Encore une journée comme les autres… petit déjeuner dans la grande salle et soupe à la grimace à la table des serpentards. Qu'est-ce qu'ils peuvent être lunatiques ceux-là. Mais après tout, je ne les changerai pas.
Je retourne à la lecture de ce journal qui traînait là depuis un moment et ignore la silhouette de Granger qui s'approche de moi. En vain puisque la voilà qui m'impose une tape sur le dos et commence son monologue sans quitter du regard ce groupe de premières années qui joue à « qui touche gagne ».
- On commencera le tour des couloirs une heure plus tard ce soir. Avec le match de quidditch des Gryffondors contre les Serdaigles, le professeur McGonagall estime qu'il vaudrait mieux laisser un peu de temps à chacune des deux maisons pour fêter leur victoire.
- Donc en clair, ce soir on commence par la tour des Gryffondors et on finit par celle des Serdaigles.
- C'est pas ce que je viens de dire Malefoy.
- Si, tu viens de dire qu'il fallait laisser le temps aux gagnants de savourer leur victoire. Tu ne penses quand même pas voir les Gryffondors l'emporter cette fois ?
- Tu m'exaspères. Tout ça pour te dire que ce serait sympa d'être à l'heure cette fois… je compte pas me coucher au lever du soleil.
- Bien bien…
- Tu… rien à ajouter ?
Son regard est suspicieux mais je suis trop occupé à lire sur les lèvres de ces premières années pour prendre le temps de lui répondre. Ils ont trouvé leur cible et s'ils n'étaient pas aussi trouillards, ça ferait un moment que ma chère consoeur se serait retrouvée avec un bol de flocons d'avoines pour masque de beauté.
Je relève mon regard vers elle, un sourire en coin, torturé entre l'envie d'assister à ce spectacle divertissant et mon devoir de mangemort qui m'impose un semblant de sympathie à son égard.
Des chouettes rentrent dans la salle… une lueur noire… je choisis mon camp. Ma main empoigne son poignet avec force et je la fais basculer sur mes genoux sous le brouhaha de ces débutants en la matière. Une bouillie jaunâtre vient voler au dessus de nos têtes, lui arrachant un cri strident de fillette. Me voilà jubilant tandis que les fautifs s'enfuient avec leur courage.
J'ai tout juste le temps de relever la tête que je vois un éclair fendre le plafond et stupéfixier les jeunots. Salazar merci, le petit prof que je considérais comme un gnome est passé par là. Avec la rapidité d'un vautour, il me livre ces inconscients et je jubile devant la mine dépitée de Granger. Cette fois, j'ai eu le dessus.
- Dis-moi Granger, t'attends que je te donne la béquée aussi ?
Je la vois rougir en me lançant son coup d'oeil assassin. Enfin elle libère mes jambes et je me lève pour rejoindre les nouvelles statues sous le regard de la grande salle.
En un coup de baguette, je les libère du sortilège et leur fait signe de rejoindre le couloir, bientôt suivis par Granger qui sans doute vient s'assurer que quelqu'un pâtira de ce moment de solitude intense.
- Qui touche gagne… vous ne savez pas viser… Ca va peut-être vous étonner mais je sais qui a fait ce coup… qui aurait pu être drôle si réussi. Donc pour vous donner la possibilité de vous entraîner, je vous y colle tous les six… une semaine de retenue avec…
- Les elfes de maison.
Elle a de ces pensées parfois… mais j'avoue que cette idée me plaît autant que je l'aurais détesté si on avait dû me l'infliger. Je la regarde et l'écoute poursuivre sous le grognement des six autres.
- Ca vous permettra de voir ce que c'est que de nettoyer les dégâts faits par des élèves qui n'ont aucun respect pour autrui.
La voilà qui nous tourne le dos et rejoint de nouveau ses amis… me voilà seul avec ces six là qui me dévisage avec une expression de dégoûts qui ne me fait ni chaud ni froid.
- T'es un traître Malefoy… et les traîtres sont punis.
- J'ai surtout un devoir et que vous soyez de ma maison ou pas, je me dois de m'y conformer.
- On ne parle pas de ton rôle de préfet…
Et me voilà de nouveau seul dans un couloir. Je soupire et décide d'aller finir mon jus de citrouille. Mais avec la chance que j'ai, je ne serais pas surpris de ne plus le trouver à sa place.
Qu'est-ce que je peux être pessimiste… Qui aurait voulu d'un verre à moitié vide ? Le voilà devant mon journal et je le saisis pour le boire d'une traite.
Je n'ai jamais vécu un cours aussi long que celui là… long et mortel. J'en ai la nausée rien qu'à y penser et ma vue se trouble bizarrement. J'aimerais dormir… dormir et faire cesser ce mal de tête qui vient fignoler le tout.
Je suis incapable de voir la silhouette du professeur, comme volatilisé, je ne perçois que du brouillard et de temps à autre un bourdonnement semblable à une conversation lointaine.
Mes membres s'engourdissent et je ne peux que sentir une substance chaude quitter mon corps par la bouche sans pouvoir l'en empêcher. Je ne maîtrise plus rien et mon esprit semble enfin quitter ce corps qui se fait de plus en plus douloureux de minutes en minutes.
- Un empoisonnement sans doute… les symptômes le trahissent. Mais nous n'avons pas encore trouvé par quoi et surtout par qui…
Et dire qu'on parlait d'un Poudlard sûr. Le pauvre gamin qui s'est fait empoisonner doit bien en rire. A moins qu'il n'en soit mort.
Mes yeux sont fermés et je dors. Ce rêve est bizarre quand même… ça me prend pas mal d'effort de comprendre de quoi peuvent parler ces voix qui s'éteignent et se rallument au rythme de ma respiration.
- Personne n'a rien vu ?
- Ceux qui étaient à cette table, sans doute mais comment les faire parler.
Je dors peut-être mais je ne suis pas fou, ils parlent de la table des Serpentards. Pour qui nous prennent-ils ? On est solidaires… parfois.
- Il me semblait bien que l'appartement en dehors ne serait pas du luxe. Mais j'ai bien peur que ça ne soit plus suffisant. Il va falloir renforcer sa protection et éviter le plus possible qu'il ne soit en contact avec d'autres élèves.
Et bien celui-là n'est pas sorti de l'auberge, Poudlard va devenir pire qu'une prison…
