Salut salut, nouveau chapitre que j'ai pas eu le temps de poster l'autre jour du coup !

WARNING :

ce chapitre contient des scènes de violence conjugale

sumé du chapitre précédent :

Tsuna fait une crise d'angoisse à cause de ses souvenirs et Sawamura vient l'aider. Suite à ça, ils discutent et Tsuna évoque son ancienne relation avec Reborn. Sawamura s'en va et Tsuna reçoit un appel de Kyoko qui veut se suicider. Heureusement, Hibari vient la sauver in-extremis.


Où se loge la justice ? Osamu Dazai


-Dites…

Sawamura lève la tête de son bento pour écouter ce que Akira veut dire.

Son visage est froncé en une moue un peu étrange, comme s'il y avait quelque chose qui la dérangeait mais qu'elle ne savait pas réellement comment l'exprimer. C'était assez bizarre à voir d'ailleurs car elle était connue pour sa spontanéité.

-Que se passe-t-il Akira-chan ? demande Hayashi. Il mange souvent avec Sawamura et Akira le midi.

-He bien, le nouveau là, Sawada… Il est un peu bizarre parfois non ? dit-elle.

Sawamura lance discrètement un regard vers Sawada qui le regard vide, semble ouvrir son sac et chercher son bento. Suite à un faux mouvement, celui-ci finit par s'ouvrir et s'étaler sur le sol sans aucune réaction de la part du jeune garçon.

Il a l'air totalement ailleurs.

Sawamura l'apprécie un peu plus que ce qu'elle souhaite laisser transparaître. Il lui fait penser à elle quand elle est entrée dans le club de taekwondo, complètement paumée et triste.

-Tu rigoles ou quoi ? Il est complètement frappé, ça se voit, dit Hayashi.

Sawamura soupira en se dirigeant vers lui. Il avait l'air d'aller encore plus mal que la dernière fois.

-Sawada.

Aucune réaction de sa part. C'est comme si elle n'existait pas.

-He, Sawada, insiste-t-elle cette fois en lui secouant l'épaule.

Au moment où elle le touche, Sawada s'est saisit de son poignet et la fixe. Ses yeux ont l'air de briller en orange, c'est assez étrange pour que Sawamura le remarque.

-Tsunayoshi ?souffle-t-elle.

Et c'est comme s'il était revenu à lui.

Il la lâche brusquement en secouant la tête avant de rire, un peu gêné par la situation.

-Ah, Sawamura ha ha… J'était un peu… Perdu dans mes pensées…dit-il.

-J'ai bien vu ça…dit Sawamura en touchant son poignet. Elle aurait juré sentir une chaleur étrange émaner de la main de Sawada.

-Tu… enfin, tu voulais me dire quelque chose ?

-Euh oui, ton bento, il est foutu.

-Ah ? Oh non c'est pas vrai !

C'est comme s'il venait seulement de revenir parmi le monde des vivants, ce type pouvait vraiment être bizarre parfois, Hayashi n'avait pas tort là-dessus. Mais étrangement, ça la faisait plutôt rire.

-Viens avec moi, on va t'acheter quelque chose ! dit-elle en le prenant par la main.

Il n'a même pas le temps de protester que déjà ils sont dans les couloirs du lycée, à chercher un distributeur.

Ils marchent tranquillement dans les couloirs vides. Sawada semble un peu gêné même s'il ne dit rien et Sawamura le voit se reperdre dans ses pensées sombres.

-Sawada, je peux t'appeler Tsunayoshi ? demande-t-elle subitement.

Il lève la tête vers elle, étonné, comme si ça venait de le ramener à la vie.

Il ne s'y attendait certainement pas et pour être honnête, elle non plus. C'est juste qu'il a l'air un peu plus concerné quand elle prononce son prénom que son nom. Même si son prénom sonne mieux dans sa bouche.

-Euh… Oui, bien sûr. Enfin, je préfère Tsuna si tu veux bien. C'est comme ça que… Que mes amis m'appelaient.

Sawamura lui sourit.

-D'accord Tsu-na, dit-elle en insistant sur les syllabes.

Il se met à rougir et Sawamura trouve ça tellement facile de le mettre mal à l'aise qu'elle en rit.

-Alors, je… Enfin, je peux t'appeler Tomoko ?demande-t-il à son tour.

-Oui bien sûr.

Tsuna sourit aussi et Tomoko trouve encore qu'il a un beau sourire.

-Maintenant qu'on a fait plus ample connaissance, tu peux me dire ce qui va pas ?

Tsuna s'arrête et son regard se perd comme avant. Elle voit son visage qui arbore encore cette expression entre le désespoir et la tristesse. Puis il la fixe et c'est tout à coup comme si rien de tout cela n'avait existé.

-Tout va bien, dit-il.

Il ose mentir en plus ?

-Tu ne sais pas mentir Tsuna, rétorque Tomoko.

Tsuna allait protester mais elle le coupe avant.

-Ecoute Tsuna, je peux comprendre que cette agression peut t'avoir traumatisé mais il faut que tu me parles ! Il n'y a que comme ça que je pourrais t'aider !

Sa bouche s'ouvre puis se referme puis il soupire.

-Tomoko, c'est vraiment gentil mais je préférerais vraiment que tu oublies cette histoire.

Tomoko fronce les sourcils en mettant ses mains sur ses hanches.

-Et puis quoi encore ? Attaquer des innocents dans notre zone malgré les traités de paix je trouve que ça mérite une sanction !

Elle se sent particulièrement engagée dans toutes ces histoires de gang. Si le traité a été créé c'est pour une raison et qu'il ne soit pas respecté la met particulièrement en rage.

-Hum… Je n'y connais pas grand choses à ces histoires, tu pourrais m'expliquer ?demande Tsuna.

Elle acquiesce en avançant vers un distributeur qui ne se trouvait pas très loin.

-Comme tu le sais, il y a des gangs à l'est de la ville. Comme de nombreuses personnes qui habitaient à l'est ne voulaient pas être mêlées aux gangs, le maire a décidé de faire signer des traités pour que les gangs de l'est ne cherchent pas de problèmes aux habitants allant à l'ouest pour travailler ou faire des études. De plus, les combats entre gangs ne doivent être provoqués que dans la zone des quartiers à l'est. En échange de ça, la police a un droit d'action restreint sur ce qu'il se passe à l'est. Même si quelques malins ne respectent pas toujours les règles, en général ils se battaient toujours à l'est et arrêtaient de poursuivre leurs victimes une fois à la limite. Mais là, ils t'ont suivi jusqu'au lycée alors que tu as juste eu le malheur de croiser leur chemin ! C'est inadmissible ! expliqua Tomoko.

Tsuna eu un petit rire gêné et évita son regard.

-Je comprend ce que tu veux dire mais tu sais, tout va bien, c'est pas la peine de leur en vouloir à ce point là…

-Si.

Ses poings étaient serrés. Elle détestait qu'on s'en prenne aux plus faibles.

-J'en fais une affaire personnelle.

-Pourquoi ?

Tsuna la fixait sérieusement et son regard avait… Quelque chose en plus.

Parfois il avait l'air d'un petit maigrichon fragile qui allait se casser au moindre coup de vent et d'autres fois il avait l'air… Fort. Sûr de lui, de ce dont il était capable. C'était étrange.

-Ils ne respectent pas les règles et-

-Mais c'est pas à toi de les faire respecter Tomoko.

Elle se fige. Touchée en plein cœur.

Tsuna semble voir qu'il l'a peut-être blessée et commence à s'excuser mais elle ne l'écoute plus vraiment. Il a raison quelque part, c'est ce que tout le monde lui a toujours dit.

« Arrête de t'en mêler » ou bien « C'est pas tes affaires ».

Mais elle voulait juste bien faire et aider les gens comme elle aurait aimé être aidée.

-Je… T'as raison Tsuna. Mais c'est juste que si je le fais pas… Personne ne le fera tu comprends ?

Il acquiesce, l'air pensif. Tomoko se demande souvent ce qu'il se passe dans sa tête. Elle aimerait le comprendre ou bien être dans son corps au moins une fois.

-Au fait, n'oublie pas ce soir, toi et moi on va bosser le cours de géographie, dit elle pour changer de sujet. Elle n'aime pas trop se triturer les méninges à un certain point.

Tsuna poussa un long soupir de désespoir.

-C'est obligatoire ?

-Oui.

On dirait que je le torture… Enfin, c'est pour son bien après tout.

Tomoko décide d'acheter un des nombreux onigiris dans le distributeur puis le tend à Tsuna.

-Tiens, cadeau. Disons que c'est pour t'encourager pour ce soir.

Elle lui tend la nourriture et Tsuna la fixe comme si elle venait d'une autre planète. Peut-être qu'il a un peu de mal à réaliser qu'elle lui offre à manger ? Bon, d'accord elle n'est pas forcément connue pour sa gentillesse enfin, des fois elle fait des efforts même Akira lui dit qu'elle a l'air plus gentille quand elle sourit.

-Tsuna, ce serait un peu gênant pour moi que tu me mettes un vent alors aurais-tu la gentillesse d'accepter cet onigiri ? dit-elle un peu vite aussi parce qu'elle est gênée. Peut-être qu'il n'aime pas ce goût tout simplement ?

Et contre toute attentes, Tsuna se met à pleurer.

Les larmes coulent silencieusement sur ses joues tandis qu'il fixe toujours son bras tendu vers elle.

Tomoko ne sait pas vraiment comment réagir. La dernière fois qu'il pleurait, elle avait pu gérer parce que ça lui faisait penser aux crises que pouvait avoir Fuyumi mais là, c'était bizarre parce qu'il semblait… Calme ? Ou même heureux ? Alors c'était des larmes de joie ?

-Tsuna ?

Il essuie rapidement ses larmes puis se saisit de l'onigiri qu'elle lui tendait.

-Merci beaucoup Tomoko ! Tu es tellement gentille avec moi c'est… Enfin, je te suis vraiment très reconnaissant, dit il en s'inclinant face à elle.

Elle lui sourit, amusée quand son regard croise celui d'un autre élève dans le couloir.

Elle ne le connaît pas mais il à l'air peut être un peu plus vieux qu'elle. En revanche elle n'apprécie pas la façon dont il la regarde avec insistance.

Est-ce qu'il vient de l'est ?

Si c'est le cas, elle risque d'avoir des problèmes.

Le type se saisit de son téléphone et elle voit sur sa main un numéro écrit en lettres romaines.

FIVE.

Son sang se gèle dans ses veines. C'est le nom d'un des gangs de l'est et pas n'importe lequel.

Son cœur se met à battre fort dans sa poitrine. Le type l'a sûrement vu donner cet onigiri à Tsuna. Il l'a vu interagir avec un autre garçon.

Et merde.

Il faut qu'elle lui parle avant qu'il aille balancer ce qu'il vient de voir.

Calme toi Tomoko, peut-être qu'il n'a pas un rôle élevé dans la hiérarchie et puis il ne va pas lui dire hein ? Arrête un peu d'être parano.

Mais elle ne peut pas se permettre d'être dans le doute.

-Tomoko ? l'appelle Tsuna.

Mais elle ne l'écoute pas et se dirige vers ce type au tatouage sur la main.

Elle ne sait même pas ce qu'elle va lui dire sans que ça ne paraisse trop suspect. Mais il ne faut pas qu'il sache. Il ne faut pas qu'il sache parce que sinon ce sera encore pire que d'habitude.

-Salut, lui dit le type en levant à peine les yeux de son téléphone quand il la voit arriver.

-He, salut, répond-elle.

Il y a un silence qui suit leurs paroles. Tomoko a peur, elle se mord la lèvre en serrant les poings pour s'empêcher de gratter frénétiquement ses cicatrices.

-Heu, on se connaît ?

-Il semblerai que toi oui, vu que tu me fixes depuis tout à l'heure.

Elle ne devrait pas parler comme ça, il est clairement en position de force et elle non mais elle a réellement peur. Elle ne peut pas se permettre de ne pas savoir.

-Tu bosses pour Makoto ?souffle-t-elle assez fort pour qu'il l'entende.

-Heu ouais mais à ta place je l'appellerais pas comme ça. Le boss aime pas qu'on l'appelle par son prénom tu sais, lui répond-il sur le même ton.

Il ne sait pas.

S'il lui dit de ne pas prononcer son prénom c'est parce qu'il ne sait pas qu'elle sort avec lui, donc il ne connaît pas son identité. Il ne l'espionnait pas.

C'est le soulagement qui enlève le nœud que la peur avait créé dans son estomac.

Tout va bien. Il ne va rien se passer, il ne va rien dire. Tout va bien.

-Ouais, t'as raison… A plus, dit-elle avant de partir.

Elle peut respirer normalement.

-Tomoko, tout va bien ? lui demande Tsuna qui semblait avoir suivi toute la scène.

Son regard semblait réellement inquiet. Et inquisiteur. Elle n'aimait pas beaucoup ça.

Mêle-toi de ce qui te regarde Tsuna.

-Oui, tout va bien, dit-elle.

-Tu ne sais pas mentir non plus, lui dit-il avec un petit sourire.

Elle s'apprête à dire quelque chose mais Tsuna avance déjà en direction de leur salle de classe.


-Tu traînes beaucoup avec Sawada en ce moment, déclara Akira.

Elle est aux toilettes avec elle quand ces mots sortent de sa bouche.

Elle a sa moue boudeuse, celle qu'elle fait quand elle est contrariée et que les choses ne se passent pas comme elle le souhaite.

-Arrête d'être jalouse, soupire Tomoko en sortant de son sac une trousse de maquillage.

Akira Fuyumi est sa meilleure amie mais celle-ci se sent toujours en danger quand quelqu'un approche Tomoko.

-Je suis pas jalouse. C'est juste que faut pas que t'oublies que t'es en couple et que t'as d'autres amis géniaux comme moi.

Tomoko rit un peu puis fronce un peu les sourcils. Elle pensait avoir ramené sa poudre avec elle. Son visage s'éclaire quand elle la retrouve.

-D'accord, d'accord.

-Non mais sérieusement, qu'est-ce que tu lui trouves ? Il est hyper banal.

Elle hausse les épaules puis se saisit d'un des nombreux pinceaux de la trousse.

-On n'a pas forcément besoin de trouver quelque chose à quelqu'un pour être ami avec tu sais, dit-elle à Akira.

-Ah parce que vous êtes amis ?s'exclame-t-elle visiblement surprise.

Elle acquiesce silencieusement en faisant passer son pinceau poudré sur sa joue droite, au niveau de la mâchoire. Il serait sérieusement temps qu'elle investisse dans du maquillage de meilleure qualité parce que celui-ci avait tendance à ne pas tenir longtemps.

Akira l'observe attentivement faire son petit manège.

-Au visage ?souffle-t-elle comme si elle ne voulait pas qu'on l'entende. Elles ne sont que deux dans les toilettes mais on n'est jamais trop prudentes.

-Ouais. Il fait attention d'habitude.

Le visage d'Akira se crispe dans une grimace de colère et de haine pure.

-Si seulement j'avais été plus forte…dit-elle en serrant rageusement ses poings.

Tomoko se tourne vers elle puis pose ses mains sur les siennes.

-Arrête. Le coma dans lequel il t'as plongé ne t'as pas suffi ?dit-elle.

La peur peut se lire dans le regard d'Akira qui secoue doucement la tête.

-Tu sais très bien que c'est mieux comme ça alors arrête de faire cette tête. Allez, je préfère quand tu souris tu le sais bien.

Akira acquiesce silencieusement en soupirant.

-Je le tuerais, je te le promet, dit-elle.

Tomoko rangea ses affaires puis se regarde une dernière fois dans le miroir.

-Retournons en classe.

Akira sortit la première des toilettes tandis que Tomoko touchait ses cheveux. Il faudrait encore les couper, ils devenaient un peu trop longs.


La fin de la journée arrivait à grande vitesse.

Leur professeur leur avait rendu leurs derniers contrôles. Comme toujours elle avait eu une bonne note. Akira aussi apparemment.

En jetant un coup d'œil à Tsuna, elle put voir qu'il avait à peine obtenu la moyenne. C'était réellement médiocre surtout sur un contrôle de cours aussi simple.

Mais Tsuna avait l'air plutôt content.

Il faudra retravailler ça pendant les cours de soutien.

-He Sawamura, Akira ! les appelle Isoyama, un des membres du club d'athlétisme.

Il draguait Akira depuis un moment déjà mais celle-ci ne daignait pas lui accorder d'attention.

Son amie pouvait parfois se montrer cruelle avec les garçons.

-Ça vous dirait qu'on aille au karaoké après les cours ? dit-il.

-Oui, bien sûr ! Hayashi, tu viens ? répondit Akira avec un sourire.

Elle vient de l'incruster dans cette sortie sans aucune gêne.

Le sourire d'Isoyama se crispe un peu mais il ne semble pas émettre de protestation. Hayashi Daisuke n'est pas un sportif alors il n'est pas très apprécié par les autres. Il est brun, pâle, à des yeux sombres et a toujours des cernes. Il n'aime pas beaucoup les gens en général mais apprécie la compagnie d'Akira. Beaucoup pensent à tort qu'ils sont ensemble d'ailleurs.

-Hum… Non merci, dit-il remarquant le regard noir que lui lançait l'athlète.

-Oh… C'est dommage… Tant pis, j'irais avec Tomoko-chan pas vrai ?

-Je peux pas non plus, une prochaine fois peut être ?

Akira fait la moue puis Isoyama donne une heure de rendez-vous. Tomoko est à peu près certaine qu'elle n'ira pas, Akira déteste être seule avec des inconnus.

Le regard de Tomoko croise celui de Tsuna. Après un instant de flottement, ils se sourient, ce qui n'échappe pas à Hayashi.

Tsuna a vraiment un beau sourire.

-Tomoko, à ta place je ferais pas ça surtout quand on a un copain comme le tien, lui souffle le jeune garçon.

Son sourire se fane instantanément tandis qu'Akira lui frappe l'épaule avec violence.

-T'es complètement malade de lui dire ça ! Excuse toi tout de suite !s'exclame-t-elle mais Tomoko est déjà ailleurs quand il lui présente ses excuses.

Elle serre fort ses poings pour s'empêcher de gratter ses cicatrices. Au fond elle sait qu'il a raison mais parfois elle préférerait qu'on ne le lui rappelle pas aussi durement.

Elle sait qu'elle est faible. Elle sait qu'il est dangereux. Elle sait qu'elle n'est qu'une pauvre fille fragile mais serait-ce trop demander qu'on ne le lui rappelle pas toutes les heures ?

T'es pathétique.

Les heures de cours se succèdent jusqu'à la fin.

Quand la dernière sonnerie retentit, elle pousse un petit soupir pour se donner du courage avant de se diriger vers Tsuna.

Son regard se fait implorant quand elle vient vers lui mais Tomoko n'a aucune pitié. Il doit travailler s'il veut obtenir de meilleurs résultats en classe.

Plus le temps passe et plus ce qui était une corvée pour le jeune garçon se transforme presque en moment agréable.

Ils sont dans le bureau de Tomoko, elle signe de nombreux documents concernant l'établissement et le conseil des élèves tandis que Tsuna fait ses exercices. Quand il ne comprend pas quelque chose, elle l'aide et quand il a terminé, elle lui donne d'autres exercices ou le corrige.

C'est plutôt paisible.

Outre sa maladresse (il a déjà cassé deux tasses de thé) Tsuna reste quelqu'un de plutôt calme. Tomoko apprécie ce climat. Elle n'aime pas vraiment quand c'est trop bruyant, elle a du mal à se concentrer dans ces moments-là.

-Tomoko ?

Elle lève la tête distraitement et voit qu'il est juste en face d'elle. D'habitude est installé sur la table de réunion sur laquelle ont souvent lieux les projets qu'elle explique et les résultats des compétitions sportives.

-On rentre ? Enfin, il se fait tard, dit-il.

Elle semble surprise mais en jetant un coup d'œil dehors elle peut voir qu'il fait déjà nuit.

Tsuna à l'air agité, il semble éviter son regard et serre et desserre ses poings.

Il a peut-être des tocs ?

-Euh oui, allons y.

Elle rassemble rapidement ses affaires puis les range dans son sac avant de suivre Tsuna qui était déjà sur le pas de la porte.

Même s'il a dit qu'il se fait tard, Tomoko sait qu'il n'est pas assez tard pour qu'il ait fini ses cours. Elle va devoir rentrer seule.

Ce n'est pas inquiétant pour elle, au contraire elle est plutôt soulagée mais elle va devoir lui envoyer un message pour lui expliquer pourquoi elle rentre seule.

Ils sont devant le lycée quand elle se saisit de son téléphone pour commencer à écrire.

-Tomoko, quelqu'un arrive, lui dit Tsuna.

Ses yeux brillent en orange et cette fois elle ne rêve pas.

Le ton de sa voix est froid, dénué d'une quelconque émotion et ce regard, il n'a plus rien à voir avec Tsunayoshi Sawada, ce garçon maladroit et un peu timide.

-Tes yeux-

-To-chan !

Et merde.

Son corps entier se fige tandis que la peur se répand dans chaque parcelle de son être. Du bout de ses doigts à ses orteils.

Makoto est là. Il est là alors qu'il n'est pas censé être là.

Elle se retourne.

Il avance vers elle, sourire aux lèvres, l'air joyeux mais Tomoko sait que ce n'est qu'une façade. Il n'est jamais joyeux, jamais heureux de la voir. À une autre époque elle y aurait peut-être cru, qui sait ?

Son sourire se crispe légèrement quand il voit Tsuna avec elle. Elle n'aime pas quand il est comme ça parce qu'elle sait qu'il est capable de tout. Même agresser des innocents, coupables par leur simple présence.

À ce moment-là, deux options se présentèrent à elle.

Dire à Tsuna de partir immédiatement avant que ça ne dégénère parce qu'elle sait pertinemment qu'elle ne pourra pas le défendre. Face à Makoto elle n'est rien, elle n'est personne. Elle prendrait certes le risque que Tsuna la prenne pour une folle et ne comprenne pas la situation mais tant pis.

Ou alors laisser la confrontation avoir lieu. Avec un peu de chance, il sera aussi conciliant que la dernière fois.

Mais ça fait déjà 2 fois qu'il voit Tsuna et ça fait 2 fois qu'elle finit tard pour rester avec lui. Il va croire qu'ils couchent ensemble et il va encore se mettre en colère.

Pitié, tout mais pas ça.

-Tsuna, tu devrais y aller. Maintenant, dit-elle et sa voix tremble et elle déteste ça, elle déteste avoir l'air aussi faible mais c'est ce qu'elle est réellement après tout, les masques finissent toujours par tomber.

Tsuna la fixe comme si elle venait d'une autre planète. Il ouvre la bouche avant de la refermer et de mordre violemment sa lèvre. Tomoko le trouve encore plus bizarre que d'habitude mais ce n'est pas le problème, le problème c'est qu'il ne bouge pas et que Makoto arrive.

-Sawada !l'appelle-t-elle et ses yeux brillent encore en orange.

-Est-ce que c'est lui qui te fait peur ?

Les mots lui font encore plus mal que les coups.

Si Makoto lui fait peur ?

Bien sûr que non. Makoto est son ami d'enfance, ils vivaient tellement proches l'un de l'autres qu'il avait ses jouets chez elle et prenait ses bains avec elle. Makoto est comme son frère, Makoto est sa moitié. C'est un beau parleur avec une grande gueule qui s'énerve parfois un peu vite et qui est susceptible mais c'est son frère, elle n'a pas peur de lui.

Elle le rassurait quand il faisait pipi au lit, elle le défendait contre les garçons qui lui volaient son goûter et même quand les profs le réprimandaient elle était là.

Elle n'a pas peur de Makoto, c'est ridicule.

Alors pourquoi est-ce qu'elle a tellement envie de pleurer ? Pourquoi sa question a soulevé une réalité tellement violente qu'elle lui fait mal ?

Ce ne sont que de mots. Ils ne peuvent pas t'atteindre.

Un rire faux s'échappe de sa gorge tandis qu'elle essuie rapidement le début de larmes au niveau de ses yeux.

-Qu'est-ce que tu racontes Sawada ? Bien sûr que non j'ai-

-S'il te fait peur, je peux le tuer si tu veux.

Les yeux de Tomoko s'écarquillent.

Qu'est-ce qu'il vient de dire ?

Tsuna la fixe, avec ces yeux toujours aussi orange et froids, dénués d'une quelconque émotion et c'est juste terrifiant la façon dont ces mots ont sonné précédemment. C'est comme s'il en était réellement capable.

Mais non, c'est tout simplement impossible, Tsunayoshi Sawada, le type qui sèche les cours, nul à l'école, sans amis qui se fait poursuivre par des racailles de gang ne peut pas lui avoir dit ça. Ce type naïf aux yeux candides ne peut pas lui avoir dit ça. Tomoko refuse d'y croire.

Elle cligne plusieurs fois des yeux et c'est comme si le garçon en face d'elle aux yeux orange avait disparu. Tsuna est là, il semble paniqué et il recule en serrant fort ses poings. La peur peut se lire sur son visage.

-Je... Désolé ! s'exclame-t-il avant de partir en courant.

Il disparaît dans la nuit et un immense soulagement prend Tomoko. C'est beaucoup mieux comme ça.

Si personne n'est blessé, si personne n'est mêlé, tout va bien. Elle, elle peut encaisser les coups, ça ira pour elle.

La scène précédente et les mots de Tsuna sont rangés dans un coin de son esprit où elle préfère ne jamais retourner puis elle reprend doucement contact avec la réalité.

Makoto est là.

Ses bras entourent doucement ses bras tandis que son torse se colle à son dos et sa tête repose dans le creux de son épaule.

Elle peut sentir l'odeur du tabac froid et de l'alcool. Pourquoi Makoto boit ? Elle n'en n'a aucune idée mais c'est toujours pire que d'habitude quand il est éméché.

Un désespoir sans fin prend possession d'elle à ce moment-là. Pourquoi continuer à se battre ? Pourquoi continuer à lutter contre l'inéluctable, à avoir peur ? Elle connait cette chanson par cœur, elle sait comment ça se finit. Alors pourquoi se battre ? Pourquoi espérer pour de jours meilleurs ? Espérer que ce soir il ne se passe rien, que ce soir Makoto redevienne son meilleur ami ?

Il n'y a qu'à attendre paisiblement la mort. C'est tout ce qu'elle peut faire. Son sort ne lui appartient plus, sa vie ne lui appartient plus, son existence n'est plus la sienne. Tout ce qu'elle est et sera peut-être appartient à Makoto.

Et finalement c'est peut-être mieux ainsi.

-To-chan...chouine-t-il.

-Oui ?souffle-t-elle assez fort pour qu'il l'entende.

Il attend toujours une réponse.

-Tu sais que tu m'as manqué aujourd'hui ?

Son souffle chatouille sa peau quand il parle.

-Je sais.

Il sourit dans son épaule puis dépose un baiser dans son cou. Elle prie pour qu'il n'y en ai pas d'autres. Quand il y en a d'autres c'est qu'il a envie d'elle et ce soir elle n'est pas prête psychologiquement. Aujourd'hui était une bonne journée, elle ne peut pas se mettre dans sa bulle et faire semblant.

Elle ne veut pas avoir mal.

C'est pathétique parce qu'elle a tout le temps mal.

-Alors si tu le sais, pourquoi t'étais avec lui ?

La voix n'est plus douce et enfantine. L'agressivité s'entend déjà. Il est énervé.

-On travaille ensemble.

La réponse est courte et précise. Il n'aime pas quand elle parle trop pour ne rien dire.

Ses bras se resserrent autour d'elle, comme un étau.

-Pourquoi tu mens To-chan ? Je pensais qu'on pouvait tout se dire ?

La peur lui tord le ventre.

-Je ne mens pas, je-

-T'étais avec lui. En plus tu l'appelles par son prénom.

Elle remonte dans sa poitrine et l'empêche de respirer.

Ses doigts serrent ses bras et s'enfoncent dans sa peau. Dans ces moments-là elle se rappelle qui elle est vraiment. Une pauvre fille faible. Nulle. Moche. Tellement dégoûtante que personne ne pourra jamais l'aimer.

-Pourquoi tu l'appelles par son prénom ? Vous êtes proches ?

Elle arrive dans sa gorge et l'empêche de parler.

Tomoko fixe la rue en face d'elle, silencieuse, le cœur battant. Makoto la serre mais pas assez fort pour que ça fasse mal, juste assez pour lui rappeler qu'il est fort. Bien plus qu'elle.

-Répond moi.

La voix est dure, forte. Elle sait qu'actuellement il se retient comme il peut de la frapper là tout de suite dans la rue. Au fond, elle apprécie l'effort même si elle sait que ses mots vont tout gâcher.

-C'est... C'est mon ami.

-Oh... Ton ami ?

Elle acquiesce lentement, incapable de prononcer un mot de plus sans pleurer.

-Mais To-chan, tu n'as pas d'ami.

Ce ne sont que des mots. Elle sait que c'est faux, elle sait que ça ne peut pas l'atteindre mais chuchotés à son oreille de cette façon, ça sonne comme une réalité.

-Akira est une fille stupide, je te l'ai déjà dit. Dès qu'elle comprendra quel genre de fille dégoûtante tu es en réalité, elle finira par partir. Comme tout le monde. Il n'y a que moi qui te comprend To-chan, je suis le seul à pouvoir t'aimer et tu sais pourquoi ?

Elle sait pertinemment pourquoi mais elle n'a pas envie qu'il le dise, elle n'a pas envie que-

-Parce que tu m'appartiens.

Il lui claque un bisou sur la joue avant de la lâcher.

-Tu viens ? Il se fait tard, il faut rentrer.

La main est tendue vers elle mais les larmes brouillent sa vue. Elle la saisit avant d'avancer, tirée par Makoto.

Il est encore en colère elle le sait. Peut-être qu'il va la tuer aujourd'hui ? Ou peut-être qu'il lui reste encore quelques jours à vivre dans ce monde pourri ? A vrai dire, elle ne sait pas réellement et elle s'en fiche. Actuellement, elle a juste envie de mourir.


La première gifle ne fait jamais mal. Elle encaisse silencieusement et elle voit tout de loin, comme dans un film.

Ce n'est pas elle qui vit ce qu'il se passe, elle entend vaguement ce que lui hurle Makoto. Quelque chose comme "T'es qu'une sale pute" ou "C'est pour ça que personne ne t'aimera jamais" mais elle n'écoute pas, elle n'est pas là.

La deuxième gifle fait siffler ses oreilles et saigner sa bouche mais elle ne s'en rend pas compte, elle est encore ailleurs.

C'est la 3e qui la réveille.

Qui réveille en elle la fille qu'elle est réellement, celle qui se bat, celle qui ne se laisse pas faire, celle qui veut défendre les opprimés. Cette fille se prend toujours pour un super-héros et elle la pense souvent morte mais c'est comme ça qu'on appelle l'espoir pas vrai ? Quand il n'est plus là, il renaît soudainement de ses cendres tel un phénix...

Elle a presque envie de rire tellement elle est pathétique.

Il y a des jours où elle riposte, des jours où elle se bat. Des jours où elle a peut-être plus envie de mourir que d'habitude. Aujourd'hui est un de ces jours-là.

Alors elle se lève, chancelante. Elle inspire un grand coup (peut être le dernier) et lève la tête. Elle veut être fière, elle veut être combative, elle veut au moins faire semblant d'être quelqu'un d'autre juste le temps qu'il faut.

-Makoto, arrête.

C'est faible, tremblant et il la fixe d'un air ennuyé. Air ennuyé qui se transforme en sourire carnassier. C'est lui qui lui a appris à sourire comme ça et elle déteste ça. Elle n'est pas une victime. Elle n'est pas faible.

-Oh, aujourd'hui on se rebelle To-chan ? Tu veux vraiment mourir c'est ça ?

Il se met en position de combat et à cet instant elle a juste envie de pleurer parce que bon Dieu qu'a-t-elle fait pour mériter tout ça ? Est-ce que naître était là son seul pêché ? Si c'est le cas, elle aurait préféré ne jamais exister.

Elle se reprend et tente de se mettre en position elle aussi malgré la douleur.

-Peut-être bien ?sourit-elle.

Makoto perd son sourire et dans sa tête elle a au moins gagné quelque chose.

Et le combat commence.

Elle aura tenu 2 minutes. C'est son plus long record. Et puis elle a réussi à lui mettre un crochet du droit aussi. Elle s'est explosé les phalanges mais ça en valait la peine.

Et maintenant les coups pleuvent sur elle comme une pluie de météorites.

Elle pleure, elle crie, elle le supplie mais Makoto s'en fiche, lui il veut juste la voir saigner et faire disparaître son petit sourire arrogant, ce sourire qu'elle fait quand elle est fière d'elle.

Elle est par terre et Makoto l'étrangle. Ses deux grandes mains serrent sa gorge comme si elle n'était rien et elle a tellement mal et son cœur bat tellement vite qu'elle sait que c'est la fin, elle sait que c'est terminé pour elle et que plus jamais elle ne verra le soleil se lever. C'est une fin pathétique, comme elle.

Et soudain, Makoto la lâche.

Elle a mal à la gorge mais l'air semble apaiser sa douleur. Le monde semble reprendre peu à peu des couleurs et la sensation de mort s'estompe doucement (elle est toujours présente quand Makoto est là).

-Regarde ce que tu me fais faire To-chan. C'est de ta faute tout ça.

Sa main vient caresser sa joue et essuyer le sang comme si ça le dégoûtait alors qu'elle sait que ça l'excite de la voir saigner.

Elle fixe le plafond en prenant de grandes goulées d'air.

Elle est encore en vie.

Elle ne sait même pas si c'est une bonne chose.

-To-chan, arrête de pleurer...

Non, non me parle pas comme ça. Arrête de parler comme si t'étais réellement désolé. Arrête parce que je vais encore te croire.

-To-chan...

Il tend sa main vers elle mais elle se tourne sur le côté pour échapper à son touché.

Son corps est secoué par les sanglots qu'elle tente faiblement de taire en serrant les dents. Même si ça échoue pathétiquement.

Pitié, faites que ça s'arrête.