Notes: Merci beaucoup à toutes! Comme je suis contente que ça vous plaise toujours!

Avant-dernier chapitre aujourd'hui... et oui. Je finirai cette fic avant la fin du mois... et après j'aurai le baby-blues!


Chapitre 11

Harry resta perplexe, même après trois lectures. Il ne comprenait pas la teneur du message. Et de quels amis parlait Percy? Depuis son veuvage, on ne pouvait pas dire qu'il avait une vie sociale trépidante...

En revanche, un immense espoir se levait en lui. « Tu as gagné » signifiait-il que l'ostracisme pesant sur les orphelins était levé? Décidé à tirer ça au clair, il demanda à Hermione la permission d'utiliser son réseau de cheminées, et sa tête ébouriffée apparut dans le bureau de Percy.

Celui-ci se retourna vivement. Dans sa hâte, il faillit choir de son siège.

« Harry? Quoi encore? »

« Je n'ai pas compris un mot de ton message. Qu'est-ce que j'ai gagné? Et de quelles âneries parles-tu? »

Percy ouvrit des yeux sceptiques.

« Parce que cette mascarade n'est pas ton idée? C'est dans la Gazette du Sorcier: édition spéciale! »

« J'étais chez Hermione. Pas vu la presse. »

Percy déploya devant lui son propre exemplaire.

« Grève des enseignants à Poudlard!

Grande première dans l'histoire de notre école! Depuis hier après-midi, les cours sont suspendus. Le personnel au grand complet, ainsi que le directeur Filius Flitwick, refuse d'assurer son rôle en raison de graves menaces pesant sur l'intégrité de la mission enseignante, selon leur porte-parole, madame Chourave. En effet, les professeurs affirment que, allant à l'encontre de toutes les règles instaurées par les quatre Fondateurs, le conseil d'administration de Poudlard refuse d'accepter des élèves magiquement inscrits!

Cette violation inadmissible fait peser un lourd soupçon d'inéquité sur la future génération de sorciers. A qui refusera-t-on le droit universel de s'instruire? A votre enfant?... »

Sous l'article figurait une photo du château de Poudlard, couvert de pancartes et de banderoles gigantesques, où les slogans se succédaient en lettres clignotantes: Poudlard en grève! Egalité des chances pour nos enfants! Non à la discrimination!

Harry reconnut le sortilège qu'avait utilisé Malefoy pour céer ses badges « anti Potter » lors du tournoi des Trois Sorciers; mais là c'était en grand! Il ne put retenir un sifflet admiratif. Percy pinça les lèvres.

« Tu remarqueras que l'article ne mentionne pas que ce sont des enfants de Mangemorts qui ont été refusés à Poudlard. Les professeurs se sont bien gardés de le dire, de peur que le public n'adhère pas à leurs protestations. C'est bien joué, je dois dire. La presse s'est émue, les parents d'élèves aussi. Menés par Hagrid et Chourave, tout ce beau monde a débarqué pour faire un sitting devant le ministère! Et c'est mon père qui leur a donné cette brillante idée! C'est ce que font les moldus, paraît-il. »

Percy était encore horrifié au souvenir d'un tel désordre dans ce lieu sacré. Il tourna rageusement la page du journal. Apparurent alors des photos de la manifestation de rue: le cortège des adultes qui vociféraient, les élèves de Poudlard noyés dans la foule et ravis d'être là au lieu d'être en cours, et les professeurs en tête qui lançaient des slogans et des sorts de tags sur la façade du ministère. Celui-ci se couvrait d'inscriptions joliment colorées: Fudge on t'a eu, Scrimgeour on t'aura! Non au CPE (choix d'un Poudlard élitiste)! Etc...

« Monsieur le ministre était vert de rage! Il a hurlé sur tout le monde. Même sur moi, tu te rends compte! »

La tête de Harry se recroquevilla dans la cheminée.

« Scrimgeour a paniqué devant cette pression publique, à laquelle il n'était pas habitué. Il vient de faire une déclaration officielle: aucun enfant ne sera rayé des listes d'admission. Et il a ajouté que le conseil d'administration de l'école avait commis une erreur! Maintenant que tes petits monstres sont acceptés, j'espère que les manifestants vont se disperser. Si tu pouvais te pencher à la fenêtre, tu verrais Hagrid et ses hippogriffes devant la porte. Personne n'a osé entrer ou sortir! »

« Je n'étais pas au courant », assura Harry.

« Peu importe, grogna Percy, de mauvaise humeur. Je veux juste que ça s'arrête! »

La tête de Harry battit en retraite précipitamment.

HPHPHPHP

Harry claironna aussitôt la bonne nouvelle à Hermione. Elle se réjouit avec lui, bien qu'elle dut avouer un brin de déception à l'idée de ne pas assigner le ministère en justice.

« Ce n'est rien! dit Harry. Il y aura sûrement d'autres occasions! »

« A la limite, je le souhaite, rétorqua-t-elle posément. Il y a des choses à réformer, et en attaquant de front, je pourrai peut-être lancer un débat salutaire! »

Harry transplana jusqu'aux environs du manoir. Il était heureux que Scrimgeour soit revenu sur sa décision inique, et également stupéfait que le problème se soit réglé aussi promptement, sans lui! Il irait remercier les professeurs de Poudlard demain à la première heure!

Dans le hall, Crabbe s'empressa vers lui en trottinant.

« Le professeur Snape est rentré! Je veux dire, monsieur le directeur Snape. »

Une partie de Harry fut si intensément soulagée qu'il sentit presque ses genoux se dérober. Mais une autre partie – plus mesquine, plus amère – grogna avec sarcasme: « Ben voyons! Quand il y a une difficulté, il disparaît sans un mot. Quand tout est arrangé, hop! Le revoilà! »

Enervé, il grimpa les escaliers quatre à quatre pour aller tambouriner au bureau de Snape. Celui-ci ouvrit.

« Ah quand même ! fit Severus, sec. Tu t'es accordé une journée de vacances ? Est-ce que ton esprit étroit et paresseux ne t'a pas soufflé qu'il n'était pas raisonnable que les deux responsables de cette institution s'absentent en même temps ? »

Harry fut abasourdi par tant de mauvaise foi. Il devint rouge comme un coq en colère.

« C'est toi qui as filé à l'anglaise sans prévenir ! Alors que nous étions en pleine crise ! Je croyais pouvoir compter sur le type que j'avais choisi, mais apparemment je me suis planté en beauté ! Si tu ne le sais pas encore, le ministre a levé son interdiction : les deux mômes qui ont onze ans cette année iront finalement à Poudlard. Et pas grâce à toi ! »

Severus le regarda avec tant de surprise blessée, tant de consternation, que Harry comprit qu'il venait de dire exactement ce qu'il ne fallait pas – une nouvelle fois.

« Potter, soupira Severus, les lèvres retroussées par le mépris. Je me demande vraiment dans quel univers onirique tu vis. Que crois-tu ? Que le ministre a cédé pour tes beaux yeux ? »

« Les professeurs de Poudlard se sont mis en grève, je le sais », se défendit le jeune homme.

« De qui vient cette idée, selon toi ? »

Harry réalisa. Et faillit se frapper le front avec la paume de le main.

« Je suis allé à Poudlard hier soir, continua Severus. Flitwick est une des rares personnes dans ce pays à m'avoir conservé son respect. Il était écœuré, lui aussi, de la discrimination contre les enfants de mangemorts. Nous n'avons pas eu de peine à convaincre les professeurs d'entamer un mouvement de protestation. »

Harry était passé du rouge au cramoisi, mais ce n'était plus du à la colère.

« Je ne savais pas… Je n'avais pas idée… »

« C'est bien ce qui m'exaspère chez toi, rétorqua Severus. Tu n'as jamais idée de rien. »

« Sur les photos de la Gazette du Sorcier, je ne t'ai pas vu… »

« Et pour cause. Je ne crois pas que me mettre en avant aurait servi nos intérêts. »

« Encore un raisonnement de Serpentard. »

« Cela vaut mieux que la stupidité de Griffondor. »

Severus ne s'était pas départi de son air mauvais. Harry, qui avait horreur de se sentir idiot, se réfugia dans son amour propre blessé.

« Tu aurais dû me mettre au courant de ton plan ! D'abord, ça m'éviterait de passer pour un imbécile, et ensuite je te rappelle que c'est moi qui ai créé cette maison ! C'est à moi que tu dois ta place de directeur ! »

« Je ne l'oublie pas, Potter ! siffla Severus avec hargne. Je ne risque pas de l'oublier si tu me le jettes ainsi au visage ! »

« Je ne fais rien de tel ! Je te rafraîchis seulement la mémoire ! Après tout, nous n'avons jamais discuté un point crucial : qui obéit à qui ! »

« Si tu croyais pouvoir obtenir que je t'obéisse comme un laquais, tu as pris tes désirs pour des réalités ! J'ai passé ma vie à obéir à d'autres, mais ce n'étaient pas des petits morveux suffisants et égocentriques ! »

Harry se mordit la langue avant de faire une remarque injurieuse qu'il regretterait.

« J'ai créé cet orphelinat », répéta-t-il, obstiné.

« Je le dirige, à ta demande. Je viens en outre de lui retirer une grosse épine du pied. »

Les deux adversaires se toisaient, l'œil agressif. Severus fint par articuler calmement:

« En ce moment précis, j'hésite entre le Doloris et le Sectumsempra. Alors je vais me pencher sur quelque potion, dans l'espoir que cela m'éclaircira les idées au sujet de mon avenir ici. »

Il quitta les lieux avant que Harry n'ait pu intervenir. Celui-ci resta interdit.

Un mélange de sentiments contradictoires tourbillonnait en lui. Il était en colère contre Snape, contre lui-même, il était inquiet de la violence que l'homme pouvait exercer à son égard, il était encore plus inquiet à l'idée de se retrouver sans lui au manoir, il ne savait pas quoi faire...

Il aurait dû être heureux de sa victoire sur le ministère, alors pourquoi avait-il le sentiment d'un immense gâchis?

Crabbe passa la tête dans le bureau.

« Euh... Monsieur Potter? »

« Quoi? »

« Un colis vient d'arriver pour le professeur Snape. Je veux dire, pour le dir- »

« J'ai compris. Merci de le poser là, j'irai prévenir Snape », répondit Harry avec humeur.

Crabbe revint avec un grand cadre empaqueté et ficelé, qu'il posa précautionneusement contre le mur; et il fila sans demander son reste.

Harry allait faire de même, quand il entendit une voix familière s'élever du paquet.

« J'aimerais sortir de là, si ce n'est pas trop demander! »

Le jeune homme se précipita, déchirant frénétiquement le papier brun, jusqu'à voir apparaître le regard pétillant. Le peintre avait admirablement réussi à rendre cette particularité d'Albus Dumbledore sur le tableau qui le représentait.

« Bonjour Harry, dit tranquillement le visage de l'ancien directeur de Poudlard. Je suis content de voir que tu vas bien, même si je m'attendais à être accueilli par Severus. »

« Severus? Vous savez qu'il est là? »

« C'est lui qui a commandé ce portrait, le double de celui qui est dans le bureau de Flitwick. Le premier directeur de l'histoire de Poudlard à devoir s'asseoir sur un fauteuil fait sur mesure! »

Dumbledore sourit malicieusement. Harry se sentit rasséréné par sa voix joyeuse.

« Severus regrettera de ne pas avoir été là à votre arrivée. En fait, il était encore là il y a deux minutes, mais il... Enfin, nous avons eu une petite querelle... »

Le sourire de Dumbledore s'élargit.

« Je n'en suis pas surpris. Vous avez tous les deux de fortes personnalités. Elles ne peuvent pas toujours cohabiter en toute harmonie! »

« Rarement, même », bougonna Harry.

« Je sais déjà que tu lui as demandé de te seconder dans cette belle oeuvre. Oui, Severus m'a parlé, dans le bureau de ce cher Filius... Je suis très fier de ce que tu es devenu, Harry. Tu as fait les bons choix, malgré tout ce qui t'est arrivé. »

« Merci, professeur Dumbledore », dit Harry, la gorge un peu serrée.

« Merci à toi, pour avoir sauvé Severus. Tu as eu raison. Je craignais le pire, après que Rodolphus Lestrange ait incendié ma maison. Toutes les preuves de la loyauté de Severus avaient disparu. »

« Je lui ai fait confiance. »

« Cela représente beaucoup pour lui. Il t'est dévoué depuis longtemps. »

« Depuis qu'il m'a foutu un zéro en cinquième année? Ou qu'il a annulé les cours d'Occlumancie? »

« Tu es de mauvaise foi, dit Albus en agitant l'index. Et tu le sais, alors je ne me fatiguerai pas à t'en convaincre. Severus pense plus à toi qu'à lui-même, depuis le Tournoi des Trois Sorciers. »

Harry laissa doucement cette phrase glisser en lui. Il ferma même les yeux pour la savourer un peu plus.

Il vit les choses plus clairement, soudain.

« Pardonnez-moi, professeur Dumbledore, je vais vous laisser. Je dois parler à Severus. Puis il viendra vous accrocher lui-même... »

Harry bondit vers la porte, mais arrivé là, il se retourna.

« Je suis content que vous soyez là. Je pourrai venir vous parler, un de ces jours? »

« Quand tu veux, mon garçon. Mais je te préviens que les portraits dorment beaucoup. Alors si tu as mieux à faire, n'hésite pas... »

Dumbledore lui fit un clin d'oeil.

Harry courut jusqu'au laboratoire de Severus. Il frappa avec retenue, ce qui n'empêcha pas la porte de s'ouvrir avec fracas.

« Potter! Au nom de Merlin, va passer tes nerfs sur quelqu'un d'autre! »

Harry prit la parole avant de se faire gravement insulter, et d'en concevoir de la rancune. Il s'était mis dans son tort, après tout, et il avait été particulièrement injuste.

« Disons qu'aucun des deux n'est au-dessus de l'autre, dit-t-il d'un ton conciliant. Nous prenons les décisions d'un commun accord. »

« Cela me convient. »

La méfiance n'était toutefois pas totalement absente de la voix de Severus. Celui-ci fit preuve de clémence en concédant :

« J'avoue que je n'aurais pas dû recourir à mes anciens collègues sans t'en référer d'abord. »

« Et moi j'aurais mieux fait de tourner sept fois la langue dans ma bouche avant de te faire des reproches. Je regrette. »

« N'en parlons plus. »

Severus fit quelques pas en direction de son chaudron, indiquant que la conversation prenait fin. Il jeta un regard goguenard à Harry.

« Au fait, pour éviter que quiconque ne s'en prenne en douce aux enfants, il faudra faire de la publicité à cette institution. Tu donneras une interview à la presse. »

« Severus, tu sais que j'ai horreur des journalistes ! »

« Navré, Harry Potter. Qui veut la fin veut les moyens ! »

(à suivre)