Un rêve de Chobits
Chapitre 5
Le parc
Kaede ne semblait souffrir d'aucun dysfonctionnement. Pour plus de sécurité, Mme Kyu avait décidé de prévenir son fils aucun où les symptômes n'apparaîtraient que plus tard. Ryo n'avait marqué qu'une légère inquiétude aux propos de sa mère. 'Ce n'est qu'une machine après tout. C'est dommage qu'elle soit cassée après si peu de temps.' Il ne s'interrogea même pas de l'étrange comportement de sa machine. C'était un ordi qui devait chercher plus ou moins inconsciemment le contact d'autres ordis à travers la toile. Mais il se réjouit d'une idée. Si l'ordi plantait trop, il pourrait retourner voir la belle Yumiko.
Kaede était assise sur une chaise de la salle à manger. Elle fixait la femme préparer le 'dîner'. Elle avait appris que les 'humains' faisaient 'trois repas' par jour. Le matin, il y avait le 'petit-déjeuner', ensuite vers midi c'était le 'déjeuner' et enfin le soir c'était le 'dîner'. Ces mots faisaient parties des maigres données qu'elle avait pu sauvegarder avant de se laisser submerger par l'océan d'informations qu'on lui avait offert. Elle n'avait même pas levé les yeux vers son maître Ryo. Oui, vraiment, ce qui l'intéressait c'était de décortiquer les possibles informations que pouvait lui apporter cette scène.
Quand le jeune garçon aida sa mère à mettre la table, Kaede s'assit dans le bon sens. Elle les vit faire les mêmes actions que la veille. Alors… Elle aussi fit la même chose. Cette fois-ci personne n'essaya de rentrer en contact avec elle. Alors elle repensait à son voyage virtuel aux sensations qu'elle avait éprouvées. Là-bas, elle ne se sentait pas seule. Elle savait que quelqu'un lui avait prit la main pour la guider. Et puis ce petit voyage lui avait plut. Elle recommencerait quand ils retourneraient 'travailler'. Elle savait qu'ainsi tout ce qu'elle devait savoir serait appris bien plus vite… Cette idée la réjouit. Un petit sourire sur ses lèvres froides traduit cette émotion. Cela n'échappa à la 'maman de Ryo'.
« - Qu'il y a t'il Kaede, lui demanda t'elle d'un ton bienveillant.
Je suis 'contente', répondit la persocom d'une voix enfantine.
Pourquoi, questionna à son tour Ryo d'un ton plus froid.
Parce que j'ai appris des choses tout à l'heure. »
Elle ajouta un petit rire à cette phrase. Cette fois-ci elle était contente car elle avait réussit à échanger des données. Ce n'était pas beaucoup, mais suffisamment pour qu'elle se sente un moment moins 'seule'. La 'maman' de Ryo et Ryo retournèrent à leur occupation la laissant.
Puis après le repas, le garçon remonta car 'il avait des devoirs à faire'. Kaede resta avec sa 'maman'. Mme Kyu commença à laver la vaisselle à la main. La persocom la regardait encore. Quand la femme eut fini sa tâche ménagère, elle se retourna vers l'ordi et lui fit un large sourire. La destinataire de ce signe lui en rendit un plutôt timide et maladroit. Elle appréciait la 'maman' de Kyo.
« - Alors, Kaede, qu'as-tu vu de beau quand tu te promenais sur Internet, lui demanda-t-elle.
J'ai vu beaucoup de données. J'avais appris pleins de choses mais… Mais le contact fut coupé, lui répondit la machine sur un ton monocorde. »
'Déconnexion' pensa Mme Kyu. 'Donc ce n'est pas un virus qui l'a mise dans cet état.'
« - Et qu'est ce qui t'a poussée à aller te promener sur Internet ?
Un 'attrait' pour la machine de Ryo. J'avais… J'avais un 'sentiment'… Que je pourrais repousser les 'limites' en allant dessus.
Les limites, repris Mme Kyu d'une voix un peu inquiète.
Oui, les 'limites'… Ne plus 'me sentir seule'…
Tu n'es pas bien avec nous ? »
La femme avait un ton de plus en plus inquiet.
« - Tu es malheureuse avec nous ou triste ?
'Malheureuse' ? ' Triste' ? Quel est le sens de ces mots ?
Comment te dire…Tu connais le mot 'heureux' ou 'content' ? Et bien quand tu es 'malheureuse', c'est que tu n'es pas 'heureuse' ou 'contente'. Et 'triste', c'est quand tu n'es…Pas 'contente'…
Kaede ne comprend pas, lui répondit-elle
Non, non… Kaede… Quand tu veux parler de toi, tu utilises 'je'. Donc tu ne dis pas "Kaede ne comprend pas" mais 'je ne comprends pas', la repris Mme Kyu.
Je ne comprends pas, se corrigea la jeune fille de métal.
Alors, tu regarderas demain sur Internet… Je suis sûre que même si je t'interdis d'y retourner, tu vas quand même ne pas m'obéir. Je suis sûre que tu es une tête de mule !
'Tête de mule' ? »
Mme Kyu ria. Elle trouvait que la persocom était délicieuse. Elle avait vraiment eu une bonne idée… Mais elle espéra à ce moment, que son fils et elle ne deviendraient que des bons amis et pas… Melle Ueda l'avait mise en garde… Mais son fils ne montrait qu'un intérêt assez détaché à l'ordi.
« - Aller, ça va aller pour ce soir… Va te coucher. Fais de beaux rêves !
Bonne nuit, souffla la jeune fille avant de monter quatre à quatre l'escalier. »
Le lendemain matin, Kaede s'était levée en même temps que Mme Kyu. Elle l'attendait dans la cuisine pour voir comment elle allait préparer le 'petit-déjeuner'. Elle n'en perdit pas une miette. Elle enregistra tout dans sa mémoire. Elle voulait essayer elle aussi.
Quand Ryo et sa maman furent partis, elle alla dans la chambre du jeune homme. Elle se connecta comme la veille à Internet. On l'attendait :
- Cette fois-ci je vais me restreindre à chaque apport de données. En fait, je te dirai quand sauvegarder pour que tu n'ais qu'une perte minimum de données en cas de déconnexion.
- Qui es-tu ?
- Ca n'a pas d'importance.
-…Tu me le diras ?
- Peut être…
- Qu'est ce que ça veut dire 'malheureux' et 'triste' ?
- Attends, je vais te chercher les données et te les envoyer.
Kaede attendit. Elle sentit la réception des données. Après l'envois tout de même massif sur les 'émotions', son interlocuteur lui dit de sauvegarder. Elle s'exécuta.
Au cours de la promenade, elle trouva un mot qui lui attira l'attention.
- 'Travailler', c'est un mot intéressant.
- Pourquoi ?
- Tous les matins, Mme Kyu et Ryo s'en vont. Et ils reviennent le soir. Tu crois qu'ils partent au travail ?
- Sans doute. Je ne connais pas la vie de ces gens.
- Ah! Tant pis… Et tu pourrais me trouver la signification du mot'maman ? Mme Kyu est la 'maman' de Ryo.
Son correspondant amena sur un plateau sa dernière requête.
- Je crois que tu as tout ce qui te faut pour te débrouiller toute seule maintenant.
- Attends… Encore deux choses… Est-ce que je peux travailler moi aussi ?
- T'es marrante toi ! Pourquoi aurais-tu besoin de travailler ? Ils vont pourvoir à tes besoins. En tout cas ce n'est pas interdit, tu peux travailler.
- …Je le sais mais je ne veux pas rester seule tout le temps en les attendant. Maintenant, ma seconde question : est-ce que tu vas revenir demain ?
- Peut-être…
Son interlocuteur disparut dans les méandres de la toile. Elle ne put le suivre pour continuer à la harceler.
Ce jour-ci, ce fut Ryo qui rentra le premier.
« - Kaede, je suis rentré, cria-t-il dans l'escalier.
Je suis à l'étage. J'arrive, lui répondit la machine. »
Elle descendit l'escalier tout doucement.
« - Comment s'est passée ta journée, lui demanda-t-elle »
Il fut assez étonné de ce changement d'attitude de la part de la jeune fille.
« - Et bien, pas mal. J'ai un peu de boulot et j'aurai de ton aide pour tracer des courbes. Et toi comment t'es-tu occupée ?
Je suis retournée sur Internet rechercher les données qui me manquaient. »
Le jeune homme ne lui semblait pas sincère quand il lui demanda ce qu'elle avait fait de sa journée. Elle lui avait répondu d'une manière calme mais dénuée d'émotion.
« - Et quand rentre ta maman ?
Elle doit faire des courses à la supérette. Elle rentrera un peu plus tard.
D'accord. Allons vite tracer ces courbes, lui proposa-t-elle. »
Elle voulait se retrouver au plus vite auprès de Mme Kyu. Ryo fut impressionné de la puissance qu'elle avait dans ses processeurs. La puissance cumulée des siens et du vieil ordinateur classique lui permirent de tracer au plus vite les courbes et de trouver la solution à ses calculs de maths.
Quand il la débrancha de l'unité centrale, sa mère rentrait. Kaede alla l'accueillir. Elle l'aida à porter les paquets et à ranger la nourriture. Elle demanda à chaque fois où se rangeait tel ou tel produit. Puis elle participa à la préparation du dîner. Ryo n'avait même pas à mettre la main à la patte. Mme Kyu et la jeune fille métallique se parlaient de leur journée respective.
La journée suivante, Kaede, en plus d'avoir préparé le petit-déjeuner comme elle se l'était promit, s'était mise en tête de faire le ménage. La maman de Ryo lui avait expliqué comment faire. Elle avait ouvert les fenêtres pour aérer la maison pendant qu'elle oeuvrait. Elle faisait attention à tous ses gestes. Elle essayait de ne pas casser. La tâche ménagère fut vite finie. Elle ferma toutes les fenêtres de la maison sauf celle de la chambre de Ryo puisqu'elle avait l'intention d'y retourner pour se connecter.
Elle ne retrouva pas son correspondant. Elle s'en doutait un peu et n'en fut ni triste ni peinée. Elle décida d'aller sur des pages d'actualités. Elle lisait des articles concernant la géopolitique et la situation mondiale. Puis elle s'intéressa aux pages concernant les articles scientifiques. L'heure était déjà avancée dans l'après-midi. Elle entendit des bruits au loin… Des bruits qu'elle ne connaissait pas… C'était des voix. Elle en fut étonnée. Et cela attisa sa curiosité. Elle ferma la fenêtre puis descendit au rez-de-chaussée. Elle prit le trousseau de clefs que Mme Kyu lui avait fait faire. 'Qu'elle est gentille' se dit-elle, 'bien plus que Ryo'. Elle sortit de la maison et elle prit bien soin de verrouiller la porte d'entrée avec les clefs. 'Il faut fermer pour que les voleurs ne viennent pas tout prendre' pensa t'elle. Elle se dirigea là où elle avait l'impression que les cris venaient. Elle arriva dans un petit endroit en plein air clôt et dont la partie centrale avait un bac à sable. Il y avait des balançoires, des toboggans, des cages à poules et surtout des enfants qui s'amusaient et des 'mamans' qui les surveillaient. Kaede voulut profiter du spectacle que ses petits garnements offraient. Elle s'assit alors sur un banc inoccupé et regarda. Ses yeux se perdirent dans le vague. Elle aussi avait-elle une 'maman' ? Elle savait que seuls les animaux pouvaient avoir une 'maman' ou des 'parents'. Elle, elle n'était pas humaine, mais autre chose. Elle le savait car ses caractéristiques ne correspondaient pas à celles données pour les humains. Elle retourna au spectacle des petits monstres. Elle les trouvait charmants. Elle aurait voulu jouer avec eux à faire un château de sable.
« - Kaede, que fais-tu là, lui cria une voix masculine.
Ryo ? Comment vas-tu? »
Elle s'était levée car elle avait reconnu sa voix des les premiers sons. Elle se dirigeait vers lui. Le regard de son maître était un peu en colère.
« - Mais pourquoi je te retrouve ici ? Maman et moi étions très inquiets, surtout elle.
Oh! C'est parce que j'ai fais le ménage. J'ai laissé ta fenêtre ouverte et j'ai entendu des bruits bizarre qui venaient d'ici. La curiosité m'a poussée. Ce n'était pas bien, nyo ?
Oui ce n'était pas bien. Tu aurais dû rentrer dès que tu savais ce qu'étaient ces bruits. On aurait pu essayer de t'enlever. »
Ryo parlait d'une voix vive énervée, mais pas inquiète ou pleine de reproches.
« - Mais pourquoi faire ? Qui voudrait m'enlever, la voix de Kaede était candide.
Des gens… »
Au vu de la dernière réponse, elle ne préféra pas insister.
« - Au fait, est-ce que je pourrais travailler, demanda-t-elle.
Mais qui t'a mis cette idée en tête ? »
Il valait mieux en parler à sa 'maman'. Elle resta silencieuse jusqu'à l'arrivée à la maison.
« - Maman, je l'ai retrouvée, dit Ryo en fermant la porte. Je vous laisse car j'ai encore des devoirs à faire. »
Il grimpa l'escalier.
« - Kaede, mais où étais-tu donc passée, la questionna inquiète la femme.
J'étais au jardin d'enfants. Je les regardais jouer. Etait -ce une mauvaise idée, nyo ?
Non, ce n'était pas une mauvaise idée… Mais… Il faut faire plus attention à toi.
Comment ça, lui demanda la jeune fille.
Tu sais tu es un ordi très perfectionné, et de nombreux spécialistes voudraient te posséder, te voler pour te tester et t'utiliser pour leur compte personnel. Et nous, nous serions terriblement tristes et désolés si cela devait arriver.
… Vous savez, je ne crois pas que Ryo serait particulièrement peiné de mon vol… Je n'ai pas l'air de l'intéresser.
Oh, ne dis pas ça, petite Kaede… Je sûre qu'il le serait, insista Mme Kyu. »
La jeune persocom eut un sorte de lucidité au travers de sa mémoire.
« - Pour lui je ne suis que de l'électroménager, lui répondit-elle. Mais pour vous je sais que je suis autre chose. C'est vrai que cela fait trois jours à peine que je suis arrivée mais je réussis à sentir cela. Une machine ne devrait pas pourtant ? »
Mme Kyu était complètement stupéfaite de sa réponse et de cette lucidité ou de cette conscience qu'exprimait la jeune fille.
« - Tu sais tu es très perfectionnée et je crois qu'en plus ta créatrice a mis beaucoup de cœur à l'ouvrage pour toi. Alors je crois que c'est possible. »
C'était une réponse parfaitement sincère de cette femme désabusée par une simple machine.
« - Créatrice… Vous voulez dire qu'elle est en quelque sorte ma mère ?
On peut dire ça comme ça puisque c'est elle sur ma demande qui t'a fabriquée.
… Vous croyez que Ryo va m'apprécier ?
Il faut laisser du temps au temps, lui dit, émue, son interlocutrice. »
Elle était émue car l'ordi avait une forme d'espoir. Elle espérait que Ryo allait s'intéresser un peu plus à elle. Pas grand chose mais juste un peu…
« - Au fait, j'ai une autre question à vous poser. Est-ce que je pourrai travailler ?
Mais pourquoi faire ?
Le principe de travailler c'est d'être sous les ordres ou au service de quelqu'un et d'être rémunéré en contre partie ? Alors si je travaille pour quelqu'un qui a besoin de mes service, je gagnerai de l'argent.
Oui, tu as vu juste. Mais pourquoi veux-tu de l'argent ? As-tu vu quelque chose que tu veuilles acheter ?
Non rien en particulier. Juste avoir une sécurité pécuniaire et aussi ne pas rester ici à m'ennuyer.
Et Internet ?
C'est toujours la même chose.
Tu sais tu peux travailler si cela te fais plaisir mais je ne sais pas trop où est-ce que tu pourrais aller. J'essayerai de me renseigner.
Merci beaucoup. »
En disant ces paroles la jeune fille s'était largement incliné en avant.
Vous avez un e-mail : Si je vous disais que ce chapitre aurait dû être publié depuis longtemps, est-ce vous pensez que je vous mens ? En fait, je l'ai écrit très rapidement mais la fin ne m'avait pas plus. Mais en fait en y regardant ce soir et de plus près, je la ne trouve pas si mal. Et donc comme il y a peu de chose à retoucher, je vous la livre maintenant. Pour la suite, je crois qu'elle va mettre un certain temps à voir le jour. Les partiels de fin d'année approchent… Donc, je ne pense pas mettre cette fic à jour avant juillet.
Azalée-Chan Et non je ne suis pas morte et je n'ai pas non plus abandonné cette fic. C'est que j'ai manqué et de temps et d'inspiration ces derniers mois. Et puis il y a eu d'autres choses… Je pense lui avoir donné plus de personnalité pour ce chapitre.
Rose-Chan Merci. J'espère que cette fois-ci je montre sa lucidité et les sentiments réciproques que Ryo et Kaede ressentent mutuellement.
2pasag-kun Alors, j'ai réussis ma tâche! Mon bébé s'éveille t'elle bien ? Sera t'elle une jolie jeune fille d'après toi ? Au fait deux fics publiées dans le même week-end ça mérite deux chapitres de notre samouraï du nouveau siècle, non ?
Miss Malfoy Et ton vœux est exaucé ! C'est pas beau ça ?
Bref, les mots de la fin : j'espère de tout cœur que ce nouveau chapitre vous plaira.
Nyarla
