RARs :
Natsu : Ils te sortent des yeux, carrément XD ? Quoi de plus enquiquinant que des personnes qui ont la manie de vouloir tout gérer sans demander l'avis des personnes concernées ?! J'ai hâte de savoir ce que tu penses de ce chapitre, les choses commencent vraiment à bouger, YEAH ! Merci beaucoup pour ta review, des bisous et une excellente lecture !
lesaccrosdelamerceri : Haha, je ne dis rien en ce concerne Maugrey, tu en seras plus par la suite, ;) mais en effet, il ferait un bon allié, et il n'est pas le seul ! Tout le monde en veut à ce cher Albus ^^' Il souhaite simplement faire ce qui lui semble juste de faire vis-à-vis des circonstances, mais je dois bien avouer qu'il est franchement énervant X) Surtout pour ce pauvre Maugrey qui se doit de le supporter ! Ah ! Myrddin est populaire parmi vous apparemment, mais je reposerais la question plus tard, et je suis certaine que les réponses ne seront pas les mêmes, je dis ça, je ne dis rien. Après tout, je ne parle absolument pas des personnages génialissimes qui se présentent par la suite ! Une très bonne lecture et de gros bisous ;)
tenshi-no-yoru : Vous êtes donc pas mal à être curieux à propos de Maugrey, et vous avez… raison ^^ Un personnage de choix, il faut le dire ! Aha tu es le.a seul.e à m'avoir parlé des grands-parents de Sal ! Ils sont vraiment géniaux, je l'avoue ! Et effectivement, l'un d'entre eux ou peut-être les deux refera/referont leur apparition. N'oublions pas la malédiction qui pèse sur les Basilics ^^ Auront-ils le temps de se revoir avant qu'elle ne soit touché ? Je n'en dis pas plus ! Un grand merci pour ta review et pour tes précieux encouragements !
Kalane : Je pense justement qu'Albus ne pense pas qu'à lui, mais au monde entier, et il devrait sérieusement arrêter. Il doit avoir un sérieux syndrome du héros, en tout cas, dans cette version-ci, et je pense que je ne vais pas vous le faire aimer davantage avec ce qui vient ^^' Tu triches, je sais que Sal est exceptionnel, je n'ai pas besoin qu'on me le rappelle XD Merci pour tes compliments, des bisous et une bonne lecture !
Elwenn Snape : Mdrr, tu t'es contenté des noms et des verbes, t'as oublié le reste de ton français X), Mais ça a suffi bien sûr pour que je comprenne que tu es bien un.e des seul.e à ne pas voir Hermione comme une petite merd…. ! J'apprécie ^^ Même si elle le mérite des fois. Je ne peux rien te dire pour Severus, mais il ferait un allié de choix malgré leurs différends, mais la situation est plus compliquée qu'elle n'en a l'air (oui, c'est possible !) Des bisous et une bonne lecture ! Hâte d'avoir ton avis sur ce qui se passe dans ce chapitre ^^
Asu Rasmenov : Vous vous acharnez vraiment tous sur Albus XD Et j'ai l'impression que Reg est un second choix pour plusieurs d'entre vous, est-ce du dépit que je sens là ? Je sais, je sais, Sal est merveilleux X) Bien pour Myrddin en tout cas, il est adorable en tant que papa poule ! J'ai hâte de savoir ce que tu penses de ce qui se passe dans ce chapitre, donc je te laisse sur ces mots : plein de bisous !
CutieSunshine : Tu es défaitiste ! J'aime ta réponse, c'est bien la plus originale que j'aie reçu XD Merci beaucoup pour ton suivi jusque-là, je t'embrasse fort fort et je te souhaite une excellente lecture, en espérant que ce chapitre t'inspire !
Rome7 : Je vais commencer par te remercier pour ta review, pour tes compliments et pour tes encouragements. Cela me fait tout chaud au cœur de recevoir ce genre de chose ^^ Je suis une grande fan du personnage de Sal, et également de Regulus, donc je ne pouvais pas passé à côté, et il faut avouer que je me suis un peu jeté dessus, de peur qu'un autre traducteur se propose avant moi tant elle est connue dans la communauté anglophone. Je me retrouve donc avec une fiction en cours d'écriture et de traduction, ce qui m'angoisse un peu, vu que je n'ai pas eu que de bonnes expériences avec les fictions en cours (Black as the Blood in our Names en est un exemple ^^'), mais heureusement, l'auteure publie plus ou moins souvent (cela compte tous les 2 mois ? XD) donc je ne m'inquiète pas trop à ce sujet pour le moment ! J'espère ne pas te décevoir avec la suite (mais j'en doute, vu ce qui vient) Je t'embrasse fort et je te souhaite une excellente lecture, n'hésite pas à me dire ce que tu penses de ce chapitre, car il représente un énorme tournant dans l'histoire !
Melodie Zik Spirit : Je pense personnellement que Albus et Hermione ont la même manière d'agir. Ils veulent tous les deux faire le bien, mais sans demander l'avis des concernés, ce qui ne peut fonctionner, comme on le sait bien. Cette fiction n'est pas un M/M, mais tu l'espoir fait vivre dit-on X) Ce serait un pairing intéressant, n'empêche ! Je suis plutôt fan de Reg et James ? Ou Remus ? Au final, je mets tout le monde avec tout le monde XD Bref ! Je te souhaite une excellente lecture, en espérant que ce qu'il se passe dans ce chapitre te plaise !
Lokki1 : Un grand merci pour ce compliment ! Maugrey est un très bon choix ! Très bon ! Mais comme tu l'as bien compris, il y a encore tant à voir que je m'attends à ce que les personnages préférés de chacun aient changé lorsque je reposerais la question plus tard ^^ J'attends avec impatience cela ! Et surtout, je veux absolument savoir ce que tu penses de ce chapitre, il est très important, et il me tient particulièrement à cœur ^^ Sur ce, je te laisse, plein de bisous et une très bonne lecture !
Yami Shino : Ron a pu convaincre Hermione pour l'instant, on ne peut prévoir ce que nous réserve l'avenir ;) Vous êtes nombreux à aimer Reg, dis donc ! J'avoue, ce personnage est excellent, mais c'est vrai qu'il faut avouer qu'on ne le voit pas énormément, et si je ne me trompe pas, ça ne va pas tant changé que ça à l'avenir XD En fait, c'est un personnage important qui fait des actions importantes, mais qui reste dans l'ombre la plupart du temps, et on ne le voit que lorsqu'il concrétise quelque chose au final, pov' Reg ! Quoi qu'il en soit, gros chapitre, dans le sens où il est très important pour la suite, trop hâte de savoir ce que tu en penses. Merci d'être toujours là :D Je t'embrasse fort, et une bonne lecture, comme toujours !
aurel8611 : Il ne me semble pas que Remus apparaisse énormément dans cette histoire, je t'avoue que j'ai quelques doutes à ce sujet ^^' Reg est vraiment populaire pour le peu d'apparitions qu'il fait, dis donc ! Chapitre qui constitue un tournant dans l'histoire, je t'embrasse fort et je te souhaite une excellente lecture !
Lana : Ah, voilà quelqu'un qui comprend qu'Albus et Hermione sont à peu près du même niveau ! Albus a toujours été hypocrite, mais je pense que tu vas encore plus le détester si c'est ça qui t'importe dans sa personnalité. ! Je sais bien que Sal est merveilleux, pas besoin de me le rappeler XD J'espère que ce chapitre t'emballera autant ! Des bisous et une bonne lecture !
Mama-Milie : Parfois, je dois bien t'avouer que je préfère Tom à Albus. Franchement. Au moins, Tom est allé au bout de ses ambitions même s'il s'est perdu en chemin. Albus les renie comme si elles n'avaient absolument jamais existé… C'est triste, car ce sont tous les deux des personnages hyper intéressants ! J'ai hâte de savoir ce que tu vas penser de Ron par la suite XD Quoi qu'il en soit, chapitre tournant pour l'histoire ! Hâte de savoir ce que tu en penses ! Des bisous et une bonne lecture !
Streema : Ron n'est pas idiot, il est même particulièrement intelligent et débrouillard, même si cela ne se voit pas toujours ^^ Première personne qui ne crache pas sur Hermione XD Bravo ! Et c'est moi qui te dit merci pour tes encouragements, je t'embrasse fort, hâte de savoir ce que tu penses de ce chapitre-ci en particulier, et une excellente lecture à toi !
louai : Un grand merci pour tes compliments et encouragements ! J'espère que ce chapitre va t'emballer tout autant ! Il a vraiment ce petit truc en plus, je trouve, et j'espère que tu le verras aussi ! Des bisous et une bonne lecture !
a cat, a toad and almighty Albus
Ils ne trouvèrent rien dans la Chambre cette nuit-là et ils passèrent celles qui suivirent à fouiller de fond en comble les cachots.
Les recherches s'étalaient à présent sur des nuits entières.
Au commencement, Harry était encore en mesure de masquer son manque de sommeil ; ce n'était bien sûr pas la première fois qu'il faisait plusieurs nuits blanches d'affilée. Mais après une semaine, sa fatigue commença à se voir.
Ce vendredi soir, Harry accepta finalement qu'ils n'allaient pas trouver l'horcruxe en fouillant simplement le château couloir par couloir. Oh, attention, il avait la certitude qu'ils finiraient par tomber dessus à un moment ou un autre, mais il avait fini par réaliser que sans un peu d'aide, cela leur prendrait certainement des dizaines d'années.
Il leur fallait quelque chose qui puisse faire avancer les recherches plus rapidement.
C'est pourquoi, au lieu de reprendre les recherches, cette nuit-ci, Harry s'assit et se mit à développer un champ de force qui pourrait les assister dans leur quête.
Créer une telle chose était autant horriblement compliqué qu'éprouvant. Ce bouclier devait être en adéquation avec les protections qui maintenaient actuellement la défense de Poudlard, et Harry ne les connaissait pas toutes. Ce qui expliquait pourquoi c'était une tâche presque irréalisable pour lui pour le moment, ce qui était, en soi, des plus frustrants.
– Qu'est-ce que tu fabriques ? lui demanda Hermione, et avant qu'Harry ne puisse l'en empêcher, elle s'empara du parchemin.
Peut-être n'aurait-il pas dû se poser dans la Salle Commune des Gryffondor pour potasser dessus, mais Harry était si exténué qu'il n'y avait pas beaucoup réfléchi avant de se mettre à penser à son actuel problème.
Ah, qu'est-ce qu'il pouvait être exténué ! Il avait bien besoin de repos, mais il ne pouvait pas… pas tant qu'il n'avait pas encore la moindre piste concernant l'horcruxe !
Donc, au lieu de chercher une explication convaincante quant aux étranges équations et symboles cités sur le parchemin, tout ce qu'il fit fut de fixer bêtement Hermione tandis qu'elle parcourait son travail des yeux.
– Harry, qu'est-ce que tu es en train de faire ? répéta-t-elle. Sa voix tremblait et elle le scrutait d'une étrange manière.
– Quoi ?
Il avait définitivement besoin de sommeil.
– Ça !
Elle agita la feuille devant son nez.
– Qu'est-ce que c'est que ça ? Ça n'a rien à voir avec nos cours, j'en suis certaine, alors, j'attends. Dis-moi ce que c'est censé être ?
– Hum…, bégaya-t-il en tentant de trouver quelque chose de persuasif à dire.
Il était vraiment épuisé…
– Non… pas pour les cours, finit-il par admettre. Juste quelque chose que j'ai voulu tenter après l'avoir lu à la bibliothèque.
– Harry ! Te rends-tu compte que ça ressemble à de l'arithmancie ! Puis-je savoir pour quelle raison tu lis un livre à ce sujet ? J'ai du mal à comprendre…
– Euh… il traînait et ça avait l'air intéressant, répondit Harry, repoussant sa question d'un geste de la main. C'est bien plus compliqué que ça en à l'air, en fait
– Bien sûr que ça l'est ! fit Hermione en riant, moqueuse. Il y a bien une raison pour que l'arithmancie bénéficie d'un cours propre, tu sais ? Et ce livre ne devait pas être pour les débutants. Il y a bien trop de variables pour même tenter d'arriver à un résultat concret ! Et qu'est-ce que c'est que ces symboles ? Tu les as inventés ?
Harry jeta un œil à l'endroit qu'elle pointait sur le parchemin qu'elle tenait toujours entre ses mains.
Elle montrait du doigt les runes en fourchelang qu'il avait inscrites et dont il aurait besoin pour une des couches de protection, ou plutôt les runes dont il avait réussi à calculer l'emplacement approprié. Il en avait encore plusieurs à l'esprit qu'il savait être essentielles pour que le tout s'équilibre, mais sans savoir où les placer à cause du manque de données dont il souffrait.
Il avait définitivement besoin de ce grimoire à propos du champ entourant l'école !
– Harry ? fit Hermione après un battement, l'air inquiète. Est-ce que tu te sens bien ?
– Hm… oui… je suis juste un peu fatigué, répondit Harry en tentant de repousser la vague d'épuisement qui essayait de le submerger.
– Alors ? Qu'est-ce que c'est exactement ?
Elle pointa les runes parselanes.
– Des runes ? répondit-il franchement, trop fatigué pour trouver autre chose.
Hermione renifla, amusée.
– Ce ne sont pas des runes, Harry, dit-elle en secouant la tête. Tu sais quoi ? Si tu veux vraiment apprendre les runes et l'arithmancie, tu n'as qu'à me demander ! N'essaie pas de tout faire par toi-même. L'arithmancie peut être dangereuse pour ceux qui ne savent pas ce qu'ils font. Réfléchis-y un peu. Tu pourrais bien créer une toute nouvelle malédiction et personne ne serait en mesure de mettre un terme au sortilège bâclé que tu auras imaginé.
Harry se contenta de fixer, impassible, la jeune fille en train de le disputer qui se tenait devant lui.
Hermione se tourna vers le feu qui brûlait dans l'âtre.
– Jetons ça et recommençons depuis le début, suggéra-t-elle et sa main, ainsi que le parchemin, approchèrent des flammes.
– Non !
Cela seul suffit à réveiller Harry.
Il bondit de son fauteuil et lui arracha le parchemin avant qu'elle ne puisse le donner en pâture aux flammes vacillantes.
Elle le regarda avec des yeux ronds, pas certaine de savoir quoi penser de sa réaction.
Harry pressa le bout de papier contre sa poitrine, puis se rendant compte de ce qu'il venait de faire, il s'empourpra.
Lui seul, bien sûr, savait qu'elle était sur le point de réduire plus de quarante-huit heures de dur labeur en cendres, mais elle n'en savait rien. Pour Hermione, la plupart des inscriptions n'étaient que des équations insolubles et quelques gribouillis. Elle n'avait pas le moins du monde conscience que ce qu'elle avait tenu dans ses mains était en réalité un champ de force inachevé - et cela lui prendrait au moins encore une année d'études avant qu'elle comprenne l'importance de ce parchemin - et au moins dix ans de plus avant qu'elle n'intègre les principes rudimentaires de ce qu'il tentait d'entreprendre.
Après tout, il y avait une raison pour laquelle il avait si peu de Tisseurs de Barrières dans le monde magique.
– Euh… je ne veux pas que tu le détruises. Même si ce n'est qu'un brouillon d'absurdités, c'était quand même mon premier essai, expliqua-t-il à Hermione, les joues rouges.
Elle fronça les sourcils.
– Harry, finit-elle par dire lentement. Ce que tu as fait pourrait s'avérer très dangereux ! L'arithmancie ne se résume pas simplement à des équations et des calculs. C'est de la magie aussi ! Et le professeur Vector dit que le tout combiné pourrait très mal finir si c'était mal réalisé !
– Hm… Mais si je promets de ne plus travailler dessus, est-ce que ça ira pour le garder ? demanda Harry en soupirant.
Elle hésita et poussa à son tour un soupir.
– Très bien, garde donc ton brouillon. Mais laisse-moi au moins t'expliquer comment tu dois faire !
Et sur ces mots, elle courut jusqu'à sa chambre pour trouver son grimoire d'arithmancie de troisième année.
Harry soupira silencieusement.
Il avait comme l'impression que la leçon d'Hermione allait s'éterniser sur plusieurs heures avant qu'elle soit satisfaite du travail effectué.
Une pause s'impose à moi, en fin de compte, songea-t-il.
Si seulement il pouvait se servir de cette pause pour dormir au lieu de devoir perdre de précieuses minutes à écouter les jacassements futiles d'Hermione !
Elle revint à ce moment-là avec son bouquin et Harry se résigna à « apprendre » ce qu'il savait déjà…
La prochaine fois que je la vois mal réaliser quelque chose, je lui rendrai la politesse, pensa-t-il avec mauvaise grâce. Peut-être alors se rendrait-elle finalement compte de ce que ça faisait de se faire sermonner par elle : l'impression d'être complètement stupide.
Non pas qu'Harry se sente stupide. Il avait juste le sentiment qu'Hermione le pensait - après tout, lorsqu'il s'était soudain mis à s'intéresser à l'arithmancie, pourquoi avait-elle même pensé qu'il n'avait pas commencé par le début ? Même un idiot savait qu'il fallait ramper avant de pouvoir marcher.
Mais c'était Hermione. Elle était simplement aveugle sur la façon dont elle traitait ses camarades la plupart du temps.
Toutefois, lorsqu'elle revint, Harry poussa son travail sur le côté et se concentra sur son inopportune leçon.
Il lui rendrait la pareille un jour ! Même s'il devait mourir en essayant !
Et peut-être, s'il n'avait pas été si épuisé, aurait-il vu qu'une personne avait fait une copie de son travail avant de la faire disparaître.
Deux yeux pleins de soupçons et inégaux l'un à l'autre retournèrent leur attention vers l'exposé qu'Harry était en train de subir, analysant de sa position le garçon écoutant sa jeune camarade.
Il y avait définitivement quelque chose d'étrange chez Harry Potter…
.
Bill Weasley avait enfin pu prendre sa pause déjeuner. La journée avait été pénible. Ils avaient brisé les protections d'une bonne douzaine de chambres fortes avant de les remettre en place. C'était une mesure de sécurité propre à Gringotts : tous les six ou sept mois, les barrières de toutes les chambres étaient remplacées. Parfois, on ne faisait que rajouter par-dessus les protections existantes, d'autres fois, les gobelins déplaçaient le contenu de la chambre dans une temporaire et rompaient le champ entier pour pouvoir tout remettre à zéro et remanier les barrières d'une différente façon.
Au moins, ces constants changements rendaient l'intrusion de voleurs bien plus ardue.
Néanmoins, la tâche était épuisante, surtout lorsqu'il s'agissait de champs aussi puissants que ceux créés par les enchanteurs gobelins.
Cela dit, c'était quand même lui qui avait décidé ce qu'il voulait faire dans la vie, il ne pouvait donc pas s'en plaindre.
– C'est ta pause, gamin ? lui demanda soudain une voix et Bill se détourna de son maigre repas au Chaudron Baveur pour jeter un coup d'œil à l'homme qui venait de lui adresser la parole.
– Maugrey, le salua-t-il. Que faites-vous ici ?
Bill savait que l'ancien Auror paranoïaque n'entamerait pas la conversation s'il n'avait rien à dire ou s'il ne souhaitait pas informer Bill de quelque chose.
– J'ai un petit quelque chose auquel j'aimerais que tu jettes un œil, répondit Maugrey. Je veux savoir ce que tu en penses.
Bill fronça les sourcils et indiqua à Maugrey de lui montrer.
L'ancien Auror sortit un bout de parchemin tout froissé et le déposa sur la table.
– Dis-moi ce que tu y comprends, demanda l'homme paranoïaque. Je sais que ces calculs ne sont pas faits au hasard, mais je n'ai plus fait d'arithmancie après la cinquième année.
Bill tourna le papier vers lui pour pouvoir l'inspecter.
Au premier regard, les inscriptions sur l'un des côtés de la feuille paraissaient être de simples gribouillages, mais lorsque Bill examina de plus près les calculs, il soupçonna rapidement qu'il y avait là davantage que ce qu'on percevait à première vue.
– C'est un champ de protection, finit-il par dire. Il n'en avait pas été certain avant de s'autoriser à finalement le dire à voix haute.
– Un champ ? répéta Maugrey en scrutant le papier à nouveau.
Bill hocha la tête et pointa les gribouillis.
– Ça, ce sont des runes. Je ne suis pas familier avec cet alphabet, mais je sais quand même les reconnaître quand j'en vois. Les calculs définissent leurs emplacements dans le champ inachevé.
– Qu'est-ce que ce champ est censé produire une fois inscrit quelque part ?
Maugrey toisa le parchemin d'un regard étrange.
Bill fronça les sourcils et observa de nouveau les équations. Comme il ne pouvait pas lire les runes, il n'avait pas la moindre idée de ce à quoi elle se référait - devoir déterminer quel usage on ferait d'un champ inachevé avec seulement quelques calculs et un alphabet qu'il ne comprenait pas s'avérait ardu.
– Je n'en suis pas bien sûr, répondit-il finalement. Je ne peux pas les lire, alors c'est difficile de deviner à quoi elles peuvent bien servir une fois combinées.
– Et… est-ce tu penses que ce champ pourrait être utilisé pour faire du mal à quelqu'un ?
Maugrey semblait définitivement troublé en demandant ça.
Bill cligna des yeux et repassa en revue tous les calculs.
– Non, répondit-il sincèrement. C'est impossible que ce soit ce pour quoi on a tenté de le créer.
– Je pensais pourtant que tu ne pouvais pas déterminer ce à quoi il doit servir ? insista Maugrey pour qu'il soit plus clair.
– Je ne peux pas, confirma Bill dans un haussement d'épaules. J'aurais besoin de savoir de quelle langue il s'agit et de comprendre la signification de chaque rune pour en être certain. Mais les équations me permettent d'avoir une bonne estimation de ce pour quoi il pourrait être utilisé.
– Comment est-ce que de simples calculs peuvent te dire ça ?
– Ce n'est pas compliqué. Il y a certaines équations ici qui servent à calculer l'emplacement de runes de protection. Je ne sais pas desquelles il s'agit, mais je sais que c'est de ça dont on parle. Et ce type de runes ne s'utilisent pas pour de sombres desseins.
– Donc… à première vue, il ne sert pas à nuire, mutiler ou tuer ? résuma Maugrey en haussant un sourcil.
– C'est ça, ni à nuire, ni à mutiler, ni à tuer, répéta Bill. Si je devais poser une hypothèse, je dirais que ce champ doit servir à capter quelque chose. Il n'est pas achevé, donc c'est dur à dire, mais on peut déjà voir le début d'un détecteur de tout ce qui pourrait s'apparenter à de la torture, ou qui pourrait porter préjudice à n'importe qui dans ce calcul-ci. (Bill pointa une équation avec une tonne de variables.) Qui que soit la personne ayant rédigé cela a encore besoin de rassembler un bon nombre de données avant de pouvoir l'utiliser où que ce soit.
Maugrey scanna le parchemin.
– Si je te disais que celui qui a écrit ça se trouve à Poudlard, est-ce que ça changerait ta façon d'interpréter ce champ ? demanda-t-il finalement et Bill secoua simplement la tête.
– Peu importe où il sera posé, il ne pourra pas servir à faire autre chose que protéger les gens de plusieurs formes de ténèbres ou à les détecter. Il n'y a rien d'autre qu'on puisse faire avec ces calculs, même si on en rajoute une douzaine par dessus.
– Donc, il ne s'agit que d'une simple barrière de protection ou de détection ? continua Maugrey. En tant qu'Auror, il avait déjà rencontré ces deux types de champs, même les plus simples, et ils ne s'étaient jamais imaginé qu'il fallait autant de calculs pour en créer un.
– Non, répondit Bill avec sincérité. C'est peut-être ce à quoi doit servir cette barrière, mais elle n'a rien de simple. Ce qu'il y a là… (Bill posa son index sur le parchemin pour accentuer ses mots.) … c'est le champ le plus compliqué que j'ai vu de toute ma vie. C'est aisément au niveau des barrières gobelines posées sur la chambre forte de leurs chefs de clan. C'est très spécifique, et c'est cette spécificité qui le rend compliqué.
– Spécifique ? De quelle manière ?
Bill haussa les épaules.
– Je ne pourrais pas le dire, répondit-il. Il faudrait que je puisse lire ses runes pour vous l'expliquer.
– Est-ce qu'il y a autre chose que tu pourrais me dire ?
Bill secoua la tête.
– Pas vraiment. Quiconque ayant écrit cela sait exactement ce qu'il ou elle est en train de faire. Les calculs sont précis et vont à l'essentiel. La plupart des débutants écrivent pas mal de runes dans leurs cercles ou leurs chaînes qui ne sont pas nécessaires. C'est quelque chose qui ne change pas sans un peu de temps et d'entraînement. Ces chaînes-ci… (Bill pointa les runes inconnues.) … vont directement au but. C'est évident : la personne qui a fait ça a déjà créé d'autres champs par le passé. Et je ne parle pas de protections toutes simples, mais plutôt de quelque chose s'apparentant à ce qu'on peut trouver à Gringotts, au Ministère ou même peut-être à Poudlard.
– Poudlard ?
Bill haussa les épaules.
– Je ne suis pas retourné au château depuis que j'ai reçu mon diplôme et que j'ai terminé mon apprentissage pour devenir Briseur de sorts, donc je n'ai jamais vraiment vu les barrières là-bas en tant qu'expert. C'est pour ça que je ne peux rien affirmer, répondit-il franchement. Mais ça vaut au moins ce qu'on trouve au Ministère... au minimum. Il y a une raison après tout, pour qu'on dise que Poudlard est l'endroit magique le mieux protégé de tout le Royaume-Uni.
Maugrey opina et reprit le parchemin.
Un champ de protection ou un champ de détection…
À quoi cet imposteur était-il en train de jouer ? se demanda intérieurement Maugrey.
Ce n'était définitivement pas ce à quoi il s'était attendu.
– Merci, dit-il à Bill avant de partir.
Maugrey se creusa la tête en pensant à Potter - ou plutôt, celui qui se faisait passer pour Potter - tout le reste de la journée.
.
Arthur Weasley fixa la lettre qu'il avait reçue au matin.
Il l'avait relu à plusieurs reprises tout au long de la journée, pas vraiment sûr de quoi en faire exactement.
– Je suis rentré, résonna la voix de son aîné.
Bill travaillait sur un projet en Grande-Bretagne et logeait au Terrier. Et il n'était pas le seul. Charlie était revenu, lui aussi - il était en vacances pour le reste du mois et prenait le temps de revoir un peu sa famille.
– Il y a quelqu'un ?
– Je suis dans la cuisine, répondit Arthur, tripotant toujours la lettre.
Que devrait-il faire ?
– Hé, papa ! le salua Bill en entrant dans la cuisine.
– Bonjour, Bill, répondit Arthur d'un air distrait.
– 'pa, tu vas bien ?
Bill s'arrêta lorsqu'il ne lui répondit pas comme il le faisait habituellement.
– Hein ? Oui, oui, tout va parfaitement bien, affirma Arthur, les yeux toujours posés sur le bout de papier.
– Ça n'en a pas l'air, rétorqua Bill, méfiant.
En guise de réponse, Arthur poussa un soupir.
– J'ai reçu une lettre aujourd'hui, dit-il finalement. Et je ne suis pas certain de savoir quoi en penser…
– Tu veux bien me montrer ?
Si c'était quelque chose du boulot, il y aurait peut-être une restriction dessus, car ceux qui ne travaillaient pas au Ministère n'étaient parfois pas autorisés à voir les documents en question ou même à en avoir connaissance.
Arthur lança le parchemin à son fils.
– Elle vous est également adressée à Charlie et à toi, dit-il, donc évidemment que tu peux la lire.
Bill s'en empara et se mit à la parcourir des yeux.
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Au Lord de la Maison des Weasley, à son héritier et son second fils,
Enfants de la famille Weasley, vous avez vécu en faisant honneur à vos ancêtres. Vous avez vécu en étant braves et en restant fidèles à vos idéaux. Vous avez suivi le chemin pavé par vos prédécesseurs. Je vous déclare enfants d'une bien-aimée fille de ma Maison. À ce titre, je vous chérirai et vous porterai assistance lorsque, pour les vôtres, les temps se feront difficiles. Par ces mots, je vous accorde l'admission chez les miens.
Enfants de la Maison éteinte des Prewett, les membres de votre famille ont prouvé qu'ils étaient aptes à vivre leur vie avec courage et ruse, et qu'ils étaient assez braves pour rester solidaires envers leurs alliés, quoi qu'il se passe. Je vous déclare enfants d'un bien-aimé fils mineur de ma Maison. À ce titre, je vous reconnais et vous rends votre place légitime. Vous êtes des sujets de ma Maison et je ferai par conséquent de vos membres, les miens.
Je vous invite à nouveau à la réintégrer.
Répondez à mon appel, descendants de ma lignée et reprenez la place qui vous revient de droit.
Tenez bon, je vous ramènerai à la maison dès ce samedi lorsque l'horloge sonnera minuit.
Je promets sur mon essence et ma magie que vous ne craindrez rien jusqu'à votre retour chez vous.
Lord de la Famille
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– Une convocation ? s'étonna Bill.
Il avait entendu parler de convocations de ce type par le passé. Généralement, ça n'arrivait que dans les Maisons Prédominantes. Les Weasley n'avaient aucun pouvoir, d'aucune sorte, et par conséquent, n'étaient pas considérés comme des alliés potentiels pour celles-ci.
Mais la lettre n'avait pas parlé d'alliance de ce genre. Elle avait parlait de famille.
Ainsi, ça ne pouvait pas être une simple convocation. Bill ne connaissait qu'une seule circonstance dans laquelle on pourrait octroyer aux Weasley une convocation.
– Une Grande Famille ?! s'exclama Bill, examinant toujours la lettre sous ses yeux. Maman est une descendante du fils mineur d'une Grande Famille ?!
Une Grande Famille était une famille possédant de nombreuses branches secondaires. Ce genre de choses n'arrivait que lors d'une seule occasion : un des plus jeunes fils devait épouser l'héritière d'une autre Maison. Le fils en question abandonnait son nom, mais une alliance était mise en place avec les siens. Ainsi, une branche secondaire était créée et ses membres devenaient les alliés de la Grande Famille dont on parlait, et cette dernière se devait de leur offrir sa protection. Une telle alliance ne pouvait pas être brisée et serait valide tant que la famille secondaire n'avait pas renoncé à se relation la reliant à la Grande Famille ou tant que la connexion n'était pas oubliée. Autrefois, il y avait énormément de Grandes Familles, mais les liens avaient étaient rompus ou oubliés par tant d'entre elles, qu'elles étaient aujourd'hui très peu nombreuses.
Bill n'en connaissait qu'une poignée.
La famille Fudge était l'une d'entre elle, et les Dumbledore, une autre encore. Il y avait aussi des rumeurs au sujet des Ollivander et de leur connexion aux Lovegood, mais aucune preuve n'avait jamais été fournie par aucune des deux familles.
Quoi qu'il en soit, lorsqu'il s'agissait de Grandes Familles, en dépit du fait qu'elles apportaient un avantage considérable lorsque vous leur étiez alliés, il y en avait aujourd'hui très peu. La seule raison pour laquelle Bill en avait un jour entendu parlé était son travail à Gringotts. Après tout, l'alliance entre une Grande Famille et son rameau ne portait pas que sur l'aspect politique, mais aussi sur la finance. Toutefois, Bill n'avait jamais imaginé que sa propre famille puisse appartenir à l'une d'entre elles.
Et cette appartenance était une faveur que l'on leur faisait lorsque cela concernait les Maisons plus modestes ou mineures. Les Grandes Familles accordaient à leurs sujets une petite allocation et les assistaient au sens politique comme privé. Même les Maisons les plus proéminentes et politiquement stables y penseraient à deux fois avant de refuser une telle invitation…
– Que devrions-nous faire, Bill ? demanda Arthur à son aîné.
– Nous devrions y aller, répondit aussitôt ce dernier. Nous ne savons pas quelle Maison nous a convoqués et nous ne serons pas en mesure de le savoir tant que le Mangenmagot ne l'aura pas annoncé, mais nous ne pouvons décemment pas décliner une telle invitation. Le fait même d'être lié à une Grande Famille pourrait beaucoup nous aider.
– Je ne pense pas qu'Albus apprécierait, soupira Arthur.
Bill pressa ses lèvres en une fine ligne.
Il respectait le directeur de Poudlard. Vraiment. Mais… parfois, Bill avait de bonnes raisons de lui en vouloir. On ne pouvait pas dire le contraire : le directeur était plein de sagesse et en avait vu beaucoup, mais Bill n'oubliait pas que, même s'il avait bien plus de vécu qu'eux, il était toujours humain. Bill avait bien entendu qu'un gobelin âgé de deux cents ans avait été renvoyé pour manque de respect, après avoir travaillé en comptabilité pendant une bonne centaine d'années après tout. Et si d'aussi vieux gobelins étaient aptes à faire de telles erreurs, alors le directeur ne valait pas mieux à ses yeux.
De plus, il s'agissait ici d'un problème concernant la famille.
Oh, Bill ne doutait pas qu'Albus Dumbledore conseillerait son père s'il le lui demandait. Il lui dirait certainement de ne pas tenter leur chance, car, après tout, cette Famille leur était inconnue et le resterait tant qu'elle ne serait pas présentée devant le Magenmagot. En attendant ce fameux jour, les Weasley ne pouvaient que décider de rejoindre ou de renoncer entièrement à la Famille en question avec pour seul base de décision les autres membres qui la composaient.
Albus ne laisserait jamais le chef de la famille Weasley prendre ce risque. Mais Bill, lui, savait que cela en valait la peine.
– Je ne pense pas que nous devrions l'en informer, 'pa, finit par admettre Bill, défiant son père de ne pas suivre le leader de la Lumière cette fois-ci. C'est une affaire de famille. Il n'a pas besoin de connaître l'existence de ce potentiel allié. Il n'a aucun droit là-dessus, à vrai dire.
Bill savait comment on pourrait prendre ça : comme quelqu'un s'opposant purement et simplement à Dumbledore, mais il n'aimait pas que le vieil homme se mêle de sa famille lorsque cela ne le concernait pas le moins du monde. Et cette fois, il pouvait bien admettre qu'il lui en voulait sans pour autant le haïr pour ça, parce que ce n'était pas le cas. Il le respectait. Il n'aimait tout simplement pas sa façon de se mêler de tout !
Pour toute réponse, le silence régna.
L'espace de quelques instants, Bill craignit la manière dont son père allait réagir, mais lorsque celui-ci releva les yeux vers lui, Bill fut ravi d'avoir enfin pu lui révéler que Dumbledore n'avait aucun droit sur leur famille et leurs histoires.
– Tu as raison, admit finalement Arthur après une autre minute de silence. Il s'agit d'un problème de famille. Va voir ton frère et dis-lui de se préparer. C'est décidé, samedi, nous nous y rendrons.
Bill sourit et quitta la pièce pour faire ce qu'on lui avait demandé.
Il avait hâte de voir quel genre de familles ils allaient rencontrer, et même s'il n'était pas autorisé à connaître le nom de la Famille en question, ça ne leur interdisait pas toutes interactions avec le Lord de ladite Maison.
Peut-être, peut-être qu'avec un peu de chance Bill le reconnaîtrait…
.
Le jour qui suivit son inconvenante leçon en arithmancie, Harry était complètement épuisé et manquait totalement de concentration en classe. Il était resté éveillé longtemps après son « cours » pour travailler sur son champ. Le fait qu'il ait remarqué tardivement qu'on avait fait une copie de son travail ne l'avait pas mis de meilleure humeur.
Harry connaissait un sort qui permettait de savoir si ses rouleaux de parchemin étaient dupliqués, et celui dont il se servait pour la barrière en avait montré tous les signes. Le problème était qu'Harry était dans l'incapacité de déterminer qui avait montéle coup.
Au moins, il n'était pas encore achevé, songea-t-il. La formule va encore suffisamment changé pour que cette copie ne leur soit d'aucune utilité, qui que ce soit…
Ça n'empêchait que c'était toujours très inquiétant.
Donc, au lieu de dormir, il avait continué de bosser dessus avant de mettre le parchemin à l'abri des regards. Il ne se laisserait pas avoir deux fois de suite ! Il avait déjà assez de choses à gérer pour ne pas devoir y ajouter la tâche d'inventer un nouveau et compliqué dispositif de sécurité pour son champ !
Il en lança quand même un de sa connaissance, plutôt simple, cette nuit-là, avant de finalement aller au lit vers cinq heures moins dix du matin.
Lorsqu'il s'était réveillé, il ne s'était pas senti le moins du monde reposé, mais il s'était quand même levé et était parti prendre le petit-déjeuner après quelques exercices matinaux. Bien sûr, le Harry d'origine n'avait jamais fait ce genre de choses, mais Harry n'arrivait pas à se débarrasser de cette habitude. Cela faisait longtemps qu'il passait un peu de temps à s'entraîner avant de prendre le petit-déjeuner.
Il quitta donc la tour des Gryffondor, pratiqua ses mouvements habituels dans une classe vide, retourna au dortoir, prit une douche et réveilla Ron comme toujours. Ils mangèrent avec Hermione, et prirent la direction de la classe de métamorphoses.
Ce fut à ce moment-là qu'un désastre se produisit. Presque.
Il était en manque flagrant de sommeil et n'arrivait définitivement pas à s'éclaircir les idées. Et c'est pourquoi, ce matin-ci, au lieu de tenter à plusieurs reprises le sort du jour avant de finalement y arriver, comme il le faisait habituellement, il le lança simplement - sans même dire un seul mot.
Pendant une seconde, il regarda, étourdi, la parfaite métamorphose d'un service à thé complet en damier, avant de finalement prendre conscience de ce qu'il venait de faire et d'inverser rapidement le sort pour que le service redevienne le corbeau qu'il était il y a tout juste un moment.
– Harry ! Je me trompe ou tu viens juste de réussir un sortilège du premier coup ? s'exclama Hermione, observant le corbeau avec de grands yeux.
Harry avait envie de grogner.
– Quoi ? demanda-t-il à la place en secouant la tête. Je n'ai pas encore essayé de le lancer, Hermione.
Un minable mensonge, mais il était dans la présente incapacité d'en trouver un meilleur.
Hermione le scruta, cherchant la vérité dans ses yeux.
– Tu es certain que ton corbeau ne s'est pas transformé en service à thé, i peine quelques secondes ? le questionna-t-elle.
– Non, j'en suis sûr, répondit-il sur le ton de la sincérité. Je t'ai dit que je n'ai pas encore jeté le moindre sort.
Hermione haussa un sourcil.
– Mais je t'ai vu faire le mouvement avec ta baguette ! dit-elle.
– C'est vrai, je voulais encore un peu m'entraîner avant de vraiment essayer. Mais je te le promets, je n'ai même pas dit la formule !
C'était vrai après tout…
– Mais alors comment… ?
– Je ne sais pas. Je suis trop fatigué pour tenter de trouver une explication plausible, répondit Harry, las. Trouve-en donc une toi-même, c'est toi l'intelligente du groupe !
Hermione renifla, amusée, n'ayant pas l'air moins préoccupée.
– Harry, tu es sûr que tu vas bien ? hésita Hermione.
– Eh… Oui, ça va, répondit-il.
– Tu n'as pas l'air. À vrai dire, depuis quelques jours, tu es plus pâle que la Mort, rétorqua Hermione. Et n'essaie même pas de le cacher. Depuis que l'année a commencé, je t'ai bien observé, Harry. Il y a quelque chose qui ne va pas chez toi !
– Je vais bien, Hermione, contra Harry. Je suis juste un peu fatigué.
– Bien sûr que tu l'es, renifla Ron. Depuis mercredi, chaque nuit sans faute tu te faufiles en dehors du dortoir et tu ne reviens qu'un peu avant que les autres ne se réveillent. Où est-ce que tu te rends ? Qu'est-ce que tu fais ?
Harry dévisagea son ami. Il ne l'avait pas pensé si observateur.
– Je… rien, répondit-il finalement d'une voix tremblante d'épuisement. Il ne mentait pas à ce moment-là.
Ron fronça simplement les sourcils.
– Nous sommes tes meilleurs amis, Harry ! Je t'en prie, dis-nous ce qui te tracasse ? dit Hermione.
– Rien du tout. Tout va bien.
– C'est faux et tu le sais.
– S'il vous plaît…
Ce fut ce moment que McGonagall choisit pour entrer en scène et ils se turent soudainement. Toutefois, ça ne voulait pas dire que ses amis allaient lâcher le morceau. Ils préférèrent attendre la fin des cours pour l'importuner à nouveau.
– Harry ! Dis-nous ce qui ne va pas, nous sommes là pour toi, tu le sais, non ? fit Hermione.
– Ce n'est rien. répéta Harry.
– Ce n'est pas rien !
– Si tu veux y croire, rétorqua finalement Harry en se relevant. Je vais me coucher. Il faut que je me repose un peu ou je risque de tomber de fatigue en retenue.
Sur ces mots, il quitta la pièce.
.
Hermione se tortillait nerveusement face de la gargouille qui montait la garde devant le bureau de Dumbledore. Ron se tenait à côté d'elle et ils avaient tous les deux les yeux braqués sur la créature.
– Tu penses vraiment qu'on devrait… ? lui demanda Ron, encore hésitant.
– C'est notre devoir de le faire, répondit Hermione en se redressant de toute sa hauteur. Il n'y a pas d'autres options. Si ça se trouve, il y a quelque chose de mauvais là-dessous. Dumbledore est l'un des plus puissants sorciers en vie. Je suis certaine qu'il pourra nous le dire si quelque chose ne va pas.
– Mais… et si…
– Nous le devons, Ron. À moins que tu ne veuilles répéter ce qui s'est passé en deuxième année ?
Elle parlait évidemment de Ginny et de la possession dont elle avait souffert à l'époque.
Ron secoua frénétiquement la tête.
– Très bien, allons-y dans ce cas, déclara Hermione, et elle leva une main pour frapper. Seulement, avant qu'elle n'ait pu même toucher la gargouille, le passage s'ouvrit devant eux. Une nouvelle fois, Hermione et Ron échangèrent un regard, puis ils entamèrent leur escalade qui les guida jusqu'au bureau de Dumbledore comme l'aurait fait un escalator tournant.
Cette fois-ci, Hermione toqua réellement à la porte.
– Entrez donc, miss Granger, monsieur Weasley, fit le directeur, et les deux adolescents préoccupés pénétrèrent dans la pièce. Que puis-je pour vous ?
– Hum…
Hermione jeta un regard à Ron. Ron le lui retourna.
– C'est… c'est à propos d'Harry, finit-elle par dire. Il a un comportement étrange dernièrement.
Dumbledore haussa un sourcil.
– Étrange, miss Granger ?
– Oui, professeur, répondit-elle. Il n'agit plus vraiment comme il le faisait l'année dernière.
– Expliquez-vous, miss Granger.
– Eh bien… il sait des choses, des choses qu'il ne savait pas avant, comme en potions. Je ne vois pas comme il a pu apprendre à concocter des décoctions aussi réussies alors qu'il était chez sa tante, et pourtant, il semble en savoir plus que moi sur le sujet maintenant, raconta Hermione. Et il nous cache des choses. Parfois, il disparaît pendant des heures entières avant de revenir, sans nous dire où il se rend…
– C'est vrai, ajouta Ron. Et il s'est aussi mis à lire ! Et il parle avec des Serpentard ! Des Serpentard, professeur ! Ce n'est pas notre Harry ! Harry ne ferait jamais la conversation avec des Serpents comme ça !
Hermione s'esclaffa.
– Peut-être qu'il a tout simplement mûri, Ron ! lui dit-elle sur un ton un peu froid. Peut-être qu'il a finalement réalisé que les Serpentard étaient humains eux aussi !
– Hermione ! Nous parlons de Serpentard là ! Et pas n'importe quel Serpent, nous parlons de Malfoy et de sa bande ! Ce n'est pas de la maturité, ça n'a rien à voir, de ça, je suis certain ! s'exclama Ron, l'air anxieux.
Hermione ouvrit la bouche pour répliquer, puis la referma.
– Peut-être que c'est toi qui as raison, admit-elle à contrecœur. Peut-être que ça a à voir avec toutes ces bizarreries…
Albus ne prononça pas un mot et attendit que les amis de Harry terminent ce qu'ils avaient à dire. Il avait lui-même exprimé quelques doutes à propos de son pion au cours des vacances d'été. D'une manière qu'il ne s'expliquait pas, le garçon avait changé entre le début et la fin des vacances. Bien sûr, il y avait eu la mort de Cedric Diggory dont Harry avait été le témoin, et il y avait aussi le fait qu'Harry grandissait, mais tout de même… Albus Dumbledore s'était attendu à faire face à un adolescent en pleine crise, pas à quelqu'un d'aussi indépendant, agissant presque comme un adulte !
Et Maugrey Fol'Oeil était venu le voir...
Oui, grâce à son ami, Dumbledore pouvait désormais assurer que Voldemort leur arrachait le Harry qu'ils connaissaient un peu plus chaque jour, et le seul fait que ses amis aient deviné que quelque chose ne tournait pas très rond ne faisait que soutenir l'hypothèse de la possession.
Évidemment, Dumbledore avait prévu d'aller leur parler pour confirmer sa théorie, mais qu'ils soient venus d'eux même sans y être invités au préalable lui indiquait à quel point la situation était grave.
– Je… je pense que le pire, c'est qu'il ne nous dise plus rien, dit Hermione après quelques battements.
– Je suis d'accord, confirma Ron. La nuit dernière, il a quitté le dortoir, mais je ne sais pas où il est allé… Il est ensuite revenu plus tard dans la matinée. Normalement, il nous aurait déjà dit ce qu'il faisait la nuit, mais là, rien. Il ne nous en a même pas parlé ! Il fait juste comme si de rien n'était !
– Et il est soudain extrêmement formel avec tout le monde ! continua Hermione en fronçant les sourcils. Lorsque nous étions dans le train, il a parlé à Malfoy en l'appelant « Héritier Malfoy ». Il dit aussi « professeur Snape » et non plus « Snape » et… et… et…
– C'est vrai ! s'exclama Ron. C'est comme s'il avait avalé tout un grimoire sur l'éducation des Sang-Pur ou quelque chose dans le genre !
Il fit une grimace.
– Je ne comprends même pas comment il peut supporter d'être aussi formel et civil avec un Serpentard, surtout avec Malfoy !
Ce fut au tour d'Albus de froncer les sourcils.
Il avait parfaitement conscience de la rivalité qui opposait Harry à l'héritier des Malfoy. Il ne l'avait jamais encouragée, mais il n'avait rien fait non plus pour y mettre un terme. Il était suffisamment satisfait du différend entre les deux garçons, puisque cela avait empêché Harry de se faire des amis chez les rejetons des familles de Mangemorts et des partisans de Voldemort. Le fait qu'ils commencent tout juste à devenir civilisés l'un envers l'autre était inquiétant - surtout sachant qu'Albus avait pris en compte cette variable pour mettre en place son plan d'action.
– Et il ne se sert plus d'aucun manuel pour faire ses devoirs ! fit Hermione. Enfin, il s'en sert tant que nous sommes là, mais un jour je l'ai vu écrire une dissertation complète sur les guerres gobelines sans même vérifier une seule fois ses informations ! Harry déteste l'Histoire ! Il n'a jamais fait l'effort de retenir la moindre chose qui la concernait et subitement, il se met à écrire des pages entières dessus sans même chercher à connaître les faits ?
– Et maintenant, il est comme un poisson dans l'eau en potions ! Il ne lit même pas les instructions ! renchérit Ron.
– C'est vrai ! continua Hermione. Il aide même Neville. Je l'ai entendu lui enseigner des choses à propos des potions et des ingrédients. Des choses que même moi je ne savais pas parfois ! J'ai fait des recherches et tout ce qu'il a pu lui dire était correct, même si une part d'entre elles étaient franchement obscures ou généralement inconnues du grand public !
Albus était définitivement inquiet.
Évidemment, il avait fait le lien avec une possession depuis qu'Alastor Maugrey l'avait informé de ses trouvailles… mais des connaissances telles que celle-ci ? Albus n'était pas certain de savoir pourquoi Voldemort aiderait Harry dans ses classes, même s'il avait pris possession du garçon.
Il y avait d'autres explications possibles à ce soudain gain de connaissances, mais même si Harry avait pris le temps de lire quelques grimoires de la bibliothèque du Square Grimmaurd, ce n'était pas un savoir que l'on pouvait acquérir en si peu de temps : ni quelques semaines ni même un été complet, alors comment était-ce possible ?!
Il n'y avait à sa connaissance qu'une seule raison qui pourrait expliquer le subit enrichissement dont bénéficiait Harry : Voldemort préparait quelque chose.
Il préparait quelque chose et il avait besoin que Harry sache certaines choses pour atteindre son but, puisque même si Harry n'était qu'un pion aux yeux de Voldemort pour le moment, lui donner ce genre d'informations pourrait lui être fatal si Harry venait à être libéré de son sort. Il devait donc y avoir une explication à ce gain immédiat de savoirs en tout genre !
Albus frissonna.
Les potions étaient l'une des branches de la magie la plus ancienne. C'était également une des branches la plus dangereuse. Le fait que Voldemort ait insisté sur cet art ancestral et délicat ne présageait rien de bon pour l'avenir…
Il fallait qu'il l'arrête. Peu importe comment, il y arriverait ; et cette fois-ci, il faudrait qu'il le stoppe le plus rapidement possible. Harry pouvait encore être sauvé...
– Je vous remercie d'avoir partagé vos inquiétudes avec moi. Je vais voir ce que je peux faire, promit-il finalement aux enfants avant de les laisser s'en aller.
Ils hésitèrent juste un instant, mais quittèrent finalement la pièce et Albus se retourna vers sa cheminée, y jeta une poignée de poudre de cheminette et appela Severus Snape.
– Severus… J'ai bien peur d'avoir besoin de ton aide.
.
Pendant ce temps-là, Harry pénétrait dans le bureau du professeur Ombrage pour sa retenue. Il était de bonne humeur. Plus tôt dans la journée, il avait eu une petite idée de l'endroit où il pourrait dénicher le Grimoire dont il avait tant besoin. Par pur hasard, il avait entendu le professeur de Runes Anciennes jacasser à propos d'un livre runique qu'elle n'arrivait pas à traduire. Elle s'était apparemment même mise à questionner l'origine du langage usité dans le Grimoire. « Comme si ce n'était pas rédigé en breton » avait-elle affirmé à une Minerva McGonagall peu intéressée. Harry, d'un autre côté, avait été tout de suite captivé par leur discussion. Et s'il ne se trompait pas, c'était exactement l'ouvrage qu'il recherchait.
À présent, il lui restait à trouver un moyen de s'en emparer - et c'était déjà un avancement en soi : s'en emparer serait une tâche bien plus aisée que de le chercher dans tout le château !
Pour cela, Harry était d'une excellente humeur... jusqu'à ce que Ombrage lui tende une plume de sang pour écrire tout au long de sa retenue…
Soudain, Harry se mit à fulminer.
En temps normal, une plume de ce genre était surtout utilisée lors des contrats importants entre sorciers et autres créatures magiques. De cette plume, en revanche, un professeur s'en servait en guise de torture.
Un objet comme celui-ci utilisé pour quelque chose comme une punition tournerait très mal, si la méthode était trop fréquente. Autrefois neutre, cette plume était devenue un objet maléfique - un objet qui apparaîtrait d'ailleurs sur sa liste de choses interdites lorsqu'il aurait achevé son champ. Alors, s'en servir sur un élève… Harry enrageait intérieurement à l'idée qu'un autre ait pu avoir une retenue de ce type en compagnie de leur nouveau professeur avant lui.
S'il n'avait pas déjà prévu de s'attaquer au Ministère, ç'aurait été la goutte qui aurait fait déborder le vase et qui l'aurait enjoint à le faire.
– Eh bien… mettez-vous donc à écrire, lui ordonna impatiemment Ombrage, et Harry leva des yeux voilés de rage sur elle.
– Oui m'dame, siffla-t-il, son visage n'exprimant aucune émotion.
Il prit la plume et posa la pointe sur le parchemin.
Puis, subitement, il se mit à sourire méchamment lorsqu'une pensée pénétra le brouillard de la colère.
Il est l'heure de rendre les choses un peu plus… Twisty [1], songea-t-il. C'était définitivement quelque chose que les journaux seraient intéressés de savoir, il n'y avait pas de doute à avoir. Il lui faudrait juste survivre à la retenue de ce soir…
Puis, il lui faudrait classer et juger tous les exploits de cette femme révoltante.
Harry fit tourner la plume entre ses doigts.
Quelque chose de simple devrait faire l'affaire, décida-t-il avant se mettre à écrire. En général, il aurait préparé le rituel frôlant le malhonnête par avance. Cela pouvait s'avérer dangereux de créer un rituel sur le tas comme ça. Il y avait habituellement trop de variables pour faire quelque chose de pareil sans effectuer les bons calculs au préalable. Mais Harry avait un avantage cette fois-ci. Il avait créé des rituels de ce genre depuis qu'il était jeune enfant. Pour quelque chose d'aussi simple, il n'avait aucun problème à calculer l'emplacement des runes sans avoir à écrire les équations entières. Il avait pratiqué ce genre de rituels si souvent qu'il n'avait même pas à beaucoup y réfléchir.
Elles commencèrent à s'inscrire sur le dos de sa main gauche. Il retourna le parchemin, poursuivant son cercle. Des signes de l'alphabet futhark ou parselan, mêlé à des caractères chinois et à quelques hiéroglyphes égyptiens. En principe, le cercle qu'il était en train de créer servait dans un processus de guérison. Cette fois seulement, il les dessinait de manière à protéger l'utilisateur de la plume de sang et pour pointer le maléfice en direction du professeur qui s'autorisait à faire du mal aux personnes s'en servant. Il s'assura qu'Ombrage n'y voit que du feu.
Elle était en train de lire.
Bien.
Harry acheva le cercle runique sur le parchemin - également inscrit dans sa peau. Il l'examina, s'assurant qu'il n'avait rien oublié. Puis, il hocha la tête et releva les yeux pour voir qu'Ombrage n'avait pas bougé.
Il activa le cercle.
Une vive douleur traversa son corps, en commençant par son extrémité gauche. Puis son héritage naturel attisa le cercle magique et neutralisa toute forme de magie impure incrustée dans la plume de sang. Cette dernière se mit à diffuser une aura blanche et Harry dissimula l'objet par son avant-bras pour que le professeur ne remarque pas l'émanation.
Lorsqu'elle s'évapora finalement, le parchemin était de nouveau vierge et les runes sur le dos de sa main avaient également disparue.
– Excellent, murmura-t-il avant de se remettre à écrire - cette fois-ci, les mots qu'on lui avait donnés dès le commencement.
Je ne dois pas dire de mensonges. Je ne dois pas dire de mensonges. Je ne dois pas dire de mensonges…
Chacun des mots se gravait plus profondément que le précédent dans sa peau, mais au lieu d'un écoulement sanguin, les runes brillaient d'une lueur dorée. Il sourit doucement. Les mots lui provoquaient toujours quelques élancements, mais il n'avait pas dessiné ce cercle pour faire disparaître la douleur. Il l'avait fait pour mettre un terme au mal qui rongeait l'objet et également dans le but de lister tous ses utilisateurs au fur et à mesure du temps. Il l'avait fait pour aider à la guérison et pour l'empêcher de cicatriser. La douleur n'était rien qu'il pourrait ou avait l'intention de faire se dissiper. Il n'avait pas osé ajouter de protection à cette fin, puisqu'il craignait que les enfants deviennent un peu trop téméraires lors des retenues avec le professeur si elle ne les blessait pas de manière au moins infime - et il ne voulait pas davantage de victimes qu'il y en avait déjà.
Et je doute que le Ministère y mette fin ou même la fasse renvoyer à cause d'une simple plume de sang..., songea-t-il amèrement. Non. Il devrait patienter jusqu'à ce qu'il ait lui-même le pouvoir de l'expulser. En attendant ce moment, les enfants devront persévérer…
Parce que Dumbledore ne fera rien du tout, songea-t-il avec colère. Il n'oserait pas faire le moindre geste… bien que ce serait en principe à lui d'y remédier. Il est après tout plus intéressé à garder sa place au Ministère qu'à faire son job.
Oh, bien sûr, Albus Dumbledore avait perdu tout droit en temps qu'Enchanteur-en-chef et Manitou suprême de la Confédération internationale des sorciers et certains autres de ces impressionnants titres, mais il avait toujours une certaine influence politique. Il ne risquerait pas sa position à Poudlard simplement pour éviter à quelques gamins bruyants d'être blessés.
Harry l'avait déjà vu ne pas ciller une seule fois dans ce genre de situation - il savait qu'Albus Dumbledore n'était pas encore enclin à jouer toutes ses cartes.
Et je ne peux pas jouer les miennes tant que je ne suis pas certain qu'absolument tout est prêt.
Mais après tout, même s'il ne pouvait pas agir de ce côté-là, il avait d'autres moyens d'assurer la sécurité de ses camarades.
Donc, il persévéra dans son gribouillage jusqu'à ce qu'on l'autorise enfin à cesser. Il se releva, rangea ses affaires et s'en alla après avoir montré l'état de sa main à l'inspection. Elle l'étudia, l'air satisfaite, incapable de voir l'aura doré que Harry pouvait déceler dans chaque lettre.
Il sourit intérieurement avant de quitter la salle.
À l'extérieur, un petit chat noir l'attendait.
– Bonjour, Reg, salua-t-il le félin en continuant de sourire. Ne devrais-tu pas te trouver dans les cachots ou dans la Chambre ? Cette partie du château est aux mains du directeur, tu le sais pertinemment.
Reg miaula.
– Je ne suis toujours pas certain qu'il n'y ait pas de champ protecteur permettant au directeur de savoir s'il y a un animagus dans ces environs, tu en as bien conscience ? Il me faut encore consulter le Grimoire pour savoir avec certitude avec quels types de barrières nous allons devoir travailler après tout.
Reg miaula à nouveau, ses yeux suivant le sang gouttant sur le sol.
– Ne t'inquiète pas, le rassura Harry. Ce n'est rien de grave. Il m'a simplement fallu performer un rituel pour m'assurer que la plume de sang ne prendrait plus celui de la personne s'en servant. Tu veux parier combien de temps cela prendra avant qu'elle ne s'évanouisse d'une hémorragie ?
Reg émit un autre miaulement, cette fois cependant, le faisant sonner comme un reniflement amusé.
Harry sourit de toutes ses dents.
– J'ai pensé que c'était le mieux à faire, dit-il. Après tout, c'est elle qui veut se servir des Arcanes Interdites. Je ne peux rien faire à ce propos tant que je ne me serais pas approprié le contrôle, en revanche, je suis parfaitement en mesure de l'empêcher de faire d'autres victimes.
Le chat au poil sombre et soyeux émit un autre son moqueur.
– Bien, il est temps d'aller au lit, fit Harry. Nous nous occuperons du reste demain.
Ou du moins, c'est ce qu'il pensait.
Il fut en fait à la place convoqué chez le directeur le jour qui suivit. Harry suivit Minerva McGonagall jusqu'au bureau en question sans émettre la moindre protestation. Là, comme toujours derrière son bureau, se tenait le tout-puissant Albus Dumbledore, à l'attendre.
– Harry, mon garçon, Albus le Tout-Puissant le salua. Assieds-toi donc, mon enfant. Un esquimau au citron ?
– Non merci, professeur, répondit Harry en s'installant devant le bureau.
– Dis-moi, mon garçon, comment te sens-tu ? demanda le directeur et Harry put sentir les filets de sa tentative de Légilimencie pénétrer son esprit et étudier les souvenirs de ces derniers jours.
Harry le laissa faire. Il savait pertinemment qu'il ne trouverait rien de très important dans sa tête.
Mais soudain, une idée lui vint, et au lieu de le laisser vagabonder de souvenir en souvenir comme il lui plaisait, Harry le guida doucement vers ceux de la retenue de la veille.
– Je vais bien, professeur, continua-t-il.
– Tant mieux, mon garçon, dit Albus en continuant de visionner la retenue de Harry avec Ombrage. La perception du Tout-Puissant passa au-dessus du rituel que Harry avait pratiqué à ce moment-là comme s'il était incapable de le voir - et d'une certaine façon, il l'était - ce qui lui laissa Harry, assis, une plume de sang en main.
Harry sourit intérieurement. Il adorait ses défenses mentales. Néanmoins, lorsque le professeur passa de ce souvenir au suivant sans broncher, Harry fronça les sourcils.
Ainsi, il n'avait vraiment aucune intention de faire quoi que ce soit à propos de l'utilisation d'un tel objet par le professeur de défense contre les forces du mal - un objet qui, soit dit en passant, relevait des Arcanes Interdites étant donné qu'on s'en servait ici pour torturer autrui ?
– Pourquoi m'avez-vous convoqué, professeur ? demanda finalement Harry en voyant que le Tout-Puissant ne reprenait toujours pas la parole.
– Je t'ai fait mander, Harry, car je pense qu'il est temps pour toi qu'on t'enseigne l'Occlumancie, répondit-il sur le ton de la gentillesse.
– L'Occlumancie ? répéta Harry, jouant l'adolescent de quinze ans qu'il n'était pas.
– L'art de protéger ton esprit contre la Légilimencie. Cette dernière sert à… disons… « lire » l'esprit d'une personne, Harry. Voldemort est un Légimens adroit et il pourrait t'arriver quelques coquilles si tu n'apprends pas à t'en protéger, continua Albus.
– Dans quel sens, professeur ?
– Tu ne souhaites pas lui donner d'avantages lors d'un affrontement, j'en suis sûr, n'est-ce pas, Harry ?
Ce dernier secoua la tête.
– Dans ce cas, c'est arrangé. Le professeur Snape entamera son apprentissage dès lundi.
– Snape ?! Pourquoi Snape ? Ne pouvez-vous pas m'apprendre, professeur ?
Bien entendu, Harry n'avait aucun intérêt à ce qu'Albus le Tout-Puissant lui apprenne à occluder, mais il savait que c'est ce que le vrai Harry aurait voulu.
– Le professeur Snape est un adepte de la discipline, répondit Dumbledore. Je suis certain que tu seras en bons termes avec lui si tu y mets un peu du tien.
– Il me déteste, professeur, répondit sincèrement Harry. Il était même sûr que Snape le haïssait encore davantage maintenant qu'il avait montré son don pour les potions. Ça n'empêchait pas Harry d'aimer toujours autant agacer le maître des potions pour se divertir. Il était certain de beaucoup s'amuser lors de ses « leçons d'Occlumancie ».
Comme s'il en avait besoin en premier lieu…
– Je suis sûr que tu te trompes sur ce point, dit le directeur. Maintenant, files. Tu dois déjà terriblement manquer à tes amis.
Harry s'esclaffa simplement avant de se lever pour prendre congé. Il y avait tout de même une chose sur laquelle Albus le Tout-Puissant n'avait pas tort : il manquait à ses amis. Il ne traînait pas autant avec eux que ne l'avait fait le vrai Harry.
Ce n'est pas qu'il ne les appréciait pas. Le vrai problème était qu'il ne pouvait et surtout ne voulait pas leur accorder sa confiance.
Ron était du genre jaloux. Il avait démontré au vrai Harry à de nombreuses reprises qu'on ne pouvait pas lui faire confiance.
Hermione, quant à elle, était de ceux admirant leurs aînés et elle avait également agi dans le dos du vrai Harry. Bien sûr, elle l'avait fait en toute amitié, mais Harry ne pouvait croire qu'elle arriverait à s'en empêcher si elle pensait cela nécessaire.
Faudrait-il qu'elle ne m'ait pas déjà trahi, songea Harry. Rien n'explique mieux pourquoi je dois soudainement apprendre l'Occlumancie après tout…
L'espace d'un instant, il se demanda s'il allait protester contre ces leçons, mais il abandonna rapidement l'idée. Ça n'en valait pas le coup. Il n'avait rien à craindre de ces cours particuliers, et peut-être même qu'il allait apprendre de nouvelles choses. Qui sait ?
.
Dès que le garçon fut parti, Alastor « Fol'Oeil » Maugrey pénétra dans le bureau du directeur via une porte dérobée.
– Il n'est pas possédé, Albus, dit-il d'une voix calme. Les leçons d'Occlumancie ne lui apporteront rien de plus.
Le directeur en question soupira.
– J'ai connaissance de ton point de vue, Alastor, dit-il. Mais il te faut…
– Le garçon n'est pas possédé, Albus ! persifla Maugrey, se moquant bien d'interrompre l'autre dans ses paroles. Je ne sais pas où se trouve le véritable Harry Potter, mais l'homme que tu as vu aujourd'hui n'est pas Harry Potter ! Il s'agit d'un imposteur !
– Alastor, mon ami, il est impossible de croire qu'il ait pu être enlevé durant l'été ! Il n'a eu de cesse d'être sous notre protection !
– Il n'a eu de cesse, à l'exception de la fois où les Détraqueurs ont envahi à Privet Drive ! L'échange a pu se faire à ce moment-là !
– Harry a montré ses souvenirs devant toute la cour ! Il n'aurait pu les contrefaire !
– Peut-être a-t-il pris ceux du vrai Harry et se les est appropriés pour pouvoir s'en servir lors du procès !
– J'étais dans sa tête il y a quelques minutes à peine !
– S'il est un vrai Occlumens, il a pu simuler tout ce que tu as pu voir !
– Il n'a pas de flasque de Polynectar sur lui, et il ne boit pas suffisamment régulièrement pour…
– Il y a d'autres façons que le Polynectar de parvenir à ses fins !
– Pas pour la plupart des sorciers !
– Alors, l'imposteur ne doit pas être comme la plupart des sorciers !
– Ta paranoïa n'a plus de limites, mon g… ami ! clama Albus. En principe, il n'aurait jamais osé proférer de tels propos, mais il en avait simplement assez. Maugrey l'avait ennuyé avec ses théories du complot pendant toute la semaine. Il en avait simplement assez.
Maugrey le dévisagea froidement.
– Très bien , souffla-t-il finalement. Bien. Qu'il en soit ainsi ! Mais ne viens pas t'excuser lorsque tu auras compris ton erreur !
– Parfois la réponse au problème est plus simple qu'on ne le croit, mon ami.
– Et parfois, elle est complexe ! Je te le répète, Albus : il y a quelque chose qui ne va pas chez ce garçon ! Et je découvrirai ce que c'est ! Tu as beau ne pas me croire, mais pour ma part, je sais que je ne me trompe pas, et je découvrirai ce qu'il est arrivé au véritable garçon, même si c'est bien la dernière chose que je doive faire !
Et sur ces mots, Maugrey tourna les talons et quitta la pièce.
[1] Twisty Je n'ai pas traduit, car la référence à Oliver Twist me semblait évidente et manquerait à l'histoire traduit par quelque chose de différent, je trouve ;)
