Je rappelle que cette fiction est une TRADUCTION de l'anglais de Basilisk-born écrite par Ebenbild et autorisée par l'auteure. Elle contient également des éléments similaires à Poison Pen écrite par GenkaiFan (et traduite en français par chacra) avec l'autorisation de l'auteur.


a twisted message

C'était une matinée des plus calme pour Barnabas Cuffe, éditeur en chef de la Gazette des Sorciers. Et cela le resta jusqu'à ce que Rebecca Amorin, son éditrice de sécurité, apparaisse dans son bureau, un bout de parchemin en main.

– Becky, la salua-t-il en souriant - elle ne put s'empêcher de froncer les sourcils à l'usage du surnom honni. Qu'est-ce qui t'amène aujourd'hui ?

Elle le scruta quelques secondes, se demandant si elle devait ou non lui faire remarquer l'offense qu'il venait de commettre à son égard, avant de soupirer de dépit.

– C'est Grizel, dit-elle.

Barnabas fronça les sourcils à son tour.

– Grizel Hurtz ? demanda-t-il. Grizel Hurtz était l'une de ses rédactrices, mais aussi la femme qui s'occupait chaque jour de son courrier. Est-ce que quelqu'un a tenté de m'envoyer une autre lettre maudite ?

– Non, fit-elle en secouant la tête. Mais une lettre vous étant personnellement adressée est arrivée.

– Et ?

– Elle provient de l'un de nos lecteurs.

Ça, c'était nouveau. Barnabas haussa un sourcil et tendit la main pour s'emparer de la lettre en question. Elle la lui laissa volontiers, avant de commencer à se tordre les doigts.

– Vous l'avez ouvert.

– Oui, confirma-t-elle dans un hochement de tête. Vous devriez la lire également, Barnabas.

Celui-ci soupira, avant de commencer sa lecture.

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Cher Éditeur,

Ces derniers mois, je me suis mis à lire avec assiduité votre journal et certains de vos articles m'ont amené à me poser la question suivante : comment un journal aussi sérieux que le vôtre clame l'être peut-il publier des choses si pleines d'incohérences ?

Pendant un temps, j'eus pensé que vous publiiez sur des faits, mais je commence à présent à douter de cette présomption.

Depuis le premier article écrit à propos de Harry Potter et du Tournoi des Trois Sorciers, je me suis mis à me demander si vous ne cherchiez pas à vendre plus par cupidité que pour informer sur des exactitudes. Vous vous demanderez sûrement pourquoi j'en suis venu à me poser cette question. La réponse est toute simple : dans l'exécution, les faits divers sur lesquels vous avez publié divergent étonnamment de mes propres observations.

Voyez-vous, je me trouve être étudiant au collège Poudlard et par conséquent, j'ai pu plus longuement observer Potter que ne l'a jamais fait la Presse. Et alors que vous le décrivez comme un jeune garçon désemparé, ou encore comme un individu purement aliéné, j'ai quelques difficultés à reconnaître dans vos descriptions celui que je vois, jour après jour, parcourir les couloirs du château.

Dites-moi donc quelle est la limite de la justesse de vos articles ? Allez-vous, une fois de plus, changer votre opinion le concernant lorsqu'une nouvelle information plus importante que la précédente verra le jour ?

Lorsque ce garçon redeviendra la figure mère du Ministère, allez-vous retirer les mots que vous avez imprimés en ce jour ? Parce qu'il me semble bien votre opinion être souvent en accord avec celle du Ministère. Ai-je tort ?

N'est-ce donc que cela, la liberté de la Presse dans le monde magique ?

Partager les versions ministérielles et officielles des évènements, amener vos lecteurs à émettre des conclusions erronées, utiliser des moyens peu honnêtes pour obtenir vos informations ?

Où est donc ce journalisme de qualité que j'attendais, quand même les Moldus sont capables de publier un journal n'étant pas biaisé, inexact ou diffamatoire ?

Pourquoi semble-t-il que le monde magique en soit incapable ?

Est-ce par crainte ? Par ignorance ?

Ou est-ce seulement l'envie des sorciers de vouloir être aveuglés et amenés comme des moutons à l'abattoir ?

Je vous mets au défi de publier cette lettre. Si vous ne le faites pas, je saurai alors que ce journal n'est rien d'autre qu'un simple tissu de mensonges.

Oliver Twist

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– Par Merlin ! fut la première chose que Barnabas fut capable de prononcer après sa lecture.

– Je suis du même avis, boss, ajouta Becky en serrant les dents. Est-ce que nous allons la faire publier ?

Lorsque Barnabas releva les yeux vers elle, il comprit tout de suite qu'elle posait plus la question par principe que pour toutes autres choses. Chacun d'eux savait qu'ils ne pourraient pas le faire - pas tant que le Ministère leur prodiguait la majeure partie de leurs financements.

– Non, répondit-il en soupirant.

– Donc, nous devons accepter d'être pris pour un torchon ? l'interrogea Becky d'un ton amer.

– Non, rétorqua Barnabas, les yeux toujours fixés sur la lettre qu'il avait entre les mains. Nous ne devons rien accepter du tout. Nous le sommes déjà.

Cette fois-ci, l'amertume l'avait également gagné.

– Et nous le resterons jusqu'à ce que…

Il poussa un soupir découragé.

– Lorsque j'ai été engagé à la Gazette, j'avais de l'ambition. Je rêvais d'être enfin à la tête d'un journal sérieux, tel que mon père l'était dans le monde des Moldus…

– Et à la place, voilà tout ce que vous avez obtenu, siffla-t-elle de mépris en balayant la pièce d'un geste de la main, s'attardant sur la poubelle remplie d'articles ne pouvant être imprimés, car ne répondant pas aux critères du Ministère.

– Oui et non, répondit-il, un léger sourire ressemblant plus à une grimace qu'à tout autre chose tordant ses lèvres. Lorsque je suis arrivé ici, nous publiions des articles tout à fait tangibles, expliqua-t-il.

– Alors, que s'est-il passé ?

– La famille Weasley était l'un de nos plus importants actionnaires, continua-t-il en secouant la tête. Lorsqu'ils ont commencé à avoir des problèmes d'ordre financier, ils ont dû vendre leurs placements. Je ne sais toujours pas ce qu'il s'est réellement passé, en vérité. Après ça… eh bien, personne aujourd'hui ne peut plus prétendre aux placements des Black, pas tant que Sirius Black n'abandonne pas son droit d'héritier et qu'il demeure en vie. Ceux des Prewett ont été vendus en même temps que ceux des Weasley et concernant la famille Potter… plus personne n'y prétend depuis bien longtemps. Et puis, même si le garçon s'y intéressait, il ne peut rien en faire tant qu'il n'a pas atteint la majorité. De toute façon, les Potter détiennent trop peu d'actions pour faire une quelconque différence, alors...

– Donc, il n'y absolument personne capable de contrer le Ministère, conclut Becky rageusement. Ils peuvent continuer à nous dicter ce que l'on doit faire, juste comme ça !

– J'en ai bien peur, ma chère, confirma-t-il dépité.

– Combien de parts détient le Ministère ? s'enquit-elle d'un ton amer.

– Trente pour cent, répondit-il. Et la famille Malfoy en détient cinq autres, mais ils sont du côté du Ministère, bien sûr.

– Et pour le reste ? demanda-t-elle, une pointe d'espoir dans la voix qui le fit soupirer une fois de plus.

– Les Black ont dix pour cent, les Potter, cinq, ajouta-t-il. Les Weasley et les Prewett avaient chacun vingt pour cent, c'est pourquoi ils étaient les actionnaires majoritaires. Concernant ces quarante pour cent, ils appartiennent à présent à… juste une petite minute.

Barnabas s'empressa d'ouvrir un tiroir et s'empara d'une pile épaisse de paperasse, la feuilletant rapidement.

– Ah, voilà ! s'exclama-t-il. Les parts Weasley appartiennent dorénavant à la famille Malfoire, la branche française des Malfoy. Les actions des Prewett, elles, ont été divisées. Dix pour cent pour la famille Grim, cinq autres pour les Evans, puis quelques autres entre les Peverell, les Londubat ou encore les Emrys. Ne me demande pas combien, ils ont tous investi environ au même moment. Le fait est qu'aucun d'entre eux ne possède plus de deux ou trois pour cent. Les seuls qui en possèdent plus sont les Flamel, avec cinq pour cent.

– Donc, si je comprends bien, personne ne peut contrecarrer le Ministère.

Barnabas opina de dépit.

– Il n'y aucun moyen de…

– Non…

Becky s'empara de la lettre en l'observant, l'air déconfit. Son supérieur savait qu'elle détestait ne pouvoir rien faire d'autre qu'obéir aux ordres du Ministère. Et pour dire la vérité, il ne pouvait que le lui accorder. Mais tout de même…

Un lent sourire releva ses lèvres.

– Peut-être que…, commença-t-il avant de relever la tête vers Becky. Peut-être que nous pourrions égarer cette lettre. Que dirais-tu de Loutry Ste Chaspoule ?

Becky l'observa, doutant soudainement de sa santé mentale. Il put presque entrevoir l'ampoule s'allumer au-dessus de sa tête lorsqu'elle comprit enfin.

– C'est vrai, peut-être le pourrions-nous, ajouta-t-elle, son sourire rayonnant de nouveau. Je pourrais même la perdre vers l'heure du déjeuner, qu'en pensez-vous ?

– Faites donc ça, approuva-t-il. Maintenant, reprenez le travail, ma chère, et n'oubliez pas : je ne veux plus jamais revoir cette lettre ici.

– Compris, boss, répondit-elle en agrippant ladite lettre plus fermement.

Elle prit congé. Lorsque la porte fut finalement close, un sourire diabolique se peignit sur son visage. Barnabas savait qu'il risquait d'avoir des problèmes à cause de la perte de cette simple lettre, mais il savait également qu'il se ferait un plaisir de faire face aux conséquences. Enfin ! Il pouvait finalement faire quelque chose contre les politiques ministériels, même d'une manière aussi tordue que celle-ci l'était.

– Oliver Twist, rit-il doucement. Quel choix intéressant.

Et c'est ainsi qu'il retourna à son travail, comme si rien de tout cela n'était jamais arrivé.