Disclaimer: Evidemment, comme tout le monde peut s'en douter, ces magnifiques personnages n'appartiennent qu'à l'exceptionnelle et unique J.K. ROwling à qui je ne sert malheureusement pas de prête-nom... Je ne fais qu'exploiter les zones d'ombres de son récit...

Bien sûr, cette fic serait loin d'être ce qu'elle est sans la correction et les merveilleux conseils de Fenice qui me fait l'honneur de lire et corriger. Si vous avez fait l'erreur de ne pas lire ses fics, je vous le conseille vivement! Sur ce chapitre en particulier, je dois signaler que Dawn et toute son histoire lui appartiennent et qu'elle accepte très gentiment que je m'en serve pour les besoin de ma fic.

Merci à ceux qui m'ont laissé des reviews, je sais que je n'ai pas répondu mais cela m'a beaucoup touchée et encouragée à continuer, si vous pouviez en mettre pour celui-ci aussi... :-)

Je sais que ce chapitre risque d'en surprendre certains, mais j'espère que vous allez apprécier quand même… Kiss à tous et merci de mettre des reviews s'il vous plaît !

VI Intermèdes (3)

Assis au fond de la salle des Trois Balais, Nymphadora Tonks et Kingsley Shacklebolt se disputaient :

-Tonks, je t'interdis de recommencer ce que tu as fais hier, je suis clair ? Tu ne peux pas partir comme ça, en disant à haute-voix et quasiment à tout le monde que tu vas voir Remus ! Non seulement tu te mets en danger, mais tu mets en danger l'Ordre tout entier ! Tu n'es pas sensé le connaître ! Il n'y a rien de commun entre toi et lui, vous ne vous êtes jamais rencontré et tu ne le rencontreras jamais ! Tu as compris ?

-Mais ! On pourrait avoir des amis communs, je sais pas…

-Qui, Tonks ? Les seuls amis de Remus étaient Sirius et James ! Alors grâce à qui l'as-tu rencontré ? James est mort et Sirius l'a trahi et toi, tu n'es pas censée avoir été en contact avec lui ! Par les Weasley ? Bill et Charlie étaient plus âgés que toi, Percy plus jeune et dans une autre maison. Quant à Arthur, c'est le farfelu du Ministère et peu de gens l'approchent. Alors ?

Dora se renfrogna. Elle savait évidemment que son ami et collègue avait raison, mais elle ne voulait pas l'admettre.

-Je ne sais pas, j'aurais pu le rencontrer par hasard et on aurait sympathisé !

-Dans une forêt un soir de pleine lune ? ironisa-t-il. Arrête, tu sais que tu as tort. Tu sais parfaitement que Remus fuit les rencontres s'il en a la possibilité et même si tu l'avais croisé dans la rue, tu ne l'aurais jamais remarqué.

La jeune femme croisa les bras, le front plissé et l'air butée. Kingsley reprit plus doucement :

-Même si effectivement tu l'avais rencontré, tu ne peux pas te permettre ça, Tonks. Je sais que tu l'aimes, mais là, ça va trop loin ! Même Dumbledore ne cautionnerait pas ça !

-Je serais toi, je n'en jurerais pas, répliqua la jeune femme. Et de toute façon, je me fiche bien de ce qu'Albus aurait dit ! J'étais inquiète et même si je sais que c'était une bêtise, je ne la regrette pas !

-En tout cas, je t'interdis de recommencer ! Et cette fois, c'est le supérieur qui te parle, Tonks ! Y aura pas de prochaine fois ou je vais personnellement dire au Commandant que tu as disjoncté et que tu as besoin de repos à Sainte Mangouste ! La prochaine fois que tu veux parler à Remus, j'exige que tu m'en informes et que tu t'y prennes discrètement !

La jeune Auror lui lança un regard noir mais finit par hocher la tête en signe d'assentiment. Savoir ce qui arrivait à Remus était plus important que le voir et elle savait que sur ce point, Kingsley l'aiderait sans doute de toute ses forces.

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Une fois de plus, à peine entrée dans sa chambre des Trois Balais après le petit-déjeuner et avant d'aller faire son tour d'observation dans le village, Dora dût se précipiter aux toilettes pour décharger son estomac qui se retournait dans son ventre. Après avoir terminé, elle se redressa, pâle et rejeta d'une main agacée ses cheveux noirs vers l'arrière. Elle jura : décidément, elle n'avait pas de chance en ce moment… Remus avait disparu, elle n'avait plus la moindre nouvelle de lui depuis leur nuit et cela faisait une semaine qu'elle ne pouvait plus rien manger le matin. La seule vue de nourriture lui donnait la nausée et elle répétait jour après jour à ses amis et collègues qu'elle n'avait pas faim. C'était exaspérant ! Elle sursauta en entendant une voix derrière elle :

-Eh ben, ma belle, qu'est-ce qui t'arrive ?

Elle se retourna et vit que Kingsley, qui venait de parler et Dawn. Ils venaient d'entrer dans sa chambre après avoir frappé, mais elle ne les avait pas entendu.

-Je n'en ai pas la moindre idée, marmonna-t-elle. Mais c'est pénible !

-On s'en doute ! Tu es sûre que ça va aller ? Tu ne veux pas rester ici ?

-Oh, non, surtout pas, sinon je risque de rester coucher un moment ! Ca fait une semaine que ça dure et ça n'a pas l'air de vouloir cesser !

-Tu devrais aller voir un médecin, Tonks, dit Kingsley.

-Ou un gynécomage, déclara Dawn.

Les deux autres se tournèrent vers elle, les sourcils froncés.

-Qu'est-ce qui te fait dire ça ? demanda Dora.

-Je suis mariée, Tonks, et même si Carley pense que ce n'est pas une très bonne idée d'avoir un enfant au beau milieu de cette guerre... Enfin, je suis peut-être plus attentive que d'autres à ce genre de détails… Les nausées matinales sont l'un des premiers signes… Tes dernières règles datent de quand ?

Son amie se mordit les lèvres, abasourdie par l'évidence qui venait de lui tomber dessus :

-Six semaines…

-Et… un rapport sexuel ?

Tonks rougit et eut un regard vers Kingsley qui avait l'air curieusement furieux. Elle répondit néanmoins à voix basse :

-Il y a un mois…

-Et tu ne prends pas de potion contraceptive ? explosa Dawn. Enfin, Tonks, ce n'est pas sérieux, tout ça !

-Oui, surtout avec lui, grogna Kingsley.

-Justement ! tenta de se justifier la jeune Auror en regardant son ancien mentor. Je n'aurais jamais cru que… enfin, que « ça » arriverait ! Et comme la potion me rend un peu malade, j'ai arrêté il y a un moment, ça faisait longtemps que je n'avais plus de copain et avec lui, ça paraissait loin de se concrétiser. Et je n'y ai plus repensé.

-Bon, s'interposa Dawn, je vois que je suis la seule à ne pas être au courant…

Elle avait les lèvres pincées et une ride au milieu du front, ce qui n'était jamais bon signe chez elle, ce que Dora savait. Et effectivement :

-Tonks, je crois que tu as des choses à me dire…

La jeune femme soupira et, après un dernier regard vers Kingsley, elle se lança :

-Ecoute, je ne peux pas tout te dire, mais je vais quand même essayer l'essentiel. Promis, je te jure, j'ai envie de te dire ça depuis des siècles mais je ne pouvais pas, ajouta-t-elle pour amadouer son amie. Bon, j'ai rencontré un homme grâce à… des amis communs, hésita-t-elle. Et… Oh, ça va te sembler stupide ! Je suis tombée amoureuse. Le problème, c'est qu'il est beaucoup plus âgé que moi, ça ne me gêne pas mais lui si… Du coup, il me repousse…

-Il t'aime ?

-Je crois, oui… De nouveau, elle jeta un coup d'œil vers Kingsley. Enfin, en tout cas, j'ai toutes les raisons de le croire. Il y a un mois… Enfin, pour résumer, il s'est passé un truc grave, j'ai eu très peur pour lui et je me suis précipitée.

-Je te reconnais bien là !

-Oh arrête ! Bref, je l'ai un peu provoqué. Je lui ai même dit que s'il voulait une autre femme, j'acceptais de… Enfin, il a refusé, mais j'ai quand même réussi à le convaincre de… de passer au lit, quoi ! Voilà !

Le silence qui suivit fut assourdissant. Encore une fois, elle regarda vers Kingsley qui ne disait rien, l'air profondément plongé dans ses pensées. Dawn, elle aussi, avait l'air de réfléchir longuement. Puis elle dit :

-Bon, eh ben, c'est un belle histoire, tout ça ! Et tu vas faire quoi ?

-Je n'en ai pas la moindre idée ! Il va falloir que je fasse un test, que je vois un gynécomage si c'est positif, que je lui annonce ça… Et ma mère, merde ! Ca va être joyeux, ça, tiens ! Elle soupira à nouveau.

-Bon, les filles, déclara brusquement Kingsley après un silence, il faudrait qu'on y aille, là !

-On te rejoint tout de suite, dit Dawn en retenant son amie qui se levait.

Lorsqu'elles furent seules, Dawn ferma soigneusement la porte, jeta un sort d'isolation et se tourna vers son amie :

-Tonks, depuis quand tu couches avec Kingsley ?

La jeune Auror la regarda, ébahie.

-Quoi ! Où t'as trouvé ça ? T'es folle !

-Ben, il est plus vieux que toi et tu n'as pas arrêté de le regarder d'un air gêné. Et il n'a rien dit, contrairement à ce que tu avais l'air d'attendre. Je suis encore capable d'additionner deux et deux, Tonks !

Celle-ci explosa de rire.

-Eh ben, pas correctement, on dirait ! Franchement, Dawn ! Tu me vois, moi, avec lui ? C'est pas que je l'aime pas, mais…

-Je t'a vu craquer pour des mecs pires que ça, grogna son amie, vexée. Et ça n'explique pas ton air gêné…

-D'une certaine façon, c'est lui qui m'a présenté à ce mec, alors oui, j'étais gênée ! Mais c'est tout ! Quant à des mecs pires que lui… Je suis pas sûre que l'actuel, tu le trouverais mieux… Plutôt le contraire, même…

-Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il a de si particulier ?

Dora regarda son amie, embêtée. Quelle idiote, décidément… Il y avait vraiment des choses à ne pas dire…

-Je devine, dit Dawn d'un ton pincé en la coupant dans ses pensées, que ce sont encore des choses que je ne peux pas savoir… T'es vraiment chiante, tu sais !

-Je m'en doute, murmura Dora. Je suis désolée, je te jure ! Si seulement je pouvais tout t'avouer, ce serait tellement plus facile pour moi…

-Ca va, ça va, la coupa son amie. Et comment il s'appelle, cet homme-miracle ? Enfin, sauf si c'est un secret…

-Non, rougit Dora. Il s'appelle Remus… Et je t'interdis de faire des recherches sur lui ! rajouta-t-elle en surprenant le sourire de son amie qui lui tira la langue mais promit.

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Quelques instants plus tard, Dora marchait dans Pré au Lard avec Kingsley. Son ami avait l'air assez mécontent et la jeune femme savait pourquoi. Elle soupira : encore un sermon en perspective ! Effectivement, Kingsley commença :

-Tonks, franchement ! A quoi tu pensais en couchant avec Remus ?

-J'ai fais l'amour avec lui, répliqua Dora qui avait grimacé. Et j'ai aimé ça, j'étais au paradis. Je ne le regrette pas une seule seconde, même si je vais me retrouver avec un gosse. En plus, je croyais que tu aimais bien Remus.

-Excuse-moi, soupira Kingsley en se grattant la tête, ce n'est pas ce que je voulais dire. J'aime bien Remus, je le trouve très sympa et je suis sûr que vous seriez très heureux ensemble. Je vous le souhaite, d'ailleurs. Simplement, je pense que tu n'aurais pas dû faire l'amour, comme tu dis, avec lui avant que les choses ne soient plus claires entre vous.

-Tu voudrais que j'attendes ma nuit de noces ? railla-t-elle. Vieux jeu, va !

-Ca n'a rien a voir, se récria Kingsley. Mais vois les choses en face, Tonks, il refuse catégoriquement l'idée d'une relation avec toi et toi, tu sautes dans son lit ! Et maintenant, tu vas lui mettre un gamin dans les pattes ! Je trouve que tu aurais dû attendre qu'il se rende compte de la chance qu'il a avant de sauter le pas, c'est tout.

-Je sais, murmura Tonks. Tu as sûrement raison, mais crois-moi, je n'ai pas pu m'en empêcher. Et de toute façon, je ne le regrette pas.

Après un long silence, Kingsley passa son bras autour du cou de son amie et l'attira contre lui :

-Ne t'en fais pas, ma puce, tout ira bien un jour !

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-Alors ?

Dawn et Dora étaient dans la salle de bain de la chambre de la métamorphomage, aux Trois Balais, attendant le résultat du test de grossesse que Tonks s'était fait livrer tôt dans la matinée pour éviter que cela se sache.

-Attends, ça fait à peine trente secondes ! grogna Dawn qui tentait sans succès de cacher son impatience.

Elles attendirent en silence, concentrées sur la potion dont la couleur devait annoncer la présence ou non d'un enfant dans le ventre de Dora. Elle hurlèrent d'ailleurs de surprise lorsque Kingsley frappa à la porte.

-Alors ? demanda-t-il.

-Encore deux minutes, le renseigna Dora, les yeux fixés sur la potion.

-Comment t'es au courant ? demanda Dawn.

-Je sais tout, dit Kingsley avec un sourire. Non, plus sérieusement, lorsque je vous ai vu traverser la salle du café à toute allure, je me suis douté de ce que vous alliez faire et je me suis échappé dès que j'ai pu.

Après l'explication de l'Auror, plutôt gêné par la situation mais qui était néanmoins venu pour soutenir son amie, le silence retomba dans la pièce, les trois regards fixés sur la potion. Si quelqu'un les avait surpris, il aurait certainement pensé à un quelconque rituel de Magie Noire tant ils étaient graves.

Et Dora poussa un cri. La potion venait de tourner au violet. Elle était enceinte. Les deux autres la regardèrent, ne sachant trop comment réagir. La jeune métamorphomage les regarda l'un après l'autre, l'air perdue. Qu'est-ce qu'elle devait faire exactement ? Merlin, que de perspectives devant elle ! Devait-elle pleurer ? Se réjouir ? Elle ne savait pas, elle ne savait plus… Au fond d'elle-même, elle sentit une peur insidieuse glacer ses veines. Un enfant ? Comment pourrait-elle l'élever correctement ? Elle ne se sentait absolument incapable d'être une mère acceptable… Mais que faire alors ?

Soudain, une idée lui traversa l'esprit, qu'elle rejeta aussitôt. Avorter ? C'était hors de question ! Sacrifier son enfant ? Alors que Remus, REMUS ! en était le père ? Ah, non, alors ! Elle n'était certes pas prête à accueillir un enfant, mais elle voulait absolument le garder. C'était SON enfant ! Alors ? Eh bien, elle s'adapterait… Le fil de ses pensées fut brusquement interrompu lorsque Dawn commença, d'un ton hésitant :

-Tu sais, Tonks, tu… Enfin, tu devrais peut-être le prévenir… Remus, je veux dire…

Merde, ça aussi allait être compliqué, pensa aussitôt Dora. Remus… Par Merlin, Morgane et les Quatre Fondateurs ! Qu'allait-il donc penser ? Qu'allait-il donc dire ! Qu'elle l'avait fait exprès pour le piéger ? Peut-être… Allait-il refuser de la revoir ? De reconnaître l'enfant ? Est-ce qu'il lui en voudrait ?

Complètement perdue, elle regarda Kingsley qui avait l'air sombre. Il connaissait mieux Remus que lui, peut-être pourrait-il la conseiller…

-Je ne sais pas comment il va réagir, Tonks, dit-il, mettant fin à ses espoirs de conseils. Je sais qu'il aime les enfants, puisqu'il a toujours le sourire lorsque les petits Weasley sont dans les parages, mais… Il va falloir que tu lui parles…

Dora hocha la tête. Oui, c'était vrai, il aimait les enfants. Il paraissait toujours heureux au Terrier avec toute la marmaille autour de lui…

Elle leva le regard vers eux, l'air décidée :

-On verra bien. De toute façon, on dit toujours que les enfants sont la plus belle des choses… Alors je vais essayer que ce soit vrai pour moi aussi. Et si ça peut convaincre Remus…

-Mouais, enfin, te fais pas trop d'illusions, la doucha son amie. Les hommes ont plutôt tendance à flipper un maximum dès qu'il s'agit d'enfants…

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Assis à même le sol herbeux de la cahute qui servait de réfectoire, Remus s'ennuyait. Les dirigeants de la troupe de Greyback étaient absents et il ne savait pas où ils étaient, ce qui l'inquiétait un peu. Les fois précédentes, Lowell lui avait glissé quelques informations. Mais c'était sûrement un test. Non ?

Depuis la dernière attaque, il avait l'impression qu'on se méfiait un peu de lui. Déjà, certainement, parce qu'il avait voulu rentrer chez lui après la pleine lune, parce qu'il avait demandé à partir, à quitter ses « frères », à retrouver sa maison à lui… Et puis, bien sûr, la présence de Dora le lendemain matin n'avait pas aidé. Oh, Lowell ne l'avait pas vu, certes. Ni entendu, d'ailleurs. Mais Remus pensait qu'il avait dû se douter qu'il s'était passé quelque chose cette nuit-là. D'abord à cause de l'odeur particulière que Dora avait laissé, sans doute –grâce au ciel, Lowell n'avait pas noté la présence de ses vêtements que Remus avait hâtivement caché sous un meuble -. Et puis, Remus était tendu lorsque son camarade était arrivé et celui-ci l'avait senti. Avantage de loup-garou. Evidemment, il n'avait pas posé de questions. Ce n'était pas le genre. Mais depuis, Remus n'était pas au courant de grand-chose.

Il soupira. Dire qu'il avait eu tant de mal à se faire accepter. Et le pire, c'est qu'il n'était même pas certain que Dumbledore lui en voudrait tant celui-ci était enthousiasmé par l'idée d'une histoire d'amour entre le loup-garou et la jeune Auror. Il faut dire que le vieux directeur de Poudlard avait toujours été un incurable romantique, ça, personne ne pouvait le nier. Mais quand même ! Lorsque Remus avait tenté de lui exposer ses raisons, Albus n'avait rien voulu entendre. Têtu comme une bourrique, évidemment…

Ce n'était pas possible ! C'était pourtant évident, non ? En tout cas, ça aurait dû l'être pour tout le monde. Mais non ! Bien au contraire, ils semblaient tous s'être ligués contre lui pour qu'il accepte Dora dans sa vie. Tous, absolument tous ! Albus d'abord. Mais ça, c'était normal, presque inévitable, même. Puis Molly, évidemment. Quasiment aussi prévisible que Dumbledore. Mais enfin, ça aurait pu être tout ! Et non, bien sûr ! Kingsley, pourtant plus jeune que lui, lui avait demandé entre quatre yeux et d'un air relativement menaçant ce qui n'allait pas chez la jeune femme pour qu'il la rejette ainsi. Rogue faisait des sous-entendus vaseux. Arthur, Bill et Charlie Weasley lui soutenaient qu'un homme a toujours besoin d'une femme dans sa vie. Maugrey affirmait que les femmes, bien qu'embêtantes, étaient une joie à laquelle il fallait se laisser aller. Et même Minerva McGonagall, sa vieille professeur sèche et sévère, lui avait dit à l'occasion qu'il ne fallait jamais laisser passer sa chance, surtout en amour !

Ils ne comprenaient pas. Ni les uns ni les autres. Il n'avait pas le droit. Pas le droit de se laisser aller à ne serait-ce qu'envisager cette possibilité. Il savait parfaitement que sinon, il y succomberait. Il aurait tellement voulu ! Une nouvelle fois (combien depuis ce matin ?), un flot d'images de la jeune femme jaillit dans son esprit et il enfouit son visage dans ses mains, gémissant doucement, ignorant complètement les regards curieux de ceux qui l'entouraient.

Son visage, d'abord. C'était toujours le visage de la jeune femme qu'il voyait en premier. Son vrai visage, bien sûr. Le seul et l'unique. En forme de cœur. Les cheveux noirs qui tombaient en boucles, les larges yeux bleus. Bien trop souvent remplis de larmes à son goût, surtout qu'en général, c'était de sa faute. Et dans ses moments-là, il n'avait toujours qu'une envie : la prendre dans ses bras, lui promettre que tout s'arrangerait et l'embrasser à en perdre haleine. Ses lèvres, Merlin ! Il en était fou. C'était normal, comme réaction ? Le souvenir de leur goût hantait encore ses papilles et il ne rêvait que de renouveler l'expérience. Mais il ne le ferait pas. Il ne devait pas.

Ensuite venait en général la vision de la poitrine de la jeune femme. No trop grosse ni trop petite, juste… parfaite. Ses seins étaient deux pommes qu'il rêvait de croquer. Et ce souvenir ne faisait qu'attiser sa frustration de devoir être loin d'elle, de devoir s'éloigner d'elle. Ce qui était plus largement encore renforcé par les images qui venaient en dernier, mais non les moindres.

Elle nue. Entièrement. Comme il l'avait découverte sur son lit la fois précédente. Cette confiance en lui qu'il avait lu dans ses yeux et qui l'avait poussé à aller plus loin. Cet espoir, cette foi, même. Son visage lorsque le moment ultime était arrivé. La vision floue de Dora lovée contre lui durant cette nuit merveilleuse.

Après ces images, toujours, la honte et le regret. Parce qu'il se demandait soudain s'il ne l'aimait pas que pour son corps. Parce qu'il n'aurait jamais dû faire ça.

A la première question, il finissait presque toujours par répondre par non. Il aimait son corps, certes, c'était indéniable. Mais il n'y avait pas que ça. Il aimait son sourire, sa voix, ses attitudes, sa moue boudeuse. Il l'aimait même lorsqu'elle était en colère et qu'elle lui criait dessus. Il savait qu'elle était intelligente et aimait sa conversation. Il aimait qu'elle soit Auror, donc courageuse, qu'elle apprécie son travail et qu'elle le montre, qu'elle en parle. Il aimait aussi, d'ailleurs, qu'elle soit plus jeune que lui. Il aimait moins se sentir vieux en face de tant d'innocence mais parfois, il devait bien admettre que cela comportait des avantages. Il aimait tout d'elle, qualités comme défauts. Il se rendait compte qu'il l'avait dans la peau et qu'il serait sacrément difficile de l'oublier. Si même il le souhaitait. Mais c'était elle qui devait l'oublier. Il pensait qu'il arriverait même à aimer la voir et la savoir heureuse avec un autre.

Et c'est pour ça qu'il regrettait. Il avait tout simplement craqué, la dernière fois. Bon, il fallait dire à sa décharge que toutes les circonstances étaient contre lui. C'était la nuit qui suivait la pleine lune et il était toujours un peu moins lucide à cette période-là. En plus, il avait participé à une chasse et malgré sa certitude de n'avoir attaqué personne, il n'aimait pas cette sensation. Alors, la voir à un tel moment avait forcément favorisé un tel débordement. Elle le rapprochait de l'humanité qu'il avait peur de perdre dans cette mission. Surtout qu'elle avait été provocante. Apparemment, elle savait obtenir ce qu'elle voulait. Et la voir nue, dans toute sa splendeur, vêtue seulement d'un bout de tissu n'avait pas aidé le pauvre loup-garou à résister à la tentation. Elle était si belle ! Le souvenir lui arrachait encore des grognements de frustration.

Mais jamais il n'aurait dû céder. En même temps, sachant qu'elle était nue dans sa chambre, l'attendant, comment résister ? Comment lui faire l'affront de ne pas pousser la porte ? Bien sûr, il avait envisagé cette solution. Mais il n'avait tout simplement pas pu s'y résoudre. Impossible. Alors il avait fait la plus belle erreur de sa vie. Celle qu'il n'aurait jamais dû faire mais dont il savait qu'il garderait un souvenir à jamais ébloui.

Il n'avait pu s'empêcher de remarquer à quel point tout s'était bien passé. Dora… Elle avait eu l'air tellement heureuse, tellement apaisée. Comme si elle savait qu'elle était au bon endroit, qu'elle avait atteint la plénitude du bonheur. A ce moment précis, il avait été content. Fier, même, d'être responsable de la joie d'une telle femme. C'est seulement plus tard, le lendemain matin pour être précis, qu'il s'était rendu compte qu'il n'avait fait que renforcer les espoirs de la jeune femme et il s'en voulait. Il fallait absolument qu'elle arrête de penser à lui. Il fallait qu'elle passe à autre chose, qu'elle trouve quelqu'un d'autre. Il ne serait jamais l'homme qu'il lui faudrait. Jamais. Et il fallait qu'elle le comprenne à tout prix.

Comme trop souvent, il fut brutalement tiré hors de ses pensées. Cette fois, c'était par le mouvement brusque de tous les loups-garous qui se ruaient vers l'extérieur pour obtenir des informations : Greyback, Lowell et les autres venaient d'arriver.

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Tonks entra d'un air timide dans la salle de la gynécomage. Celle-ci était relativement âgée, l'âge du professeur McGonagall, se dit la jeune auror en la voyant. Mais avec l'air un peu plus maternelle, cependant. Sûrement l'habitude de voir des femmes enceintes et des bébés. La gynécomage lui sourit et lui demanda de s'approcher puis la fit asseoir sur une chaise, devant le bureau où elle écrivait. Elle finit par relever la tête et dit :

-Alors, Mme Tonks ! Vous devez être la belle-fille d'Andromeda, n'est-ce pas ? C'est étrange, j'étais persuadée qu'elle avait eu une fille.

-Oui, rougit Dora. Je suis sa fille. Je n'ai pas de frère. Je suis… Nymphadora Tonks. Je ne suis pas mariée.

-Oh !

La jeune auror eu envie d'enfouir son visage dans ses mains ou de s'enfuir en courant devant l'air choqué de la vieille femme. Avoir un enfant hors mariage était très mal vu chez les sorciers, sur ce chapitre, ils avaient beaucoup à apprendre des moldus. Mais malheureusement, le pouvoir des vieilles familles et l'aversion d'un grand nombre envers les moldus n'aidait pas la société sorcière à évoluer. Dawn et Kingsley n'avaient évidemment pas fait la moindre remarque, mais ils étaient ses amis. Dès que ça se saurait… Enfin tant pis, elle assumerait ! De toute façon, comme elle refusait catégoriquement d'avorter, elle n'avait pas exactement le choix…

-Peu importe, reprit la gynécomage avec un plissement des lèvres. Depuis quand êtes-vous enceinte ?

-Un mois et demi, je pense.

-Vous n'aviez pas pris de précautions ? Que faites-vous dans la vie ?

-Je suis Auror et non, je n'ai pas pris de précautions. Comment dire ? Cela faisait longtemps que j'étais seule et…Enfin, voilà, je ne pensais pas vraiment tomber enceinte.

-Vous et votre fiancé n'avez pas décidé d'avoir des enfants ? Ce n'était pas une décision commune ?

-Eh bien en fait… Dora hésita. Ca, se serait encore plus dur à avaler… Elle prit une inspiration et ajouta :

-Il n'est pas au courant et ce n'est pas vraiment mon fiancé…

Cette fois, la gynécomage fit carrément la grimace et Dora soupira. En moins de cinq minutes elle venait d'être classée dans la catégorie des « Marie couche-toi là » qui font l'amour à droite à gauche avec n'importe qui sans se soucier des conséquences.

-Ah. Je suppose que vous ne voulez pas de l'enfant ?

-Bien sûr que si !

Elle eu l'air tellement choquée que la gynécomage ne put s'empêcher de sourire. Pourtant, Dora savait que c'était relativement courant. Les jeunes femmes qui se retrouvaient enceintes trop tôt s'arrangeaient souvent pour obtenir une potion qui faisait disparaître ce genre « d'inconvénient ». Mais Dora aimait déjà cet enfant, c'était aussi celui de Remus et elle était décidée à l'assumer.

-Ce n'était pas prévu, mais je n'ai pas la moindre intention de m'en débarrasser. C'est mon enfant. Même si je dois l'élever seule, rajouta-t-elle à voix basse, presque pour elle-même. Que dirait Remus ? Oh, par Merlin, et s'il voulait qu'elle avorte ? Non, tenta-t-elle de se rassurer malgré son cœur qui battait la chamade, même s'il ne voulait pas de cet enfant, jamais il ne lui demanderait jamais ça. Il avait trop de respect pour la vie, il aimait trop les enfants… Il fallait le voir entouré des Weasley !

-Bien. Vous m'avez dit que vous êtes Auror ?

-Oui.

-Cela risque d'entraîner des complications, ma petite. Il faudra faire attention, ne pas prendre trop de sorts ni trop de risques.

-C'est la guerre, madame.

-Vous êtes enceinte. Décidez ce qui importe le plus. D'ailleurs, pendant les derniers mois, il faudra cesser toute activité professionnelle. C'est clair ?

-Oui, soupira la jeune femme. Ses chefs n'allaient pas être contents.

-Bien. Si vous pouvez aller vous allonger sur le lit ? Je vais voir si tout va bien. Et enlevez votre tee-shirt.

Dora obéit. Elle avait l'impression désagréable et peu commune pour elle de ne pas maîtriser ce qui lui arrivait. Elle avait horreur de ça !

La gynécomage s'approcha avec une petite fiole de potion et lui en mit deux petites gouttes sur le ventre. Puis elle approcha sa baguette et prononça un sort qui fit apparaître l'image de ce qui se trouvait dans l'utérus de la jeune auror. Elle le scruta quelques minutes, bougeant la baguette, faisant tourner l'image.

-Tout m'a l'air d'aller bien, finit-elle par dire avec un sourire. Vous pouvez vous rhabiller, revenez me voir dans trois mois.

-Bien.

-Ah, j'ai oublié de vous demander. Y a t-il des choses que je devrais savoir à propos de l'hérédité de cet enfant ?

Dora, qui avait déjà fait la moitié du chemin vers la porte, se retourna lentement.

-Comme… quoi par exemple ?

-Je ne sais pas… Une maladie héréditaire… Des maladies fréquentes dans la famille… Une particularité… N'importe quoi !

-Hum… La jeune auror hésita. Elle pensa avec un brin de cynisme à répondre la folie en pensant aux deux sœurs de sa mère, puis à la lycanthropie de Remus. Non, elle ne pouvait pas lui dire ça.

-Je suis métamorphomage, finit-elle par dire.

-Ah, oui, c'est vrai ! J'aurais dû m'en souvenir ! Enfin, peu importe. Je ne sais pas si vous le savez, mais ce n'est pas à proprement parler un caractère héréditaire… Il y a des chances pour que votre enfant puisse, peut-être, changer la couleur de ses yeux, ou la longueur de ses cheveux mais… Ce sera sûrement tout. Et dans deux générations se sera certainement éteint. De toute façon, il n'y a à espérer aucune complication durant la grossesse. Au revoir, mademoiselle Tonks. A la prochaine fois !

-Ouais, c'est ça. A la prochaine fois, madame.

Elle sortit de la pièce en soupirant profondément. Maintenant, il fallait qu'elle en parle à Remus. Ca allait encore être joyeux, tiens !

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-Tonks, Paulsen ! J'ai du boulot pour vous. Un de nos espions nous a appris que quelques Mangemorts doivent se retrouver dans un bar de la banlieue de Londres.

-Chez les moldus !

-Non, c'est un bar sorcier, mais il est un peu excentré… Y a tout un tas de gens louches qui vont là, c'est toujours bondé, ils savent qu'ils ne seront pas repérés. C'est le repère préféré des gens de l'Allée des Embrumes.

-Bon. On se déguise comment ?

-Comme ça vous chante. Paulsen, comme tu le sens, Tonks, ma foi… On connaît tous tes talents en matière de déguisement. Ils compensent ta maladresse !

Et sur ses paroles sympathiques, Dawlish fit demi-tour, suivit par le regard noir de Dora qui se tourna vers son amie.

-Je hais ce mec !

-Je sais, ma puce, je sais… Mais c'est lui qui dirige notre groupe, alors boucle-la.

-Ouais ouais ouais… N'empêche que c'est encore nous qui avons récupéré la mission de merde ! Pourquoi il nous demande à nous ? Il pourrait pas demander à Kingsley ?

-Qu'est-ce que tu veux, c'est son côté voyeur. Ca l'excite d'envoyer deux jeunes femmes dans un bar louche.

-Ouais, tu as raison, ça doit être ça. Allez, viens, allons nous préparer. Il ne nous donnera le reste des informations qu'après.

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C'est ainsi que quelques heures plus tard, une personne encagoulée qui semblait bien être une harpie et une vieille sorcière entrèrent d'un pas prudent dans un bar louche de la banlieue sorcière de Londres. Après un regard, elles se dirigèrent vers une table dans un coin de la salle et s'y assirent. La place parfaite, qui permettait de voir la salle, l'entrée et le bar… Celle que l'on recommandait toujours aux jeunes Aurors de prendre, mais qui, bien sûr, était rarement disponible. Une serveuse, teint pâle, une cigarette au coin de la lèvre et l'air d'une noyée sortant de l'eau vint prendre la commande. Deux Whiskies pur feu. Elle revint quelques minutes plus tard avec les boissons et les déposa sur la table sans le moindre regard pour les consommatrices.

-Quel connard, décidément, celui-là ! grogna la vieille femme.

-Oh, c'est bon, lui répondit la harpie dans un souffle. Arrête de te plaindre ! L'avantage d'être métamorphomage, c'est que tu n'es pas obligée de supporter ce déguisement de harpie à la noix ! On crève de chaud là-dessous !

-Ouais, ben, heureusement qu'il y en a, des avantages ! Manquerait plus que ça ! N'empêche, Dawlish est quand même un connard ! Ah, ça l'excite de nous envoyer dans ce bouge ! Et tout ça pourquoi ? Parce qu'un espion lui aurait dit que des Mangemorts devaient retrouver ici leur indic' du Ministère… Tssss !

-Arrête, c'est important, quand même ! Si on découvre qui c'est, ça fera toujours une taupe en moins ! Comme si on avait besoin de se faire infiltrer…

-Mais même si on le découvre, ça va changer quoi ? On les connaît, les Mangemorts ! On sait qui c'est, leur maître, ce qu'il veut faire ! Mais on n'arrête personne par « manque de preuves »… Tu crois vraiment que la parole de deux apprenties Aurors aura la moindre valeur ? Qu'on les enverra dans une prison que les détraqueurs ont fui ?

-Si on connaît leurs plans, ce sera déjà un plus… Allez, Tonks, arrête de râler ! Je sais que tu préférerais te morfondre sur ton Remus, mais ce n'est pas le moment ! Tu es d'abord une Auror ! C'est clair ?

-Comme de l'eau de roche, grogna Dora.

Le silence retomba entre elles alors qu'elles prenaient quelques gorgées de leurs boissons, puis Dawn demanda :

-Alors ? Tu pourrais pas m'en dire un peu plus ? Qu'est-ce qu'il a de si particulier, ce Remus, pour te faire craquer à ce point-là ? C'est pas que ça m'inquiète, mais bon, presque !

-Oh, arrête, je sais qu'on n'a pas les mêmes goûts mais c'est pas une raison pour réagir comme ça ! J'ai jamais rien dit de vraiment méchant sur Carley !

-C'est parce qu'il n'y avait rien à dire, ma puce ! Alors que les tiens, franchement ! Avoue-le, ils avaient tous quelque chose de spécial.

-Ouais, bon, si tu veux…

-Donc je demande : Remus, c'est quoi ? Pour que tu en sois si folle, il faut que ce soit grave !

Dora sourit. Effectivement, son amie n'avait pas tout à fait tort… Mais il était hors de question pour le moment qu'elle apprenne que Remus était un loup-garou.

-Je ne sais pas ce que tu vas trouver le plus étrange… Il est beau, il est gentil, il est intelligent, il ne me considère pas comme une idiote incapable de faire quelque chose sans provoquer un accident…

-D'accord, j'ai compris ce que c'est : il est aveugle !

Elles éclatèrent de rire, Dora particulièrement soulagée d'avoir noyé le poisson dans sa description de Remus. Cependant, elle se turent rapidement car la porte s'ouvrit, laissant passer un homme qui ressemblait étrangement à Mulciber. Les deux Aurors l'observèrent attentivement tandis qu'il s'arrêtait au bar, sans doute pour commander à boire et allait s'asseoir à une table opposée à la leur. Dawn grimaça : elles n'entendraient pas ce qui se dirait à cette table.

Pendant le quart d'heure qui suivit, le Mangemort fut rejoint par Avery et un troisième homme qu'elles n'avaient jamais vu. Enfin, pour la quatrième fois, la porte du café laissa entrer un Mangemort. Cette fois, les deux jeunes femmes retinrent un cri de surprise : c'était Eric Berton, l'homme qui était à l'accueil au Ministère.

-Alors ce serait lui, leur espion ? Remarque, l'idée n'est pas bête. Tout le monde passe par l'Atrium et en général, on en fait pas attention à ce qu'on dit en sa présence. Il doit être au courant de tout un tas de choses, murmura Dawn.

-Ouais et c'est plutôt inquiétant. Il faut savoir ce qu'ils mijotent !

-Mais comment ?

Dora eu une pensée pour les Oreilles à rallonge de Fred et George Weasley et soupira. Non, une fois de plus, son don allait lui servir…

-Je vais aux toilettes et je reviens, d'accord ? dit-elle à son amie. A ton avis, quelle genre de femmes peut bien plaire à ces barbares ?

-Tonks, répondit Dawn d'un air grave en la retenant tandis qu'elle se levait, tu n'es pas obligée de faire ça.

-Je sais. Mais on doit bien savoir ce qu'ils complotent et si je n'y vais pas, tu sais parfaitement que Dawlish m'en voudra, fera un rapport et que j'aurais des problèmes. Alors autant être volontaire…

-Bon, c'est d'accord… Mais je n'aime pas ça.

-Moi non plus, murmura Dora en plissant les lèvres.

Puis elle fit demi-tour et se dirigea vers une porte qui indiquait, entre diverses choses, l'inscription « toilettes ». Là, elle s'enferma dans une cellule et changea d'apparence. Elle devint une magnifique jeune femme blonde avec des cheveux qui descendaient jusqu'à la taille et de larges yeux verts. Elle avait également de longues jambes, une taille de guêpe et portait une mini-jupe noir qui, au moindre mouvement, laissait voir un string rouge et pour tout haut, un foulard rouge qui couvrait à peine ses seins qui étaient maintenant assez imposants pour attirer les regards.

Ainsi transformée, Dora sortit des toilettes et entra à nouveau dans la salle principale du café. Là, elle conjura un sort qui fi naître un air de musique et commença à danser lascivement, bougeant des hanches et s'approchant discrètement des quatre Mangemorts. Elle jeta un coup d'œil vers Dawn qui la suivait attentivement du regard et lui adressa un sourire crispé. Puis elle reporta son attention vers les Mangemorts qui continuaient à discuter tout en lui lançant des regards peu discrets.

Elle s'approcha un peu plus et tendit l'oreille, captant un mot ici et là, « Poudlard », « Scrimgeour », « attaque », « surprise », bref, ce que l'on pouvait attendre d'une réunion de Mangemorts mais rien qui ne pourrait vraiment être exploité, malheureusement. Il fallait qu'elle aille plus près.

Se mordant les lèvres, elle fit encore quelques pas supplémentaires mais ne put rien entendre de plus avantageux. En effet, les quatre hommes s'arrêtèrent au même moment et prirent chacun leurs boissons, paraissant maintenant plus détendus. Ils devaient avoir fini. Dora jura intérieurement et commença lentement à se retirer mais n'en eu pas le temps.

Avery se leva, l'attrapa par le bras et l'attira sur ses genoux, posant une main sur la cuisse de la jeune femme et l'autre sur ses seins. Dora se raidit. Cela faisait à peu près un an et demi qu'il avait tenté de la tuer et que Remus lui avait sauvé la vie… Mais elle ne pouvait pas non plus le repousser comme ça et elle le savait, cet homme était violent et ce qu'elle venait de faire laissait penser qu'elle était une prostituée. Elle se força à sourire et se tortilla pour échapper à son emprise, sans succès. Il l'attrapa violemment par les cheveux et la pressa contre lui, suçant et mordillant la base de son cou. Elle dû enfoncer profondément ses ongles dans la paume de sa main pour s'empêcher de frissonner de dégoût.

Elle lança un regard désespéré à Dawn qui s'était levé et devait préparer quelque chose. Elle sentit alors contre sa fesse l'érection d'Avery et se raidit à nouveau. Ca, c'était très mauvais. L'homme passa une main sous la jupe de Dora et enfonça un doigt en elle. Elle gémit de douleur et il rit, sortit sa main, prit celle de la jeune femme et l'obligea à caresser son sexe. Les autres Mangemorts les regardaient en souriant, apparemment habitués à ce genre de situation. Pendant que Dora lui procurait une caresse forcée, Avery lui mordillait le cou et lui triturait les seins. Des images d'une épreuve précédente passèrent devant les yeux de la jeune auror et elle sentit des larmes affluer. Non, cette fois, ça ne se passerait pas comme ça !

Brusquement, la lumière s'éteignit et Dora, remerciant intérieurement Dawn, broya sauvagement les testicules d'Avery qui la lâcha en hurlant. La jeune femme prit ses jambes à son cou et sortit du café, s'arrêtant après pour respirer profondément. Son amie la rejoignit rapidement et elles transplanèrent vers Pré au Lard.

Une fois rentrée dans sa chambre, Dora s'effondra en pleurant sur son lit. Merlin, pourquoi ça, pourquoi elle ? Elle se sentait sale, violée et eu une nausée violente en pensant à Remus et à l'enfant qu'elle portait. Qu'il soit préservé de ce don maudit ! Elle cessa brusquement de verser des larmes en entendant frapper à la porte. Elle cria « entrez ! » d'une voix qu'elle espéra normale.

Apparemment, c'était raté. Dawn et Kingsley, qui venaient d'entrer, avaient l'air inquiets. Elle leur adressa un pâle sourire qui ne parût pas les rassurer le moins du monde.

-Merci Dawn, finit-elle par dire.

-De rien, ma puce, c'est normal. Je sais que c'est difficile pour toi et je refuse que ça le soit encore plus. Personne ne doit exiger ça de toi. Demain je vais dire deux mots à cet enfoiré de Dawlish et il n'a pas intérêt à me dire que c'est ton devoir !

-Oh, il le dira quand même !constata Kingsley d'une voix froide. Mais je m'arrangerais pour qu'il sache que c'était trop et ça m'étonnerait que ça lui fasse plaisir. Je suis autant responsable que lui de cette mission. Ne t'en fais pas, Tonks, je ne pense pas que tu récupères de nouveau une mission de ce genre avant un petit moment.

Dora sourit. Cela faisait du bien d'avoir des amis. Elle eu une vision de Remus et soupira, elle aurait eu bien besoin de lui en cet instant précis.

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Allongée sur son lit dans sa chambre des Trois Balais en ce doux soir de mai, Nymphadora Tonks ne voyait ni les murs blancs ni la nuit tombante. En fait, elle était occupée par son activité favorite quand elle ne pensait pas au bébé, à savoir se morfondre à propos Remus.

Ce qu'elle avait dit de lui à Dawn quelques jours auparavant était la stricte vérité. Elle aimait tout chez lui. D'abord, elle le trouvait beau. C'était la toute première chose qui l'avait frappée lors de leur rencontre. Ses quelques cheveux blancs ne gâchaient rien et même participaient activement à son charme. Elle aimait ses yeux bruns clairs qui lui donnaient la sensation d'être unique, sa bouche si douce… Il n'était ni tellement grand ni particulièrement musclé, mais assez pour la dépasser, la porter dans ses bras et la faire se sentir en sécurité. Elle n'en demandait pas plus.

Elle comprenait parfaitement que pendant leurs années à Poudlard, Sirius ait attiré tous les regards. Sa beauté à lui était plus naturelle, plus évidente. Mais Remus, lui, dégageait un charme certain qui attirait davantage la métamorphomage. Dès qu'elle était en sa présence, elle voulait être près de lui, le toucher, l'embrasser. Sirius, d'ailleurs, l'avait énormément titillé après avoir deviné son attirance pour son ami. Elle sourit à ce souvenir, cher Sirius, il leur manquait tellement !

Remus, lui, ne l'avait que rarement embêté. Ce qui lui faisait dire qu'il était gentil. Adorable, même, rajouta-t-elle en son for intérieur. Il avait toujours la patience d'écouter les gens, de les réconforter, de les consoler quand besoin était. Il savait répondre aux questions avec sincérité – sauf en ce qui la concernait, cependant.

Il ne se moquait jamais, ou alors rarement et toujours de façon subtile. Il avait comme senti qu'elle n'aimait pas qu'on parle de sa maladresse et avait toujours évité le sujet avec tact. Par contre, oui, elle devait l'avouer, il l'avait parfois un peu cherchée sur d'autres sujets, mais c'était toujours anodin et gentil, elle n'avait jusqu'alors pas réussi à lui en vouloir. Enfin, tout ça, évidemment, c'était avant qu'elle lui avoue ses sentiments. Depuis, il avait plutôt tendance à éviter tout contact, au grand malheur de la jeune femme.

Elle aimait également son côté prof, quand il avait l'air de tout savoir et de tout connaître mieux que tout le monde. Ca énervait beaucoup Sirius mais elle, cela lui plaisait assez. Tout comme, d'ailleurs, son côté blasé. J'ai tout vécu, rien de nouveau ne peut m'arriver. Elle aimait bien mais en même temps, rêvait de le faire mentir, ce côté-là. Elle voulait réussir à le surprendre, elle voulait qu'il l'accepte dans sa vie. Merlin, qu'il craque, souhaita-t-elle pour la énième fois. Cela viendrait bien un jour, même si elle devait encore attendre des années.

Elle savait que Remus était l'homme de sa vie. Comment ? Pourquoi ? Mystère, mais elle le savait et c'était tout ce qui importait. Et il faudrait bien qu'il finisse par l'accepter et par ouvrir les yeux. Parce qu'en plus, il l'aimait aussi, lui. Après tout, il était bien le premier à l'avoir voulu, elle et pas une autre. Mais non, il s'entêtait à ne voir que les mauvais côtés possibles d'une telle relation.

Avec un soupir d'extase, elle repensa à la dernière fois qu'elle l'avait vu. Cette nuit ensemble qu'ils avaient passé, si pleine de passion et d'amour. Elle en rêvait depuis des siècles et se sentait capable de finir sa vie avec ce seul souvenir. Néanmoins, elle espérait tout de même amener Remus à répéter l'expérience plus souvent… Evidemment, ce serait difficile, mais elle refusait de perdre espoir.

Remus… Elle aimait jusqu'à son nom, le mouvement que faisaient ses lèvres en le prononçant. Tout comme, d'ailleurs, entendre le sien prononcé par lui, par sa voix chaude et douce… Elle frissonna à cette pensée. Oui, il fallait qu'elle aille le voir, qu'elle lui apprenne la vérité sur la suite de leur nuit d'amour. Leur enfant qu'elle portait en elle. Elle qui n'avait jamais vraiment réfléchi à la maternité auparavant était plus qu'heureuse de cet évènement. Bien sûr, il faudrait voir comment Remus réagirait. Mais avec un peu de temps et de préparation, cela devrait passer. Non ? La pleine lune était dans une semaine, elle irait le voir le lendemain…

Et sur cette agréable pensée, elle s'endormit profondément, un sourire au lèvres…

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Des papillons tourbillonnaient dans le ventre de Nymphadora Tonks tandis qu'elle attendait devant la porte que Remus vienne lui ouvrir. Pourtant, ce n'était pas la première fois qu'elle venait là, mais elle avait presque l'impression d'être une jeune fille allant à son premier rendez-vous. Il fallait dire que la nouvelle qu'elle avait à lui annoncer faisait de la démarche une nouvelle expérience pour elle.

D'ailleurs, quand il parût sur le pas de la porte, si beau malgré son air épuisé, elle ne sut absolument pas comment réagir. Elle resta là, bouche ouverte, pendant plusieurs minutes avant de se réveiller et de suivre Remus dans la maison. Une fois dans le salon, elle commença à tortiller ses doigts, se demandant par où commencer. Elle prit sa respiration :

-Remus, je suis désolée de venir jusqu'ici te déranger, mais j'avais quelque chose d'important à te dire.

-Je t'écoute.

Hésitante, elle se passa la main dans les cheveux, les repoussant en arrière, mordilla sa lèvre inférieur, effleura son ventre de ses doigts avant de les retirer aussitôt mais, au moment où elle allait se lancer, Remus la coupa, la voix tranchante :

-Dora, qu'est-ce que c'est que ça ?

Il montrait son cou et la jeune femme y passa les doigts fébrilement : qu'est-ce qui avait bien pu lui arriver ? Son index effleura la base de sa nuque et elle poussa un profond soupir tandis que la mémoire lui revenait.

-Ce n'est pas ce que tu crois…

-Non, bien sûr, coupa-t-il à nouveau la vois cinglante. Tu as un suçon dans le cou mais ce n'est pas du tout ce à quoi je pense !

-Non, Remus, c'est…

-Ton nouveau petit ami ? Je le connais ? Vous êtes ensembles depuis quand ?

-Remus ! Cria-t-elle une nouvelle fois.

Il se tut, la regardant toujours d'un regard noir qui l'aurait fait frissonner si elle n'avait pas été aussi énervée.

-C'est Avery, d'accord ?

Il la regarda d'un air tellement abasourdi qu'elle faillit éclater de rire.

-Avery ? Mais… Comment ? Il… C'est un Mangemort ! Il a essayé de te tuer !

-Oui, merci, j'étais au courant ! Donc, tu crois vraiment que c'est mon nouveau petit ami ?

Il se tut et elle inspira profondément, essayant tant bien que mal de se calmer. Elle n'avait pas vraiment prévu de lui raconter ça…

-J'étais en mission avec Dawn, on devait espionner Avery et compagnie, donc bon, pour entendre ce qu'ils disaient, je me suis changée en pute et j'ai dansé devant eux. Evidemment, ça n'a servi à rien mais…

Elle serra les lèvres et déglutit difficilement tandis qu'il continuait à l'écouter en silence :

-Avery m'a attrapé et m'a tripoté. Pour un peu, il me violait sur place devant tout le monde sans que quiconque ne bouge… Heureusement, Dawn a réagi à temps…

Incapable de dire plus, elle laissa les larmes glisser sur ses joues. Remus s'approcha et l'entoura de ses bras dans lesquels elle se blottit avec un soupir de bien être. Elle continua, la voix tremblante :

-Oh Remus ! Si tu savais… Je… J'aurais tellement aimé que tu sois là… Après… J'aurais voulu que tu puisses me prendre dans tes bras comme tu le fait en ce moment… J'avais tellement besoin de toi, Remus, si tu savais… J'ai eu si peur ! J'ai eu si mal ! Et toi, tu… Oh, Merlin, j'avais envie que tu sois là…

-Chut, murmura-t-il doucement en la berçant tendrement. Pleure, ce n'est rien. Je suis désolé… Désolé…

Dora finit par se calmer et s'éloigna de Remus en reniflant et en se frottant les yeux.

-Je suis désolé, répéta-t-il.

-Tu n'y es pour rien, dit-elle. Tu sais, je… Enfin, ce sont les risques du métier, je savais à quoi je m'exposais…

Il avait toujours le regard sombre lorsqu'il murmura :

-Quand je pense que pour un peu, je te faisais une crise de jalousie. Je suis désolé. De toute façon, ce n'est pas comme si j'avais le moindre droit sur toi.

La jeune Auror se mordit les lèvres. La discussion changeait de terrain, c'était peut-être le moment… Mais le courage lui manqua et elle changea d'angle d'attaque :

-Je n'ai rien contre, Remus. Au contraire, j'accepterais avec joie tout crise de jalousie de ta part si elle signifiait que tu m'acceptes dans ta vie !

-Dora, soupira-t-il. On en a déjà parlé, ce n'est pas possible ! Vraiment pas ! C'est trop dangereux…

-Remus, je crois que je viens de te démontrer que je n'ai pas besoin de toi pour me mettre en danger, coupa-t-elle d'une voix coupante.

-Ce n'est pas une raison pour en rajouter une couche, grogna-t-il. Et puis de toute façon, je suis bien trop vieux pour toi et bien trop pauvre, aussi.

-Laisse-moi donc en juger, Remus, proposa-t-elle.

-Non. Je me refuse à… Dora, ce n'est pas possible, c'est tout ! Si tu est venue pour me parler de ça, il vaudrait mieux que tu t'en ailles !

Elle ouvrit la bouche pour parler, lui lancer à la figure qu'elle était enceinte de lui, mais, en voyant son regard fixe et son visage tendu, elle se tut au dernier moment.

-Je t'aime, dit-elle comme un état de fait et fit demi-tour, sortit en claquant la porte et laissa derrière elle un Remus Lupin qui n'en pouvait plus de se poser des questions et de se contrôler.

Jusqu'à présent, il avait réussi à se convaincre qu'il devait absolument protéger Dora d'elle-même en l'éloignant de lui. Il avait cru qu'elle l'oublierait, trouverait quelqu'un d'autre et s'était persuadé qu'il se contenterait de la savoir heureuse. Mais après cet incident, il devait bien admettre que c'était loin d'être le cas. L'éclair de jalousie qui lui avait transpercé le cœur en remarquant le suçon dans son cou avait été bien trop violent pour qu'il puisse l'ignorer. Non seulement il l'aimait, mais il se rendit compte avec effroi qu'il aimait beaucoup trop qu'elle partage ses sentiments. Même s'il n'en avait pas le droit, il voulait qu'elle soit à lui, rien qu'à lui, et il se sentit capable de faire énormément de mal au premier homme qui l'approcherait.

Remus poussa un profond soupir. Ca n'allait pas, vraiment. Il fallait absolument qu'il se fasse à l'idée qu'un jour, elle trouverait mieux que lui. Et pourtant…

Savoir qu'elle aurait eu envie qu'il soit là lui avait fait chaud au cœur malgré l'horreur qu'il avait ressentit en apprenant ce que Avery lui avait fait subir. En imaginant la scène, il grogna et serra les dents. Il détestait ce bonhomme. C'était déjà la deuxième fois qu'il tentait de faire du mal à Dora et il ne le supportait pas. Si jamais il se retrouvait en face de lui, le Mangemort risquait de passer un sale quart d'heure. Ne pas vraiment vouloir que Dora rencontre un autre homme, c'était une chose. Mais Remus se sentait prêt à mourir pour que, au moins, ce genre d'événement traumatisant ne se reproduise plus pour la jeune femme.

Avec un nouveau soupir, Remus se dirigea vers sa chambre pour dormir, récupérer un peu de sa nuit de pleine lune. Il savait déjà qu'il rêverait de sa belle Auror aux yeux profonds.

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Après avoir quitté Remus sur cet éclat, Dora erra longtemps dans les rues de Londres, se demandant se qu'elle allait bien pouvoir faire. Il n'était toujours pas au courant qu'il allait avoir un enfant. La jeune femme avait envie d'apprendre la nouvelle à quelqu'un, bref, de la rendre plus officielle qu'avec seulement Dawn et Kingsley au courant. Pendant quelques minutes, elle envisagea de rendre visite à Molly puis une idée lui traversa l'esprit et elle s'en voulut de ne pas y avoir pensé auparavant.

Elle vérifia que personne ne pouvait la voir et transplana devant chez ses parents, encore abasourdie de ne pas y être allée avant. Cela faisait presque un an maintenant qu'elle n'y avait pas remis les pieds, soit depuis la mort de Sirius. Mais cette fois, c'était un autre genre de nouvelle qu'elle apportait. Cependant, si elle était presque sûre que sa mère ne fondrait pas en larmes, elle était loin d'être certaine d'avoir une réaction particulièrement positive.

Respirant profondément et espérant que son père serait là, elle sonna. C'est Ted Tonks qui vint lui ouvrir la porte et elle soupira de bonheur tandis qu'il la serrait contre lui : il avait toujours sut calmer Andromeda et lui faire voir le bon côté des choses. Dora entra et embrassa sa mère qui la fit asseoir à table, rajouta un couvert et apporta le déjeuner. Ce ne fut qu'après quelques minutes qu'elle lui demanda :

-Alors, ma chérie, qu'est-ce qui t'amène ?

-Meda, dit Ted, elle avait peut-être tout simplement envie de voir ses vieux parents !

La jeune femme sourit. Rien n'avait changé, décidément ! Sa mère était toujours aussi curieuse et son père aussi calme et discret.

-En fait, dit-elle, j'ai une nouvelle à vous annoncer. Elle est assez importante mais je ne sais ni comment vous allez la prendre ni par où commencer.

-Mais enfin, ma chérie, de quoi as-tu peur ? s'exclama Andromeda. Nous t'écoutons de tout cœur, nous sommes tes parents, nous pouvons tout entendre.

Dora soupira. Oui, effectivement, rien n'avait changé. Sa mère était également toujours aussi grande dame et exigeante… Son père lui fit un clin d'œil et elle sourit avant de se lancer. Y aller doucement, se dit-elle une dernière fois, être patiente et s'attendre à être coupée…

-J'ai rencontré quelqu'un…

-Mais c'est merveilleux, s'exclama tout de suite Andromeda. Enfin, Nymphadora, pourquoi avais-tu peur que nous le prenions mal ? Nous sommes très heureux pour toi ! Surtout qu'à ton âge, une belle jeune fille comme toi devrait être mariée depuis longtemps !

-Mais enfin maman j'ai vingt-quatre ans !

-Peuh ! Quand j'avais ton âge, tu avais déjà trois ans !

-Et alors ? Enfin quoi, se marier et avoir des gosses n'est pas le seul but dans l'existence d'une sorcière !

-Et où l'as-tu rencontré, ce jeune homme, intervint Ted en coupant court à la discussion.

Dora ferma les yeux et inspira profondément pour se calmer. Pourquoi fallait-il que toutes ses discussions avec sa mère finissent ainsi ? Malgré son mariage avec un sorcier d'origine moldue, Andromeda était restée une vraie Black dans l'âme, elle défendait toujours avec ardeur les valeurs traditionnelles et avait souvent du mal à accepter les choix de vie de sa fille. Or comme celle-ci avait hérité du caractère fort et affirmé de sa mère, les discussions pouvaient rapidement tourner à la violence. Heureusement, avec les années, Ted Tonks était devenu expert dans l'art de faire retomber la pression. Mais là, même lui ne serait peut-être pas ravi d'apprendre toute la vérité sur le grand amour de sa fille.

-Chez des amis, dit Dora en répondant à son père.

-Vous vous mariez quand ? interrompit à nouveau sa mère.

De nouveau, la jeune Auror ferma les yeux et appela tous les sorciers à son secours pour l'aider à conserver son calme :

-Aucun mariage n'est à l'ordre du jour, maman !

Celle-ci eu une moue boudeuse et demanda :

-Mais alors pourquoi est-ce que tu nous en parles ? Je veux dire, d'habitude, tu ne nous tiens pas au courant de toutes tes amourettes !

-Si tu m'avais laissé finir, grogna Dora.

Elle inspira profondément et regarda sa mère qui paraissait contrite.

-Je disais donc… D'abord, maman, merci pour toutes les amourettes, je n'ai pas eu tant de copains que ça ! Papa, il n'est pas vraiment jeune, il a une dizaine d'années que plus que moi. Ensuite, on ne va pas se marier parce que pour le moment on n'est même pas vraiment ensemble et laisse-moi finir s'il te plaît, dit-elle rapidement à l'intention de sa mère qui avait ouvert la bouche, enfin, si je vous en parle, c'est parce que je suis enceinte.

Sa mère poussa un cri et son père laissa tomber sa fourchette qu'il portait à ses lèvres. Le silence qui suivit fut assourdissant. Trop pour la jeune femme.

-Bon, dit-elle d'un ton brusque, maintenant vous savez pourquoi j'attendais une mauvaise réaction, je l'ai eue, alors j'y vais.

Elle se leva mais son père lui attrapa doucement le poignet et elle se rassit ; les yeux baissés sur son assiette.

-Nymphadora, mon bébé, ma toute petite fille, qu'est-ce que tu as fait ? gémit Andromeda.

-C'était un accident, expliqua-t-elle d'un ton las. Mais je te jure que ce n'était pas le premier venu, je l'aime vraiment ! Mais comme il est plus âgé que moi, il ne veut pas entendre parler d'une relation…

-Au moins, lui, il est responsable, murmura sa mère.

-Tu vas le garder ? demanda Ted d'un ton neutre.

-Evidemment ! s'exclamèrent la mère et la fille sur le même ton outragé. Cela eu le mérite de les faire rire, après quoi Dora reprit :

-Je te dis que j'aime son père, je ne perds pas espoir de le faire changer d'avis et je refuse de tuer notre enfant simplement parce qu'il est arrivé un peu trop tôt !

-Et de toute façon, continua Andromeda d'un ton indigné, il est hors de question qu'on me tue un de mes petits-enfants ! Déjà que je n'ai qu'une fille !

Ted sourit aux deux femmes de sa vie et leur fit un clin d'œil. Une fois de plus, il avait réussit à les mettre d'accord sans qu'elles s'en aperçoivent.

-Papa, dit Dora en riant, tu aurais dû aller à Serpentard, tu es bien trop manipulateur pour un Serdaigle !

-Concrètement, Dora, dit-il en reprenant son sérieux, que vas-tu faire ? Tu te sens capable de l'élever seule ? Tu as prévenu son père ?

-Non, grimaça sa fille. Je comptais le faire aujourd'hui mais je me suis dégonflée, on est partis sur autre chose, bref… Et sinon, ma foi, j'ai un bon travail, donc oui, je devrais pouvoir l'élever seule. Enfin, ça va te faire plaisir, maman, j'espère quand même l'élever avec son père et lui donner des frères et sœurs.

-Oh, ma chérie, fit Andromeda d'un ton tendre en caressant la main de sa fille, tu sais, un enfant, c'est la plus merveilleuse des choses. Enormément de travail mais tellement de joie ! Je te souhaite d'être heureuse.

Et c'est sur cette note que se finit le repas, Andromeda abreuvant sa fille de conseils en tout genres et Ted faisant retomber la pression quand elle montait un peu trop. Ce n'est qu'au moment où, après avoir débarrassé, Dora s'apprêtait à partir qu'Andromeda demanda, ne pouvant plus se retenir :

-Et le père de ce bébé, qui est-ce ? Je le connais ?

-Oui, dit Dora, hésitante, en se mordant les lèvres.

-Alors ? Tu me dis son nom ?

-Je ne suis pas sûre…

-Enfin ma chérie, s'énerva sa mère, quand même ! J'ai le droit de savoir qui est le père de mon futur et premier petit-enfant ! C'est un homme bien ?

-Très bien, grogna Dora. C'est un ami de Sirius, Remus Lupin.

Sa mère en resta abasourdie et son père lui-même fit une drôle de tête.

-Mais enfin, finit par s'exclamer Andromeda, il est beaucoup plus vieux que toi ! Il était à Poudlard en même temps que moi !

-Je sais, soupira la jeune femme. Je te l'ai dit. Il m'a même vu avec des couches quand il venait avec Sirius. Mais tant pis, je l'aime, c'est comme ça. Je sais que c'est le bon, alors j'arriverais bien à le convaincre.

-Tu as raison, finit par dire Andromeda après un long silence. Il ne faut pas s'arrêter aux préjugés quand on aime, ajouta-t-elle avec un regard amoureux vers son mari. C'est quelqu'un de bien, je l'aimais beaucoup. Bats-toi pour lui, ma fille, il mérite beaucoup de bonheur et toi aussi.