J'ai trouvé refuge dans cette auberge déplorable qui surplombe le chemin de Traverse et voilà maintenant une semaine que j'en suis arrivé à un niveau où je n'attends plus qu'une chose : rejoindre enfin Poudlard, finir mes études et quitter le pays pour faire ma vie là où l'on n'aura pas l'idée de venir me chercher. Pathétique n'est-ce pas ?

Cacher au plus profond de moi ce trouve un désir plus intense encore : que cette fichue guerre cesse enfin et que je puisse savoir où est ma place. Si Voldemort atteint son but, il ne pourra m'évincer, moi le sang pur. S'il n'y arrive pas… chose totalement impossible. Finalement, ma place n'est pas aussi mauvaise. Il m'a évincé mais je ne déplore pas ce fait… ma hargne envers ces hommes commencent même à disparaître, qui l'aurait cru. Maintenant, il n'est pas dit que je les rejoindrai de sitôt.

On frappe à ma porte et je ne me lève même plus, je sais que quoi qu'il arrive, la personne entrera… presque par surprise pour vérifier que je ne fais rien de déplorable. Allongé sur mon lit, la tête tournée vers des poutres pourries, je ne pense pas que ce soit le cas.

Je ne lève pas le visage quand j'entends les pas s'approcher de plus en plus, un léger regard et j'aperçois la silhouette d'un homme aux cheveux roux. Weasley père… il ne manquait plus que ça. Je me dis que je dois réellement être dans un état pas possible pour le laisser entrer ici, voir mes affaires personnelles étendues aux quatre coins de la chambre…

D'ailleurs il semble avoir un petit problème avec ce fait. Car à peine ai-je eu le courage de l'affronter que je le vois l'air perplexe en regardant ce bazar.

- Je pense que tu devrais ranger tout ça…

- Ah oui ? Et pourquoi faire ?

Pour qui se prend-il à me faire des leçons de morale ? Dois-je lui rappeler dans quoi ils vivent, lui et toute sa petite famille de rouquins dégénérés ?

- Pour montrer ta marque de respect envers les personnes qui t'offrent leur toit.

- Ils ne me l'offrent pas, vous l'achetez…

- D'accord… donc pour montrer que tu nous es reconnaissant de ce que nous t'offrons.

- Ca m'étonnerait que ça soit de vous en particulier… vu dans quoi vous vivez… même cette chambre plus que misérable vaut bien plus que le tas de pierres qui vous sert de maison.

Hop… touché le point sensible… il fulmine mais sa conscience le pousse à se taire. Je me demande jusqu'où il va pouvoir aller…

- A propos, pourquoi êtes-vous là ? Bien par obligation ? Ou… vous avez tiré à la courte paille et vous avez perdu ?

- Tu devrais te dépêcher de ranger…

- Oui je sais… personnes ne le fera pour moi. Pas même un elfe en fin de vie, vendu en solde dans la dernière vente aux enchères. Hôtel miséreux seulement fréquenté par des hommes en perdition.

- Je vois au moins que tu es conscient de ta position.

Il fait de l'humour là ? Et mon point dans sa tronche de rouquin, ça le tente ?

Je le fixe sans sourciller, histoire de lui faire comprendre que je n'ai aucunement l'envie de rire à ses blagues vaseuses, ou même d'y sourire. Et le pire dans tout ça, c'est que vu sa tête, j'en viens à douter de la partie ironique du propos.

- En tout cas, on va faire de notre mieux pour te sortir de cette position… mais on ne peut pas le faire tout seul.

- Vous attendez quoi là ? Que je vous dise que je vais me mettre à vos pieds et réagir à vos moindres caprices ?

- les caprices pour le moment, s'il y en a un qui les fait, c'est bien toi. Alors tu vas me faire plaisir…

- … même pas en rêve…

- … tu vas cesser de jouer l'enfant gâter et réagir un peu ! J'ai élevé sept enfants et c'est pas un morveux pourri gâter et baigné dans le caviar qui va me faire plonger !

Caviar ? C'est quoi ça ? Il essaie de me rendre misérable en sortant des mots qui à l'occasion ne tiennent leur existence que dans l'esprit de ce vieux barge.

Surtout Drago, ne te laisse pas impressionner…

- Elevé ? Comme on élève des lapins dans une cage ? Ca j'avais compris… sept enfants… ça ne peut être que de l'élevage.

- Un terme que tu ne comprends pas… pour éclairer ta lanterne et faire briller une étincelle de génie dans ton esprit, je vais t'expliquer ça en quelques mots… élever signifie entre autre : leur éviter le désagrément de se retrouver dans un hôtel alors que ses parents sont les esclaves d'un homme qui veut faire de ce monde le sien. Elever c'est aimer et ne jamais rejeter.

Je grimace… je ne peux comprendre comment on peut déballer de telles choses. Il n'a donc aucune fierté ?

- « failamalle » !

Et voilà que le peu de mes affaires traînant à terre s'envolent une à une et viennent se poser dans se sac déchiré qui me sert de valise. J'ai peur de comprendre ce que cette mascarade veut dire et entend Weasley père confirmer :

- Il est temps de partir, le train part à 11 heures.

- Le train ?

- On a prit la décision de te laisser rejoindre Poudlard.

Poudlard… Serpentard… si j'y retourne, je n'aurais d'autre choix que de supplier mimi pour qu'elle m'offre la possibilité de hanter les toilettes des filles… quand je serais réduit à l'état d'un simple esprit par ces enfants de mangemorts non révélés.

Et me voilà sur le quai d'une gare amplis de sorciers qui me dévisagent avec un air de profond dégoût sur le visage. Je m'avance en titubant sous ce sac qui me fait perdre l'équilibre et sent ce Weasley prendre mon bras pour m'obliger à le regarder. S'il c'est sa mort qu'il veut, il attendra qu'on soit de nouveau en tête à tête.

- Tu vas t'asseoir dans le Wagon adjacent à celui des préfets. Tu ne risques pas d'y être dérangé.

Ca c'est sûr… s'il y a bien un endroit ou personne ne vas, c'est ce Wagon. Les élèves préfèrent encore s'entasser dans un petit périmètre ou même s'asseoir dans les couloirs que fréquenter le wagon des chouchous…

Je n'ai pas le temps de protester qu'il me pousse vers la première porte et je le vois s'éloigner vers une bande très reconnaissable par ses cheveux roux. Enfin… a part une tâche brune et une autre châtain que je reconnais comme étant celles de Potter et Granger.

Ils me défient de leur regard sombre et je leur souris mine de rien, faisant monter dans la tête de ce cher Potter une pression intense qui le pousse vers l'envie d'user d'un sortilège impardonnable.

Un wagon vide… des banquettes qui semblent presque neuves à la vue du fait que personne n'a du si asseoir depuis pas mal de temps. Je me laisse tomber sur l'une d'entre elle et balance mon sac par terre, me foutant pas mal du boucan que ça va amener.

Puis j'attends que le train démarre enfin en me préparant à un long voyage en solitaire. Sauf que… a peine le wagon s'est-il mis à tanguer qu'on vient frapper à ma porte et l'ouvrir à la volée : McGonnagall. Je la défie du regard et elle ne lâche pas le ton sévère qu'elle semble naturellement donner au sien.

- Mr Malefoy… la réunion des préfets.

Non seulement elle a reprit le terme officiel du monsieur et en plus de ça, elle m'annonce une chose que je ne peux croire.

- Comment ça ?

- Et bien vous êtes préfet non ?

- J'étais…

- Et vous croyez qu'on perd ce rôle comme ça ?

- Je pensai que la tentative de meurtre sur un directeur pouvait effectivement mener à ça.

- Cesser ce genre de propos narquois. Il ne s'est rien passé l'année dernière… et ce qui va nous préoccuper cette année, c'est votre protection au sein de l'établissement. Si pour cela, on doit vous laisser le privilège d'être Préfet en chef, nous le ferons.

- En chef ?

- Exactement… ça vous permettra d'avoir votre chambre au près de celui d'un professeur.

Rien que ça… noël avant l'heure… chambre à côté d'un prof… préfet en chef… si avec ça je vole pas la vedette à Potter, je ne sais pas ce qu'il faut que je fasse.