Bonne année tout le monde ! Meilleurs vœux !

Pour célébrer ça, voici la suite. Pardon pour l'attente.

Je m'excuse par avance si les personnages vous paraissent un peu OOC au fil de l'histoire.

En réponse à Camille : Haha ! je pensais à publier la suite quand tu as écris ^^. En tout cas, je suis ravie que l'histoire t'intéresse et que tu veuilles en savoir plus ! Effectivement la suite risque de ne pas être simple pour ces deux-là 😉 Merci beaucoup pour ton commentaire et ton soutien ! J'espère être à la hauteur.

Beta-reader : Shinory ! Trop contente de te retrouver !

Je vous souhaite une bonne lecture !


CHAPITRE 1 : Bon séjour à la Capitale des Fleurs !

Wano Kuni, 3 ans plus tôt :

- Je sais que c'est importun de ma part de vous demander cela, après tout ce que vous avez fait pour nous, mais il en va de la réussite de notre plan, non… je dirais qu'il en va de l'avenir de notre pays ! Alors je vous en conjure, ne faites pas de vagues et fondez-vous à la population !

La tête appuyée contre le sol, les deux mains de chaque côté, Kin'emon les implorait encore une fois, tout comme Kanjuro qui l'imitait à ses côtés. Face à eux, se dressaient la moitié de l'équipage au Chapeau de paille, ainsi que celui de Trafalgar D Law. Ils avaient débarqué il y a peu, avec l'équipage du Heart. On pouvait dire que la traversée avait été mouvementée, d'autant plus qu'ils avaient été un peu à l'étroit à bord du submersible du Chirurgien de la mort. Son navire était très pratique mais en revanche, il n'était pas très spacieux et la route avait été longue. Sans parler de l'arrivée, lorsqu'ils avaient dû remonter la cascade pour enfin atteindre leur destination. Les samouraïs les avaient conduits à une petite montagne où gisaient les restes d'une bâtisse, celle du château d'Oden.

C'est là qu'ils découvrirent la vérité au sujet des samouraïs, et de leur saut dans le temps.

Un saut de 20 ans.

Dire qu'ils avaient été scotchés était un doux euphémisme. Personne ne l'avait vu venir. Puis Kin'emon leur avait expliqué son plan. Infiltré les rangs de l'ennemi et faire profil bas le temps que les autres reviennent. Ce n'était pas trop dans ses habitudes de ne pas se faire remarquer (après tout ça allait à l'encontre de son objectif), mais il pouvait bien faire cet effort quelque temps.

Le point positif à tout cela, c'était qu'il n'avait pas pensé à leur navigatrice… ou que très peu… seulement lorsque quelqu'un mentionnait leurs amis partis sur le territoire de Big Mom.

Étrangement, il gérait plutôt bien la « post-séparation ». Il devait bien reconnaître que ça lui avait fait mal sur le coup. Il s'était senti trahi et abusé, mais ça n'avait pas duré plus que cela. Il avait toujours entendu dire que plus on était amoureux, plus la rupture faisait souffrir. D'après les divers échos qu'il avait eus, certains avaient beaucoup de mal à s'en relever, ils déprimaient pendant des jours, hantés par le souvenir des jours passés à deux, ce qui pouvait parfois mener à des extrémités. De son point de vue, il ne comprenait en aucun ce genre d'attitude. Sans doute parce qu'il était habitué à la douleur… ou alors, finalement, peut-être n'était-il pas tombé amoureux de la jolie rousse. Après tout, il ne savait pas réellement ce que c'était. Il avait cru un bref instant que cela avait été le cas, mais à présent, il n'était plus très sûr. On pouvait même dire, désormais, que ça lui était presque égal que Nami ait mis un terme à leur relation pour rejoindre l'homme qu'il considérait comme un rival. Elle avait beau lui avoir assuré qu'il n'y avait rien entre eux, Zoro n'en restait pas moins sceptique quant à ce qu'elle éprouvait pour le blond.

- Zoro ?

La voix de Robin le sortit de ses pensées et il se tourna vers sa camarade, levant brièvement un sourcil pour lui demander ce qu'elle voulait.

- Tu veux bien m'accompagner ?

Son visage se referma dans une mine contrite. Pourquoi est-ce qu'elle voulait qu'il l'accompagne ?

- Je croyais qu'on devait éviter d'être vus ensemble ? Et pourquoi tu ne demandes pas à Franky ou à Ussop ?

Un léger sourire flotta sur ses lèvres comme si elle s'amusait d'une blague qui lui échappait totalement. Cette femme avait le don de le mettre mal à l'aise car il avait toujours l'impression que ses grands yeux bleus lisaient clairement en lui et que son petit sourire venait le narguer.

- Peut-être parce qu'ils sont déjà partis, éluda-t-elle amusée.

Etonné, le bretteur regarda à droite et à gauche pour constater qu'ils n'étaient plus que les deux seuls membres des Chapeaux de paille. Law et son équipage avaient également mis les voiles, ce qui laissait les deux samouraïs et eux apparemment.

- Tu passes plus inaperçu qu'un charpentier surdimensionné ou qu'un vendeur ambulant. Et puis comme ça, on sera sûr de tous arriver en ville. D'ailleurs, j'ai entendu Kin'emon et Kanjuro dire qu'il y avait là-bas d'excellents établissements où l'on servait le meilleur saké de tout le pays.

- Tss

Pourquoi est-ce qu'il avait la désagréable sensation d'être baby-sitté ? Il n'avait pas besoin d'être guidé, ni qu'on le fasse avancer avec une carotte devant le nez ! Malgré son envie de se rebiffer, Zoro lui emboîta le pas pendant que les deux samouraïs les saluèrent au fur et à mesure qu'ils s'éloignaient, préférant rester dans les ruines du château afin de ne pas se faire remarquer.

Ils marchèrent tranquillement en silence, l'un à côté de l'autre, sur le chemin qui menait à la capitale des Fleurs. Les nouvelles tenues que Kin'emon leur avait dégoté, faisaient parfaitement illusion et les mettaient dans l'ambiance du pays. Voilà des années qu'il n'avait pas porté de kimono, du moins, pas depuis qu'il avait quitté le dojo, mais cela restait aussi agréable que dans ses souvenirs. D'après les identités qui leur avaient été confiées, il était désormais un Ronin dénommé Zorojuro, et la jeune femme à ses côtés, était une courtisane du nom de O-Robi. Tous avaient pour objectifs de se fondre dans la masse et de récolter des infos sur Kaido ainsi que sur son vassal et actuel Shogun du pays, dont le nom lui avait échappé.

Au fur et à mesure qu'ils avançaient, Zoro surprit les coups d'œil réguliers que lui jetait la jeune femme à ses côtés. Les premiers temps, il les ignora, gardant son attention fixée sur l'horizon devant lui. Robin était une femme très mystérieuse et d'un naturel taiseux, et il s'était habitué à ses observations silencieuses. La plupart du temps, cela lui allait très bien, et s'avérait même reposant comparé à la présence bien plus bruyante de la navigatrice. Elle ne le frappait jamais, qu'il y ait une raison valable ou non, elle ne lui hurlait pas dessus lorsqu'il s'écartait, elle ne se moquait pas de lui à la moindre de ses actions, et elle ne venait jamais le faire chier quand il dormait. Alors pourquoi est-ce qu'il avait entreprit d'avoir une relation plus qu'amicale avec Nami plutôt qu'avec Robin ? Cela aurait été bien plus logique et sûrement plus simple.

Il renifla dédain. S'il avait un jour aimé la facilité, il n'aurait jamais fait le vœu de devenir le meilleur épéiste du monde. Autant il appréciait l'archéologue en tant qu'amie, et bien qu'elle ait ses charmes elle aussi, il n'avait jamais eu d'intérêt envers elle. Heureusement, car une seule relation de ruinée, c'était bien suffisant, pas besoin d'une deuxième. De toute façon, elle le rendait mal à l'aise… En un sens, Nami aussi… mais là n'était pas la question ! Et puis il devait vraiment arrêter de penser à cette emmerdeuse de rouquine. Jusqu'ici, il avait réussi à se la sortir de la tête, ce n'était pas pour y penser maintenant.

- Quelque chose ne va pas, Zoro ?

La voix douce de sa nakama le sortit de sa réflexion et son œil dévia vers elle. La brune le fixait avec d'un air soucieux. Encore cette sensation désagréable que ses pupilles indigo pouvaient décrypter ce qui se tramait dans sa tête. Le bretteur détourna le regard et reprit sa contemplation du paysage de cette nouvelle contrée.

- Humph… tout va parfaitement bien, marmonna-t-il.

Le silence retomba entre eux, uniquement perturbé par le crissement de leurs sandales foulant la terre aride. Il ne pouvait s'empêcher d'avoir cette étrange impression que Robin cherchait quelque chose, comme si elle voulait l'aborder mais sans savoir comment. Cette impression, il l'avait eue depuis qu'ils avaient quitté Zo, mais il avait choisi de ne pas s'en soucier outre mesure.

- Je m'inquiète tout de même un peu pour les autres, lâcha l'archéologue au bout d'un long moment de silence.

- On peut faire confiance à Luffy. Il a promis de revenir avec tout le monde, alors il n'y a rien à craindre.

Robin hocha doucement la tête et il crut que cela avait suffi à la rassurer et à couper court à la conversation, mais il se trompait lourdement.

- Il n'y a vraiment personne pour qui tu t'inquiètes ?

- Pourquoi tu me poses cette question ? Pour qui est-ce que je devrais m'inquiéter ? Demanda-t-il un peu plus sèchement qu'il ne l'aurait souhaité. Ils sont tous dans la capacité de se défendre et on a mieux à faire que de s'inquiéter.

Son ton revêche sembla mettre fin à l'éventualité d'une discussion plus longue. Du moins, pendant un certain temps. Il essayait de garder son esprit vide de tout tourment, ainsi que d'une personne à la chevelure orangée, alors ce n'était pas pour que sa camarade vienne lui rappeler toutes les cinq minutes qu'ils étaient en territoire ennemi, en petit effectif de surcroît, face à un Yonko. Qu'est-ce qui lui prenait tout à coup de poser ces questions ?

- C'est vrai. Ça ne sert à rien de s'inquiéter. S'il y a bien une personne à qui Sanji ne dira pas non, c'est à Nami. On peut être à peu près sûr qu'il reviendra parmi nous.

A l'évocation de ses deux compagnons, Zoro se força à garder une allure constante, bien que cela ne fut pas aisé. Tout comme de lutter contre cette petite étincelle de colère qui crépita dans un coin de son cerveau et qui menaça de faire bouillir son sang. Non ! il était passé à autre chose ! il s'en foutait de ces deux-là ! Le bretteur afficha un calme apparent, bien que forcé, pour ne pas alerter la curiosité de son amie.

- Tss, il peut bien faire ce qu'il veut, je m'en fiche.

Cependant, l'acidité qui suinta à travers ses mots ne fit que démentir ses propos. Mentir n'avait jamais été son fort. Robin le remarqua et esquissa un petit sourire poli.

- La gravité des événements de ces derniers temps nous a fait comprendre à tous que la suite risque d'être tout aussi compliquée, si n'est plus, et chacun gère différemment ces changements. Parfois, on pense faire le bon choix, que ce soit pour les autres ou pour nous, parce qu'on n'envisage pas d'autres issues, mais ça ne veut pas dire qu'elles n'existent pas. La peur nous guide souvent bien plus que l'on ne voudrait et fait souffrir ceux à qui l'on tient alors que c'est ce qu'on essaye à tout prix d'éviter…

Son discours résonna étrangement dans ses oreilles et son œil indemne scruta la jolie brune en kimono noir à fleurs. Son regard fixait un point invisible devant elle mais il vit une certaine distance dans celui-ci, qui lui indiqua qu'elle était partiellement plongée dans sa réflexion. Il ne savait pas trop si elle parlait de sa propre expérience pour dire qu'elle comprenait ce que traversait le cuistot, ou s'il y avait un message caché derrière ses propos. Ce serait étonnant, car comment saurait-elle ce qu'il s'est passé entre Nami et lui ? Toujours est-il que son élocution ne semblait pas anodine. Ou bien était-ce juste son esprit qui essayait d'appliquer ce qu'elle venait de dire, au comportement de leur navigatrice afin de justifier leur rupture ? Ridicule ! Elle l'avait fait en son âme et conscience et il devait arrêter de revenir dessus. Peu importait les raisons, ce qui était fait, était fait. Et puis ça lui était égal maintenant, non ?

- S'il y a bien une chose qu'il faut retenir des épreuves que l'on a traversées, c'est qu'on forme une équipe. On dépend tous des uns et des autres… et ce genre de décision ne devrait pas être prise seule dans son coin, sur un coup de tête. Surtout quand on connaît le caractère de notre capitaine. Sourcil-en-vrille aurait dû réfléchir un peu plus aux conséquences de ses choix… En voulant nous épargner, il n'a fait qu'aggraver une situation déjà complexe, tout en nous entraînant avec lui.

Une paire d'yeux bleus azurs se posèrent sur lui et le détaillèrent avec intérêt. Il s'en fichait qu'elle trouve son raisonnement intransigeant, il s'agissait de la vérité. Puis, un petit sourire à demi triste, étira la fine ligne de ses lèvres charnues, avant qu'elle ne détourne le regard. A la réflexion, il se rendit compte que ce qu'il venait de dire pouvait aussi s'appliquer à Nami, mais ça elle n'était pas censée le savoir. Le silence retomba une nouvelle fois entre eux.

- Je comprends parfaitement ton point de vue, et je le partage… mais… je ne crois pas qu'il faille leur en tenir rigueur. On fait tous des erreurs, c'est ce qui nous permet d'avancer et de s'améliorer.

Mais bon sang, quand est-ce qu'elle arrivait cette putain de ville ?! Il n'avait pas besoin d'un cours de philosophie ! ... et est-ce qu'elle venait de dire « leur » ? Donc elle ne parlait pas uniquement du pervers blondinet. Zoro la toisa avec méfiance. De quoi était-elle au courant, au juste ? Le visage de l'archéologue prit soudain un air sérieux et ses prunelles soutinrent sans mal son regard froid.

- Comme je te l'ai dit, parfois, on croit faire ce qu'il faut en pensant détenir une vérité, mais il arrive qu'il en existe une autre, bien cachée.

Il fronça les sourcils. A la façon dont ses yeux immenses et bleus le transperçaient, il n'était plus très sûr de ce dont elle parlait exactement. Sans s'en rendre compte, son allure s'était ralentit au détriment de la jeune femme qui le lâcha du regard et continua à avancer sans lui. Son esprit essayait de saisir si oui ou non, il y avait un message implicite derrière tout ce baratin. Mais il y avait une question qui le taraudait. Pourquoi Robin tenterait-elle de lui faire passer un message ? Est-ce qu'elle était au courant ?! Ou était-ce simplement parce qu'elle avait perçu une animosité entre Nami et lui sur Zo à propos de Sanji ? Pourquoi est-ce qu'elle ne lui disait pas franchement les choses ?! Et il ne pouvait pas non plus lui demander de but en blanc, au risque de se faire griller si jamais elle ne savait rien !

Rrrr il était complètement pommé !

En tout cas, une chose était sûre, il regrettait d'avoir accepté de l'accompagner. S'il avait voulu avoir mal à la tête, il aurait eu des moyens beaucoup plus simples et beaucoup moins pénibles.

Au bout de plusieurs minutes de marche supplémentaire, les premiers toits de la capitale commencèrent à se profiler devant eux, puis très vite, ils remarquèrent l'arbre immense ainsi que le château qui surplombaient la ville. La capitale des fleurs portait bien son nom, car elle était parsemée de touches roses, quasi duveteuses, dû à la présence de nombreux cerisiers, dont les pétales s'envolaient au gré du vent et la gratifiait d'une pluie rosée.

En entrant dans la cité, ils découvrirent une multitude de maisons aux toits colorés et à l'architecture pittoresque, très propres au pays. Robin admira chacune de ces nouveautés avec un regard émerveillé tandis que de son côté, Zoro déambulait tranquillement, appréciant avec retenue ces lieux qui allaient désormais être leur quotidien pour les jours à venir. Les gens qu'ils croisèrent, leur parurent aimables et plutôt heureux, mais on ne pouvait pas se fier aux apparences. La ville paraissait relativement animée et le cadre assez paisible. D'ailleurs la présence des forces de Kaido n'était pas flagrante au premier coup d'œil, comme ce à quoi ils s'attendaient. Toutefois, Kin'emon leur avait certifié que la capitale était sous surveillance constante par les vassaux du Shogun, donc mieux valait faire profil bas et se fondre dans la masse.

A travers le flot de population, Zoro suivait sa nakama tout en ignorant leur destination. Tout ce qu'il tentait de repérer, c'était un bar ou quelque chose qui pouvait y ressembler de près comme de loin où l'on servait de l'alcool. Oui, de l'alcool ! Il avait vraiment besoin d'alcool pour faire taire cette fichue migraine que lui avait collé Robin avec ses maudites élucubrations. Ils slalomèrent entre les natifs qui déambulaient nonchalamment, voguant d'une rue vers l'autre. Comment diable Robin faisait-elle pour s'orienter alors qu'ils n'avaient jamais mis les pieds ici ? Avait-elle seulement une idée d'où elle les conduisait ? ou bien était-ce une navigation à l'aveuglette ? Soudain, elle ralentit le pas sans qu'il n'y prête plus attention que cela et il la dépassait facilement en quelques enjambées.

- Zoro ?

La gravité dans sa voix le stoppa, plus que l'entente de son nom en lui-même. Il se retourna pour constater que son regard était braqué sur lui avec détermination, bien loin de ceux qu'elle lui adressait généralement. Par instinct, sa main se resserra autour de la poignée de Wado, car il pressentait une annonce importante. Donc il y avait bien quelque chose qui la travaillait, pour qu'elle lui ait posé toutes ces questions ? Zoro la fixa à son tour et attendit patiemment qu'elle crache le morceau. Pourquoi est-ce qu'il sentait qu'il n'allait pas aimer la suite ? Les secondes s'égrenèrent aussi lentement que des minutes dans son esprit, et bizarrement il redoutait un peu ce qu'elle allait lui dire. Il vit sa main remonter pour atteindre l'encolure du son kimono et se faisant, Robin ajouta :

- Il faut que je te dise…

Mais elle ne termina pas sa phrase car son attention fut attirée par quelque chose derrière lui. Il leva un sourcil interrogateur et afficha une mine réprobatrice, mais elle passa outre et fit un petit geste en direction de ce qui l'intriguait.

- Là ! regarde !

Un groupe de jeunes femme, vêtues longs kimono fleuris, avec le visage exagérément blanchi par le maquillage à demi masqué par un éventail, ainsi que les cheveux relevés et agrémentés de kanzashi, passa non loin d'eux. Zoro reporta sur l'archéologue qui les suivait des yeux comme un prédateur surveillant sa proie. Il eut aussitôt la confirmation qu'il s'agissait bien du groupe de femme qui avait accaparé son attention lorsque Robin l'attrapa discrètement par la manche pour l'entrainer avec elle.

- Suivons-les, souffla-t-elle.

- Hein ? mais pourquoi ?

Et le truc qu'elle avait voulu lui dire ?!

- Elles nous guideront sûrement à destination voulue.

Finalement ce ne devait pas être si important que cela. Il accepta de la suivre malgré le fait qu'il commençait à en avoir marre d'arpenter les rues sans but.

- Qu'est-ce qui te dit que ces filles vont nous conduire là où tu veux ?

- Ce sont des maiko, autrement dit, des apprenties geisha. Si je veux intégrer ce milieu et devenir une geisha pour approcher le Shogun, je dois savoir à qui je dois m'adresser. Et le meilleur moyen pour trouver l'établissement où elles exercent, c'est de les suivre. Kin'emon m'a juste dit que l'okiya était quelque part dans le quartier des plaisirs.

Ça lui parut logique. Cependant… quelque chose le chiffonna, et après plusieurs secondes de battement, il réalisa ce que c'était. Zoro planta ses talons dans le sol et s'arrêta brusquement.

- Je ne veux pas aller dans le quartier des plaisirs ! s'exclama-t-il avec force ainsi qu'une certaine gêne.

Les quelques badauds qui passaient à proximité se tournèrent vers lui pour lancer un regard réprobateur ou surpris. Robin se stoppa, étonnée de sa réaction outrée. Il la dévisagea comme si elle avait perdu la tête alors qu'il sentait la pointe de ses oreilles se réchauffer. Il avait mis du temps à comprendre, mais il savait ce que sous-entendait la dénomination « quartier des plaisirs ». Il n'avait jamais été client de ce genre d'endroit, d'ailleurs il ne comprenait pas qu'on puisse acheter la compagnie d'une femme…

Dans son imaginaire, il voyait cela comme des endroits lugubres, où l'amour-propre n'avait plus lieu d'être, pas plus que l'honneur. En plus de cela, le fait de savoir que Sourcille-en-vrille fréquentait pareil endroit lui suffisait à vouloir les éviter.

Soudain, il réalisa que l'archéologue allait infiltrer ce monde et cela le choqua. Comment Kin'emon avait-il pu demander quelque chose pareil à un membre de leur équipage ?! Certes, Robin avait de l'expérience dans l'espionnage et l'infiltration… elle avait eu une vie avant de les rencontrer, où elle avait certainement dû côtoyer des endroits similaires, et peut-être même faire des choses auxquelles il ne préférait même pas penser, mais aujourd'hui elle était libre de tout ça !

- Notre mission est importante, mais pas au point de… de…, balbutia-t-il.

La fin de sa phrase lui parut inconcevable. Robin s'amusa de sa gêne et esquissa un sourire attendri, semblant comprendre son dilemme moral.

- Tu sais, dans le quartier des plaisirs, il n'y a pas que des maisons closes. Il y a aussi des maisons de thé, des théâtres, des salles de jeux… des bars.

Elle insista bien sur ce point.

- On peut s'y aventurer pour autre chose que l'envie d'assouvir un besoin physique, si c'est cela qui t'inquiète. Le rôle d'une geisha est, avant tout, de divertir son client par la conversation, la danse ainsi que la musique.

Voilà ! maintenant il passait pour un idiot ! Le haut de ses pommettes se mit à irradier et il détourna le regard sous l'embarras, tout en grommelant. Le petit rire discret de sa nakama parvint à ses oreilles rougies et il se dépêcha d'avancer pour rattraper leur retard sur le groupe de jeunes femmes qu'ils avaient pris en filature.

- En plus, il semblerait que nous ne soyons plus très loin, annonça malicieusement Robin au moment où il passa à côté d'elle.

Il se raidit aussitôt et grinça des dents, sentant une goutte de sueur couler le long de sa tempe. A croire que c'était un passe-temps commun aux femmes de l'équipage de rire à ses dépens. Toutefois, l'archéologue le faisait plus subtilement et ça n'avait rien de méchant… pas comme avec une certaine sorcière ! Zoro la chassa aussitôt de ses pensées.

Effectivement, au détour d'une bâtisse, une grande rue se profila devant eux où l'ambiance différait quelque peu du reste de la ville. Tout comme sa nakama, il repéra aussitôt les jeunes femmes qui remontèrent le long de cette rue plutôt passagère, et les deux mugiwaras se fondirent dans paysage. Heureusement, et comme l'avait annoncé Robin, un bar se présenta rapidement et il y vit la porte de sortie à son malaise. Dans un même temps, le groupe de maiko entra dans une grande bâtisse non loin de là et un coup d'œil à sa camarade suffit pour savoir que leur mission commençait maintenant. Ils n'étaient plus Robin et Zoro, membres des Chapeaux de Paille, mais deux personnes étrangères l'une à l'autre, du nom de O-Robi et de Zorojuro.

La brunette lui adressa un hochement de tête discret et ils se souhaitèrent bonne chance silencieusement avant de se séparer. Le ronin bifurqua vers l'entrée de la taverne, tandis que la jeune femme s'approchait de l'okiya. Ils allaient devoir éviter de se côtoyer jusqu'à ce que le reste de l'équipage ne les rejoigne, chacun devant adopter la vie d'un citoyen de Wano Kuni.

La belle brune fut la première à s'éloigner et le ronin eut la désagréable sensation qu'elle marchait droit vers la gueule béante d'un loup aux dents acérées. La porte coulissante se referma derrière Robin, et Zoro secoua la tête. Elle était tout à fait capable de se protéger toute seule, et ce n'était pas sa première mission d'infiltration/espionnage. A son tour, il s'apprêta à entrer dans le petit bar lorsque quelque chose attira son œil. La main qui se tenait sur la poignée de la porte se figea, incertain d'avoir bien vue.

Son regard se braqua sur la foule oscillante, qui se mouvait dans un ballet de tissus colorés aux motifs variés. Sa paupière se rétrécit alors qu'il scrutait attentivement la marée humaine à la recherche de ce qui l'avait alerté. L'épéiste allait finalement capituler face au mirage qu'il avait cru voir, lorsqu'au creux de la vague, et à travers les silhouettes longilignes qui se croisaient, il le vit le temps de quelques secondes. Là, à une vingtaine de mètres de lui, un point incandescent qui ondoyait parmi le haut de la foule. Une couleur vibrante qui vous happait l'œil, tel un phare transperçant la brume… Ce n'était pas possible… Les rayons du soleil venaient s'amuser dans ses mèches cuivrées et les faisaient briller comme si elles étaient parsemées d'or. Les cheveux roux n'étaient pas monnaie courante dans ce pays, d'ailleurs, pas une seule fois il n'avait vu quelqu'un avec une telle pigmentation… et, jusqu'à présent, il ne connaissait qu'une seule personne qui la possédait.

Ses doigts glissèrent de la poignée tandis qu'il se détournait pour faire face à cette source de lueur. Ça ne pouvait pas être… Pourtant, sous cette chevelure flamboyante, rassemblés dans une coiffure traditionnelle du pays, se trouvait une forme fluette et élancée vêtue d'un kimono vert. Il ne voyait pas son visage car elle lui tournait le dos mais il s'agissait bien d'une jeune femme qui faisait à peu près la même taille et la même corpulence que sa nakama.

Le temps s'était comme figé et son cœur tambourinait dans sa poitrine à l'idée qu'elle se trouvait là, à quelques enjambées. Celui-ci s'accéléra lorsqu'elle ralentit sa démarche pour s'arrêter. Sa crinière de feu bougea sur le côté et il se surprit à cesser de respirer quand la peau claire de son visage apparut progressivement comme un croissant de lune.

Puis, sans qu'il ne comprenne ce qu'il se passe, un flot de monde passa au même moment, lui obstruant la vue ainsi que l'identité de la personne. La vie reprit son cours et il eut même la sensation que le temps s'était accéléré pour rattraper les quelques secondes d'interlude pendant lesquelles il avait pu contempler l'espoir de revoir Nami.

Serrant les dents de frustration, il voulut pencher la tête de droite à gauche pour tenter de percevoir une nouvelle fois la jeune femme mais l'instant d'après, une brèche se créa dans la foule. Plus rien. Son œil balaya l'endroit où elle se trouvait, ne trouvant que du vide. Elle avait disparu. Il chercha à travers les personnes qui déambulaient dans toute la rue, sans succès.

Avait-il rêvé ? Serait-il possible que cette brève vision ne fût que le fruit de son imagination ? Zoro secoua vivement la tête et se fustigea de sa bêtise. Il était ridicule. Nami se trouvait à mille lieux d'ici, sur le territoire de Big Mom en compagnie de Luffy et des autres. Alors comment avait-il pu croire, ne serait-ce qu'un instant, qu'il s'agissait d'elle ?!

Peut-être parce qu'elle te manque ? suggéra une petite voix doucereuse dans un coin de sa tête.

Elle ne lui manquait absolument pas ! Il n'avait pas pensé à elle depuis qu'ils avaient quitté Zo et si ce n'avait pas été pour Robin, il aurait continué ainsi ! Alors pourquoi est-ce qu'elle lui manquerait ?

Il fit taire les tergiversations de son esprit, ne voulant pas savoir s'il avait imaginé ou bien s'il avait bien vue une femme ressemblant à sa camarade, ni même en connaitre les raisons. Tout ce dont il avait besoin, c'était une bonne grosse quantité d'alcool. Et que son foutu palpitant arrête de s'emballer pour rien ! Pestant une nouvelle fois dans sa barbe, il ouvrit avec un peu trop de force la porte coulissante du bar qui claqua contre le chambranle et résonna dans tout l'établissement. Les quelques clients présents tournèrent leurs regards à la fois surpris et réprobateurs vers lui. Zoro les ignora et alla s'asseoir à une petite table inoccupée dans un coin reculé.

Une légère sensation de chaleur lui réchauffa la joue, comme une douce caresse maternelle qui venait le réveiller lentement. La paupière de son œil valide se décolla fébrilement laissant la clarté de l'aube, imprégner sa rétine embrumée. Un fin filet d'or glissait à travers les rideaux opaques de la fenêtre et venait inonder le haut de sa couchette, installée à même le sol. A la fine frontière entre le réveil et le sommeil, le monde avait toujours cette même texture floue, où les formes s'adoucissaient, se fondant les unes dans les autres dans un tableau d'art abstrait. Le sien était fait d'ocre, de brun sombre, d'orange, de rose pâle et de crème. Il aurait aimé replonger dans le doux confort des méandres du territoire de Morphée, mais les rayons du soleil semblaient immanquablement braqués sur son visage, bien décidés à chasser l'obscurité tranquille de son sommeil. Sa pupille se rétracta pour atteindre la grosseur d'une tête d'épingle face à l'agression lumineuse. Son cerveau interpréta lentement l'image qu'elle tentait de lui envoyer, corrigeant petit à petit le flou afin de recréer les angles et les contours de ce qui l'entourait.

L'ocre se transforma en faisceaux lumineux, du brun sombre se détaillèrent les éléments de la chambre en arrière-plan, et il réalisa que la forme orangée prenait une bonne partie de son champ de vision, comme pièce centrale de son tableau. Elle s'affina pour devenir une chevelure ondoyante qui auréolait un visage au teint rosâtre. Au milieu de ce visage angélique, deux orbes qui lui rappelait le caramel cuisant sur le feu, aussi pétillant et brillant, le fixaient intensément.

Son œil papillota plusieurs fois, et il enregistra rapidement qu'il n'était pas seul sur son futon. Cette personne était proche, très proche de lui et son cœur fit une embardée, puis soudain, sa vision se clarifia d'un seul coup. Cependant, il resta immobile, dans la même position dans laquelle il s'était réveillé, sur le flanc gauche, un bras replié sous son oreiller pour surélever sa tête tandis que son autre main reposait sur son coude, devant son menton.

- Nami ? Souffla-t-il d'une voix encore chargée de sommeil, incertain.

La jeune femme ne bougea pas mais esquissa un faible petit sourire. Elle était allongée face à lui, imitant sa position comme un reflet dans un miroir, dans une proximité qu'il qualifierait d'intimiste, à tel point que leurs petits doigts s'effleuraient presque. Sa tête était à une dizaine de centimètres de la sienne et son regard inlassablement planté dans le sien. Zoro aurait dû être choqué et alerter de la voir ici, mais étrangement, malgré la surprise de sa présence, il demeura impassible.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? demanda-t-il d'une façon apathique.

Il n'y avait aucune accusation ni reproche dans sa question, rien d'autre que de la simple curiosité. Elle continua de l'observer silencieusement et il douta un instant qu'elle ne lui réponde.

- Tu veux que je m'en aille ?

Il soupira, agacé.

- Ce n'est pas ce que j'ai dit. Simplement, je te croyais avec…

Sa phrase s'éteignit comme incapable de prononcer la suite, par manque de volonté ou simplement par incertitude. Quelle était la meilleure façon de terminer cette phrase ?

- Sanji ? Proposa la rouquine.

Un voile de tristesse assombrit quelque peu cet océan chocolaté qui lui faisait face. Le regard du jeune homme se durcit et sa mâchoire se contracta. Le nom de son rival avait roulé sur ses lèvres pleines, de cette voix douce et chantante, et cela lui fit l'effet d'un coup dans le ventre. Il savait que c'était stupide de réagir ainsi, mais il avait beaucoup de mal à dompter ce petit monstre vert qui s'accrochait éperdument à ses entrailles. De tous les noms qu'elle aurait pu citer, elle avait choisi celui-ci… et ça n'avait sûrement rien d'innocent.

- Quand vas-tu arrêter de croire qu'il est responsable de tout ceci ?

Elle avait dit cela sans agressivité dans son intonation, sans aucune véhémence comme elle en avait l'habitude et qui caractérisait son tempérament incendiaire. Au contraire, elle lui avait demandé cela calmement avec une pointe de curiosité sincère qui ne put cacher toutefois, une certaine désolation. Cela lui donna l'impression qu'elle en souffrait secrètement.

- Pourtant, c'est lui que tu es allé retrouver… Tu aurais pu choisir de venir avec moi, ici, à Wano et laisser Luffy et les autres le récupérer, souligna calmement Zoro.

C'était égoïste et digne d'un caprice d'enfant, il le savait. Alors pourquoi lui avoir dit cela ? c'était stupide !

- Et prendre le risque qu'ils ne se perdent dans les eaux du Nouveau Monde ? Tu sais parfaitement au fond de toi, pourquoi j'ai fait ce choix.

Stupide, en effet. Zoro ne répondit pas. Qu'avait-il à répondre à cela de toute façon ? Elle avait eu raison d'accompagner Luffy mais il y avait cette part d'avarice en lui qui le poussait à souhaiter qu'elle veuille rester avec lui.

Son œil dévia vers ses joues fraîches et délicates, puis vers les deux pétales de rose que formaient ses lèvres. Elles étaient légèrement entrouvertes et si proches, qu'il aurait suffi qu'il se penche un peu pour les saisir. Combien de fois avait-il pu les savourer ? Il se souvenait encore de leur douceur contre les siennes, contre sa peau, de leur goût légèrement sucré et acidulé après qu'elle ait mangé une de ses précieuses mandarines. L'envie soudaine de plonger la main dans sa crinière soyeuse afin de sentir la douceur de ses mèches lui glisser entre les doigts pour finalement l'attirer vers lui, le démangeait. Malgré le léger tressaillement de ses doigts, et avec beaucoup de volonté, sa main droite resta fermement dans sa position première.

- Tu as envie de m'embrasser, pas vrai ?

- Non.

- Menteur, sourit-elle amusée.

Elle avait raison, ils le savaient tous les deux, mais il n'allait pas le faire le plaisir de lui avouer. Puis le souvenir de Zo se rappela douloureusement à sa mémoire.

- Tu as mis fin à tout ça et j'étais d'accord, alors pourquoi est-ce que je voudrais t'embrasser ?

Il vit un flash dans ses grandes orbes auburn puis une brillance qui n'était pas là jusqu'à présent. Est-ce qu'elle en souffrait, elle aussi ?

- L'étais-tu ? souffla-t-elle à demi-mot

Zoro fronça les sourcils dans un air de profonde perplexité.

- Etais-tu vraiment d'accord pour arrêter ou bien était-ce une façon de te protéger parce que j'ai dit que ce n'était que du sexe ?

Il se mura dans le silence quelques instants, méditant sur ce qu'elle venait de dire.

- Pourquoi tu ne t'es pas battu pour moi ? Tu te bats pour tes rêves, pour tes convictions, tu es prêt à sacrifier ta vie pour Luffy… alors pourquoi tu ne t'es pas battu pour moi ? demanda-t-elle tristement.

Sa voix n'était qu'un murmure, d'ailleurs, toute leur conversation n'était finalement pas plus bruyante qu'un bruissement de feuillage agité par la brise. C'était une conversation sur l'oreiller, bien qu'ils n'aient rien fait en préambule.

- Est-ce que cela aurait changé quelque chose si je t'avais dit que je voulais continuer ? Est-ce que tu serais restée si je t'avais dit ce que je ressentais pour toi ?

Un sourire fade étira ses lèvres plantureuses mais n'atteignit pas ses yeux. Elle n'avait pas besoin de dire sa réponse, il la voyait dans son regard. Nami avait pris sa décision à ce moment-là mais il est vrai qu'il n'avait pas cherché, à un seul instant, à la contester. Peut-être était-ce un tort ? Sa conscience ne le travaillerait peut-être pas autant s'il avait, ne serait-ce, qu'essayer. Trop tard, ce qui était fait, était fait.

- Et si je te demandais ce que tu ressens pour moi, là maintenant, est-ce que tu me le dirais ?

Une partie de lui avait envie de lui répondre que oui, si cela impliquait qu'ils retrouvent leur complicité d'avant, tout comme cette alchimie qui les animait à chaque fois qu'ils s'unissaient. Cependant, la perspective de voir une nouvelle fois ses sentiments se faire piétiner le fit hésiter.

- A quoi bon ? Ça n'a plus d'importance aujourd'hui, constate-t-il lassement.

- Vraiment ? Tu en es sûr ?

- Nous deux, ce n'était pas sérieux.

La lumière au-dessus de la jolie rousse se fit plus intense et cette dernière s'écarta tout à coup pour se redresser. Zoro l'observa sans bouger, comme engourdi alors qu'elle lui exposait désormais son dos. Nami tourna un peu la tête sur le côté pour le regarder par-dessus son épaule avec un air mélancolique.

- Tu peux dire ce que tu veux, mais ne te mens pas à toi-même, Zoro.

- On ne fait pas un choix comme celui-ci pour revenir dessus quelques jours plus tard. Je t'ai dit que je ne t'importunerais plus, et je n'ai qu'une parole.

- Je le sais bien…, susurra-t-elle presque à regret avant de détourner les yeux.

Il la vit se lever pour se diriger vers la porte de la chambre. La lumière s'accrut au fur-et-à-mesure jusqu'à l'aveugler alors qu'il luttait pour la regarder partir. Une nouvelle fois, il la laissait filer entre ses doigts sans chercher à la retenir. Puis la lueur fut insoutenable et le força à fermer sa paupière pour le replonger dans les ténèbres.

Les ténèbres. C'est la première chose qu'il vit lorsqu'il ouvrit l'œil. Pas lueur dorée qui passait à travers les volets et pas de crinière flamboyante non plus. Juste le lambris sombre et les poutres qui recouvraient la surface du plafond. Il n'était pas sur le flanc mais sur le dos, comme à son habitude. Il dormait rarement sur le côté, cela laissait moins de chance de se faire surprendre par derrière. Son œil s'adapta très vite à l'obscurité et tomba sur un point minuscule, le long d'une des poutres. Une petite araignée, accrochée au milieu de sa toile, était en train de s'attaquer au pauvre insecte qui avait eu le malheur de se retrouver piégé. Zoro se focalisa un moment sur l'arachnide qui jouait de ses deux longues pattes avant pour emmailloter le moucheron dans un cocon de soie qu'elle garderait sûrement comme encas pour plus tard. Il retardait le plus longtemps possible le moment où il tournerait la tête sur le côté pour découvrir qu'il était seul.

Là, étalé sur son futon, les bras en croix, vêtu de son kimono blanc et vert, il avait froid. Étrange vue que le climat du pays était relativement doux. Et puis il n'avait que rarement froid. Pour cela il fallait qu'il neige ! Alors, bordel, pourquoi il avait froid ?! Pire encore, il avait l'impression que cette sensation de froideur était à l'intérieur de lui.

Zoro leva sa main droite et se frotta lassement le visage, insistant un peu plus sur son œil encore intact, avant de la laisser retomber à ses côtés, sans énergie. Finalement, vint le moment fatidique où il pencha la tête sur la gauche. Vide, comme il s'y attendait et il ressentit un pincement dans la poitrine. La main qui était de ce côté, caressa la surface du lit où elle se trouvait pour constater que la place était froide. Un rêve. Son regard se fit distant alors qu'il observait le matelas vide et cette sensation de froid s'accentua.

- Tss ! grogna-t-il de colère.

Il détourna vivement la tête et se redressa en position assise. Qu'est-ce qui lui prenait tout à coup ?! C'était quoi ce foutu rêve, hein ?! Comme si Nami lui manquait ! Bah tiens ! Elle ne lui manquait absolument pas, cette maudite sorcière ! « Tu peux dire ce que tu veux, mais ne te mens pas à toi-même, Zoro. » chuchota la voix de la jeune femme de son rêve, comme un écho lointain. Il serra les dents, contractant au maximum ses mandibules, ce qui fit tressauter ses muscles maxillaires. Il savait pertinemment que ce n'était réellement elle qui lui disait, mais plutôt une manifestation de son subconscient. Mais qu'est-ce qu'il en savait ?!

Ça faisait plusieurs jours qu'il était dans cette ville. Plusieurs jours qu'il avait lâché Robin et les autres pour mener une vie de ronin. Jours où Nami revenait régulièrement dans ses pensées alors qu'il tentait d'oublier qu'ils avaient été plus que des nakama. Il ne savait pas trop si c'était parce que l'archéologue avait mentionné leurs amis ou bien si c'était à cause de sa « vision » dans la foule qui provoquait une sorte de chamboulement dans son esprit. Ça n'avait été que de brefs moments fugaces, mais à au moins un moment de la journée, la rouquine le hantait. Mais de là à ce qu'il en rêve ?! La dernière fois qu'il avait rêvé d'elle, c'était avant d'arriver sur Zo, et on connaissait la suite… ça ne laissait présager rien de bon. Enfin, comme on disait souvent, une fois n'était pas coutume.

A suivre…


Malgré qu'il refuse de l'admettre, notre cher Zoro est tourmenté par sa rupture avec Nami. J'aime bien l'idée qu'il soit dans le déni et qu'il lutte contre ce qu'il ressent. Et ce n'est pas fini… mais je ne vous en dit pas plus, vous verrez ça par la suite.

Laissez un petit commentaire au passage et n'oubliez pas de suivre l'histoire si vous voulez en connaitre la suite 😉, sinon, le prochain chapitre devrait paraitre le mois prochain. En tout cas, j'espère que cela vous aura plus.

Je vous embrasse et vous dit à bientôt !