Weasley et la métamorphomage disparurent subitement tandis que les trois moldus sursautèrent, ne cachant ni leur surprise, ni leur peur. Lupin attendit deux longues minutes durant lesquels il rappela les principes primordiaux du transparaître en trois mots: «destination, détermination, décision». Harry et Ron se sourirent, le Gryffondor fit ses adieux à sa famille d'adoption tandis que Maugrey rappela à Harry qu'il devait transplanter directement dans la demeure de Sirius et non pas dans le square. Harry hocha la tête et avec Lupin et Fol Œil, il fit un pas en avant en étendant ses bras tout en tournant rapidement sur lui-même, les yeux fermés, l'esprit déterminé, fixé sur sa destination tout en étant totalement décidé.
