Notes: merci mille fois pour vos reviews! Je n'en crois pas mes yeux: j'en ai plus de cent pour cette fic! Pour certains auteurs très populaires, c'est banal, mais pour moi... oh la la!
Chapitre 8
Ron frappa à la porte. Elle s'ouvrit toute seule et il entra dans le hall de la maison. Il jeta un regard lourd de tristesse sur les lieux où avaient vécu sa petite soeur. Lui aussi se faisait des reproches: il était un Auror. C'était son devoir de protéger la population, et il avait échoué. Même s'il n'était pas en charge de son unité, même s'il n'avait pas donné les ordres, il se sentait responsable.
Pendant un temps, il n'avait pu s'empêcher de ressentir de la colère envers Harry. Si Ginny ne l'avait pas épousé, elle vivrait encore.
Ses pensées étaient injustes et mesquines, il en avait conscience. C'était lui qui n'avait eu de cesse de pousser Harry vers Ginny. Il se réjouissait d'avoir son meilleur ami pour beau-frère. Il savait aussi que cela comblerait les voeux de sa soeur: elle était amoureuse de Harry depuis qu'elle avait posé les yeux sur lui. Il avait été très heureux de leur mariage.
La période de bonheur avait été courte.
Ron leva les yeux: Harry descendait l'escalier, suivi par plusieurs cartons qui flottaient dans les airs à sa suite.
« Salut, Ron. Je viens de finir d'emballer mes affaires. »
« Tu es toujours sûr de vouloir partir? »
« Sûr et certain. D'ailleurs, la maison est vendue. »
Avec honnêteté, Ron reconnaissait que Harry était celui qui avait souffert le plus. Il avait vu son ami s'enfoncer dans la solitude et la dépression. Aujourd'hui, cependant, il avait l'air mieux.
Harry pointa sa baguette: « Reductio. » Les cartons rétrécirent jusqu'à la taille de cartes à jouer. Harry les plaça dans sa valise, avec tous les autres, et referma le couvercle.
« Tout tient dans ma Delsey. C'est tout de même pratique, la sorcellerie... »
Il se redressa. Il avait un air songeur, mais nullement attristé.
« Tu ne regrettes pas d'avoir vendu la maison? » demanda Ron.
« Oh non! Je ne pouvais plus rester ici. Il était temps que j'aille de l'avant, que je tourne la page. Je devais changer d'environnement pour ça. J'espère que ta famille ne m'en veut pas. »
« Bien sûr que non! » dit vivement Ron.
Ce n'était pas parfaitement exact. Sans « en vouloir » à Harry, à proprement parler, Molly déplorait qu'il ne garde pas la maison: elle l'aurait volontiers transformée en mausolée à la mémoire de sa fille.
« Où vas-tu vivre? » s'enquit Ron avec curiosité.
Harry tourna vers lui des yeux rieurs.
« Tu veux que je te montre? »
Ron hocha la tête, un peu étonné par l'enthousiasme de son ami. Harry l'entraîna hors de la maison et fit venir deux balais à l'aide du sort d'attraction. Il enfourcha son Nimbus d'attrapeur professionnel. Ron prit l'autre sans murmurer, bien que sachant que c'était celui de Ginny. Les deux garçons s'élevèrent dans les airs dès que Harry eut jeté un voile d'invisibilité sur eux.
Le trajet fut bref. Ron se demanda pourquoi ils n'avaient pas transplané, mais bientôt la réponse lui parut évidente: Harry avait envie de voler. Il prenait un plaisir manifeste à la balade. Il montait très haut, redescendait en vrille, tournait autour de Ron – qui faisait mine de le percuter -, effectuait un rase-mottes avant de reprendre de l'altitude.
Harry lui indiqua une direction en tendant le bras.
« C'est là! Cria-t-il. Tu peux te poser dans le jardin. »
Ron regarda en bas et écarquilla les yeux. Harry était trop modeste. Ce n'était pas un jardin, mais un parc!Harry descendit de son balai. Ses yeux brillaient de plaisir. Il remarqua que Ron le fixait et expliqua avec simplicité:
« Je n'avais pas volé depuis... depuis des mois. Je m'y suis remis récemment. J'avais oublié à quel point j'adore ça. »
Puis, changeant de sujet:
« Comment trouves-tu la maison? »
Ron se retourna, et ouvrit la bouche de stupéfaction.
En fait de maison, c'était un manoir, une grande et belle construction en pierres claires, avec un corps principal et deux ailes perpendiculaires. Ron fut très impressionné, mais aussi rempli d'inquiétude.
« Tu es devenu fou? »
« Pas plus que je n'étais déjà, pourquoi? »
« Parce que je pense que tu as la folie des grandeurs! Tu as vu la taille de ce truc? C'est là que tu veux vivre? »
« Affirmatif! » lança Harry avec bonne humeur.
« Tu veux vivre comme la famille Malefoy? Comme des Sang-pur pleins de fric? »
« Oui, je me disais justement que, puisque la guerre a décimé tout ce beau monde, j'allais assurer le remplacement... Je plaisante! Tu ne crois pas que j'ai besoin de toute cette place pour moi tout seul? J'ai des projets, Ron, de grands projets! C'est exactement l'endroit qu'il me faut. »
« Si tu le dis... »
Ron restait dubitatif, mais ne voulait pas refroidir l'enthousiasme de Harry. Par Merlin, il ne l'avait pas vu comme ça depuis une éternité! Il y avait beaucoup de vie dans les yeux émeraude: un mélange d'espoir et d'impatience, qui lui rappelait le Harry adolescent qui arpentait les couloirs de Poudlard.
Quel contraste avec celui qui n'était plus que l'ombre de lui-même ces derniers mois!
Ron sourit. Après tout, si acquérir cette baraque faisait plaisir à son ami...
« Je te trouve vachement mieux, dit-il enfin, exprimant ses impressions. Je veux dire... Enfin, tu vois de quoi je parle. Cela t'a fait du bien, l'arrestation de Malefoy. »
« Oui », dit Harry, laconique.
Sur son visage passa un frémissement. Ron ne sut pas l'interpréter et continua:
« Quand je pense que ce salaud est allé chez toi pour essayer de te tuer aussi! C'est dingue qu'il n'ait pas pensé que tu serais averti par les barrières magiques. Heureusement, d'ailleurs, parce que tu as pu le capturer... »
« Merci, Ron, je connais l'histoire, j'étais là. »
Harry avait un air réticent et renfrogné. Il n'aimait pas parler de l'arrestation de Malefoy. Pourtant, c'était un joli tour de force, qui lui avait valu les félicitations de la nation toute entière. Mais Harry s'était dérobé. Il avait même refusé l'Ordre de Merlin (un de plus) que lui proposait Scrimgeour. Il avait assisté au procès de Malefoy sans intervenir. L'ancien Mangemort n'avait pas dit un seul mot durant les débats, refusant de s'expliquer sur ses agissements comme sur ses prises de position en faveur de Voldemort.
Les conditions de sa capture avaient été évoquées brièvement par le Magenmagot: « tentative de meurtre sur Harry Potter, nierez-vous les faits, Malefoy? » Et celui-ci avait gardé le silence, sur cela comme sur le reste.
A la fin, quand la condamnation à mort avait été prononcée, Lucius Malefoy avait enfin eu une réaction. Il s'était redressé, imposant et terrfifiant malgré les chaines qui l'entravaient:
« Vous êtes tous de misérables vers de terre, rampant au milieu de la pourriture! Vous êtes condamnés, et vous n'en avez pas conscience! Le seul qui aurait pu sauver votre monde, c'est le Seigneur des Ténèbres! Il aurait placé les sorciers au-dessus de tous les autres, il vous aurait permis de dominer au lieu de vous cacher! Vous êtes tous perdus! »
Sur un geste du ministre, les gardes l'avaient entraîné hors du tribunal, alors que ses paroles de malédiction prophétique résonnaient encore. Tous les témoins en avaient gardé une impression de malaise.
Ron repoussa ces souvenirs d'un mouvement de tête et poursuivit:
« Tu n'en parles jamais, mais tu peux être très fier de toi. Toute la famille t'est très reconnaissante... »
« Ron, par pitié. Ne revenons pas sur cette... version officielle. »
Ron le regarda sans comprendre. Harry était un mystère, parfois. Il s'était sorti seul de sa dépression, de manière spectaculaire, il fallait le reconnaître. Il avait bouleversé sa vie de fond en comble en quelques semaines. Il avait des projets sur lesquels il refusait de s'étendre, « tant qu'ils n'étaient pas concrétisés », disait-il.
Ron regrettait qu'Hermione ne soit pas là. Elle comprendrait sûrement mieux que lui. En plus d'être intelligente, elle était aussi très intuitive. Mais Hermione était en vacances avec son petit ami dans le sud de l'Espagne.
Ron reporta son regard sur la porte principale de la nouvelle maison, que Harry venait d'ouvrir avec une clé.
« Une clé? » s'étonna-t-il.
« Oui, c'est une maison moldue. Elle s'appelle le manoir Locksley. Tu sais qui était Robin de Locksley? »
« Non. »
« Robin des Bois! »
« Quels bois? »
Harry ne répondit pas et entra dans le hall. Ron leva les yeux jusqu'au plafond, ce qui prit un certain temps dans cette pièce majestueuse.
« Tu vas avoir besoin de personnel pour entretenir ce truc! Ou d'une armada d'elfes de maison. Gare à Hermione! »
Harry se mit à rire.
« Non, pas d'elfes. Ils pourraient effrayer... Bref. Ne t'en fais pas, j'ai tout prévu. »
Il mit une bourrade amicale dans l'épaule de Ron.
« Prêt à visiter? »
« Ouais. Mais on aurait pu garder les balais pour traverser les couloirs... »
(à suivre)
