Voilà, cette fic est finie… merci aux lecteurs et je vous donne rendez-vous pour la suite de cette aventure vers « l'enfant d'une autre ». Vous y verrez ce que deviens Drago et comment il reconstruit sa vie. Ca sera une romance Drago/Hermione, vous êtes prévenus ! Encore MERCI !
Caly…
Je ne suis plus que la moitié de l'homme que je fus. Je préférerais mourir mais voilà que Granger semble m'avoir pris sous ses ailes. On ne se parle pas, non, elle me donne juste à manger et ce depuis trop de temps déjà. Je m'en veux, je me hais et je deviens plus misérable encore de jours en jours. Plutôt mourir… mais je n'ai pas le choix… pas si prêt du but… pas maintenant que je sais que je vais être père… dans quelques jours.
- Parle moi de toi…
- Granger, c'est pas parce que j'accepte de manger de ton pain, que d'ailleurs tu retireras de ma paye, que je vais te dévoiler ma vie.
- J'essaye d'être humaine et de m'intéresser à mes employés.
- C'est pas en me parlant comme à un employé que je vais réussir à te parler…
- Te prendre pour un employé ? Si c'était le cas, je t'interdirais de m'appeler Granger…
- Tu es mariée ?
- Toi d'abord…
Je fixe mon annulaire désespérément vide et hoche négativement la tête.
- Je vais me marier l'année prochaine… enfin… on attend que Voldemort soit…
- Avec qui ?
- Je…
- Weasley… m'en serais douté.
- Mais… enfin on a déjà pas mal reculé la date… on espère à chaque fois que… que Ginny va réapparaître.
Je baisse la tête et évite de la regarder. Elle a des larmes qui pointent dans ses yeux et je me sens bête d'avoir oublié ce détail pendant un moment.
- Dis moi Granger, tu as des enfants ?
- Pourquoi tu me demandes ça ?
- Si tu n'en as pas, je me dis que tout n'est pas perdu…
- Eh !
Je souris malgré moi, au moins, j'ai réussi à changer de conversation. Mais c'est peut-être pas le mieux lorsque je l'entends reprendre :
- Je peux savoir pourquoi tu travailles ici ?
- Parce qu'il faut bien faire quelque chose.
- Où est la fortune Malefoy ?
- Avec le père Malefoy, à cent pieds sous terre.
- Je suis désolée…
- C'était un mangemort Hermione… D'ailleurs qu'est-ce qui t'assure que je n'en suis pas un ? Tu ne semblais pas aussi persuadée à l'époque…
- Disons que… j'ai vu que tu n'étais pas si mauvais que ça.
Oui, oui… l'intuition féminine n'est plus ce qu'elle était…
Ce petit jeu continuera quelques mois encore, me murmurant que je me vengerais de cette honte aussitôt la dernière bataille achevée. Une bataille qui enfin avait une date d'exécution. Je me préparais dans le plus grand secret, évitant d'en parler à celle qui était ma femme. La grossesse avançant m'interdisait d'user comme je le voulais de cette potion. Les souvenirs lui revenaient, je paniquais de plus en plus.
Ce jour là du mois de février, je tapais mes pieds le long de la porte pour faire tomber la neige collée à mes chaussures. Maison étrangement calme à l'exception de ce souffle irrégulier… en un instant, j'avais tout compris et je m'avançais vers notre chambre. Elle était là… allongée… la main sur son ventre proéminent.
- Pourquoi est-ce que tu ne m'as pas appelé ?
- J'ai oublié…
Je continuais à l'observer en griffonnant un appel à l'aide sur un morceau de parchemin. Mes amis les mangemorts devaient m'envoyer une médicomage et un témoin d'urgence... et me voilà pleurant… mes nerfs lâchaient subitement à l'idée que dans quelques minutes, j'allais recevoir ce qui m'était dû.
- Alors, le grand jour gamin ?
Encore lui… si je n'avais pas été aussi heureux, je pense que j'aurais pu l'envoyer rejoindre les gnomes de jardins, mais en attendant, je me laissais emporter à l'extérieur de la chambre. Je ne le verrais pas arriver… mon fils.
- Quand même, t'aurais pu choisir un autre jour… l'attaque à lieu dans 15 jours.
- Au contraire, j'aurais deux choses à fêter…
- Et elle… tu vas en faire quoi ?
- La renvoyer d'où elle vient…
- Hum… bonne idée… simple sort d'oubliette, elle récupéra ses souvenirs d'avant et oubliera son passage dans cette maison. Mais tu te sens assez fort pour élever l'enfant seul?
- Une nourrice fera l'affaire.
Je fus coupé dans mon idée par le cri perçant d'un nouveau né et le bruit d'une porte qu'on ouvre. Plus aucun bruit cette fois… juste la mine dépitée de cette femme qui me dit :
- Il faudra réessayer Malefoy, c'est pas pour cette fois.
Deux semaines que ma fille est née… deux semaines que j'ai annoncé dans un souffle son prénom : Eavan. Je revois la femme me demander : c'est tout ? Bien sûr que c'était tout. Je m'attendais à tout mais pas à une fille. Déjà bien que l'illumination d'Eavan me traverse l'esprit.
Me voilà aujourd'hui sur un champ de ruines, jetant au hasard des sorts mortels et jubilant de voir Potter dans une mauvaise posture. Je jette des sorts, me cache… pathétique. Et une explosion derrière moi. Cet homme qui m'appelle tant de fois gamin est mal parti… face à face avec l'un des leurs, il va mourir si je n'interviens pas. Mais ai-je réellement envie de le faire ? Je ne peux pas avoir faux sur tous les fronts, en quelques secondes tout bascule, je lève ma baguette, l'exécute et regarde ce cher grand père s'enfuir dans un clin d'œil. Nouvelle explosion, cris de jubilation… il est mort… lequel je ne sais pas et je m'en fiche presque. Je passe en trombe devant le corps encore chaud de l'homme que j'ai tué par derrière, aperçois un bracelet de laine rouge et vois Potter porté en gloire.
La fin d'un temps est arrivée. Victoire des gentils. Je me penche derrière un bosquet et vomis mes tripes. Insensé, me voilà complètement perdu, la raison qui me faisait tenir vient de mourir sous la joute d'un gamin prétentieux. Je disparais et rejoins ma femme et mon enfant.
Elles dorment… paisiblement. Coup d'œil à l'horloge… 9h50 feu d'artifice à l'extérieur, aujourd'hui 15 février sera marqué d'une pierre blanche. Je soupire… tout s'est passé tellement vite… rien ne fut prévu de cette manière.
Voilà deux semaines que la vie a repris son cours, Potter est un saint, je ne suis personne. Plus aucune trace des autres mangemorts, tout le monde se cache, tout le monde sauf moi. J'espère peut-être que quelqu'un me démasquera et écourtera ma vie. Mais ma dernière rencontre avec Granger m'a ôté cet espoir.
La voilà pleurante et penchée sur son travail… me rappelant le souvenir d'un temps où j'avais encore de la compassion pour elle. Néanmoins et par habitude, je m'approche une fois de plus et lui tend un mouchoir. Elle lève la tête et je crois lire dans son regard toute la tristesse du monde. Plus qu'un chagrin d'amour d'adolescente…
Elle fait glisser vers moi un journal où je vois la photo de Weasley, souriant. Dessous se tient ce titre : « mort en héros ». J'ai dû le lire à haute voix car je l'entends me dire :
- Je me fiche qu'il soit mort en héros. Il est mort c'est tout…
Ses larmes redoublent et sa main ornée d'un bracelet de laine rouge vient replacer une mèche et se poser sur son ventre que je n'avais jamais remarqué aussi rond. Un bracelet de laine rouge… le monde défile devant mes yeux… j'ai tué Weasley… tué le père de son enfant.
En quelques secondes, me voilà de nouveau chez moi… Ginny est levée… dans la cuisine… elle pleure elle aussi sur un morceau de journal. Je m'approche et mes jambes se dérobent sous mes pieds lorsque je l'entends me dire : « c'est mon frère ». Fichu journal qui me suit partout. En quelques secondes, ma décision est prise… J'enserre son bras et transplane au Terrier. Maison vide… ma baguette frappe sa tempe et je disparais pendant que ses souvenirs lui reviennent.
Ma fille… mon enfant. Je la sors de son nid douillet et frissonne en voyant ses yeux bleus me fixer. Est-ce possible qu'elle comprenne déjà ?
Ma main se porte sur ses cheveux blonds et je dépose un baiser sur son front. Je ne peux que la remercier d'être là… prisonnière de mon secret, elle ne saura jamais que je suis le meurtrier de son oncle… ne saura jamais combien sa mère l'aimait… ne saura jamais quel homme pitoyable je fus. Elle ne connaîtra de cette vie que le récit éloquent de son père… héros malgré lui aux yeux de son adorable petit fille.
Ma fille… mon enfant. C'est aujourd'hui que nous partons.
