Diagon Alley
– Tu réalises que tu ne devrais pas te trouver ici ?
La voix n'était qu'un murmure et la personne à laquelle elle appartenait s'était penchée vers lui pour éviter d'être entendue par d'autres.
– Je t'ai déjà dit qu'ils n'allaient venir que dans quelques jours. Et arrête donc de t'inquiéter, je ne manquerai certainement pas aux Dursley. Après tout, ne sont-ce pas eux qui m'ont formellement interdit de quitter ma chambre ?
– Et toi, bien entendu, tu fais exactement le contraire en déambulant dans les rues en pleine journée !
– Arrête un peu de t'en faire, Reg. Tu es avec moi, non ? Que pourrait-il bien m'arriver ?
– S… Harry ! Il n'y a pas de « que pourrait-il » qui tient ! Tu es recherché !
– Tu dis ça comme si j'étais un criminel en cavale, Reg.
– Tu sais bien de quoi je parle ! Tu es célèbre ! Que feront-ils s'ils viennent à savoir que…
– Peut-être que si tu arrêtais de crier, ils n'en sauraient rien, répliqua Harry en roulant les yeux. Je porte un glamour, Reg et je porte également mes habits de tous les jours, il n'y a aucune chance qu'ils puissent m'associer au grand et fameux Harry Potter.
– Ne pourrais-tu pas reprendre ton apparence d'origine pour sortir ? demanda Reg, l'inquiétude de se tenir dans la rue bondée de sorciers et sorcières le taraudant toujours.
– Nope, tu m'excuseras, rétorqua Harry en insistant sur le « p ».
– On croirait entendre un adolescent de tout juste quinze ans, souligna son comparse, légèrement irrité.
– Je suis un adolescent de quinze ans ! le corrigea Harry en souriant.
– Certainement pas, tu en as peut-être l'apparence, mais tu ne me trompes pas, répliqua Reg, le malaise ne l'ayant toujours pas quitté.
– Oh, tais-toi donc, Reg et essaie de t'amuser un peu pour une fois ! fit Harry, virevoltant presque sur le chemin qui menait à Gringotts.
Ils entrèrent côte à côte et le glamour de Harry se leva automatiquement.
Soudainement, tout comportement enfantin le quitta, comme si les dernières minutes n'avaient été que mirage.
Il s'avança vers l'un des guichets.
– Puissiez-vous rejoindre la légion des guerriers, mes frères !
Sa voix lui parut soudainement plus grave, baissant de quelques octaves avec l'usage de la langue gobeline. Son Gobelbabil était parlé avec aisance, bien que teinté d'un accent plus ancien.
Le guichetier releva la tête, surpris d'être salué dans sa propre langue.
– Et puissiez-vous faire fructifier vos affaires, répondit-il finalement, intrigué par ce que le jeune sorcier en face de lui pouvait bien vouloir.
– J'aimerais m'entretenir avec Nardog, déclara Harry. Mon nom est Harry Potter.
Le Gobelin cligna des yeux, perplexe, et son regard glissa jusqu'à la fameuse cicatrice. Harry soupira en voyant son geste, mais ne l'interrompit pas.
– Très bien, monsieur Potter, répondit la petite créature. Je vais vous y accompagner.
Il ferma son guichet et les emmena dans un couloir plus loin dans les profondeurs de la banque.
Le « Gryffondor » n'était pas du tout intimidé. Il s'arrêta même une fois devant l'un des rares tableaux du sanctuaire de Gringotts. Le Gobelin s'immobilisa également lorsqu'il remarqua l'arrêt de son client.
– Ah… oui… la Bataille du Grand Nord, dévoila-t-il d'une voix teintée de fierté. L'une des plus grandes victoires de notre histoire, et grâce aux guérisseurs, celle comptant le moins de morts.
– Et l'une des plus sanglantes aussi, nota Harry en continuant de scruter la peinture. Cela aurait pu être l'un de vos plus grands succès si le bilan n'avait pas été si sinistre. Cela leur a pris trois jours et une multitude de sortilèges de stase pour éviter le décès de la plupart d'entre eux.
Le Gobelin observa le jeune Harry, l'air revêche.
– Quoi qu'en disent vos livres d'histoires, quoique vous ayez entendu être raconté, sorcier, commença-t-il froidement, tout est faux. Les Gobelins appartiennent à une race puissante et fière ! Contrairement à ce que vous prétendez, ils ne sont pas restés au sol, attendant que la mort vienne les trouver, ils se sont battus et ont remporté leur combat.
– Gagner et mourir peuvent être complémentaire, rétorqua le brun avant de se remettre en marche.
Le Gobelin grogna puis le suivit.
– Les sorciers, dédaigna-t-il, un air méprisant sur le visage. Toujours à vouloir paraître plus puissants que quiconque.
– Ce n'est pas faux, lui accorda Harry, ayant tout de même entendu le commentaire soufflé de la créature qui, pourtant, se trouvait à quelques mètres devant lui. Cependant, mes propos ne portaient pas sur la puissance, mais plutôt sur les pertes occasionnées.
Le Gobelin le regarda, l'air perplexe.
– Ne pensez-vous pas que parler de Gobelins mourant par centaine en combattant contre votre race et décimer notre race ne revient pas au même ? le questionna-t-il.
Harry haussa les épaules.
– Les miens ne se sont jamais engagés dans quelque combat que ce soit contre les Gobelins, donc peut-être que, dans un sens, cela revient au même, en effet.
Le Gobelin ouvrit la bouche pour corriger Harry, pour lui dire que les Gobelins ont, par de nombreuses reprises dû faire face aux sorciers auparavant, comme la peinture le démontrait, mais Harry ne le laissa pas faire.
– Mais cela n'a rien à voir lorsqu'on parle d'une bataille opposant sorciers et Gobelins, continua-t-il. Survivre à des blessures censées être mortelles, ce n'est en rien signe de faiblesse, mais bien un signe de force.
Le Gobelin ferma la bouche avant de finalement dire :
– Vous avez une drôle de façon de penser, monsieur Potter.
– Éventuellement, ceux qui m'entourent s'y habituent à force de me côtoyer, répondit-il avec désinvolture. Peut-être est-ce parce que je suis l'un des Originels, peut-être pensons-nous différemment. Cela pourrait même expliquer le comportement de mon oncle Nick…
Le Gobelin l'examina, mais avant qu'il ne puisse prononcer une réponse, Reg l'interrompit.
– Ou peut-être que ça ne vient que de toi, souligna-t-il. Redevenir un enfant a pu endommager ton cerveau, après tout.
– Certes, lui accorda Harry, le sourire aux lèvres en suivant le Gobelin dans la pièce suivante. Mais, dans ce cas, la folie m'aurait atteinte bien avant aujourd'hui.
– Peut-être que tu étais déjà atteint, qui sait.
Avant qu'Harry ne puisse répliquer, un second Gobelin fit son apparition.
– Monsieur Potter, je présume, le salut la créature en inclinant la tête.
– Nardog ! s'exclama Harry en guise de salut. As-tu bien combattu aujourd'hui, mon ami ?
Le Gobelin lui offrit un rictus.
– J'ai pris part à un estimé combat, pour sûr, répondit-il.
C'était une marque de respect en guise de salutation qui ne s'utilisait habituellement qu'à certaines occasions plus officielles. Néanmoins, le sorcier se tenant en face de Nardog ne pouvait s'empêcher d'y recourir à chaque fois que leurs chemins se croisaient.
– Je devrais normalement te donner ma dague avant de te répondre, mais aujourd'hui, je ne la porte pas dans mon équipement. Laisse-moi te proposer de t'entraîner avec moi à la place, lui offrit-il en souriant.
Nargog haussa les sourcils.
– Pas de dague aujourd'hui ? s'étonna-t-il, ne s'étant toujours pas départi de son léger rictus. Vous devenez bien téméraire, monsieur Potter.
– Oh, pas d'inquiétude, mes dagues sont à portée de main, seulement je les ai imprégnées de mon venin pas plus tard qu'hier. C'est pourquoi je ne préfère pas les utiliser dans un combat de courtoisie.
Nardog frissonna à ces paroles.
– Je suis parfaitement d'accord avec vous, cher ami ! ajouta-t-il, tremblant encore en repensant aux lames empreintes de venin de basilic et à la dangerosité de les utiliser dans ce genre de combat. Pour aujourd'hui, j'accepterai vos simples paroles.
Le garçon sourit.
– C'est bien ce qu'il me semblait, répliqua-t-il.
Nardog hocha la tête et renvoya le Gobelin qui les avait accompagnés. Reg dévisagea le brun pendant un moment avant de s'en aller à son tour, ayant lui-même à faire dans la banque. Dès que la porte fut close et que les charmes permettant à leur conversation de rester privée furent élevés, Nardog plongea son regard perçant dans le sien.
– Alors, que puis-je faire pour vous aujourd'hui, Morganaadth ?
L'attitude du garçon changea une nouvelle fois et ses yeux devinrent froids et calculateurs.
– Où en est-on avec les préparatifs ? s'enquit-il.
– Nous sommes bientôt prêts, répondit Nardog en fouillant dans ses dossiers. Vous êtes à présent détenteur de plusieurs actions dans différentes entreprises, que ce soit dans le monde sorcier ou moldu.
– Des Sans-Magie.
– Je vous demande pardon ?
– C'est « le monde des Sans-Magie », pas « le monde moldu », rectifia Harry.
– Le monde des Sans-Magie, se corrigea Nardog, pas certain de savoir en quoi cela importait.
Le brun acquiesça.
– Les titres sont émis sous différentes identités ? demanda-t-il.
– Bien entendu, Morganaadth, affirma le Gobelin. J'ai bien sûr utilisé toutes les identités qu'il fallait.
Le brun hocha la tête.
– Et concernant cette autre chose que je vous ai demandé de faire ?
Le Gobelin lui tendit une épaisse liasse de parchemins.
– Ce dossier regroupe toutes les informations depuis le décès du dernier Lord, dit-il. Je les ai triés dans l'ordre alphabétique, pas que ce fut une très longue tâche.
– Merci. C'est parfait, répondit Harry en apposant sur la liasse un sortilège de rétrécissement d'un mouvement de la main avant de la ranger.
– Y a-t-il autre chose que je puisse faire pour vous, Morganaadth ? s'enquit Nardog.
Harry le toisa en inclinant la tête.
– Peut-être en effet, fit-il avec désinvolture. J'aurais besoin d'ici peu d'un bon avocat. Connais-tu quelqu'un en qui je pourrais avoir confiance ce concernant (Il pointa la poche dans lequel il avait rangé le dossier.) et concernant tout le reste ?
– Je vais voir ce que je peux faire et je vous enverrai le résultat de mes recherches, lui proposa-t-il. Pouvez-vous lire le Gobelbabil ?
– Je pense que j'y arriverai, affirma Harry. Mes connaissances dans cette langue ne sont plus très à jour, mais je crois qu'elle suffiront pour cette fois.
– Dans ce cas, je l'utiliserai pour assurer que notre correspondance reste de l'ordre du privé.
Le brun acquiesça.
– Cela sera tout pour le moment, je suppose, continua-t-il. Je t'informerai dès que j'aurais mis en place un système plus sécurisé.
– Plus sécurisé ?
– Une simple idée qui me reste en tête, répondit le brun.
– Rien à ajouter de plus pour aujourd'hui, je présume ? l'interrogea le Gobelin.
Harry y réfléchit quelques instants avant d'opiner à son tour.
– Je devrais de toute façon examiner le dossier avant de m'avancer sur quoi que ce soit, dit-il. Y a-t-il autre chose ?
Le Gobelin dévoila ses dents - geste qu'ils faisaient pour nier quelque chose au lieu de simplement secouer la tête négativement.
– Dans ce cas, il ne reste plus qu'à faire un retrait, termina le brun. Ma chambre, pas celle de Harry.
.
Dix minutes plus tard, Harry quitta Gringotts.
Reg n'était toujours pas revenu, donc Harry en conclut que ses affaires devaient mettre plus longtemps que prévu à s'organiser. De toute façon, il avait encore à faire dans l'allée marchande.
Il descendit donc les escaliers menant à la banque et marcha en direction du magasin d'Ollivander.
La pièce dans laquelle il se retrouva n'avait pas changé depuis la dernière fois qu'il y avait mis les pieds - ce qui se trouvait être au temps de ses onze ans, à sa rentrée au collège Poudlard. L'endroit illuminé par une pâle lueur débordait toujours de baguettes et était toujours aussi sale et vétuste.
Cependant, une différence venait changer la donne cette fois-ci.
À sa dernière visite, le vieux Ollivander avait certes réussi à le surprendre, mais aujourd'hui, ses sens lui indiquèrent de suite où le vieil homme était perché.
Lorsque le sorcier émergea de sa cachette, des orbes émeraude tombèrent directement dans les grands yeux pâles de son vis-à-vis.
– Soyez le bienvenu, monsieur Potter, le salua Ollivander en inclinant la tête pour mieux pouvoir étudier son jeune client. Je ne savais pas que vous auriez une fois de plus besoin d'avoir recours à mon art.
– Ce n'est pas le cas, répondit le « Gryffondor ». J'ai toujours ma baguette.
– Dans ce cas, quelle est donc la raison de votre visite ? s'enquit le vieil homme, encore plus intrigué par le jeune sorcier.
Habituellement, les sorciers ne revenaient qu'à très peu d'occasions dans sa boutique, et la plupart du temps, il entendait parler d'une baguette ayant été brisée avant même que son propriétaire ne se tienne devant sa porte.
– Vous n'êtes pas ici pour en acquérir une seconde, n'est-ce pas, monsieur Potter ? demanda-t-il.
– Que diriez-vous si je vous disais le contraire, s'enquit le brun, subitement intéressé.
– Si c'était le cas, je me devrais de vous rappeler que l'obtention d'une seconde baguette est interdite depuis 1955 pour quiconque étant né après la mise en place de cette loi et donc n'en ayant pas déjà une en sa possession, lui répondit le marchand de baguettes.
– Vraiment ?
Le garçon le toisa avec surprise.
– Cela doit encore être une de ces choses que j'ai manquées…
– Était-ce donc le but de votre visite ? s'enquit Ollivander de plus en plus curieux.
– Ça ne l'était pas, lui répondit-il. J'ai en ma possession assez de baguettes. Je n'en ai vraiment pas besoin d'une de plus.
Sa réponse ébranla le confectionneur de baguettes.
– Vous avez assez de baguettes ? Pouvez-vous donc me dire combien vous pouvez bien en avoir en votre possession pour affirmer une telle chose ?
Le garçon haussa les épaules et écarta le sujet d'un mouvement lâche de la main.
– Cela ne vous concerne en rien, monsieur Ollivander, répondit-il simplement. Et de toute façon, il est plus prudent que je reste silencieux sur le sujet étant donné que les détenir est une entrave à la loi, aujourd'hui.
Ollivander étudia le jeune homme, mais ne put qu'être d'accord avec lui : il valait mieux pour lui qu'il ne dise rien en ce qui concerne ce genre de choses.
– Alors, que puis-je faire pour vous, monsieur Potter ? demanda-t-il finalement.
– J'ai besoin d'un étui que je puisse attacher au poignet, expliqua le jeune garçon en dévoilant un vieil étui très abîmé accroché à son poignet droit.
Il le détacha et le posa sur le comptoir.
– Quelque chose ressemblant à ça, dit-il. Et je le veux de la meilleure qualité possible.
Ollivander cligna des yeux et examina le cuir de l'objet et le manche des deux baguettes y étant attachées.
– Puis-je ? demanda-t-il en faisant un mouvement de la main vers les baguettes.
Harry haussa les épaules.
– Vous pouvez, accorda-t-il avec détachement, comme s'il ne voyait aucun problème à ce qu'un autre sorcier que lui s'empare de sa paire de baguettes.
Tout autre sorcier aurait refusé ou aurait au moins semblé quelque peu méfiant.
Ollivander détacha la première baguette.
C'était celle que le jeune garçon avait reçue à ses onze ans lorsqu'il était venu dans sa boutique. Contrairement à la dernière fois qu'il l'avait eue en main au Tournoi des Trois Sorciers, cette fois-ci, elle était en excellent état. Cirée et parfaitement propre.
Il la posa sur son bureau et décrocha l'autre.
Il ne put s'empêcher de hoqueter lorsqu'il s'en empara à pleine main. Soudain, il comprit pourquoi aucune inquiétude n'avait teinté la voix du garçon lorsqu'il lui avait fait part de sa requête.
Alors que l'autre baguette semblait bien réagir entre ses mains, celle-ci était tout son contraire.
Elle était puissante. Ollivander pouvait sentir cette puissance irradier de la baguette, mais il sentait aussi qu'elle ne se laisserait pas être utilisée par quiconque - autre que son propriétaire.
– Où l'avez-vous donc acquise ? demanda Ollivander en étudiant les minuscules découpes faites à même le bois.
Des runes ?
– Elle est vraiment très puissante, monsieur Potter.
Elle avait l'air d'une vraie antiquité. Si vieille…
Ollivander n'arrivait pas à déterminer qui pouvait bien l'avoir confectionnée, mais il pouvait sentir la magie du maître de cette baguette imprégner ses moindres fibres. Quiconque ayant utilisé cette baguette l'avait fait pendant une vraiment très longue période. Et il y avait cette autre chose…
– Cela importe-t-il vraiment ? rétorqua le jeune garçon. J'arrive à m'en servir, c'est tout ce qui compte à mes yeux.
– Vous ne devriez pas l'utiliser ! s'écria-t-il vivement et Harry le regarda avec surprise.
– Et puis-je savoir pourquoi ne le devrais-je pas ? s'enquit-il finalement.
– On s'en est servi pour pratiquer la magie noire, expliqua Ollivander. Ce n'est pas une bonne idée d'utiliser ce genre d'objet, monsieur Potter, elle pourrait se retourner contre vous et vous blesser !
– Elle ne me fera jamais le moindre mal, rétorqua Harry. Et elle n'a jamais été utilisée pour accomplir le moindre sortilège ayant un rapport avec les Arts Sombres.
Ollivander soupira.
– Je connais bien mon métier, monsieur Potter, dit-il. Et je peux sentir que cette baguette a été utilisée pour pratiquer des rituels. Laissez-moi vous dire que je ne connais aucun rituel étant pratiqué pour faire le bien.
Le garçon se mit à rire doucement.
– Ne vous inquiétez pas pour ça, monsieur Ollivander, le rassura-t-il. Il y aura toujours des choses dans ce monde que vous ignorerez. Mais je vous garantis que cette baguette n'a jamais été utilisée à des fins malfaisantes. Elle a tué, elle a guéri, mais jamais, ô grand jamais elle n'a touché aux Forces du Mal.
Ollivander tenta de protester, mais fut coupé par le jeune brun.
– L'étui que j'ai demandé, si vous voulez bien, somma-t-il. Parce qu'aussi certain que je sois que l'autre n'ait jamais touché à l'essence du mal, je n'aime pas l'idée qu'elle repose dans le même étui que la première. Leurs magies fonctionnent d'une manière bien trop différente et cela ne leur fera aucun bien de les laisser si proches l'une de l'autre sur une trop longue période.
Ollivander ne put que le lui accorder, néanmoins il hésita encore quelques instants avant de soupirer et de sortir les divers étuis qu'il avait en sa possession.
– De quel type d'étui avez-vous besoin ? demanda-t-il. Certains ont déjà des enchantements et…
– Quelque chose de classique, sans que rien n'ait été apposé dessus, répondit le garçon.
Ollivander haussa un sourcil.
– Celui-ci n'est pas un holster classique, souligna-t-il en montrant l'étui de son client du bout des doigts.
– C'est vrai, confirma-t-il. Mais je peux graver les runes moi-même. Je n'ai simplement pas le temps de le fabriquer complètement.
Ollivander scruta le jeune homme, très perplexe.
– Ce genre de runes est de très hauts niveaux. Pour savoir les inscrire, il vous faudrait au moins un niveau ASPIC en Étude des Runes. Je ne pense pas que vous soyez assez âgé pour…
– Ne vous en faites pas, j'en suis parfaitement capable, certifia Harry, et le doute d'Ollivander partit instantanément en fumée ; à sa propre surprise.
Quoiqu'il lui soit arrivé ses cinq dernières années, le jeune homme avait d'ores et déjà mûri plus qu'il ne l'aurait dû à son jeune âge.
– Aviez-vous seulement besoin d'un étui ou voudriez-vous également remplacer celui-ci ? demanda-t-il en pointant le vieil holster posé sur le comptoir.
– Il m'en faut un nouveau, c'est tout, répondit le brun. Je n'ai pas envie de me séparer de celui-ci pour l'instant. Il a appartenu à quelqu'un qui m'était très cher, c'est pourquoi je l'utiliserais aussi longtemps que je le pourrais.
Ollivander imagina qu'il avait dû appartenir à feu l'un de ses parents. Il ne pouvait pas lui en vouloir pour cela.
Le garçon paya, repassa son holster à son poignet et plaça la vieille baguette à l'intérieur. Puis il accrocha le second étui juste derrière le premier et y mit la seconde baguette avant de sortir du magasin.
Le regard d'Ollivander le suivit jusqu'au-dehors et pendant un instant, il crut voir un homme qu'on pensait décédé qui attendait le garçon.
– Tu l'as ? demanda le brun à l'homme décédé.
– C'est fait, répondit l'autre. Cela a pris un peu plus de temps que prévu, mais je l'ai enfin.
– Range-le, on s'en occupera plus tard, le notifia le garçon. Il vaudrait mieux le faire tu-sais-où.
Finalement, Harry Potter et son compagnon disparurent dans un bruit de transplanage - bien que le garçon ne devrait pas en être capable.
Ollivander cligna des yeux. Et soudainement, ça le frappa de plein fouet : il venait d'être témoin de quelque chose de bien plus important qu'il n'y paraissait au premier regard, un secret enfoui plus profondément que tout autre secret dont il avait pu avoir connaissance…
Aujourd'hui est peut-être le jour où je devrais éventuellement commencer à oublier certaines choses, songea-t-il. En tout cas, je n'aimerais pas être celui qui croisera le chemin de Mr Potter s'il commence à mener les choses par lui-même et devient maître de son propre destin.
Et réagir, il n'y avait pas de doute que le jeune homme le ferait. Ollivander n'avait pas le don de voyance, néanmoins à son humble avis, il n'y avait pas l'ombre d'un doute...
