Salut salut, nouveau chapitre aujourd'hui ! Merci pour les retours que j'ai eu et j'espère que ce chapitre va vous plaire :)
« Ma plus douce espérance est de perdre l'espoir. » Le Cid
Il court.
Il à peine le temps d'enlever sa veste et de sauter qu'il se retrouve dans l'eau. Elle est froide, il à l'impression que des milliers de pics le transpercent et il se sent couler dans le fond du fleuve de Namimori. Ses gestes sont ralentis et il déteste cette sensation d'impuissance. Il sait qu'il faut qu'il se dépêche parce que sinon il va mourir.
Non. Il ne va pas mourir.
Il ne va pas mourir parce que déjà il voit son corps inconscient, en dessous de lui, les yeux fermés, paisible.
Dès qu'il le voit, il se saisit de son bras inconsciemment tendu vers lui et tente de le remonter.
Tout semble beaucoup plus lourd, ses vêtements et son corps inerte l'entrainent inexorablement vers le fond mais il lutte. Il lutte fort et arrive finalement à la surface.
Il fait froid.
Il nage comme il peut vers le rivage. C'est lent, beaucoup trop lent et parfois il se sent faiblir et les fonds glacials commencent à les attirer mais il lutte, il lutte toujours.
Quand il arrive et dépose son corps, il à presque l'impression que le plus dur est fait. Mais non, le plus dur ça va être de le ramener à la vie, de pouvoir le réveiller et de pouvoir encore entendre le son de sa voix, voir ses sourires timides et ses yeux, son regard si doux et emplis d'une tendresse qui ne lui est certes jamais adressé mais parfois, juste parfois quand son esprit divague un peu trop, il s'imagine à la place de la personne à qui est adressé ce regard.
C'est le bazar dans sa tête pourtant son corps agis seul. Il ne comprend pas pourquoi il a fait ça, il s'en veut de ne pas avoir vu, de ne pas avoir compris et il se demande ce qu'il se passe, s'il va réellement le perdre.
Cette possibilité le fait doucement paniquer.
Il a besoin d'air. Il faut qu'il respire, qu'il recrache toute l'eau dans ses poumons.
Alors il commence le massage cardiaque. Une, deux, trois pressions. Puis il lui fait du bouche à bouche. Il recommence encore et encore sans même qu'il s'en rende compte il prononce son prénom.
Et finalement, il tousse et vomis. Il le redresse pour qu'il ne s'étouffe pas et avant même qu'il s'en rende compte, il le serre contre lui, très fort.
Il est toujours inconscient mais au moins il respire, il est vivant.
Il est vivant.
Il soupire de soulagement puis décide de le ramener chez lui.
Il va falloir expliquer à sa mère pourquoi son fils à fait un plongeon dans le fleuve mais il n'y pense pas, tout ce qui traverse son esprit à ce moment-là c'est qu'il est en vie.
Il est en vie.
C'est la lumière du soleil italien qui le réveille.
Il ouvre doucement les yeux puis s'étire. Hibird dort encore, roulé en boule à côté de son oreiller tandis que Roll vient vers lui. Il le caresse doucement en regardant par la fenêtre.
Le soleil est déjà haut dans le ciel. Il est peut-être 11h.
L'Italie est un beau pays. Les gens y sont accueillants et pleins de vie, la nourriture y est délicieuse et il est certes un peu compliqué de s'habituer aux couverts européens mais Hibari à désormais compris comment s'en servir.
3 ans. Ça allait bientôt faire 3 ans depuis la tentative de suicide de Tsuna et tout ce que cela a engendré.
Ça allait faire 3 ans qu'il l'avait sauvé. Ce jour-là, en le ramenant chez lui il avait naïvement cru qu'il l'avait sauvé. Il ne savait pas encore qu'avant de se noyer, Tsuna avait avalé des médicaments.
Hibari avait haït plus que tout au monde ce sentiment d'impuissance. Voir la personne que l'on aime mourir sans rien pouvoir faire était pire que tout ce qu'il avait déjà pu vivre.
Son téléphone sonna.
Il soupira avant de répondre.
-Hibari, on a rendez-vous dans une demi-heure au manoir. Mukuro va expliquer son plan pour l'attaque.
La voix de Yamamoto avait pris un ton directif, comme un certain gardien de la tempête. D'habitude il ne donnait jamais de détails ou d'explications sur les lieux et ordre de mission mais il semblait avoir fait un effort à ce sujet et il arrivait désormais à s'exprimer clairement.
-OK, répondit il.
-Ah et Hibari, ne t'en va pas avant la fin s'il te plaît. Je sais que tu n'apprécie pas forcément ce genre de choses mais on aura besoin de tout le monde pour cette mission, rajouta le gardien de la pluie.
Hibari visualisait son sourire gêné et sa main qui grattait ses cheveux.
-Ne me donne pas d'ordres herbivore, conclut Hibari avant de raccrocher.
Il n'avait pas envie d'y aller.
Rester allongé dans le lit de sa chambre d'hôtel cinq étoiles était un bien meilleur programme.
Hibird sembla choisir ce moment pour se réveiller et se poser doucement dans ses cheveux.
Il était complètement plongé dans le monde de la mafia avec les Vongolas. Tenter de s'opposer à eux ou les fuir était inutile Hibari le savait. Et puis il n'était pas le genre de personne qui fuyait. Il n'y avait que les herbivores pour agir de cette manière.
Sawada Tsunayoshi était très certainement un herbivore.
Hibari avait eu la désagréable confirmation que oui, il s'était trompé, il n'était pas un carnivore comme lui, il était faible.
C'est pour ça qu'il a fui. C'est pour ça que depuis presque 3 ans, plus rien ne va chez les Vongolas.
Hibari lui en a longtemps voulu.
Parce que Tsuna souffrait mais il n'en avait jamais parlé, parce que Tsuna a juste voulu fuir comme un lâche alors qu'Hibari sait qu'il n'en est pas un, parce que Tsuna est partit et l'a laissé.
En fait, il a laissé tout le monde.
Il a débarqué bien gentiment dans la vie de tout ses gardiens leur a dit « eh soyons amis ! » tous lui sont tombés dans les bras face à tant de candeur, de douceur et de gentillesse et maintenant ils sont dans le monde impitoyable de la mafia.
Sans lui.
Enfin, c'est du passé tout ça.
Hibari se lève et décide de commencer à se préparer. Il faut toujours porter les costumes Vongolas que Shoichi a amélioré, ils résistent aux balles et aux flammes. Hibari se bat toujours en costume mais ils finissent toujours par rendre l'âme. Aucune technologie ne semble résister à sa puissance apparemment.
La vérité c'est qu'Hibari n'en veut pas à Tsuna.
Il s'en veut à lui-même de ne pas avoir pu le protéger, de ne pas avoir été là.
Et maintenant Tsuna est partit.
Au fond de lui Hibari aimerait qu'il revienne et que tout redevienne comme avant.
Comme d'habitude, la réunion est ennuyante mais tout le monde est présent.
Mukuro explique le plan, il connaît leur ennemi car il a déjà eu affaire à lui. Gokudera prend des notes, attentif tandis que Yamamoto le mange du regard. Tout le monde sait qu'il est amoureux de lui sauf Gokudera bien évidemment.
Ryôhei dort les yeux ouverts, c'est une capacité dont il ne le pensait pas capable mais qu'il semble maîtriser parfaitement. Personne ne lui demande jamais ce qu'il a compris de la réunion parce qu'il n'est jamais capable de l'expliquer même quand il ne fait pas semblanr de suivre.
Yamamoto prend toujours un temps pour tout lui récapituler avant le début d'une mission, entre sportifs ils doivent certainement se comprendre.
Chrome écoute attentivement, Lambo dans les bras.
Hibari lui avait un jour parlé. Elle avait fait partit de ceux qui avaient été le plus affecté par la disparition de Tsuna.
-Je suis triste mais ça va. Le Boss finira par revenir, il revient toujours c'est dans sa nature tu sais.
Hibari haussa simplement les épaules. Avoir de l'espoir était parfois néfaste.
Reborn aussi est là.
Hibari veut toujours se battre contre lui mais maintenant il y a autre chose, c'est plus qu'une simple envie de s'opposer à plus fort que soit, maintenant il y a de la colère.
Tout le monde sait que Reborn et Tsuna étaient ensemble avant tout ça.
Les avis étaient globalement mitigés à ce sujet. Yamamoto et Chrome n'y voyaient pas d'inconvénient tandis que Mukuro traitait régulièrement Reborn de pédophile, Ryohei ne semblait pas concevoir que Tsuna puisse avoir des relations sexuelles ou amoureuses avec quelqu'un et lui même lançait parfois des regards noirs à Reborn.
Gokudera était entre les deux car c'était bien le seul à voir clairement l'influence et le pouvoir que pouvait avoir le tueur sur leur Boss.
Sa tentative de suicide l'a démontré, Reborn l'avait quitté pas longtemps avant.
Alors ils lui en ont tous voulu. Après tout c'est leur boulot de gardiens de protéger le ciel qui les réunit.
Ensuite, les choses sont devenues étranges et c'était comme s'ils avaient tous un couteau sous la gorge et que pmus personne ne pouvait s'opposer aux ordres ou quitter les Vongolas.
Et Hibari déteste qu'on lui donne des ordres.
-Tout le monde a bien compris ?demande Gokudera tandis que Mukuro disparaît.
La réunion est terminée.
-Xanxus sera là, indiqua Reborn.
Tous se tendirent imperceptiblement.
Depuis que Tsuna avait perdu son statut de 10e du nom, Xanxus avait repris l'anneau. Il était désormais leur boss officiel.
La Varia restait ce qu'elle était mais eux étaient les gardiens du 10e du nom donc de Xanxus.
Il fallait bien avouer que c'était insupportable mais avaient ils le choix ?
Celui-ci semblait d'ailleurs prendre un malin plaisir à leur donner des ordres et montrer à toute la famiglia qui dirigeait.
-C'est obligé ? J'ai pas envie...soupira Lambo.
Hibari ne savait même pas pourquoi l'enfant était à cette réunion. D'habitude il ne venait jamais, Kyoko et Haru le gardaient avec I-pin et Futa.
-Lambo, Xanxus est le Boss, en tant que gardiens nous devons être là, expliqua calmement et gentiment Chrome.
-Mais moi j'en ai marre ! C'est quand que Tsuna il revient ?
Un silence de mort s'abattit sur la pièce tandis que la tension augmentait.
Sawada Tsunayoshi était un sujet désormais tabou. Lambo dans sa naïveté venait de le briser.
-Lambo, on en a déjà parlé, soupira Chrome.
-Mais moi je veux qu'il soit là ! Maintenant ! Tout ça c'est de ta faute Reborn ! Si t'étais mort Tsuna il serait encore là ! Crève !cria l'enfant en lançant une grenade qu'il venait de sortir de son afro.
Comme d'habitude Reborn ne prit même pas la peine d'accorder une quelconque importance à l'enfant et se contenta de se saisir de la grenade et de la désamorcer par on ne sait quel moyen avant de gifler Lambo.
-Ce soir on accueil nos alliés n'oubliez pas vos costumes, dit il avant de partir.
Le silence qui suivit le son de la porte qui claque était troublé par les larmes de Lambo.
-He, stupide vache, Sawada Tsunayoshi est mort. Il ne reviendra pas, déclara Gokudera.
-Nan, il est pas mort, il-
-Il a quitté la mafia et lâché son poste de Boss, c'est égal à la mort ici, tu le sais bien.
Hibari s'en va avant que Lambo n'ai pu rétorquer quoi que ce soit.
Il sait pertinemment comment ça va se finir parce que ça se fini toujours de la même façon.
La résignation dont fait preuve Gokudera est impressionnante quand on sait à quel point il adorait Tsuna. Aujourd'hui rien que prononcer son nom en face de lui était suicidaire.
Il marche dans les rues italiennes. Les femmes gloussent à son passage ou le hèlent. Hibari les ignore tout simplement.
Les Vongolas sont connus ici et de nombreuses femmes veulent être vues avec l'un d'entre eux, ça fait bonne réputation apparemment.
Reborn leur a déjà parlé du mariage. Qu'il fallait qu'ils soient tous prêts parce qu'un jour des prétendantes des différentes familles alliées se présenteraient à eux. Ils n'étaient obligés à rien mais officiellement ça faisait toujours mieux d'être accompagné.
Alors quand il y avait des familles alliées qui venaient pendant certains événements, il fallait toujours s'attendre à être pris à part pour discuter. Jusqu'ici les plus sollicités avaient été Ryohei et Yamamoto. On avait déjà approché Gokudera mais son sale caractère avait tendance à faire fuir les gens.
Chrome était étrangement exempt de ce genre de choses (Mukuro devait y être pour quelque chose). Hibari lui n'avait pas besoin de tout ça et puis tout le monde savait plus ou moins qu'il y avait un truc entre lui et Dino.
Oui, un truc. C'était exactement le nom qu'il fallait donner à leur relation. Hibari savait qu'il n'aimait pas Dino comme il avait aimé Tsuna. Mais sa présence était moins dérangeante que ce qu'il pouvait penser. Et puis ça faisait du bien d'avoir quelqu'un sur qui se reposer parfois.
Dino comprenait ses longs silences. Dino aimait lui caresser les cheveux doucement après qu'ils aient fait l'amour et c'était agréable.
Dino pouvait parfois (souvent) être chiant mais c'était celui qui le comprenait le mieux.
Hibird vole autour de lui. Hibari a envie de rentrer à l'hôtel mais il sait qu'on va encore lui donner un rapport de mission à rédiger.
Il a envie de rentrer à Namimori.
Si Tsuna avait raison sur une chose avant de disparaître c'est que l'air de l'Italie est différent. L'Italie sent le danger, les cachotteries, la richesse, les trahisons la mort et autres. L'Italie à l'odeur de la mafia et la mafia est dangereuse.
Hibari n'a pas peur mais il déteste quand les choses traînent ou ne sont pas dites clairement.
Jetant un coup d'œil à sa montre, il se rend compte qu'il est bientôt 12h.
Il doit appeler Kusakabe pour qu'il lui fasse son rapport sur la ville.
Même s'ils ne sont plus à l'école, Hibari et Kusakabe dirigent toujours de loin le comité de discipline. Ils choisissent eux même leurs représentants.
Finalement Hibari décide de s'asseoir sur un banc, à côté d'un parc vide. Les enfants doivent être à l'école.
La tonalité familière du téléphone résonne quand il appelle son ami. Il décroche rapidement.
-Kyoya ? fait la voix calme de Kusakabe.
Il ne le dira jamais mais entendre la voix de son ami lui avait manqué. Lui et Kusakabe se connaissaient depuis petits, ils avaient fait leur primaires ensembles (il y avait Ryohei aussi mais déjà enfant Hibari ne supportait pas son caractère bruyant) et ne s'étaient plus lâchés depuis.
Kusakabe était ce qui pouvait le plus s'apparenter à son meilleur ami, son frère et même si il ne s'épanchait pas trop en représentation de ses sentiments, il semblerait que Kusakabe aussi avait compris comment il le voyait.
-Tetsuya. Comment va Namimori ?demande Hibari.
Alors Kusakabe commence à lui raconter. Il lui dit comment sont les nouveaux étudiants de Namimori, comment le comité de discipline se débrouille en son absence et comment sont les rondes dans la ville, le soir.
Il lui parle aussi des filles, Haru, Kyoko et Hana. Hana est entrée à l'université de Tokyo et elle a un appartement à la capitale. Elle ne rentre que pendant les vacances. Haru et Kyoko vivent toujours au domicile familial. Kusakabe les invite parfois à prendre le thé et Haru accepte toujours, Kyoko ça dépend de son humeur.
Elle a été énormément affectée par la disparition de Tsuna, même si Ryohei n'en parle pas. Il lui en veut d'avoir mis sa sœur dans cet état.
Hibari l'a déjà vu près du fleuve en train de pleurer en silence en tenant son téléphone contre elle. Il reste toujours après avoir eu la certitude qu'elle ne ferait rien de dangereux, il n'avait pas envie de tester un deuxième plongeon dans le fleuve.
Son état est préoccupant mais Kyoko reste Kyoko. Quand on la voit, on dirait que tout va bien mais si on fait attention on peut remarquer que tout n'est pas si parfait. Ses nombreuses absences aux évènements des Vongolas ou autres sorties en sont les preuves.
-Hana a appelé. Elle a dit qu'elle allait emmener Kyoko à Tokyo avec elle, lui dit Kusakabe.
Tiens ? C'était plutôt curieux, en 3 ans Hana n'avait jamais semblé se préoccuper plus que ça de son amie. Hibari se demandait ce qui avait provoqué ce changement.
-J'étais aussi étonné que toi.
Un petit rictus très léger se dessina sur le visage d'Hibari. Kusakabe le connaissait si bien après tout.
-Elle m'a dit qu'elle lui avait parlé et qu'elle était partie dans un délire en disant qu'elle savait où était Sawada et qu'elle allait le retrouver, expliqua Kusakabe.
Le sourire d'Hibari disparut.
Qu'est ce qu'elle raconte ?
-Retrouver Sawada ?souffla Hibari.
-Oui. Hana a interprété ça comme une menace de suicide alors dans le doute, elle veut l'emmener avec elle.
Sawada Tsunayoshi avait disparut depuis 3 ans. Personne ne sait où il se trouve s'il n'est pas mort. Tout le Vongolas l'ont cherchés pendant des mois entiers sans succès.
-Comment est ce que Kyoko Sasagawa pourrait savoir où il est ?demande Hibari intrigué.
Si Kyoko l'a retrouvé ça veut dire que lui aussi il pourrait peut être...
Non, Sawada est mort le jour où il s'est jeté dans le fleuve, Sawada a disparut. Sawada Tsunayoshi n'est plus depuis presque 3 ans alors ça ne sert à rien d'espérer un quelconque signe de vie ou quoi que ce soit d'autre.
-Elle dit qu'elle lui téléphone et que parfois il répond.
Elle lui téléphone ? Hibari a presque envie de rire, ils l'ont tous cherchés pendant si longtemps et apparemment il lui téléphone ? Aussi simplement que ça ?
-Kyoya. Ne prête pas attention aux paroles d'une fille aussi désespérée.
-Ne me donne pas d'ordre.
Il entendit distinctement Kusakabe soupirer.
-Écoute, je sais qui était Sawada pour toi mais ne laisse pas ces suppositions te redonner de l'espoir. Kyoko est folle. Sawada est mort. Ce sont les deux seules certitudes que j'ai.
Hibari le sait mais il ne peut s'empêcher de se dire que de toute sa vie Kyoko n'avait jamais mentit.
-Ce sont des certitudes que j'ai aussi, dit Hibari.
Il savait que son ami était désormais rassuré.
-D'ailleurs, j'ai un cousin qui fait face à une menace apparemment conséquente, un type qui ne respecte aucun des traités signés entre les différents gangs pour instaurer la paix. Il faudrait envoyer certaines de nos nouvelles recrues mais j'ai peur qu'elles ne fassent pas le poids...
Hibari n'y voyait d'abord aucun intérêt, si ce n'était pas à Namimori ce n'était pas son problème mais...
Il avait besoin de se défouler un peu. Et puis si Kusakabe avait un doute sur les capacités de leurs hommes c'est bien que l'adversaire devait être puissant.
-J'irais quand je reviendrais d'Italie, dit Hibari.
Hibird vint voler autour de lui, attirant son attention. Il piaillait joyeusement son nom puis vint se nicher sur le haut de sa tête, ses cheveux noirs formant une sorte de nid douillet dans lequel il se prélassait.
Il leva les yeux vers la personne qui arrivait vers lui.
Dino.
-C'est noté. Je dois y aller Kyoya, sois prudent, dit Kusakabe avant de raccrocher.
Il n'aimait pas qu'on lui donne des ordres et encore moins qu'on le chaperonne mais venant de lui, c'était un petit plus acceptable que les herbivores moyens.
-Kyoya, comment ça va ? lui sourit Dino avant de l'embrasser.
Il avait beaucoup de mal à s'habituer à ça.
Dino le prenait par surprise, il se penchait vers lui et caressait sa joue et en quelques secondes, Hibari sentait une douce chaleur dans son ventre. C'était perturbant de perdre aussi facilement le contrôle.
Dino lui sourit quand ils se séparèrent et Hibari détestait ce sourire qui voulait sûrement dire un truc du genre "il est beaucoup trop mignon". Dans ces moments-là, il se souvient que Dino est un homme qui a surement déjà eu des dizaines de relations et qu'il sait quoi faire et comment le faire. Hibari n'avait jamais eu personne et Dino lui avait déjà dit que ça se voyait. Il était un solitaire, c'était sa nature .
Malgré ça, Hibari avait parfois la sensation étrange et détestable de ne pas être à sa place et de mal faire les choses.
Quand Dino l'embrasse comme ça en public, il ne sait jamais quoi faire. C'est agréable mais en même temps perturbant comme sensation.
-Ce soir, après la réception, tu viens à mon hôtel ? Romario a ramené du thé, lui propose Dino en s'asseyant à côté de lui.
Hibari acquiesce doucement. Dino sait à quel point le thé vert lui manque alors il lui en a fait ramener.
Etre riche a définitivement des avantages.
-Tu seras là ? demanda Hibari.
-Oui, j'ai quelques mains à serrer.
Le silence prend vite place entre eux.
Hibird s'est endormi sur sa tête et le soleil brille même si c'est bientôt l'hiver.
Etre avec Dino est agréable. Tout est presque normal.
-Cavallone. Quel est le problème ?
Dino ne débarque jamais le voir à l'improviste. Il l'appelle pour lui parler et pour savoir où il est mais jamais il ne vient par surprise. S'il est ici aujourd'hui c'est qu'il y a un problème.
-Il n'y en n'a pas, lui sourit il.
Hibari déteste quand Dino lui ment.
-Je vais te mordre à mort, grogne Hibari en serrant ses tonfas.
-Je t'assure qu'il n'y a rien calme toi ! C'est juste que tu repars au Japon dans deux semaines et moi je pars pour le Mexique dans une semaine et tu ne m'as toujours pas donné ta réponse, explique-t-il.
La réponse à la question qu'il lui avait posée.
"Est-ce que tu voudrais intégrer la famille Cavallone et rester avec moi ?"
Hibari n'aimait pas les questions compliquées comme celle-ci car elles comprenaient toujours plus qu'un oui ou un non comme réponse. Il ne sait pas s'il veut quitter les Vongolas. Comme l'a dit lui-même Dino, "Qu'est-ce qu'un nuage sans ciel ?". La dernière génération Vongola n'est pas prête, elle a perdu son ciel.
Plus rien ne retient Hibari. Il peut partir s'il le veut et puis les Cavallone sont des alliés alors officiellement ce n'est même pas comme s'il quittait vraiment les Vongolas.
Dino lui offrait littéralement une échappatoire, une vie de de rêve mais lui, il avait encore besoin d'y réfléchir.
Parce qu'on fond de lui il espère encore voir cette bouille brune aux grands yeux noisette.
-Tu sais aussi bien que moi que Tsuna ne reviendra pas.
Il déteste encore plus la façon dont Dino lui fait la morale comme s'il n'était qu'un gamin qui faisait un caprice.
-Ne me dit pas des évidences, fit Hibari en lui lançant un regard froid.
-Je m'inquiète juste pour toi kyoya, soupira Dino.
S'inquiéter ? Kusakabe aussi avait l'air de s'inquiéter, il l'appelait plus souvent que d'habitude.
Il n'aimait pas qu'on s'inquiète pour lui parce que ça voulait dire qu'ils se croyaient mieux placés pour faire de meilleurs choix que lui.
-Ne me regarde pas avec cet air outré. T'es pas passé à autre chose. Tu crois que je sais pas que tu fais surveiller sa maison à Namimori ?
Hibari à l'impression d'être nu face à Dino. Il ne se demande même pas comment il sait ni comment il l'a su, parfois il aime lui rappeler qu'il reste le boss d'une famille mafieuse et en savoir plus sur lui que lui-même est son boulot.
Il n'aime pas façon dont sonne cette vérité. Elle est blessante.
Hibari a de l'espoir et l'espoir rend faible, il désillusionne et parfois il tue. Il va peut-être tuer Kyoko.
Hibari n'est pas faible, c'est un carnivore.
-Viens chez les Cavallone. Je te promets que je te ferais l'oublier.
Dino à l'air triste quand il lui dit ça. Sa main se tend vers lui tandis que ses doigts passent dans ses cheveux. Hibari apprécie la caresse même s'il sent encore un poids peser sur son estomac.
Il ne sait pas s'il a envie d'oublier Tsuna même si c'est le meilleur des choix.
Dino caresse ses joues maintenant.
Il le regarde comme s'il allait disparaître (mais il le regarde toujours comme ça) et son visage se fait plus sérieux, mélancolique. Hibari se demande à quoi il pense.
Le blond soupire puis le lâche avant de lui sourire.
-Je dois y aller. On se voit ce soir ?
Le brun acquiesce lentement puis Dino s'en va. Il peut sentir derrière lui Romario avancer discrètement vers son boss.
Il y a du monde.
Hibari n'aime pas les attroupements de ce genre mais il n'a pas le choix.
Ils sont tous en costume, les serveuses ont des tenues dénudées et il arrive parfois qu'elles entraînent certains hommes vers des pièces un peu plus tranquilles pour faire leurs affaires.
Les serveuses Vongolas sont entraînées à soutirer des informations importantes qui sont stockées dans une base de données que Shoichi a codé.
L'alcool coule à flot. La drogue aussi circule bien, les serveuses se promènent avec des plateaux de substances récréatives qu'elles proposent à ceux qu'elles voient.
Les gardiens n'ont pas le droit d'y toucher, il ne faut pas oublier qu'ils doivent protéger le boss. Enfin, c'est la théorie.
Hibari n'aime pas ce genre d'évènements parce que les Vongolas montrent leur vrai visage. C'est une famille qui a du pouvoir, qui est forte et qui n'hésite pas à le montrer.
Les démonstrations de force de Xanxus sont choses courante, Squalo et Yamamoto sont souvent obligés de le retenir. Le pire est quand il a un peu trop bu, il est intenable.
L'avantage c'est que ceux qui doutaient de la puissance des Vongolas ne pouvaient plus se tromper mais l'attitude de Xanxus pouvait leur porter préjudice.
Hibari caresse doucement Hibird sur son épaule. Il a envie de faire une sieste.
Il observe la salle.
Il voit au loin Gokudera fumer avec des serveuses qui lui servent un verre de whisky. Il va encore être défoncé, Hibari le sait et il faudra appeler Chrome pour cacher ça à Yamamoto. Il ne sait pas quel genre d'accord tacite ces deux-là ont passé mais en ce qui concerne de près Gokudera et ses bêtises, il fallait en parler à Chrome.
Yamamoto, lui, parlait avec Squalo. Les deux épéistes étaient souvent fourrés ensemble, c'était étrange à voir.
Chrome discutait calmement avec Kozato Enma entouré de ses gardiens.
Les Shimons étaient des alliés de poids mais ils n'appréciaient pas Xanxus. Hibari sent que leur alliance va bientôt prendre fin ce qui serait problématique, il est toujours bon d'avoir de puissants et fidèles alliés. Chrome doit l'avoir senti et c'est pour ça qu'elle parle avec Enma.
Hibari ne voit pas Ryohei, il ne voit pas Dino non plus. Pourtant celui-ci lui avait dit qu'ils se verraient.
Les Cavallone aiment arriver en retard, c'est agaçant.
Dino lui avait dit que c'était pour l'effet, tout le monde se concentrait sur eux et ainsi ils pouvaient montrer leur puissance aux autres familles.
Le monde de la mafia était empli de faux semblants et de manipulations hypocrites, d'alliances parfois factices et de violence. Hibari n'avait que 19 ans et il se demandait parfois sincèrement pourquoi il était encore ici.
Il caresse encore Hibird. Son oiseau est fatigué et lui aussi. La mission de surveillance de la veille avait été particulièrement difficile même s'il avait dormi, il n'avait pas encore entièrement récupéré.
Il aimerait partir et rentrer à l'hôtel mais il serait obligé de revenir à une certaine heure, celle des renouvellements des différentes alliances. Cela arrivait en fin de soirée vers 2h du matin et en général les choses chauffaient à ce moment-là. On aurait besoin des gardiens.
Alors Hibari reste là et observe la déchéance humaine. Il pourrait faire comme Gokudera et boire pour oublier pas mal de choses mais ce soir il n'en n'avait pas envie.
Les Cavallone choisissent ce moment pour arriver. Comme toujours, c'est spectaculaire et intimidant. Dino va serrer la main aux différents boss. Hibari le trouve beau. Dino a toujours été beau mais quand il le veut il peut réellement être séduisant et dégager une aura dominante presque envahissante.
Leurs regards se croisent.
Dino lui sourit et Hibari sent une douce chaleur se diffuser dans son bas ventre. Il ne sait pas s'il a envie de lui ou de se battre.
Et c'est à ce moment précis qu'il voit Yamamoto accompagné d'un boss de famille et de ses hommes l'approcher.
-Hibari je te cherchais ! Je te présente le boss de la famille Fulvio, Alberto Fulvio. Ils nous fournissent en armes et c'est eux qui ont conclus la négociation pour le territoire des espagnols, explique Yamamoto.
C'est peut-être le meilleur diplomate de tous les gardiens. Il parle bien italien, il est souriant, avenant et ne dit jamais non. C'est sûrement pour ça qu'il est venu le chercher quand ce type le lui a demandé.
Hibari lui lance un regard noir qu'il essaye d'éviter discrètement mais son rire gêné montre très bien qu'il sait qu'Hibari va lui faire sa fête.
-J'ai beaucoup entendu parler de vous. Vous êtes un combattant redoutable à ce que l'on dit !dit le boss.
L'homme lui tend la main et il est obligé de la saisir et de la serrer. Sa poigne est forte, il cherche à l'impressionner. On ne prend jamais les gardiens au sérieux au début, tout le monde les prend pour des gamins facilement manipulables mais Reborn les a bien entraînés. Ils savent quoi dire et quoi faire.
La main est moite, les doigts sont épais. Le type pue la condescendance et l'argent. Encore un de ces mafieux de secondes zones qui se croient au-dessus de tout parce qu'ils sont alliés des Vongolas.
-Hm… Pas très bavard n'est-ce pas ? dit il pour Yamamoto.
Hibari n'aimait pas qu'on parle de lui comme s'il n'existait pas.
Yamamoto haussa simplement les épaules.
-Il n'aime pas perdre du temps avec de stupides mondanités je suppose ? Mais vous pouvez toujours lui demander, dit il sans se départir de son sourire avenant.
L'homme sembla tiquer et lâcha la main d'Hibari. La pique avait fait mouche. Hibari et Yamamoto se sourirent discrètement. Il fallait bien avouer qu'une certaine complicité était née entre tout les gardiens depuis le départ de Tsuna. Ils ne se sentaient pas tous amis mais ils s'entraidaient tous. C'était toujours discret et il n'y avait jamais de grand remerciement et autres effusions de reconnaissance car c'était normal. Mais parfois, un regard et un sourire pouvaient être échangés.
-Il nous faudrait un endroit plus calme pour discuter vous ne pensez pas ?proposa l'homme.
Yamamoto les emmena vers une autre salle beaucoup plus calme. En partant Hibari lança un dernier regard à Dino qui lui sourit.
Hibari a encore envie de partir.
Yamamoto les a emmenés dans une pièce vide et a appelé des serveuses. L'alcool, la drogue et des cigares leurs avaient été proposés.
Ils sont obligés de dire oui, c'est une marque de respect en quelques sortes mais Hibari s'en serait volontiers passé. Tous les hommes étaient désormais bien éméchés et riaient comme des ivrognes en racontant des histoires stupides ou comment ils avaient assassiné tel ou tel ennemi. Yamamoto riait avec eux mais Hibari savait qu'il en avait assez et qu'il voulait juste rentrer. Lui-même ne pourrait pas leur fausser compagnie temps que le boss ne lui avait pas dit ce qu'il lui voulait et pourquoi il l'avait sollicité.
Il attendait juste que le type lui dise qu'il avait une fille qu'il voulait la marier blablabla et enfin il pourrait rejoindre Dino.
Soudain la sonnerie d'un téléphone retentit et Hibari put voir que c'était celui de Yamamoto. Celui-ci répondit, dit quelques mots puis s'excusa de son départ précipité avant de partir. Il lança un regard désolé à Hibari qui lui rendit un regard noir.
Sale traître.
Il était désormais seul avec les hommes de Fulvio et lui-même.
Ce n'est pas qu'il aurait des difficultés à les abattre si ça venait à tourner en bain de sang mais les adultes avaient une certaine facilité à manier la langue quand ils le voulaient et Hibari n'était pas connu pour être diplomate.
Yamamoto était plus doué que les autres pour jouer à l'autruche mais lui frappait quand ça devenait chiant et ça, ils pourraient très bien l'utiliser contre lui.
-Alors mon petit Hibari… commença Fulvio en allumant un cigare.
Il n'aimait pas la façon si familière qu'avait cet homme de s'adresser à lui, comme s'il n'était qu'un gamin à qui on apprenait de grandes choses. En plus, il le tutoie. Hibari à l'habitude qu'on le tutoie parce que tout le monde le considère comme un gamin et se sent au-dessus de lui mais venant de ce type c'est insupportable.
Il se met à étudier sérieusement les options qui s'offrent à lui ; rester ou partir.
S'il part maintenant et que ces types s'en trouvent offusqué, ça va remonter aux oreilles de Reborn qui le punira. Il n'a pas peur du bébé (enfin on ne peut plus dire bébé maintenant) mais l'assassin est fourbe et il y a de grandes possibilités qu'il le fasse arrêter à la douane le jour de son retour au Japon ou qu'il lui vole son passeport. Et Hibari est fatigué, il n'a pas envie de se battre pour des futilités.
Mais s'il reste, ces types vont au mieux l'énerver, au pire le tuer d'ennui. Hibari ne savait même pas que c'était possible mais il allait bientôt le découvrir.
-J'ai entendu dire que tu es plutôt doué dans ce que tu fais, dit il en aspirant la fumée.
Hibari hausse simplement les épaules. On lui a déjà fait faire des missions d'assassinat mais contrairement à ce que l'on pourrait penser, c'est plutôt difficile.
Observer la proie, ses habitudes, choisir un moment, commettre le meurtre puis le maquiller en accident ou faire accuser quelqu'un d'autre, cacher le corps et les différentes preuves… C'était beaucoup trop de détails et de complications qu'il n'appréciait pas. Reborn excellait dans ce domaine.
Lui il aimait simplement se battre.
-Si vous le dites, répondit il.
Fulvio part dans un éclat de rire gras comme si Hibari avait fait une blague hilarante et s'affale un peu plus dans le fauteuil dans lequel il est.
-Je ne te le dis pas, je l'affirme, sourit l'adulte.
Hibari n'aime pas ce sourire. Quelque chose lui dit qu'il ne présage rien de bon.
-J'aimerais moi aussi bénéficier de tes services.
Il souffle la fumée de son cigare quand il dit ça. Hibari le fixe simplement, ne comprenant décidément pas pourquoi il ne dit pas directement ce qu'il veut de lui, le nom de la personne qu'il veut tuer et la somme qu'il va lui proposer en échange.
-Si vous cherchez un assassin, faites appel à Reborn.
-Mais je ne parle pas d'assassinat mon mignon.
Ok, ça devient bizarre.
Hibari se sent mal à l'aise, il n'aime pas le regard que l'autre lui lance, ni son « mon mignon ». Il aurait dû partir en même temps que Yamamoto et tant pis si Reborn lui volait son passeport. Là, il sait que la situation va indéniablement empirer.
-Dans ce cas, je ne peux pas plus vous aider. Les gardiens Vongolas sont censés protéger le 10e du nom. Si ce n'est pas un ordre direct venant de lui, je n'ai pas le droit d'agir, récite Hibari.
Gokudera avait dit que c'était la manière la plus simple et la plus polie de décliner une offre ou un service d'une autre famille alors ils l'avaient tous appris par cœur. Même si ce n'était pas tout à fait vrai, en tant que gardien il pouvait agir comme il le voulait sur pas mal de points. Protéger le 10e du nom était une priorité mais il n'y avait rien de spécifier sur les actions qu'ils menaient du moment qu'elles n'allaient pas à l'encontre de la famiglia.
-Oh, je vois, tu ne peux pas « m'aider »… Mais le Cavallone dit moi, tu acceptes bien de « l'aider » lui, non ?
Tout le monde sait qu'Hibari et Dino sont proches, mais tout le monde ne sait pas forcément à quel degré. A vrai dire Hibari ne s'en soucis pas vraiment de ce que disent les autres. Enfin, en temps normal. Là, il n'apprécie pas tellement ce que sous-entend Fulvio. Il chasse cette hypothèse de son esprit parce qu'après tout c'est impossible voyons, un boss d'une famille alliée ne peut pas être en train de lui faire des avances.
-C'est un boss allié proche de la famille et du Boss, dit il.
Désigner Xanxus comme Boss lui arrache la langue.
-Un boss allié hein… Mais moi aussi je suis un allié n'est-ce pas ? sourit toujours l'homme.
J'aurais préféré que non.
-Alors moi aussi je pourrais avoir le droit à ses services non ?
Hibari en a marre de ce petit jeu.
-Je peux savoir ce que vous voulez dire par « services » ? dit il.
Et il le demande le plus poliment possible pour que ça ne prête pas à confusion.
-C'est évident voyons. Tout le monde sait que Hibari Kyoya, le gardien des nuages de la famille Vongola est la pute de Dino Cavallone.
Hibari fixe Fulvio et c'est comme si le monde autour de lui n'existait pas. Il ne sait pas s'il doit rire, s'il doit se demander ce qu'il se passe ou comment il doit agir, tout simplement.
-Tout le monde sait aussi que Cavallone les préfère plus jeune et puis sa réputation n'est plus à faire, ce type est un véritable tombeur. Mais je suis sûr que s'il a réussi à allonger dans son lit même le terrible Hibari Kyoya c'est qu'il a dû payer cher n'est-ce pas ? Alors, c'est combien la nuit ?
Il ne se rend compte qu'il a fini de parler que quand il le voit le regarder, silencieusement en attente d'une réponse. Mais Hibari n'arrive pas à savoir ce qu'il ressent.
De la colère, ça c'est certain. Il sent ses poings se serrer et il sait que très bientôt il retrouvera la froideur rassurante du métal de ses tonfas.
Mais il sent aussi son visage se teinter d'un rouge inhabituel. Il a honte.
Oui, c'est ça, il a honte.
En temps normal déjà, il n'aime pas qu'on lui parle comme à un gamin mais là, ce type le prend clairement pour un herbivore. S'il a le culot de le traiter de pute aussi sereinement c'est parce qu'il le prend pour un faible, il n'y a pas d'autre explication.
Il va le tuer.
Et là, il n'en a très clairement rien à faire des représailles ou de gâcher l'accord que Yamamoto a réussi à faire signer, il va lui faire regretter ces mots.
Hibird s'envole doucement, il a dû sentir sa colère.
-Je ne suis pas une pute Fulvio et je vais te mordre à mort, dit il.
Sa voix gronde comme le tonnerre même si elle est étonnamment basse.
Fulvio semble s'amuser de sa colère. Il souffle encore de la fumée de son cigare en éclatant de rire.
-C'est donc ça la fameuse réplique de-
Il n'a pas le temps de finir sa phrase que son tonfa heurte sa mâchoire dans un craquement sinistre.
Les hommes de Fulvio crient et lui tirent dessus mais Hibari pare les balles ou au pire les évite. Il se déchaîne contre eux, tel le monstre qu'il est.
L'odeur du sang est enivrante.
Avant, Hibari n'y était pas habitué, il trouvait même ça dégoûtant.
Mais aujourd'hui, il a l'impression qu'elle le rend euphorique. L'odeur du sang envahi tout comme le liquide rouge tâche et imprègne les vêtements, les cheveux, la peau. C'est toujours difficile de faire partir le sang mais avec un peu de bonne volonté, on peut.
Mais le sentiment de puissance qui vient avec, c'est impossible de s'en défaire. Le sang, c'est la vie et quand le sang coule, la vie s'échappe. Quand elle s'échappe, la mort la remplace. Hibari devient alors le maître, celui qui accorde ou non le droit de vie ou de mort.
C'est ce que sont les carnivores, les puissants, les maîtres.
Les herbivores, les faibles, les esclaves eux n'ont le droit que d'attendre leur sort, une mort douce ou violente. Ils ne la choisissent pas, les faibles n'ont pas le droit de choisir.
Les faibles n'ont pas le droit de le traiter de pute.
-Hibari bon sang arrête de le frapper !
Il se fige. Il est retenu par quelqu'un.
Il se retourne et fait face à Gokudera qui tient difficilement mais qui tient quand même son bras droit.
Il y a aussi Yamamoto et Chrome.
Toujours pas de Ryohei en vue.
-Lâche moi ou je te mords à mort, prévient il.
-Alors arrête de frapper ce pauvre type ! Tu vois pas qu'il est suffisamment mal en point ?
Hibari jette un œil à ce qu'il reste de Fulvio mais il ne distingue pas grand-chose avec tout le sang. Il lui a surement cassé le nez, vu comment il respire.
-Il respire encore, énonce-t-il.
-Encore heureux ! T'allais quand même pas le tuer ?
-Si.
Gokudera soupire en le lâchant tandis que Yamamoto éclate de rire.
La situation n'a rien de drôle pourtant mais lui, il arrive toujours à rire de tout. C'est sûrement ce qui fait sa force.
-Maa, maa, comprend le Gokudera ! Depuis tout à l'heure le type le voulait dans son lit alors tu connais Hibari, il a fini par craquer ah ah !dit il.
Hibari regarde Yamamoto, intrigué.
-Ah, tu n'avais pas remarqué ? Il te regardait en se léchant les lèvres bizarrement pourtant et puis il faisait plein de sous-entendus, dit il.
Il fallait avouer qu'Hibari ne s'était senti concerné par la situation que quand Yamamoto est partit.
-Tu savais et tu m'as laissé ?
-Mais rester aurait été insultant pour toi Hibari, tu n'as pas besoin d'herbivores dans tes pattes, pas vrai ?
Yamamoto sourit toujours tandis qu'Hibari se retient de l'insulter.
-Yamamoto Takeshi, tu es une personne fourbe,dit il.
-Tch ! Je l'ai toujours dit, commente Gokudera et Hibari se dit qu'il devrait parfois plus écouter le manieur d'explosifs.
Hibird choisit ce moment pour voler jusqu'à lui et se poser gentiment dans ses cheveux. Il a l'impression d'être fatigué, comme vidé de toute énergie.
C'est sûrement l'espoir qui le rend comme ça.
