Un rêve de chobits

Chapitre 1

La commande

La femme vérifia encore une fois le petit bout de papier sur lequel était écrit à la va-vite l'adresse. Son regard se leva, elle fixa le petit immeuble décrépi. Elle décida après un petit moment d'hésitation et d'observation de rentrer dedans.

Le hall d'entré était transformé en une salle d'attente minuscule, une cloison avait été ajoutée. Et la chaleur... Une véritable rôtisserie ! Elle nota l'état de crasse et de poussière de la pièce. Elle remarqua aussi le comptoir. Derrière lui, se trouvait debout une jeune fille aux cheveux ivoires et à la peau très claire.

« - Bienvenue madame, lança t'elle quand elle vit s'approcher la femme. »

La femme eut un moment de recul. Ses yeux se promenaient sur la jeune fille. Elle trouva ce qu'elle cherchait : les proéminentes oreilles. Il s'agissait d'un ordinateur. Ceci expliqua cela. Aucune humaine, même si elle essayait avec tous les artifices du monde, ne pourrait ressembler à une telle poupée de porcelaine.

« - Bonjour, je voudrais parler à Mademoiselle Ueda, s'il vous plait.

- Mademoiselle Ueda est occupée. Mais si votre demande présente un caractère d'urgence, elle peut vous recevoir maintenant. Est-ce pour une réparation, une amélioration ou une création, demanda la jeune persocom.

- Ma demande est effectivement urgente. Et ce serait pour la création d'un persocom, répondit sèchement la femme d'un ton méprisant.

- Veuillez m'attendre ici. Je reviens tout de suite. »

La jeune 'ordi' disparut par la porte restée ouverte qui était derrière elle. La cliente put détailler la tenue de l'ordi. Elle portait une longue robe noire en dentelle dans le style belle époque. "C'est vraiment jeter l'argent par les fenêtres"pensa t'elle.

Elle s'approcha de l'imposant ordinateur posé sur le sol. Des câbles le reliaient à la tête ouverte d'un persocom. Elle fixa de ses yeux vides son amie qui frappait frénétiquement sur le clavier des codes de reprogrammation et de remise en route. Un mot de passe bloquait la bonne marche manœuvre. Elle jura une fois puis deux et enfin trois. La lumière bleu dragée du moniteur rayonnait sur le visage et le corps de la jeune fille.

« - Excuse-moi de te déranger, mais il y a une cliente qui te demande pour une urgente création 'd'ordi'.

- Ne peux-tu pas prendre la commande ? Je lui téléphonerai ou prendrai rendez-vous avec elle pour définir tous les paramètres.

- Elle a des marques de réticence. Elle ne veut pas que je prenne sa commande. - Alors fais-la venir ici, s'il te plait. »

La persocom retourna dans le hall d'accueil. Elle ouvrit le battant du comptoir. Elle invita la cliente à la suivre. La femme suivit la persocom dans un dédale sombre rempli de câble. Elle entendit un petit bip salvateur et un petit cri de contentement ! Elle vit un bien étrange tableau : une frêle jeune fille toute de noire vêtue assise en tailleur devant un énorme ordinateur. Le type d'ordinateur qu'il y avait à la toute fin du XX°siècle. « - Melle Ueda, demanda timidement la cliente.

- En effet, madame..., lui répondit d'une voix traînante et lasse la jeune fille.

- Kyu, ajouta précipitamment la femme.

- Que puis-je faire pour vous ? DA m'a dit que c'était pour un ordinateur original.

- C'est cela.

- Dites-moi tout. - Ce serait un persocom, le plus sophistiqué techniquement parlant. Il se baserait sur les dessins et croquis de mon fils. C'est pour son anniversaire. Je suis prête à investir beaucoup.

- C'est un travail intéressant mais je refuse de le réaliser,répondit sèchement l'informaticienne.

- Quel est la raison de ce refus ? Je ne comprends pas, je suis prête à payer, insista la cliente démontée par une telle réponse.

- Parce que la plupart de mes clients me laissent carte blanche pour l'apparence de leur ordinateur. Ils me donnent, bien sûr quelques aiguillages, mais la majeure partie du travail de l'apparence, c'est moi qui la réalise toute seule. Je refuse presque toujours la création des 'ordi' à partir d'une photo ou d'un dessin. Les 'ordis' ne sont que les choses, des objets qui nous permettent d'améliorer la qualité de nos vies. Pas des choses sur lesquelles nous projetons nos fantasmes et nos profonds désirs. Nous ne devons pas vire à travers eux et pour eux comme la majorité de possesseurs de persocom, expliqua la jeune fille.

- En fait, Mlle ce n'est pas pour pas pour un persocom que je suis venue. Quand on m'a donné votre adresse, c'était en tant que créatrice de chobits. Et c'est cela que je veux offrir à mon fils. »

Pour la première fois, la jeune fille releva la tête vers sa cliente, car jusqu'à présent, elle n'avait pas daigné lui jeter le moindre coup d'œil et continuait son travail. Ses doigts étaient figés sur les touches et la surprise avait marqué de son sceau son minois. Se retournant vers la persocom qui avait suivit avec intérêt la conversation, elle lui adressa la parole :

« - Fais monter Mme Kyu à l'appartement, s'il te plaît. J'arrive dans un instant. »

DA fit un geste de politesse pour que la femme la suive. Elles prirent l'ascenseur au fond de l'atelier. L'engin les mena jusqu'au troisième étage. La persocom guida la cliente dans le couloir et ouvrit une porte.

Mme Kyu nota la frappante contradiction entre l'appartement et l'atelier. Cet endroit était d'une propreté impeccable, arrangé avec goût et rangé parfaitement. De plus les teintes étaient dans des nuances claires. Au milieu de la pièce à vivre, il y avait deux canapés très simples qui se faisait face. A leur centre une petite table basse. La cuisine américaine avait été refaite très récemment. Autours du comptoir, des tabourets de bar chromés y étaient disposés. Il y avait aussi une table pour quatre personnes dans un recoin. La baie vitrée laissait le soleil inondé cette pièce de lumière. L'atelier, quant à lui était sale et sombre. Le bazar était dans cette pièce le maître-mot. DA invita la cliente à s'assoire tandis qu'elle préparait le thé. La porte s'ouvrit d'un coup.

La suintante Melle Ueda souriait à sa cliente et la prévint qu'elle allait se changer pour être présentable.

Quelques minutes plus tard, la jeune fille habillée d'une chemise et d'un pantalon patte d'eph s'asseyait en face de sa cliente. DA apporta le plateau avec deux tasses et l'eau bouillante. Elle s'installa à coté de sa propriétaire.

« - Donc, vous voulez un persocom fabriqué à partir des dessins de votre fils, interrogea la jeune fille.

- En effet, répondit la femme. - Comme je vous l'ai dit, je ne suis pas très emballée pour faire un tel 'ordi'. Mais pourquoi offrir un persocom à votre fils ?

- C'est pour son anniversaire. - Vous a-t'il fait part de son souhait de posséder une telle chose, demanda d'un ton suspicieux l'informaticienne. - Non c'est une surprise, je suis sure que cela va lui faire plaisir, affirma la cliente d'une voix devenant plus en plus certaine.

- Vous ne me dite pas toute la vérité, s'écria la jeune fille d'un ton ferme et soupçonneux. »

La femme serra nerveusement son sac à main avant de rompre le silence :

« - En effet je ne vous ai pas tout dit, avoua la cliente sur d'une voix résolue. Mon fils a une vingtaine d'années. Il est prépa et l'an prochain, il rentrera à l'université pour devenir ingénieur. Il est tout le temps seul. Tous ses camarades ont des persocoms. Il est avec moi et dessine dans sa chambre. C'est toujours la même fille qu'il fait.

- Mais il ne vous a pas demandé expressément un ordi ?

- Il n'ose pas me le demander, mais je sais que cela lui ferait plaisir mentit la femme. Il n'a que moi...

- Comment cela ? Et son père, coupa vivement la jeune fille.

- J'ai divorcé d'avec son père quand il avait douze ans. Nous venions juste d'acquérir un persocom et mon mari nous a laissés pour elle, Il ne s'occupait que d'elle. Nous ne pouvions la concurrencer, elle était trop parfaite. Alors, j'ai décidé de divorcer pour notre bien à mon fils et à moi. J'ai travaillé dur pour l'élever toute seule, expliqua la femme.

- Il ne doit pas beaucoup aimer les ordis votre fils, demanda l'informaticienne en portant sa tasse de thé à ses lèvres fines. Je me trompe ?

- Vous... avez raison. - Ce n'est pas d'un ordi dont à besoin votre fils, c'est d'amis. Savez- vous, Mme, qu'il existe des cafés, des bars et des restaurants où les gens qui s'y rencontrent sans aucun persocoms présents dans les lieux. Je vais vous donner quelques adresses. »

La jeune fille se leva vivement et alla vers la table du téléphone. Elle écrivit sur un petit bloc. D'un air satisfait, elle déchira la feuille. Elle revint vers Mme Kyu et le lui tendit. Elle prit le papier et le regarda d'une manière vague. « - Je m'y rends moi-même, reprit la fille. Ce sont des soirées très sympathiques. Votre fils y ferait à coup sûr beaucoup de rencontres. »

La femme leva ses yeux surpris et manqua de s'étouffer.

« - Comment pouvez-vous vous rendre à ce genre de soirée ? - Je n'utilise que des très vieux modèles d'ordis. Je les améliore en achetant des pièces. Seule DA vit avec moi. C'est elle-même qui m'a choisi. Il y a aussi Albert. Il vit dans cet immeuble mais il est très libre. A la base, je suis contre la forme persocoms. C'est bon vieux ordis ne sont peut-être pas très beau à regarder, mais améliorés ils les valent bien. De plus, notre attachement n'est que sentimental, pas amical ou amoureux, expliqua-t'elle.

- Mais vous êtes créatrice d'ordis, comment pouvez vous tenir de tels propos, s'offusqua la femme.

- Parce que c'est la seule chose que j'ai apprise à faire. Et puis, il faut bien répondre à la demande. Si je ne faisais pas ça, je crèverai la gueule ouverte. Ma petite dame, ce sont les lois du marché. Seule cette petite bande d'irréductibles dont je fais parti, utilise ces vieux modèle. » A ses explications, Mme Kyu avait baissé la tête pour bien tout saisir. Maintenant elle réfléchissait à tout ce flot de paroles qu'avait prononcé la jeune fille. N'avait-elle pas dit : "c'est elle-même qui m'a choisie." Est-ce que cela ne signifiait pas que...la mystérieuse poupée soit en réalité une légendaire chobits ? Elle pointa son doigt vers elle tout en relevant victorieusement sa tête:

« - C'est une chobits n'est-ce pas ? »

A ces mots, les quatre pairs d'yeux qui la fixait s'arrondirent.

« - Mme Kyu, les chobits ne sont qu'une légende urbaine, tenta de la rassurer l'informaticienne. - Cette fille est une chobits, cria la femme. Je le sais. Et puis dans le milieu, vous êtes connue entant que constructrice de chobits. C'est ainsi qu'on vous m'a présentée. »

La cliente semblait énervée. La jeune fille décida d'abonder dans son sens. Et de lui dire la vérité.

« - DA est un chobits, en effet. Mais le seul que j'ai fabriqué n'est que Albert.

-Vous êtes capable d'en fabriquer un autre, demanda inquiète la femme.

- Je refuse, lui répondit fermement la jeune fille.

- Je vous en supplie. Je veux que ce cadeau soit le plus beau que j'ai offert à mon fils. Dans peu de temps, je ne serai plus. Mon fils va se retrouver sans personne. J'ai économisé toute ma vie pour lui. Il pourra continuer ses études sans problème. Mais, je veux lui donner un chobits pour qu'il ne soit jamais seul. »

La femme termina son propos en larmes.

« - Je suis persuadée que votre fils préfère que l'on vous soigne convenablement jusqu'à la fin. Et que vous restiez à ses cotés le plus longtemps possible.

- Je ne veux pas être un boulet pour lui jusqu'à ma mort. J'ai pris ma décision. J'ai décidé de me laisser mourir. »

La jeune informaticienne soupira bruyamment devant tant d'égoïsme. Pour elle, le choix de cette femme n'était pas une solution. Elle condamnait plutôt son enfant à se reprocher toute sa vie la mort de sa mère. Et puis que pouvait-elle y faire, c'était sa décision à elle. D'ailleurs, peut-être que sa maladie était dure et douloureuse ? Peut-être voulait-elle donner à son fils l'image d'une mère digne et généreuse ? Peut-être qu'ils y avaient d'autres raisons ? Et sûrement que ce n'était pas à elle de juger, elle ne pouvait que la mettre en garde.

« - DA et Albert sont, comme je vous l'ai dit, deux chobits. Albert a été fais sur un modèle masculin. Il vit seul dans cet immeuble. Il travail pour lui, mais vient donner un coup de main en ce qui concerne les livraisons. Avant tout de chose, vous devez savoir qu'un chobit est un être qui ressent les même émotions qu'un être humain. Mais c'est un programme qui les contrôle. De cette manière, un chobit apparaît comme un être imparfait. Il a ses propres désirs, faiblesses, forces. Il a sa propre personnalité. Au début, il ressemble à n'importe quel persocom. Mais très vite, il devient de plus en plus humain. Et vous devez savoir que tout ce qu'il fera ce sera pour son maître, l'être qu'il aime. Il arrive parfois que même si touche marche bien, le programme dérape... J'accepte, si vous êtes toujours d'accord, de créer votre chobits.»

La femme afficha une mine réjouie. C'était pour elle une si bonne nouvelle.

« - Je suis toujours d'accord, s'écria t'elle sur un ton enjoué.

- Bien veuillez me noter vos coordonnées sur ce calepin et je vous contacterai d'ici une semaine, le temps d'honorer mes autres commandes. Pouvez-vous néanmoins mes laisser les dessins de votre fils ? »

Melle Ueda raccompagna sa cliente. Sur le pas de la porte, elles se serrent la main.

La jeune informaticienne remonta dans son appartement. Elle s'avachit dans un des canapés et mit ses pieds sur la table.

« - Tu crois que j'ai eu raison, dit-elle d'une voix hésitante.

- Je n'en sais rien. Qui vira verra. »

Un silence lourd et tendu emplit la pièce.

Vous avez un e-mail : Voici ma toute première fics sur Chobit. J'espère que ce premier chapitre vous plaira. S'il vous plaît envoyer moi des messages pour me dire ce que vous en pensez, pour me dire si vous aimez ou si au contraire vous détestez. En tout cas, je souhaite de tout mon cœur que ce premier chapitre vous plaise. Merchi d'avance pour vos messages ! Un grand merci à Lynn qui a bien voulu accepter de lire les six premiers volumes pour pouvoir être ma critique.

Nyarla