Chère communauté,
Me voilà nouvelle parmi vous. Je traîne par-ci, par-là depuis quelques jours déjà mais c'est bien la première fois que je publie moi-même sur le site.
Je ne vais pas faire de discours éloquent sur mon parcours (même si j'adore les discours, c'est pour le coup très inintéressant), simplement vous faire part de quelques petites précisions concernant l'histoire à venir...
Type : c'est un Drarry, j'imagine, mais autant vous dire que vous risquez d'être déçus si vous espérez un happy ending de mise en couple... J'oubliais : c'est même pire qu'un Drarry, c'est un Drarry basé sur une histoire de lien magique ! Je crois que c'est devenu un genre à part entière, non ?
Genre(s) : peut-être un peu de mystère et de suspens, de drame et de drôlitude... Surtout, une petite intrigue sans prétention, un petit côté Hurt / Comfort au vu de l'état mental des deux protagonistes... Beaucoup de pseudo symbolisme et d'ironie (ma passion dans la vie), des insomnies et des cauchemars, des sous-entendus frustrants, une progression lente qui prend le temps, des petits et gros chagrins, des deuils, de la solitude, des jugements à revoir... Bref, un HPDM classique.
Contexte : 6ème tome de JKR (en tout cas pour la première partie de l'histoire), version légèrement modifiée...
Rating : M, même si ce n'est ni pour mention de scènes de sexe ni pour présence de violences. Je pense simplement que la façon dont le tout est abordé implique une lecture littéralement plus "mature". En gros, je ne considère pas cette fiction comme de la littérature jeunesse, mais j'ai beaucoup de mal avec les Rating donc à vous d'en juger.
Disclaimer : L'univers et les personnages d'Harry Potter appartiennent à JKR (non, jure ?). L'histoire ne me fait rien gagner d'autre qu'un incommensurable (j'ai un goût certain pour les hyperboles) bonheur.
Bonne lecture et merci d'être là !
LES MARQUÉS
« Souffrir de l'autre »
Fin du mois de juin
- Endoloris !
Harry avait voulu crier, mais le mot fissura sa voix et il dut seulement se retenir de pleurer. Dans sa bouche tordue d'émotion, la formule parut emplie de la douleur qu'elle voulait abattre sur Malefoy.
Aussitôt, Drago fut brutalement jeté contre le mur. L'aspérité de la pierre s'enfonça dans les os de son dos et il grimaça en retombant dans la poussière du sol. Plus rien. Il souffla, les débris et les cendres noircissant ses paumes. Harry sentit l'océan le noyer.
- Vraiment, Potter ?
La voix de Malefoy se teintait autant d'incrédulité sarcastique que de franche perplexité.
- Tu n'es qu'un lâche !
La voix de Harry, rauque et cassante, vacillante comme une flamme, éluda la question. Drago ferma les yeux, ses paupières se froissèrent. Il avait l'air plus exténué que jamais, et son teint habituellement d'albâtre s'était fait cireux. Dans l'ombre, Harry crut pourtant voir le coin de sa bouche frémir d'un sourire. D'un coup sec, il agita sa baguette, comme s'il voulait donner au sortilège lancé la force d'un coup de poing, ou de poignard. Harry voulait plus. Il voulait que ça coupe, que ça casse, que ça broie. Il voulait le massacrer.
- Endoloris !
Le buste de Malefoy fut relevé d'un seul coup, mais la puissance du sortilège s'évanouit aussitôt. Drago retomba maladroitement en avant, ses avant-bras s'écrasant dans les cendres tandis qu'il se perdait dans un rire qui fit crépiter l'intérieur des veines de Harry.
- Ca ne marchera pas.
Harry fronça les sourcils. Il se revit face à Bellatrix, l'année précédente. Il retrouva son petit ton moqueur dans la voix de Malefoy. Les deux rires se mélangèrent dans son esprit. Il fut submergé d'un haut-le-cœur particulièrement intense, qui souleva et renversa ses organes et son sang. Sa seule réaction fut de resserrer les doigts autour de sa baguette. Il y mit tant de force que ses jointures blanchirent.
Drago laissa son dos retomber au sol.
- Tu sais que ça ne peut pas marcher, soupira-t-il, presque indifférent.
Harry détourna sa baguette d'un geste vif et énervé, ployant sous le tremblement de sa propre chair. La rage le traversa comme un éclair. Il fallait qu'il lui fasse mal. Il fallait qu'il puisse l'atteindre. Il le fallait.
- Alors bats-toi ! Pour une fois, bats-toi !
Harry ordonnait autant qu'il suppliait. Drago passa ses mains abîmées sur son visage.
- C'est ce que je fais, railla-t-il.
Harry respira la voix par les pores de sa peau alors qu'il aurait voulu la vomir.
- La ferme ! Tu ne sais même pas ce que ça signifie ! vociféra-t-il, la voix féroce bien qu'enrouée.
Pour la troisième fois, il pointa sa baguette sur Malefoy. Contre la pulpe de ses doigts sales, Harry vit ses paupières papillonner et le gris de ses iris partir en fumée tandis qu'il levait les yeux au ciel. Tout-à-coup, il n'entendit plus que le bourdonnement intempestif dans ses oreilles, les battements de son cœur explosant encore et encore au creux de sa poitrine. Des larmes qu'il n'avait même pas senti couler avaient séché sur ses joues et le brûlaient maintenant comme de la lave.
- Endoloris…, réclama-t-il, comme une ultime justice. Endoloris ! insista-t-il, secouant sa baguette. Endoloris, endoloris, endoloris ! demanda, pria, conjura-t-il.
Mais rien. Malefoy toussait son petit rire fatigué. Les sortilèges étaient inefficaces mais leurs assauts n'en demeuraient pas moins particulièrement harassants pour quelqu'un qui était déjà à bout de force. Drago sentait à chaque fois sa chair se contracter et puis se relâcher aussitôt. L'intérieur de son corps se tendait et s'évanouissait au rythme de ces spasmes invisibles causés par les Doloris échoués.
- C'est à toi que tu fais du mal, Potter, se moqua-t-il d'une voix éteinte.
Quelque chose s'ébrécha dans la gorge de Harry. Ça le dégoûtait de l'entendre. Ça le dégoûtait de devoir le subir, de devoir l'éprouver. Tout le brûlait, de remords et de ressentiment. Tout à part la marque. Stupide et maudite foutue marque. Il suffisait que Malefoy soit proche pour qu'elle se mette à battre comme un cœur apaisé, qu'importait dans quel état, qu'importait dans quelle humeur. La sensation était tellement délicate que Harry, dans le maelstrom émotionnel qui le ballottait comme une mer en furie, n'aurait même pas dû la sentir. Un instant pourtant, elle lui parut plus forte que tout le reste, régnant seule dans le vide qu'il était, insouciante et insupportable, incarnée partout dans sa chair, fraîche aberration au beau milieu de l'incendie.
À bout, Harry se mit à hurler, pour de vrai cette fois, tournant sur lui-même comme cherchant quelque chose à quoi raccrocher son désespoir. Comme une bouteille à la mer, il jeta un regard à travers l'arcade de la fenêtre brisée. Il vit le ciel obscur par-dessus les charpentes du château, et sentit l'affliction immense s'étendre en lui comme une flaque de boue. Empli du sombre céleste, il sentit la réalité se défiger. Ca ne marchera pas, entendait-il encore.
D'un pas lent, il retrouva sa position initiale, face à Malefoy et son sourire qui n'avaient pas bougé. Son indifférence affichée écœurait Harry. L'océan l'écœurait, et cette voix, et ces pulsations dans son bras. Il s'écœurait. Pourquoi était-ce toujours Malefoy ? Pourquoi était-il toujours là ? Pourquoi était-il toujours là, en lui ?
Harry aurait voulu s'ôter ce lien. S'arracher la peau, brûler la marque qui battait au creux de son poignet.
Son visage se retrouva entièrement déformé par la haine et la frustration. Il pointa à nouveau sa baguette sur l'ombre allongée. Il avait le bras si tendu, comme si elle n'était qu'un grand doigt accusateur, et le geste si déterminé que les tendons de son coude auraient pu se décrocher.
- Diffindo !
Cette fois, Malefoy cria sous la surprise et la douleur et se replia sur son côté, ses mains pressées contre son flanc entaillé. Dans une grimace, il baissa les yeux vers sa chemise déchirée et Harry regarda le sang sur ses paumes, la fine et longue coupure barrant sa peau trop lisse. Leurs regards se croisèrent à peine avant que Drago ne roule des yeux en renversant sa tête sur le sol.
- Quelle originalité, Potter, haleta-t-il en tentant de ne pas perdre la face, même si la douleur tirait ses traits.
- Diffindo !, réattaqua aussitôt Harry, et le corps roula de l'autre côté, repassant sur le dos, les mains tremblantes de Drago poissant désormais dans le sang s'écoulant de son ventre.
Dans le ravage de son esprit, les mots de Dumbledore parvinrent à Harry comme un bruit entêtant. Harry… Ne sois pas aveuglé par la haine… C'est en se persuadant qu'on fait le bien qu'on finit par faire le mal…
- DIFFINDO !
Harry ne visait même pas. Cette fois, il entailla la joue. Malefoy se retourna lamentablement sur le ventre en tentant d'éviter le sortilège, geignant et cherchant à se redresser.
- Dis-moi, toussa-t-il encore, le sang coulant jusqu'à sa bouche, en quelle année as-tu appris ce sort incroyable ?
A genoux, penché sur ses mains s'épanchant au sol, Drago releva l'insolence de ses yeux vers la baguette tremblotante de Harry.
- Après tout ce temps, on en est encore là ? demanda-t-il dans un souffle traînant.
Harry se sentit humilié. Au creux de son poignet, le cœur battait sereinement, inébranlable. La sensation, semblable à un long frisson, se diffusait et crépitait invariablement dans ses veines.
- Incendio ! balbutia-t-il.
Malefoy retomba au sol dans un cri atroce et pressa sa paume boueuse de sang et de cendre contre son cou rougi par le feu. La chaleur émise par le sortilège émanait une légère odeur de braise, mais Harry ne sentait rien d'autre que l'océan, partout, en lui, encore.
- Incendio, lança-t-il à nouveau, organisant sa défense dans les flammes. Incendio !
Et encore, et encore.
Dans le lointain, les mots de Dumbledore. Être courageux signifie parfois renoncer à la confrontation… Se défendre ne veut pas dire attaquer…
Harry s'arrêta, essoufflé par la culpabilité, par la haine, par le vide, par la mort. Il fixa un instant le corps plaintif étendu sur le sol. Malefoy n'avait plus rien de son allure habituelle, arrogante et conquérante. Il ne regardait même plus Harry, semblait proche de perdre connaissance. Plus rien, si ce n'était ce sourire, que Harry brûlait d'éteindre. Un instant, il s'était demandé si Malefoy n'était pas en train de pleurer. Il pleurait en effet, parce qu'il avait mal, mais ça ne l'empêchait pas de rire, et Harry ne comprenait définitivement pas ce qu'il y avait de drôle, et ça le mettait hors de lui.
Il voyait flou, et tout lui paraissait sombre, mais il distinguait parfaitement Malefoy. Il le voyait comme une inacceptable tache claire dans le décor poussiéreux. Il le sentait comme une insoutenable présence dans l'intérieur désertique de son être. Il aurait voulu le recouvrir de poussières. Le faire taire. Le salir de son sang trop propre et des débris. Le faire cendres. L'effacer. Faire disparaître de concert le sourire et l'océan.
Il avait envie de le tuer.
...
Je remercie ma bien-aimée Bêta-lectrice Farronlf, qui me relit toujours avec attention, bienveillance, et quand même un brin de sévérité, mais j'imagine que c'est pour la bonne cause... Merci aussi aux lecteurs pour... ben, leur lecture... J'espère que ce modeste début a pu vous séduire. N'hésitez pas à laisser un p'tit mot (gentil, méchant, ce que vous voulez) !
A très vite,
Poiesis.
