Mourir c'était arrêter d'être et je savais que ça ne suffirait pas. Disparaître c'était la possibilité de n'avoir jamais été. Bouche cousue


Tsuna trouve souvent la mort attirante.

Il lui arrive de se demander si les choses n'auraient pas été plus simple s'il n'existait pas.

Sa mère aurait vécu une petite vie bien tranquille avec son père, ils auraient fait le tour du monde ou auraient vécus en Italie qui sait ? Elle n'aurait pas tous les problèmes d'argent qu'elle avait actuellement à cause de leur déménagement et surtout, elle serait heureuse. Pour de vrai.

Elle ne cesse de lui dire qu'elle l'aime et qu'elle est heureux temps qu'elle est avec lui mais Tsuna sait à quel point c'est faux. Ses sourires se font plus tristes et son visage se creuse d'inquiétude.

Tsuna aurait aimé ne pas exister pour ne pas voir sa mère souffrir à cause de lui.

Alors il veut mourir. Oh, il a déjà essayé mais tout ce que sa tentative de suicide a engendré lui a fait passer l'envie de recommencer.

Son existence pose problème mais mourir pose aussi problème.

Alors il aurait fallu ne pas exister. Il aurait fallu qu'il meurt.

Mais comme rien ne se passe jamais comme prévu, Tsuna était encore en vie.

Ma vie est une succession d'échecs c'est génial.

Il fixait le plafond de sa chambre, allongé dans son lit.

L'odeur de la nourriture avait envahi la maison et venait titiller ses papilles. Son estomac ne tarda pas à se manifester lui aussi mais il ne bougea pas.

Son téléphone vibrait sur le sol. Il était quasi certain de savoir qui était la personne qui l'appelait mais il n'avait pas envie de répondre. Vraiment pas.

Pourtant une petite voix au fond de lui dit qu'il devrait répondre, qu'il est horrible d'ignorer cet appel, qu'on s'inquiète pour lui.

Il tend sa main vers son téléphone mais la recule au dernier moment.

Ce n'est pas une bonne idée. S'il veut tourner la page, il doit arrêter de se soucier des autres et de ce qu'ils pensent de lui.

Le téléphone arrête de vibrer.

Tsuna fixe ses mains écorchées en priant pour que sa mère ne les remarque pas. Elle commence à croire qu'il se fait harceler au lycée. Tsuna ne la contredit par car il se voit mal lui dire qu'il se bat contre des inconnus dès qu'il pète un peu les plombs et que la plupart du temps il les envois à l'hôpital.

Nana s'inquiète, il le sait et il se déteste encore plus de faire ça à sa mère mais elle est tellement fatiguée qu'elle ne fera rien et ça il le sait aussi.

Le bruit de l'alarme incendie dans la maison tandis que Nana crie que tout va bien. Elle a dû augmenter la puissance du feu et une flamme a du jaillir.

Les flammes.

Tsuna n'a pas senti leur chaleur depuis un long moment, ça va faire 3 ans.

3 longues années depuis qu'il a quitté la mafia, les Vongolas et tout ce qui se rattachait de près ou de loin à l'Italie.

Sa volonté de vivre à disparut avec ses flammes.

Pourtant, Tsuna ressent encore la sensation familière de chaleur à l'intérieur de lui. Cette chaleur explose quand il se bat et il devient quelqu'un d'autre.

C'est étrange mais c'est désormais ainsi, il ne va certainement pas s'en plaindre.

Le téléphone a arrêté de vibrer.

Tsuna le prend et fixe son écran en soupirant.

Appel manqué de Kyoko.

Elle est innocente dans toute cette histoire, d'ailleurs elle ne sait pas où il vit. Pour elle, il est caché quelque part dans Namimori et ça fait 3 ans qu'elle l'appelle et qu'elle tente de prendre de ses nouvelles.

Parfois, quand Tsuna se sent mal après s'être battu, les mains tachées d'un sang qui n'est pas le sien, le corps encore tremblant d'excitation, il répond. Il ne dit rien mais il l'écoute parler et Kyoko sait qu'il l'entend alors elle lui parle et elle lui donne des nouvelles. La dernière mission qu'à fait Ryohei, la dispute de Gokudera et Lambo, comment Hibari continue d'instaurer sa dictature discipline à Namimori…

Puis elle lui parle de Reborn, des Vongolas et des choses plus sérieuses.

Et même si ça lui manque, même si la voix de Kyoko est rassurante, dans ces moments-là Tsuna veut juste mourir.

Alors répondre à Kyoko, c'est une erreur, c'est une preuve flagrante de sa faiblesse mais parfois c'est agréable d'agir sans se soucier des conséquences.

La vibration de son téléphone est tellement puissante que Tsuna le lâche et celui-ci lui tombe sur le visage. Niveau douleur, c'est à peu près la même chose que marcher sur un lego. Il se maudit un bon nombre de fois avant de regarder son écran.

J'espère que tu vas bien

On pense à toi

Tsuna soupira en laissant tomber son smartphone dans son lit puis il sortit de sa chambre.

Kyoko l'énervait quand elle mentait.


-Alors Tsu-kun tu as passé une bonne journée ?

La lampe du salon clignote au-dessus de leurs têtes. Cela ne semble pas déranger Nana mais Tsuna a juste envie d'éteindre la lumière.

-Oui, les cours étaient… intéressants.

Il a dormi à presque tous les cours et son professeur principal veut déjà le faire redoubler alors que l'année scolaire a débuté il y a un mois.

Au moins avec Yamamoto et Gokudera il pouvait au moins comprendre le minimum de ce qu'il notait mais maintenant qu'il est seul, c'est beaucoup plus dur, voir quasi impossible d'y comprendre quoi que ce soit.

Tsuna ne sait même pas comment il a réussi à passer au lycée. Enfin, si, il sait. Les Vongolas ont vraiment le bras long et il ne cesse jamais de s'en rendre compte.

-C'est super ! Tu as réussi à te faire des amis ?

Tsuna garde le silence en serrant doucement ses baguettes entre ses doigts.

Elle lui posait tout le temps cette question. Il pouvait la comprendre, Nana n'avait jamais vu son fils aussi heureux que quand il était avec ses gardiens. Tsuna savait qu'ils étaient irremplaçables comme il savait qu'il fallait qu'il tourne la page.

La mafia c'était du passé.

La main de sa mère vint doucement caresser sa joue tandis qu'elle lui souriait tendrement. Tsuna pouvait ressentir à cet instant précis tout l'amour qu'elle éprouvait pour lui et qu'elle pouvait lui transmettre.

-Tu es un gentil garçon Tsu-kun, ce n'est pas grave tu sais, moi je t'aime alors ça suffit bien assez n'est-ce pas ?

Il sentit son cœur se réchauffer.

A cet instant il s'en voulut encore plus de l'avoir fait souffrir. Jamais il ne pourrait lui dire ce qu'il faisait à ses ennemis.

-Tu ne manges pas ?

-Ah ! Si, si !

Il n'aurait vraiment pas du naître. La vie de sa mère en aurait été beaucoup plus douce.


Tsuna ne pensait pas pouvoir un jour connaître l'agréable sensation de lèvres chaudes collées aux siennes. Il ne pensait pas un jour sentir son cœur battre aussi fort pour autre chose que de la peur ou de la colère. Il ne pensait pas que son amour lui serait un jour rendu.

Et pourtant.

Il l'embrassait et c'était brusque et passionné un peu comme lui mais Tsuna ça ne le dérangeait pas, il l'aimait.

Ses mains vinrent timidement s'agripper à son costume tandis qu'il devenait plus rouge encore qu'il ne l'était déjà.

Son rire résonna dans ses oreilles.

-Arrête de te moquer de moi, râla-t-il quand ils se séparèrent.

Son cœur battait toujours aussi fort.

-Alors arrête d'être aussi gêné, lui répondit il.


L'école est ennuyante. Il n'y a rien d'intéressant. Les élèves y sont hautains et le mépris qu'ils témoignent pour Tsuna se manifeste en ignorance pure et simple. Ça change grandement de Namimori où on l'embêtait pour un oui ou pour un non.

Parfois, quand Tsuna arrive devant le grand bâtiment il se demande s'il devrait sécher les cours. Il ne sait pas s'il veut avoir son diplôme, certes ça ferait plaisir à sa mère mais lui n'y voit pas l'intérêt. Il ne voit plus grand intérêt en rien.

Sauf en l'odeur du sang, métallique, envahissante qu'il inspire un grand coup pour s'en imprégner tout en souhaitant que plus jamais cette odeur ne le quitte. C'est l'odeur de la mort, c'est l'odeur de la puissance.

Il se fige puis secoue la tête pour oublier la sensation agréable de chaleur dans sa poitrine rien qu'à y repenser.

Je ne suis pas un meurtrier. Je n'aime pas l'odeur du sang.

La sonnerie retentit.

Aller en cours lui changerait les idées. Surement.

Bien évidemment que non.

Le prof leur donna une interro surprise en maths. Tsuna ne prit même pas la peine de lire l'énoncer et décida que dormir était bien plus intéressant que ce qu'il y avait écrit sur la feuille.

Dormir, dormir, dormir.

C'était désormais son activité favorite (avec tabasser des types dans la rue). Dormir l'empêchait de réfléchir, dormir lui permettait d'échapper à la réalité. Même si parfois celle-ci s'invitait dans ses rêves.

Dormir c'était être en paix. Décidément, il n'y avait rien de mieux.

-He. He ! Sawada Tsunayoshi !

Tsuna ouvrit doucement les yeux. Il les leva vers la personne qui venait de l'interpeller.

La jeune fille avait des cheveux noirs coupés très courts, une frange retenue par des épingles argentées et des yeux marrons cachés derrière des lunettes. Elle était debout, face à son bureau l'air agacé, les mains sur les hanches.

Tsuna se redressa en frottant ses yeux. Il semblait que c'était l'heure du déjeuner car les autres élèves de la classe discutaient ou mangeaient leurs bentos.

Il ne pensait pas avoir dormis aussi longtemps. Et maintenant il avait faim.

-Sawada Tsunayoshi ! s'exclama encore la jeune fille.

-Oui ! sursauta Tsuna qui ne s'attendait pas à ce haussement de ton.

-Suis moi. Toi et moi nous devons discuter.

Et sans plus de précision, elle sortit de la classe.

Tsuna soupira en sentant les problèmes arriver puis la suivit.

La fille marchait vite, il dut courir un peu pour la rattraper. Ils arrivèrent bientôt à un bureau dans lequel la fille entra.

La pièce était décorée par de nombreuses affiches d'évènements sportifs et autres festivals du lycée. Il y avait un mur rempli de photos des différentes équipes sportives et une armoire en verre pleine de médailles et trophées en tout genre.

Tsuna savait que ce lycée avait une excellente réputation que ce soit au niveau scolaire ou sportif. Il se souvenait vaguement d'une époque ou Yamamoto lui parlait de leur équipe de baseball, l'une des meilleurs du pays.

-Assied toi.

Elle est très directive…

Tsuna prit place tandis qu'elle était assise sur son fauteuil, les bras croisés.

-Est-ce que tu sais pourquoi tu es là et qui je suis ? questionna-t-elle.

Tsuna secoua la tête. C'était la première fois qu'il la voyait. Pour être honnête, il ne faisait pas attention à ses camarades de classe. Il ne connaissait aucun de leurs noms d'ailleurs.

Elle soupira.

-Sawamura Tomoko, présidente du comité des élèves de ce lycée. Si je viens te voir aujourd'hui Sawada c'est parce que tes notes sont catastrophiques et cela ne semble en rien te déranger. Pire, tu viens en cours et tu dors comme si tu n'en n'avais rien à faire.

Mais c'est parce que je n'en ai rien à faire.

Elle se leva en tapant les deux mains sur son bureau, comme prise d'une soudaine énergie.

-Sawada ! Cela n'a que trop durer ! Je ne te laisserais pas entacher la réputation de ce lycée à cause de tes notes merdiques ! En temps normal on t'aurait déjà renvoyé mais pour je ne sais quelle raison, l'administration n'a toujours rien fait pour ça…

Les Vongolas.

Il avait parfois l'impression qu'ils étaient invincibles, ils contrôlaient absolument tout.

-Dans tous les cas, j'ai décidé que dès maintenant tu vas suivre des cours de soutiens intensifs.

-Quoi ?

-Je suis très sérieuse Sawada. Tous les jours, après les cours nous travaillerons sur ce que tu n'as pas compris.

Tsuna allait encore une fois protester mais quelque chose lui dit que cela ne servait à rien. Cette fille avait l'air particulièrement déterminée et rien ne semblait pouvoir lui faire changer d'avis.

Il soupira.

Bah, il pourrait toujours sécher ce cours du soir s'il en avait envie. Il n'avait jamais vu cette fille avant alors l'éviter serait sûrement facile.

-Bien. Rendez-vous ce soir à 16h ici. Je n'aime pas les retards.

Tsuna acquiesça une dernière fois avant de quitter la pièce.

Elle lui faisait un peu penser à Hibari dans un certain sens…

C'est du passé. Oublie, n'y pense plus. C'est du passé.

Il secoua la tête, chassant de son esprit ces souvenirs dérangeants.

Le reste de la journée se passa comme à son habitude.

Quand la fin des cours arriva, comme prévu Tsuna décida de rentrer chez lui. Malheureusement dès l'instant où il passa la grille du lycée, on l'attrapa par l'arrière du col de sa chemise.

-Sawada ! Tu ne crois pas que tu vas t'en sortir comme ça j'espère ? s'exclama une voix agacée.

-IIiieee ! Sawamura !cria Tsuna, effrayé.

Sa poigne était dure, elle n'allait pas le lâcher.

Si je casse son poignet elle me lâchera immédiatement.

Tsuna sentit son cœur rater un battement à cette pensée. Il ne pouvait pas faire ça. Il ne pouvait pas avoir envie de violence maintenant et encore moins contre une pauvre fille qui ne lui avait rien fait.

-Allez, viens, dit-elle en le trainant à sa suite.

Tsuna soupira faisant face à son destin.

2h plus tard…

Il avait mal à la tête.

Sawamura elle semblait satisfaite.

-Bien. Demain on verra le chapitre 2, ne t'endors pas en cours Sawada sinon ce sera encore pire.

Cette fille est définitivement une tortionnaire.

Tsuna se promit de sortir plus rapidement pour qu'elle ne le voit pas demain.

La nuit était déjà tombée, ils étaient les 2 seuls élèves encore en face du grillage de leur lycée.

Tsuna avait l'habitude. La nuit ne lui inspirait plus autant de peur qu'à une époque. Sawamura ne semblait pas autant à l'aise malgré les apparences qu'elle tentait de garder.

-Sawada, tu rentres seul ?

Tsuna acquiesça.

-Oui. Et toi ?demanda-t-il plus par politesse qu'autre chose. Sawamura allait dire quelque chose quand quelqu'un prononça son nom.

C'était un garçon en uniforme mais pas celui de leur lycée. Des yeux verts, un sourire colgate et des cheveux noirs. Il faisait des grands signes dans sa direction. Ils semblaient se connaître lui et Sawamura.

Pourtant l'Hyper Intuition de Tsuna semblait se déchaîner.

Ce type semblait dangereux.

En jetant un coup d'œil à Sawamura, il put voir que la jeune fille était complètement figée. Comme paralysée par la peur.

-To-chan ! Tu répondais pas à mes appels alors je suis venu te chercher, ça va ?dit le jeune homme.

Sawamura acquiesce lentement, elle n'est clairement pas dans son état normal.

Tsuna a déjà vu ça.

C'est la peur.

Le regard du type semble enfin remarquer Tsuna et soudain c'est comme si son air sympathique et souriant avait disparu.

-C'est qui lui ?dit il.

Tsuna soutient son regard. L'espace d'un instant, ses yeux brillent en orange et deviennent aussi froid que quand il est sous le mode de flamme de dernière volonté.

-C'est-c'est Sawada. Il est nul à l'école alors je lui donne des cours de soutien, expliqua Sawamura qui reprend vie, c'est comme si elle avait retrouvé son énergie.

Cependant Tsuna sait que c'est une apparence.

-Nul à l'école ? C'est pas gentil…pleurniche Tsuna.

-C'est la vérité, contre Sawamura impitoyable.

-Dis To-chan et si on rentrait ? J'ai ma moto un peu plus loin, dit le type.

Sawamura enfonce ses ongles dans la paume de sa main mais acquiesce.

-A demain Sawada.

-Oui, à demain.

Leurs chemins se séparent.

Son Hyper Intuition lui hurle que quelque chose ne va pas, qu'il ne peut pas partir comme ça, qu'il faut qu'il fasse quelque chose.

Mais une autre voix lui dit que ce ne sont pas ses affaires et qu'il a déjà eu assez de problèmes comme ça. La dernière fois qu'il a écouté son Hyper Intuition il a vu des choses qu'il n'aurait pas dû voir.