Ouais ça fait longtemps mais hey, je reviens avec un nouveau chapitre, pas longtemps avant Noël en plus ! Elle est pas belle la vie ?:)
Bref, j'espère que vous allez l'apprécier, j'ai mis du temps à l'écrire et j'ai eu du mal aussi lol
Contrairement à ce que beaucoup pensent, Yamamoto Takeshi n'est pas un garçon gentil.
Oui, il sourit avec cet air sympathique et avenant, oui, il est particulièrement gentil et serviable, il exhale un certain charisme et une confiance qui met ses interlocuteurs à l'aise. Mais Yamamoto a appris à jouer de cette image et il sait l'utiliser à son avantage.
Il n'est pas stupide, contrairement à ce que Gokudera aime dire. Il est d'ailleurs au courant de bien des choses ; que ce soient des rumeurs que lui transmettent les femmes de ménage ou des confessions durant les soirées arrosées, Yamamoto arrivait toujours à être au courant des évènements plus ou moins secrets dans la famille Vongola.
Par exemple, il sait que Squalo et Xanxus sortent ensemble. Même si ça dépend des jours, ces deux-là se disputent très souvent. Une ou deux fois par semaine, Squalo vient le trouver le soir et ils discutent. Enfin, Squalo se plaint de Xanxus et lui conte ses déboires amoureux, il fut un temps où il est d'ailleurs sorti avec Dino. Le monde de la mafia est encore plus petit que ce que Yamamoto pensait.
Il sait aussi que Chrome et Gokudera sont très proches. Même si ça le dérange, Yamamoto ne dit rien. Gokudera et lui ne se parlent plus tellement depuis le départ de Tsuna : c'est comme s'ils avaient réussis à être amis uniquement grâce à Tsuna qui était la « colle » de leur trio. Peut-être que finalement, Gokudera ne l'avait jamais réellement apprécié ?
Yamamoto aimerait que Gokudera et lui soient plus que des amis. Il aimerait pouvoir l'embrasser, pouvoir lui dire qu'il l'aime et le protéger de ce monde aussi impitoyable qu'est celui de la mafia, de la même façon qu'il a essayé de le protéger.
Yamamoto aimerait beaucoup de choses mais il sait qu'il ne pourra jamais les avoir.
Et c'est ce qui est le plus frustrant : après avoir passé autant de temps à peaufiner ses techniques, à observer les gens et à être attentif aux détails, il avait fini par trouver une méthode pour obtenir absolument tout ce qu'il voulait.
C'est beaucoup plus simple qu'il n'y parait, Yamamoto a compris que les gens aimaient les services. S'il peut arriver à leur rendre service, en échange ces personnes feraient n'importe quoi pour lui. C'est un simple échange de bons procédés.
Apparemment Gokudera ne fonctionne pas comme ça.
Il soupira en passant la main dans ses cheveux.
Il était fatigué. Les missions en ce moment étaient de plus en plus délicates et leurs alliances se rompaient les unes après les autres à cause de la gestion foireuse qu'avait Xanxus. Yamamoto soupçonnait d'ailleurs que celui-ci avait un but précis en créant ces mésententes, il n'a pas encore eu l'occasion de le prouver.
Dans son bureau, où il passait le plus clair de son temps, reposait sur une étagère une photo du trio qu'ils avaient jadis formés avec Tsuna et Gokudera.
C'était le jour de son anniversaire, ils étaient allés aux Etats-Unis pour voir un match de baseball (merci les Vongola et l'argent magique).
Ça avait été une magnifique journée. Yamamoto n'a plus été aussi heureux depuis. Il a complètement oublié le baseball d'ailleurs, il n'a pas utilisé sa batte depuis la fin du collège.
Gokudera le lui avait dit un jour d'ailleurs : « La mafia te prend tout et aspire doucement et violemment chaque parcelle de ton être ». Il n'y avait pas cru au début, ce n'était qu'un simple jeu.
Et même quand ce n'en n'était plus un, pour Yamamoto du moment qu'ils restaient tous ensemble, tout irait bien.
Il avait été naïf.
Yamamoto soupira encore et décida qu'il en avait assez de ressasser les souvenirs douloureux du passé. Il desserra sa cravate et alla se servir un verre de scotch dans le mini bar.
Il savait que boire ne lui apportait rien. Il savait aussi que c'était devenu une habitude incontrôlable et particulièrement nocive pour lui. Mais tout le monde avait son « petit truc » pour tenir. Avant c'était Tsuna, maintenant il fallait remplacer.
On toqua à la porte avant d'entrer.
Chrome était l'une des seules autorisées à faire ça. Une des rares personnes de confiance avec qui Yamamoto ne feignait pas une bonne humeur factice et des rires faux.
Il la jalousait autant qu'il l'appréciait. Chrome, avec Mukuro faisaient partis des seuls qui ne semblaient pas réellement avoir été impactés par le départ de Tsuna. Chrome avait encore cette croyance stupide qu'elle transmettait à Lambo pour qu'il arrête de pleurer.
Elle disait toujours qu'il allait revenir.
Yamamoto a arrêté d'espérer. La tristesse a laissé place à la colère, la colère à l'incompréhension, l'incompréhension à la rancœur et la rancœur à l'indifférence. Tsuna était mort pour lui et il lui en voudrait éternellement pour avoir fait aussi mal à Gokudera mais trois ans étaient passés. Espérer ne le ferait pas revenir, comme être son ami et le soutenir n'a pas empêcher sa tentative de suicide. Tsuna était finalement comme il l'avait toujours été dès l'enfance, ce type bizarre qui restait dans son coin et qu'on n'arrivait pas à comprendre.
-Bonsoir Chrome, sourit Yamamoto.
-Gokudera ne va vraiment pas bien, déclara-t-elle.
Yamamoto la fixa silencieusement tandis que son sourire disparaissait lentement. C'était toujours la même chose.
Gokudera avait toujours eu des attitudes dangereuses que ce soit envers lui-même ou les autres. Yamamoto le savait parce que dans la famiglia, tout le monde parle. Gokudera était ce gamin des rues qui n'avait aucune fierté et qui avait réalisé les pires choses juste pour qu'on lui laisse sa chance et qu'on l'accepte. Tsuna avait été le seul à l'avoir accepté. Même s'il s'est longtemps battu pour que Xanxus ne reprenne pas la famiglia et pour continuer les recherches de Tsuna, il n'a jamais pu réellement accepter son départ et passer à autre chose.
Alors Gokudera est agressif, parfois (souvent) ingérable.
Une fois, Gokudera s'est vraiment mis en colère et a tenté de tuer Xanxus. Yamamoto a fait jouer un nombre incalculable de relations, s'est excusé une bonne centaine de fois, a supplié Xanxus pour qu'il ne tue pas Gokudera. Il ne saura jamais pourquoi il l'a pardonné mais le nouveau boss a bien appuyé sur le fait que la prochaine fois, il tuerait Gokudera.
C'est ainsi que Yamamoto a été désigné comme « protecteur en chef » du gardien de la tempête.
Gardien de la tempête qui ne voulait plus lui parler depuis un bon moment.
-Chrome…soupira Yamamoto.
-Je sais que tu t'en fiches mais… Je sais pas qui d'autre pourrait l'aider, dit-elle.
Yamamoto aimerait réellement ne pas se soucier de tout ce qui concernait Gokudera. Il aimerait sincèrement passer à autre chose et décider d'arrêter de tenter de le sauver à chaque fois qu'il faisait une bêtise. Mais il ne voulait pas le perdre, pas comme ils ont perdus Tsuna.
« C'est parce que t'es beaucoup trop gentil que tu te retrouves dans la merde. Idiot. » lui aurait sûrement dit Squalo. Et il aurait eu raison.
Il soupira en buvant une gorgée de son verre.
-C'est la quatrième fois.
-Je sais. Je suis désolée, je ne sais vraiment pas quoi faire.
Il ne pouvait pas dire non à Chrome. Chrome était étrangement si pure et si gentille que personne ne lui refusait jamais rien. Parfois il se demandait quelle était la nature de son lien avec Mukuro qui était si différent d'elle.
-J'arrive, soupira Yamamoto.
Chrome avait beau être aussi bienveillante que n'importe qu'elle saint, elle ne pouvait pas gérer Gokudera. Elle ne savait pas comment faire. Yamamoto, lui, si.
Il s'était longtemps demandé si Gokudera aimait Tsuna.
Ils étaient très proches avants. Tsuna et Gokudera passaient leurs temps à être collés ensembles. Tsuna n'hésitait pas à le toucher, initier un câlin ou le féliciter en lui sautant dans les bras. Plus le temps passait et plus il avait fini par comprendre que Tsuna était particulièrement tactile avec les gens qu'il appréciait. Mais avec Gokudera c'était spécial et Yamamoto l'avait remarqué. Il lui touchait la main pour le calmer, il n'hésitait pas à chuchoter des choses dans le creux de ses oreilles et parfois il replaçait une mèche rebelle.
Gokudera ne le repoussait jamais. Il semblait même apprécier ces gestes.
Et Yamamoto ça le tuait de l'admettre mais ça l'avait rendu jaloux.
Gokudera n'acceptait même pas qu'il le touche alors pourquoi Tsuna ? Tsuna avait Reborn, Tsuna n'avait qu'à faire un sourire et le monde se plierait en quatre pour lui.
Il arriva en face de la chambre de Gokudera et soupira.
Ils s'étaient tous les deux éloignés mais Yamamoto serait toujours là pour lui.
Il ouvrit la porte et la referma doucement derrière lui.
La chambre de Gokudera était à son image, chaotique. Il y avait des feuilles de G code ou d'autres calculs compliqués éparpillés un peu partout dans la pièce, des stylo décapuchonnés, des post-it collés sur les murs et les tables pour ne pas oublier certains détails et des piles de bouquins en équilibres à même le sol ou sur des coins de tables encore libre.
Ça sentait le tabac froid et le café. Mais Yamamoto avait fini par s'habituer à cette odeur, c'était celle de Gokudera. Il y avait quelque chose de rassurant dans cette fragrance.
Il entendit du bruit venant des toilettes. Il y trouva Gokudera penché au-dessus de la cuvette.
Il n'aimait pas le voir comme ça. Il aimerait retourner à cette époque si lointaine où tout était beaucoup plus simple. La réalité de la mafia les a rattrapés mais Yamamoto se demande si Gokudera en avait juste toujours eu conscience.
Heureux sont les ignorants.
Quand Gokudera leva la tête vers lui, un faible sourire se dessina sur ses lèvres.
-J'ai ouvert une bouteille, j'aurais dû t'appeler, mince alors, souffla-t-il, la voix rauque.
Yamamoto n'apprécia pas vraiment la blague.
Tout le monde savait plus ou moins qu'il était alcoolique. Avant, c'était lui qui se retrouvait tous les soirs de fêtes ou de dîners importants la tête dans la cuvette. Et Gokudera lui tendait toujours une serviette humide pour s'essuyer. Il savait toujours quoi faire.
Mais ce n'était plus pareil. Il savait se contrôler maintenant et même s'il lui arrivait de se retrouver la tête dans la cuvette, il évitait de le faire en public. Son image avait une importance.
-Pourquoi tu fais toujours ça ? Tu veux mourir ou tu cherches juste mon attention ? soupira Yamamoto qui lui tendit une serviette humide pour s'essuyer.
Gokudera ressemblait à un gamin insolent, il le toisait avec désinvolte de ses yeux verts hypnotiques. Yamamoto pourrait le regarder sans se lasser une seule seconde.
-Tout ne tourne pas autour de toi, répondit simplement Gokudera en se saisissant brusquement de la serviette.
-Si tu voulais mourir, tu te serais pas raté.
-Wow, c'est pas sympa, même venant de toi. Mais c'est pas faux.
Une sorte de silence s'installa entre. Yamamoto avait l'impression d'être de retour, trois années plus tôt la première fois qu'il a tué quelqu'un.
Le sang avait giclé sur son visage. Yamamoto tremblait en frottant sa peau avec de l'eau pour faire partir les traces.
Il observa son propre reflet dans le miroir des toilettes du manoir.
Qui était cette personne cernée au regard sombre ? Son sourire était si factice qu'il avait l'impression qu'un acteur jouait mal son personnage.
C'était donc ça devenir un assassin ?
Et soudain, le réaliser lui fit littéralement perdre pieds. Yamamoto s'écroula sur le sol, le corps tremblant, le visage dévasté par les larmes.
Il ne voulait pas être comme ça. Il ne voulait pas être cette personne.
-C'est toujours comme ça la première fois, avait résonné la voix calme de Gokudera.
-Quand je pense qu'avant c'était toi qui me réconfortais dans les toilettes…sourit amèrement Yamamoto.
Gokudera, adossé au mur esquissa un sourire.
-Ouais… Je m'étais naïvement dit que je pourrais te protéger.
Yamamoto s'en souvenait. Autrefois, il croyait naïvement que si Gokudera allait si souvent en mission avec lui c'était parce que Tsuna voulait qu'ils construisent des liens solides entre eux et quand il lisait ses rapports de mission à son retour, il pensait juste que c'était pour l'aider à corriger ses fautes. Il avait même fantasmé le fait que Gokudera l'aime en retour.
La vérité c'est qu'il essayait de le préserver le plus possible et tout ce qu'il apprenait avec la mafia, il préférait le lui apprendre lui-même.
Ça n'aura pas duré longtemps, enfin, Gokudera a essayé de faire ce qu'il a pu. Yamamoto sait que quelque chose s'est brisé dans son esprit le jour de cette séance de torture. C'était un entraînement qui aura duré peut-être 2h ou un peu plus. Ce fut largement suffisant pour Yamamoto qui avait perdu tout espoir. Il avait cru mourir ce jour-là.
Mais ça n'avait pas été le pire.
Le pire ça avait été de comprendre que Gokudera ne lui faisait pas confiance.
Yamamoto avait fermé les yeux, attendant juste que les types reviennent pour finir ce qu'ils avaient commencé.
Le son des gouttes d'eau qui s'écrasaient sur le sol était en train de le rendre fou. Il allait craquer dans quelques instants, c'était une certitude.
Il allait mourir. Mais ce n'était pas ça le problème, ça Yamamoto l'avait compris dès le moment où il s'est réveillé dans cette salle. Le problème c'est qu'il avait certainement condamné Tsuna en donnant des fausses informations à leurs agresseurs. Il espérait que ça avait été assez convaincant pour leur faire perdre du temps.
Il espérait sincèrement que Gokudera n'était pas mort. Il espérait que tout le monde aille bien même s'il allait certainement mourir ici, seul et en train de trembler de froid à cause de l'humidité.
Il espérait que les Vongola les vengeront. Surtout Tsuna.
Ce n'était qu'une question de temps maintenant.
Le bon côté des choses, c'est qu'il mourra avant d'avoir vu son père mourir comme l'avait prédit son lui du futur.
La porte s'ouvrit brusquement et l'homme qui l'avait noyé entra en jetant le corps de Gokudera, menotté, par terre.
-Messieurs, nous avons un petit problème, dit-il.
Il tira une chaise et souleva Gokudera pour le faire asseoir dessus. L'argenté gémit de douleur tandis que Yamamoto se retenait de pleurer. Ils étaient face à face.
Aucun d'entre eux n'allait s'en sortir.
-Ce qu'il se passe c'est que ton ami qui a été bien plus loquace que toi nous a dit certaines choses qu'on a besoin de confirmer. Tu vas donc nous aider n'est-ce pas ? dit l'homme à Gokudera.
Le regard que lui lança l'italien lui fit encore plus mal que n'importe quelle séance de torture. La haine et la colère se lisaient dans ses yeux.
-Espèce d'enfoiré… Yamamoto putain… Comment t'as pu faire ça ? dit-il.
Il était fatigué et sa voix était faible mais ça n'atténuait en rien la colère qui grondait en lui.
Et Yamamoto ne pouvait rien dire. Il voulait juste que Gokudera comprenne par magie qu'il n'aurait jamais fait ça, qu'il avait tenté de leur faire gagner du temps.
Pitié, fais-moi confiance…
Mais Gokudera ne comprenait pas. Gokudera se contentait de lui hurler sa colère, de hurler à quel point il le détestait et que même en enfer, il le tuerait.
Yamamoto réalisa à ce moment-là que le lien qu'il avait naïvement tenté de construire entre eux était futile.
-Au moins j'aurais essayé, soupira Gokudera.
Il ne s'était jamais excusé pour ce jour-là. Il ne lui avait jamais dit « désolé de ne pas t'avoir fait confiance » ou quelque chose dans ce genre. Yamamoto savait qu'attendre des excuses de la part de Gokudera c'était beaucoup espérer mais ça n'avait pas améliorer leur relation, ça l'avait rendu encore plus fragile.
Et elle a fini par exploser.
Un jour, après que Tsuna soit partit, ils s'étaient disputés. Très fort.
-Je sais très bien que t'es amoureux de Tsuna ! La façon dont tu le regardes, dont tu le laisses te toucher, tout ça ça parle pour toi ! Mais fais-toi une raison, il ne reviendra pas. Il t'a abandonné, il a même abandonné l'homme qu'il aimait ! avait explosé Yamamoto qui n'en pouvait plus.
Et Gokudera l'avait frappé.
Depuis, ils ne se parlaient plus.
Et Yamamoto ça le tuait toujours un peu plus.
-Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda Yamamoto.
Il lui demande toujours. Parfois Gokudera lui dit, d'autres fois non. Yamamoto ne sait pas si ça aide réellement Gokudera de lui parler, en dehors de ces moments particulièrement étranges, ils ne se parlaient pas beaucoup. Cette proximité était due à l'instant mais elle disparaissait presque aussitôt. Yamamoto savait que les pensées de Gokudera ne disparaissaient pas aussi facilement. Il savait aussi que sa présence ne l'apaisait que sur le moment et qu'après c'était encore pire. Chrome lui avait dit que parfois Gokudera faisait des cauchemars. Elle lui demandait d'aller le voir dans ces moments là aussi. Mais Yamamoto se souvenait alors qu'il n'était pas gentil et sa fierté blessée que son amour ne lui soit pas rendu disaient à Chrome qu'il n'était pas « une baby-sitter et que Gokudera devait agir en adulte pour une fois dans sa vie ». Il a encore 17 ans.
Gokudera haussa doucement les épaules.
-La même chose qu'à chaque fois je suppose.
Ça veut tout et rien dire
Il soupira un coup avant de passer la main sur son visage.
-Hibari, cet idiot il le cherche encore.
-Tsuna ?
-Ouais. Et ça m'énerve.
Yamamoto était surpris sans réellement l'être. Hibari aimait Tsuna ou du moins l'appréciait énormément. Il l'avait compris parce qu'Hibari était toujours là en premier quand Tsuna avait besoin d'aide, il n'était jamais loin. Yamamoto en avait déduit qu'il le suivait.
Mais depuis son départ, c'était comme si tout ce que Yamamoto avait émis comme hypothèse à son sujet était faux. Il s'était mis à sortir avec Dino, partait souvent en mission et ne parlait jamais de Tsuna. Il quittait la pièce quand tous les gardiens se disputaient par rapport à lui.
-Pourquoi ça t'énerve ? C'est sa vie, s'il veut perdre du temps, c'est son problème, dit Yamamoto.
Hibari faisait des choses qu'il ne comprenait pas. Chercher Tsuna devait être l'une d'entre elles. Yamamoto trouvait ça idiot de chercher quelqu'un qui ne voulait pas qu'on le trouve. Tsuna n'était pas « perdu » il n'avait pas besoin de revenir parmi eux. Il était parti de sa propre volonté. Était-ce si dur à comprendre ?
-Oui, mais Hibari n'est pas aussi stupide. Il ne le chercherait pas s'il n'était pas sûr de le trouver.
L'intérêt de Yamamoto fut soudainement piqué au plus haut point.
Hibari ? Retrouver Tsuna ? Après trois ans de disparition et de silence complet, Hibari aurait réussi à le trouver ?
-Tu penses qu'il l'a retrouvé ?
-Je sais pas et c'est ça qui m'énerve. Je veux pas espérer.
Et il entend au ton de sa voix tremblante qu'il a envie de pleurer. Yamamoto vient s'asseoir en face de lui et attrape ses mains.
-Hayato.
Il l'appelle rarement par son prénom parce qu'il sait que Gokudera déteste ça pourtant, il le regarde, les yeux emplis de larmes, attentif à ce qu'il va lui dire.
Et Yamamoto sait qu'il va lui faire du mal mais il n'a pas le choix.
-Il est parti, ça ne sert à rien de vouloir le ramener. Il ne reviendra pas.
La douleur qu'il lit dans ses yeux verts lui donne envie de le serrer dans ses bras. Pourtant Gokudera ne dit rien et retira sèchement ses mains de celles de Yamamoto.
Arrête de me rejeter
-Je sais. Et j'en ai rien à foutre, qu'il reste où il est, je le déteste.
Ils savent pertinemment qu'il ment mais Yamamoto le comprend, il en veut terriblement à Tsuna de ne pas l'avoir emmené avec lui.
-T'as pas besoin de lui pour vivre, insista Yamamoto.
-Parce que tu crois savoir ce dont j'ai besoin mieux que moi ?
-Actuellement… oui.
-J'ai besoin de personne et encore moins de toi connard.
Yamamoto lâche un petit rire parce qu'il sait à quel point ça énerve Gokudera quand il fait ça.
C'est devenu une habitude maintenant, leurs petites rencontres se finissent toujours comme ça.
-Tsuna.
Il ne l'appelle jamais par son prénom, c'est particulièrement troublant.
-Tu sais ce que tu fais ?
Ils se regardent et il a l'impression qu'il n'y a qu'eux deux.
Le soupir que fait Hijime lui rappelle que finalement, tout le monde les regarde. Tous leurs hommes sont présents dans cette même salle de réunion qu'ils avaient utilisée une semaine plus tôt. C'est la dernière ligne droite, les plans ont été étudiés, les pires situations envisagées ; normalement ils sont prêts.
Ils attendent tous sa réponse.
Mais Tsuna n'a pas envie de répondre, il est soudainement très fatigué et il a juste envie de dormir et d'oublier tout ça.
Il n'aime pas cette impression bizarre qu'il a ; ses pensées sont de moins en moins claire et c'est comme s'il était extrêmement fatigué. D'un autre côté, la voix de sa volonté se fait moins pressante mais plus forte. Tsuna l'écoute de plus en plus et même s'il sait que c'est mal, il a la désagréable sensation de sombrer toujours un peu plus dans cet océan de violence et de pensées malsaines.
Il ne sait absolument pas ce qu'il fait et ça malgré le plan qu'il a proposé et les différents schémas sur le tableau blanc.
Hibari le sait certainement, parce qu'il lui pose la question.
Mais ils sont tous dans ce merdier à cause de lui, il doit en prendre la responsabilité. Alors il doit leur mentir (encore).
-Oui. Si on prend les Five de cette manière, ils n'auront pas d'autre alternative que de se replier. À ce moment-là on pourra les achever, dit-il.
Se raccrocher à quelque chose de tangible semble un peu le rassurer dans sa capacité à prendre des décisions.
-Génial, qu'est-ce qu'on attend ? fit Jun en se levant, impatient. On dirait qu'il a attendu ce jour toute sa vie. La colère brille dans son regard et ses poings sont déjà serrés.
Il est prêt.
-Rien. Allons-y, fit Tsuna.
Leurs hommes suivirent Jun qui quitta la pièce en premier. Hijime fut le dernier. Il jeta un dernier regard empli de doute à Tsuna avant de partir.
Hibari fixait encore Tsuna qui gardait le silence.
Il n'aimait pas le regard insistant qu'il lui lançait.
Il ne restait qu'eux deux dans la pièce.
Un sentiment de nostalgie amer le prit, Hibari faisait toujours ça avant, attendre qu'ils soient seuls pour parler.
-Qu'est-ce qu'il y a Hibari ? soupira Tsuna.
Il ne voulait pas lui faire face. Depuis que Kusakabe et le reste de leur groupe de protection était en ville, Tsuna l'avait habilement évité mais il allait devoir lui rendre des comptes à un moment ou un autre et il n'en n'avait pas du tout envie.
Tu les as abandonnés, ils doivent tous t'en vouloir et te détester, ils veulent tous te voir mort, qu'est-ce que tu attends encore ?
-Tu ne sais pas ce que tu fais, déclara Hibari.
-Toujours aussi observateur, sourit Tsuna.
Ses yeux brillaient en orange. Ça devenait de plus en plus fréquent pour lui d'activer son hyper mode sans réellement le vouloir. C'était étrange parce qu'il ne ressentait pas le calme habituel qu'il avait avec les gants, maintenant il n'y avait que la colère et l'envie de se battre.
Il se mordit violemment la lèvre, pour s'empêcher de parler. Il n'avait pas réellement voulu dire ça mais il l'avait dit quand même.
Je deviens fou
-Pourquoi est-ce que tu fais tout ça ?
Tsuna avait l'impression de savoir sans réellement en être sûr.
-Parce que je leur en dois une.
On sait tous que c'est plus qu'une simple promesse.
-Tu ne dois rien à personne.
Un petit sourire se dessina sur les lèvres de Tsuna. Il aimerait être d'accord avec Hibari mais il avait tout faux. Il devait énormément de choses à énormément de gens à commencer par lui qui lui avait sauvé la vie.
-Ils ont besoin de moi.
Et à cet instant, quelque chose d'étrange se passa. Hibari qui ne semblait exprimer rien d'autre qu'une profonde indifférence serra les poings. Comme s'il se retenait. Or Hibari n'est pas quelqu'un qui se retient, Hibari est un carnivore, il dit ce qu'il a à dire, il prend ce dont il a besoin.
Pourquoi est-ce qu'il agit ainsi ?
-Nous avions besoin de toi.
Ces simples mots suffisent à paralyser Tsuna.
Il sait pertinemment qui englobe ce "nous". Il sait pertinemment qu'il a manqué à son poste de Boss, qu'il avait promis qu'il les protégerait tous. Et il a lamentablement échoué en fuyant.
Il s'en est longtemps voulu même si ce n'est plus le cas, il est surpris que ce soit Hibari, le nuage, qui lui dise ça. Et si même Hibari à ressenti son absence, c'est que c'est grave. Très grave.
-J'ai besoin de toi.
Ces mots-là sont dit si bas que Tsuna a l'impression de les avoir rêvés.
Il ne comprend pas ce qu'il se passe. C'est impossible, tout simplement impensable.
-Hibari tu n'as besoin de personne, encore moins un herbivore comme moi, répond Tsuna sur le même ton.
-"Arrête de croire que tu sais tout de moi".
Ce n'était pas drôle mais Tsuna gloussa. Si Hibari commençait à le citer alors la fin du monde était plus proche que ce qu'il ne pensait.
Mais Hibari ne rit pas. Il est sérieux, ça fait presque peur à Tsuna.
Soudain, l'idée apparaît dans son esprit, parasite. Elle parcourt rapidement ses pensées et envahit tout son être : la peur et l'appréhension le prennent soudainement.
-Tu vas me ramener c'est ça ? souffle Tsuna sur la défensive.
Hibari semble presque étonné que Tsuna puisse penser ça comme l'attestent ses yeux qui s'écarquillent légèrement.
Puis, il se contente de simplement secouer la tête.
-J'ai pas envie que ça recommence.
"Ça".
Quand Tsuna a commencé à aller mal, à dépérir.
Les fruits ne pourrissent pas en un jour.
-Je...
Tsuna baisse doucement la tête.
"Ça." C'est de cette manière que Hibari désigne cette longue période durant laquelle tout le monde l'a juste regardé s'éteindre doucement sans rien dire.
Il leur en veut tous. Ils étaient ses amis et personne ne l'a aidé, personne n'a décidé de faire quelque chose contre son mal être. Ils l'ont tous regardé mourir en souriant.
-C'est aussi votre faute, commence Tsuna.
Et quelque part au fond de lui, étouffée par la voix de sa volonté, sa raison lui dit qu'il a tort, qu'il ne devrait pas avoir autant de ressentiment et de colère envers eux tous. Ils sont sa famiglia. Ils sont ses amis. Le seul responsable dans tout ça c'est lui-même. Mais il ne l'écoute pas, il ne s'écoute pas, aveuglé par sa propre colère.
-Personne ne m'a jamais aidé. Personne ne m'a soutenu. Et vous les voyiez tous mes faux sourires et mes blessures et mes putains de cernes. Vous saviez tous que l'Italie m'avait changé mais personne n'a rien fait. "Ça" c'est aussi de ta faute Hibari.
Ses yeux brillent en orange et il a l'impression que Hibari ne veut pas les lâcher.
-Tu n'as pas besoin de moi. Vous n'avez pas besoin de moi, vous avez besoin d'un boss, ce que je ne suis pas et ce que je n'ai jamais été.
Il n'a pas envie de poursuivre la discussion parce qu'il sent son corps qui chauffe et sa volonté qui lui susurre de se battre contre Hibari.
Hibari qui garde le silence et qui se contente de le fixer en fronçant les sourcils.
Dis quelque chose.
Tsuna soupire puis quitta la pièce sans un regard pour le gardien des nuages.
Il ne veut pas se battre tout de suite. Il y aura bien assez de sang après.
Après vient beaucoup plus vite que ce que Tsuna avait espéré.
Et il est beaucoup plus fatigué que ce qu'il pensait ce qui est mauvais signe. Mais ils doivent accomplir cette mission.
Le territoire des FIVE est un quartier plutôt grand, c'est le plus grand à l'est. Pourtant leur QG se situe dans les ensembles d'immeubles rénovés vers l'extérieur de la ville. Pour y accéder il faut soit traverser tout le territoire des FIVE ou faire un détour en passant par des zones pavillonnaires à l'ouest. En temps normal, ils auraient dû passer par le territoire des FIVE mais ils auraient été repérés immédiatement. À la place, ils s'étaient séparés en petits groupes et passaient par l'ouest. Ainsi, même s'ils se faisaient repérés par leur ennemi, ils ne s'attendront pas forcément à être attaqués sur différents fronts.
Le plan était simple.
La moitié des hommes attaquaient le QG des FIVE par l'arrière, l'autre moitié par le devant et des petits groupes s'occuperaient des côtés. Le but était de forcé les FIVE à se replier sur eux-mêmes et ne laisser personne s'échapper.
Hibari et Tsuna faisaient partie des groupes censés s'attaquer aux côtés. C'étaient les unités les plus petites mais possédant les plus grosses forces de frappe.
Tsuna était avec Hijime et Jun était apparemment avec Hibari et Kusakabe. Tsuna trouvait que c'était l'une des pires idées du siècle d'avoir mis Jun avec eux mais ce n'était pas réellement l'heure ni le lieu pour penser à ça.
Leur groupe était le dernier à se diriger vers leur emplacement avant le début des hostilités.
-Est-ce que ça va ? demanda Hijime à Tsuna qui marchait à côté de lui.
-Oui, pourquoi tu poses cette question ? répond Tsuna qui commence à avoir de plus en plus chaud.
-Sawada, on te l'a pas dit mais… Quand tu t'énerves ou que tu fais du feu, tes yeux deviennent… Orange. Et là ils le sont depuis qu'on est partis de notre base, lui expliqua Hijime.
Tsuna ne savait pas si c'était une bonne chose pour lui que Hijime soit aussi observateur mais il devait bien avouer que d'habitude, il n'avait pas les yeux de cette couleur-là, encore moins en dehors de son hyper mode. Or, il ne l'utilisait pas du tout.
C'était un mauvais signe. Pourtant, quand ce genre de présages arrivait, son hyper intuition le prévenait alors que cette fois-ci, rien, tout semblait normal.
-Sawada, si t'es pas bien, tu peux rester ici et on y va sans toi… proposa doucement Hijime.
-Pourquoi tu dis ça ? J'ai l'air si faible ?
-T'es super pâle et t'as des cernes. On dirait que t'es malade, ou en train de mourir, ça dépend.
Tsuna soupira.
-Je vais bien et puis…
Il tendit sa main et fit apparaître une flamme. La chaleur l'apaisa immédiatement et ce fut comme si la sensation de fatigue qu'il avait disparaissait.
-On va finir ça rapidement.
Hijime acquiesça silencieusement, Tsuna était parfois bizarre sans qu'il ne comprenne réellement pourquoi.
Ils arrivèrent enfin à destination qui était un entrepôt de préparation de commandes. Les immeubles des FIVE se trouvaient à 500 mètres de leur emplacement.
-Tout le monde est prêt ? demanda Tsuna dans le talkie-walkie qu'ils avaient prévu à l'occasion.
Il put entendre derrière lui les membres de son unité charger leurs armes.
-Oui, répondirent les voix de leurs hommes à travers le talkie-walkie.
Un frisson d'excitation traversa Tsuna. C'est maintenant.
-Lancez l'opération.
Il rangea ensuite le talkie-walkie et se mit en position pour courir. Dans quelques instant une détonation allait retentir et le combat allait commencer.
Son cœur commençait à battre vite et la chaleur désagréable qui lui donnait chaud se concentra dans ses mains. C'était une sensation familière qui lui rappelait quand il avait ses X Gloves et qu'il allait se battre. Mais contrairement au calme et à la confiance qui l'habitait autrefois, l'excitation et l'envie étaient en train de prendre possession de lui. Il voulait se battre. Tout de suite.
La première détonation retentit et dans ses oreilles, ce son était pareil au début d'une symphonie jouée par le meilleur des orchestres.
-Tenez-vous prêts, dit Hijime.
La deuxième retentit et cette fois, Tsuna s'engagea vers les bâtiments, le sourire aux lèvres.
La bataille commençait.
Pour Hibari, tout ça ce n'était que des formalités.
Les FIVE n'étaient pas particulièrement puissants et Hibari n'avait même pas besoin de dégainer ses tonfas pour se battre. Les tirs de pistolets suffisaient largement pour éliminer ses ennemis.
Le combat n'avait même pas le goût habituel du danger et de la mort, rien qui lui donnait réellement envie de se battre sérieusement et de mordre à mort les audacieux qui essayeraient de l'approcher.
La seule chose qui le préoccupait actuellement était Tsuna.
Il avait changé et encore plus que la dernière fois qu'il l'avait vu.
Sawada Tsunayoshi n'était pas réellement un herbivore mais Hibari avait tendance à penser le contraire car son attitude était semblable à celle des herbivores. Mais aujourd'hui il ne ressemblait pas à un herbivore. Ni la fois où il lui avait attraper le bras, ce Tsuna là semblait profondément… En colère. Et cette colère, Hibari en avait fait les frais.
En même temps, c'est aussi sa faute, il n'aurait pas dû dire à Tsuna qu'il avait besoin de lui-même si c'était vrai. Parce que Tsuna ne le croit pas et parce que comprendre ça lui a fait plus de mal que ce qu'il aurait pensé. En fait, il n'aurait jamais pu penser que Tsuna puisse un jour blesser ses sentiments (quand bien même il n'aurait jamais pensé en avoir envers lui). Il avait toujours plus ou moins naïvement cru que sans Reborn, tout aurait été plus simple.
Rien n'était simple avec Tsuna.
Et ce conflit stupide dans lequel il s'était embarqué en était bien la preuve.
Il voulait lui parler mais Tsuna ne voulait pas écouter. Mais Hibari n'était pas non plus un as de la communication. C'était si compliqué qu'il se demandait lui-même pourquoi est-ce qu'il l'aimait encore.
Aimer est définitivement un truc d'herbivore.
-He, monsieur ténébreux, tu penses qu'on peut entrer maintenant ? On a déjà buté tous ceux qui essayaient de sortir, demanda un des types du groupe de Tsuna.
Il avait une batte de baseball comme Yamamoto et une cicatrice sur la tempe. Il n'était clairement pas un herbivore mais ce n'était pas non plus le meilleur des carnivores. On aurait dit une sorte de bébé carnivore.
-Je ne sais pas si c'est une bonne idée, les gars qui ont attaqués par devant ne nous ont pas recontactés. C'est peut-être mauvais signe, fit Kusakabe.
-Putain mais faut les aider ! Qu'est-ce qu'on attend ? s'exclama le bébé carnivore.
-Si Tsuna ne rentre pas, on ne rentre pas non plus. Pas la peine de perdre des hommes sur ça, dit Kusakabe.
-He, c'est mes potes qui sont là-dedans et je les laisserais pas mourir sans rien faire !
Le type commençait à s'avancer quand Hibari vit rouler par terre un explosif.
-A terre, dit-il avant d'attraper Yuki par le col et de le plaquer au sol.
L'explosion fut assourdissante. Hibari mit un temps avant de reprendre clairement ses esprits. Cela ne l'empêcha pas de se relever et de tirer avec lui Yuki qui était encore sonné.
Le mur avait complètement explosé, Hibari pouvait voir à l'intérieur leurs alliés se battre contre les FIVE. La bataille continuait.
-Kusakabe, appela Hibari.
Son ami était à quelques pas d'eux en train de se relever, chancelant. Il lui fit un petit signe pour lui dire qu'il allait bien et Hibari décida que tout ça avait bien assez duré. Il allait tous les mordre à mort.
Quand il entre, il peut voir Tsuna faire face à ses assaillants.
Ses flammes ne sont pas aussi puissantes que d'habitude et Hibari peut le constater. Néanmoins elles semblent beaucoup plus violentes. Tsuna aussi l'est, il se bat sauvagement. Il se prend des coups mais ceux-ci ne semblent pas l'affecter. Il a aussi un étrange sourire sur les lèvres.
Comme s'il s'amusait.
Tsuna est différent, Hibari l'a compris mais ce qu'il voit le conforte dans l'idée qu'il se passe réellement quelque chose d'étrange avec ses flammes et avec lui-même.
Tsuna semble le voir et s'arrête pour lui parler.
Le sang a éclaboussé son visage et ses poings sont rouges. Comme la fois où il l'a retrouvé après avoir massacré tous ces types. Mais contrairement à cette fois-là où l'horreur lui avait fait réaliser ce qu'il avait fait, il n'y avait qu'une excitation malsaine et un réel amusement qui émanait de lui.
Le sourire qu'il lui fait semble rayonnant, presque enfantin. Mais son regard ne trompait pas Hibari, il était presque dénué de toute émotion. Comme avant sa tentative de suicide, toute forme de joie avait disparue.
Tsuna était bizarre. Hibari avait l'impression d'avoir face à lui une toute autre personne mais en même temps, ça ne pouvait être que Tsuna.
-Hibari, tu joues avec moi ? demanda-t-il.
Le ton était enjoué et presque trop joyeux. Cela intrigua Hibari mais il ne releva pas.
-À quoi ?
-Celui qui en tue le plus. Si je gagne, j'ai le droit de me battre contre toi.
Un frisson d'excitation traverse Hibari quand Tsuna dit ça. Il n'a pas d'animosité envers Tsuna mais se battre lui apporte des sensations incroyables. Se battre contre Tsuna est encore mieux parce que Tsuna est un faux herbivore et ça se voit même dans sa manière de se battre. Il frappe fort, il esquive bien et il est intelligent. Hibari aime se battre contre lui.
-Et si tu perds ?
Tsuna lui sourit et il n'y a rien d'amical dedans. On dirait un carnivore. Le cœur de Hibari accélère d'un coup ; il a oublié à quel point il pouvait le trouver beau.
-Je ne perdrais pas.
Cette fois, c'est à Hibari de sourire, amusé. Cette assurance, Tsuna ne l'a pas d'habitude, c'est intéressant.
-Quand tu vas perdre, on aura une petite discussion.
Tsuna tique sur le « quand » mais se contente de garder son étrange sourire.
-Discussion ? C'est pas pour les herbivores ce genre de trucs ? dit-il.
-C'est ce que tu es non ? Ça ne devrait pas te déranger, fait Hibari en sortant ses tonfas.
-Comme si tu te souciais de ce qui me dérange, soupira Tsuna avant de s'élancer vers leurs ennemis.
Hibari le suit et le carnage commence.
Il y a quelque chose de familier et rassurant dans le fait de se battre avec Tsuna. Hibari a toujours été seul mais la présence de Tsuna ne l'a jamais dérangé. Même s'il est particulièrement maladroit et parfois bruyant.
Mais aujourd'hui les choses sont différentes.
Les flammes de Tsuna sont plus foncées et plus brûlantes. Il semble s'amuser comme un enfant en se délectant des hurlements de douleurs des hommes qu'il affronte et l'odeur de la chaire brûlée. Il y a du sang, c'est sale. Hibari ça ne le dérange pas mais ce n'est définitivement pas le genre de Tsuna.
Il y a clairement un problème qu'il ne saurait identifier.
Mais pour le moment il se contente de regarder Tsuna se battre avec une violence qu'il ne lui connaissait pas.
-Hibari, les FIVE se sont repliés mais on ne sait pas pourquoi. On devrait faire de même et attendre leur prochaine attaque, lui fit Kusakabe.
Effectivement, il ne restait plus beaucoup de FIVE qui tentaient encore vaillamment de les attaquer en leur tirant dessus ou y allant au corps à corps.
Pourtant, Tsuna tenait actuellement un type par le cou et brûlait sa peau, le sourire aux lèvres.
Il était en train de jouer alors que cette mission n'était pas un jeu à l'origine.
-Je pense que vous devriez arrêter de sous-estimer les FIVE, résonna une voix qui provenait de l'entrée du bâtiment.
Hibari vit alors, un homme. Il était grand et avait des cheveux gris et une barbe noire. Il tenait dans sa main gauche un long katana, peut-être plus épais que celui de Yamamoto. Derrière lui, une armée d'hommes en noir mieux armés qu'eux attendait.
-Merde, c'est l'oncle, Hiroto Hanagawa…souffla le type à la batte de baseball.
-Ils ont l'air beaucoup plus nombreux et mieux armés, il faut qu'on parte, on ne va pas survivre à leur attaque, dit Kusakabe avec un calme glaçant.
Hibari n'avait pas spécialement peur, il a survécu à bien pire. Tsuna non plus d'ailleurs, c'était bien le problème.
-Ce type à l'air fort, dit Hibari en fixant Hiroto Hanagawa qui se dressait fièrement face à un Tsuna souriant de cette manière toujours aussi étrange.
Il avait lâché le type qu'il tenait.
Il y avait un silence étrange sur le champ de bataille. Tsuna était la personne la plus proche de leurs ennemis, premier rempart face d'une forteresse déjà fragilisée par leur bataille précédente. Mais Tsuna avait l'air fragile. Il avait les cheveux en bataille, le visage salit par le sang et son corps était secoué par des petits spasmes que Hibari arrivait à détecter. Il avait cette lueur de folie meurtrière dans son regard qui ne lui correspondait pas du tout.
Ce garçon ne semblait pas être Tsuna. Ce garçon était quelqu'un d'autre mais pas le type qu'il aimait.
Le rire qu'il lâcha sembla confirmer ce qu'il pensait ; Tsuna allait vraiment très mal. Et c'était en tout point différent de quand il était chez les Vongola, il y avait cette violence et cette cruauté instables qu'il avait rarement vu en lui.
C'est ce qui causerait sa perte.
-Donc toi t'es le boss de fin de jeu c'est ça ? dit Tsuna.
L'homme fronça les sourcils.
-Il faut qu'on se tire d'ici, que quelqu'un fasse bouger Sawada, il va se faire tuer, dit le garçon à la batte de baseball.
Mais Hibari ne bougea pas. Il observait attentivement ce qui était en train de se dérouler sous ses yeux.
L'un des hommes en noirs voulu s'avancer mais leur chef fit un signe. Il s'avança seul vers Tsuna et le toisa avec mépris.
-Ce n'est pas un jeu gamin.
Le sourire de Tsuna s'élargit.
-C'en est totalement un, c'est juste que tu n'es pas au courant.
Il envoya ses poings enflammés vers l'homme qui les évita habilement. Le combat commença alors entre eux.
Hibari était hypnotisé par la manière dont Tsuna combattait un opposant sérieux. Il appréciait la souplesse de ses mouvements et la vitesse d'exécution qu'il avait. La violence apportait quelque chose de sauvage et de puissant à tout ça.
Mais il fatiguait et cela se voyait dans ses esquives et dans la manière dont la puissance avait diminué dans ses attaques.
Des coups de feu retentirent encore. De l'autre côté, les FIVE qui s'étaient repliés étaient revenus. Partir devenait urgent.
-Kusakabe, replie nos hommes on s'en va, déclara Hibari en sortant sa boite arme et en se dirigeant vers Tsuna.
Il se battait toujours. Soudain, l'homme lui assena un violent coup de pied et Tsuna tomba. Dans sa chute, il s'agrippa à l'adulte et l'emporta avec lui dans un rire malsain.
Un cri retentit. Tsuna avait posé ses deux mains enflammées sur son visage, la peau avait brûlé sur ses deux joues et une partie des cheveux sur ses tempes avaient été carbonisé. Ses oreilles avaient été un peu plus épargnées.
Le petit rire victorieux qu'émettait Tsuna donna mal au ventre à Hibari.
Qu'est-ce qu'il lui est arrivé ? Ce n'est plus du tout le même
Tsuna s'était relevé, essoufflé, tandis que l'autre était par terre, à genoux, criant de rage et de douleur.
-Un peu nul comme boss de fin…soupira-t-il l'air déçu.
Hibari fut le premier à le voir venir. Peut-être parce qu'il avait toujours été bien plus attentif aux détails là où Tsuna comptait sur son instinct ?
Hiroto avait saisi son katana discrètement et s'était relevé extrêmement vite, lame vers l'avant. Tsuna avait tenté de reculer mais il ne réussit à ne faire qu'un pas vers l'arrière. Cela ne fut malheureusement pas suffisant car la longueur de l'arme mêlée à la rapidité de son ennemi eut raison de lui.
La lame s'enfonça durement dans son ventre. Hibari vit distinctement la douleur se lire sur son visage. Un petit son étouffé s'échappa de sa bouche, comme s'il ne voulait pas faire de bruit pendant qu'il était en train de mourir. Ses mains attrapèrent la lame, essayant de l'empêcher de progresser plus loin dans son corps mais la force de Hiroto était supérieure à la sienne. En un instant, il se retrouva plaqué au mur le plus proche.
-TSUNA ! hurla une voix et si Hibari n'avait pas la bouche fermée, il aurait cru qu'il venait lui-même de crier son nom.
Hibari tenta de s'attaquer à Hiroto qui ricanait à son tour. Malheureusement, au premier mouvement qu'il tenta dans sa direction, une salve de balles tirées par ses hommes furent dirigée sur lui. Parer cette attaque avec ses tonfas fut une perte de temps considérable.
-Roll, souffla-t-il en utilisant sa boite arme.
Le hérisson se multiplia en une myriade de hérissons qui grossirent et dont les piques créèrent une barrière autour d'eux.
Tsuna grognait de douleur, à moitié conscient en tenant la lame entre ses mains. Ses flammes avaient fait un peu fondre le métal tandis que l'autre maintenait la pression.
Hibari lui assena des coups de tonfas mortels, il entendit distinctement des os se briser avant que l'autre ne s'écroule sur le sol avec le katana.
Tsuna se laisse glisser le long du mur, une trainée de sang suivant son corps.
Il y avait énormément de sang et si Hibari paniquait, il n'en laissa rien paraître.
-Hibari…souffla Tsuna, les yeux fermés.
Hibari le ramena contre lui, fit passer ses mains sous ses genoux et son dos et le porta.
-Ne meurt pas, dit-il.
Mais Tsuna ne répondit pas.
Il est en train de mourir. Il est encore en train de mourir.
Hibari pria tous les dieux auxquels il ne croyait pas pour lui accorder un tout petit plus de temps avec Tsuna.
