3-Aveugle
Mac et Stella se figèrent de stupeur aux dernières paroles de Flack. Le traumatisme l'aurait rendu…Mais ses yeux avaient gardé la même teinte bleue. Ils semblaient normaux… Pourquoi ?
Flack, croyant d'abord à un effet secondaire de ces maudits anesthésiants ou autres trucs qu'on lui avait injectés dans les veines, referma les paupières et respira à fond, histoire de bien se réveiller. Le jeune détective rouvrit délicatement les yeux pour voir…rien. Que du noir. Le noir total. Affolé, il tourna la tête en tout sens et remua les bras à la recherche d'un point rassurant où s'accrocher.
Don : Stella, Mac…Je…Je suis aveugle…Je…
Une main douce et fine saisit tendrement l'une de ses mains pour ensuite la poser sur quelque chose de doux. De la peau…Une joue…
Stella (frottant sa joue contre la main de Don) Mac est parti chercher le médecin, Flack. Ne vous inquiétez pas, je suis sure que ça va s'arranger.
Le jeune homme sentit pourtant une larme couler sur sa main. Stella était inquiète ? Lui mentait-elle sur son état de santé ?
Don : Alors, pourquoi pleurez-vous, Stella ?
Stella (protestant) Je…Je ne pleure pas…
Don (essayant de faire de l'humour) Je suis peut-être aveugle, mais mes quatre autres sens sont excellents. J'ai bien senti vos larmes sur ma main…
Stella (essuyant ses yeux) Je…Je suis tellement désolée, Flack…
Don (surpris) Pourquoi ? Ce n'est pas votre faute.
Stella (avec véhémence) Si ! Si j'avais été plus prudente dans cette maudite ruelle, vous…
Don (l'interrompant, prenant son visage entre ses mains pour le rapprocher du sien) J'ai fait ce qu'il fallait, Stella. Il allait vous tuer si je ne lui obéissais pas. Et je ne veux surtout pas vous perdre ! Vous m'êtes bien trop précieuse…
Le détective préféra éviter d'ajouter que sa vue était un prix bien faible pour la vie de Stella. Et il s'était rendu compte qu'il ne ressentait pas que de l'amitié envers la scientifique, mais quelque chose de beaucoup plus fort…Seulement, il valait mieux qu'il le garde pour lui. Elle ne le voyait que comme un ami voire un petit frère intrépide…
Stella : Flack…Je…
Flack ne s'en rendait pas vraiment compte mais leurs visages n'étaient séparés que par quelques centimètres. Stella trouva d'ailleurs cette soudaine proximité très…troublante. Et sans qu'elle sache pourquoi, son regard émeraude se fixa sur les lèvres fermes du jeune détective. Une subite envie, vraiment irrésistible, de les goûter, de les embrasser traversa son esprit. Une envie qu'elle voulait assouvir, qu'elle décida d'assouvir…Stella approcha lentement son visage pour réduire l'écart qu'il y avait entre eux quand Mac et le docteur Nelson débarquèrent dans la chambre. La scientifique se recula avec une telle brusquerie qu'elle tomba de sa chaise, son postérieur heurtant brutalement le sol. Elle allait avoir un bel hématome…
Don (inquiet, ayant perdu le contact tactile) Stella ?
Nelson : Lieutenant Flack. Je suis le docteur Nelson. Votre collègue m'a dit que vous ne voyez pas.
Don (se tournant vers la voix, sarcastique) En effet. Je ne serai pas entrain de chercher ma collègue à tâtons sinon…
Mac (sévèrement) Flack !
Don (avec une moue boudeuse) Désolé…
Vraiment, c'était plus fort que lui. Flack détestait les hostos, les toubibs, les piqûres… Bref tout ce qui concernait le milieu médical…Enfin, actuellement, il devait les laisser le soigner…
Nelson : Pas de problème. Ecoutez, lieutenant, votre cécité ne devrait qu'être temporaire.
Flack haussa les sourcils au verbe « devrait »…Mauvais ça…
Stella (s'étant relevée et réinstallée sur sa chaise, reprenant la main de Flack, le surprenant) Comment ça « devrait » ?
Tiens, la scientifique disait tout haut ce qu'il pensait. Marrant…
Nelson : Les chocs qu'a reçu votre ami ont été vraiment violents, créant sans aucun doute des hématomes sub-crâniens et compressant ainsi les zones concernant sa vue.
Don (soupirant et faisant une moue agacée) Heu…Et en termes simples…
Ça aussi, ça l'agaçait. Les médecins et leur jargon incompréhensible qu'ils sortaient à tout bout de champ, certainement pour montrer leur intelligence supérieure…
Stella (souriant, caressant sans y prendre garde son front) Disons que vous avez des bosses dans la tête qui vous empêchent de voir. Il faut attendre qu'elles se résorbent.
Don : Merci. Et ça va prendre combien de temps ?
Nelson : Je l'ignore. Quelques jours ou quelques semaines. Le cerveau humain est encore un mystère pour nous…
« Tiens donc ? » pensa ironiquement Flack. « Il y a quelque chose que vous ignorez… » Le détective entendit Stella rire.
En voyant le regard bleu de Flack exprimait son exaspération, la scientifique n'avait pas pu s'empêcher de rire. Elle avait une vague idée de ce qu'il devait penser…
Don (reprenant la discussion) Vous avez sous-entendu que je pourrais rester aveugle. Pourquoi ?
Nelson : Vos lésions seront peut-être trop graves…Seul le temps nous le dira…
Don (soupirant) Génial…
Flack était sous le choc. Aveugle ! Comment allait-il pouvoir exercer son métier ? Et protéger Stella ? Et puis, même les choses simples allaient se compliquer…Et lui qui préférait se débrouillait seul…
Le détective sentit soudain un bras entourer ses épaules et l'attirer contre un corps… féminin. Des lèvres douces se posèrent sur sa tempe brièvement mais avec tendresse et une main caressa les cheveux présents sur sa nuque avec gentillesse.
Stella : Je vais vous aider, Flack…Je serai vos yeux…
Don (essayant de s'écarter d'elle, troublé) Stella, vous n'êtes pas…
Stella (fermement) J'y tiens…
Vaincu, Don se laissa aller dans l'étreinte chaleureuse de Stella. Il était si bien contre elle, comme s'il était revenu à bon port. Et si…
Mac observa ses deux collègues, un sourcil levé, avec étonnement puis haussa les épaules. Ce n'était pas à lui de s'occuper de ça, sauf si ça se ressentait dans leur travail… Travail. Un fait revint à l'esprit de Mac.
Mac : Flack, avez-vous vu notre coupable ?
Don (toujours contre Stella, ne voulant pas quitter la chaleur réconfortante de ses bras, se délectant de sa présence) Heu…Oui…Mais je pense qu'on va avoir un problème…
oOo
Aveugle… Ça arrange bien mes affaires. Mais si c'est provisoire, il va falloir que je me débarrasse de cette menace. Don Flack, tu es ma prochaine proie…
