Chapitre 1 :
« Le songe d'une vie », livre idiot pour lecteur idiot. Voilà vingt minutes que je m'exerce à l'art d'être un parfait moldu en attendant un signe du meneur. D'ici quelques secondes, cette rue marchande ne sera plus qu'un vaste champ de corps. Je regarde au loin cette fille aux cheveux rouges parler d'une voix forte et agressive… elle ne sait pas ce qui l'attend.
Le maître m'a donné une seconde chance, acceptant la vie de ce crétin de Rogue en échange de la mienne… une chance que je ne compte pas laisser filer entre mes doigts.
Je jette un coup d'œil à l'horloge qui sali ce silence mortuaire par ses tic tacs incessants. Je m'efforce de penser que le faible retard rencontré n'est que fictif, après tout, cela fait un long moment que l'on prépare cette attaque et rien, je dis bien rien ne doit pouvoir mettre en doute notre efficacité. Pas même ce semblant de pitié que je semble ressentir pour cette jeune moldue allaitant son enfant.
Quatre heures moins dix, pas le moindre signe magique. Je commence à douter de plus en plus et évite de penser à ce que je vais devoir faire. Rien ne doit me détourner du but que m'a fixé le maître.
Puis j'entends une détonation, un éclair aveuglant et je me lève dans un sursaut. Déjà autour de moi, les gens sont à terre, ne respirant sans doute plus. Je ne dois pas rester ici… pas tant que la menace de voir apparaître les membres de l'ordre est si forte. Je tourne ma tête engourdie par trop de visions contradictoires et voit la femme au bébé laisser tomber par terre une poupée de chiffon. La traîtresse… je vois une mèche claire parsemer ses cheveux bruns. Je n'ai même pas été capable de décerner ce piètre déguisement. Suis-je réellement digne d'être ce que je suis ?
Je ne me prends pas le temps de m'attarder et court en direction d'une échappatoire, là où je pourrais marquer mes victimes sans me faire voir. Je trouve un escalier menant au second étage de la bibliothèque, je sais que là, je ne pourrais pas être vu et je serais capable de viser convenablement… mais hélas, mon manque d'expérience me joue des tours et je trouve une pièce ampli de mangemorts se battant tant bien que mal contre ces hommes indignes d'être appeler sorcier.
Alphus me fait signe de suivre une ombre parcourant les couloirs mal éclairés, en quête d'un abri. Je soupire et m'exécute, je sais vu la petite taille de l'ombre à qui je vais avoir à faire. J'accélère le pas, sachant pertinemment qu'il n'y a aucune sortie qui pourrait lui sauver la vie et je ne sens aucuns sentiments m'envahir lorsque je la vois s'arrêter. Un adolescent… sans doute à peine assez âgé pour rejoindre Poudlard. Je lève la baguette, emprise à une certaine haine contre moi. Je peux tuer des sorciers… pas des enfants sans défense.
- Vas-y gamin, on a pas le temps.
Gamin… je vais lui en foutre des gamins ! Lui et sa chemise à carreaux sortant de sa robe de sorcier. Manquerait plus qu'une vache à côté et on pourrait se croire dans un western.
- Avada Kedavra !
Tellement habituel qu'il n'y a plus d'intonation dans ma voix. Je détourne la tête et poursuis ma route en sens inverse.
Les murs défilent devant mes yeux et je sens mes ongles transpercer ma paume à force de serrer ma baguette contre moi. Je sais que je risque ma vie à chaque seconde dans cette établissement mais c'est aussi ça être mangemort : ne pas prendre en compte ses propres failles et faire de son mieux pour ne pas qu'on les voit. Sauf que voilà… à ce rythme on risque de perdre de nombreuses mains. Il paraît que seul l'entraînement peut nous tirer de ce pas, alors je m'entraîne à décimer des vies qui n'auraient pas dû être.
Une pièce sombre apparaît devant moi et j'y entends un souffle saccadé par la fatigue. Pour sûr, une telle course pour la vie sans être un grand sportif peut amener des réactions semblables à celle que perçoivent mes oreilles. Je glisse sous une table, n'allumant pas ma baguette pour ne pas être repéré et j'avance à tâtons. Il n'y a pas grand risque… un moldu contre un sorcier au sang pur… Pourtant je ne peux refreiner un sursaut en sentant ma main frôler une peau douce.
- Lumos !
Ma voix s'est mêlée à celle de cette intruse et je me retrouve avec une baguette pointée sur ma tempe.
La traîtresse… je la reconnais désormais. Sans ce voile dans les cheveux, je n'en reviens pas que cette furie est ici, devant moi… tenant ma vie par le bout de sa baguette.
- Alors vas-y Granger. Qu'est-ce que tu attends ? Tues-moi !
- On ne tue pas comme ça Malefoy… On juge avant…
- Comme si ce n'était pas déjà fait… Voyons… Drago Malefoy… Nouveau mangemort accompli… Traître aux yeux de Poudlard… Y'a-t-il quelque chose d'autre à dire pour ma défense ? Tues-moi !
Le pire c'est que je ne plaisante pas. Si vraiment elle pouvait le faire, ça m'arrangerait. Moi, mourir en martyre sous la joute d'une sang-de-bourbe. Mort pathétique pour un homme pathétique.
- TUES-MOI !
Ma baguette toujours allumée me laisse percevoir la blancheur de son visage. Des yeux pochés et des lèvres bleues… Si un jour j'ai pu lui trouver une quelconque beauté, ce jour là est révolu.
- C'est pas l'envie qui me manque…
- Ah oui et c'est quoi ? Le courage pourtant sans failles des Gryffondors qui te fait défaut ?
- Je dirai plutôt un semblant d'humanité que nous n'avons pas la chance de retrouver chez les gens de ton espèce.
- C'est vrai qu'il est beaucoup plus noble de livrer un homme aux détraqueurs pour un baiser… Alors vas-y, fais preuve d'humanité et refuse moi la mort que je demande…
- Rien n'est aussi simple.
- Achève moi !
- Je ne le ferais pas…
J'ai encore sur mes lèvres ce sourire tellement idiot que mon père m'a légué. Je tremble de haine et de honte… Je veux sa peau… J'ai honte de voir la mienne faite prisonnière par ses mains.
Dans un mouvement d'humeur mal contrôlé, je prend sa main et presse un peu plus le bout de sa baguette sur ma tempe… Elle ne le fera pas… je le sais et je me délecte du dilemme qui la rend plus vulnérable encore.
- A quoi tu joues ?
- J'aime voir la sois disante plus brillante élèves de Poudlard en plein dilemme… J'avoue que je te croyais plus perspicace que ça Granger. Tu veux que je t'aide ? D'un côté si tu me tues, tu fais de ta petite personne une meurtrière et surtout… tu acceptes ma demande. Si tu ne le fais pas… c'est idiot, tu en crèves d'envie n'est-ce pas…
- Je ne le ferais pas…
- Ah oui c'est vrai… jugement. Suis-je coupable… un doute ?
- Aucun doute, tu l'es…
- Mais ?
- Mais peut-être que ce n'est pas de ta faute… tu es juste… influençable.
Une explosion se fait entendre, elle sursaute, lâche sa baguette et j'en profite pour disparaître dans un claquement. Je me retrouve dans cette maison qui fut la mienne durant les premières années de ma vie. Des murs vieillis et de l'argenteries à perte de vue. Dans deux heures, je devrais retourner devant mon maître mais d'ici là…
Ce mot résonne dans mon esprit comme un écho sur les flancs d'une montagne : « influençable »… Je ne pense pas l'être… je suis juste soumis à cette vie que l'on a choisi pour moi. Une vie à laquelle je me suis fait… Même si ce parfum qui semble coller à ma peau me le fait regretter un tant soit peu.
