Salut j'espère que tout le monde va bien, moi je crève de chaud T-T bref, nouveau chapitre de nos héros préférés hihi (c'est clairement pas le meilleur chapitre mais je suis quand même contente de l'avoir écrit)
Arya : merci beaucoup pour ton commentaire, je suis contente que cette histoire te plaise ! J'espère ne pas te décevoir pour la suite
« Tu pouvais pas. »
Hibari n'arrête pas de penser à ses mots. C'est si douloureux mais en même temps si vrai qu'il ne sait quoi dire.
Il ne pouvait pas sauver Tsuna.
Et si même lui n'aurait pas pu, personne n'aurait pu le faire.
Cette famiglia est un échec, personne n'est fichu de protéger correctement le boss.
Il ressent une certaine amertume. Au fond il se demande si même Reborn n'aurait pas pu le sauver. Mais Reborn est le responsable de tout ça de toutes façons.
Hibari se surprend à rêver de ce qu'il se serait passé si Tsuna avait été avec lui au lieu de l'homme au fedora. Il se demande comment Tsuna l'aurait pris si Gokudera ne l'avait pas interrompu et s'il avait entendu ce qu'il allait lui dire.
Un sourire ironique étire ses lèvres. Il sait pertinemment ce qu'il se serait passé. Tsuna aurait fui et il aurait perdu toutes chances de le revoir un jour.
Dire « je t'aime » n'a jamais sauvé personne.
-Kyoya…
La voix de Dino fredonne son prénom à son oreille. Ses bras viennent doucement entourer ses épaules et ses lèvres effleurent le creux de son cou.
Hibari peut sentir son odeur et la douceur de sa peau nue contre son dos. Dino est chaud et c'est agréable.
-A quoi est-ce que tu penses ?
Dino est revenu de mission le soir même. Il a ensuite envoyé à Hibari l'adresse de son hôtel pour qu'ils se voient.
Les vêtements jonchaient le sol de la suite cinq étoiles. Hibari avait fini par s'habituer au luxe que leur procurait la mafia mais jamais il ne s'habituerait aux petites attentions de Dino et ses caresses.
-A la mission de demain, ment Hibari.
Dino a beau être souvent maladroit, il n'en reste pas moins perspicace. Hibari pense qu'il sait qu'il aime encore Tsuna. Mais la situation actuelle leur convient, ils sont en « couple » ils couchent ensemble et s'apprécient plus ou moins mutuellement. Même si la réapparition de Tsuna remet les choses en question, Hibari n'a pas envie pour l'instant de briser cet accord tacite.
Il n'a pas envie de faire de mal à Dino.
Même s'il a du mal à l'admettre, tout ça l'a affecté. Beaucoup plus que ce qu'il ne croyait et Dino, il était là. Il l'a aidé quand il le fallait, il l'a compris.
Hibari ne l'aime pas de la même façon que Tsuna.
-Mh, tu pars avec qui ?
La main de Dino joue doucement avec ses cheveux. C'est plutôt apaisant.
-Yamamoto Takeshi.
-Ça ne devrait pas être bien compliqué alors.
On ne sait jamais vraiment avec Yamamoto…
Le silence les enveloppa encore.
Hibari aimerait vraiment rester allongé dans ce lit dans la chaleur des bras de Dino mais il y avait encore beaucoup à faire pour préparer la mission. De plus, il redoutait l'agaçante manie que Dino avait de discuter des choses sérieuses quand ils étaient au lit. Il devrait partir maintenant.
Hibari décida de se lever et de s'asseoir sur le bord du lit. Il avait retrouvé son caleçon mais le reste de ses vêtements devaient reposer quelque part par terre.
-Kyoya, t'as pas répondu à ma question l'autre jour.
On y est
Hibari est de dos mais il entend Dino se lever et s'approcher de lui.
Il n'a pas envie de le regarder. Il n'a pas envie de faire face à sa douleur. Il n'a pas envie de le voir aussi déçu.
Mais ce sont des pensées d'herbivores, de personnes faibles. Depuis quand avait-il peur de la réaction des autres ? Depuis quand les sentiments d'autrui le concernaient ?
Depuis que Tsuna a essayé de se tuer parce que tu as préféré l'éviter pour ne pas faire face à tes sentiments.
-Est-ce que tu veux rejoindre ma famiglia ? Rester à mes côtés ?
La voix de Dino résonne dans tout son être. Il sait pertinemment ce dont il a envie.
La vérité n'était pas qu'il ne voulait pas blesser Dino, la vérité c'est qu'il avait peur de perdre un appui, quelqu'un qui le soutient.
Il ne veut pas le voir partir comme Tsuna.
Mais avoir peur, redouter l'inconnu, c'est une attitude d'herbivore. Ce n'est pas lui.
Ça fait 3 ans qu'il se ment.
Alors Hibari se retourna pour faire face au blond qui le fixait, le regard plein d'espoir.
-Non.
Et ça semble presque froid et dénué de toute compassion mais Hibari veut juste être honnête.
Non, il ne quitterait pas les Vongola même si Dino lui accordait un confort et un soutien dont il avait besoin depuis le départ de Tsuna. Il avait pensé naïvement qu'il pourrait passer à autre chose avec Dino qui l'aimait et qui était là contrairement à Tsuna qui ne l'aimait même pas.
Aimer Tsuna c'était poursuivre un fantasme d'un hypothétique quelque chose qui n'est jamais arrivé.
Et Hibari le sait, il ne l'a jamais assumé mais Kusakabe le savait et Dino aussi, c'est pour ça qu'il lui disait d'oublier Tsuna.
Et peut-être bien que c'est la meilleure des choses à faire mais ce n'est pas lui. C'est aller à l'encontre de ses sentiments et de sa personne.
Dino sourit tristement et c'est comme si tout son être hurlait « je le savais ».
-Tu préfères continuer à servir Xanxus plutôt qu'être avec moi ? Je ne sais pas comment le prendre…
-Je ne sers pas Xanxus.
Hibari sait que c'est un pique pour le faire réagir et il ne peut pas lui en vouloir d'essayer.
-Oh, je crois que j'ai compris. C'est pour Tsuna c'est ça ? Malgré tout ça tu lui es resté fidèle ?
Ils se fixent silencieusement. Dino a encore une fois visé juste et c'est triste parce que dit comme ça Hibari a l'air désespérément amoureux de Tsuna. C'en est presque pathétique.
Pourtant, Hibari acquiesce silencieusement. C'est la simple vérité.
-Je t'aime Kyoya, lâche Dino et ça semble aussi désespéré que son amour pour Tsuna.
Mais les « je t'aime » n'ont jamais sauvés personne.
Hijime se souvient qu'il y a une époque où tout était si sombre dans sa vie qu'il ne se passait pas un jour où il se levait le matin en regrettant de respirer.
Miyuki était plus optimiste. A vrai dire, elle avait toujours été un rayon de soleil même après le décès de leurs parents.
En y repensant c'était marrant la façon dont les choses pouvaient si facilement virer au chaos. Il avait simplement fallu que Hanagawa senior meurt pour que l'anarchie règne sur leur quartier. Ce n'était pas comme si avant c'était réellement mieux mais l'espèce de paix qui régnait était imposée par les FIVE sous la direction d'Hanagawa senior.
Les choses avaient changé depuis. Tout changeait tout le temps, rien n'était constant et Hijime l'avait bien compris.
-Naoki, il faut partir, on va être en retard !cria Miyuki, sa grande sœur, à travers l'appartement.
Il acquiesça vaguement, face à son miroir puis passa une tonne de gel dans ses cheveux bruns avant de les plaquer en arrière.
Il serait en retard comme tous les jours.
Sa sœur partait toujours avec un groupe de filles de son âge. Naoki était connu alors il n'avait pas besoin de bénéficier d'autant de protection.
-Naoki !s'écria encore Miyuki.
-Part sans moi, on se retrouve au lycée, lui dit-il.
Miyuki râla avant de partir.
Sa sœur était tout un paradoxe. Elle était souriante, joyeuse et enjouée malgré tout ce qu'ils avaient pu traverser. Beaucoup disaient qu'elle était faible et quelque part, ils avaient raison.
Miyuki savait à peine se battre (elle avait un crochet du droit plutôt bon) et évitait le plus possible les conflits. Au moindre souci, elle fuyait et elle courrait très vite. Alors oui, Miyuki était faible.
Mais Naoki devait bien avouer que pour encaisser tout ça et continuer comme si la vie valait la peine d'être vécue, il fallait avoir une certaine force d'esprit.
Naoki avait de nombreuses fois laissé le désespoir prendre le dessus.
Le plus récemment c'est quand il a décidé que Sawada, alors un parfait inconnu, deviendrait le chef des Underwater's.
Sawada était puissant, bien plus que lui et surtout, il n'avait rien à perdre. Naoki avait naïvement cru en prenant la tête des Underwater's qu'ils représenteraient une certaine forme de liberté et une volonté de paix. C'est ce que lui avait fait juré l'ancien boss avant de se suicider. Beaucoup de personnes s'étaient suicidées depuis la mort d'Hanagawa, emportant dans leurs tombes les secrets de son assassinat. La mère de Jun en faisait partie, c'est comme ça qu'ils s'étaient rapprochés.
Mais les choses étaient bien plus complexes que tout ce que pouvait imaginer un gamin de 17 ans et très vite il avait dû faire des choix pour assurer la survie du gang.
Mettre Sawada en tant que boss était une idée complètement stupide et Jun n'avait cessé de le lui répéter, que ce soit par messages, à voix haute ou par des regards insistants. Mais Naoki n'avait pas céder. Ils avaient besoin d'une arme, de quelqu'un pour inverser la balance des forces. Leur force de frappe n'était pas nulle mais celle des FIVE grandissait toujours plus.
Et Sawada avait prouvé durant ces nuits qu'il pouvait faire beaucoup de dégâts.
Alors c'était sûrement une idée stupide et complètement suicidaire mais Naoki avait décidé de laisser son sort au hasard. Il n'y avait que ça qui pouvait le sauver de toutes façons.
Et peut-être que ça allait réellement les sauver ? Sawada semblait étonnamment savoir ce qu'il faisait et ses idées étaient claires et pertinentes. Etrange venant d'un lycéen comme lui.
Alors bien évidemment, Naoki avait fait des recherches. Il l'avait fait espionner.
Il en était ressorti deux choses. D'abord, ce type sortait littéralement de nulle part et ne semblait pas avoir existé avant. Ensuite, comme l'avait si bien fait remarquer Jun, Sawada semblait avoir une sorte de dédoublement de la personnalité ou quelque chose dans ce genre. Sa mère ne devait pas être au courant car elle agissait tout à fait normalement avec son fils.
Sawada cachait des choses, Naoki en était sûr mais étrangement, il lui faisait confiance.
Peut-être était-ce parce qu'il dégageait la même aura que sa sœur ? Cette sorte de chaleur rassurante dans laquelle on voulait se blottir et rester…
Naoki s'étira avant de décider de partir pour l'école. Son uniforme était mal mis, il avait perdu sa cravate et sa chemise n'était même pas repassée. Rien de plus normal pour un lycéen des quartiers est.
Quand il arriva en bas de son immeuble, Jun était déjà là avec deux canettes de café froid.
C'était un petit rituel qu'ils avaient entre eux, aller à l'école ensemble. Jun venait tous les jours le chercher devant chez lui depuis un peu plus de 3 ans. Il a toujours mis un point d'honneur à l'accompagner quand bien même il était encore au collège et Naoki venait d'entrer au lycée.
Jun était certainement l'un de ses hommes les plus fidèles.
Au fond, Naoki était flatté de le voir toujours aussi dévoué malgré le fait que Sawada soit devenu le boss.
Mais ce n'était pas étonnant après tout, Jun avait peur de Sawada.
-Boss, t'aurais dû voir hier, Sawada était super bizarre !lui dit-il.
Jun avait toujours avec lui une batte de baseball, souvenir d'un voyage aux Etats-Unis de sa mère. Il disait que ça lui portait chance.
Naoki ne croyait pas en la chance. Au hasard, mais pas en la chance.
-Il est toujours bizarre, dit Naoki.
Sawada pouvait passer du type extrêmement maladroit au psychopathe en un instant. Les menaces qu'il faisait relevaient plus du registre de l'avertissement ou de la promesse.
Naoki avait très vite compris avec Sawada qu'il ne fallait pas trop l'embêter. Jun ne semblait pas encore avoir tout à fait capté le truc.
En fait, ça l'énerve de voir un gars aussi faible être aussi fort
-Non mais là c'est totalement autre chose ! Il m'a expliqué d'où venaient ses flammes ! C'est complètement délirant !dit Jun.
Cette fois-ci Naoki fronça les sourcils, suspicieux.
-Comment ça ?
Jun commença alors à lui raconter ce que lui avait dit Sawada au sujet des flammes et de la volonté.
-Il l'a essayé sur moi aussi et puis finalement, je me suis endormi, c'est comme si… Toute mon énergie avait été vidée. Enfin, ce type est vraiment bizarre, boss tu devrais plus te méfier de Jun.
-Il t'as dit d'où il connait les Millefiore ?
-Il a juste dit qu'il avait bossé pour une famille alliée qui a eu affaire à eux, rien de plus.
-Sawada a bossé pour une famille mafieuse alliée aux Millefiore ?
-Ouais.
Même s'il faisait confiance à Sawada et qu'il savait qu'il avait des secrets, le fait qu'il ait travaillé ne le rassurait pas.
-Il t'as dit laquelle ? Les Millefiore n'ont que des alliés puissants, fit Naoki.
Jun haussa les épaules, sans surprise. Le monde de la mafia ne les regardait pas et même Naoki ne connaissait que quelques noms qu'il avait lus dans des vieux journaux de l'ancien boss.
Les Millefiore constituaient une famille mafieuse puissante et personne n'aimait se mettre à dos des mafieux. C'était aussi la raison pour laquelle peu de gangs traitaient avec eux, ils étaient beaucoup plus puissants et pouvaient tous les tuer si l'envie leur en prenait.
Les seuls qui avaient l'audace de traiter aussi ouvertement avec des mafieux étaient les FIVE.
Naoki avait du mal à se souvenir de si ce gang avait toujours été aussi audacieux ou si c'était seulement depuis que Makoto avait repris les commandes.
Beaucoup de choses avaient changées.
Les FIVE avaient commencé à prendre le contrôle de plusieurs quartiers et avaient ralliés à leur cause plusieurs gangs. Les Underwat's faisaient partie des résistants et avaient passés plusieurs accords qui leur accordait le droit de garder leur territoire.
Mais à quel prix.
Une sensation désagréable traversa Naoki en se rappelant ce qu'il avait dû faire pour que Hanagawa accepte sa proposition. Il haïssait ce type.
Malgré ce sacrifice et les accords signés, les FIVE asseyaient leur domination de manière évidente. Naoki savait pertinemment que ce n'était qu'une question de temps avant que leur quartier ne soit entièrement clamé par les FIVE. Alors ils faisaient profil bas. Ils baissaient les yeux et évitaient tout conflit avec eux.
Jun ne le supportait pas et Naoki en avait bien conscience, souvent Jun s'était battu et souvent il avait failli être tué mais Jun était juste un type avec beaucoup trop de fierté. Hanagawa disait qu'il aimait bien son regard.
Naoki avait eu le malheur d'être dans la classe d'Hanagawa l'année précédente. Maintenant il le croisait quelques fois aux détours d'un couloir.
Le lycée aussi avait changé. Naoki ne saurait dire s'il en était réellement heureux.
Comme une bonne partie des quartiers est, les FIVE avaient fait du lycée une partie de leur territoire. Ils séchaient les cours, se réunissaient entre eux dans des salles de clubs et n'hésitaient pas à faire convoquer des élèves pour les tabasser derrière le lycée.
Ils ne tuaient jamais, Hanagawa considérait que c'était des avertissements.
En dehors de ça, tous les élèves étaient obligés d'aller en cours et les différents gangs n'avaient pas le droit de se battre entre eux. Si un incident était créé, les principaux concernés étaient convoqués et tabassés derrière le lycée.
D'une certaine manière, une forme d'ordre régnait. C'était bien différent de l'époque où les gangs occupaient chacun une partie du lycée et se battaient quand ils avaient le malheur de se croiser.
Malgré ces « règles », les membres des FIVE étaient bien évidemment privilégiés et se permettaient parfois certaines choses sans jamais être punis.
Naoki s'inquiétait souvent pour sa sœur. Il savait que s'il lui arrivait quelque chose, il serait difficile pour lui de la défendre. La situation entre les FIVE et Underwater's était déjà tendue et la moindre altercation était capable de mettre le feu aux poudres.
Etrangement, Jun se tenait à carreaux. Il avait l'air de comprendre que ce n'était pas le moment de fanfaronner.
Tout ce qu'ils pouvaient faire était baisser les yeux et de se faire tout petit.
Au fond, il y avait de l'espoir, Tsuna était leur meilleure chance de faire changer les choses. Mais il était aussi la seule.
-Boss, je t'ai pas dit mais l'autre jour j'ai contacté mon cousin, dit Jun.
-Ton cousin ?
Jun acquiesça.
Maintenant qu'il y repensait, certaines personnes avaient déjà dit avoir vu rôder des types qui n'avaient pas les mêmes uniformes qu'eux. Naoki avait pensé que les FIVE avait recrutés des hommes d'autres villes.
-Il a une sorte de gang, ils sont forts. Surtout un type en particulier, continua Jun.
-Fort comme Sawada ?
Jun haussa les épaules.
-J'sais pas trop. Mais en tout cas, ils ont de l'argent des armes et d'autres trucs.
-Qu'est-ce que t'essayes de me dire Yuki ?
Jun s'arrêta de marcher.
Ils s'appelaient rarement par leurs prénoms même s'ils se considéraient assez proche pour le faire.
-J'en ai marre d'attendre Naoki. Il faut qu'on se batte contre les FIVE et qu'on les défonce, dit-il très sérieux.
Il serra le manche de sa batte avec force, on pouvait presque le voir trembler.
Naoki le fixa un instant puis soupira.
-C'est du suicide. On n'est pas assez puissant.
-Mais on a Sawada ! Et avec l'aide de-
-Yuki, on ne peut pas lancer une offensive maintenant. Ils contrôlent presque tout le monde et comme Sawada l'a dit, au mieux on réussi et on se mange tous leurs sbires au pire on échoue et on meurt. On ne peut pas faire ça maintenant.
-Mais on peut pas les laisser faire ! Tu sais pas à quel point j'ai la rage ! Hanagawa, les FIVE, ils doivent payer pour tout ce qu'ils nous ont fait ! Pour ce qu'ils t'ont fait ! Tu le laisses te narguer comme si ça n'avait aucune importance !
Naoki saisit Jun par le col.
-Arrête tes conneries. Je ne laisse personne me narguer comme tu dis et bien sûr qu'ils vont payer mais c'est pas le moment. On ne peut pas se permettre d'agir ainsi.
Jun le fixait, défiant ouvertement son regard noir.
-T'as peur c'est ça ?
La vérité c'est que Naoki ne peut même pas dire non. Il a surtout peur pour sa sœur et ce qu'il pourrait lui arriver s'il n'est plus là. Il n'a pas envie de resombrer dans ce désespoir et encore moins que sa sœur y goûte.
Alors il ne faut pas prendre de risque.
Mais la flamme de la vengeance qui brille dans les yeux de Jun lui donne presque envie d'être de son avis.
Il a envie de se battre et de leur faire payer mais il ne peut pas maintenant.
-On a beaucoup trop à perdre pour être aussi imprudents, soupira-t-il en le lâchant.
-J'ai rien à perdre. Ma mère est morte, mon père m'a abandonné, dit Jun.
-Et tes amis alors ?demande Naoki.
-On mourra tous ensemble pour ça, je pense qu'il n'y aura pas plus belle mort, sourit Jun.
Et son sourire semblait être sincère et heureux. Dénué d'une quelconque tristesse ou amertume.
Naoki trouva cela triste.
-J'sais pas toi mais j'en ai juste marre de vivre ici. Dans ces quartiers pourris jusqu'à la moelle où il n'y a juste aucun espoir de s'en sortir. Si y a bien un truc que j'envie aux bourges c'est d'être insouciants. On n'a pas ce luxe ici.
-Les choses vont changer quand on prendra le pouvoir Jun.
Le blond haussa les épaules l'air soudainement blasé.
-Je ne sais pas si j'ai envie de croire encore.
Il soupira puis continua à avancer. De toutes façons, c'était la seule chose qu'ils pouvaient faire, espérer et avancer.
Ils arrivèrent à l'école et se séparèrent pour aller dans leurs classes respectives.
La journée s'écoulait lentement, comme à son habitude. Naoki évitait soigneusement les FIVE, aidait les personnes de sa classe en difficulté et que le prof ne voulait pas aider, allait voir si Miyuki allait bien et réglait parfois des disputes entre certains membres de leur gang.
En somme, une journée normale.
La pause de midi arriva rapidement.
C'est Aki qui vint le réveiller pendant qu'il dormait sur sa table, pour aller manger sur le toit avec les autres membres du gang.
Jun y était avec deux autres garçons qui fumaient leurs cigarettes.
-Tadashi, je t'ai déjà dit d'arrêter de boire au lycée, ça ne sert à rien de venir en cours pour être ivre, soupira Naoki.
-Pardon boss.
-T'as plus à l'appeler boss, c'est le pyromane maintenant le boss !dit Aki.
Naoki lui lança un regard noir tandis que Jun éclatait de rire.
-C'est vrai en plus !s'exclama Tadashi.
Naoki s'assied en commençant à manger son bentô.
-D'ailleurs, tu nous as toujours pas expliqué pourquoi c'est lui notre nouveau boss, dit Aki.
-Il est largement plus fort que nous, vous le savez très bien, dit simplement Naoki.
-Pas faux. Mais il était chez des mafieux avant pas vrai ? Alors il a très bien pu se faire virer parce qu'il était trop faible non ?proposa Tadashi.
Jun gloussa.
-Comme c'est mignon…dit-il.
-Quoi ? Arrête de te moquer de moi Yuki !protesta Tadashi.
-Tu penses sincèrement qu'une famille mafieuse te « vire » quand t'es trop faible ?intervint Ryuji qui n'avait pas parlé jusqu'ici.
-Heu… oui ?
-Réfléchis Tadashi, ils te butent c'est tout. T'es plus utile, alors t'es mieux mort, expliqua Aki.
Naoki avait cru comprendre que dans les organisations mafieuses, le silence prévalait sur à peu près tout. Il valait mieux tuer quelqu'un que prendre le risque que les secrets de la famille soient dévoilés.
-Oh ! Alors Sawada a survécu c'est ça ?dit Tadashi.
-Comment ça ?fit Ryuji.
-Bah, s'il était vraiment membre d'une famille, c'est qu'il a dû s'enfuir et survivre pas vrai ? Sinon, ils l'auraient tué.
Il y eu un long silence durant lequel Jun et Naoki se fixèrent.
La réflexion de Tadashi avait au moins le mérité d'être pertinente. Soit Sawada avait fui la famille dans laquelle il était et avait survécu ou soit il n'avait jamais été mafieux.
-Alors Sawada n'aurait jamais eu affaire aux Millefiore ? Surtout s'il n'avait aucune famille…demanda Aki.
-C'est pas possible. A l'entrepôt il a dit…commença Jun avant de s'arrêter.
-Quoi ?fit Ryuji.
-Il a bluffé les Redevils en disant qu'on avait eu une proposition des Millefiore. Mais hier il m'a dit qu'il a fait partie d'une famille alors pourquoi m'avoir menti ?demanda Jun.
-Ou alors il a pas menti et il a survécu, dit Aki.
-Si il a été dans une famille qui a bossé avec les Millefiore, c'est forcément une famille puissante. Ils ne l'auraient pas laissé filer, objecta Naoki.
-Et si Sawada était encore chez sa famille et en infiltration chez nous ?proposa Ryuji.
-C'est absurde, j'ai déjà beaucoup de mal à croire que ce type ai pu être un mafieux alors en infiltration ici ? Et puis on n'est qu'un petit gang, qu'est-ce que nous voudrait une famille mafieuse ? S'ils veulent quelque chose, ils n'ont qu'à raser la ville en un clin d'œil, dit Jun.
Jun l'avait dit avec une telle décontraction que cela en fit presque peur. Malheureusement il ne faisait que dénoncer une réalité, leur ville n'était pas grande et face à une famille mafieuse ils étaient insignifiants.
-Peut-être que Sawada a vraiment fui et on l'a aidé à fuir. Ça me semble le plus logique, il débarque, personne ne le connait, il n'a que sa mère et aucune autre famille…dit Aki.
-Qui l'aurait aidé ? demanda Naoki.
Jun fronça les sourcils en croisant les bras sur son torse signe d'une réflexion intense.
-Peut-être les Millefiore ? Ou un organisme plus puissant ? A vrai dire, je vois pas vraiment qui aurait pu l'aider, dit-il.
-Je pense qu'il ment depuis le début. Sawada a jamais été mafieux. On parle bien du type fragile qui vit à l'ouest ! dit Ryuji.
-Mais pourquoi il m'aurait menti ?fit Jun.
-Et pourquoi il t'aurais pas menti ? On connait même pas ce type et comme tu nous l'as dit si souvent c'est juste un putain de pyromane psychopathe. Ça sert à rien d'essayer de comprendre, il t'as menti, c'est une menace pour nous. Je te trouve bien naïf d'avoir pu croire qu'un type aussi faible a été un jour mafieux, fit Ryuji.
-T'as pas vu ce dont il était capable, souffla Jun.
-Ta peur te fait voir des choses Jun. Nommer ce type boss était une idée complètement foireuse, rétorqua Ryuji en regardant Naoki dans les yeux.
Décidément, ils veulent tous me défier aujourd'hui ou quoi ?
-He, Ryuji, je t'interdis de remettre en cause les choix du boss.
-T'étais le premier à le faire pourtant.
Une certaine tension se mit à flotter dans l'air.
-Euh… Bon, admettons que Sawada ait fui. Pourquoi l'aurait-on protégé ? Qu'est-ce qu'il a de si important ?dit Aki.
-Ses flammes. Il nous a plusieurs fois dit qu'il ne pouvait pas nous dire d'où lui venait son pouvoir sous peine de mort, expliqua Naoki.
-Donc si j'ai bien compris, son « ancienne famille » voudrait le tuer parce qu'il pourrait donner le secret de ces flammes bizarres et quelqu'un l'aurait protégé pour ce même secret ? récapitula Aki.
Dit comme ça, ça semblait un peu tiré par les cheveux et compliqué, surtout quand on se souvenait que c'était de Sawada dont on parlait.
Naoki trouvait que c'était un garçon qui cachait extrêmement bien son jeu mais il pouvait toujours être choquant de le constater de ses propres yeux.
-Je persiste à dire qu'il ment depuis le début, objecta Ryuji.
-J'ai une idée ! Et si on lui proposait notre protection en échange qu'il nous explique le fonctionnement des flammes ?déclara Tadashi.
Jun sembla pâlir et Aki se perdit dans une profonde réflexion.
-On galère déjà face aux FIVE et tu crois qu'on pourrait s'opposer aux gens qui veulent sa peau ?dit Naoki.
-Bah si on maîtrise tous les flammes, on sera aussi fort que lui et on pourra leur botter les fesses !
Naoki aimerait être aussi naïf.
-Je ne pense pas que…
-Vous savez quoi ? Au pire on n'a qu'à lui demander !
Tadashi disait souvent des choses stupides et même si ce qu'il venait de dire semblait en faire partie, il fallait bien avouer qu'il n'avait pas tout à fait tort.
-Ouais excellente idée, comme ça il va nous brûler vif !ironisa Jun.
-Pourquoi tu dis ça, t'as peur Yuki ?sourit Naoki.
Jun lui présenta gentiment son majeur tandis que Naoki ne cessait de sourire.
Il fut décidé qu'ils iraient tous voir Sawada après les cours puis la discussion continua jusqu'à la fin de la pause.
Malgré toutes les interrogations qu'ils avaient eues, il y en avait bien une qui persistait dans son esprit : pourquoi Sawada avait-il fui ?
A la fin de la journée, Jun semble être le plus enthousiaste à l'idée de tirer les choses au clair avec Sawada.
-Avec un peu de chance on croisera l'autre connasse, je lui ai toujours pas réglé son compte à elle…dit-il.
-Tu parles de la fille qui t'as mis à terre avec un seul coup de pied ?raille Aki.
Jun lui lance un regard noir.
-Jun, ne me dit pas que tu parles de la copine de Makoto qui peut potentiellement te faire tuer ?dit Naoki.
Il aimerait que ne soit qu'un simple détail auquel il n'a pas réfléchi mais Jun est bien trop intelligent pour ça. Sa fierté souffre encore depuis cette fois-là et Naoki sait que la seule façon pour lui d'aller mieux est de venger cet affront.
Jun est une personne qui est fortement motivé par la colère et la vengeance. En dehors de ça, c'est un garçon triste.
Un peu comme lui. C''est d'ailleurs grâce à ça qu'ils se sont rapprochés.
-'Faut bien que quelqu'un la remette à sa place.
Naoki soupira en levant les yeux au ciel. Encore des problèmes inutiles.
Quand ils entrèrent dans les quartiers ouest, le décor se mit à changer. Les façades des maisons semblaient déjà plus neuves et propres.
Les regards des gens se faisaient inquiets ou suspicieux à leurs passages. Les gens chuchotaient et les femmes tenaient leurs enfants plus près d'eux.
« Ce sont les délinquants », « Les gens de l'est viennent encore chercher des problèmes », « Il ne faut pas rester ici, ces gens sont dangereux ».
Toutes ces remarques glissaient sur Naoki comme les gouttes de pluie glissaient sur le carreau d'une fenêtre. Il s'en fichait. Les gens de l'est avaient toujours eu mauvaise réputation et ce bien avant la mort d'Hanagawa senior.
Jun semblait être touché. Il serrait les poings, fronçait les sourcils et son regard semblait exprimer un savant mélange entre l'amertume et la colère.
-Ils sont pas comme nous Jun. On s'en fout de ce qu'ils disent, lui fit Aki.
-J'sais. J'aime pas qu'ils se croient mieux que nous, dit-il.
Naoki sait qu'au fond, Jun aimerait faire partie de ces personnes qui vivent à l'ouest dans l'insouciance et la sécurité. Ce qui lui fait le plus mal c'est de savoir que ces gens ne l'accepteront surement jamais, peu importe à quel point il essayera d'être comme eux.
C'est une vérité difficile mais que Naoki avait depuis longtemps accepté : les gens qui vivent dans les quartiers ouest sont de bien meilleures personnes qu'eux. Ils ont des rêves, des espoirs et la possibilité d'être des gens bien, qui suivent une morale et une éthique respectable.
Eux, à l'est, ils n'ont pas le luxe d'avoir ce choix. Il faut très tôt abandonner toute forme de morale si on veut survivre.
Et peut-être que survivre n'a aucun sens dans cet endroit. Ce lieu ou les enfants naissent fatigués par les adultes qui ont perdu toute forme d'espoir. Ce lieu où il faut tout faire pour survivre, et même se prostituer à 14 ans et-
-Boss ? T'es avec nous ?
Naoki sursaute au contact de la main de Tadashi sur son épaule. Ils sont devant le lycée et les élèves les fixent avec méfiance.
-Ça va ?répète Tadashi.
Naoki acquiesce en soupirant.
Si Dieu existait, il irait certainement en enfer pour tout ce qu'il avait fait. Le pire c'est qu'il avait juste essayé de survivre.
-Vous n'avez pas le droit d'être ici !s'exclama une des élèves.
-La ferme. On vient juste voir un pote, promis on s'casse après, dit Jun en s'avançant, l'air désinvolte vers le portail.
C'est ce moment que choisi Sawada pour sortir du bâtiment, l'air pensif, les yeux rivés sur son téléphone.
-He ! Sawada, enfoiré ! 'Va falloir que tu nous expliques deux, trois trucs, s'exclama Jun.
Naoki vit Sawada sursauter puis lever la tête vers eux, l'air étonné.
Il allait ouvrir la bouche pour dire quelque chose quand la copine de Makoto débarqua, accompagnée d'une autre fille, et se plaça devant Sawada de sorte à faire barrière de son corps entre elle et Jun qui était le plus proche de leur groupe.
-Vous n'avez pas le droit d'être ici et encore moins de lui parler. Dégagez, dit-elle, d'une voix ferme.
-Alors toi…commença Jun en sortant sa batte de baseball.
-T'en n'as pas eu assez l'autre fois c'est ça ? sourit-elle en se mettant en position de combat aussi.
Naoki soupira en tentant de retenir son sourire amusé. Jun semblait vraiment énervé mais d'un autre côté, c'était totalement mérité.
-Je ne pense pas que ce soit une bonne idée de se battre ici, souffla la fille qui accompagnait la copine de Makoto.
-On n'est pas ici pour se battre Jun. On a juste à parler à Sawada, dit Naoki.
-Je te crois pas. Vous voulez juste finir le boulot de l'autre fois pas vrai ? dit la fille.
-Crois-moi si j'avais pu, je l'aurais fait...marmonne Jun.
Aki ricane.
-Je vous laisserais pas le toucher.
-Mais on va rien lui faire donc dégage avant que je t'oblige à bouger !
-Tu vas rien faire.
-N'en soit pas si sûre.
La tension était palpable entre Jun et la fille aux cheveux courts.
-Pour une lunetteuse, elle en a de la répartie...souffla Tadashi.
-Mais pourquoi vous voulez le frapper ? Vous le connaissez même pas. Sawada, t'as fait quoi pour qu'ils t'en veuillent à ce point ? dit la seconde fille.
Jusqu'ici, Sawada qui avait été silencieux sembla s'animer.
-Ah heu...
Naoki se demanda ce qu'il allait dire. "Je tue des gens avec des flammes magiques et parfois je change se personnalité" ne semblait pas réellement adapté à la situation.
Le regard noisette de Sawada trouva le sien. Et soudain, Naoki compris qu'ils étaient vus par tout le monde, que ce soient les élèves du lycée ou les passants qui chuchotaient, l'air grave en les pointant du doigt.
Sawada pourrait obtenir une mauvaise réputation à cause de tout ça.
-On va pas le frapper on veut juste discuter, insista Jun.
-Mais oui bien sûr. Les gens de l'est on vous connait, vous savez pas discuter sans violence, dit la copine de Makoto.
-T'as oublié d'où tu viens ? répondit Jun.
La fille fronça les sourcils et ouvrit la bouche pour dire quelque chose quand un autre type sortit de nulle part intervint.
-Ce gars, je le reconnais, Sawada était partit avec lui l'autre jour.
Le regard de Sawada changea complètement. Il se fit plus dur l'espace d'un instant puis redevint aussi candide et naïf qu'il l'était avant.
-C'est vrai Tsuna ? s'exclama la fille.
Elle l'appelle par son prénom ? Je ne savais pas qu'ils étaient si proches
-Oui, ils aident parfois ma mère pour les courses ou le jardin, dit-il en souriant, l'air gêné.
Jun haussa un sourcil tandis que Ryuji lança un regard insistant à Naoki.
-Sérieusement ? dit l'autre fille suspicieuse.
-Oui, vous savez ma mère est parfois... un peu trop gentille donc elle a besoin qu'on l'aide ah ah...dit-il.
-C'est gonflé venant de toi, souligna la fille.
-Ah mais maintenant que j'y pense ! C'est vrai qu'il faut qu'on discute de la façon dont on doit s'organiser pour le barbecue qu'organise ma mère pas vrai Jun ? dit Sawada.
-Ce type est un putain de menteur...souffle Ryuji à Naoki qui hausse simplement les épaules.
Il n'a pas tout à fait tort... Mais j'aurais certainement fait pareil.
-Heu, oui, c'est pour ça que depuis tout à l'heure on veut que tu viennes ! dit Yuki avec un sourire crispé sur les lèvres.
Sawada avançait vers eux quand la copine de Makoto attrapa son bras.
-T'es sur ? lui dit-elle l'air inquiet et Naoki se demanda quelle était la nature de la relation que ces deux là avaient.
Sawada acquiesça avant de se diriger vers eux en trottinant.
Soudain, il trébucha et s'écroula bruyamment sur le sol.
Je rêve ou il a trébuché sur… Rien du tout ?
Quelques rires résonnèrent et Jun soupira avant de se diriger vers Sawada pour lui tendre la main.
Naoki avait la vague impression que Jun semblait avoir un peu moins de méfiance envers Sawada mais ce n'était peut-être qu'une impression après tout…
-J'arrive pas à croire que ce type puisse être aussi puissant, dit Tadashi.
Sawada rejoint leur petit groupe, arborant son air naïf habituel. Ryuji le toisait avec un certain mépris tandis qu'Aki essayait de se retenir de rire (il devait repenser à sa chute).
-Qu'est-ce que vous aviez à me dire ? demanda Sawada tandis qu'ils s'éloignaient de l'établissement.
-Pourquoi t'as menti quand tu m'as dit que t'avais eu à faire aux Millefiore ? lâcha Jun.
Naoki observa attentivement Sawada qui fronça les sourcils, son visage trahissant une certaine incompréhension.
-J'ai pas menti, répondit Sawada.
-Alors comment ça se fait que ton ancienne famille ne t'ait pas encore tué ? D'ailleurs, c'était quelle famille ? enchaina Ryuji.
-Je me suis juste très bien caché et t'as pas besoin de savoir qui c'était, moins on parle de ça, mieux c'est pour tout le monde.
Naoki percevait la menace cachée dans la phrase de Sawada. Si cela suffit à faire pâlir Jun, Ryuji lui continua de poser ses questions.
-Donc tu vas nous faire croire que t'es gentiment partit et qu'on t'as plus cherché c'est ça ? Moi je pense juste que t'es un putain de menteur et que t'essayes de profiter du boss.
Sawada soupira et Naoki remarqua que son regard avait changé. Il n'y avait pas cet éclat orange mais la froideur que ces yeux exprimaient n'avaient rien de rassurant.
-Crois ce que tu veux, je ne suis pas un menteur et j'ai encore le droit de garder ma vie privée pour moi. En plus, je vous rappelle que moi je vous ai rien demandé, c'est votre gang qui a besoin de moi, si t'as un problème avec ça, j'y peux rien j'ai pas demandé à être mêlé à vos histoires, dit-il.
Son ton de voix semblait presque agacé mais son visage exprimait une indifférence totale. Rien à voir avec le visage naïf d'avant.
-Ryuji, c'est bon, on a nos réponses non ? dit Aki qui semblait lui aussi sentir que quelque chose n'allait pas.
-J'ai pas fini. On t'as pas demandé non plus de tabasser tous les types qui avaient le malheur de te croiser dans la rue ! T'es un monstre, un pyromane alors pourquoi pas un menteur ? T'as jamais fait partie d'aucune famille, tu connais même pas les Millefiore, s'exclama Ryuji.
-Dit pas ça…souffla Jun et Naoki ne comprit pas pourquoi au début.
Ce fut clair quand il vit le regard de Sawada briller en orange.
Oh, merde
-Pense ce que tu veux, en attendant, tu es le seul à ne pas me croire, dit Sawada.
-Pourquoi tu es parti ?
Ce fut comme si Ryuji venait de frapper Sawada. Il s'arrêta brusquement de marcher, les poings serrés. Son regard se fit plus sombre et Naoki put percevoir de la tristesse.
-Je…
La douleur se sentait dans sa voix. Naoki se fit la réflexion que c'était la première fois qu'il le voyait comme ça.
-Les… Les enfants ils sont tous morts, souffla-t-il presque imperceptiblement.
-Hein ? De quoi tu parles Sawada, je t'entends même pas, dit Ryuji.
Tout se passa extrêmement vite.
Ryuji cria et l'instant d'après, Sawada le tenait par le cou, le regard orange planté dans les yeux de Ryuji, un sourire moqueur sur les lèvres.
Ryuji tentait de frapper Sawada qui le maintenait en place.
-Arrête de bouger ou je brûle tes cordes vocales et tu ne pourras plus jamais parler.
La peur irradiait de Ryuji qui s'exécuta, tremblant.
-Je peux comprendre que tu ais besoin d'en savoir plus sur moi mais s'il te plaît, arrête de me poser des questions aussi insistantes ou je te tuerais d'accord ? Je n'aime pas beaucoup quand on m'oblige à faire des choses que je ne veux pas faire, dit Sawada d'une voix si basse qu'un frisson de terreur traversa Naoki.
Ils savaient tous pertinemment que la vie de Ryuji dépendait actuellement du petit brun. S'il le voulait mort, personne ne pourrait rien faire pour s'opposer à lui.
Personne n'avait la force nécessaire pour s'opposer à lui.
-Tsuna, c'est bon, lâche-le, dit Jun.
Sa main serrait tellement fort sa batte que tout son bras en tremblait.
Sawada lança un regard en coin à Jun.
-Mais il a dit que j'étais un monstre, Yuki je suis pas un monstre.
Ce qui était en train de se dérouler sous leurs yeux était particulièrement étrange.
-Non, t'es pas un monstre.
-Alors je vais lui donner une bonne raison pour dire que j'en suis un pas vrai ?
Le sourire était horriblement sincère. Cela terrifia encore plus Naoki qui comprit qu'il n'avait aucun scrupule. Oh, bien sûr qu'il le savait avant, mais il n'avait pas tout à fait compris que c'était aussi valable pour les alliés.
Ryuji glapit de douleur, signe que Sawada avait resserré son étreinte sur son cou.
-Non ! Non, Tsuna, c'est pas nécessaire, t'es pas un monstre, t'as pas à faire ça. T'as pas à le tuer pour prouver quoi que ce soit ! s'exclama Jun qui paniquait clairement.
Et comme s'il avait prononcé les mots magiques, Sawada lâcha Ryuji qui s'écroula par terre en toussant.
Il y eu un long moment de silence durant lequel Sawada ferma les yeux, les poings serrés. Quand il les rouvrit, le regard orange avait disparu, son air naïf et candide était de retour.
Ils le fixaient tous, méfiants.
-Je… Je suis vraiment désolé, dit-il avant de s'enfuir en courant.
Jun poussa un long soupir en se passant la main sur le visage.
-Il est beaucoup trop instable…dit-il.
-Sans blagues ? fit Ryuji, la voix rauque.
Aki et Tadashi l'aidèrent à se relever.
-Naoki, j'espère vraiment que ce type va pas nous faire tous tuer, dit-il.
Naoki espérait sincèrement la même chose.
