Avril 2020 : Je suis épuisée ! Depuis le dernier chapitre, j'ai terminé de relire toute la fic, pris des notes sur chaque chapitre et fait un récap complet pour l'auteure originale (22 pages !) Et j'ai fait un arbre généalogique qui m'aide vraiment à comprendre les liens entre les personnages. J'aimerais tant pouvoir vous le montrer pour que vous compreniez aussi bien mais pour l'instant je ne l'ai écrit qu'avec les noms anglais et il révèle absolument toutes les relations qui sont censées être des surprises pour les prochains chapitres ^^' Enfin, je suis contente de l'avoir fait quand même car moi-même je ne savais pas de quelle Maison Sal parlait pour sa Grande Famille et je pense avoir finalement la bonne réponse grâce à ça ^-^ Un jour viendra où je pourrais vous la présenter !

Je m'excuse pour mon retard, ces dernières semaines ont été dingues… J'espère vous apporter un peu de bonheur en ces temps troublés par les événements. Prenez bien soin de vous et de vos proches ^^

Juin/Juillet 2020 : Ma bêta et moi avons travaillé dur pour terminer ce chapitre. Malgré la crise récente durant laquelle certains ont eu beaucoup de temps libre, ça n'a pas été mon cas… Entre les derniers dossiers de l'année à rendre, les candidatures, mon boulot et toutes les autres préoccupations, c'était franchement difficile. J'espère me faire pardonner avec ce chapitre, et petit spoil qui n'en est pas un : le prochain chapitre est l'un de mes préférés ^^

Mais on papote et vous vous ne lisez rien d'important, je vous laisse donc sur ces mots ;)


N'oubliez pas, le récapitulatif est mis à jour à chaque update. Parce qu'on m'a informé qu'il gênait dans la chronologie des chapitres (merci Lyrellys), je l'ai posté sur une toute nouvelle publication au lieu de le garder sur la même fiction. Je m'excuse si cela a donné à certains de faux espoirs ^^'


RARs :

Jotunn Ray : J'étais contente que nous existions également avant que je ne m'y mette XD Il y a tellement de bonnes histoires dans la communauté anglophone qui aurait leur place chez nous, et inversement d'ailleurs ! En tous cas, je te remercie pour tes remerciements et je ferais tout pour que la qualité de cette traduction ne fasse que s'enrichir ! Des gros bisous et une agréable lecture à toi !

Fiona Defente : Je suis ravie que la traduction te plaise, et encore tu n'as pas tout vu ! Ma période préféré du passé n'est pas encore arrivé (spoil : c'est le 20e siècle) et ça envoie du lourd, si je puis dire ! J'espère ne pas te décevoir par la suite, de gros bisous, je te souhaite une excellente lecture !

Wenna-Hic : De chaleureux remerciements pour tes compliments ! Tu as eu bien de la chance d'avoir du temps libre pendant le confinement, on ne peut pas dire que ç'ait été mon cas (cette horreur) et à cause de ça, j'ai pris beaucoup de retard sur cette fiction ^^' J'en suis désolée. En tous cas, je suis contente qu'on fasse attention au changement de Sal au fur et à mesure des époques, tu vas voir, ça ne va pas s'arranger, mais je n'en dis pas plus ! J'espère tout de même que le chapitre va te plaire. Une excellente lecture et plein de bisous !

Elendil : Je dois avouer que ce qui m'a tout de suite marqué chez toi, c'est ton pseudo, un rapport avec le Seigneur des Anneaux ? Tout s'est bien passé pour moi durant le confinement, à part une grande dose de stress et de boulot ^^' Je suis vraiment super contente que tu aies aimé l'histoire au point de la relise, ça me fait chaud au cœur ^-^ Sur ce, je te laisse à ta lecture, de gros bisous !

Hebihime : Hé ! ton pseudo m'a tout de suite sauté aux yeux ! Comment vas-tu depuis le temps !? Nan, mais quelle idée de commencer par le récap XD Tu as intérêt à tout oublier ! C'est un ordre ! Merci beaucoup pour tes compliments ! Je dois avouer que vous êtes plusieurs à avoir été surprise par la "mort" de Harry au début de l'histoire X) En tous cas, je suis presque désolée de te spamer, mdrr ;) Je te souhaite une excellente lecture et j'attends de tes nouvelles !

Melodie Zik Spirit : Eh oui, et ce n'est pas le dernier mythe qui tombe à l'eau, ça je peux te le promettre XD Je te souhaite une agréable lecture, des bisous !

Lisroal : Ton commentaire est adorable, merci à toi ! Je t'embrasse fort et je te souhaite une bonne lecture, en espérant ne pas te décevoir par la suite ;)

Lyrellys : *yeux pétillants en étoiles* Merciiiii ! Notre roux et notre brune vont-ils comprendre un jour ? Un peu plus d'informations à ce propos dans le chapitre qui suit ! Je suis contente de parvenir à traduire les lettres de Sal au monde correctement, c'est toujours des moments d'angoisse, car j'ai peur de ne pas le faire correctement ! Encore merci pour ta présence et pour tous tes compliments ! Des bisous et une bonne lecture !

shishi-sama76 : Haha ! Un petit PdV Dumby pour toi dans ce chapitre et nous aurons bientôt la réaction de Voldy, promis ! (enfin, après le passage dans le passé XD) Je te souhaite une agréable lecture et à la prochaine (pour un chapitre excellent .) Des bisous !

Karozthor the Necromagus : Mille mercis ! Ça va bientôt péter, je te préviens XD Une bonne lecture et des bisous !

OkeanH : Sal, ce héros tragique :D Et il n'a pas fini de faire dans la tragédie ! Tu n'as pas encore vu ses années de grand-papa grincheux ! Dans le prochain chapitre, retour de mon perso préféré (si tu te souviens qui c'est :p) Des bisous et une bonne lecture à toi !

Pims10 : Je pense qu'Harry en a assez d'être entouré d'enfants qui ne savent pas travailler en harmonie X) Heureusement, il a un peu d'aide (Reg, etc.) et il va bientôt (et tu sais quelle est la valeur d'un "bientôt" dans cette histoire XD) recevoir un peu plus d'aide, mais ça ne se fera pas sans quelques rebondissements ;) Des bisous et une agréable lecture !

lesaccrodelamerceri : Un petit retour sur le trio dans cette histoire et deux nouveaux protagonistes entre dans la partie d'échecs de Sal ! Encore désolée pour l'attendre, je t'embrasse fort, merci d'être toujours là et une excellente lecture à toi !

Fay-L : Merci ! En espérant que tu ne t'en lasses pas, car tant de choses restent encore mystérieuses ! Des bisous et une bonne lecture !

Rome7 : Je comprends tout à fait ta réaction à une publication ! À la dernière de l'auteure originale de cette fic, j'ai fondu en larmes :') Encore désolée pour l'attente en tout cas ! Je ne peux plus rien promettre au niveau des délais malheureusement… Niveau manipulation et politique sorcière, Sal n'est pas en reste, c'est vrai, et ça va empirer pour le monde magique avec les chapitres XD Le lien avec Voldemort va être révélé et expliqué dans un chapitre prochain, je peux te le promettre, maintenant, à savoir quand ce sera, c'est une tout autre histoire ;) Une excellente lecture à toi et on se retrouve pour le prochain chapitre avec l'un de mes personnages préférés ! Des bisous !

Lily Jem : Effectivement, personne n'est très content dans cette histoire XD à patt Ana, Ana est toujours tout sourire XD, mais je n'en dis pas plus à son sujet :p Je te laisse mijoter concernant le nom de la Grande Famille ! Moi-même, je n'en suis pas certaine à 110% puisque l'auteure n'a pas encore posté le chapitre en question (mais bientôt j'espère, bientôt !) Bref, bref, je t'embrasse fort et je te souhaite une très bonne lecture !

Allone Denestriel : Quelques rebondissements et des nouveaux protagonistes qui entreront peut-être ou peut-être pas dans la partie d'échecs de Sal ! Je te remercie pour ton dernier commentaire et je te souhaite une très bonne lecture ! Des bisous :3


Le temps entre chaque chapitre ne va plus être fixe avant un bon moment… Malheureusement, je suis en stage et en plein déménagement et j'ai beaucoup de choses à penser avec la rentrée prochaine. Une fois installée, peut-être retrouverais-je une certaine stabilité. J'espère que les choses sont moins compliquées pour vous, des bisous :3


chapter 35: a teacher's advice apologize

Amelia Bones était assise dans son bureau, absolument médusée. Entre ses mains, elle agrippait toujours d'une forte poigne l'édition du Chicaneur. Autour d'elle, divers papiers étaient étalés. Certains concernaient l'affaire Black sur laquelle elle enquêtait, quant aux autres, ils portaient sur le meurtre de la famille Riddle de Little Hangleton. Elle s'était attaquée aux archives après avoir lu les dernières nouvelles, cherchant toute trace des Riddle, et elle n'arrivait toujours pas à croire ce qu'elle avait déniché.

Tom Marvolo Riddle. Fils de Merope Gaunt, fille Cracmol de Marvolo Gaunt, le dernier héritier de la famille Gaunt. Fils de Tom Riddle, un aristocrate moldu. Celui-là même ayant "découvert" que Rubeus Hagrid avait été l'auteur du meurtre d'une jeune fille dans l'enceinte de l'école.

Tom Marvolo Riddle, dont le père et les grands-parents furent tués mystérieusement un an plus tard à l'aide du Sort mortel. Tom Marvolo Riddle, dont l'oncle fut accusé du meurtre des Riddle, bien qu'il n'y ait jamais eu davantage de preuves qu'une étrange confession de ce dernier avant son emprisonnement à Azkaban.

Coïncidence ?

Amelia ne croyait pas aux coïncidences.

Comme elle ne croyait pas qu'Oliver Twist ait choisi Tom Marvolo Riddle, alias Lord Voldemort, comme sujet d'enquête par hasard. Ses yeux retournèrent sur l'article. Il s'agissait tout autant d'un défi lancé au Seigneur des Ténèbres, qu'un moyen de faire taire à jamais le nom à rallonge ridicule qu'il avait inventé.

Vous-Savez-Qui suggérait sans aucun doute la peur, mais "Riddle" ne donnait pas cette même impression. Quelle façon intelligente de faire disparaître l'horreur d'autrui vis-à-vis du Seigneur des Ténèbres tout en le rendant fou de colère - s'il était bien de retour, cela allait sans dire. Amelia était presque certaine que la réponse à cette énigme, bien que ce ne soit pas mentionné directement dans le journal, était un résonnant "oui". Pourquoi sinon écrire un article pour se jouer de lui ?

Quoiqu'il en soit, Amelia était prête à apporter sa contribution dans la récolte d'informations si cela résultait en de tels articles dignes d'intérêt. Sur cette pensée, Amelia rassembla dans un paquet bien emballé la paperasse concernant Tom Riddle et d'autres documents à propos du Ministère et Dumbledore avant d'y ajouter une pile de lettres qu'elle prévoyait d'envoyer. Puis elle s'affaira à nouveau sur le cas de Black, ne s'intéressant pas le moins du monde au colis audacieusement posé par-dessus lesdites lettres. Et si quelqu'un y lisait "Oliver Twist", il ou elle devait certainement halluciner. Après tout, Amelia Bones ne penserait jamais à envoyer une lettre à Twist pour l'aider dans ses… manigances. Jamais. Sauf peut-être…

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Au même moment, Augusta Londubat lisait elle aussi le Chicaneur. Le journal était ouvert sur son bureau, son contentement évident au visage. Un bel article. Un très bel article - et d'une certaine façon, cela s'apparentait à la justice frappant de son coup final l'homme dont les partisans avaient torturé son précieux fils, bien que ce n'ait pas été ses mots, mais ceux de son Lord. Pourtant, faisant elle-même partie de cette Famille, à cet égard, elle avait tout droit de ressentir de la fierté. Cela faisait du bien de voir que les siens prenaient enfin leur revanche sur le mal leur ayant été porté !

Le mal dont avait souffert son enfant chéri, celui qu'elle avait prié d'avoir des années durant et qu'elle avait perdu au moment même où il commençait enfin de se détacher de sa carrière pour fonder sa propre famille.

Elle releva finalement les yeux vers le visiteur.

– Comment a-t-il réagi ? demanda-t-elle calmement.

– Ça ne lui a certainement pas plu, soupira l'homme en face d'elle, passant ses doigts dans ses cheveux roux grisonnants. Je n'arrive pas à croire que j'ai toujours été trop aveugle pour discerner son mécontentement.

Augusta hocha les épaules.

– C'est du Albus Dumbledore tout craché, Arthur, dit-elle en fronçant les sourcils devant l'apparence négligée de l'homme devant elle. Ses propres vêtements étaient parfaitement entretenus. Ses robes vertes lissées et son chignon gris bien serré montraient son statut de douairière de la famille Londubat. Tu devrais faire quelque chose en ce qui concerne ta façon de te vêtir, Arthur. Tes vêtements et ta manière de te coiffer ne conviendront pas lorsque ta famille prendra enfin sa place légitime aux côtés des autres Maisons du Magenmagot.

Les yeux d'Arthur Weasley s'arrondirent.

– Je doute que ma famille ait jamais la chance de…

– Bien sûr qu'elle l'aura. Ton deuxième enfant est l'héritier Prewett et tu es à la tête de la famille Weasley, l'une des Maisons mineures de notre Grande Famille. Tu obtiendras une place au Magenmagot, cela va sans dire, et c'est pourquoi il te faut cesser d'agir de telle manière.

Arthur renifla gentiment.

– Je ne connais rien des convenances, Augusta.

Augusta scruta l'homme en face d'elle, puis son regard tomba à nouveau sur l'article. Elle avait toujours cette forte envie d'éclater de rire après l'avoir lu à Arthur le jour précédent le matin même où il était paru. Les yeux de l'homme s'étaient faits grands et il s'était mis à bafouiller qu'il ne s'attendait pas à ce que quelqu'un ose faire une chose pareille. La meilleure partie restait le moment où elle lui avait révélé que c'était signé "leur chef de Famille". L'homme s'était presque étouffé avant de pouvoir finalement respirer de nouveau. Cela lui avait tout simplement coupé le souffle.

– Cela ne se peut pas, je te le dis. Pour ta femme, tes fils, ta fille et toi-même. Il n'est pas acceptable qu'une partie de ma famille ne sache pas comment se comporter convenablement avec des personnes de statut similaire au leur.

Arthur bredouilla, tentant une protestation.

– "Souhaites-tu donc faire honte à notre Lord ? Un chef de Maison aussi brillant que lui ?" l'interrogea-t-elle en pointant le journal vers lui. Le chef de la famille Weasley suivit du regard la direction pointée jusqu'à l'édition de presse et secoua la tête. Dans ce cas, c'est décidé, dit-elle. "Tes leçons débuteront aussi tôt que possible…"

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Toutes les réactions à l'article de Twist ne furent pas aussi positives que le fut celle d'Augusta Londubat. Aussi, tandis qu'elle introduisait Arthur Weasley aux leçons d'étiquette, un autre homme se tordait de douleur sur le sol de son propre manoir. Entre ses mains était serrée une lettre et près de sa tête reposait l'édition de Sorcière-Hebdo qu'il avait apporté au Seigneur des Ténèbres.

– Crucio !

Une nouvelle fois, un éclair le traversa et Lucius Malfoy regretta d'avoir partagé la nouvelle de l'article avec le Seigneur des Ténèbres. Néanmoins, il savait que s'il ne l'avait pas fait, ç'aurait été bien plus douloureux que ça ne l'était à présent - c'était quelque chose que Lucius Malfoy avait appris en servant le Seigneur des Ténèbres lors de la première guerre. Les mauvaises nouvelles avaient toujours des conséquences, qu'elles soient de votre fait ou non, peu importait. Si vous étiez le messager, vous en souffrirez - c'était aussi aussi simple que ça.

– Comment ce morveux ose-t-il laisser entendre que le grand Lord Voldemort serait effrayé par la Mort ! Comment ce… ce… petit rebelle peut-il suggérer que je ne suis pas l'un des Lords ! Je suis Lord Serpentard, le plus puissant des Seigneurs de Grande-Bretagne ! siffla le Seigneur des Ténèbres en faisant des allers-retours, s'arrêtant par moment pour maudire Lucius ou Peter Pettigrow qui s'était retrouvé au mauvais endroit, au mauvais moment et devait de ce fait endurer la colère de leur Lord. Crucio !

Lucius ne pensait pas un jour sentir de la reconnaissance à l'égard du petit rat fouineur qu'était Pettigrow, mais au moment présent, il aurait pu l'embrasser - par sa simple présence, Pettigrow et lui étaient en mesure de partager le courroux du Seigneur des Ténèbres. Mais en réfléchissant à deux fois… finalement non. Il n'embrasserait pas le rat d'égout, même là. La possibilité qu'il puisse être infecté par l'une de ces étranges maladies moldues était bien trop probable.

– Ce gamin ! Je lui montrerai ! Je lui apprendrai ! beugla le Seigneur des Ténèbres. Je…

Lucius cessa d'écouter à partir de là, portant plutôt son attention sur la lettre froissée entre ses mains. Ladite missive n'avait rien à voir avec un quelconque article de Twist. Elle était adressée au chef de la famille Malfoy. La lettre en elle-même consistait en un épais parchemin sur lequel était noté le nom de Lucius Malfoy et sa position sociale à l'encre verte et d'une main sûre - la couleur en elle-même laissait deviner qu'il s'agissait d'une invitation.

Une invitation à rejoindre une famille. Une Grande Famille.

Lucius ferma les yeux et tenta de se rappeler les mots qu'elle contenait alors que le Seigneur des Ténèbres continuait de discourir non loin. Peut-être que s'il se concentrait sur autre chose, il perdrait l'horreur qu'il ressentait à l'égard du lunatique faisant les cent pas à quelques mètres de son crâne.

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Au Lord de la Maison des Malfoy et à son héritier,

Enfants de la famille Malfoy, vous avez vécu en faisant honneur à vos ancêtres. Vous avez vécu en étant fourbes et en restant fidèles à vos idéaux. Vous avez suivi le chemin pavé par vos prédécesseurs. Je vous déclare parents d'une bien-aimée fille de ma Maison. À ce titre, je vous chérirai et vous porterai assistance lorsque, pour les vôtres, les temps se feront difficiles. Par ces mots, je vous accorde l'admission chez les miens.

Répondez à mon appel, parents de ma lignée et reprenez la place qui vous revient de droit.

Tenez bon, je vous ramènerai à la maison dès ce samedi lorsque l'horloge sonnera minuit.

Je promets sur mon essence et ma magie que vous ne craindrez rien jusqu'à votre retour chez vous.

Lord de la Famille

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Auparavant, Lucius Malfoy n'aurait jamais accepté une telle invitation. Rejoindre une Grande Famille signifiait simplement moins d'indépendance politiquement parlant. Néanmoins, la situation dans laquelle il se trouvait aujourd'hui avait changé. Sans les fonds de la famille Malfoire, il serait bientôt dans l'incapacité de faire parvenir au Seigneur des Ténèbres ce dont il avait besoin. Ce dernier serait loin d'en être satisfait et il voyait la mort poindre dans un futur proche à cette simple idée. Il n'avait aucune envie de mourir.

L'une des options lorsqu'on se trouvait dans ce genre de situation financière était bien sûr de se rattacher à une Grande Famille. Il aurait alors accès aux fonds de la Grande Famille et il serait en mesure de retourner à son ancien mode de vie - ce qui faisait en soi d'une Grande Famille une bonne solution. À son plus grand regret, s'il souhaitait faire un tel choix, il devait encore considérer le pouvoir qu'avait son Lord sur lui. Il pourrait également se retrouver forcé de suivre des règles pour pouvoir la rejoindre - et Lucius n'était pas certain de savoir si cela valait le coup de faire défaut à ses propres idéaux simplement pour regagner argent et alliés politiques. De toute manière, il avait perdu sa liberté d'action depuis que le chef de famille s'était emparé des responsabilités qu'il assumait par le passé. Lucius s'était senti horriblement mal lorsqu'il avait suivi les instructions de son Lord pour la première fois et qu'au lieu de voter en faveur d'une loi anti loups-garous, il avait voté contre. Mais il avait fait ce qu'on lui avait demandé. Ce n'était rien après tout comparé à l'idée de se faire bannir de sa propre Maison…

Au même moment, un autre Crucio le frappa de plein fouet et toutes ses pensées lui échappèrent. La seule chose qui lui resta fut la souffrance. Une douleur purement agonisante.

Et une seule pensée : au moins, le Lord d'une Grande Famille n'était pas autorisé à faire du mal à ses sujets…

Peut-être que l'idée de la rejoindre était à considérer, en fin de compte.

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De son côté, Albus Dumbledore fumait de colère. Il fulminait depuis la veille au matin lorsque la dernière édition était parue et qu'un des élèves avait révélé un secret qu'il était parvenu à dissimuler ces cinquante dernières années.

Tom Marvolo Riddle était l'ignoble tâche sur sa carrière - l'enfant qu'il n'avait pas réussi à sauver. Le fait que quelqu'un ait interféré et l'ait révélé au monde ne lui plaisait pas le moins du monde.

Puis, il y avait eu Arthur Weasley.

Oh, qu'Albus pouvait haïr ce brave homme à présent. La réunion de l'Ordre du Phénix s'était déroulée convenablement jusqu'à ce que ce satané Arthur Weasley fasse mention de l'article du Chicaneur et lui avait demandé si les faits cités étaient véridiques ou non.

À partir de là, Albus avait dû leur avouer - pourquoi cet idiot n'avait-il pas pu se retenir jusqu'après la réunion pour poser une telle question ?! - qu'il n'y avait aucun mensonge dans l'article. Et suite aux questions qui s'étaient ensuite posées, il avait même fini par dévoilé qu'Oliver Twist n'avait jamais menti dans ses écrits. Tout ce qu'il disait était vrai si on prenait un peu de temps pour vérifier - même maintenant que le ministre avait fermé les Archives au public.

Quel plaisir il aurait à déterminer l'identité de Twist - qu'il puisse achever le garçon pour avoir dévoiler des informations si cruciales aux yeux de tous ! Il risquait de tout détruire si Albus ne parvenait pas à le stopper !

Jusqu'à présent, Harry avait été particulièrement préoccupé par son nouveau professeur de défense contre les forces du mal - et cette année, Albus vanterait bien les louanges de la femme en question pour sa simple existence qui permettait au Survivant de ne pas mettre son nez dans ce genre d'articles - et avec les cours en général.

Évidemment, il avait entendu parler de la dispute ayant opposé Harry à Hermione et Ron et il n'était pas ravi de constater qu'aucun d'entre eux ne lui avait dit ce qu'il s'était passé lorsqu'il le leur avait demandé. Hermione Granger avait affirmé quelque chose à propos de l'éternelle puérilité de Harry, cependant Ron Weasley n'avait fait que le toiser comme si les retombées de leur relation étaient entièrement de sa faute. Le garçon ne lui avait pas adressé un seul mot depuis lors.

Puis, il y avait Arthur et Molly. Au lieu de parler à leur fils comme il le leur avait demandé, Arthur lui avait ordonné d'arrêter de mettre son nez dans leurs affaires. Il n'aurait apparemment rien à y faire et n'aurait donc rien à en dire. Arthur ne lui avait jamais dit 'non' auparavant…

À ce moment-là, la porte bascula et Maugrey entra.

– Alastor, mon ami, le salua-t-il.

L'ex Auror lui fit un signe de tête en guise de salutations.

– J'entends que tu suis toujours Harry de près. As-tu découvert ce qui a causé la dispute avec ses meilleurs amis ?

Maugrey renifla.

– Tu connais parfaitement mes doutes sur leur prétendue amitié, rétorqua Maugrey. Mais pour satisfaire ta curiosité, le garçon et ses "amis" se sont querellés, car ils auraient été trop bavards à son goût. Ils auraient été te rapporter leurs impressions avant de lui en parler directement, d'après ce que j'ai compris.

– Ah… je vois, c'est bien regrettable, soupira Albus. Je présume qu'il est temps pour Harry de prendre part à sa première leçon d'Occlumancie avec Severus. Il devrait mieux se comporter dès lors que l'emprise de Voldemort sur lui ne sera plus si importante.

Maugrey renifla à nouveau sans rien ajouter. Albus, bien sûr, savait que l'ex Auror pensait qu'Harry était un imposteur, mais il avait également conscience d'être le seul à connaître la présence de l'horcruxe dans la cicatrice de Harry - aussi, il n'était pas étrange qu'Alastor en soit arrivé à la mauvaise conclusion.

– Est-ce tout, Albus ? demanda Maugrey.

Il hocha la tête.

– Certainement, mon ami.

L'ex Auror tourna les talons, mais juste avant qu'il ne puisse sortir, Albus décida d'ajouter autre chose.

– Alastor !

L'autre homme se tourna vers lui.

– As-tu détecté quelque chose qui pourrait laisser deviner l'identité d'Oliver Twist en te promenant dans le château ?

L'espace d'un moment, l'ex Auror resta silencieux et réfléchit à sa réponse, avant de secouer finalement la tête.

– J'ai bien peur qu'il n'y ait pas eu la moindre piste sur l'identité d'Oliver Twist qui ait attiré mon attention, Albus, dit-il, plongeant ses yeux dans ceux du directeur. Est-ce tout, Albus ?

Sur un hochement de tête, il partit, laissant derrière lui un directeur bien peu informé.

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Dès que la porte se referma derrière lui, le masque d'impassibilité d'Alastor tomba et il massa ses tempes. Il avait poursuivi le faux Harry Potter toute l'année durant, sans jamais réaliser qu'un indice lui avait manqué, et celui-ci n'était autre qu'Oliver Twist.

Harry Potter n'était pas le seul à avoir changé cette année. L'existence d'Oliver Twist avait été révélée dans la même période de temps et cet 'Oliver Twist", ou du moins celui écrivant sous ce nom, avait changé également. Il étudiait à Poudlard - c'était du moins ce qu'il avait dit dans la première lettre envoyée à Xenophilius Lovegood. Mais le garçon n'avait jamais montré un quelconque signe de sa présence avant cette année…

– Pas avant qu'ils ne se mettent à s'en prendre à Harry Potrter, conclut Maugrey, toujours incrédule à l'idée d'avoir manqué quelque chose d'aussi flagrant.

Celui ayant rédigé les articles avait accusé la Gazette d'avoir fait preuve de diffamation à l'égard de Harry Potter. Puis il y avait eu le procès de ce dernier et le quolibet à propos de Sirius Black. Avait suivi la mention de l'absence de procès de celui-ci. Et maintenant Voldemort. Qui qu'en soit l'auteur, il ne pouvait qu'avoir un lien avec Harry Potter. Pourtant, une question restait sans réponse : cette connexion menait-elle au véritable Harry ou était-elle liée à celui se faisant passer pour lui ?!

Alastor Maugrey avait une nouvelle piste à explorer après tout…

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Pendant ce temps-là, le ministre Fudge foudroyait l'article du regard.

Le gamin croyait-il vraiment avoir le droit de questionner de pareille manière le ministre et ses paroles ? Comment osait-il affirmer qu'il y avait une chance pour que Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom soit de nouveau en vie ?! Le seul fait qu'il ait le culot d'énoncer qu'il s'agissait d'une possibilité était une chose que Cornelius Fudge, le ministre en personne, ne pouvait tolérer. Et la raison était simple : s'il laissait ça passer, l'idée qu'il soit vraiment de retour parmi eux serait… bien trop facilement prise au sérieux.

C'est pourquoi Fudge ne le tolérerait pas.

Bien sûr, ce n'était sûrement pas la première fois que le garçon faisait passer le Ministère pour une bande d'incompétents et Fudge ne pouvait plus supporter de telles accusations et de si vils mensonges.

Pas question. Fudge étranglerait le gamin dès qu'il mettrait la main sur lui ! Mais là était le problème : il n'y avait tout simplement pas moyen d'en trouver la moindre trace. Fudge détestait se sentir si impuissant.

– Peut-être devrait-on approcher Xenophilius Lovegood à propos de Twist. Il devrait savoir où se trouve le garçon et il ne sera guère difficile de faire pression sur lui pour qu'il cède à nos demandes, déclara Dolores Ombrage. Elle ne se trouvait pas réellement dans le bureau de Fudge, mais entretenait avec lui une correspondance par cheminette en ce moment même. Fudge avait ardemment besoin de son conseil concernant Twist.

La réponse qu'elle reçut prit la forme d'un sourire - un de ceux qui promettaient à Xenophilius Lovegood de nombreux problèmes.

– Une très bonne idée, Dolores. Je vais de ce pas ouvrir l'enquête.

Il se leva, rompit la connexion à Poudlard et en ouvrit une autre.

– Auror Dwalis, salua-t-il. Présentez-vous dans mon bureau si vous le voulez bien. J'ai besoin que vous m'accompagniez quelque part.

L'Auror à l'autre bout de la connexion inclina la tête.

– Avec plaisir, monsieur le ministre, dit-il avant de traverser le passage. Une bourse changea de propriétaire et pas plus de dix minutes plus tard, Cornelius Fudge était prêt à entrer en guerre contre un élève de Poudlard un peu trop problématique à son goût.

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Tandis que l'attention de certaines personnes était captée par l'article en question, celle d'Hermione Granger avait une tout autre cible. Lorsqu'elle l'avait parcouru après les cours le jour de sa parution, ses pensées étaient encore et toujours happées par les mots de Harry. Non pas qu'elle ait véritablement approfondi sa réflexion à ce propos. Elle se doutait bien que Harry jouait à l'adolescent taciturne et qu'il reviendrait dessus à un moment ou un autre.

Du moins, c'était ce qu'elle se disait et ce qu'elle affirmait aux autres lorsqu'on lui posait des questions. Mais tout au fond d'elle-même, il y avait une petite voix qui lui soufflait qu'elle se leurrait et que Harry en avait pensé chaque mot.

Mais elle avait eu raison ! L'Éclair aurait pu avoir été dangereux ! Ç'avait été son devoir d'aller chercher un professeur et l'éloigner ainsi de Harry avant que quoi que ce soit n'arrive !

Mais pourquoi ne pas lui en avoir parlé de prime abord ? lui murmura une petite voix ressemblant à celle de Harry. Pourquoi es-tu tout de suite allé quérir un professeur ? Harry est ton ami, il t'écoute…

Ainsi qu'elle aurait pu lui parler au lieu de s'en aller voir Dumbledore lorsqu'elle avait remarqué son changement de comportement. Était-ce vraiment dans son droit de juger Harry ? Avait-ce été correct de sa part de décider ce qui était suspicieux et ce qu'il ne l'était pas ?

Il a oublié des choses qu'il sait depuis des années, des choses à propos de moi qu'il n'oubliait jamais, raisonna Hermione. Cependant, Harry n'avait jamais auparavant subi ce par quoi il était passé en fin d'année dernière. N'était-ce pas dans son droit d'agir différemment de ce à quoi elle s'attendait après avoir été témoin de la mort de Cédric ? N'était-ce pas dans son droit d'oublier qu'elle détestait les choux de Bruxelles alors qu'il était certainement traumatisé par son passé ? Après s'être retrouvé face à face avec des Détraqueurs durant l"été ?

Mais, c'était Harry… et Harry se relevait toujours.

Toujours, jusqu'à maintenant, la petite voix lui souffla. Mais il y a une première fois à tout. Peut-être a-t-il finalement atteint sa limite. Peut-être que tes actions - le fait de l'avoir ainsi vendu - le pousseront à bout. Peut-être qu'il ne s'était pas relevé cette fois-ci et que tu l'as repoussé en insistant pour qu'il avoue tout…

D'un soufflement plein de frustration, Hermione jeta le Chicaneur contre le mur.

– Oh, waouh, une voix fit derrière elle. Elle se tourna vers celle-ci. Fred… ou était-ce George ? Et moi qui pensais que tu apprécierais l'article de Twist au lieu de le balancer contre les murs…

Hermione cligna des yeux, puis ses pensées la ramenèrent au présent et elle s'empourpra.

– Dans l'ensemble, c'était un bon article. Mais j'ai encore du mal à croire que Twist se soit servi du mot 'Sang-de-Bourbe' ! Un journaliste compétent ne devrait pas l'utiliser ! C'est comme… c'est comme… je ne sais même pas !

George - ou était-ce Fred ? - la regarda d'un air penaud tandis que son frère éclatait de rire.

– Tu as raison. Ce n'est pas un mot qu'on trouve dans le journal habituellement, affirma Fred.

– Je suppose qu'il s'en est servi pour provoquer notre cher Seigneur des Ténèbres, le petit Tommy…

– Ou les Mange-Brebis qui le suivent et croient en lui…

– Ou Malfoy. Peut-être qu'il veut voir l'idiot avoir une crise cardiaque au milieu de la Grande Salle…

– Oh ! Bien trouvé, mon frère ! Je n'y avais même pas pensé ! dit l'autre jumeau - Hermione avait depuis longtemps cessé de chercher à savoir qui lui parlait. Mais peut-être que sa cible n'était pas Malfoy, mais Snape. J'ai entendu dire qu'il s'est presque étranglé avec son jus de citrouille en le lisant.

– Ou peut-être qu'il veut voir Ombécile imploser en voyant qu'on se sert du mot en "m" pour décrire son amant…

– Ouh, Forge ! Cette image ! Cette image ! cria l'autre jumeau, frottant ses yeux. Hermione plissa le nez de dégoût.

– Tu ne viens pas de dire ce que je pense, pas vrai ? fit-elle, la bile lui montant à la gorge.

– Pourquoi ? Tu ne penses pas qu'ils font un joli couple ? Ombécile avec tout son rose et très cher vieux Tommy avec sa tête de serpent, renchérit l'un des frères, ayant de toute évidence un sérieux problème au cerveau, un regard incrédule posé sur elle. Je parie qu'ils s'entendraient à merveille.

– Des fois, je me demande si Bill et Charlie t'ont fait tomber une fois de trop, Forge, déclara l'autre jumeau.

– Tu n'y es pas, Gred, sourit 'Forge'. Ils ont juste oublié de te faire tomber autant que moi. Mais ne t'inquiète pas, ce n'est pas incurable.

Hermione prit cela comme un signal qu'il était temps pour elle de les laisser à leurs bêtises. Elle n'avait pas le moins du monde envie de se retrouver mêlée à ce qu'ils préparaient…

Elle ne remarqua pas Ron qui se fondait dans l'ombre, observant l'extérieur à travers le carreau, le Chicaneur en mains et ses yeux durcis par la décision qu'il venait juste de prendre. Ron avait écouté Harry lorsqu'il les avait admonestés. Alors, oui, Ron était borné parfois. C'est vrai qu'il était un jaloux de première. Mais en fin de compte, un seul trait de caractère le définissait et le guidait de manière continue. Comme il le faisait aujourd'hui. Comme il l'avait fait par le passé.

Ron était loyal.

C'était un idiot.

C'était un jaloux de première.

C'était quelqu'un de borné.

Mais c'était quelqu'un de loyal.

Et il avait finalement compris qu'il était plus que temps pour lui de se sortir les doigts du derrière et de grandir un peu. Après tout, Tom Riddle était de retour et Harry aurait besoin de tout le monde pour se débarrasser de nouveau de ce monstre. Même d'un idiot un peu trop jaloux tel que Ron.

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Il fallait noter que Severus Snape, quant à lui, n'était pas du tout préoccupé par l'article de Twist. Il l'avait lu, avait presque recraché son jus en notant l'habileté de l'écrivain, puis était passé à autre chose.

Les conséquences qu'allaient engendrer l'article en question, par contre, celles-ci, il ne pourrait pas y échapper aussi facilement que l'article en question. Aussi, il se retrouva à marcher en direction du bureau directorial en pleine nuit, ses robes tourbillonnant derrière lui, pour aller faire son rapport après une journée mouvementée, ce, quelques heures après la sommation du Seigneur des Ténèbres.

Il donna le mot de passe à la gargouille et monta les escaliers en direction du bien connu bureau du directeur, empli de tous ces bibelots inutiles qu'aimait tant Albus Dumbledore.

Le directeur en question était toujours éveillé et l'attendait.

– Severus, le salua-t-il avant de lui présenter une chaise pour qu'il s'y installe. Severus grimaça et s'arrêta devant le bureau, toujours debout.

– Le Seigneur des Ténèbres a accéléré son agenda, dit-il avec raideur. Le directeur poussa un soupir. Il prévoit une descente sur Azkaban demain soir.

Pour toute réponse, il reçut un énième soupir épuisé.

– Il se sent provoqué par l'article d'Oliver Twist, clama Dumbledore, l'air fatigué. Cela n'annonce rien de bon pour nous. S'il précipite trop les choses, il risque de conquérir l'entièreté du pays avant même que nous ne soyons prêts à réagir.

– Mais ça lui laissera également moins de temps pour se préparer, professeur, répliqua sèchement Severus. Vous avez suffisamment d'hommes sous la main pour intervenir lors du raid de demain.

– Je ne peux pas me le permettre, Severus, répondit Albus. Le monde doit prendre conscience de son retour, et malheureusement, il s'agit là de la meilleure opportunité de le leur faire comprendre.

– Si nous n'agissons pas, le Seigneur des Ténèbres récupérera l'intégralité de ses forces. Ses partisans les plus fidèles se trouvent à Azkaban ! Et Fudge ne fera que l'assister ! Cet homme en est suffisamment terrifié pour ignorer la Marque des Ténèbres et déclarer que rien ne s'est produit ! Il en fera de même si le Seigneur des Ténèbres fait évader ses plus loyaux d'Az…

– Severus, Dumbledore interrompit la diatribe animée de son espion et maître des potions. Nous ne pouvons rien y faire. Nous n'avons pas les forces nécessaires pour nous rendre à Azkaban et l'arrêter…

Severus Snape ne pipa plus un mot après cela. Il acquiesça et s'inclina avec raideur.

– Je ne doute pas que vous sachiez ce qui est le mieux pour nous tous, dit-il froidement. Si vous voulez bien m'excuser, je vais prendre congé pour la nuit.

Albus Dumbledore sourit chaleureusement à son maître des potions coincé.

– Bien sûr, mon garçon, répondit-il, souriant gentiment. Je te souhaite une bonne nuit de repos.

Severus inclina simplement la tête et tourna les talons pour quitter le bureau du directeur, le dos raide, et l'esprit chargé de ressentiment à l'égard des mots de son aîné.

Et demain, alors que le monde s'écroulerait, Severus aurait sa première leçon d'Occlumancie avec le morveux de Potter. Il n'y avait pas meilleure façon de ruiner sa soirée qu'un Seigneur des Ténèbres de nouveau en cavale couplé à une leçon d'Occlumancie avec le gamin Potter…

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Étonnamment, cela avait pris aux amis de Harry deux semaines et deux jours - les deux mêmes jours qu'il avait fallu pour que l'édition du Chicaneur soit publiée et qu'elle mette le monde sens dessus dessous - pour qu'ils se décident finalement à venir s'excuser auprès de lui.

Ce fut Ron - et Harry en fut sincèrement surpris - qui fit le premier pas.

– Harry, dit Ron cet après-midi-là en s'installant à côté de lui tandis qu'il travaillait sur sa dissertation de Métamorphose dans un coin tranquille de la salle commune des Gryffondor. Plus tard dans la journée, Harry participerait à sa première leçon d'Occlumancie et il avait toute intention d'en terminer avec ce devoir avant d'aller en "leçon de rattrapage".

Harry leva les yeux un instant avant de se recentrer sur sa dissertation, murmurant un léger : "Oui, Ron ?"

– Le crapaud… je veux dire, Ombrage, elle te donne encore des retenues, pas vrai ?

Cela ressemblait bien au début d'une longue conversation. Harry poussa un soupir avant de poser sa plume. Il avait assisté à la dernière i peine un jour, et il avait aujourd'hui écopé de deux semaines supplémentaires pour son "insolence" à compter du jour suivant. Il n'avait pas dit un mot du cours avant qu'elle ne lui adresse la parole.

– Tu sais bien qu'elle n'a pas le droit de faire ça, continua Ron. Après tout, tu restes toujours poli en classe et tu ne l'ennuies jamais. Elle n'a rien pour justifier ses retenues et tu en es parfaitement conscient.

Harry haussa les épaules.

– Bien sûr que je le suis. Mais si je me mets en travers de sa route, elle ne fera que se servir de mes paroles pour m'en attribuer davantage, répondit Harry, incertain de ce qu'il devait penser de son meilleur ami et de cette étrange conversation.

– Mais ce qu'elle fait n'est pas légal ! cria Ron. Et ne me dis pas que ce n'est rien ! Je t'ai vu frotter ta main de temps à autre ! J'ai vu les mots qui y sont gravés ! Tu ne peux pas la laisser continuer à…

– Je ne la laisserai pas, déclara Harry. Mais ça… (Il montra les mots engravés dans sa main à Ron.) peut être étouffé par le Ministère si je ne fais pas ce qu'il faut. J'ai besoin d'un élément déclencheur pour pouvoir m'en occuper. Quelque chose d'énorme… et ne me dis pas que ce genre de choses est simple à trouver !

Ron ouvrit la bouche, de toute évidence pour rétorquer, mais finit par dire :

– Bon sang ! Tu penses vraiment que le Ministère ou les professeurs ne feront rien si…

– J'ai été voir McGonagall, dit Harry. J'ai essayé de lui parler. Elle n'écoute pas.

Et c'était la vérité. Il avait été la voir - non parce qu'il avait besoin de son aide, mais plutôt parce qu'il savait que s'il ne le faisait pas, alors personne n'oserait. Il avait parfaitement conscience qu'avec son pouvoir politique, il y avait beaucoup de personnes, même ici à Poudlard, qui comptait sur lui. S'il n'allait pas voir le corps professoral, personne n'irait, car s'il pouvait le supporter, alors tout le monde le pouvait.

Ainsi, Harry s'y était rendu.

C'était le jour de sa première retenue, et la seule chose qu'avait eue McGonagall à lui dire avait été de "faire profil bas". Lorsqu'il lui avait dit qu'il n'avait rien fait pour contrarier le crapaud ministériel - non pas qu'il ait utilisé cette appellation - elle ne l'avait pas même écouté et elle n'avait pas une seule fois posé les yeux sur sa main, comme si elle craignait que si elle le faisait, ces mots deviennent plus que ce qu'ils étaient.

Ce fut à ce moment-ci qu'Harry avait réellement pris conscience de la mesure dans laquelle l'école s'était éloignée des idéaux pour laquelle elle avait été créée.

– Elle… elle n'écoute pas ? fit Ron, l'incrédulité perceptible dans sa voix. Harry lui sourit amèrement.

– Bienvenue dans mon monde, Ron, dit-il en reprenant sa dissertation.

– Mais… mais ta main ! Je l'ai vue ! C'est impossible qu'elle n'ait pas pu voir…

– Elle n'a même pas levé les yeux pour voir, Ron. Était-ce tout ce dont tu souhaitais parler ?

Ron le dévisagea durant plusieurs secondes, puis reprit.

– Non ! Je voulais m'excuser !

– Pour quelle raison, Ron ? répondit Harry, un sourcil se haussant.

– Pour avoir été stupide et être allé voir le directeur avant de venir te parler, fit Ron. Je sais que je suis crétin parfois et qu'il m'arrive souvent de ne pas voir plus loin que le bout de mon nez, mais Harry, je t'en prie ! Je suis vraiment désolé pour mon comportement l'autre jour ! J'aurais dû venir t'en parler ! Je suis vraiment, vraiment désolé de n'avoir fait que suivre Hermione jusqu'au bureau du directeur pour tout lui avouer !

Cette fois-ci, Harry posa définitivement sa plume et leva un regard sérieux sur Ron.

– Et tu penses qu'après t'être excusé, tout ira à nouveau pour le mieux dans le meilleur des mondes ? demanda-t-il, scrutant le garçon en face de lui.

Ron se tortilla dans son siège.

– Je ne sais pas, dit-il, la voix étrangement douce. Je ne crois pas pouvoir t'en vouloir si tu décides de me le reprocher. Merlin seul sait que je ne te le pardonnerais pas pour une chose pareille si nos situations étaient inversées et je suppose… je suppose qu'il est normal que tu réagisses comme ça. Mais cela ne m'empêche pas d'être désolé. Même si tu n'arrives pas à me pardonner, je ressens le besoin de le dire. La seule chose que je peux te promettre est d'essayer de ne plus jamais le refaire.

Harry étudia le visage de son ami.

Le garçon aux cheveux roux en face lui n'exprimait que de la sincérité à première vue. Ron le pensait. Le pensait vraiment. Et même si ce Harry n'était pas celui auquel Ron s'était lié d'amitié, Harry hésitait encore à refuser catégoriquement ses excuses.

Il soupira.

– Je les accepte, finit-il par dire au roux. Mais ça ne veut pas dire que notre amitié sera celle qu'elle a été. Je ne te ferai plus autant confiance qu'avant et je ne pense pas pouvoir à nouveau te confier le moindre secret. Je suis désolé.

Et sur ces mots, Harry retourna à son devoir, incapable de poser un œil sur le roux devant lui.

– Je comprends, Harry, finit par dire Ron, brisant le silence qui s'était installé entre eux. Merci pour ta compréhension.

Puis, le roux qui préférait habituellement faire tout, sauf ce qui s'apparentait aux devoirs, sortit sa dissertation d'Histoire de la Magie et se mit à disserter sur les Guerres Gobelines.

– Tu devrais ajouter la Bataille du Grand Nord aux conflits que tu développes, lui recommanda Harry après quelques minutes. Il y a un témoignage quelque part dans la bibliothèque qui montre le point de vue des Gobelins.

– Ah ? Un témoignage ? fit Ron, confus. Harry haussa les épaules.

– Du prince Salvazsahar Pendragon, le fils d'Arthur Pendragon, dit-il. Il s'est battu aux côtés des Gobelins lors de ce combat-ci, donc ça ne peut qu'élargir ta vision des Guerres Gobelines.

Ron cligna une fois, puis deux avant d'acquiescer finalement.

– Eum… merci, je suppose, lui dit-il, le regardant comme s'il était un animal étrange.

– De rien, je suppose, répondit Harry, reprenant son devoir. Une demi-heure plus tard, en ayant finalement terminé, il rangea ses affaires et se leva.

– Ou est-ce que tu vas ? demanda Ron avant de pouvoir ravaler ses mots. Je veux dire, si ça ne t'embête pas de m'en parler, tu sais…

– J'ai rattrapage avec Snape, dit Harry. Ron lui jeta un regard incrédule.

– Tu réussis toutes tes potions depuis le début de l'année, Merlin, pourquoi est-ce que tu aurais besoin de rattrapages en Potions ?

– C'est la question, Ron, répondit Harry, souriant. Demande au directeur. C'est lui après tout qui a trouvé cette stupide excuse, enfin, peut-être que Snape a oublié de lui mentionner que j'avais mémorisé le livre de potions pendant l'été ?

Harry quitta la pièce et se rendit dans les cachots pour rencontrer l'homme qu'il prévoyait de briser un jour ou l'autre.

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Legilimens !

Harry était atterré. Il s'agissait là du genre de leçons que Dumbledore voulait qu'Harry suive ?! Aucune introduction, pas de théorie, juste un "Videz votre esprit" suivit d'un "Legilimens" ?!

Harry n'était pas très impressionné.

Et peut-être qu'il aurait été franchement sur les nerfs s'il n'avait pas déjà su tout ce qu'il y avait à savoir sur l'Occlumancie et la Legilimancie. Aujourd'hui cet art appartenait à une branche obscure de la magie, mais quand on la lui avait appris, c'était tout bonnement indispensable.

Harry avait toujours foi en l'idée qu'il l'était toujours.

S'il avait été professeur, il leur aurait enseigné dès lors que des jeunes auraient été placés à sa charge…

Mais bien sûr, il n'était qu'un élève ici…

Lorsque son professeur cessa d'essayer de pénétrer son esprit, Harry reporta son attention sur la réalité.

Son professeur renifla de mépris.

– Je vous ai dit de vider votre esprit, Potter !

Harry avait déjà l'esprit vidé, non pas que son professeur puisse le deviner. Il n'avait aucune intention de tenter de maîtriser quelque chose qu'il avait appris à faire lorsqu'il avait réellement quinze ans.

Mais comment Snape pouvait-il le savoir ?

Harry ne doutait pas que le type d'Occlumancie dont il se servait était complètement inconnu à l'homme en question. C'était peut-être même la dernière fois qu'il voyait une telle chose, d'ailleurs…

La base de l'Occlumancie était de bloquer son esprit et de laisser une tête vide de tout souvenir pour contrer toute tentative d'intrusion. Harry n'appréciait pas le concept.

Lorsqu'un esprit était vide, il n'y avait donc plus rien à y trouver et quiconque deviendrait suspicieux à l'égard de la personne concernée - Harry ne voulait et ne pouvait se le permettre. Il avait eu besoin par le passé de jouer à l'adolescent impuissant et sans défense à trop de reprises pour simplement bloquer son esprit contre toute tentative de pénétration extérieure. Il usait donc d'une approche différente, celle que son père lui avait enseignée.

Par conséquent, Harry n'avait jamais tenté d'enfermer tous ses souvenirs et les avait simplement rassemblés derrière des couches et des couches de souvenirs moins utiles tout en s'assurant qu'une série de protections défendaient correctement les plus importants. Harry lui-même ne savait pas combien de couches se superposaient. Il avait après tout continué d'en ajouter chaque fois qu'il apprenait une nouvelle manière de le faire.

La couche supérieure - la part exposée - était composée de souvenirs d'enfance. Exactement ce que Snape s'était attendu à voir - peut-être pas exactement, puisqu'il s'agissait là des souvenirs de l'ancien Harry et non d'un petit prince pourri gâté…

Mais cela importait peu. Tout ce qui comptait, c'était qu'il s'agisse des souvenirs de Harry - juste assez pour que cela soit irréfutable. Aussi, il n'y en avait aucun précédant son quatrième anniversaire et ceux qui suivaient étaient plus ou moins vagues.

Les seuls qui se démarquaient par leur clarté étaient ceux racontant ses six ou sept dernières années - comme ça devait l'être dans l'esprit de quelqu'un n'ayant pas la troublante capacité à se rappeler de tout ce qui s'était passé au cours de sa vie.

Néanmoins, berner Snape commençait à l'ennuyer à mourir. Ils s'amusaient à ce viol mental depuis une bonne vingtaine de minutes et Harry priait que cela en reste là. Il détestait rester assis, tandis que Snape lui hurlait des Legilimens en pleine figure, sans avoir même besoin de chercher à s'en défendre. Le professeur glissait sur ses barrières comme si l'esprit de Harry était fait de verre et qu'il tentait de le lire en l'aspergeant d'eau.

Peut-être…

Non ! Il était Harry à présent !

Mais peut-être que…

Il était Harry !

Mais peut-être qu'il pouvait… juste un rapide coup d'œil… et il s'ennuyait tellement…. alors…

Peut-être que lui aussi pouvait se divertir pendant que son professeur prenait son pied et faisait grossir la haine qu'il portait au père de Harry et à sa propre personne…

Mais il ne devrait pas… l'original ne l'aurait pas même envisagé…

Mais il n'était pas l'original !

.

Legilimens !

Et ainsi, revoilà son professeur. Dans son esprit. À la recherche de la moindre faiblesse…

Mais cette fois-ci fut différente.

Cette fois-ci, Harry contre-attaqua.

Avec l'agilité d'un serpent, il s'enroula le long du filet de magie auquel son professeur avait recours. Il n'y avait aucune échappatoire. De plus grands hommes étaient tombés dans son piège, et à cela, il n'y avait aucune surprise. Harry avait beau être un bon Occlumens, lorsqu'il s'agissait de Legilimancie, il pouvait se targuer d'être un véritable génie.

Ni les barrières de Dumbledore ni celles de Voldemort ne lui arrivaient à la cheville - et bien que les protections qu'il entrevoyait étaient suffisamment puissantes pour tenir les deux hommes à l'écart de son esprit, aucune défense à sa disposition ne pourrait arrêter Harry…

Et ce dernier voulait savoir si la façon dont il avait entamé la leçon était purement due à une haine profonde, ou s'il y avait autre chose là-dessous.

Enseigner la chose de cette manière ne menait nulle part, surtout si son adversaire n'était autre qu'un simple élève plein d'ignorance. Traditionnellement, le maître dans l'art introduisait le sujet, puis entamait l'aspect pratique par la Legilimancie, et non directement par l'Occlumancie. En aucune façon un débutant n'était apte à apprendre à occluder en premier. La Legilimancie servait d'ailleurs à montrer à l'élève des défenses de son maître afin qu'il puisse s'en inspirer pour bâtir les siennes par la suite…

Mais sans cela…

Harry enraya ce chemin de pensée, se concentrant plutôt sur les protections qui enveloppaient l'esprit de son professeur.

Impressionnant, songea Harry alors qu'il traversait les défenses comme si elles n'étaient pas là. Presque impossibles à briser.

Non pas que ce fut ce qu'Harry fit. Ses connaissances de la Magie et de la magie du sang lui permirent de dissimuler sa présence dans le flux qui quittait l'esprit de son professeur - un procédé auquel ni Dumbledore ni Voldemort n'avait jamais pensé.

Vraiment très impressionnant.

L'approche de son professeur était de leurrer l'esprit de l'intrus en lui faisant croire qu'il parvenait à ses fins, alors qu'en réalité, il était coincé et nourri des souvenirs et des sensations que Snape voulait bien partager. Harry était certain que même Dumbledore tomberait dans un piège si complexe.

Mais ce n'était pas son cas. Il avait contourné toutes les défenses en restant tapi sous le voile de magie de l'homme en question et avait à présent entièrement accès à son esprit.

Après qu'il eut mentalement disséqué les protections de son professeur, il reporta son attention sur ses pensées.

C'était le chaos absolu - rien de semblable à celles d'un Legilimens ordinaire. Elles tournaient dans l'esprit de l'homme plus âgé, entrelacées de culpabilité, d'anxiété et d'amertume. Il y avait un sentiment d'aversion couplé à l'apparence de Harry, couplé à son père, mais là n'était pas le sentiment principal qui ressortait le concernant.

De la tristesse - comme si Harry était quelque chose que son professeur avait perdu il y a bien longtemps.

De l'amertume - lacée à son apparence, mais cette fois-ci, vis-à-vis des caractéristiques qu'il tenait de sa mère.

De la culpabilité, de la peur…

De la peur envers Harry, envers Tom Riddle… et même envers Dumbledore et ses manigances.

Le tout tourbillonnait dans l'esprit de son professeur, qui avait perdu il y a une demi-heure à peine toute la clarté à laquelle l'exercice consistant à se vider l'esprit conduisait normalement…

Il va me falloir lui apprendre la Legilimancie en premier, fit écho une pensée et Harry suivit le sentiment jusqu'au souvenir en question. Ça a toujours fonctionné dans ce sens.

Mais nous n'avons pas le temps de commencer par la Legilimancie, répondit une autre voix - celle d'Albus Dumbledore, Harry la reconnaîtrait entre mille. Le garçon en est capable. Il a réussi à contrer l'Imperius, il réussira à apprendre l'Occlumancie sans la Legilimancie.

L'un n'a rien à voir avec l'autre…

Tu voudrais risquer de lui enseigner la Legilimancie alors que Voldemort demeure ? Ne penses-tu pas qu'il te tuera s'il découvre dans l'esprit du garçon ce que tu as fait, et je te prie de me croire, il le découvrira. Le garçon est bien trop asservi à son contrôle en ce moment pour que cela se passe autrement. Et ensuite ? Qui sera là pour surveiller le garçon ? Sirius ? Remus ? Veux-tu vraiment voir la sécurité du garçon reposer sur leurs seules épaules ?

Son professeur n'avait rien répondu, toutefois Harry ressentit son horreur et sa culpabilité grandir.

Harry étudia le souvenir et le rangea dans un coin de sa tête.

Puis il décida de suivre les filaments raccrochés à ces sentiments pour voir où ils le mèneraient.

Les souvenirs d'enfance de son professeur emplirent son esprit. Il vit ses parents se disputer, il vit son père boire. Il constata la cruauté et la peur qui imprégnait la maison de Snape. Puis, il aperçut Lily, la seule lumière de ses jeunes années.

Lily, qui était aussi la source de sa culpabilité.

Il ressentit un grand amour lui étant rattaché, l'émerveillement qui l'animait en sa présence. Elle avait été parfaite aux yeux de son professeur - non pas parce qu'elle avait été dénuée de défauts, mais plutôt puisqu'elle aurait été tout ce dont il aurait eu besoin pour être heureux.

Mais Snape n'avait pas compris que c'était parce qu'il avait joué avec la magie noire qu'elle s'était éloignée, et non pas à cause de Potter.

Puis Harry tomba sur un souvenir dans lequel Snape suppliait ce vieux bouc de directeur de sauver la vie de Lily - lui promettant de faire ce qu'il voulait tant qu'elle était sauve.

Et soudain, tout prit un sens. La prophétie - et n'était-ce pas une intéressante découverte ? Bien entendu, Harry avait appris qu'une ronde s'effectuait au Ministère pour surveiller quelque chose, mais jusqu'alors, il n'avait jamais su qu'il existait une prophétie à leur propos, Tom Riddle et lui…

Et Dumbledore s'était servi du fait qu'il avait rapporté tout ce qu'il avait entendu à Tom Riddle pour le culpabiliser.

Sale manipulateur, songea Harry en se décrochant du souvenir avant de revenir à son propre esprit. Saleté d'anguille manipulatrice !

Mais il n'y avait rien qu'il puisse faire à présent, si ce n'est pour une chose.

En repartant, il laissa une simple rune dans l'esprit de son professeur. Le sort en question serait certainement considéré comme interdit ces jours-ci - ça avait déjà été vu comme quelque chose de très noir à l'époque de Morgana LeFay, mais cela remplirait son rôle…

Harry relâcha son contrôle sur l'autre homme, se retirant de son esprit et patienta jusqu'à ce qu'il en fasse de même. Il le scruta.

Le plus âgé semblait bien réagir, ce qui signifiait que le sort runique s'était intégré à ses défenses sans le moindre problème.

Snape fit une grimace à son intention.

– Encore, Potter ! persifla-t-il. Legilimens !

Cette fois-là, Harry créa une brèche dans ses propres défenses et ajouta quatre souvenirs à la masse dont il se servait en guise de protection. D'un léger encouragement, il poussa son professeur devant le premier souvenir.

La mort de Lily.

C'était cruel, mais il savait qu'il avait besoin de l'être pour l'atteindre.

Le sort runique qu'il avait placé réagit instantanément, l'informant que Snape ne prenait définitivement pas bien d'avoir à contempler le déroulé de la nuit du meurtre de Lily. Snape tenta d'y échapper, mais Harry le maintint en place jusqu'à ce qu'il se termine, puis il le poussa vers le suivant - un souvenir encore plus glaçant.

S'il s'agit bien de Severus comme Dumbledore le pense, alors je le crois sincère dans son revirement, dit Lily. James portait Harry qui s'amusait avec un chien en peluche.

Harry sentit Snape sursauter en entendant Lily le défendre et au lieu d'essayer de partir, Snape s'immergea à l'intérieur et Harry le laissa faire. Il était plus aisé de garder quelqu'un dans un souvenir si la personne souhaitait véritablement s'y trouver.

Lily, soupira James, et Snape renifla de mépris.

Non, James ! Je sais que tu détestes Severus, mais il était mon ami ! J'ai conscience qu'il s'est essayé aux Forces du Mal ! Et je sais qu'il a choisi le mauvais côté ! Mais il a été à mes côtés depuis mes huit ans, alors même si tu ne l'apprécies pas, accepte au moins que je le connaisse mieux que quiconque !

Harry sentit la surprise et la haine de soi qui pulsaient à l'intérieur de Snape. Il ne pouvait l'en blâmer. C'était la première fois que Snape apprenait la vraie raison qui avait poussé Lily à s'éloigner de lui.

Non, Lily, tu le connaissais mieux que quiconque, la corrigea James. Il a changé !

Lily secoua la tête.

Quelque part au fond, il reste le jeune garçon adorable que j'ai rencontré autrefois, James. Les gens changent, c'est vrai, mais une part d'eux restera toujours la même, quoiqu'il arrive. Et Severus a toujours été quelqu'un de bon au plus profond de lui-même.

Cette fois-ci, la culpabilité fut d'autant plus prononcée.

Lily…

Non, James ! Je le sais ! J'ai… j'ai… j'ai besoin d'y croire ! J'ai toujours été bonne pour jauger les gens, est-ce que tu penses vraiment que ç'ait changé ?

Eh bien… tu n'as jamais aimé Peter…

Ça n'a rien à voir, James !

Harry tira son professeur du souvenir et le guida jusqu'au dernier, un souvenir qui n'avait jamais été très loin de sa portée - la révélation quant à la traîtrise de Peter datant de la troisième année du Harry d'origine.

La fureur qu'il ressentit à travers le sort prit un goût de fer sur la langue de Harry lorsque Snape comprit ce qu'il voyait dans le souvenir.

À présent, Harry était certain que le rat ne survivrait pas à sa prochaine rencontre avec Snape si ce dernier avait l'occasion de s'en débarrasser. Il semblait que jusqu'alors, les deux hommes ne s'étaient pas croisés dans le cercle de Voldemort.

Il n'avait pas vraiment d'objection à la mort du rat. Bien sûr, il pourrait servir à gagner la liberté de Sirius plus aisément, mais il fallait dire que celle-ci n'était qu'un élément mineur de ses plans, et puis, de toute manière, il y avait d'autres moyens d'y parvenir.

Il laissa le souvenir se dérouler devant eux, puis il jeta Snape au cœur du dernier qu'il avait ramené à l'avant de ses protections.

Lily se tenait devant le lit d'enfant et berçait Harry.

Le bébé la regardait avec de grands yeux verts - si verts ! - pleins d'innocence.

Chhhut, murmura-t-elle. Dors, précieux enfant. Dors, mon petit ange.

Le bébé couina.

Maman t'aime, papa t'aime, dit-elle, comme elle l'avait répété juste avant que Voldemort n'atteigne la chambre. N'oublie pas, quoiqu'il arrive, maman t'aime, papa t'aime. Tu es mon bien aimé trésor.

Elle releva les yeux vers le ciel de minuit.

Sa prise se tendit.

N'oublie pas. Même si maman doit y passer pour te garder en sécurité. (L'une de ses mains quitta Harry et se posa sur l'un des murs couverts de sang et d'équations runiques.) Maman te protégera. Même si papa doit y passer pour toi, papa te protégera. Quoiqu'il advienne, tant que je suis en vie, je ferai n'importe quoi, n'importe quoi, pour te protéger !

Et sur ces mots, Harry renvoya Snape dans le cruel souvenir de la mort de Lily.

Maman t'aime, papa t'aime.

Quoiqu'il advienne, tant que je suis en vie, je ferai n'importe quoi, n'importe quoi, pour te protéger !

Pour Snape, ce fut comme si on venait de lui renverser un bac d'eau glacée à la figure.

L'espace d'une seconde, l'essence et la magie de Snape cessèrent leur course, figées devant la scène de la mort de Lily, tel un cerf à la lueur des phares.

Snape se débattit contre l'emprise de Harry.

La magie de ce dernier emplissait l'espace, incontrôlée et prête à le défendre. Harry sentait que la crise était sur le point de le submerger.

Ça avait été la goutte de trop. La dernière note de culpabilité brouillant l'esprit de Snape. Cette fois-ci, ce n'était pas juste pour le meurtre de Lily, c'était le sentiment de l'avoir déçue. C'était avoir traité Harry ainsi, alors qu'il n'était autre que le fils de Lily.

Pas celui de Potter.

Celui de Lily.

Harry relâcha sa prise et Snape détala de son esprit aussi rapidement qu'il le put - une évasion, mais une douce évasion, parce que pour la première fois depuis le début de leur leçon, Snape évita à tout prix de blesser Harry.

Harry releva les yeux sur l'homme, mais ce dernier évita son regard.

– Allez-vous-en, lâcha-t-il, la voix aussi régulière qu'il pouvait la rendre, tremblant toujours suite au contrecoup de sa vision. Harry se sentit légèrement coupable en voyant le maître des potions tenter de trouver refuge dans l'impassibilité. L'homme devant lui n'était rien d'autre qu'un enfant enchaîné par le chagrin et la culpabilité pour quelque chose dont il n'avait eu qu'un rôle mineur au déroulement.

– Même heure la semaine prochaine et videz-vous l'esprit tous les soirs avant d'aller vous coucher.

Harry acquiesça et tourna les talons, mais une fois à la porte, il s'arrêta.

Il ne pouvait pas partir comme ça…

.

La lucidité avait fui son esprit. Ses pensées étaient complètement entremêlées et ses émotions tout éparpillées.

Ça ne pouvait être vrai. Le garçon… le garçon avait été trop jeune pour se rappeler de telles choses !

Mais c'était vrai.

Il avait visionné les souvenirs.

Potter ne disposait d'aucune barrières mentales, d'aucun moyens de repousser Severus ! Et même si ç'avait été le cas, on ne pouvait pas créer des souvenirs de toutes pièces sans laisser de trace de l'imposture. Modifier un souvenir était possible, mais un souvenir devait exister en premier lieu pour cela.

Alors, Severus fit la seule chose qu'il pouvait faire : il tenta d'écarter Potter avant que sa fragile poigne sur ses émotions ne lui échappe. Il savait que si Potter était encore là lorsqu'il craquerait, il perdrait la moindre once de respect que le garçon avait jamais ressentie à son égard - non pas que cela représente beaucoup…

– Allez-vous-en, lâcha-t-il, tentant d'apparaître aussi normal qu'à l'habitude.

Heureusement pour lui, le garçon était un vrai Gryffondor - il ne remarquerait pas que quelque chose clochait. Il était trop obtus et égocentrique pour ça.

– Même heure la semaine prochaine et videz-vous l'esprit tous les soirs avant d'aller vous coucher.

Le garçon hocha la tête, mais une fois devant la porte, au lieu de partir, il s'arrêta.

– Vous savez, le directeur n'a pas le droit de vous culpabiliser comme il le fait, professeur, dit-il sans se retourner.

Severus se tendit.

– La mort de ma mère n'est pas de votre fait. Vous avez joué un rôle, c'est vrai, mais en fin de compte, je blâme Tom Riddle et Albus Dumbledore pour son trépas et vous le devriez aussi.

Ce fut comme un nouvel éclair traversant son cœur.

Une absolution.

Auparavant, les mots du fils de Lily auraient témoigné pour lui de son arrogance. À présent, seule la voix de Lily résonnait. Quelque part au fond, il reste le jeune garçon adorable que j'ai rencontré autrefois, James. Les gens changent, c'est vrai, mais une part d'eux restera toujours la même, quoiqu'il arrive. Et Severus a toujours été quelqu'un de bon au plus profond de lui-même.

La mort de ma mère n'est pas de votre fait.

Ces mots n'avaient rien d'arrogant, c'étaient ceux de Lily, qui les lui confiait au travers de son fils et par delà le Voile.

– Tu ne sais pas de quoi tu parles, fils de Lily ! fulmina Severus devant l'absolution qui se présentait à lui.

Il l'avait tant espérée, mais jamais il ne la mériterait. Pas de la part de son fils.

– C'est moi qui ai tué ta mère ! tonna-t-il, de chaudes larmes brouillant sa vision - des larmes n'ayant pas encore été versées. Le directeur a fait tout ce qu'il a pu pour la protéger et j'ai…

– Albus Dumbledore n'a pas levé le petit doigt pour protéger ma famille, l'interrompit le garçon, fumant de colère à son tour.

Le fils de Lily fit volte-face et cette fois-ci, Severus ne fut pas assez rapide pour échapper aux billes d'un vert mortel. Des flammes suscitées par la rage y dansaient.

– Dumbledore, siffla le garçon, ses yeux dangereux capturant les orbes noirs de Severus et les prenant en otage. Dumbledore n'a jamais rien fait pour personne ! Si tout cela avait jamais compté pour lui comme il le prétend, il aurait fait plus qu'observer Riddle, il l'aurait arrêté ! Si tout cela avait jamais compté pour lui, il ne se serait pas terré lorsque Grindelwald a tenté de conquérir le monde et il l'aurait stoppé bien avant leur épique bataille en 1945 lorsque Grindelwald était au sommet de sa gloire ! Si tout cela avait jamais compté pour lui, il aurait trouvé un moyen de mettre fin à cette guerre avant qu'elle ne soit déclenchée ! Il soupçonnait les agissements de Tom Riddle depuis plusieurs dizaines d'années ! Cela fait des années qu'il sait ne pas s'être trompé ! Et qu'a-t-il fait depuis lors ? Il est resté là à observer un enfant peiner à lutter contre un homme bien plus âgé que lui ! Il a eu treize ans de paix et bien assez de temps pour découvrir s'il avait tort, bien suffisamment pour tout mettre en œuvre pour arrêter Riddle ! Mais une fois de plus, il n'a rien fait ! Vous

Le fils de Lily le pointait du doigt comme s'il souhaitait le piler avec.

– Vous avez traversé une guerre. Vous aviez beau être jeune et téméraire, vous connaissez la guerre ! Dites-moi, monsieur le chef de la maison Serpentard, quand avez-vous rejoint la guerre ?

Severus dévisagea le fils de Lily. Il lui fallut plusieurs instants de silence avant qu'il ne comprenne que le garçon souhaitait une véritable réponse à sa question.

Aussi, c'est ce qu'il lui donna.

– Lorsque j'ai eu dix-huit ans, murmura-t-il d'une voix dure.

Au fil des minutes, occluder lui permit de regagner un tant soit peu de sang-froid et pour quiconque incapable de déceler la lueur dans ses yeux, rien n'y paraissai plus.

– Dix-huit ans et tout juste sorti de Poudlard, nota le garçon avec une sagesse et une ancienneté soudaines dans le regard qui ne manquèrent pas à déstabiliser le maître des potions. Albus Dumbledore avait presque soixante-trois ans lorsqu'il a enfin décidé de mettre un terme à une guerre qui durait depuis une bonne dizaine d'années et qui atteignait des sommets depuis bien quatre ans ! Et ce, alors même qu'il savait que Gellert Grindelwald avait prévu de renverser notre société depuis plusieurs années déjà. Chose qu'il savait depuis sa rencontre avec Grindelwald peu avant sa sortie de Poudlard ! Il aurait dû en parler lorsqu'il a pris conscience que Gellert Grindelwald avait pour intention d'aller jusqu'au bout de ses idées ! Au lieu de ça, il n'a rien fait. Il savait et il n'a rien fait !

Impassible, Severus dévisageait le fils de Lily tandis que les informations nouvellement acquises tournaient à vive allure dans son esprit.

– Dites-moi, professeur, combien de temps cela vous a-t-il pris pour comprendre que le camp que vous aviez choisi était le mauvais ? Et je ne parle pas de 1979 lorsque vous avez rejoint celui de Dumbledore après la prophétie. Vous avez beau avoir touché à la magie noire, vous n'êtes pas cruel. Alors ? Quand avez-vous réalisé votre erreur ?

Comment pouvait-il savoir pour la prophétie ?

Comment pouvait-il savoir pour son revirement ?

Severus n'avait qu'une envie : dire au fils de Lily qu'il se trompait et qu'il n'avait rien réalisé jusqu'à ce que le Seigneur des Ténèbres jette son dévolu sur Lily. Mais ce serait mentir. Aussi attaché avait-il été à la magie noire, il avait compris qu'il s'était trompé dès leur première rafle.

Avant même qu'il ne puisse répondre, les yeux du garçon s'illuminèrent et Severus comprit que le fils de Lily savait - il ignorait comment, mais ses yeux ne mentaient pas.

– C'était bien avant, n'est-ce pas ? dit le garçon.

– Même si c'était le cas, ça n'a plus aucune importance ! moqua Severus.

Pour toute réponse, il reçut un sourire amer.

– Ça compte, affirma le garçon. Même si vous ne pouvez rien y faire, vous avez vu au travers des mensonges de Tom Riddle, vous saviez que ce que vous faisiez était injuste ! Albus Dumbledore a avancé devant quiconque voulait bien l'entendre qu'il a été le premier à démasquer Tom Marvolo Riddle. Mais dites-moi, si c'est bien le cas, et ça l'est, pourquoi n'a-t-il rien fait à ce propos ? Au lieu d'essayer de faire prendre à un jeune homme un autre chemin, il s'est contenté de le regarder faire. Il l'a regardé. Il l'a regardé dans les yeux lorsqu'une fille a été tuée à Poudlard. Il a fait de même lorsque Tom a tué son propre père. Il l'a regardé s'enfoncer dans les Forces du Mal. C'est ce qu'il a toujours fait : rien du tout !

– Il s'est battu contre le Seigneur des Ténèbres, rétorqua Severus.

Son sang-froid lui glissait entre les doigts et dans le même temps, ses émotions étaient parfaitement domptées. Entendre cela lui était inconcevable, mais son esprit de Serpentard lui soufflait d'écouter. Pourtant, le directeur était également son sauveur, celui qui lui avait donné de quoi racheter ses fautes. Le directeur avait combattu durant toute la guerre - qu'il ait pu condamner le monde en ayant eu conscience de la menace que Voldemort représentait et en ne réagissant pas, cela ne se pouvait pas, pas vrai ?

– Il a toujours tout fait pour stopper le Seigneur des Ténèbres.

Dans l'écho de ses mots, il y avait un vide, mais il lui fallait les exprimer.

– Comme il l'a fait lorsque mon père et ses amis vous harcelaient ?

Les portraits qui écoutaient et faisaient des comptes-rendus au directeur.

Les barrières qui lui indiquaient ce qu'il se passait sur le domaine.

Le fils de Lily n'en fit aucune mention, mais cela comptait et Severus en avait conscience, tout comme tous les autres directeurs de maison. Ces dispositions devaient avoir déjà été mises en place lorsque Severus n'avait été qu'un simple élève. Ce n'était pas les propos du garçon, mais ça n'en était pas moins vrai.

Le monde de Severus commença à se fissurer de toutes parts. Albus Dumbledore ne pouvait pas avoir eu conscience des agissements des Maraudeurs, si ?

Un souvenir lui revint subitement. Il se vit en proie à la peur après sa rencontre rapprochée avec un loup-garou et il vit Albus Dumbledore se tenant devant lui. Et au lieu de punir Potter et sa clique, il avait récompensé Potter, congédié Black et lui avait dit à lui, la victime, qu'il n'était pas autorisé à en parler à quiconque s'il ne souhaitait pas être renvoyé.

Mais ça n'avait eu guère de récurrence depuis lors - une simple erreur de Dumbledore, pas vrai ?

– A-t-il fait quoi que ce soit à propos de votre père et de son comportement envers vous ? Surtout après le décès de votre mère ? demanda le fils de Lily. Et ne croyez pas qu'il n'en savait rien. Avant qu'un guérisseur ou une infirmière ne traite un patient, un sort de diagnostic basique est toujours utilisé. Et ils ne ratent pas ce genre de choses.

Severus serra les poings. Il connaissait le sort en question. Mais ils devaient bien avoir commencé à s'en servir après ses années d'études, non ? Il était impossible qu'ils aient eu conscience de sa situation et qu'ils n'aient rien fait ! Personne ne savait ! Personne n'avait jamais su, personne à part Lily…

Mais le garçon, lui il savait ! D'une façon qu'il ne s'expliquait pas, le garçon - le fils de Lily - était au courant pour la situation avec son père.

– Dites-moi, vous a-t-il laissé une seule échappatoire après que vous soyez venu l'implorer de garder ma mère en sécurité ? Vous a-t-il laissé la possibilité de tout arrêter ?

Dumbledore avait eu besoin d'un espion, il avait eu besoin de lui…

– J'étais là où l'on me jugeait utile ! Et je devais expier mes fautes !

C'était ce qu'il avait toujours pensé. Il ne pouvait plus rester silencieux alors que l'enfant tentait de détruire l'image qu'il se faisait de l'homme qui l'avait accepté même après ce qu'il avait fait.

– Quelles fautes ? tonna le fils de Lily. Lorsque vous l'avez rejoint, vous n'aviez que dix-huit ans et vous n'étiez qu'un adolescent perdu et désenchanté ! Dites-moi, pourquoi l'avez-vous rejoint ? Était-ce en raison de ses idéaux ?

Severus renifla de mépris.

– Était-ce en raison de son charisme ?

Severus renifla de nouveau.

– Bien sûr que non ! Vous étiez en colère et vous souhaitiez que votre valeur soit reconnue au moins une fois dans votre vie !

Cette fois-ci, Severus resta muet. Comment pouvait-il savoir tout cela ?

– Vous souhaitiez que quelqu'un vous voit pour ce que vous étiez vraiment et Tom Riddle vous en a fait la promesse. Il vous a juré vengeance contre ceux qui vous avaient tourmenté, il vous a promis de vous voir pour vous-même ! Bien sûr, ses promesses n'étaient que des mensonges, mais vous n'en saviez rien ! Les enfants font toutes sortes d'erreurs et il en va de leurs aînés de leur pardonner et de leur montrer le chemin à suivre. Albus Dumbledore, directeur de Poudlard, vous a laissé tomber ! Au lieu de vous pardonner, il s'est servi de votre culpabilité pour faire de vous un pion dans son petit jeu pervers !

– Il l'a fait pour mettre tout le monde en sécurité, vos parents aussi, garçon ! rétorqua Severus.

La frustration et le chagrin donnaient une teinte carmin à ses yeux tandis qu'il tentait d'empêcher les larmes de couler. Il était la chauve-souris des cachots, l'homme qui ne ressentait rien, le cauchemar de tous les Gryffondor. Il ne sanglotait pas comme un enfant… Il n'avait pas pleuré depuis que Lily l'avait quitté.

– C'était son droit ! J'ai fait une erreur et j'ai payé pour ça ! Il ne m'a fallu que quelques jours pour comprendre l'erreur que j'avais faite en prenant la Marque !

– Exactement ! Vous avez fait une erreur ! l'interrompit véhément le fils de Lily. Une simple erreur pour laquelle vous payez depuis lors ! Comme vous le dites vous même, vous aviez conscience de sa gravité, comme toute personne saine d'esprit et ayant un passif dans le monde moldu comme c'est votre cas. Contrairement aux Sang-Pur, vous saviez que Tom Riddle se trompait, car le monde moldu ne vous est pas inconnu. Vous connaissiez le bon et le mauvais de chaque monde. Vous vous démarquiez des Sang-Pur qui craignent ce qu'ils ne connaissent pas.

– Vous m'en direz tant, moqua Severus. Si j'étais si parfait, pourquoi donc suis-je resté un an aux côtés du Seigneur des Ténèbres avant de le trahir ?

– La raison de votre silence est évidente, répliqua le garçon. Aucun Serpentard avec un peu de bon sens n'aurait risqué sa vie sans raison. C'est l'incarnation même des Serpentard d'être capable de déformer les faits et de mentir jusqu'à ce que plus personne ne sache la vérité vraie, jusqu'à ce qu'ils puissent tromper n'importe qui… même le faux héritier de Salazar Serpentard.

Severus lança un regard noir au fils de Lily.

– Vous ne savez pas ce que veut dire « être un Serpentard », siffla-t-il. Vous n'avez aucune idée des choses que j'ai faite pour le Seigneur des Ténèbres, quelles actions j'ai commises pour échapper à sa colère !

Pour toute réponse, il reçut un sourire troublant.

– Dites-moi, professeur, avez-vous tué pour lui ? demanda-t-il dans un murmure en se rapprochant de nouveau de lui - si près que Severus fut certain que le garçon pouvait voir le rouge colorant le blanc de ses yeux, qu'il pouvait deviner les larmes prêtes à couler.

– Comment… comment oses-tu !

– Ah, donc c'est un non, compris Lily. Avez-vous torturé pour lui ?

Severus tressaillit.

Et ces yeux si verts le dévisageaient, exposant tous ses secrets…

– Combien ? demanda le garçon.

Severus tenta de détourner les yeux, mais ces yeux capturèrent les siens.

– Pas souvent, donc. Mais la culpabilité vous ronge toujours.

– Je ne me sens pas coupable ! nia Severus.

Le garçon lui offrit un sourire aimable.

– Tout va bien, dit-il. J'ai cessé de me sentir coupable vis-à-vis de ceux que j'ai tués il y a fort longtemps. Un Crucio n'est rien à côté de tout ce que j'ai fait.

Le maître de potion lança sur le plus jeune un regard furieux.

– Je suis presque sûr que tu n'as jamais tué, fils de Lily, siffla-t-il. Le directeur ne le permettrait pas !

L'enfant le dévisagea, puis haussa les épaules.

– Je suis plutôt certain que mon premier meurtre remonte à mes quinze mois, bien que ce n'ait été qu'un corps et non une personne.

Severus renifla de dédain.

– Cessez d'être si arrogant, Potter, fulmina-t-il. Votre part dans ce qui est arrivé cette nuit-là est certainement la plus minime !

– Oh, mais c'est pourtant bien moi qui ai créé et qui ai enseigné à ma mère le rituel dont elle s'est servi, aussi ne puis-je pas réclamer cette victime ? Peu importe combien cela a pu être indirect ? dit Potter.

– Qu'est-ce que vous racontez, Potter ? s'énerva Snape. Vous délirez.

Un sourire de prédateur fendit le visage de Harry.

– Severus Snape, chef de la maison Serpentard, dit-il. Pourquoi vous blâmez-vous alors que c'est Dumbledore qui s'amuse à piétiner le sacrifice de ma mère.

Un regard noir.

– Le directeur ne ferait jamais…

– Pétunia Evans, l'interrompit le garçon et le regard de Severus s'effaça lorsqu'il se souvint de l'horrible fille qui avait toujours tourmenté Lily. Toutes autres pensées s'estompèrent devant le fils de Lily.

– Pourquoi mentionnez-vous cette vile femme ? fuma-t-il.

– Savez-vous qu'elle n'a absolument pas changé depuis l'enfance ? l'informa-t-il. Imaginez donc comment c'était de grandir sous ses tendres soins…?

Espaces clos et poêles firent leur apparition dans l'esprit de Severus - des souvenirs qu'il avait aperçus dans l'esprit du fils de Lily, mais auxquels il n'avait pas fait attention. Ce qu'il avait vu n'avait eu aucun intérêt pour lui, tout ce qu'il avait voulu était d'en finir avec cette leçon maudite le plus vite possible.

Il se le rappelait maintenant et un frisson l'agita.

Inconsciemment, ses yeux cherchaient ces billes vertes. Son flux magique s'anima et une vision non contrôlée vint simplement confirmer ce qu'il savait déjà.

Il ne réfléchissait plus lorsqu'il attrapa le menton du garçon et leva sa tête pour pouvoir mieux voir les yeux de Lily.

– Quel est l'imbécile qui vous a placé là-bas ? gronda-t-il.

Le garçon sourit, mais ce sourire n'atteignit pas ses billes vertes.

– Albus Dumbledore.

Et le monde de Severus se brisa complètement.

Des bocaux remplis d'ingrédients éclatèrent. Son bureau redevint poussière et sa magie s'attaqua aux murs du château et à la porte grinçante.

Severus ne savait plus s'il devait enrager, pleurer ou se désoler. Il n'avait plus aucun contrôle sur ses émotions et ses murs mentaux s'effondrèrent devant la dernière navrante révélation.

Il savait que le directeur voulait faire ce qui lui semblait juste.

Il savait que le directeur était bon.

Mais c'en était trop.

Severus avait combattu durant une guerre depuis qu'il était assez âgé pour quitter l'école. Le directeur, le grand manitou de la Lumière, lui, avait opté pour un rôle de spectateur et n'avait rien fait pour aider ceux qui se débattaient.

Severus avait menti, espionné pour cet homme, tout ça pour garder Lily à l'abri.

Mais Lily était morte sous ses soins.

Severus avait passé trois mois à Azkaban pour cet homme. Il était resté fidèle à son rôle pour cet homme… Tout ça pour garder le fils de LIly en sécurité.

Et Albus Dumbledore avait emporté l'enfant en question et l'avait placé à la charge de la seule personne de laquelle Severus ne pouvait pas le protéger : sa propre tante. Une femme que Severus n'avait jamais pensé pouvoir devenir la tutrice de l'enfant de Lily.

À ce moment précis, une étagère se rompit sous la pression et s'écrasa avant que la magie de Severus ne la fasse redevenir poussière.

Des mains douces l'enveloppèrent et caressèrent son dos de manière circulaire. Alors, la première larme coula.

Il était la chauve-souris des cachots, l'homme qui ne ressentait rien, le cauchemar de tous les Gryffondor. Il ne sanglotait pas comme un enfant… Il n'avait pas pleuré depuis que Lily l'avait quitté !

Mais la main réconfortante dessina un nouveau cercle et la larme suivante dévala ses joues. Les mains de Severus cherchèrent quelque chose à quoi se raccrocher, sur quoi s'appuyer. Une étoffe sombre et douce fut ce qu'il trouva. Le tissu des robes du garçon.

Il était la chauve-souris des cachots - une nouvelle larme.

Il était l'homme qui ne ressentait rien - ses doigts se resserrèrent sur les robes de l'enfant de Lily.

Il était le cauchemar de tous les Gryffondor - et sur un dernier cercle dans son dos, ses épaules rentrèrent et il commença à sangloter. Jusqu'à aujourd'hui, il ne s'était jamais laissé pleurer Lily et tout ce qu'il avait perdu. Jusqu'à aujourd'hui, il avait enfermé ses émotions et avait compté sur sa haine des Gryffondor et des Potter pour poursuivre sa vie.

Il avait été écrasé par ses peurs et il avait peiné sous le fardeau posé sur ses trop jeunes épaules. Il n'avait pas eu le temps de grandir et il avait été enchaîné à son sombre passé et dans le même temps, il avait été forcé de grandir trop vite.

Et maintenant, il se retrouvait à pleurer sur l'épaule de l'enfant de Lily. Il s'appuyait sur la force de l'enfant de Lily. Ses mains se ressérèrent encore davantage lorsque la culpabilité s'insinua de nouveau dans sa conscience. Il ne devrait pas se reposer sur un adolescent impuissant, même dans sa détresse. Il était adulte et le garçon n'était qu'un gosse.

Un énième cercle apaisant vint faire disparaître cette pensée. C'était le calme et la sensation protectrice de la magie du garçon qui le poussait à s'appuyer sur lui et ces billes vertes, vertes, vertes détruisirent ses dernières bribes de résistance.

Il s'effondra finalement entre les bras de son élève, incapable de supporter plus longtemps la cruauté du monde.

.

Lorsque Severus Snape se leva le matin suivant, il était couché sur le divan dans ses quartiers. Sur une table voisine reposait une lettre familière qu'il avait reçue il y a quelques jours. Severus la contempla.

Quand l'avait-il posée là ? Il était pourtant certain de l'avoir laissé dans son bureau la dernière fois qu'il l'avait eu en main.

La lettre était ouverte, découvrant l'invitation qu'elle contenait.

sss

Au Lord de la Maison des Prince,

Enfant de la famille Prince, tu as vécu en faisant honneur à tes ancêtres. Tu es fourbe, tu es astucieux. Tu as suivi le chemin pavé par tes prédécesseurs. Je te déclare enfant du bien-aimé héritier de ma Maison. À ce titre, je te chérirai et te porterai assistance lorsque les temps se feront difficiles. Je te reconnais et te rends ta place légitime. Tu es un sujet de ma Maison et une place t'est réservée à mes côtés.

Je t'invite à réintégrer ma famille.

Réponds à mon appel, descendant de ma lignée et reprend la place qui te revient de droit.

Tiens bon, je te ramènerai à la maison dès ce samedi lorsque l'horloge sonnera minuit.

Je promets sur mon essence et ma magie que tu ne craindras rien jusqu'à ton retour chez toi.

Lord de la Famille

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Potter l'avait-il lu ?

Severus secoua la tête pour éclaircir ses pensées. Potter ne pouvait pas l'avoir lu. Severus ne se souvenait peut-être pas de comment il s'était retrouvé dans ses quartiers la nuit dernière, mais il était presque certain que Potter n'avait pas été avec lui.

Et la leçon d'Occlumancie ne pouvait pas s'être passée comme il s'en rappelait. Il ne pouvait pas avoir craqué entre les bras d'un élève !

Malheureusement, une part de son esprit - celle qui transpirait son côté Serpentard - lui soufflait qu'il se mentait à lui-même et que cela s'était vraiment passé ainsi. Mais ça ne se pouvait. Potter… Potter n'avait pas été Potter hier. Surtout pas à la fin.

Peut-être avait-elle appartenu aux songes. Il pouvait toujours rêver, pas vrai ? Après tout, être un Occlumens rendait impossible l'idée qu'il puisse l'avoir imaginé. L'esprit d'un Occlumens était toujours bien organisé - et confondre rêve et réalité était tout le contraire de « bien organisé »...

Une seule option se présentait à lui à présent.

Il devait retrouver sa dignité.

À la fin du jour prochain, les membres de la maison Gryffondor souhaiteraient n'avoir jamais vu le jour.


IMPORTANT 1 : Vous ne vous en souvenez certainement pas, mais dans le chapitre 5, celui où Harry et Myrddin se rencontrent pour la toute première fois, j'avais laissé une note au début du chapitre en expliquant que l'auteure réécrirait le chapitre un jour ou l'autre, car il y avait des problèmes de chronologie vis-à-vis de l'histoire romaine. Aujourd'hui, l'auteure a terminé ses modifications et publié son chapitre. De ce fait, je le retraduirai certainement durant les vacances d'été et je vous préviendrai quand les changements auront été effectués de mon côté.

IMPORTANT 2 : J'en ai déjà informé ceux qui me suivent sur « Stormborn », mais j'ai eu une idée ! Si vous me connaissez (ou même si ce n'est pas le cas), vous aurez peut être remarqué que j'ai un peu de mal à me concentrer sur une seule traduction à la fois… et arrivant vers la fin d'une de mes histoires, je ne cesse de me demander quelle fanfiction prendra sa suite. Je propose donc la chose suivante : que pensez-vous d'une sorte de « comité de lecture » ? À mes heures perdues et quand je devrais franchement traduire mes fics en cours, mais que l'inspiration m'attire ailleurs, je traduis par-ci par-là des bouts de chapitres, voire des chapitres entiers parfois, mais sans jamais rien publier ni terminer de peur de m'investir pour rien et également parce que le nombre de traductions que je peux gérer est limité. Ainsi, je vous propose d'envoyer à ceux qui le souhaitent des extraits (puisque je n'ai aucune autorisation pour le moment) desdites traductions pour que vous me disiez lesquelles vous plaisent le plus et les raisons de ces choix. Voici les fandom concernés : Naruto, Harry Potter et l'univers de Tolkien (Le Seigneur des Anneaux, Le Hobbit, Le Silmarillion). Je me dois de préciser que la plupart de ces fictions sont du MM et parfois du FF, même si cela ne se voit pas forcément dans les extraits concernés. Je ne donnerai aucune information à leur propos qui pourrait vous biaiser dans vos commentaires, bien que j'ai déjà par le passé dévoilé quelques points sur certaines des fictions que je voudrais présenter au jury (VOUS :D). S'il y a un fandom particulier que vous n'appréciez guère, n'hésitez pas à me le préciser ! Il y a plus d'une quinzaine d'extraits, plus ou moins longs, que j'ai retravaillé au mieux (certains sont vraiment anciens). Quoi qu'il en soit, pour les intéressés, veuillez me contacter par MP et on s'arrangera sur une manière de vous les faire parvenir !

Qu'en pensez-vous ?

Aussi, si certains (quelqu'un ?) s'inquiètent pour les fictions que j'ai mises en hiatus, je vais essayer de voir ce que je peux faire à leur propos bientôt mais j'ai certaines choses à terminer avant tout. Enfin, pour ceux qui lisent Black as the Blood in our Names, je vous assure qu'elle n'est pas en hiatus… pour le coup, j'ai juste dû revoir mes priorités avec tout le travail que j'ai eu et elle en a pris un sacré coup…

Je vous embrasse tous très fort, prenez soin de vous et de vos proches et à bientôt j'espère !