Merci donc à tous ceux qui lisent cette fiction, qui la reviewent et qui m'encouragent !
Chapitre 2 : Mélancolie.Janvier 1976, cinquième année.
Quelqu'un toqua à la porte.
« Oui. » Fit Lily d'une voix tendue.
La porte s'ouvrit et James passa la tête par l'entrebâillement.
« Je suis autorisé à entrer ? »
« Hum » marmonna Lily avant de baisser à nouveau les yeux sur son devoir de Botanique.
« Je me doutais que tu étais là. Ça va ? » S'enquit James.
Elle inspira profondément avant d'exploser :
« Non ! Rien ne va ! Je n'y comprends rien ! Et c'est à rendre pour demain ! Demain ! »
Il s'approcha et posa deux mains sur ses épaules en signe d'apaisement.
« Hé ! Du calme, Lily. Je vais t'aider, d'accord ? »
« Ok. » Accepta-t-elle d'un air soudain las.
Il s'assit à côté d'elle et tira les parchemins vers lui pour les lire. Durant la demi-heure qui suivit, il tenta d'expliquer le plus clairement possible à Lily ce qu'elle n'avait pas compris. Si bien, qu'en une heure, elle termina son devoir.
Elle rangea ses affaires. Le sourire était revenu sur ses lèvres et elle avait retrouvé son calme habituel.
« Lily ? »
« Quoi ? » Demanda-t-elle en se tournant vers lui.
Alors, à sa plus grande surprise, James colla ses lèvres contre les siennes. D'abord abasourdie, elle n'eut aucune réaction. Mais, ce fut comme si elle reçut une décharge électrique lorsqu'il essaya de lui faire ouvrir les lèvres.
Elle se recula vivement, les yeux élargis d'horreur.
« Mais… Mais enfin… James… Qu'est-ce qui te prend ? » Bafouilla-t-elle, confuse.
Sans la moindre gêne, il la fixa, son regard plus intense que jamais.
« Tu es plus qu'une simple amie à mes yeux. »
« Non ! » S'écria Lily « t'as pas le droit de me dire ça, James ! »
« Et pourquoi pas ? »
« C'était si bien comme ça… C'était simple. L'amour ça ne mène nul part ! »
Les mâchoires du jeune homme se contractèrent, ses yeux se voilèrent.
« Alors tu ne veux pas de moi, c'est ça ? »
« Bien sûr que si, je veux de toi, mais comme un ami, juste un ami… »
« Ça n'est pas suffisant. » Déclara-t-il d'un ton froid avant de fuir la pièce.
Lily se prit la tête dans les mains.
« Non, non, non ! » Gémit-elle.
Tout. Tout était fini. Elle l'avait lu dans le regard de James. Pour lui, c'était tout ou rien. Elle avait eu le malheur de dire rien…
Désormais, rien ne serait plus comme avant. Elle pensa à lui. Elle pensa à eux. Elle pensa aux autres. Comment allaient-ils réagir ? Les garçons soutiendraient James, c'était inévitable.
D'un geste rageur, elle tapa du poing sur la table. Maudit soit l'amour ! Voilà où ça la menait. Toute leur amitié était ruinée.
Le dortoir était endormi depuis bien longtemps quand Lily monta enfin se coucher. Depuis qu'elle était rentrée à Poudlard, elle se sentait d'humeur maussade et, pour se remonter le moral, elle avait passé la soirée aux cuisines. Comme au bon vieux temps…
Réflexion faite, ce n'était peut-être pas une si bonne idée d'aller là-haut. Son malaise n'avait fait que s'accroître. Elle se laissa tomber sur son lit sans avoir le courage de retirer ses vêtements. Elle enfouit sa tête dans son oreiller et étouffa un soupir de mélancolie.
Elle aurait voulu ne jamais voir les parents de James à la gare. Depuis, cette scène la hantait. Elle avait remué des choses bien trop douloureuses en elle et ébranlé beaucoup de certitudes.
Pour elle, l'amour avait toujours représenté douleur, tristesse ou colère. Elle ne comptait plus le nombre de fois où elle avait découvert sa mère pleurant toutes les larmes de son corps et pestant contre son père. Si être avec un garçon ressemblait à ça, Lily s'estimait parfaitement chanceuse d'être célibataire. Chaque jour, de nouveaux exemples venaient confirmer ses craintes. Unetelle était arrivée en pleurs dans la Grande Salle parce qu'untel l'avait quitté. Unetelle était folle de rage parce qu'untel l'avait trompé avec une autre.
Mais si Lily savait quelque chose de la vie, c'était aussi que tout n'était ni tout noir, ni tout blanc. Et il y avait une partie d'elle-même qui refusait d'admettre qu'un si beau sentiment puisque créer autant de souffrances. Le sourire béat qu'arborait Suzie quand elle rentrait d'un rendez-vous avec Josh en témoignait, il y avait forcément de bonnes choses à puiser dans ce sentiment. Malgré ses convictions, elle éprouvait le besoin d'expérimenter l'amour.
Lily ne savait pas, ne savait plus. L'amour, un nom bien commun pour une si grande chose…
Elle se tourna de côté et ferma les yeux. Pour l'instant, une chose était sûre : elle avait cours demain. Et si elle ne voulait pas avoir l'air d'une morte-vivante, il valait mieux pour elle qu'elle essaie de dormir un peu.
Lily contempla sa copie avec désespoir. Elle avait toujours eu du mal en Botanique mais avoir un P… ça ne pouvait tomber à un plus mal moment. Si encore il n'y avait eu que la note. Mais non, il avait en plus fallu que le professeur Chourave, une de leur plus jeune professeur, lui conseille de demander de l'aide à James Potter, parce que, une fois de plus, celui-ci avait parfaitement cerné le sujet.
Il n'y avait pas à dire, elle devait être maudite ces derniers temps.
La cloche sonna, marquant la fin de la journée et Lily se dirigea d'un pas lent vers la sortie.
« Allez Lily » fit une jeune fille brune aux yeux marrons foncés « Fais pas cette tête. Ça arrive à tout le monde de rater un devoir, c'est pas la fin du monde ! »
« Je sais Suzie, je sais… » marmonna distraitement Lily.
« Non, en fait, ce que Lily n'a pas supporté, c'est que Chourave lui dise d'aller demander à James de jouer les profs avec elle. » Fit Louisa.
Lily releva brusquement la tête et lança un regard noir à son amie.
« Quoi ? Je n'ai pas raison ? »
« Non, tu as tort. Ce qui me dérange ce n'est pas 'd'aller voir James pour qu'il joue les profs avec moi' mais d'aller voir James tout court. »
« Ecoute Lily, pourquoi vous ne vous expliquez pas une bonne fois pour toutes avec James ? »
« Premièrement, parce qu'il refuse catégoriquement de revenir sur le sujet. Deuxièmement, parce que son cerveau croule sous une telle couche d'arrogance que je doute qu'il soit encore capable d'avoir une conversation constructive avec qui que ce soit. Troisiè… »
« C'est trop facile ! Tu sais que James a changé depuis ce qui s'est passé après les BUSE et ça t'arracherait la bouche de le reconnaître. C'était juste une mauvaise passe pour lui… » répliqua Louisa avec conviction.
Lily haussa les épaules en signe de scepticisme.
« Forcément.. » soupira Suzie « S'ils sont aussi têtus l'un que l'autre… »
« Depuis combien de temps James ne t'a-t-il pas demandé de sortir avec lui ? »
Lily ouvrait la bouche pour répondre mais Louisa ne lui en laissa pas le temps.
« Depuis combien de temps n'a-t-il pas joué avec le Vif d'or qu'il avait volé en cinquième année ? »
« … »
« Depuis combien de temps arrête-t-il de se passer la main dans les cheveux ? Depuis combien de temps n'a-t-il pas levé sa baguette contre Severus Rogue ? Depuis… »
« C'est bon ! » s'écria Lily « Stop ! Qu'est-ce que ça peut faire que je réponde à toutes ces questions? »
« Ça peut faire que si tu en connais la réponse, tu n'es peut-être pas si indifférente à James que tu le laisses croire. »
Lily pâlit et dévisagea son amie avec surprise.
« Qu'est-ce que tu entends par là ? »
« Sois honnête avec toi-même, Lily. James aura beau faire toutes les maladresses du monde, tu garderas toujours en tête l'image du James que tu adorais en début de cinquième année. Et entre nous, je ne suis pas entièrement persuadée que tu le considérais uniquement comme un ami… »
« Je crois que j'en ai assez entendu pour aujourd'hui. » Souffla Lily avant de tourner les talons.
« Mais c'est bientôt l'heure de manger, Lily ! »
« Je n'ai pas très faim. » Marmonna la jeune fille par-dessus son épaule avant de disparaître dans le parc.
Suzie la regarda s'éloigné, l'air désolé.
« Une Lily qui n'a pas faim, c'est une Lily qui ne va pas bien. »
« ça lui manque… » murmura Louisa.
« Qu'est-ce qui lui manque ? »
« Tout. James, je parle du vrai James, sa complicité avec lui, la complicité que nous avions tous… »
Quand Lily se sentit fatiguée de marcher, elle rentra enfin au château. Les couloirs étaient pratiquement déserts, le repas paraissait fini depuis plus d'une heure.
Elle aurait voulu rentrer directement au dortoir, prendre une douche brûlante et se coucher mais son estomac en avait décidé autrement. Elle emprunta donc le chemin des cuisines.
Durant tout le temps où elle avait erré dans le parc, elle s'était refusée à réfléchir à ce que lui avait dit Louisa. Le flux d'informations avait été délivré en trop grande masse et à une allure trop rapide. Elle prendrait le temps d'y penser plus tard.
Elle arriva au tableau des cuisines. Machinalement, elle chatouilla poire et le tableau s'ouvrit pour la laisser rentrer.
Le problème, c'est qu'il y avait déjà des visiteurs dans la grande salle. Et pas n'importe lesquels.
« Tiens, Lily, je me disais bien qu'on ne t'avait pas vu au repas, ce soir. » L'accueillit Sirius en brandissant une cuisse de poulet à moitié mangée dans sa direction.
Malgré elle et malgré toute la tension qu'elle ressentait, Lily eut un faible sourire. En souvenir du bon vieux temps.
« Le grand mystère, Mr Black, c'est pourquoi, vous, qui semblez avoir assisté au repas, vous vous retrouvez là à dévorer comme un ogre ! » Déclara Lily.
« Question d'horaires. J'ai déjà rédigé deux lettres argumentées à McGonagall pour la convaincre de repousser l'heure du repas d'une minuscule demi-heure mais elle m'a dit qu'au lieu de perdre mon temps à faire des lettres stupides, je ferais mieux de me consacrer à mes études. C'est si dur la vie quand on se sent incompris ! » Soupira-t-il d'un ton théâtral.
Un petit rire amusé s'échappa des lèvres de Lily et, un bref instant, il lui sembla revenir en arrière, à l'époque où tout était encore simple.
« De toute façon, on s'en allait. » Déclara James en se levant.
La magie disparut et Lily retint un soupir. Le passé était le passé. Il fallait aller de l'avant.
Presque aussitôt, Peter et Remus imitèrent le garçon à lunettes et se dirigèrent vers la sortie. Alors qu'il passait à côté d'elle, James s'arrêta un moment.
« Tu n'as pas dit en Botanique si tu voulais, oui ou non, que je t'explique ce que tu n'as pas compris. »
Tous les muscles de la jeune fille se tendirent. Brutalement, toute la rancœur qu'elle éprouvait pour James Potter lui revint à l'esprit. Elle avait tellement songé au passé qu'elle en avait presque oublié qui était le James Potter actuel. D'ordinaire, elle aurait répondu non en bloc. Mais cette journée n'avait rien d'habituel.
Et si Louisa avait raison ? Et s'il avait vraiment changé ? Et si, sous cette couche d'arrogance, dormait encore le James d'autrefois ?
« Lily ? »
Elle réalisa alors qu'elle le dévisageait ouvertement depuis deux bonnes minutes.
« Euh… Je ne sais pas. J'y réfléchis et je te dis ça plus tard. »
Puis, elle se hâta d'aller s'asseoir en face de Sirius qui n'avait toujours pas bougé.
« Tu ne viens pas, Patmol ? »
Patmol ? Lily sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle n'avait aucune idée de ce que ce surnom signifiait, mais pour elle, il avait un sens tout particulier : il montrait à quel point ils s'étaient tous éloignés.
Sirius désigna une mousse au chocolat d'un air coupable.
« Je ne peux quand même pas l'abandonner à son triste sort… Je vous rejoins dans la Salle Commune dans dix minutes. »
Les trois autres garçons acquiescèrent avant de sortir dans le couloir. Un silence s'installa entre les deux jeunes gens restant. Silence que Sirius rompit rapidement :
« Je pense que tu devrais accepter l'aide de James en Botanique. »
Les épaules de Lily s'affaissèrent et elle poussa un profond soupir.
« J'en sais rien, Sirius, j'en sais franchement rien. »
« Ça t'engage à quoi ? »
LA question épineuse. Elle savait parfaitement que ça ne se limiterait pas à une simple explication du cours de Botanique. Le moment où ils devaient parler sérieusement était peut-être arrivé.
« Il a changé. » Plaida Sirius.
« Je sais… » souffla Lily.
Son cœur se serra. Au moins une chose qu'elle s'était enfin avouée.
« Mais ce n'est toujours pas le James d'avant… »
« C'est compliqué, Lily, il a des sentiments pour toi qui ont dépassé une simple amitié depuis longtemps. Il a mal réagi quand il a vu que ce n'était pas ton cas. »
« 'Mal réagi' ? C'est plutôt gentil… Il a complètement changé à partir de ce moment, Sirius ! Je n'aurais jamais cru qu'il aurait pu devenir aussi… aussi idiot et méprisant envers les autres ! Comme s'il avait quelque chose de plus que le commun des mortels… »
« Oui, mais ça a duré combien de temps ? Un peu plus de six mois et après il s'est calmé. »
« Peut-être. » Admit-elle d'un air buté « Mais ça a complètement détruit l'image que j'avais de lui. »
Sirius lui jeta un regard résigné avant de se lever.
« Réfléchis-y quand même… Bonne nuit, Lily. »
« Bonne nuit. » Murmura-t-elle juste avant que le tableau ne se referme sur Sirius.
S'il y avait une chose que James détestait, c'était se sentir extrêmement fatigué sans parvenir à trouver le sommeil. Ce fut ainsi qu'il se retrouva assis dans l'un des canapés de la Salle Commune de Gryffondors à contempler les flammes de la cheminée d'un œil vitreux.
Il pensait à beaucoup trop de choses pour s'endormir. Non. En réalité, à une seule chose ou personne. Mais à elle seule, Lily constituait un amas d'informations importantes.
Le tableau de la Grosse Dame pivota derrière lui et il se retourna brusquement.
Lily pénétra dans la pièce, la mine abattue.
« Tu as réfléchi pour la Botanique ? »
Elle sursauta violemment et porta une main à son cœur.
« Oh ! James, tu m'as fait une de ces peurs. Pour la Botanique… Et bien… Euh… Oui, pourquoi pas… »
Le jeune homme parvint avec la plus grande peine à masquer son sourire derrière un faux air sérieux.
« Dans ce cas, rendez-vous demain soir, à huit heures, dans la Salle aux Fioles. »
Il la vit déglutir péniblement.
« D'accord. » Dit-elle en un souffle, la voix tremblante « Bonne nuit. »
Avant qu'il ait pu répondre, elle se rua vers son dortoir.
« Bonne nuit à toi aussi, Lily. »
Ses mots se perdirent dans le silence de la Salle Commune.
Il comprenait son trouble. Il n'y avait même personne d'autre de mieux placer pour le comprendre puisque c'était dans la Salle aux Fioles que tout avait commencé. Il devrait plutôt dire : que tout avait fini. La salle où il lui avait avoué qu'elle était plus qu'une simple amie pour lui…
Le temps était venu où il lui faudrait revenir sur tout ça. Il avait toujours fait de son mieux pour l'éviter mais il y avait une fin à tout.
Février 1976, cinquième année
Cela faisait un mois que James l'avait embrassé. Et en seulement un minuscule mois, sa vie avait complètement basculée.
Tout d'abord, il refusait obstinément de lui parler. Il ne lui avait pas adressé la parole depuis ce fameux jour. Elle avait vainement essayé de le coincer dans un couloir ou un coin tranquille pour discuter avec lui mais il avait une technique d'esquive très au point. Résultat : il n'y avait aucun résultat.
Ensuite, comme elle s'y était attendue, Sirius, Remus et Peter avaient pris leur distance avec Louisa, Suzie et elle. Non pas qu'ils se montraient moins chaleureux ou amicaux, mais comme James ne pouvaient pas supporter qu'elle fut à cinq mètres de lui, ses amis respectaient son choix. Et cela lui brisait le cœur. Chaque jour elle se réveillait avec la crainte qu'ils lui reprochent tous d'avoir gâché le lien qui les unissait.
Les filles avaient été merveilleuses avec elle. Quand Lily était revenue en pleurs au dortoir, elles avaient fait preuve de tant d'attention que la rouquine avait eu l'impression que quelques morceaux de son cœur se recollaient. Seulement, tout ça n'avait pas empêché Louisa de faire plusieurs sous-entendus. Apparemment, elle était persuadée que Lily éprouvait plus que de l'amitié pour James ce que la jeune fille s'était empressée de démentir.
Non, vraiment, la vie pouvait parfois se montrer cruelle.
Elle était plongée dans ses pensées quand elle stoppa nette en plein milieu d'un couloir bondé d'élèves. Là, droit devant elle, James se tenait fièrement au milieu d'un groupe de filles qui gloussaient stupidement.
Mais que diable faisait-il ?
Ce n'était pas la première fois que James s'amusait à raconter des blagues aux autres mais généralement, Sirius, Remus et Peter étaient avec lui, leur public n'était pas constitué uniquement de filles et James ne se permettait pas de leur faire des clins d'œil aguicheurs !
Quelque chose se brisa en elle. Un mélange de surprise et de douleur monta en elle. Surprise car jamais James n'avait eu un tel comportement. Douleur parce qu'il lui semblait que quand un garçon faisait comprendre à une fille qu'il l'aimait, il n'était pas censé en draguer d'autres peu de temps après.
Elle tourna les talons et s'éloigna hâtivement alors qu'une terrible sensation l'envahisait. Elle essaya tant bien que mal de la repousser mais elle s'insinua en elle comme un poison.
Et si elle s'était trompée sur James Potter ?
