- Où allez-vous Mr Malefoy ?

Je me retourne en soupirant. Je fuyais, je l'avoue. Comment rester ici en sachant qu'à la minute où Granger se réveillera, je serai un homme mort. Pourtant, je n'ai pas le courage de me battre et je fais demi-tour pour suivre cette vieille chouette jusqu'à son bureau.

- Buvez ça.

Voilà, finalement, je ne vais pas attendre le réveil de Granger pour avoir une mort pathétique… Oh bien sûr, il me suffirait de faire semblant de boire ce veritaserum mais pour quoi faire ? J'en ai marre de toute cette mascarade je ne sais pas où j'en suis et si tout pouvait s'arrêter, ça ne serait pas plus mal.

Le nectar glisse dans ma gorge et je m'en délecte comme la première fois. J'avais oublié que j'avais soif.

- Vous allez tout me raconter de votre journée… du début jusque la fin.

Et je me lance dans un monologue lassant, relatant tout de cette lettre de menace reçue le matin même jusqu'au rendez-vous au nord du saule cogneur.

- Vous n'avez pas eu un instant l'idée de prévenir quelqu'un pour vous venir en aide ?

- Non, pas si c'était pour perdre votre confiance.

- C'est votre vie que vous avez failli perdre… Vous n'aviez pas vu que Miss Granger était derrière vous à ce moment là ?

- Non, je n'en avais aucune idée. Je l'ai vu seulement quand… quand mon père est reparti.

- Votre père Mr Malefoy… Personne d'autre ?

- Non… juste mon père.

- Puis-je savoir ce qu'il est venu vous dire ?

- Il m'a demandé de suivre les ordres qu'il me donnait dans les lettres.

- Je pensais qu'ils vous avaient évincé. N'est-ce pas ce que vous nous aviez dit ?

Salazar dis moi quand tout ça va cesser. Elle me fatigue avec ses questions et le pire dans tout ça, c'est que je connais déjà la fin de cette histoire. Finir ma vie dans un trou à rats. Car non, ils ne me tueront pas… ils se contenteront de me faire souffrir.

- C'est ce que je vous ai dit et c'était vrai.

- Je n'en doute pas Mr Malefoy. Vous pouvez disposer et… désormais, veuillez nous prévenir lorsque vous aurez ce genre de nouvelles…

Et en plus elle croit être drôle à me faire souffrir comme ça. Je reste assis et j'attends patiemment qu'elle m'annonce ce que sera réellement la fin de ma nuit… de ma vie. Sauf que…

- Je vous ai demandé de disposer.

- Quoi c'est tout ?

- Bien sûr que c'est tout. Vous vous attendiez à quoi ?

- Je… pas à ça.

- Vous avez fait preuve de bravoure aujourd'hui… c'est la seule chose que vous devez retenir. Pour le reste… je suppose que tout le monde fait des erreurs non ?

Là soit c'est un gros piège dans lequel je tombe les yeux fermés, soit elle est devenue complètement sénile.

- Ca ne va pas ? Reprenez un peu d'eau…

Elle me fait un signe de tête vers le verre que je viens de poser et un monde s'écroule autour de moi. De l'eau… pas une seule trace de cette potion de vérité. J'ai tout déversé avec de l'eau. Quel crétin.

- Vous devriez peut-être passer la nuit à l'infirmerie… vous m'avez l'air très… choqué.

Je ne réponds pas et je me retrouve malgré moi allongé sur un lit aux draps blancs, regardant Weasley tenir la main de sa dulcinée endormie. Pathétique… Je tire le rideau d'un geste las… moi qui avait cru échapper au réveil de Calamité Granger… La nuit risque d'être courte.

Et en effet, elle fut courte. Je tente de jouer à l'endormi mais je ne peux qu'entendre les gémissements que laisse échapper cette sang de bourbe… fatigué, agacé et énervé contre cette infirmière qui n'est pas capable de faire son boulot, je me lève et me dirige vers elle d'un pas tanguant. Mon seul espoir était qu'elle fut encore endormie, mais ce n'est pas le cas. Raide et froid, son corps trahit la psychose qu'elle est en train de vivre.

- Granger… tu m'empêches de dormir.

Ses lèvres tremblent et sa main attrape la mienne sans que je ne puisse faire quelque chose pour m'en dégager. Dans d'autres circonstances, il m'en aurait fallu deux fois moins pour refreiner une envie de vomir.

- Ils sont là ?

- Qui ça ? Les monstres qui se cachent sous ton lit ? Par pitié ne me demande pas d'aller vérifier.

- Les mangemorts Drago, c'était bien eux hein ?

- Oui…

Elle m'a appelé Drago ? Ce détail qui en est un me trouble. Et je suis incapable de dégager mon regard de ses yeux brillants.

- McGonagall m'a dit que… que tu avais visé l'un d'eux.

- Tu t'en souviens ?

Elle me dit non de la tête et je me sens respirer de nouveau. Tout irait pour le mieux si elle ne tenait pas fermement ma main dans la sienne et si elle n'était pas disposée à la garder prisonnière.

- Tu dois dormir…

- Reste-là…

- Tu te rends compte de l'absurdité de tes propos Granger ?

- Je ne veux pas rester seule.

- Là ça me rassure… c'est pas moi que tu veux mais quelqu'un… dis moi… on parle du courage légendaire des Gryffondors… où est le tien ?

- Au même endroit que ton ambition de serpentard.

Elle m'a vaincu… ce soir, rien ne va… je ne suis pas celui que je veux être, au même titre que le choc de cette attaque l'a touché. Je ne peux pas la blâmer. Cette Hermione n'est pas Granger et je la préfère ainsi.

Je m'assois sur une chaise, maugréant contre ce collège qui n'a même pas les moyens de mettre des fauteuils auprès des lits. Cette fois, je sais que je ne dormirai pas. Et tant mieux, j'ai une chose à faire qui attendra tout juste le petit matin. Je ne dois pas le rater.

Elle par contre, ne met pas longtemps à trouver le sommeil… et quand ceci fut fait, je ne sais pourquoi je n'ai pas trouvé la force de retrouver mon propre lit. Je la regarde comme un idiot, la fille à qui j'ai sauvé la vie. C'est bizarre cette sensation qui s'empare de moi… Je suis heureux de voir le soleil forcer les rideaux… au moins, je n'irai pas jusqu'à penser des choses réellement honteuses pour quelqu'un de mon rang.

Les couloirs sont vides et le chemin jusqu'à la volière me semble plus monotone que jamais. Je sais ce que je vais faire et j'en suis tellement sûr que je n'y pense plus. Ceci fait, je suppose qu'il ne se passera plus de choses dans le genre avant très longtemps. Et d'ici là, j'aurai trouvé le courage de tout dévoiler… d'un côté ou d'un autre.

Ma main tremble sur le parchemin et mon écriture rythme la danse mortuaire de cette lettre :

A ceux qui attendent de moi d'être ce que je devrais être,

J'ai bien reçu tous vos messages et cette nuit m'a éclairé sur ma position vis-à-vis de vous. Il est maintenant clair que mon destin ne peut être différent de celui que notre maître a décidé. Je suis certain d'œuvrer pour rendre au monde toute sa virtuosité. Ainsi, c'est un grand honneur pour moi, d'avoir reçu un ordre mettant en cause une participation si grande.

Je m'excuse pour ces quelques jours où je fus baigné dans un brouillard qui me faisait perdre toute notion de prestige, et vous prie de m'envoyer en retour les prochains ordres.

D.M.