RARs :
Melodie Zik Spirit : Ravie de voir que l'histoire te plaît toujours, hâte de savoir ce que tu penses de ce chapitre et si tu t'y attendais ^^ Merci beaucoup pour ton soutien, des bisous !
AnnaMerteuil : Tu m'étonnes ! Et ce n'est pas la seule chose qu'il ait aidé à créer, développer, améliorer, etc. ;) Je te laisse à ta lecture, des gros bisous !
Maxine3482 : Hé ! Ravie de te revoir (façon de parler XD) C'est la dernière fois qu'on voit Dewin, mais d'autres personnages tout aussi intéressants arrivent ! Le chapitre qui suit n'est pas un interlude, j'espère qu'il te plaira, il introduit une énorme partie de l'histoire ^^ je te fais des bisous, une très bonne lecture !
Elwenn Snape : Hé ! Ravie que ça te plaiseuuuh ! Ahah, je VEUX savoir ce que tu penses de ce chapitre, t'y attendais-tu ? Mais pour que tu puisses y répondre, bien sûr, je te laisse le lire d'abord ;) Je t'embrasse ! :)
miliway001 : Hello! Je suis contente que tu apprécies l'idée « Sal-traverse-les-époques-en-participant-aux-évènements-importants-du-passé », parce que c'est littéralement une grosse partie de la fiction ^-^ Merci beaucoup pour ton soutien, je t'embrasse, à la prochaine !
adenoide : Oh, ne t'inquiète pas pour Sal, il s'adapte très facilement après toutes les années qu'il a passé à voyager, avec ou sans Myrddin d'ailleurs. Il lui reste néanmoins pas mal de choses à faire avant de retourner chez lui, à son époque, et je te promets que ça ne va pas être du gâteau ! Et, aussi, je pense justement qu'il va reconnaître son ancien monde pour ce qu'il est vraiment, et non ce qu'il voyait lorsqu'il était Harry... ;) Des bisous et une très bonne lecture à toi !
Neko Kirei : Hé ! Eh oui ! Voilà comment tout a débuté, mais après le dernier chapitre, les choses vont vraiment commencer à avancer et à se corser pour lui ! Je suis heureuse de savoir que ça te plaît toujours, des bisous et une très bonne lecture, dans ce cas !
Pims : Je suis d'accord, haha, ça peut carrément lui être super utile un jour ou l'autre, enfin, je n'en dis pas plus ;) Des bisous et une bonne lecture !
a castle in the woods
15 apr. J.-C..
Salvazsahar, bien sûr, était revenu. Après avoir rejoint Myrddin en l'an 370 av. J.-C., il était resté quelque temps à Loandom. Là-bas, il y avait rencontré un des descendants de son parrain, Ollivanneder, qui avait eu l'idée de commencer un business à même le village. Ainsi naquit la boutique de baguettes d'Ollivander. Il avait aidé à la confection et à la vente durant un temps, puis s'en était lassé. Il voulait voir autre chose. Il rendit donc visite aux elfes et vécut parmi eux, puis il fit de même au sein d'un nid de vampires. Finalement, il quitta son pays deux cents ans plus tôt et voyagea à travers toute l'Europe. Il vécut en Grèce, au sein des tribus germaniques et à Rome. Il retourna même en Égypte une ou deux fois.
Aujourd'hui était le jour où il rentrait enfin à la maison.
C'était un chemin qu'il connaissait bien à présent, après tous ses voyages, un chemin qui le ramènerait directement chez lui d'ici quelques semaines tout au plus. La première fois qu'il l'avait emprunté remontait à cinq cents ans lors de son arrivée dans le passé.
La veille, il s'était retrouvé exactement à l'endroit où Myrddin l'avait rencontré la toute première fois et il suivait maintenant la route invisible sur laquelle ils avaient déambulé à deux à l'époque. Ça faisait du bien d'enfin retourner à la chez lui. Il savait que son père se portait bien - ils s'écrivaient souvent - néanmoins, ce dernier n'avait aucune idée qu'il reverrait très bientôt son fils.
Sal ne lui en avait pas touché mot, préférant que cela reste une surprise.
.
Quand soudain un cavalier se fraya un chemin à travers la forêt, Salvazsahar ralentit instantanément son allure. Le cavalier tourna autour de lui, le toisant, une épée et un bouclier à la main.
– Qui ose donc fouler les terres de notre roi ? le questionna le cavalier.
Un roi ?!
Il y avait un roi en Bretagne ?!
C'était bien la première fois que Sal entendait parler d'une telle chose.
– Je me nomme Salvazsahar Emrys, à votre service, répondit-il après quelques secondes de silence. Je suis né à quelques quinzaines de jours au sud d'ici.
– Emrys, vous dîtes ?!
Cette fois-ci, la stupéfaction était très claire dans la voix du cavalier - peut-être même chevalier.
– Comme dans Myrddin Emrys ?
– Mon père, répondit Sal avec sincérité. Je venais lui rendre visite.
– Dans ce cas, vous devez vous être égaré, indiqua le cavalier. Camelot se trouve un peu plus à l'ouest d'ici.
Cette fois, ce fut à Sal de paraître interdit. Camelot ?! Comme dans le Camelot du roi Arthur ?! Et pourquoi donc est-ce que son père se trouverait-il à Camelot en premier lieu ?!
– Je suis parti pendant quelque temps, répondit Sal avec hésitation. Je ne me suis jamais rendu à Camelot auparavant. Je n'ai donc aucun moyen de savoir si je m'égare ou non.
Le chevalier - ça devait en être un s'il venait de Camelot - se mit à rire.
– Je présume alors que les descriptions de votre père manquaient de détails.
– Il ne m'en a jamais donné aucune, répondit-il. Je suis venu de moi-même. Je souhaitais lui faire la surprise.
Il n'était toujours pas sûr qu'ils parlaient bien du même homme, mais il décida de faire fi de ses doutes le temps de comprendre mieux la situation.
Le chevalier rangea son épée et fit se retourner son cheval afin que celui-ci reprenne la direction par laquelle il était arrivé.
– Lancelot, à votre service, se présenta-t-il. Je vais vous amener jusqu'à votre père.
– Je ne voudrais pas être un poids, lança Sal, quelque peu mal à l'aise. Donnez-moi simplement la direction et je trouverais mon chemin moi-même.
– Oh, ne vous inquiétez, gamin, le rassura Lancelot, souriant franchement à Sal. Je serais heureux de pouvoir vous accompagner, l'ami.
Salvazsahar fixa le chevalier qui se tenait devant lui.
Gamin ?!
C'est vrai que le chevalier semblait déjà avoir passé ses trente hivers et Sal n'en paraissait une fois de plus pas plus de quinze, bien que dans son corps actuel, il semblait même n'avoir pas dépassé les treize ou quatorze ans, mais soyons donc un peu sérieux… Gamin ?!
Sal décida finalement de ne pas commenter et suivit le cheval à travers bois.
– Alors… combien cela fait-il de temps depuis la dernière fois que vous avez vu votre père ? lui demanda Lancelot en trottant à ses côtés.
– Je ne sais pas, répondit Sal en haussant les épaules. Quelques années peut-être.
– Quelques années ?
Il haussa une nouvelle fois les épaules.
– Je n'ai pas compté, dit-il prudemment. Peut-être une décennie ou même plus. Ça fait un certain temps.
Bien sûr, ça faisait bien plus longtemps que ça, mais Sal savait qu'il ne paraissait pas assez vieux pour se rapprocher de la vérité. Il tenta donc de faire attention à chacune de ses paroles. Il pouvait prétendre être un peu plus âgé que ce qu'il paraissait, mais il y avait une limite à ne pas franchir au risque de vraiment commencer à paraître étrange.
Lorsque le chevalier entendu ses paroles, il haussa un sourcil.
– Vous n'avez pas été en contact depuis qu'il a commencé son enseignement auprès du roi Arthur, il y a quinze ans déjà ? tenta-t-il de clarifier.
– Il m'a écrit, le contredit Sal. Donc nous avons définitivement été en contact.
Lancelot le scruta.
– Quel âge as-tu gamin ? demanda-t-il finalement.
Sal le regarda, interdit.
– Je vous demande pardon ?
– Combien d'hivers as-tu passés ? demanda une fois de plus le chevalier. Quinze ? Seize peut-être ?
Sal ouvrit la bouche, bien décidé à lui dire qu'il était plus vieux qu'il le paraissait, mais le chevalier continua sa tirade, faisant fi de Sal.
– Vous savez, depuis que j'ai rejoint le roi Arthur, il m'est arrivé de discuter avec votre père. Il garde toujours un œil sur le roi, toujours à ses côtés lorsqu'il a besoin de conseils. Et, peut-être que le reste du château ne le voit pas, mais moi si. Je l'aperçois souvent poser sur Arthur un regard me disant que ce n'est pas avec Arthur qu'il a envie de discuter à ce moment-là. Parfois, il s'enferme dans son étude et ne la quitte plus pendant plusieurs jours. Il reste simplement à la fenêtre et cherche quelque chose dans le ciel.
Ça y était, il avait finalement réussi à le faire se sentir coupable.
Est-ce qu'il manquait à son père ? Bien sûr que oui, et son père lui manquait tout aussi fort, mais ça ne l'avait pas empêché de continuer sa quête pour trouver un moyen de retourner à son époque, chez lui - un chez lui qui lui semblait de plus en plus vide de sens avec chaque année qui passait.
Son père redoutait-il qu'il trouve un moyen de le regagner ?
Et est-ce qu'il en avait lui-même envie ?
Il avait appris à vivre ici. Il y avait une famille. Peut-être… peut-être devrait-il rester. Peut-être devrait-il cesser ses recherches jusqu'à… jusqu'à quand, au juste ? À jamais ?
.
– Votre père mentionne votre nom parfois, dit Lancelot. De temps à autre, il nous conte une aventure lors de nos rassemblements dans la Grande Salle toutes les quinzaines. C'est un rassemblement auquel tous les chevaliers d'Arthur et de ses mentors participent. Arthur nous laisse raconter nos aventures et notre passé. Myrddin ne prend pas la parole en général, mais lorsque Arthur souhaite qu'il nous conte une nouvelle histoire, il parle toujours de vous. Il vous appelle Sal et certaines choses qu'il nous a racontées semblent vraiment impossibles à croire.
– Impossible à croire ?
Sal n'avait plus aucun doute à présent, il savait que c'était bien de son père dont ils étaient en train de parler.
– Oui, la dernière était à propos du Basilic que vous auriez achevé avec pour seule arme une simple épée lorsque vous n'étiez qu'un enfant.
Sal se mit soudain à rire. C'était bien son père, ça. Il se souvenait avec acuité de la fierté et de l'horreur qui avaient transparu dans ses yeux lorsqu'il avait rencontré ce bout de souvenir dans l'esprit de Sal alors qu'il lui apprenait l'occlumancie. Sal lui avait tout raconté et Myrddin avait été plus pâle que jamais. Il lui avait même immédiatement ordonné de l'emmener dans le futur afin qu'il puisse aller hurler sur le directeur de son école pour avoir laissé une telle créature si près de simples enfants.
– Il était frappé d'horreur quand je lui ai tout dit, expliqua Sal, riant toujours. Il a voulu vérifier par trois fois l'état de mon bras pour être certain que le venin du Basilic ne m'avait pas tué.
Lancelot en tomba presque de sa monture.
– Cette histoire est vraie ? s'horrifia-t-il, son estime pour Sal semblant augmenter.
Sal haussa les épaules et repoussa sa manche pour lui montrer sa cicatrice.
– … C'est un Phénix qui m'a soigné.
Le chevalier scruta la cicatrice et frissonna.
– Je suis surpris que votre père ne vous ait pas ordonné de ne plus jamais vous éloigner, après ça, fit-il remarquer. Combien d'hivers étaient déjà passés lorsque c'est arrivé ? Deux ? Trois ? Aussi impressionnante que cette cicatrice puisse être, vous ne deviez pas avoir été plus qu'un nourrisson à l'époque !
Sal voulut une nouvelle fois protester, lui dire que le Basilic était simplement très vieux et sûrement sénile même, mais Lancelot reprit.
– Alors toutes les autres histoires sont aussi véridiques ? Combattre des Dragons ? Une charrette volante ? Visiter des endroits où l'on vous a interdit d'aller ? Combattre des Trolls ?!
– Euh… peut-être, répondit Sal nerveusement. Je… je n'étais très doué pour écouter ce qu'on me disait quand j'étais enfant. Mais atr n'était pas là la plupart du temps, donc il n'a jamais eu l'occasion de me réprimander pour tout ça…
– Tu veux dire que ton père était avec Arthur tout ce temps, fit Lancelot, amer. Et aucun d'entre nous n'a jamais pensé à laisser Myrddin allait te chercher. Nous l'avons même retenu au château lorsqu'il a voulu rentrer chez lui !
Sal cligna des yeux, ne sachant pas quoi dire. Il avait déjà bien vieilli et beaucoup vagabondé lorsque Myrddin avait commencé son enseignement auprès d'Arthur, et avec tout ce qu'il venait de lui raconter, il ne comprenait pas comment le chevalier pouvait bien encore le prendre pour un enfant…
Salvazsahar décida finalement que seul son père pourrait répondre à cette question.
– Nous ne sommes que des égoïstes sans cœur, n'est-ce pas ? dit Lancelot. Il nous parlait sans cesse de toi, mais nous n'avons pas pensé un seul instant que tu puisses véritablement exister. Nous ne pensions pas qu'il nous parlait de son propre fils !
– Arthur est un Originel, clama Sal, se souvenant d'une lettre dans laquelle son père mentionnait son enseignement auprès de son nouvel apprenti - mais, après tout, ce n'était pas comme si Sal pouvait avoir deviné que son père parlait en fait du roi Arthur en personne à ce moment-là… Il est extrêmement dangereux de ne pas entraîner un Originel. Arthur a besoin d'en apprendre plus sur son héritage et sur ses responsabilités. Il ne le quittera pas tant que son apprenti aura besoin de lui. C'est la charge qui incombe aux nés Firbolg, même s'il n'a aucun lien de parenté avec lui.
– Même s'il a dû pour cela abandonner son propre fils, lança Lancelot, l'amertume toujours bien présente.
– Je n'avais pas besoin de lui, répliqua Sal le plus sincèrement du monde. Arthur, si.
Lancelot renifla de dédain.
– Je n'y crois pas un seul instant, contra-t-il, têtu.
Le silence les accompagna pendant de longues minutes et peu à peu la forêt s'effaça et laissa place à un château.
– Bienvenue à Camelot, lança Lancelot et Sal observa les alentours.
Ses yeux s'écarquillèrent.
Il connaissait ce château !
Des souvenirs l'envahirent tandis qu'il scrutait la majestueuse silhouette du château qui se dressait au-dessus des collines et de la forêt comme une reine aimante. Même s'il pouvait oublier d'un jour à l'autre tout ce qu'il avait connu auparavant, il savait que jamais il ne pourrait oublier ce château.
Sa maison.
La première maison qu'il n'ait jamais eue.
C'était… Poudlard !
.
Ils franchirent l'entrée à pied, Lancelot ayant laissé sa monture aux écuries - qui se trouvaient exactement là où se dresserait la cabane de Hagrid bien plus tard.
Lancelot salua les gardes à l'entrée d'un hochement de tête, guidant Sal au travers de ces anciens et bien connus couloirs, jusqu'à ce qu'ils atteignent la Grande Salle.
Arrivée devant celle-ci, un des gardes les stoppa.
– Le roi est en train de discuter avec Myrddin de la forteresse. Ils préparent des stratégies de défense, et Arthur a demandé à ce qu'on ne les dérange pas.
– C'est peut-être bien ce qu'il a dit, commença Lancelot, mais certaines choses sont plus importantes que des stratégies de défense, et je connais un prisonnier dans ce château qui arrêterait de se sentir comme tel si nous sommes autorisés à entrer.
Prisonnier ?
Sal ne fit pourtant aucun commentaire à voix haute. Peut-être que Lancelot avait raison et que la tâche de Myrddin le maintenait prisonnier dans ce château après tout.
Lancelot fit fi des gardes complètement hébétés par son comportement et agrippa le bras de Sal pour qu'il le suive de près.
Le chevalier poussa les battants de la porte et ceux-ci s'écrasèrent sur le mur opposé en s'ouvrant.
Au milieu de la Grande Salle se tenait une table en chêne circulaire. Le plafond n'était pas enchanté et sur le piédestal, au lieu de la table réservée aux professeurs, seul était surélevé un trône - néanmoins, il n'y avait aucun doute à avoir... c'était bien la Grande Salle de Poudlard.
Assis à la table se tenait un homme, peut-être aussi âgé que Lancelot, et un autre se tenait à ses côtés, beaucoup plus vieux. Il avait des cheveux blancs, mais ses yeux… ses yeux…
– Lancelot ! s'exclama le plus jeune, contrarié. J'ai dit aux gardes que je ne voulais pas être dérangé !
Sal remarqua les yeux de l'autre homme glisser sur son visage, sur ses vêtements puis sur ses propres yeux…
– Atr, dit-il.
Brusquement, l'homme se mit à courir vers lui. Il avait franchi les quelques mètres qui les séparaient avant même qu'Arthur n'ait pu prononcer la moindre parole, et Sal se retrouva aussitôt enveloppé dans l'étreinte de son père.
– Salvazsahar ! entendit-il son père s'exclamer tandis qu'il vérifiait qu'il n'était pas blessé. Je remercie le ciel de t'avoir ramené auprès de moi ! Tu vas bien ! Tu vas bien !
Sal cligna des yeux. Il était présentement plus petit en taille que son père donc il n'eut qu'à relever la tête pour plonger ses yeux dans les siens. Il y avait de la peur. La peur que quelque chose ait pu lui être arrivé entre une missive et une autre. Une peur irrationnelle quant à l'idée qu'il aurait pu, peut-être, ne jamais le revoir.
La culpabilité fit son chemin jusqu'au cœur de ses entrailles.
– Pardonne-moi, atr, murmura-t-il contre la tunique dont était vêtue son père. Pardonne-moi !
L'étreinte se resserra.
– Tu es revenu, et c'est tout ce qui compte, lui répondit Myrddin, le calmant par des caresses apaisantes.
Ce fut à ce moment qu'Arthur décida d'intervenir.
– Je présume que vous connaissez ce gamin, Myrddin ? l'interrogea-t-il, mais avant que le plus âgé ne puisse répondre ou que Sal ne puisse penser à sa propre réponse, Lancelot s'en mêla.
– Le gamin en question, il s'agit son fils, fit-il remarquer, la voix glaciale. Un fils qui n'a pas vu son père depuis quinze ans pour la simple et bonne raison que vous n'avez pas laissé Myrddin quitter ce château même pour six petits mois ! La pensée que Myrddin pouvait peut-être vouloir nous quitter non pas pour prendre des congés, mais pour retourner auprès de sa famille vous a-t-elle même effleuré ?!
Arthur ouvrit puis ferma la bouche. Il observa Sal qui était toujours fermement emprisonné dans l'étreinte de son père.
– Votre fils, Myrddin ? tenta-t-il.
Myrddin desserra son étreinte, mais l'une de ses mains résidait toujours sur l'épaule de Sal.
– Absolument, confirma avec calme. Voici Salvazsahar Serendu Harryjames Emrys, mon enfant. Sal, je te présente le roi Arthur Pendragon, mon élève.
Sal s'inclina.
– Votre Majesté, le salua-t-il, incertain de la façon dont il devait se comporter dans ce genre de situation.
Le roi se mit à rire.
– Tu es le fils de mon mentor, tu peux bien m'appeler Arthur, dit-il, mais ses yeux étaient toujours aussi sévères. Je vous ai séparé, n'est-ce pas ?
– Ce n'était en rien votre faute, contra Sal et les yeux d'Arthur se tournèrent vers Myrddin.
– J'aurais envoyé quelqu'un pour le faire amener ici, dit-il. Si vous m'en aviez parlé, je l'aurais fait. Il ne devait être qu'un nourrisson quand vous êtes parti pour entamer mon apprentissage.
Sal souffla avec colère. Paraissait-il aussi jeune que ça ?! Il n'en dit pourtant rien à voix haute en sentant la pression effectuée par son père sur son épaule.
– Il était jeune, confirma Myrddin. Mais tu devais apprendre, et il n'y avait personne d'autre que moi. Le parrain de mon enfant s'est occupé de lui.
Sal tourna son regard vers son père, surpris. Alors c'était donc ça : Myrddin avait inventé toute une comédie autour de lui…
– Son parrain ? s'étonna Arthur, gagné par la culpabilité. Qu'en est-il de sa mère ?
– Elle est morte peu après ma naissance, répondit Sal.
– Elle était souffrante ? imagina Lancelot.
– Elle a été assassinée, le corrigea Sal. Elle est morte en voulant me protéger.
À ses paroles, les yeux de son père s'assombrirent.
– Oui et un jour, le dérangé qui a fait ça paiera, continua-t-il.
– Dîtes-moi de qui il s'agit et où il se trouve, et j'enverrais immédiatement mes hommes à sa poursuite, proposa Arthur, son regard passant du père au fils, mais tous deux secouèrent la tête.
– Tu ne peux rien faire, répliqua Myrddin. Tout comme je ne pouvais pas envoyer tes hommes trouver mon fils.
Arthur s'apprêtait à protester, mais Myrddin reprit immédiatement.
– Je t'ai parlé de mes voyages de jeunesse, rappela-t-il à Arthur et celui-ci hocha la tête. La mère de mon fils, elle aussi, appartenait à ce monde, dit-il. Je suis revenu en Grande-Bretagne, mais la dernière fois que mon fils a vu l'Angleterre, il venait à peine de naître. Il n'a pas grandi ici et je ne pouvais pas faire envoyer tes hommes dans un pays étranger juste pour le ramener, même si je l'ai voulu de toutes mes forces.
Sal ne pouvait qu'admirer son père. Myrddin n'avait même pas vraiment menti à Arthur, si ce n'est pour des détails pour lisser le tout, mais il avait dressé son histoire pour qu'elle se rapproche le plus possible de la vérité tout en étant mêlée à ses mensonges. La mère de Sal faisait partie intégrante du futur, donc elle n'avait jamais vraiment connu Britannia comme Myrddin la connaissait. Sal était né une seconde fois dans ce même pays et l'avait quitté dès qu'il l'avait pu pour chercher un moyen de rentrer, ainsi, il n'avait pas vraiment grandi en Britannia. Et évidemment, Myrddin n'aurait pas pu faire envoyer des hommes à la recherche d'un homme adulte voyageant aux quatre coins du monde. Tout ce que Myrddin avait dit avait sa part de vérité, mais le tout s'était passé d'une manière bien différente que la façon dont Arthur allait l'interpréter…
Il faut qu'il m'apprenne à faire ça, médita Sal. Ça prendra du temps, mais au moins, il ne sera pas perdu.
Arthur soupira de dépit en entendant les mots de Myrddin.
– Je comprends. Mais souvenez-vous que vous pouvez requérir mon aide quand vous le souhaitez. Dites-moi ce que je peux faire et je mettrai mes hommes à votre service. C'est le moins que je puisse faire pour vous remercier de tout ce que vous avez fait pour moi.
Myrddin inclina la tête.
– Comme tu le souhaites, Arthur.
Un silence s'installa. Arthur patienta quelques minutes, mais n'y tenant plus, il reprit.
– Vous ne quémanderez pas mon aide, c'est cela ?
– Exactement, confirma Myrddin. Je t'ai déjà dit que tu ne pouvais rien faire de plus.
– Est-ce qu'il y a au moins autre chose…
Cette fois, Myrddin y réfléchit sérieusement, détaillant son fils du coin de l'œil. Sal ne fit aucun commentaire. Il savait que son père pouvait être en ce moment même en train de penser à quelque chose qui pourrait changer sa vie, mais il avait accepté il y a longtemps qu'à cette époque, c'était le père qui décidait pour le fils, même si celui-ci avait déjà atteint l'âge adulte… Sal pouvait ne pas aimer ça, mais quoi qu'il arrive, il devait l'accepter.
Myrddin avait le droit de choisir ce que Sal faisait de sa vie. Habituellement, il ne se servait pas trop de ce pouvoir sur lui, mais savoir qu'il y pensait maintenant prouvait qu'il pensait à quelque chose qui lui était nécessaire d'apprendre…
– Si tu souhaites m'aider, alors..., commença Myrddin, pourrais-tu enseigner à mon fils ? Tu possèdes des aptitudes que je n'ai pas et qui t'ont été enseignées par ton père et ton oncle, même si tu les as tous les deux perdus lors de ton quinzième hiver. Tu peux rembourser la dette que tu as envers moi en enseignant ces aptitudes à mon fils.
Arthur toisa longuement Sal.
– Ce serait un honneur, répondit-il finalement.
– Et je ferais de même ! déclara Lancelot. Il y a longtemps que je souhaite apprendre à un jeune l'art de combattre, c'est enfin ma chance !
Sal n'était pas certain de pouvoir partager sa joie de vivre.
– Bien… Arrêtons-nous en là pour aujourd'hui, déclara Arthur avant de jeter un regard au chevalier. Lancelot et moi travaillerons sur un programme d'entraînement pour votre fils que nous vous présenterons dès demain. Pour le moment, profitez donc et rattrapez le temps perdu avec votre fils, Myrddin.
– Très bien, répondit le mage, puis il mena Sal en dehors de la pièce. Ils restèrent silencieux jusqu'à ce qu'ils atteignent les quartiers de Myrddin, et ce ne fut qu'après avoir clos la porte et s'être éloigné de toutes les oreilles indiscrètes que Sal reprit la parole.
– Je t'en pris, explique-moi, atr, le sollicita-t-il. Il n'avait pas besoin d'être plus précis que ça : tous deux savaient très bien qu'il parlait de sa façon de tromper Arthur dans ses propos.
– Nous sommes tous deux bien trop vieux pour expliquer la situation sans dévoiler que nous sommes plus créatures qu'humains, expliqua Myrddin. Même s'ils connaissent la vérité à propos des nés Firbolg, ils ne comprendraient jamais la différence qui nous sépare d'eux, et je n'aime pas m'expliquer sur ce genre de choses.
– Mais… Arthur n'est-il pas censé être lui aussi un Originel ? Ne vivra-t-il pas plus longtemps que les autres, tout comme nous ? le questionna Sal, surpris.
– C'est ce qu'il est, en effet, et il vivra, affirma Myrddin. Cependant, ça ne sera que pour un siècle ou deux de plus que les autres. Sa famille possède peut-être l'âme d'un Firbolg, mais il ne descend pas d'un Phénix.
– Alors, c'est dans le sang des Phénix, conclut Sal.
– Oui, confirma Myrddin. Un Phénix est une créature qui naît à plusieurs reprises. Ils décident quand mourir pour renaître une nouvelle fois et ils décident lorsqu'ils deviennent trop vieux. Le sang qui coule dans nos veines nous offre une vie plus longue que n'importe quel autre né-Firbolg.
– Et tu ne veux rien lui en dire…
– Exactement, termina Myrddin. Et rien non plus sur notre habilité à vieillir et à rajeunir à volonté. C'est une magie qui appartient à notre lignée. Si ce n'est en famille, ce secret ne doit pas s'ébruiter, tu as bien compris ?
– Oui, acquiesça Sal.
– C'est exactement la même chose quand il est question de la magie héréditaire à la famille d'Arthur ou celle d'autres descendants de Firbolg comme nous. Nous sommes incapables d'utiliser leur magie et nous ne connaissons pas leurs secrets, entendus ?
Sal hocha la tête une nouvelle fois.
– Alors je dois faire comme si j'avais de nouveau quinze ans étant donné que je parais les avoir, conclut-il.
– C'est cela, approuva Myrddin en souriant. Mais je suis content que tu sois venu. Arthur et Lancelot sont deux des meilleurs combattants que je connaisse. Ça ne pourra que t'être bénéfique d'apprendre auprès d'eux.
– C'est pour ça que tu as tout de suite accepté l'offre d'Arthur…
– Exactement, confirma-t-il toujours souriant. Son expression changea pourtant subitement et devint plus sérieuse.
– J'ai aussi récemment découvert qu'un membre de ta famille s'est installé près de la Grande-Bretagne.
Sal paru perturbé par ces propos.
– Un membre de ma famille ?
– Tes yeux verts, un jour, je t'ai dit que c'était un héritage familial, t'en souviens-tu ?
Sal opina immédiatement.
– Bien, il semblerait que la famille LeFay se soit installée à Avalon, énonça Myrddin. Je sais que tu ne sais rien de la magie qui te vient de cette branche de ta famille. Tu pourrais aller demander à devenir apprenti là-bas pour quelque temps.
– Mais enfin…
– Il faut que tu saches ce dont tu es capable pour connaître ton véritable potentiel, déclara Myrddin. Apprendre à contrôler la magie qui te vient de ton héritage est très important et si tu rencontres au cours de tes voyages un autre de tes ancêtres, je veux que tu ailles apprendre auprès d'eux également, bien compris ?
– Oui, hésita Sal. Dois-je partir bientôt ?
– Bien sûr que non, le rassura Myrddin. Mais je souhaite que tu ailles voir Morgana LeFay un jour. J'ai entendu dire qu'elle était guérisseuse et au vu de sa profession, je sais avec certitude qu'elle ne pourra jamais lever la main sur toi. Un serment l'en empêche. Elle sera le parfait mentor pour toi.
Sal hocha simplement la tête, son esprit en pleine ébullition. Il était un des descendants de Morgana LeFay ?! La même enchanteresse dont le fils avait tué… allait tué… Arthur ?!
Sal ne connaissait pas grand-chose à l'Histoire, mais il se souvenait parfaitement avoir appris ça dans le monde moldu à son époque, il y a bien longtemps. Il n'était même pas sûr que Binns ait enseigné cette partie de l'Histoire pendant ses cours, mais il en savait assez pour frissonner d'horreur à la pensée même qu'il avait un lien de parenté avec cette enchanteresse…
Pas qu'il pouvait faire quoi que ce soit pour prévenir que ça arrive de toute façon...
– J'irais en temps voulu, promit le brun. Mais j'aimerais passer un peu de temps avec toi avant ça.
Myrddin lui sourit franchement.
– Et je ne peux que m'en réjouir, confessa-t-il en décoiffant la tignasse de son fils. À présent, je veux tout savoir de tes aventures.
Ainsi, ils passèrent le reste de la journée plongée dans le parcours de Sal à travers diverses contrées au travers du monde. Ils finirent tout de même par se retirer dans leurs lits à une heure avancée de la nuit, tous deux épuisés par les récits contés et entendus.
Le jour suivant, Arthur leur présenta le programme qu'il avait préparé pour Sal afin d'arranger ses leçons entre Arthur, Lancelot et Gawain, un autre fidèle chevalier du roi. Arthur avait déjà pris l'initiative de réfléchir à ce qu'il pourrait lui enseigner et Myrddin avait approuvé ses choix en la matière.
Sal, lui-même, ne fut pas franchement ravi en entendant parler de son nouvel emploi du temps, mais son père mit rapidement fin à ses protestations.
Ainsi, il commença ses cours en termes d'Histoire, de politique, d'étiquette, de stratégie de combat et d'art du combat avec et sans ses pouvoirs.
Arthur était celui qui lui enseignait la politique et la manière de combattre en utilisant la magie. Lancelot lui apprenait l'art de se battre avec une épée et les stratégies de combat, et Gawain s'occupait des cours d'étiquette et d'Histoire. Grâce à sa bonne mémoire, l'enseignement fut rapide, tout particulièrement lorsque Arthur prit avantage de cette aptitude et qu'il commença à jeter des boules de feu à Sal qui se devait de rapidement les esquiver sous peine de recevoir de méchantes brûlures.
Sal n'avait jamais rien vu de telle que la magie utilisée par le roi. Arthur les créait à mains nues et semblait les contrôler avec peu de difficultés. Sal trouvait ça absolument prodigieux et c'est ce qui le poussa à tenter d'en produire lui-même lorsqu'il se retrouvait seul.
Au début, il n'arriva à rien, mais après quelques semaines d'entraînement, il parvint finalement à créer une simple flamme au creux de ses mains.
– Il ne me reste plus qu'à la faire grandir, dit-il à voix haute, souriant de toutes ses dents, les yeux fixés sur son dernier achèvement.
– Qu'est-ce que tu fais ? lui demanda une voix juste derrière lui, et Sal se tourna et rencontra le regard d'Arthur.
– Je… je…, balbutia-t-il, se sentant comme un enfant pris en faute par son aîné. Je…
Le regard stupéfait du roi était fixé tout droit sur la flamme qui brûlait au-dessus de ses paumes et lorsqu'il le remarqua, Sal l'éteint immédiatement.
– Veuillez me pardonner, Arthur, s'excusa-t-il sur un ton coupable. Je n'aurais pas dû…
– Est-ce que tu peux le faire une nouvelle fois ? l'interrompit-il, sa voix prenant un ton des plus étranges.
Sal hésita un moment avant de rallumer la flamme. Arthur s'en approcha et passa ses doigts à travers le feu pour s'assurer de son existence. Ses yeux s'écarquillèrent et il scruta Sal d'un air interdit.
– Tu peux me dire comment tu as réussi à faire ça.
Sal haussa les épaules.
– Par la force de la volonté tout simplement, répondit-il. Je… j'essaie d'y parvenir depuis la première fois que je vous aie vu user de boules de feu… Je… veuillez excuser mon erreur… !
– Non… non, tout va bien, mon enfant, le rassura-t-il d'une voix douce avant de passer sa main dans les cheveux de son apprenti. Sal ne sut pas vraiment comment il devait interpréter ce geste. Normalement, un adulte qui n'était pas apparenté à un enfant ne devait pas le toucher, c'était très mal vu d'en faire autrement et Arthur n'avait jamais brisé cette clause jusqu'à aujourd'hui…
– Dis-moi, mon garçon, que sais-tu de ta mère ? demanda-t-il à Sal.
Celui-ci hésita, puis décida de jouer la carte de la sincérité.
– Je sais qu'elle était jeune quand elle est morte et que mes parents n'étaient pas mariés depuis très longtemps. Je sais aussi que j'ai hérité de ses yeux et qu'elle était une sorcière brillante. Je ne pense pas que atr l'ait connue très longtemps, fit-il, mixant mensonges et vérités pour rendre le tout plus crédible.
– Donc, tu ne sais pas de quelle famille elle vient ? conclut Arthur.
Sal haussa les épaules.
– Pas vraiment, confirma-t-il, ne mentant pas vraiment cette fois-ci.
– Je vois, fit Arthur en ébouriffant une nouvelle fois la tignasse du brun. Ne t'en fais pas, mon garçon, je ne suis pas en colère. Viens avec moi, je vais te montrer quelque chose.
Sal hésita avant de suivre Arthur.
Quatre longues heures plus tard, il retourna dans les quartiers qu'il partageait avec son père, complètement épuisé. Arthur lui avait montré un bon nombre de choses, comme la manière de contrôler le feu sans chercher à en produire soi-même et comment faire de même avec les plantes. Sal s'était entraîné à maintenir son contrôle jusqu'à ce qu'il parvienne à faire fleurir un bourgeon et à faire s'embraser un feu sans l'aide de bois.
Utiliser une telle magie l'avait vidé de ses forces et Sal tomba dans son lit pour aussitôt s'y endormir. Après une bonne nuit de sommeil, il fut réveillé au petit matin par son père qui l'informa qu'Arthur les avait fait appeler auprès de lui.
Sal se leva et suivit son père jusqu'à la Grande Salle.
– Myrddin, Sal, les salua Arthur. Je vous ai fait venir pour vous demander une faveur.
– Mon Seigneur ? s'enquit Myrddin.
Sal était tout aussi surpris, mais en tant que « mineur », il ne fut pas autorisé à parler avant qu'on ne lui en donne la permission. Il avait finalement appris à ne plus protester - intérieurement ou pas - contre de telles règles, même s'il était tout sauf mineur.
– Myrddin, je souhaiterais adopter votre fils, déclara Arthur.
Sal cligna des yeux, complètement abasourdis. L'adopter ?! Sal avait déjà un père enfin ! Pourquoi demandait-il… ?
– J'ai besoin d'un héritier et je ne suis pas certain du temps que cela prendra avant que je ne puisse en concevoir un moi-même. Je vous demande votre permission pour prendre votre fils comme tel jusqu'à ce que ce jour vienne, proposa le roi.
– J'en suis honoré, mon Seigneur, répondit Myrddin. Malheureusement, Sal est trop âgé pour absorber une partie de votre âme, donc il ne pourrait pas être votre véritable héritier. Peut-être qu'une adoption succédanée avec laquelle il aurait seulement accès à une partie votre héritage magique pourrait fonctionnait, mais ce ne sera en rien la même chose. N'oubliez pas que nous sommes les descendants des Firbolg. Notre âme ne possède pas la sensibilité et la flexibilité des âmes humaines. Si vous étiez un druide moyen, vous pourriez lui donner accès à l'entièreté de votre héritage, mais en tant qu'Originel, vous ne pouvez pas en faire de même.
– J'en ai bien conscience, concéda Arthur d'une voix calme. Vous me l'avez bien enseigné, Myrddin. Et c'est une des raisons pour laquelle j'ai décidé de choisir votre fils. Il peut déjà utiliser la magie qui m'est héréditaire. Je l'ai vu comme je vous vois. Quelque part dans la lignée de votre femme, il y a dû avoir un croisement avec un membre de ma famille. Mon sang coule déjà dans ses veines. Il me faut simplement l'adopter dans la branche principale.
Sal était effaré. Il était un des descendants d'Arthur ?! Mais comment Arthur pouvait-il savoir ça ?!
Soudainement, Sal se rappela du regard que lui avait jeté le roi lorsqu'il avait vu la flamme qu'il avait créée, lorsqu'il l'avait touché…
Une magie qui lui était héréditaire ?!
Leur entraînement de la veille avait-il été un test pour confirmer les doutes qu'avait eus Arthur en le voyant manier le feu ?! Est-ce qu'il lui avait demandé de faire toutes ces choses pour être certain que son héritage coulait bien dans ses veines ? Sal se sentit brusquement comme un enfant ayant touché à quelque chose dont il n'aurait jamais dû s'approcher en premier lieu…
Myrddin paraissait lui-même quelque peu interdit face à cette découverte. Il se tourna vers son fils et le dévisagea longuement.
– En es-tu certain Arthur ? tenta-t-il et celui-ci acquiesça.
– Absolument, répondit-il. M'en donnerez-vous la permission ?
– Est-ce que tu sais à quel degré il est éloigné de la branche principale ? s'enquit Myrddin.
Arthur secoua la tête.
– Nous verrons bien, déclara-t-il. Plus sa branche sera proche de la mienne, plus il sera puissant après l'adoption.
Une fois de plus, Myrddin se remit à observer son fils. Sal savait qu'il n'avait pas son mot à dire quant à cette décision. Il savait aussi que de retour à sa véritable époque, il aurait hait cette décision, mais il avait longuement appris à s'adapter, particulièrement puisqu'il savait que son père refuserait s'il savait que ça le rendrait malheureux.
– Je ne perdrais pas les droits que j'ai vis-à-vis de mon fils, répliqua Myrddin après réflexion.
– Je ne vous le demande pas, Myrddin, le rassura Arthur. Je voudrais simplement l'ajouter à ma lignée.
Myrddin resta silencieux l'espace d'une minute avant d'acquiescer finalement.
– Si tel est votre souhait, concéda-t-il. Je vous laisserai mon fils pour que vous en fassiez votre héritier. Vous aurez le droit de lui enseigner et de décider ce qui est le mieux pour lui, tout comme je possède ces droits. Je ne les abandonnerais sous aucun prétexte.
Arthur hésita l'espace d'un instant avant d'incliner sa tête.
– Alors, qu'il en soit ainsi, dit-il.
– Qu'il en soit ainsi, répéta Myrddin.
Sal cligna des yeux, soufflés. Il ne pensait que son père autoriserait véritablement Arthur à l'adopter.
Il ne dit pas un mot jusqu'à ce qu'ils reviennent dans leurs quartiers.
– Tu vas vraiment le laisser faire ? s'alarma-t-il.
Myrddin soupira.
– Je sais que l'idée ne te réjouit pas, Salvazsahar, commença-t-il. Tu es plus âgé que lui et tu te sens plus adulte qu'enfant aussi. Mais essaie de comprendre ma décision. Arthur a affirmé que tu pouvais user du même héritage magique que lui, ce qui veut dire qu'un membre de ta famille est l'un de ses descendants. Je ne peux pas t'enseigner ce type de magie, et si Arthur a besoin de t'adopter pour te l'enseigner, je ne laisserais pas passer cette occasion. Tu as le droit de connaître ton héritage.
Sal soupira à son tour.
– Alors je vais devoir une nouvelle fois prétendre être un enfant, c'est ça ? en conclut-il. Myrddin lui sourit.
– Je suis sûr que ce n'est pas la dernière fois que tu devras t'y résoudre. Tant que tu ne trouveras pas un moyen de regagner ton époque, tu devras t'adapter. À certains moments, tu comprendras qu'il est plus facile de le faire en prétendant être un simple enfant, expliqua son père. Ne t'en fais pas, Sal. Tu as joué cette comédie depuis ton arrivée ici, je suis certain que tu peux continuer comme ça un petit moment.
– Oui, et on va encore me prendre comme apprenti, nota-t-il, dédaigneux.
– Tu l'as été depuis ton arrivée.
– C'est exact, concéda Sal, mais à ce moment-là, je n'étais pas le fils de du précepteur de l'homme en question…
– Tu t'y feras, répondit simplement son père, une once de froideur dans la réticence de son fils.
Et c'est ce que Sal fit.
Le jour suivant, on lui donna une potion à laquelle on avait ajouté le sang du roi - une potion d'adoption. Il la but jusqu'à la dernière goutte sans rechigner.
En apparence, il ne changea pas énormément. Ses yeux brillaient simplement d'une teinte émeraude plus profonde et semblaient maintenant avoir retrouvé la lumière qui leur avait manqué auparavant.
Mais il y avait une autre différence. Peu après l'adoption, Sal découvrit que son habileté à manier l'héritage qu'il partageait avec Arthur s'était considérablement améliorée.
– Ta branche ne devait pas être très éloignée de la branche principale, fit remarquer Arthur lorsqu'il décela son aptitude à presque ressentir à l'intérieur de lui le feu qu'il pouvait contrôlait. Ton introduction dans la branche principale a accru ta puissance comme on le voit rarement. Tu dois comprendre que tu possèdes maintenant des capacités te venant de ta lignée d'origine ainsi que celles qui viennent avec l'accès à la branche majeure de notre famille. Ensemble, ils forment ta véritable… ta véritable puissance.
– Je comprends, affirma Sal.
Cette nuit-là, il demanda à son père s'il était concevable de croire qu'il aurait pu appartenir à branche principale depuis le début.
– Bien sûr fut sa réponse. Je l'ai envisagé. La puissance dont tu fais preuve nous indique que tu as la capacité d'être le Lord de cette famille. Tu devais l'être à ton époque en tout cas.
Et il ne l'avait jamais su… mais ça, il ne le mentionna pas à voix haute. Ça le dérangeait de plus en plus de comprendre qu'on lui avait caché quelque chose d'aussi important.
Si j'arrive à regagner mon époque, je promets d'essayer de comprendre pourquoi je ne savais rien en ce qui concerne ma famille, se promit-il à lui-même.
Après cet épisode, ils ne parlèrent plus jamais du futur.
L'enseignement de Sal procuré par Arthur et ses chevaliers se poursuivit et ses leçons se firent de plus en plus fréquentes après son adoption.
Mais la chose la plus importante fut qu'il apprit fut les paroles que Myrddin prononça quelques semaines plus tard.
– Lorsque moi et Arthur mourrons, commença-t-il, tu devras t'occuper de la protection de Camelot. C'est Arthur qui m'a aidé à construire cet endroit, c'est pourquoi notre magie coule dans chacune de ces pierres. En tant qu'héritier, le château t'appartiendra lorsque nous ne serons plus de ce monde et tu deviendras le seigneur de ces terres. Ce sera alors de ton devoir de t'occuper des personnes qui vivent ici.
– Mais, que deviendra l'enfant qu'Arthur aura ? s'enquit Sal.
– Tant qu'il ne le reconnaîtra pas, cet enfant n'aura aucun contrôle sur quoi que ce soit, affirma Myrddin. Tu es son héritier jusqu'à ce qu'il en soit décidé autrement. Prépare-toi comme il se doit.
Ce fut aussi la dernière fois qu'ils en parlèrent. On enseigna à Sal tout ce qu'il pouvait apprendre et, finalement, il quitta ses pères et se remit à vagabonder. Arthur le laissa partir lorsque Sal lui raconta qu'il voulait en apprendre plus sur le monde, mais Myrddin seul savait où il se rendait vraiment : il était temps pour lui d'en apprendre plus sur sa famille.
Le changement du vouvoiement au tutoiement de Lancelot est totalement voulu. Étant donné que ça n'y paraît pas dans la version anglaise, c'est juste un choix personnel. Lorsqu'il perd ses moyens sous les émotions qui affluent, Lancelot tutoie son prochain, tandis qu'en général, il le vouvoie. J'espère que ça ne vous aura pas dérangé plus que ça ^^
