Bonjour, j'espère que vous allez bien. Moi j'suis un peu fatiguée mais d'extrêmement bonne humeur donc je poste ce nouveau chapitre. Sachez que cette fanfic fait plus de 215 pages sur word. Je suis plutôt fière de moi et étonnée d'avoir pu produire quelque chose d'aussi long sans abandonner.

TW violences conjugales, violence, mention de viol, relation abusive

Bref, c'est pas un chapitre joyeux joyeux (c'est pas le pire vous l'aurez remarqué)

Je tiens vraiment à souligner le fait que comme cette fic aborde des sujets difficiles n'hésitez pas à vous arrêter de lire si c'est difficile pour vous vraiment.

Akane : j'espère ne pas te décevoir avec ce chapitre :)


Tomoko n'aime pas les vacances.

Quand les vacances arrivent, ça veut dire que Makoto va passer la majorité de son temps libre chez elle ou avec elle. Elle aime Makoto mais elle le craint peut-être encore plus.

Deux alternatives se présentent à elle.

Soit Makoto est de bonne humeur et les vacances sont parfaites, soit Makoto est de mauvaise humeur et les vacances vont très mal se passer.

Tomoko a rarement eu des vacances parfaites depuis la mort de Hanagawa senior.

Tout a commencé à déraper à ce moment-là.


Tomoko court dans les rues de son quartier.

Elle entend au loin les coups de feu, les cris, les bruits de lutte et elle prie pour que Makoto soit encore en vie, pour que personne ne soit blessé.

C'est complètement naïf et utopiste de croire ça. Ces gens, cet endroit… Rien de tout ça ne dure jamais. Tout ici a été construit dans la violence et le sang et fini indéniablement détruit de la même manière.

La seule chose à faire c'est espérer.

Quand elle arrive près de chez Makoto, elle accélère. Elle n'a jamais couru aussi vite et encore moins aussi longtemps. Elle ne sait pas à quoi s'attendre, elle n'a même pas d'arme, elle n'a rien. Juste, elle une gamine de 14 ans, avec sa volonté à toute épreuve.

-He, qu'est-ce que tu fous ici ? crie une voix dans son dos.

Tomoko se retourne pour faire face à un groupe d'hommes armés. Ils ne doivent pas être plus de 7, ils sont tous sales, certains semblent blessés. Tomoko reconnait certains uniformes du lycée.

Un des types a un tatouage sur le bras, c'est le kanji du chiffre cinq.

Ce sont des FIVE, des alliés.

Tomoko veut parler mais elle se rend compte qu'elle ne peut pas, elle est si essoufflée qu'elle n'arrive pas à aligner deux mots.

-C'est pas un endroit pour toi ! Rentre !lui dit l'homme au tatouage.

Et comme pour lui donner raison, des coups de feu retentissent au loin.

-Non ! Il faut que j'aille chercher Makoto ! dit-elle.

Quand les attaques ont commencé, elle était au collège et tous les élèves ont dû être barricadés. Makoto était resté chez lui parce qu'il devait faire un vaccin. Tomoko avait entendue de nombreux adultes parler entre eux, certains expliquant que les FIVE allaient aujourd'hui tomber.

La famille Hanagawa allait mourir.

Makoto allait mourir.

Alors Tomoko n'avait pas pu se résoudre à ça, elle devait sauver Makoto, son meilleur ami, le garçon timide, maladroit toujours en retard qui n'avait jamais souhaité de tout ça. Il allait mourir parce qu'il avait le malheur de se nommer Hanagawa.

Tomoko ne pouvait pas laisser faire ça.

Et c'est pour ça qu'elle se trouvait ici.

La maison des Hanagawas était dans son champs de vision. Malheureusement, il y avait déjà des voitures noires garées devant.

Tomoko sentit son cœur battre plus vite et accéléra. Les hommes derrière elles l'appelèrent mais elle ne s'arrêta pas.

Elle passa par derrière, escalada une barrière et se retrouva dans le jardin. Elle avisa une fenêtre ouverte à l'étage.

-C'est haut…souffla-t-elle.

Soudain, des coups de feu et des cris retentirent dans la maison. La baie vitrée qui donnait accès au jardin où elle se trouvait explosa, criblée de balle. Tomoko se jeta sur le sol, mettant ses mains sur sa tête pour se protéger.

Quand Tomoko releva la tête, elle put voir étendu sur le sol, le corps d'un homme en costume, criblé de balles. Le sang commençait à doucement s'étaler autour de lui.

Elle déglutit difficilement tandis que son cœur se mit à battre encore plus vite.

Son tour arriverait bientôt.

Elle entendit des voix provenant de l'intérieur. Elle devait faire vite.

Tomoko escalada la façade, à l'aide de la gouttière et d'une chaise de jardin puis arriva enfin à la fenêtre.

La pièce était celle de la chambre des parents de Makoto. Il y avait une porte entrouverte qui donnait sur le bureau. Tomoko pouvait entendre des voix provenant de cette pièce.

Encore un coup de feu. Puis, un cri, Tomoko reconnaissait parfaitement cette voix car c'était celle de Makoto. Il était encore en vie. Mais peut-être plus pour très longtemps.

Tomoko ouvrit la porte et se retrouva face à un spectacle glaçant.

Une immense tâche de sang décorait le mur du fond et quelques meubles autour. Makoto était assis par terre, les mains dans le dos, taché par le sang et sur le sol reposait le corps sans vie et défiguré de sa mère.

L'homme qui avait fait ça pointait son pistolet vers Makoto qui pleurait. Il portait un costume aussi, comme le type qui était mort dans le jardin. Il était de dos donc ne voyait pas Tomoko qui était complètement choquée par ce qu'elle voyait. La voix de Makoto la ramena à la réalité.

-Tomoko !cria son ami.

L'homme se retourna rapidement et tira mais Tomoko avait été plus vive. Elle évita une deuxième balle potentiellement mortelle avant de se jeter sur l'homme de toutes ses forces. Surpris, il bascula en arrière et lâcha l'arme.

Tomoko était désormais par terre, en train de se battre contre un homme beaucoup plus grand qu'elle tout en pataugeant dans le sang du cadavre de la mère de Makoto.

Là tout de suite, elle avait envie de pleurer. Son cœur battait à tout rompre et la peur qui coulait dans ses veines était en train de presque la paralyser. Pourtant, elle se battait.

Elle ne savait pas ce qui lui donna la force de tenir tête à cet homme qui lui envoyait ses poings et ses genoux sans aucune pitié. A chaque fois qu'il rampait vers son arme, Tomoko le mordait ou Makoto , avec ses pieds tentait d'écarter le pistolet.

Malheureusement, elle finit par indéniablement fatiguer. L'homme en profita pour lui assener un coup de poing puissant en pleine figure, cassant au passage ses lunettes, avant d'inverser leurs positions et de la maintenir sous lui, ses deux mains serrant son cou.

Tomoko gémit de douleur et tenta de le griffer au visage. Elle toucha son œil droit et l'homme cria.

-Petite salope !

Il attrapa ses longs cheveux et fracassa son crane sur le sol.

En faisant ça, son épaule heurta le bureau sous lequel ils avaient atterris. Les objets sur le bureau tombèrent autour de Tomoko qui se reçu un rouleau de scotch en plein nez.

La douleur la faisait pleurer en même temps que le manque d'air. Elle se débattait de plus en plus, entendant Makoto qui hurlait son nom. La panique la faisait gémir de douleur et de peur. Puis soudain, elle avisa du coin de l'œil un des objets tombés autour d'elle.

Un coupe-papier.

Sans réfléchir plus longtemps et animée par la force du désespoir, Tomoko s'en saisit du bout des doigts puis assena de toutes ses forces un coup précis et mortel dans la gorge de son ennemi.

L'effet fut immédiat, les mains qui enserraient son cou appuyèrent sur la blessure. Tomoko eut l'impression de revivre. Elle ne s'arrêta pas là et retira la lame pour l'enfoncer à un autre endroit. Le sang tachait les doigts de son adverse qui lâcha un râle étranglé.

Elle continua encore et encore, sans relâche, ignorant le sang qui tachait ses mains, son uniforme, le son de la lame qui s'enfonçait durement dans la peau, l'homme qui tentant difficilement de l'arrêter et qui finit par s'écrouler sur elle en crachant du sang et dans des gargouillis effrayants.

Tomoko repoussa le corps lourd et rampa jusqu'au mur à côté de Makoto, le corps tremblant, le souffle court.

Et enfin, elle regarda Makoto qui la fixait de ses grands yeux verts, emplis de larmes et de terreur.

-To… To-chan…souffla-t-il.

-T… Tout va bien. Je… Je suis venu te sauver Ma-kun, je voulais pas… Je voulais pas te laisser tout seul, dit-elle.

Elle a mal à la tête et chaque parcelle de son corps la fait souffrir, elle saigne du nez, l'odeur du sang a envahie la pièce et elle se retient de vomir, chaque seconde qui passe. Elle essaye très fort de ne pas penser au fait que quelques secondes plus tôt elle allait mourir et que le type reposait là aux côtés de la mère de Makoto sur le sol rouge.

Mais Makoto allait bien. Elle l'avait sauvé.

Makoto se mit à pleurer, encore et même si Tomoko savait que c'était un pleurnichard, elle le serra contre lui, en caressant doucement ses cheveux.

-Je suis avec toi Makoto, tout va bien… Tout va bien, dit-elle.

Rien ne va.

Makoto a sûrement vu sa famille se faire exterminer, il y a du sang partout, des hommes sont en train de se battre dans les rues de leur quartier.

Tomoko sait que rien ne sera jamais comme avant mais maintenant, elle s'en fiche. Elle tient Makoto fort contre elle, ils ne sont que tous les deux, seuls dans cette pièce. Ensemble.

Tout ce qui a suivi est assez flou pour elle.

Tomoko sait qu'elle a détaché Makoto, qu'il a vomi dans un coin de la pièce, qu'il a encore pleuré puis qu'un type en costume est rentré mais Tomoko lui a tiré dessus.

Après ça, plus rien.

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Quand elle revient à elle, sa mère est en train de la laver et l'horloge de sa salle de bain affiche 23h48.

Il fait nuit.

-Tu as été très courageuse tu sais, dit-elle.

-Il fallait sauver Makoto, répond Tomoko.

Sa mère caresse sa joue avec un sourire triste.

-Tu dis ça depuis tout à l'heure.

Tomoko ne se souvient même pas avoir parlé avant.

-Qu'est-ce qu'il s'est passé ?souffle-t-elle.

-Les alliés sont arrivés. Makoto est avec son oncle, tout va bien, il est en sécurité, explique sa mère d'une voix douce à laquelle Tomoko n'a pas l'habitude.

-Je veux le voir.

-Demain.

Le ton est sans appel et même plutôt sec. Tomoko ne dit rien et se laissa faire.

Sa mère avait rarement des élans maternels, ce qui ne faisait que confirmer le fait qu'aujourd'hui était une journée vraiment particulière.

Pourtant, tout semblait étrangement normal.

Tomoko était partie se coucher, et allongée dans son lit, elle décida d'envoyer un message à Makoto dans l'espoir qu'il lui réponde.

L'instant d'après, son ami l'appelait.

-Allô ?

-Putain, Tomoko ! Je suis si content d'entendre ta voix, t'étais devenue muette !

Etrangement, entendre Makoto lui parler avec son entrain habituel lui fit chaud au cœur.

Makoto n'était pas mort. Elle l'avait réellement sauvé.

Tout va bien.

-Tu vas bien ?demanda-t-il.

-Je sais pas. J'arrive pas à me souvenir de ce qu'il s'est passé après que…

Tomoko se figea. Elle n'arrivait pas à parler et à dire ce qu'elle voulait, c'était comme si tout son corps venait de se bloquer rien qu'à l'évocation de ce terme.

-Ouais, après ce type… C'est normal si t'as pas envie d'en parler. Mais en gros, mon oncle et d'autres de nos gars sont arrivés, dit Makoto.

Entendre sa voix sembla lui rendre l'usage de la parole car la sensation de blocage se dissipa.

« Nos gars » ? Makoto parlait toujours des FIVE comme « le groupe de mon père » ou « les FIVE ». Jamais il n'incluait une certaine appartenance dans sa façon de parler.

-Ils ont fini le boulot et puis ils ont réussi à trouver une partie de ceux qui ont orchestré tout ça. Ils ont discuté entre eux du sort qu'ils leurs réserve mais j'ai juste envie de les voir morts.

Encore une autre sensation. Cette fois, elle avait mal au ventre. Elle ne savait pas si c'était le fait de parler de la mort ou de tout ce qui entourait ce mot, ou si c'était entendre Makoto dire des choses qu'elle ne l'aurait jamais imaginer dire ?

Même si c'était compréhensible, après tout il avait vu ses parents mourir, Makoto n'était pas ce genre de personnes, qui réglaient les choses par la violence.

-To-chan, tu te rends compte ? Ils ont tué mes parents. On les laissera pas s'en tirer comme ça.

-Comment ça, on ?

-Je vais rentrer chez les FIVE.

Tomoko à envie de rire et de pleurer en même temps. Ces conneries de gang n'ont jamais été bénéfiques à personnes, ses parents en étaient même morts.

-Makoto ça sert à quoi que je te protège si tu mets ta vie en danger de cette manière ? T'as que 14 ans, tu peux pas faire ça !

Elle n'a pas envie de le voir mort. Elle n'a pas envie de le perdre, même si c'est le destin qui attend tous les enfants nés ici.

-T'auras plus besoin de me protéger To-chan. Je vais devenir fort, et puis, on se protègera tous ensemble tu sais ! Mon oncle m'a expliqué, le gang c'est comme une famille, comme les cinq doigts de la main ! Tous indispensables, tous inséparables.

-Tes parents sont…

Elle n'arrivait même pas à prononcer ce mot sans avoir mal au ventre et la sensation que l'odeur du sang est là, dans la pièce.

-Tes parents ne sont plus là à cause de ça et toi tu-

-Tomoko arrête de faire ça.

-Faire quoi ? Essayer de veiller sur toi ?

-Tu veilles pas sur moi, tu veux juste prouver que t'as toujours raison parce que tu veux montrer à tout le monde que t'es la plus forte et la plus géniale et la plus parfaite.

Elle a l'impression que ce n'est pas réel. L'espace d'une seconde, elle réalise brusquement que rien de tout ce qu'il se passe n'est normal et qu'elle va peut-être perdre Makoto même si elle l'a sauvé.

-Makoto y a aucun putain de rapport ! J'essaye juste de te dire que tu peux pas aller chez les FIVE, c'est pas pour toi les gangs tout ça ! C'est pas toi ! explose-t-elle.

-C'est pas vraiment comme si j'avais le choix de toutes façons. Mon père est mort, il faut que je dirige. Et tu vas m'aider, dit Makoto.

-C'est une blague j'espère ?

-Absolument pas. Mon oncle et les autres en discutaient tout à l'heure mais ils disaient que tu ferais un excellent bras droit.

-Je veux pas être dans ces trucs.

-Tomoko, je croyais te l'avoir dit ? T'as pas le choix.

Et cette fois, Tomoko vomit.

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.

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Les adultes discutent beaucoup. C'est quelque chose qu'ils font constamment, qu'ils soient d'accord ou non, les adultes passent leurs temps à discuter. Souvent, cela ne mène nulle part.

Tomoko voit, à travers l'ouverture de la porte de la cuisine dans laquelle elle se trouve, ses parents qui parlent avec l'oncle de Makoto et quelques membres importants des FIVE.

Comme Makoto le lui avait dit, ils veulent qu'elle devienne le bras droit de Makoto. Voire même, la cheffe, de manière non officielle bien sûr.

Son père s'y oppose fermement. Tomoko n'entend pas tout mais elle le voit s'agiter sur sa chaise et parfois parler vite. Sa mère semble beaucoup plus calme, elle a la main posée sur la cuisse de son mari mais Tomoko ne sait pas si c'est réellement utile.

-Alors ? Qu'est-ce qu'ils disent ?demande Makoto qui est avec elle, assis sur la table au milieu de la pièce.

Il semble agir normalement. Comme si une semaine plus tôt, ses parents n'avaient pas été tués face à lui.

-J'sais pas, ils parlent pas assez fort, répondit Tomoko.

Makoto avala quelques Pocky en balançant ses pieds.

-Ils vont te prendre, c'est sûr, dit-il.

-Mais j'ai pas envie ! Comment tu peux le dire aussi sereinement ? soupire Tomoko.

-J't'ai déjà dit que t'auras pas le choix. Ensuite, ça fait une semaine qu'ils me cassent les oreilles avec ce que t'as fait ce jour-là.

« Ce jour-là » désignait désormais le jour de la mort de ses parents. Makoto n'aimait pas en parler, Tomoko le comprenait alors sans se consulter, il fut décidé d'utiliser ce terme.

-A quel point « pour une gamine de 14 ans, c'est incroyable, elle devrait devenir tueuse à gage » bla bla bla.

-Je ne me rappelle même pas de tout ce que j'ai fait.

Tomoko se souvenait de l'homme et du coupe papier. Mais tout ce qu'il s'était passé ensuite n'était que des bribes de souvenirs dans son esprit. Elle n'avait pas envie de se souvenir.

-En vrai on s'en fout. Tout ce qui importe c'est que tu puisses le refaire.

Tomoko écarquilla les yeux en fixant Makoto qui continuait de manger tranquillement ses sucreries. Il parlait de lui faire revivre ce genre de situation, la violence et l'horreur qu'elle avait ressenti en se battant pour sa survie comme si de rien n'était. N'avait-il plus aucune considération pour elle ?

-Makoto, tu t'entends parler ? Je vais pas refaire ça, tuer des gens…

Elle essayait d'oublier le plus possible mais plus elle le voulait, plus les souvenirs s'ancraient dans son esprit.

-To-chan, il le faut. Ecoute, je vois bien que ça te plaît pas mais il faut que quelqu'un dirige les FIVE et ce quelqu'un ce sera moi. Je peux pas les diriger tout seul. Je suis pas comme toi, je suis pas assez fort, dit Makoto.

Il n'avait plus l'air aussi nonchalant qu'avant. Tomoko voyait dans ses yeux la peur et l'appréhension. Il avait aussi peur qu'elle.

-J'ai besoin de toi.

-Makoto, je peux pas.

-Tu ne veux pas. Je sais quand tu mens To-chan.

Tomoko soupira.

-C'est pas notre place.

-Ça peut le devenir ! To-chan, tu te rappelles quand j'ai commencé le taekwondo ce que tu m'as dit ? Tu m'as dit que c'était pour se défendre, pour protéger ! Tu m'as toujours protégé mais moi aussi je veux nous protéger ! Mon oncle m'a dit qu'une fois que je serais le boss, je pourrais changer les choses t'imagines ? On pourra enfin faire de notre quartier un endroit pour nous ! Le paradis dont on a toujours rêvé.

Makoto avait raison.

En refusant, Tomoko tentait vainement d'échapper au destin réservé à toutes les personnes qui habitaient dans ces quartiers. La délinquance, la drogue, la prostitution, la violence et la mort. Tomoko y faisait face depuis qu'elle était née mais elle avait toujours espéré qu'un jour, elle et ses amis s'en sortiraient.

Elle n'a même pas encore essayé qu'elle a déjà l'impression d'avoir échoué.

Makoto lui tendit sa main.

-On sera ensemble. Je te laisserais pas et tu me laisseras pas.

Tomoko sait que c'est une mauvaise idée. Elle sait que d'une certaine manière, rien ne sera plus jamais pareil. Son avenir est fichu, tous ses espoirs aussi. Elle ne saurait expliquer pourquoi mais au moment où elle décide qu'elle devra protéger Makoto, elle se sait condamnée.

Pourtant elle tait cette partie d'elle qui lui hurle qu'elle devrait courir jusqu'à ne plus pouvoir et écoute son cœur qui lui dit que s'ils sont ensemble, ils pourront s'en sortir. Que l'espoir peut naître dans les situations les plus difficiles.

Peut-être que Makoto peut effectivement changer les choses. Elle a envie d'y croire.

Alors elle saisit sa main et Makoto lui sourit.


Tomoko soupire en se regardant dans le miroir. Ses cheveux ont encore poussé.

Parfois elle repense à l'époque où ils étaient longs et à la manière dont elle les nattait. Avec Akira, elles aimaient se coiffer pareil.

Mais elle repense aussi au nombre de fois où Makoto l'a tiré et traînée par terre. Il fallait qu'elle les recoupe, le plus tôt serait le mieux.


-Vous êtes l'avenir de ce gang. Nous plaçons énormément d'espoir en vous deux c'est pour ça que vous allez devoir apprendre à vous battre.

Tomoko acquiesça doucement aux paroles de l'oncle de Makoto.

-Facile, on fait déjà du taekwondo, railla Makoto.

-Je doute que cela suffise.

Tomoko était du même avis. Cela n'empêcha pas Makoto de continuer à fanfaronner en commentant chaque explication que leur donnait l'adulte. Tomoko avait l'impression qu'il cherchait à masquer sa peur.

C'est ainsi que commença leur entraînement.

Tous les jours, ils devaient se battre, parfois l'un contre l'autre, d'autre fois contre des adultes, puis aller en cours et après les cours devoir assister à certaines réunions et juste avant de dîner, se battre encore.

Les deux premières semaines, Tomoko vomit plusieurs fois et fit quatre crises d'angoisses. Makoto ne réussissait jamais à finir le premier combat.

A la fin de la troisième, Tomoko arrivait à ne pas s'endormir en cours.

D'une certaine manière, elle arrivait à assimiler, durement mais sûrement ce qu'ils essayaient de leur faire comprendre. La douleur était devenue habituelle, la fatigue aussi et dormir pendant les cours l'aidait à récupérer un semblant d'énergie.

Leurs notes ont chuté drastiquement et si Makoto s'était résigné à abandonner l'école, Tomoko tentait malgré tout de rendre ses devoirs et de comprendre ses cours.

Cette situation était difficilement supportable et les parents de Tomoko l'avaient bien remarqué. Souvent sa mère lui demandait si elle voulait arrêter et qu'elle pouvait si elle le souhaitait retrouver une vie normale. Mais Tomoko ne pouvait pas abandonner Makoto.

Makoto était moins fort qu'elle, il avait toujours été faible. Tomoko ne sait plus quand elle s'est attribué la tâche de protéger Makoto à n'importe quel prix mais elle sait que dans un environnement comme le leur, certaines personnes étaient vouées à mourir. Makoto faisait partie de ces gens-là mais Tomoko avait toujours trouvé ça injuste.

Alors Tomoko aidait Makoto, elle soignait ses blessures quand il était beaucoup trop fatigué pour bouger, elle faisait ses devoirs pour tenter de maintenir le peu de moyenne générale qu'il lui restait, elle restait tous les jours avec lui.

Plus le temps passait, plus c'était difficile pour lui, Tomoko le savait mais Makoto tentait toujours de la rassurer avec un sourire. Jamais il n'admettrait qu'il avait eu tort.

Paradoxalement, ils étaient devenus encore plus proches qu'avant.

-To-chan, et si on séchait aujourd'hui ?

Tomoko regarde Makoto qui était assis à côté d'elle. Leurs épaules et leurs bras sont collés, tellement ils sont proches l'un de l'autre. Ils profitaient d'un des rares instant de paix qu'ils avaient avant l'entraînement du soir.

-On peut pas Makoto, soupire-t-elle.

Elle est si fatiguée qu'elle pose sa tête sur l'épaule de Makoto qui fait doucement passer ses cheveux derrière son oreille.

-Si on peut. On part juste vite fait, toi et moi et on revient demain. Ça te dit ?

Tomoko haussa les épaules même si elle savait qu'elle aurait dû dire non. Ils allaient avoir des problèmes mais à vrai dire elle s'en fichait un peu maintenant. Elle voulait juste rester avec Makoto jusqu'à a fin du monde.

-Ok, on y va, dit Makoto en se levant.

C'était comme s'il avait soudainement retrouvé toute son énergie.

Il prit la main de Tomoko et la tira à sa suite.

Les deux adolescents prirent le bus et quittèrent leur ville. Tomoko ne cessait de demander à Makoto où ils allaient mais celui-ci gardait le silence.

Ils finirent par arriver dans une zone d'entrepôts un peu à l'écart de la ville. Le soleil allait bientôt se coucher. Tomoko remarqua qu'en plus d'être seuls, ce lieu était l'endroit parfait pour une embuscade ou un règlement de compte. Si jamais il leur arrivait quelque chose, personne ne viendrait les aider.

-Ma-

-Ferme les yeux.

Tomoko fronça les sourcils.

-Qu'est-ce que tu-

-S'il te plaît fais le après promis juré je te laisse tranquille !

Elle soupira puis s'exécuta. La main de Makoro la guida encore un peu puis ils s'arrêtèrent complètement.

-Tu peux ouvrir les yeux.

Et Tomoko les ouvrit.

Le bâtiment était décoré par de nombreux luminaires et autres petites décorations qu'elle trouva tout simplement adorable. A l'intérieur, l'endroit avait été aménagé avec des meubles et d'autres lumières du même genre que celles de l'extérieur. Tomoko était tout simplement ébahie.

-Cet endroit, est pour toi, dit Makoto.

-C'est toi qui as fait tout ça ?s'exclama Tomoko.

-T'aurais aimé hein ? Non, c'était une des anciennes planques des traîtres. J'ai juste rajouté les petites lumières et nettoyé un peu, expliqua le garçon.

La pensée que cet endroit appartenait à des personnes mortes, qui avaient vécu des choses dans cet endroit l'effleura submergée par l'attention que Makoto lui avait porté. Tout ça, c'était pour elle. Une chaleur agréable se diffusa dans sa poitrine.

-Y a une chambre en haut si tu veux, lui indiqua Makoto en se dirigeant vers les escaliers.

L'étage dévoilait une seule pièce avec une immense baie vitrée qui donnait une vue magnifique sur le paysage. Le lit était au milieu de la pièce et il y avait aussi des luminaires dessus.

Tomko se jeta sur le matelas en criant de joie. Elle se roula dans les draps en riant comme une enfant et pendant un instant, elle eut l'impression que tout ça n'était qu'un rêve.

-Si un jour tu veux encore sécher, tu peux venir te cacher ici, sourit Makoto en la rejoignant dans le lit.

Tomoko lui assena un coup de poing dans l'épaule.

-On va pas sécher Ma-kun, je veux pas qu'on ai des problèmes, soupira Tomoko.

-J'ai pas dit qu'on allait sécher, j'ai dit que TU vas sécher, gémit Makoto en frottant douloureusement son bras.

-Je sèche pas si tu sèches pas idiot, sourit Tomoko.

Makoto caressa ses cheveux. Elle aimait quand il les lui brossait ou caressait avec douceur. Ça l'apaisait.

-Tu veux voir un truc génial ? Regarde par la fenêtre, dit Makoto en se relevant.

Tomoko fit de même et se retrouva assise sur le lit. Le soleil se couchait de l'autre côté de la vitre et le ciel prenait des couleurs orangées et rosées. Tomoko ne regardait pas les couchers de soleil d'habitude mais elle fut subjuguée par la beauté de celui-ci.

La main de Makoto vient trouver la sienne.

-Tomoko je… Je tiens beaucoup à toi.

Il rougissait et baissait les yeux ce que Tomoko trouva adorable. Makoto avait toujours été un garçon timide.

-Je veux pas te perdre.

-Moi non plus Ma-kun. C'est pour ça qu'on sera toujours ensemble, c'est ce que tu m'avais dit pas vrai ?

L'expression de Makoto se fait plus sombre.

-Je suis désolé.

-De quoi est-ce que tu parles ?

-Tomoko, je veux te protéger et pour ça on ne doit pas être ensemble.

Leurs mains s'écartèrent sans même que Tomoko ne s'en rende compte.

-Quoi ? Mais qu'est-ce que tu racontes ? Makoto, je suis la plus forte d'entre nous, c'est moi qui t'ai toujours protégé et-

-Je sais ! Mais ça devrait pas être comme ça ! C'est mon destin, toi t'as rien demandé, tu devrais même pas être impliquée là-dedans !

Tomoko se tut, choquée.

Makoto ne criait pas d'habitude et le voir admettre son tort l'impressionnait encore plus.

-Mon oncle m'a dit qu'on allait partir pour deux mois. Je veux que tu quittes le gang avant qu'on revienne.

-Makoto…

-Je veux pas gâcher ta vie. Je veux te protéger Tomoko et pour ça, il faut que je m'éloigne de toi. Je suis désolé.

Tomoko a envie de pleurer mais elle ne pleure pas, jamais. Elle se contente de soupirer puis de prendre Makoto dans ses bras.

-T'as intérêt à revenir vite idiot. Et à savoir te battre aussi. J'en ai marre de gagner à la bagarre.

Elle sent d'abord Makoto rire contre elle et bientôt, son rire se transforme en crise de larmes. Tomoko ne dit rien et continue de le tenir contre elle.

.

.

La vie suit malheureusement son cours. Quand Tomoko a dit à ses parents qu'elle voulait quitter le gang, très rapidement une réunion fut organisée et sa mère fit jouer ses meilleurs arguments pour que Tomoko puisse partir. L'un d'eux était qu'elle succédera sa mère dans ses affaires en tant que trafiquante d'arme. Tomoko ne sait pas si c'est un mensonge pour l'aider ou c'est ce qu'elle a réellement prévu pour elle.

A l'école, Tomoko se rapproche beaucoup de Fuyumi avec qui elle s'entraîne. Elles étaient déjà amies avant mais le départ de Makoto et ce qu'elle a vécu les rapproche singulièrement. Fuyumi est la première à la rassurer et à lui dire que ce qui lui est arrivé est horrible. Avant, tout le monde ne faisait que de parler de Makoto et de la manière dont elle l'avait protégé etc. Personne ne se souciait de sa santé ni des cauchemars qu'elle faisait ou du fait qu'elle avait perdu du poids.

Fuyumi était son seul soutient, la seule personne qui ne mentait pas quand elle lui disait qu'elle l'aimait.


On toqua à la porte et Tomoko sut que c'était Makoto.

Son cœur s'emballa, la peur saisissant doucement chaque partie de son être. Puis elle se reprit doucement en répétant son mantra habituel, composé de « tout va bien » et de « ce n'est que Makoto ».

Quand elle ouvrit la porte, Makoto lui souriait.

-Devine qui va pouvoir passer de supers vacances avec moi parce que j'ai réussi à finir TOUT le boulot qu'on m'avait donné ?s'exclama-t-il, enthousiaste.

Un sourire tendre s'étira doucement sur les lèvres de Tomoko. Quand Makoto était aussi enthousiaste et aussi heureux, ça lui rappelait le bon vieux temps.

-Hm, je me demande bien qui ça peut être…sourit Tomoko.

Makoto l'attrapa par la hanche et la tira contre lui avant de l'embrasser.

Tout allait bien.

-On va chez moi, il faut que je te montre le nouveau canapé que j'ai acheté.

Ce n'était pas une question mais ce n'était pas comme si Tomoko allait dire non. Pour une fois, elle se sentait réellement à l'aise.

Ils marchèrent paisiblement dans la rue en se tenant la main. Les banalités habituelles furent échangées avant qu'il ne remarque.

-Je rêve où tes cheveux ont poussés ?

-Heu, oui un peu. J'ai pas eu le temps d'aller les couper.

Il fit passer sa main dans ses cheveux. La sensation n'était plus aussi agréable qu'avant.

-Non, laisse-les pousser, ça te va beaucoup mieux.

-T'es marrant toi, tu sais pas à quel point c'est chiant de s'en occuper.

Elle espérait vainement que cet argument réussirait à le faire changer d'avis.

-Oui mais au moins tu ressembleras plus à un mec. T'es super moche comme ça tu sais.

Ce qui la blesse sur le moment ce ne sont même pas les propos de Makoto, ça elle a l'habitude. Le pire c'est d'avoir espéré, d'avoir cru que tout allait bien et que finalement, être avec Makoto avait quelque chose de rassurant et agréable.

Que le Makoto qu'elle avait connu avant ces deux mois était revenu.

Elle était naïve.

-To-chan, fait pas cette tête. S'il te plaît boude pas, tu sais bien que je veux pas être méchant mais si je te le dis pas, personne te le diras tu vois ? En plus t'es ma copine, c'est à moi de te dire ça. T'es bien plus jolie quand t'as les cheveux longs.

Tomoko sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle lâcha la main de Makoto.

Avant, elle ne se souciait pas de ses cheveux. Quand elle a commencé à être avec Makoto, elle a vite compris que c'était devenu une faiblesse.

Makoto lui tirait les cheveux tout le temps. Quand elle ne venait pas assez vite, quand elle essayait vainement de s'enfuir, quand il la forçait à coucher avec lui. Il lui disait qu'elle était sa chienne, que personne d'autre que lui ne voudrait jamais d'elle.

Ensuite il s'excusait et Tomoko le croyait.

Couper ses cheveux, ça avait été comme renoncer au peu de féminité qu'il lui restait. Elle ne se maquillait pas, elle ne portait pas de vêtements mignons et à la mode, elle ne mettait pas de vernis et avait très peu de bijoux, que Fuyumi lui avait offert, car c'était les seuls qu'elle acceptait. La seule fois où elle les avait mis, Makoto s'était mis en colère, jaloux qu'elle refuse à chaque fois ses cadeaux mais qu'elle accepte ceux de sa meilleure amie.

Même dans sa façon d'agir, il n'y avait rien de doux, Tomoko était très directive et franche. Elle ne s'écrasait pas et n'hésitait pas à s'opposer aux autres. La seule personne avec qui elle s'écrasait était Makoto.

Couper ses cheveux c'était le meilleur choix de sa vie. C'était discrètement s'opposer au contrôle que Makoto avait sur elle. C'était avoir un semblant de choix sur son apparence et qui elle avait envie d'être.

-Tu… Tu m'as dit que quand je suis jolie, j'attire le regard des autres sur moi, dit-elle doucement.

-Hm, c'est vrai mais j'ai envie que toi et moi on soit un peu un couple parfait tu vois ?

On n'est certainement pas un couple parfait.

-On… On est déjà parfaits Makoto, j'ai pas besoin d'avoir les cheveux longs pour ça quand même ?

Elle tente une voix qui se veut douce même si Makoto s'énerve pour rien.

Il poussa un long soupir.

-Putain Tomoko c'est quoi ton problème ? Tu veux jamais m'écouter et tu gâches toujours tout ! Je sais ce qui est bon pour toi pourquoi tu veux jamais me faire confiance ?

Tomoko baisse la tête en rentrant le cou dans ses épaules. Elle avait envie de disparaître.

Elle détestait quand Makoto criait parce que ça précédait toujours la violence et les coups.

-Je te fais confiance Makoto…

Il la saisit par le bras et la rapprocha près de lui.

Ses doigts s'enfonçaient dans sa peau. La colère se lisait dans ses yeux verts et elle le sentait frémir.

Il va encore me frapper

-Répond et n'essaye surtout pas de mentir. Tu me trompes c'est ça ?

-Non ! Bien sûr que non Makoto je te ferais jamais ça !

Elle aurait aimé que ce soit faux, vraiment. Mais Tomoko avait fini par comprendre que la seule personne capable d'aimer aussi fort quelqu'un comme elle, était Makoto.

Il la fixa encore silencieusement, scrutant chaque détails qui pourrait lui prouver qu'elle ment.

Il ne trouva rien, comme d'habitude, puis il la lâcha.

Tomoko frotta douloureusement son bras puis tenta de se calmer.

Tout va bien. Ça aurait pu être bien pire.

Makoto semble gêné. Il garde le silence et évite le regard de Tomoko, comme s'il était honteux.

-Désolé.

Et même si Tomoko ne le croit pas, même si elle a envie de lui hurler à quel point il lui fait du mal, elle garde le silence.

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.

.

.

C'était officiellement les vacances mais Tsuna n'arrivait pas à se détendre.

Depuis que Hibari était en ville, il le suivait ou du moins le faisait suivre, tout le temps. Et Tsuna le sentait. C'était extrêmement stressant pour lui.

Il tentait de toujours plus calmer les pulsions en lui et de ne pas attaquer Hibari. L'appréhension et la peur avaient presque disparues depuis une semaine qu'il était là. Tsuna savait qu'il n'allait pas le dénoncer aux Vongola mais il restait encore sur ses gardes.

Il n'arrivait vraiment pas à comprendre pourquoi il était venu ici. Hibari ne lui parlait pas, la seule altercation qu'ils avaient eu remontait au jour de la réunion mais à part ça, rien du tout. Pourtant Tsuna savait qu'il le suivait.

Il n'arrivait pas à comprendre, ça lui faisait peur et ça lui donnait encore plus envie d'éclater son crane contre le sol.

Tsuna secoua la tête en soupirant.

-Sawada qu'est-ce qu'il t'arrive ? fit Hijime.

L'attaque allait avoir lieu dans deux jours. Il fut décidé que ce serait le moment propice pour lancer l'offensive sur les FIVE.

Entre temps Hijime et Jun s'étaient violemment disputés et Tsuna avait dû les séparer.

Hijime avait peut-être raison au sujet de cette attaque mais Tsuna avait déjà donné son accord et même s'il ne voulait pas l'admettre, il avait envie de se défouler un peu.

-Il est bizarre. Il a pas viré psychopathe depuis une semaine, on dirait presque qu'il est normal, commenta Jun.

-Je suis normal, objecta Tsuna.

-Bah oui c'est sûr, rappelle-moi c'est quoi ton hobby déjà ? Ah oui, brûler vif des types après les cours, ironisa Jun.

-Yuki, arrête ça, c'est pas drôle, dit Hijime.

-Moi ça me fait rire, donc c'est drôle.

Tsuna avait fini par s'habituer à l'étrange duo que les deux formaient.

-Le type qui regardait mal, j'suis sûr qu'il est hyper fort. C'est pour ça que t'as peur de lui pas vrai Sawada ?

-Tu parles de Hibari ?

-Ouais, ou je sais pas son nom. Depuis qu'il est là tu t'es calmé et à la réunion il arrêtait pas de te regarder.

-Comment tu connais son nom ?

Tsuna avait malheureusement tendance à oublier que Hijime était bien plus attentif que Jun.

-Il a été dit à un moment.

Hijime le fixa dubitatif mais ne releva pas.

-Et hum, où est-ce qu'on va ?demanda Tsuna pour changer de sujet.

-On va voir quelqu'un qui va nous désactiver les caméras en ville et bloquer les appels vers le poste de police, expliqua Hijime.

-Il y a quelqu'un qui s'y connait dans le gang ? Et pourquoi on est pas dans les quartiers est ?questionna encore Tsuna.

-Parce que le type est un des sales bourges de l'ouest, répondit Jun.

Le type en question s'avéra être Hayashi, qu'ils rencontrèrent dans un des parcs de la ville.

Il était assis sur un banc, les yeux rivés sur son téléphone, avec sa capuche sur la tête. Tsuna ne le reconnut que quand il leva la tête vers eux.

-Sawada ? Qu'est-ce que tu fiches avec eux ?dit-il quand ils furent à son niveau.

-T'as pas besoin de le savoir. T'as ce qu'il nous faut ?coupa Jun.

-Heu, à ce propos, ce que vous m'avez demandé risque d'être un peu compliqué…

-Et ?

-Ça vaut un peu plus que le prix habituel.

Tsuna vit Jun serrer le poing si fort que ses veines semblaient ressortir.

-C'est pour ça que je hais les types comme toi, si on n'avait pas besoin-

-Yuki laisse tomber. T'as besoin de combien ?

Un silence plana sur les trois garçons et Tsuna qui jusqu'ici ne comprenait pas grand-chose sembla assembler les différentes pièces du puzzle.

-Le double, lâcha Hayashi.

Jun le saisit par le col et le secoua.

-Je vais te frapper un peu ça va te remettre les idées en place, siffla dangereusement Jun.

-Mon père est chef de la police, tu crois vraiment que c'est aussi facile ?dit Hayashi.

-J'en ai rien à foutre ! Tu veux juste de faire de l'argent sur notre dos alors viens pas-

-Jun !coupa Hijime.

-Hijime laisse-moi juste…

Tsuna vit autour d'eux les enfants qui jouaient pleurer dans les bras de leurs mamans qui les fixaient d'un air inquiet. Ils attiraient l'attention sur eux.

-Yuki, arrête, dit Tsuna en le saisissant par le bras.

Jun lâcha immédiatement Hayashi qui remit sa capuche sur sa tête.

-Jun, tu viens avec moi on va chercher le reste. Sawada, reste avec Hayashi, s'il tente un truc occupe-toi de lui, dit Hijime.

-Ouais, comme tu sais si bien le faire.

Hijime donna un coup de poing dans le bras de Jun qui grogna avant de partir.

Tsuna se retrouva seul, avec Hayashi.

-Si on m'avait dit que tu traînerais avec ces sales types…soupira-t-il.

-C'est une longue histoire. Mais j'aurais jamais cru que toi…

-J'essaye de me faire un peu d'argent. Crois-moi, c'est pas parce que je vis à l'ouest que l'herbe est plus verte ici. Ces idiots de l'est ont tendance à l'oublier.

Un silence étrange les enveloppa. Tsuna n'était pas spécialement proche d'Hayashi mais ça lui faisait tout de même bizarre de le voir marchander avec des membres d'un gang. Il se demanda si Akira et Tomoko étaient au courant.

-Tu travailles pour les Underwat's alors ?

-Pas spécialement. Je travaille pour le plus offrant. Des fois les FIVE, les Redevils…

-Tu dois en savoir beaucoup alors.

-Heu, ouais… Pourquoi tu me dis tout ça Sawada ?

Tsuna haussa simplement les épaules.

-Comme ça. J'ai juste envie d'en savoir plus sur cette ville et ses habitants.

C'était vrai. A la veille de leur première bataille, Tsuna avait cette désagréable impression d'être plongé dans un conflit qui ne le concerne pas et dont il ne connait pas tous les tenants et aboutissants.

Hayashi devait certainement en savoir plus que lui.

-J'accepte de te parler si tu réponds à mes questions après, déclara Hayashi.

-D'accord. Dis-moi tout ce que tu sais sur les FIVE et la ville.

-D'aussi loin que je m'en souvienne, la ville a toujours été séparée en deux. Il y avait ceux de l'est et ceux de l'ouest. Il y avait déjà des gangs mais les FIVE n'avaient pas la superbe qu'ils ont aujourd'hui. Hanagawa Satoshi, le père de Makoto, était le boss et tout allait plus ou moins pour le mieux. Et puis il y a eu une tentative de rébellion, certains gangs ont voulu détruire les FIVE et ils ont attaqués le QG principale et la maison des Hanagawa. La mère de Makoto est morte, le père aussi et Makoto s'est retrouvé seul.

Les commanditaires ont été retrouvés, les traîtres aussi et une chasse aux sorcières a eu lieu. Makoto était devenu le chef des FIVE et il voulait simplement venger ses parents. La mère de Yuki, elle faisait partie des traîtres et pour ne pas mêler le reste de sa famille à tout ça, elle s'est suicidée.

Tout ça s'est passé il y a peut-être 3 ans et demi, voir un peu plus, expliqua Hayashi.

Tsuna ne put qu'admettre étrangement que d'une certaine manière, comme lui Makoto n'avait pas eu le choix. Quant à Yuki, il ressentit une certaine compassion à son égard. Il jouait aux durs à cuire mais avait lui aussi vécu des choses difficiles. Comme tous les adolescents qui composaient leur groupe finalement. Tsuna avait longtemps pensé être le seul à être casser alors que finalement non.

Quelque part ça le rassurait.

-Il y a toujours eu une sorte d'équilibre bizarre qui fonctionnait plutôt bien. Peu importe à quel point vous détestez Makoto, il arrive à faire régner un certain ordre. Ce que vous allez faire, ça va briser cet ordre. Il y aura des morts, crois-moi et je sais pas si vous êtes prêts pour ce qui va suivre.

-On le verra bien quand on y sera.

-Sawada, j'suis sérieux. Si tu peux t'enfuir, fuis, mais ne reste pas avec ces imbéciles. Tu mérites pas de mourir.

Tsuna n'était pas confiant mais ça ne voulait pas dire qu'il pensait qu'il allait mourir.

Il n'était plus faible et il y aurait Hibari et ses hommes avec eux.

-Ils méritent pas non plus de mourir, objecta Tsuna.

-Tu ne connais pas ces types. Crois-moi, les gens de l'ouest sont tous plus pourris les uns que les autres. Le jour où ils n'auront plus besoin de toi, ils te jetteront sous le bus. C'est triste à dire mais ils sont dans un environnement qui les faits agir comme ça alors ils sont tous perdus, dit Hayashi.

-Hayashi, tu ne me connais pas non plus. Crois-moi, je mérite bien plus de mourir à cause de mes actes qu'eux tous réunis.

Un silence suivit ses paroles.

Tsuna se rendit tout à coup compte que ce qu'il venait de dire était très inquiétant. Pourtant Hayashi garda le silence malgré l'incompréhension qui se lisait sur son visage.

-Fuyumi avait raison, t'es vraiment un type bizarre, déclara-t-il au bout d'un moment.

Tsuna soupira en essayant de retenir le sourire qui s'étirait sur ses lèvres. Il commençait à avoir l'habitude.