Notes: Aujourd'hui, c'est le dernier chapitre! Merci à tous et toutes de m'avoir suivie jusque là. Merci de m'avoir encouragée, d'avoir stimulé mon inspiration quand elle n'était plus là, merci de m'avoir remonté le moral quand ça n'allait pas fort. J'ai de la chance de vous avoir!


Chapitre 12

Rita Skeeter était coiffée de manière aussi extravagante que par le passé, et ses yeux avaient gardé leur éclat inquisiteur. Harry dissimula un soupir. Il préférait affronter le Magenmagot une nouvelle fois que cette femme. Il jeta un regard torve sur la Plume-à-Papote qui bruissait sur le papier, alors qu'il n'avait pas encore prononcé une parole. Mais cela faisait dix ans qu'il ne s'en étonnait plus.

« Eh bien, Harry... Je peux toujours t'appeler Harry? »

« Certainement, Rita », dit Harry, les dents serrées.

« Nos lecteurs sont ravis de savoir que tu as retrouvé goût à la vie, après le drame... »

« N'en parlons plus », l'interrompit Harry avec fermeté.

Il savait que cela n'empêcherait nullement Rita Skeeter de broder un long passage sur « son désespoir sans bornes, ses envies de suicide », etc. Il avait l'habitude de la malhonnêteté journalistique de cette femme, mais il avait aussi besoin de la publicité qu'elle lui offrait.

« Pourquoi un orphelinat, Harry? »

« Avec mon passé, diriger un orphelinat me motive plus que vendre des Rolls Royce à Bexhill-on-Sea, vous l'imaginez... »

« Mais ces orphelins sont des enfants des partisans de Celui... de Voldemort! Les enfants de tes ennemis! »

« Ce sont des enfants innocents, rétorqua froidement le jeune homme. Ils ne sont pas responsables des fautes de leurs parents. Eux plus que quiconque ont besoin d'attentions et de soins. »

« Encore le Complexe du Sauveur? » railla la journaliste avec un fin sourire.

Hatty se retint de la jeter hors de son bureau.

« Je ne crois pas. Je voudrais surtout que vos lecteurs comprennent que ce n'est pas en occultant le passé que l'on évitera de refaire les mêmes erreurs. Ces enfants méritent une place dans notre société. Ils sont tous en bonne santé, bien élevés et en manque d'affection. J'espère que des familles se présenteront pour les adopter. Ils le méritent. »

Rita Skeeter eut une moue sceptique. Cependant, elle assura qu'elle relaierait le message dans son article. Elle l'interrogea sur la création de l'orphelinat et ceux qui y travaillaient. Harry fit l'éloge de tous ceux qui l'aidaient dans son entreprise.Il espérait à présent que Skeeter allait partir, mais elle avait dans les yeux une lueur inquiétante.

« Et ta vie personnelle, Harry? Un garçon de ton âge ne peut rester seul. Y a-t-il quelqu'un dans ta vie? »

« C'est tout à fait hors sujet, Rita. »

« Pas du tout, puisqu'il s'agit toujours de toi. Le public souhaite ton bonheur. »

« Alors il pourra comprendre que je désire garder ma vie privée... privée. »

Rita Skeeter eut un sourire mi-amusé, mi-rusé, qui effraya presque Harry.

« Cela ne marche pas comme ça. Tu es toujours délicieusement naïf, sais-tu? Si tu veux de la publicité pour tes affaires, tu dois jouer le jeu et accepter que toute ta vie soit publique. Tu ne peux pas avoir les avantages sans les inconvénients. »

Le jeune homme la regarda avec horreur. Pour le bien des orphelins, il devait donc se livrer pieds et poings liés à la presse à scandales! Alors que le dilemme le déchirait intérieurement, il fut sauvé par l'irruption soudaine de Severus dans son bureau.

« Mademoiselle Skeeter, dit-il en appuyant sur « mademoiselle », votre entretien a assez duré. Monsieur Potter a des tâches impérieuses qui l'attendent. »

La journaliste pinça les lèvres.

« J'ai encore des questions... »

« Des questions ou des aveux extorqués? Voyons, ma chère, nous savons tous les trois que vous écrirez un tissu de mensonges, quoi que l'on vous dise. Alors faites-le directement sans nous contraindre à subir votre présence. »

Il prit fermement Rita Skeeter par le coude, l'arracha à son siège et la poussa vers la sortie. Elle s'indigna:

« Vous n'apprécierez peut-être pas ce que j'écrirai dans mon article! »

« En ce cas, il nous sera extrêmement facile de recourir à un autre organe de presse. Harry n'a fait appel à vous qu'en reconnaissance de votre aide, il y a quelques années. Un mot de travers et vous serez publiquement désavouée. »

Suffoquée, elle se laissa enfin convaincre de quitter les lieux.

Harry soupira de soulagement mais leva un regard teinté d'angoisse sur Severus.

"Tu crois qu'elle écrira ce que nous attendons d'elle?"

"Certainement. Elle sait qu'elle peut manipuler ceux qui ne savent pas se défendre, mais elle prend peur devant la moindre résistance... Ce en quoi, elle a raison. Elle fera ce qu'elle doit, dans son propre intérêt!"

« Encore une fois, tu es mon sauveur », dit Harry avec un grand sourire.

« Aussi curieux que cela puisse paraître, j'apprécie assez ce rôle... »

Severus lança un long coup d'oeil à Harry, comme s'il regrettait déjà ses paroles, puis se détourna. La main sur le loquet, il s'apprêtait à repartir quand Harry posa la main sur son bras.

« Attends. Nous n'avons jamais le temps de parler. »

Severus se raidit et son visage se ferma.

« Nous parlons abondamment des enfants, me semble-t-il. Et nous n'avons rien d'autre à discuter. »

Harry, qui s'était enfin résolu à ouvrir son coeur, ne se laissa pas rebuter aussi facilement.

« Alors tu m'écouteras. Cela fait longtemps que je veux te dire que je regrette beaucoup la manière dont j'ai réagi, lorsque tu étais chez moi... »

Severus leva la main avec exaspération.

« Epargne-moi tes explications maladroites, je te prie. J'ai parfaitement compris que tu regrettais, il n'y a rien d'autre à- »

« Tu permets que je termine? Je ne regrette pas ce qui s'est passé. Je n'ai pas arrêté d'y penser. Tu m'as réveillé, corps et âme, tu m'as sauvé du gouffre. Tu m'as donné plus encore que tu ne crois. Mais c'était trop pour moi à ce moment-là. J'ai eu peur. C'est pour ça que je t'ai repoussé. Je te demande pardon: je sais que je t'ai blessé. »

Severus crispa les mâchoires.

« Tu n'as pas à t'excuser d'avoir réagi comme tu le croyais juste. Tu ne me dois rien. »

Spontanément, Harry lui prit la main.

« Je sais. Je ne me sens pas obligé de faire quoi que ce soit. Je le fais parce que j'en ai envie. »

Il se haussa sur la pointe des pieds et l'embrassa avec ferveur. Severus fit un pas en arrière et lui saisit le poignet.

« Sois sûr de toi, Harry Potter. Sois très sûr. »

« Je le suis, répondit Harry avec assurance, les yeux brillants. Ce n'est pas un caprice. »

Cette phrase sembla allumer un feu intense dans les yeux sombres. Severus se pencha pour capturer les lèvres douces. Ils s'embrassèrent désespérément, et Harry ne pouvait retenir le gémissement rauque qui montait de sa gorge. Severus laissait ses mains s'enfoncer dans les épaules de Harry, écrasait son corps contre lui, le dévorait de baiser. Harry tendit la main vers le col et défit les premiers boutons. Severus lui saisit la main.

« Harry, non... »

« Pourquoi? C'est ce que je veux. Ici et maintenant. Je ne serai plus stupide, je te le promets. »

Severus alors se laissa faire. Sa robe et sa chemise gisèrent au sol grâce aux doigts agiles du jeune sorcier. Harry s'attaqua ensuite à la ceinture, fit sauter le cran et défit les boutons du pantalon de flanelle. Severus autorisa tous ses gestes. La dernière fois, il avait été l'agresseur, et Harry avait fini par le rejeter. Il resta debout, sous le regard scrutateur de Harry. Il n'avait pas honte de sa nudité, mais il n'était pas comme Harry, il n'était pas parfait.

Le jeune homme lui sourit, confiant et chaleureux. Severus sentit s'envoler ses angoisses. Il désirait faire comprendre à Harry à quel point il le trouvait beau, à quel point il le voulait. Harry se pressa impatiemment contre lui, l'embrassa encore, et il oublia ce qu'il voulait dire; ou plutôt il renonça à former les mots. Il pouvait exprimer son désir autrement.

Harry serrait Severus dans une étreinte ardente, quand l'un d'eux – il ne savait lequel – tomba à genoux, entraînant l'autre dans sa chute. Harry incita Severus à rouler au-dessus de lui. Il couvrait sa peau de baisers et de caresses. Severus gémit, le souffle court, déjà étourdi par les vagues de plaisir qui montaient en lui. Harry se redressa légèrement, pour que Severus le débarrasse de son T-shirt, et ses propres mains tremblantes atteignirent son pantalon qu'elles firent glisser avec son sous-vêtement.

Enfin, ils étaient peau contre peau, fous de désir.

« Tu es sûr? » fit encore Severus.

« Si tu en doutes encore, je te jette un sort! »

Severus sourit, de ce sourire franc et jeune qui avait tant frappé Harry quelques mois auparavant, et il posa un regard affamé sur sa proie...

HPHPHPHP

Ils restèrent immobiles pendant quelques minutes, allongés sur le dos, côte à côte. Harry savait qu'un grand sourire était collé sur son visage. C'était mieux encore que dans son souvenir, car cette fois son coeur aussi avait été comblé. Il ne s'agissait pas seulement d'assouvir un besoin physique et il le savait.

Il tourna la tête et montra à Severus la joie qui l'éclairait. Severus ne put s'empêcher de lui rendre son sourire. Dans ses yeux noirs si profonds, Harry lut le bonheur et l'espoir, et ces sentiments reflétaient parfaitement ce qu'il ressentait lui-même. Il tendit la main pour effleurer le front blanc un peu ridé.

« A quoi tu penses? »

Severus avait une physionomie alanguie.

« Je pense que, la prochaine fois, je préfèrerai ton lit à ton tapis. »

Harry éclata de rire.

« Tu as raison. »

Puis il prit un air sérieux, solennel même.

« Tu m'as pardonné? »

Severus lui prit la main et la pressa dans la sienne.

« Merci, dit Harry. Je sais que j'ai été un imbécile. Bien des fois, j'ai voulu venir te voir. »

« Pourquoi n'es-tu pas venu? »

C'était toujours une plaie ouverte pour Severus...

« Je ne voulais plus être pitoyable. Je voulais me reprendre d'abord, reprendre le contrôle de ma vie et faire quelque chose dont je puisse être fier. Après seulement, je pouvais espérer... J'avais envie de te montrer que je t'avais écouté. »

« Je le vois. Tu as raison d'être fier de toi. »

La plaie de Severus venait de s'effacer, instantanément. Harry avait l'air trop heureux pour qu'il lui tienne rigueur de quoi que ce soit.

Le jeune homme s'étira, sensuel et joyeux.

« Il est temps d'aller voir nos enfants. »

« Nos enfants? » répéta Severus, redressé sur un coude, l'air narquois.

« Mais oui, nos enfants. Les seuls que j'aurai jamais, c'est certain. »

« Comment peux-tu en être sûr, demanda Severus, soudain grave. Tu pourrais regretter de ne pas en avoir d'enfants biologiques, et avoir envie de te remarier, un jour... »

Harry secoua la tête, sûr de lui, déterminé, et têtu.

« Je ne regretterai rien, ni l'année prochaine, ni dans vingt ans. Etre avec Ginny, c'était bien, c'était ce que je voulais quand j'avais quinze ans. Mais réaliser un rêve qui, au fond, ne vous convient pas, ça peut laisser un arrière goût d'insatisfaction. En ce moment, j'ai ce que je veux vraiment, crois-moi sur parole. »

Les yeux verts plongèrent dans les yeux noirs.

« Tant que tu seras près de moi. »

HPHPHPHP

Epilogue

Harry envoya un hibou à Arthur Weasley et à Ron pour leur demander s'il pouvait les rencontrer au Terrier. Il voulait leur parler du tour nouveau que prenait sa vie, car leur affection lui tenait à coeur. Cependant, ce ne serait pas facile à dire...

Monsieur Weasley se réjouissait du retour d'Harry dans leur monde. Il avait souhaité, très sincèrement, que son gendre redonne un sens à sa vie. La création de l'orphelinat lui avait procuré une grande joie. Il s'était même préparé à ce que Harry remplace Ginny. Après tout, le garçon avait toute la vie devant lui; il était naturel qu'il rencontre un jour une jolie sorcière qui le consolerait et lui donnerait une flopée de petits sorciers.

Il s'attendait donc à ce que Harry annonça, mais l'identité de « l'autre » lui causa un choc. Il en resta muet de saisissement. Ron ouvrit la bouche comme un poisson en manque d'eau et devint rouge pivoine.

« Severus Snape, bredouilla Arthur Weasley. Mais Harry... »

Ron, lui, savait pertinemment que son ami avait eu des aventures homosexuelles avant son mariage. Le choc était moins grand, mais tout de même brutal.

« Je croyais que tu avais choisi les filles! » s'écria-t-il, les yeux exorbités.

« Non, j'avais choisi Ginny, corrigea Harry calmement. C'est différent. Maintenant, j'ai choisi Severus. »

Arthur n'en revenait pas.

« Severus Snape? Répéta-t-il. Harry, il est beaucoup plus vieux que toi! Et je sais à quel point tu le détestais! »

« C'est du passé. J'ai compris beaucoup de choses depuis. »

Le visage de Ron était passé du rouge au vert. Il détestait se représenter son ami et son ancien professeur partager une relation physique...

« Harry, pourquoi? Tu pourrais avoir qui tu veux... »

« C'est lui que je veux. Il est intelligent et courageux comme personne! Il a lutté contre Voldemort en le regardant tous les jours dans les yeux. Il n'est pas très doué pour les relations sociales, c'est vrai, mais c'est quelqu'un de bien. »

Arthur Weasley le regardait avec perplexité.

« Je ne conteste pas son rôle pendant la guerre. Mais je l'imagine mal partager ta vie. »

« Il la partage déjà. Aussi incroyable que cela paraisse, nous nous entendons très bien. Nous sommes d'accord sur presque tout. Ce n'est pas juste une aventure. Je ne vous en parlerais pas, sinon. »

« Je ne te savais pas homosexuel, Harry », ajouta doucement Arthur.

« C'est plus compliqué que ça. Je peux être attiré par des femmes et des hommes, indifféremment. J'ai surtout besoin de développer des sentiments très forts. J'avais de tels sentiments pour Ginny, je vous le jure. Je voulais fonder un foyer, pour le restant de mes jours. »

Le visage de Harry se contracta. Le sort injuste de Ginny était toujours un sujet douloureux.

« Je le sais, dit Arthur Weasley doucement. Je ne douterai jamais de ton attachement pour ma fille. »

« Merci, Arthur. Je ne veux pas bafouer sa mémoire. Elle aura toujours une place particulière dans mon coeur. Mais aujourd'hui, je dois avouer que je suis amoureux, que je crois de nouveau à mes chances de bonheur. Je me suis plusieurs fois trouvé à la croisée des chemins dans ma vie, et je devais faire des choix. Je m'y retrouve une nouvelle fois et je ne crois pas me tromper. J'espère seulement ne pas perdre votre amitié. »

« Cela n'arrivera pas », dit Arthur fermement.

Le regard de Harry se posa alors sur Ron avec inquiétude. Le rouquin avait toujours du mal à digérer la nouvelle. Mais il fit un grand effort sur lui-même.

« Cela ne change rien, Harry. Tu es toujours mon ami. Et tu es toujours le pire idiot qui soit! »

Harry se mit à rire, surtout de soulagement.

« Je souhaite ton bonheur, reprit Arthur avec gravité, et j'espère que tu prendras les bonnes décisions. Je dois te dire que je suis un peu inquiet pour toi. Severus Snape est un homme difficile à cerner. Tu ne manques pas de courage, en le choisissant. Il n'a jamais rien fait pour toi... »

Harry leva la main pour l'interrompre.

« C'est lui qui a capturé Lucius Malefoy. Après la mort de Ginny, il a traqué son meurtrier durant quatre mois, au péril de sa vie, et il me l'a amené. Tout le monde se figure que c'est moi qui l'aie arrêté, parce que Severus a refusé de s'en attribuer le mérite, mais je n'ai fait que le livrer aux Aurors. »

« C'est lui qui a capturé Malefoy! s'écria Arthur Weasley, abasourdi. Pourquoi? »

Harry eut un sourire réellement merveilleux, rayonnant de tendresse.

« Parce qu'il m'aime. »

FIN