Nouvelle version, 2021

Ransa no Moribito

Gardien des Lanciers


Chapitre 12

Maman, d'où viennent les bébés ?

J'étais en train de nettoyer la vaisselle lorsque j'entendis avec une voix familière parler avec Papa. Ce dernier se rua immédiatement à l'intérieur pour en déplier le lit de médecine. Je vis Maman entrer avec un tas de boue dans les bras. Je jetai un œil à l'extérieur : les serviettes en Cotton étaient maculées d'une texture brunâtre et huileuse.

« C'est de l'huile de charbon, m'aida mon commandant esprit. Ça tâche énormément. »

Je comprenais mieux. Chagum aida Papa et Maman à nettoyer le tas de boue. Quelques instants plus tard, je reconnus la silhouette de Grand-Mère Torogai ! Je ravalai mes mots intérieurement pour l'avoir indirectement traitée de « tas de boue »... si elle m'avait entendu, elle m'aurait changé en petite grenouille. Ils lui enfilèrent un kimono blanc et détachèrent ses longs cheveux gris. Même si elle était âgée, je me surpris à penser que Grand-Mère était très belle les cheveux détachés.

« Maman ? questionnai-je en m'approchant. C'est quoi qui se passe ?

- Oh ! j'ai terminé de régler mon différend. C'est pour ça que je suis revenue. »

Je lui donnai un câlin, heureuse de la revoir.

« Pourquoi Grand-Mère est comme ça ?

- Je l'ai retrouvée, baignant dans une flaque d'huile de charbon, proche des plantations. Grand-Mère Torogai a jailli de là. De quelle façon s'est-elle retrouvée-là, je n'en ai aucune idée... alors voilà.

- T'es courageuse.

- Oh ? Comment ça ?

- Si j'avais vu de quoi sortir d'une flaque, je serai partie en courant... et je l'aurai laissée là, terminai-je en faisant une grimace. »

Elle rit.

« Et toi ? Tu ne t'es pas trop ennuyée ?

- Non. Mais tu m'as manquée !

- Tu m'as manquée aussi, ma belle. »

Papa examina Grand-Mère Torogai. Maman et Chagum étaient agenouillés à son chevet. De mon côté, je marchai un peu partout dans le refuge.

« Balsa, dit Niisan. À cause de mon escapade au festival...

- Tu n'as rien à voir avec ça. C'était mon problème.

- Est-ce que tu vas bien, Balsa ? s'inquiéta Papa.

- Oui. Je ne suis pas blessée. Plus important, comment va-t-elle ? dit Maman en regardant Grand-Mère.

- Je vais bien également. Ne t'inquiète pas, répondit Grand-Mère soudainement.

- Maître, vous étiez réveillée pendant tout ce temps ?! s'étonna Papa.

- Si je l'avais été, crois-tu que je t'aurai laissé me soigner ? »

Elle se redressa et sentit sa peau et ses cheveux.

« Je pue ! C'est quoi cette odeur ?

- De l'huile de charbon, la renseigna Maman.

- De l'huile de charbon ? Pourquoi j'ai cette odeur sur moi ?

- Vous vous êtes évanouie dans une flaque d'huile de charbon qui était apparue dans l'une des rizières, résuma Papa. Vous ne vous rappelez pas ?

- Comment ai-je pu survivre à tout ça ? Peut-être que cette huile de charbon est son... »

Elle réfléchit un moment.

« Il y a tellement de choses que je ne connais pas encore...

- Qu'est-ce que vous marmonnez ? demanda Papa, curieux. Expliquez-nous pour que nous puissions comprendre. De plus, ne deviez-vous pas vous rendre au Nœud, afin d'entendre ce que le peuple de l'eau avait à dire ?

- Je suis allée au Nœud. J'ai appris beaucoup de choses du peuple de l'eau également, dit Grand-Mère en regardant soudainement Chagum. Y compris le fait que l'œuf que tu portes n'est pas néfaste et que l'Histoire Officielle de la Fondation est fausse.

- Quoi ? s'étonna Niisan.

- Que voulez-vous dire ? s'enquit Maman alors que je venais m'asseoir à ses côtés.

- Pendant deux cents ans, nous avons été dupés par les mensonges de l'Histoire Officielle de la Fondation. »

Nous prîmes place devant le foyer éteint du refuge et écoutâmes le récit d'aventure de Grand-Mère. Elle s'était rendue au Nœud pour soutirer des informations à propos Nayug et s'était faite poursuivre par un esprit du feu. Les esprits du feu étaient alliés avec les esprits de la terre. Ce qui signifiait que les esprits d'eau étaient amis avec les esprits d'air.

« Sagu et Nayug continuent d'exister dos à dos. Les deux mondes s'influencent l'un l'autre, se soutiennent et font des compromis. C'est bien plus que je ne l'aurais imaginé. »

Elle s'adressa à Niisan.

« Gamin, sais-tu comment les grottes se forment ?

- Quoi ? s'étonna Chagum.

- Écoute bien. Les grottes se forment lorsque les couches relativement friables de la terre se dissolvent dans l'eau. Où penses-tu que l'eau va ensuite ?

- Soit elle est absorbée dans le sol, soit... elle devient une rivière ?

- Exactement. »

Elle nous raconta qu'elle avait fui l'esprit du feu et découvert une rivière souterraine. Elle avait débouché dans une grosse lumineuse et avait fait la rencontre d'un énorme ver bleu. Ce dernier l'avait mangé alors qu'elle avait offert son Usanezumi – le petit hamster-lapin constamment couché sur son chapeau – et c'est ainsi qu'elle s'était retrouvée dans la mare d'huile de charbon. Heureusement que Maman passait dans le coin. Un vrai hasard.

« Voilà ce qui s'est passé, finit-elle. »

Je ris de bon cœur avec Papa et Maman.

« Donc en fait, ce ver de terre géant vous a sauvé la vie en vous ramenant ici ? comprit Papa après avoir fait passer son fou rire.

- Je suis sure que ce n'était pas lui. J'ai juste été mangée !

- Tout de même, j'ai du mal à croire que vous êtes revenue à l'intérieur de ses excréments, rit Maman.

- La ferme ! Ce n'est pas comme si tu croyais en ce genre de choses ! En tout cas, je suis sûre que quelque chose qui désire protéger l'esprit de l'eau m'a indiqué la sortie. On dirait que le monde de Nayug est aussi compliqué que celui de Sagu. »

Elle prit une cuillère de sa soupe. Niisan se frotta le ventre comme pour y tâter et trouver l'œuf. Ce geste me rendit intriguée.

« Mais si le Saint-Père Fondateur, Torugal, n'a finalement pas vaincu le démon aquatique..., allait commencer Niisan.

- Le démon aquatique est en fait ton œuf, ajoutai-je brusquement.

- ... Oui je sais, Alika. Mais alors, je me demande... Pourquoi ont-ils écrit une telle légende dans l'Histoire Officielle de la Fondation ?

- Tu marques un point, avoua Papa.

- Ils voulaient glorifier le Saint-Père Fondateur pour renforcer sa mainmise sur les terres, expliqua Maman.

- Eh bien, ça semble assez juste, réfléchit Grand-Mère.

- Mais ne leur est-il pas venu à l'esprit que dissimuler la vérité pouvait s'avérer dangereux par la suite ? émit comme hypothèse Papa. Ils devaient forcément savoir que l'esprit de l'eau devait renaître à tous les cents ans.

- Il doit en rester une trace quelque part à la cour, mais je ne pense pas que quiconque tirant les rênes là-bas connaisse la vérité. »

Grand-Mère offrit des friandises à son petit Usanezumi qui la bouda. Elle regarda Niisan.

« Je pensais que le Nyunga Ro Im avait fait une chose stupide en pondant son œuf dans un prince... Mais si la cour avait su ce que cet œuf était réellement, ç'aurait été pour lui l'endroit le plus sûr du monde. Pauvre chose. Le Nyunga Ro Im a misé sur le mauvais cheval, c'est certain. »

Maman regarda Niisan comme si elle cherchait une solution. La discussion se termina-là. Grand-Mère s'était changée avec des vêtements neufs. Elle était déjà rétablie et brassait quelque chose qui nous laissait tous perplexes. J'avais les sourcils arqués avec une moue incertaine. Au bout d'un moment, elle s'arrêta et éternua. Je ris et Papa se leva pour lui offrir du thé.

« Maître, vous n'êtes plus toute jeune. Essayez de vous ménager un peu, s'il vous plait.

- Silence, gamin ! Parfois, on ne peut pas trouver la vérité à moins de tendre la main pour l'attraper. »

Elle but puis observa son verre.

« J'ai envie de manger du yamabime. Vous deux, les p'tits jeunes, allez me chercher un peu de yamabime dans les montagnes derrière.

- Du yamabime ? questionna Chagum.

- Quoi, tu ne sais même pas ce qu'est le yamabime ? C'est un fruit violet qui s'ouvre tout seul une fois mûr. Tu peux en trouver à la pelleté si tu vas dans les montagnes. Allez dehors et trouvez-en, c'est tout ! s'impatienta-t-elle. »

Il regarda Maman.

« Tu peux y aller, Alika va te guider. Elle connaît l'endroit par cœur.

- Très bien. »

Je me levai et le pris par la main avant de sortir dehors. J'empruntai un petit chemin terreux derrière le refuge et nous escaladâmes une pente.

« Je viens souvent ici et j'en mange... tu verras, je sais où les trouver.

- Je te fais confiance. »

J'arrivai proche d'un arbre et pointai des fruits qui pendaient à des lianes. J'en décrochai trois et laissai Niisan ramasser les plus hauts. On revint tout en parlant de Grand-Mère et de mes parents compagnie. Nos bras étaient chargés. Maman nous regarda.

« Vous en avez trouvé des bien gros.

- Ils sont plutôt légers pour leur taille, remarqua Chagum.

- Ah ha ! Ils sont ronds et bien mûrs ! se réjouit Grand-Mère. »

Je la regardai manger le fruit à toute vitesse à pleine dent et recracher les pépins.

« Quand j'étais petite fille comme Alika, la conteuse du village, une vieille chouette, m'en faisait ramasser à la tonne.

- Attendez ! s'exclama Papa. C'est ça, Maître ! »

Nous le regardâmes, étonnés.

« Peut-être qu'un conteur Yakue pourrait—

- De nos jours, les Yakue du coin sont des gens de Yogo, en fait, le corrigea Grand-Mère. Je doute que leurs histoires soient proches de celles d'origine.

- Et que pensez-vous du village de Toumi ? Si c'est dans ce village que mon grand-père a déménagé, peut-être conservent-ils encore les légendes.

- C'est vrai. Ça vaut éventuellement peut-être le coup de se rendre au milieu de nulle part.

- C'est toujours mieux que rien, dit Maman.

- Nous allons à quelque part ? questionna Chagum en goûtant le fruit sous mon regard curieux.

- Oh, oui. Un voyage de découverte.

- Un voyage ? Ça a l'air amusant !

- Je suppose que nous allons essayer, alors, marmonna Grand-Mère.

- Alors je vais retourner à la maison et me préparer.

- Je viens avec toi, insista Papa. Je voudrais également récupérer quelques plantes médicinales. »

Une fois changés, nous allâmes en ville afin de faire quelques courses. En cours de route, une pluie drue se mit à tomber avec des éclairs et du tonnerre. Je m'accrochai désespérément au kimono de Maman, tendue et crispée.

« Le bruit peut être assourdissant, mais tu es trop petite pour que les éclairs viennent te frapper, me rassura-t-elle, une fois à l'abri. Tu sais que le Dieu Yoram est le dieu de la foudre ?

- Vraiment ?! m'exclamai-je.

- Oui.

- Quel déluge soudain, dit Papa.

- Quel changement soudain de conversation, le taquina Maman.

- Oh, vous parliez de quelque chose ?

- De mon pays Kanbal et du Dieu Yoram. Pour rassurer Alika.

- Ça ira, il n'y a aucun danger avec nous. »

Chagum continua de caresser sa pastèque. Je me souvins qu'il avait aussi caressé son ventre quand on parlait de l'œuf de l'esprit sacrée de l'eau. Ce qui me poussa à lui demander une question particulière.

« Niisan ?

- Oui ?

- Est-ce que l'œuf que tu portes va grossir ? Et que ton ventre va être aussi gros que celui d'une femme enceinte ? Et quand il va éclore, est-ce que tu vas accoucher, toi aussi ? »

Tout le monde braqua leur regard sur moi. C'était un peu intimidant à la fin.

« Quoi ?! Je suis curieuse ! me défendis-je.

- Je n'avais jamais vu ça comme ça... mais depuis tu l'as dit..., réfléchit Maman en regardant Chagum avant d'esquisser un sourire complice.

- Hé ! Je ne suis pas enceinte ! rétorqua-t-il alors que nous éclatâmes de rire. »


Chagum et moi se rinçâmes les pieds, une fois à la maison.

« Chagum, tu commences à bronzer, observa Maman.

- Vraiment ?

- Oui, tu es un peu plus mat qu'avant, remarqua Papa. Ne te sens-tu pas devenir plus fort ?

- Tu as raison, sourit Chagum. Maintenant que j'y pense, je n'ai plus fait de rêves étranges récemment et j'ai vraiment le cœur léger. Je suis plus excité par la liberté que je vais jouir à partir de maintenant.

- As-tu un but dans la vie, Chagum ?

- J'aimerai trouver un travail dans lequel je pourrais aider les autres et aussi apprendre des choses qui m'intéressent.

- Tu as le caractère d'un érudit, alors ce serait peut-être une bonne idée si tu devenais instituteur afin d'apprendre aux enfants, lui suggéra Papa.

- Pour le moment, c'est Alika qui m'apprend, avoua-t-il en me regardant alors que je souriais.

- Je vais peut-être acheter une écritoire pour Chagum, sourit Maman. »

Niisan observa le melon d'eau qui reposait dans l'eau, attaché par une corde, un moment. Papa soupa avec nous avant de repartir pour le refuge. Alors que Niisan se lavait dans la pièce réservé au bain, et que Maman était occupée à lire quelques documents, j'allai m'asseoir à ses côtés et posai ma tête sur ses genoux.

« Quelque chose ne va pas, ma puce ? me demanda-t-elle en caressant mes cheveux.

- ... On peut parler ?

- Bien sûre. Pour toi, j'ai le double de mon temps. Dis-moi ?

- On m'a traitée de "bâtarde"... C'est vrai que ça veut dire "être né hors-mariage" ? Être un enfant "illégitime" ? C'est vrai que toi et Papa êtes pas mariés ? questionnai-je, la voix tremblante. »

Je sentis que Maman avait été prise de court par ma question. Maman me redressa et me prit dans ses bras avant de me bercer.

« Oui. C'est vrai que Maman et Papa ne sont pas mariés.

- Alors... pourquoi m'avoir donné naissance si je suis une "bâtarde" ? demandai-je innocemment. »

Maman semblait chercher ses mots. Je vis mon commandant esprit s'asseoir à nos côtés. Maman ne le voyait pas.

« Tu commences à te questionner de plus en plus, petite fleur, sourit-il. Tu n'es plus aussi innocente qu'avant et je pense que tu as le droit de savoir comment ça se passe entre un Papa et une Maman. Je vais aider ta Maman avec les mots... »

Je ne savais pas comment il pouvait faire pour aider Maman, mais je la sentis se détendre.

« Tout vas bien, Balsa, tu trouveras les bons mots.

- Je pensais attendre que tu sois plus âgée pour t'expliquer, commença-t-elle. Mais tu es une petite fille très intelligente et plus mature que ton âge. Ça me rappelle que Grand-Mère Torogai me l'a aussi expliqué, mais j'étais vraiment plus vieille que toi.

- Ah ?

- Oui. Je pense que tu vas comprendre. Je vais essayer de te répondre de mon mieux. Parlons du mariage pour commencer. Lorsque deux personnes s'aiment, ils ont différentes façons de se démontrer leur affection. Certains couples choisissent les mariages pour s'unirent à la vie, à la mort : ils sont donc déclarés Mari et Femme.

- T'es pas mariée, hein Maman ?

- Non. Je ne le suis pas. »

Je me replaçai dans ses bras alors qu'elle continuait.

« D'autres couple ne sont pas obligés de suivre cette voie : c'est le cas de moi et Papa. Nous sommes donc un couple libre. Nous n'avons aucune obligation à respecter. Tu comprends la différence des couples mariés et non-mariés ?

- Oui, je comprends.

- Tu m'as ensuite demandé... "pourquoi t'avoir donné naissance". Humm... Maman ne sait pas du tout par où commencer...

- D'où je viens ? Et pourquoi m'avoir donnée naissance ?

- Oh la fameuse question ! rit mon commandant esprit. Aller Balsa, va droit au but. Fais exactement comme Torogai te l'a expliqué. »

Je savais et ressentais que Maman n'avait pas l'habitude de gérer des situations de la sorte même si elle l'avait prévu sûrement prévu. Maman semblait hésitante, mais je plongeai plus profondément mon regard dans le sien et serrai l'encolure de son kimono rouge vin.

« Quand deux personnes s'aiment et forment un couple, ils font "l'amour". »

Je vis des rougeurs apparaître sur ses joues. C'était pourtant minime, mais je les aperçus quand même.

« Faire l'amour, c'est quoi ?

- ... C'est avoir des rapports sexuels. Ce que tu as entre les jambes est différent de Chagum. Il s'agit de ton sexe. C'est comme ça qu'on différencie une fille d'un garçon à la naissance. Parce que bien sûre, tu n'es pas née tout habillée, rit Maman.

- Oh ! comme toi et Papa ?

- Oui. Et c'est avec ça que les grandes personnes ont des rapports sexuels et s'unissent. Faire l'amour est plus fort que le sexe seulement.

- ... Alors Papa est rentré à l'intérieur de toi ? tentai-je de comprendre. Avec ce qu'on a entre les jambes ?

- Oui. Par la suite, il arrive que de temps en temps, quand les parents font l'amour, que le Papa donne un petit cadeau à Maman et qu'elle le garde bien au chaud dans son ventre. Tu devines ce que c'est ?

- Un bébé ? m'exclamai-je.

- Exactement. Le bébé restera bien au chaud pendant neuf longs mois avant de naître.

- Je peux tomber enceinte moi aussi ? »

Maman se mit à rire. Mon commandant esprit aussi.

« Non, pas encore du moins. Les petites filles de ton âge ne peuvent pas tomber enceinte.

- Pourquoi ?

- Ton corps n'est pas encore prêt. Généralement, c'est aux alentours de onze et quinze ans que ton corps commence à changer. Tu vas avoir des seins et des hanches comme moi.

- J'ai pas hâte..., avouai-je.

- Tu as beaucoup d'années avant de penser à te marier, ou à avoir des enfants. Maintenant, dis-moi, quels sont ces enfants ou ces adultes qui t'ont traitée de "bâtarde" ?

- Des enfants alors que je protégeais ma forêt. »

Au même moment, Chagum sortit de la pièce et vint nous rejoindre.

« Vous parliez de quoi ? demanda-t-il.

- De l'état civil de ma fille. Tu es au courant qu'elle s'était faite traitée de "bâtarde", Chagum ?

- Oui et je l'ai défendue.

- C'est vrai ça, appuyai-je. Il s'est presque battu avec eux !

- Je disais à Alika qu'elle n'était pas une bâtarde, lui expliqua-t-elle avant de me regarder. Tu es ce qu'on appelle une "enfant naturelle". Tu es née de parents libres, non mariés. Tu peux donc succéder à nos noms et à nos biens sans aucuns inconvénients.

- Ah ? s'étonna Chagum. Ici à la cour, ça s'appelle "bâtard" ou "enfant illégitime"... je n'avais jamais entendu parler "d'enfant naturel" auparavant.

- Maintenant, tu sais. Bon, je vais aller donner le bain à Alika. »

Je me sentais mieux dans ma peau et laissai Maman me jouer dans les cheveux. Je mangeai ma collation du soir et allai enfin me coucher avec Niisan.