Voilà donc mon nouveau chez moi… notre nouveau chez nous. Voilà que je dois parler au nom d'un couple qui n'en est pas vraiment un. Weasley fille ne s'est toujours pas réveillée et j'en viens à douter du sort qu'ils ont utilisé sur elle. Je la pose sur le canapé miteux de mon… notre salon miteux et m'attarde à faire le tour de ma… notre propriété.

Une cuisine misérable ouverte sur ce fichu salon muni d'un simple canapé, une table et quatre chaises. Une salle de bain plus petite qu'un mouchoir de poche et deux chambres dont une seule est meublée.

Le manque de lumière me rend malade et j'ouvre les rideaux d'un coup de baguette. Au moins, le nettoyage a été fait, c'est une bonne chose.

J'arrache mon masque en étouffant un cri de douleur et en fait de même avec ma robe… d'un sort maîtrisé, je les fais disparaître pour ce que j'espère être un long moment. Aucune envie de revivre tout ça. Je suis totalement perdu avec à charge une fille qui dort et à qui je vais devoir faire un enfant si je veux quitter le clone de la maison Weasley.

Un cri perçant… je descends quatre à quatre les marches grinçante et attrape dans la cuisine le flacon qui n'attend qu'à être utilisé…

- Malefoy… qu'est-ce que je fais là ! Où sommes-nous ? Où est Ron ? Et… Harry ? Qu'est-ce que je fais là ? REPONDS !

Bien sûr que non… je prend une cuillère et verse le contenu noirâtre du flacon à l'intérieur. Quelle chance d'être aussi perdu qu'elle, ça m'empêche de culpabiliser…

- Prends ça, ça ira mieux…

- Je ne boirai rien qui vienne de toi… j'ai pas confiance en toi.

Et bien il ne manquait plus que ça. Sans réfléchir de plus, me voilà à lui jeter un sort de paralysie pour faire glisser la potion dans sa gorge. J'ai au moins cet avantage : j'ai une baguette, pas elle.

- Enervatum !

- Qu'est-ce que je fais là ?

J'ai un doute sur cette potion qui soit dit en passant n'est pas censée effacer tous les souvenirs… seulement les « inutiles ».

- Tu… es ma femme.

Merlin comment un simple mot peut faire remonter tant de choses dans ma gorge ? Pourtant, elle acquiesce et ses propres paroles me surprennent.

- Ah oui… c'est vrai…

Voilà comment une nouvelle vie commence. Les jours se succèdent tranquillement et je vois mes réserves d'argent fondrent comme une limace sous le sel. J'entretiens avec Ginny une liaison fantomatique, n'osant même plus la regarder dans les yeux. Tous les jours la même rengaine, de la potion dans son café du matin et je suis apaisé pour la journée. Le soir, je la laisse se coucher dans notre lit et attends patiemment qu'elle s'endorme pour la rejoindre. Je suis incapable de la toucher… pas pour le moment. Elle, croit que ça a toujours été comme ça et ne semble entretenir aucun désir à mon égard. Ca ne me blesse même plus. Je fuis tant que je le peux, la faisant promettre de rester à la maison, de peur d'une nouvelle attaque, soit disant. Elle acquiesce ce jour et me voilà déambulant sur le chemin de Traverse.

Je déambule sans poser les yeux sur quoi que ce soit. Plus rien ne m'intéresse et j'évite de croiser le regard des gens, de peur que l'un d'eux me reconnaisse. Cette fois ne fait pas exception… enfin presque. Une feuille de papier collée sur un mur de pierre au dessus de l'enseigne « Le hibou britannique » me rappelle soudainement l'état de mon compte en banque. Je rentre et ressors avec un nouvel emploi : chargé à la réserve. En clair me voilà à trier des papiers miteux pour un journal miteux et ce pour une paye tout aussi miteuse. Mais au moins, j'ai un emploi et je suis assez intelligent pour ne pas m'en plaindre.

Je pars chaque matin à 10H et rentre chaque soir à 18H. Ginny me demande pourquoi je fais ça, et j'évite de lui répondre que c'est pour ne pas la violer et l'obliger à me donner un fils qui me rendrait la fortune. Parfois pourtant, je me demande si quelques minutes de torture ne vaudraient pas 8 Heures de travail dans la poussière mais à croire que je la respecte de trop. Salazar, qui suis-je devenu ? Je me demande ce qui me passait par la tête à l'époque pour avoir eu une idée aussi… Si je comprends, c'était justement pour ne pas finir dans une maison aussi piètre avec un boulot qui pourrait avoir le même qualificatif.

Et la colère reprend le dessus… je dois avoir mon fils et je redeviendrai ce que je voulais être.

Je tourne mon visage vers son corps si serein, elle en train de lire… une grimace déforme mon visage, ne pas regretter. Je ne peux plus faire demi-tour. Je cherchais une fille qui pourrait me donner un fils et je l'ai alors, où est le problème ? Il est dans le fait que la potion lui a juste donné l'idée d'être ma femme mais pas mon amante.

Je fais parcourir mes doigts dans ses cheveux et ses yeux se lèvent vers moi. Elle ne semble pas comprendre… où peut-être que justement, elle a tout compris. Pour enfouir le doute, je plonge mon visage au creux de son cou et respire sa tendre odeur de femme. Ce contact remet mes sens en éveil et ma bouche suit le tracé de son corps jusqu'à ses lèvres. Baiser passionné démuni du moindre sentiment, sa main me repousse et sa bouche me demande :

- Pourquoi on ne l'a pas fait avant ?

Je ne m'attendais pas à ça… les défaillances d'une potion. J'ai la vague impression qu'elle perd peu à peu de sa puissance et ça me fait peur. Si un jour elle venait à se souvenir de tout ?

- Tu vas me vexer…

Je continue à remettre mes souvenirs en place en jouant de ma langue.

- Pourquoi est-ce qu'on ne le fait plus alors ?

Vraiment trop de questions, ça m'exaspère. Elle me fait penser à Granger quelques fois. Est-ce que toutes les femmes sont comme ça ?

- Parce que je rentre fatigué de mon travail et que je n'ai d'autre désir que de dormir lorsque je rentre.

Raté… si j'avais eu le semblant d'un désir pour elle, c'est foutu. C'est au dessus de mes forces, je m'endors et espère que demain ira mieux.

Et demain a été mieux. Je dois remercier le ciel de m'avoir fait homme, finalement, toutes les femmes nous contentent, non ? L'alcool aidant, je la regarde s'endormir sans même un remord, sans même essuyer les larmes qui mouillent ses joues. Elle a eu mal, ça ne devait pas faire partie du jeu. Espérons que dans neuf mois, je pourrais la renvoyer chez elle.

D'ici là, je me promets de recommencer chaque jour en la prenant pour une femme et pas pour ma femme jusqu'à ce qu'enfin, une autre potion me révèle ma future paternité.

En attendant, ma piètre vie continue. Embauché dans un journal, je ne relève plus les têtes qui passent. Mais cette fois là…

- Malefoy ?

Granger… je grogne intérieurement et essaye de lui répondre d'un ton neutre :

- Hum… finalement, j'avais tors, on s'est revus.

- Comme tu dis… Je peux savoir ce que tu fais là ?

- Et bien, j'essaie de gagner ma vie pour un patron qui abuse de ses employés en les sous-payant. Et toi ?

- Je m'amuse à regarder mes employés travailler pour moi et me maudire de la même façon.

Mon sang ne fait qu'un tour. Je suis descendu dans les enfers. Moi, Drago Malefoy, suis l'employé de Hermione Granger.

- Oh… je vois… bon et bien je vais courir faire les petites annonces pour trouver un autre emploi… en omettant de dire pourquoi je me suis fait renvoyer de celui-ci.

- Pas aujourd'hui en tout cas… à moins que ta fierté te pousse à ne pas vouloir travailler pour moi. D'ici là, c'est ta pause déjeuner, non ? Je te conseille de la prendre, au risque qu'on me soupçonne d'esclavagisme envers mes employés.

- Je… ne préfère pas la prendre.

Comment lui avouer que le Drago si riche d'autrefois n'a plus les moyens d'aller se payer un sandwich au magasin du coin ? Pas besoin de dire quoi que ce soit. Finalement, elle a compris et me regarde d'un air suspicieux… pathétique, je lis en elle de la pitié.