Les jours se suivent et ni elle ni moi n'avons plus reparlé de cette fameuse nuit. Personnellement, j'essaie de ne plus y penser et j'y arrive. Les souvenirs deviennent flous et je me concentre sur ma mission… enfin… Il est faux de dire que je fais de mon mieux, je l'avoue… j'ai de la sympathie pour cette fille, et oui, je l'avoue j'en ai presque honte. Mais en même temps, qui ira le savoir ? Oui je passe beaucoup trop de temps avec elle mais, c'est ça aussi ma mission non? Me rapprocher d'eux pour mieux les vendre ?
Alors je l'écoute me déballer sa vie et tout sur cet idiot de Weasley qu'elle n'arrive pas à oublier, jusqu'à ce qu'elle se rende compte que c'est à moi, Drago Malefoy qu'elle parle. Parfois même elle se met à pleurer et va se cacher derrière un livre dans notre salle de travail. Alors je la laisse tranquille et lui apporte une simple tasse de thé, avec un sucre et demi et une demi cuillère de sirop de violette.
Après ça, qui pourrait encore me dire que je fais mal mon travail ? Je suis appliqué, c'est certain et je redoute le jour où… je devrais l'achever de mes mains.
Cette fois pourtant, ce fut le reniflement de trop. Je suis incapable de dire pourquoi ça m'exaspère autant. Peut-être parce qu'il me paraît improbable de pleurer pour un crétin comme Weasley… improbable qu'elle ait cédée au jeu si futile qu'est l'amour… improbable qu'on puisse pleurer pour ça alors qu'on a tout juste l'âge pour un mariage forcé. L'amour n'existe pas et cette chose que j'ai assimilée depuis bien longtemps, elle vient de le comprendre de la plus rude des façons.
- Cesse de pleurer tu veux… ça ne le fera pas revenir.
Je sais, j'ai peut-être pas les mots pour remonter le moral, mais faut pas trop m'en demander quand même. Il s'agit de Granger la sang-de-bourbe, je vous rappelle.
- Puis surtout, je te rappelle qu'il va arriver d'une minute à l'autre… t'as peut-être pas envie qu'il te voit dans cette état là… Ca me coûte de dire ça mais je pense que tu as trop de fierté en toi pour te rabaisser à ce niveau là…
Comment fait-elle pour me jeter un regard aussi noir alors qu'il est mouillé par des larmes intarissables ?
Habituellement, j'ai toujours un mouchoir dans ma poche et tout aussi habituellement, je viens vers elle pour lui tendre. Cette fois pourtant elle me regarde et ses larmes redoublent encore.
- Quelle imbécile je suis pour pleurer devant toi…
- Quel imbécile est-il pour te pousser à pleurer devant moi…
Il en faut vraiment de la volonté pour lui dire de telle chose… quoique…
- Pourquoi est-ce que tu es comme ça avec moi ? A quoi tu joues Malefoy ? Tu veux me faire chanter c'est ça ? J'ai plus rien à perdre tu sais…
Je tire sa chaise d'une main forte et m'installe sur la table en face d'elle. Je ne veux pas qu'elle puisse croire un instant que sa soudaine sincérité va faire plonger ma partielle confiance en moi.
- Je ne suis pas le seul à me montrer sous un nouveau jour, non ? Je me pose aussi beaucoup de question sur toi… pourquoi es-tu aussi faible que ça… ça me déçoit presque. Je te croyais battante…
- Tu sais de quoi tu parles, non ? Des déceptions amoureuses, tu en as déjà eu…
- Joue pas à ça avec moi… j'ai eu l'intelligence de ne pas m'attacher à mes conquêtes… Pourquoi être buté et croire qu'on est assez fort pour passer au dessus des défaillances de ce sentiment ?
- C'est l'espoir qui fait vivre…
- Il n'y a pas plus pauvre que celui qui ne vit que d'espoir…
Elle me fixe encore et toujours… qu'est-ce qui m'a pris de dire qu'elle n'était pas une battante… Elle l'est, c'est certain. Et son regard rempli de tant de choses arrive à me faire tomber de mon piédestal.
- A quoi ça sert de vivre une expérience sans espérer qu'elle aille plus loin qu'une simple histoire de…
- De ?
Cette fois elle baisse la tête… Sainte Hermione, certains mots embarrassent encore ta conscience.
C'est pas de ma faute… elle me pousse à chercher ses limites. Celle là en est une mais elle sert de bouclier à…
Ma main glisse derrière sa nuque et mon corps quitte cette table. Elle a enfin levé les yeux vers moi et je ne peux plus reculer… je ne le veux pas. Je dégage les quelques mèches qui entravent l'objet de mon désir… ses lèvres qu'elle ne sait pas encore exploiter tout à fait. Je ne sais pas si elle va me repousser… mais mes expériences passées ne laissent aucune place au doute.
Mes yeux se clorent et mes lèvres ferment la distance qui les sépare des siennes. Je ne veux pas la brusquer et arrête là cette expérience qui redeviendra honteuse quand elle ne sera plus auprès de moi.
- On a du boulot…
Potter et Weasley… pourquoi ne sont-ils pas arrivés juste quelques secondes avant… ou après ?
- Vous êtes surtout en retard. Prenez garde, j'aurais eu le temps de la violer plus d'une fois.
- Tu te crois drôle Malefoy ?
- On n'a pas la même notion d'humour à ce que je vois Potter… Le sujet du jour ?
- Faille à la volière.
Bon sujet en perspective… Nous voilà à parler de volatiles. Enfin, je connaissais déjà le problème comme ils disent et je suis étonné que rien n'ait été fait auparavant. Jusqu'à ce que Hermione dise :
- Si on bloque l'accès à la volière… Poudlard deviendra pire qu'une prison.
- Sans oublier le fait qu'on n'est pas obligé de recevoir et d'envoyer les hiboux de la volière.
C'est qu'il est perspicace parfois Weasley… Ils sont exaspérant quand même. Parler d'une chose sans solution. C'est génial… Je me doute qu'ils ne peuvent pas se permettre de parler de leurs missions ou techniques d'attaques devant un suspecté mangemort mais quand même, me faire subir ça…
- Y'a aucune solution… à moins de menacer de tuer chaque fraudeur… Faites pas cette tête là. Je plaisante… Quoique l'Avada Kedavra n'est pas aussi dur à lancer.
Trois regards froids sur moi… je n'aurais pas dû dire ça et je pense que j'ai plutôt intérêt à me faire petit.
La réunion se finit enfin et je me retrouve une fois de plus seul avec Granger. Intéressant…
- Tu te rends compte de ce que tu viens de dire ? Et après tu veux qu'on arrête de te suspecter. Tu sais qu'à l'heure qu'il est, tes paroles viennent sans doute d'être rapportées…
- Peut-être…
- C'est tout ce que ça te fait ?
Salazar faites la taire… Je hausse les épaules et tente le tout pour le tout. Une nouvelle fois, je la torture dans son estime en déposant un simple baiser sur ses lèvres et fais demi-tour pour rejoindre ma chambre avant que…
- Malefoy ! Ca ne veut pas dire que…
- Différence entre sentiments et simple désir…
Salazar baffe moi, je viens de dire que je la désirais, non ?
Retour sur terre sans parachute. Déjà dans ma chambre un hibou m'attend et mon sang ne fait qu'un tour. Ils ne peuvent pas être au courant hein ?
Cher Mr Malefoy,
Nous avons le regret de vous informer de la mort de votre père Lucius Malefoy en ce jour du 24 avril. Son corps vient d'être retrouvé et porte la marque d'un meurtre. Nous serons fier de ce qu'il a fait en tant que mangemort réputé et c'est avec tous les honneurs qu'il a quitté la vie.
Néanmoins, étant le seul fils de vos parents, vous prenez donc la direction de ses affaires. Mais en vue de la loi 15/3 des règles établies par notre mage pour la protection des sorciers au sang pur, votre famille ne récupéra tous ses droits et prestiges que lors de la venue au monde de votre premier fils, né de l'union de votre sang à celui d'une famille tout aussi pure.
Dans le doute nous vous rappelons qu'est considéré comme sang pur toute famille ne comptant que des membres sorciers depuis au moins 7 générations.
Je vous prie d'agréer toutes nos condoléances…
Et bien on ne peut pas dire qu'ils soient très doués pour annoncer ce genre de chose. Mon père est mort. Rien dans cette phrase ne me décroche la moindre sensation. Mon père est mort… et alors ? Un père est un père à partir du moment où il a contribué à notre conception… le terme papa est bien plus compliqué.
Ce qui m'inquiète par contre, c'est cette histoire de prestige… Comme ça la famille Malefoy n'existe plus ? Tout ne reposait que sur mon père ? J'enrage à comprendre ce fait. Ce qui faisait ma fierté n'a plus lieu d'être. A moins que…
Etre père… si père l'a pu, je le peux aussi non ? Trouver la mère est une autre question. Toute fille de sang pur âgée de 17 ans est mariée d'office. Père l'avait prévu pour moi aussi… une fille que je n'ai jamais vu… qui n'a pas ses 17 ans. Alors je fais quoi moi ? J'attends patiemment qu'elle ait passé sa puberté ? Même pas en rêve. Mon père n'est plus là pour mettre la pression… mon prestige n'existe plus… Personne ne voudrait d'un crétin comme moi pour gendre.
