Disclaimer: Evidemment, comme tout le monde peut s'en douter, ces magnifiques personnages n'appartiennent qu'à l'exceptionnelle et unique J.K. Rowling à qui je ne sers malheureusement pas de prête-nom... Je ne fais qu'exploiter les zones d'ombres de son récit...

Bien sûr, cette fic serait loin d'être ce qu'elle est sans la correction et les merveilleux conseils de Fenice qui me fait l'honneur de lire et corriger. Si vous avez fait l'erreur de ne pas lire ses fics, je vous le conseille vivement!

Merci à ceux qui m'ont laissé des reviews, je sais que je n'ai pas répondu mais cela m'a beaucoup touchée et encouragée à continuer, si vous pouviez en mettre pour celui-ci aussi... :-) J'encourage aussi vivement ceux qui lisent mais n'osent pas ou n'ont pas particulièrement envie d'écrire… s'il vous plait ! lol, nan nan, je suis pas désespérée !

Voilà, on approche de la fin… Dites-moi ce que vous en pensez…

VII Poudlard

Il suffirait de presque rien

Peut-être dix années de moins

Pour que je te dises « je t'aime »

Serge Reggiani

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Le soir de l'assassinat de Dumbledore, dans l'infirmerie de Poudlard où reposait Bill Weasley, Dora devait serrer violemment les dents pour ne pas éclater en sanglots. La bataille avait été rude, difficile. Elle avait plusieurs fois manqué se faire toucher par un sort ou un autre et avait eu très peur en voyant Bill s'effondrer.

Mais plus que tout, la mort de Dumbledore l'affectait. Plus qu'elle ne l'aurait pensé, d'ailleurs. Sans Dumbledore, continuer la lutte contre Voldemort serait difficile. Surtout avec la trahison de Rogue que Harry venait de leur apprendre. Et puis, malgré tout, malgré son côté manipulateur, sa manie de ne rien dire, de tout garder pour lui, elle s'était attachée au vieil homme. Lorsqu'elle était élève, elle l'avait rarement rencontré et souvent lors d'occasion plutôt désagréables. Mais depuis son entrée dans l'Ordre, les choses avaient changé.

Elle sursauta lorsque Molly et Arthur entrèrent dans la pièce, et son cœur se serra un peu plus en voyant les larmes de Molly tomber sur le draps qui recouvrait son fils. Au moins, Bill était vivant, se dit-elle avec un soupir. Et Remus aussi, pensa-t-elle en coulant un regard au loup-garou qui se tenait à côté d'elle. Elle avait envie de se blottir dans ses bras mais son ego se rebellait. Elle ne voulait pas risquer d'être humiliée devant tout le monde. En privé, éventuellement, peut-être. Mais là maintenant tout de suite, non. De toute façon, elle ne se sentait pas capable d'avoir une nouvelle discussion avec lui ce soir.

Plongée dans ses idées noires, elle sursauta lorsque Fleur lança d'un ton furieux à Molly, qui avait eu la malencontreuse idée de sous-entendre le contraire, qu'elle était assez belle pour deux et qu'elle avait bien l'intention d'épouser Bill malgré ses cicatrices. Elle eut une vague de culpabilité en se disant qu'elle avait sûrement mal jugé la Française et se promit, dorénavant, de faire un effort avec elle. D'ailleurs, Molly avait l'air décidée à faire pareil, se dit-elle en souriant tandis que les deux femmes tombaient dans les bras l'une de l'autre, pleurant sur les malheurs d'un homme qu'elles aimaient si fort toutes les deux.

Alors, une sorte de rage s'empara de la jeune femme. Ce n'était pas juste ! Pourquoi est-ce que Fleur aurait droit au bonheur et pas elle ? Tant pis pour les spectateurs, se dit-elle en plissant les lèvres, déterminée. Cette fois, elle ne flancherait pas.

-Tu as vue !dit-elle d'une voix crispée en se tournant vers Remus, l'œil noir. Elle veut toujours l'épouser, même s'il a été mordu ! Elle s'en fiche !

-C'est différent, répondit Remus en remuant à peine les lèvres. Elle savait qu'il était tendu mais s'en fichait. Ses nerfs n'étaient pas loin de lâcher, elle avait eu bien trop d'émotions dans la même soirée.

-Bill ne sera pas un loup-garou à part entière, continua-t-il. Les deux cas sont très…

-Mais ça m'est égal, ça m'est complètement égal ! s'écria la jeune femme, furieuse.

Elle attrapa Remus par le devant de sa robe et le secoua en criant. Elle en avait assez, assez, assez ! Ne pouvait-il pas comprendre ?

-Je te l'ai répété un million de fois…

-Et moi, coupa Remus en fuyant son regard, je t'ai répété un million de fois que je suis trop vieux pour toi, trop pauvre… trop dangereux.

-Je t'ai dit depuis début que ton attitude était ridicule, Remus, lança Molly par dessus l'épaule de Fleur et Dora se promit intérieurement de la remercier plus tard. Elle savait qu'ils étaient plusieurs à la soutenir contre Remus et à essayer de le convaincre. Elle en avait une nouvelle preuve.

-Je ne suis pas ridicule, disait Remus, ce qui la sortit de ses pensées. Tonks mérite quelqu'un qui soit jeune et sain.

-Mais c'est toi qu'elle veut, objecta Molly avec un semblant de sourire et Dora la remercia un peu plus.

-D'ailleurs, Remus, les hommes jeunes et sains ne le restent pas forcément, ajouta-t-elle en montrant son fils.

-Ce n'est pas… le moment d'en parler, déclara Remus en évitant les regards et Dora sut qu'il était touché par l'argument. Dumbledore est mort…

-Dumbledore aurait été plus qu'heureux que quiconque de penser qu'il y a un peu plus d'amour dans le monde, dit sèchement Minerva, et Dora dût s'empêcher de sourire. Si Minerva McGonagall se mettait de la partie, Remus était fichu !

Dora appréciait le soutien de son ancien professeur de Métamorphose à sa juste valeur. Pendant ses années d'études, bien que la vieille dame se soit toujours montrée juste et encourageante lorsqu'il le fallait, poussant même Dora à tenter une carrière d'Auror, elle avait toujours eu l'air pincé en croisant la jeune métamorphomage et l'avait régulièrement réprimandé sur ses couleurs de cheveux, ses choix vestimentaires et… ses petits amis. L'entrée de la jeune femme dans n'y avait rien changé même si c'était devenu plus discret. Aussi le fait qu'elle approuve la relation avec Remus mettait-il de baume au cœur de la jeune Auror.

Elle regarda Remus et dût une fois de plus s'empêcher de sourire. Il avait l'air de ne vraiment plus savoir quoi dire… Elle se dit qu'il allait peut-être enfin accepter ses arguments lorsque la porte s'ouvrit, laissant paraître Hagrid qui annonça qu'il avait transporté le corps de Dumbledore. Minerva quitta l'infirmerie, entraînant Harry avec elle et dès que la porte se fut refermée sur eux, Remus releva la tête et se dirigea vers la porte. Là il se retourna, salua tout le monde et s'en fut. Dora le regarda faire, la bouche ouverte. Je rêve, se dit-elle, il s'enfuit ! A peine était-elle arrivée au bout de sa pensée que Molly l'attrapa par le bras et la poussa vers la porte :

-Dépêche-toi, dit-elle à la jeune femme. Si tu ne le rattrapes pas alors qu'il est si déstabilisé et que tu ne réussis pas à le convaincre, il te faudra beaucoup trop de temps. Alors cours !

Dora ne se le fit pas dire deux fois. Elle se précipita hors de la pièce juste à temps pour apercevoir Remus tourner au coin du couloir et elle se lança à sa poursuite.

-Remus ! cria-t-elle. Attends-moi !

Mais lorsqu'à son tour elle tourna le coin, l'ancien Maraudeur avait disparu. La jeune Auror poussa un soupir, si Remus était passé par un passage secret, elle risquait de ne pas le rattraper… Elle se précipita vers les escaliers en priant pour qu'ils ne changent pas de direction et attendit impatiemment d'arriver en bas.

Au pied du grand escalier, elle courut à toute allure vers la porte d'entrée qu'elle ouvrit précipitamment et se retrouva sur le perron, scrutant le parc malgré la nuit pour voir si Remus était là. Rien… Trop tard… Si ! Au loin, presque à ce qu'elle savait être la limite de la barrière de protection du château, une silhouette qui marchait rapidement.

-Remus ! cria-t-elle à nouveau avant de reprendre sa course vers lui.

Elle le vit s'arrêter, hésiter, mais il reprit sa marche. Après quelques pas, il s'immobilisa et transplana, peu avant que la jeune femme, à bout de souffle, ne le rejoigne. Il ne s'était pas retourné, n'avait pas eu un regard pour elle.

Dora s'arrêta, furieuse. Non mais, pour qui se prenait-il ? Il pensait vraiment qu'elle allait abandonner comme ça, simplement parce qu'il se montrait aussi grossier ? Quelle piètre opinion il avait d'elle ! Elle était Auror, par Merlin ! Cela signifiait en particulier qu'elle était persévérante… Et elle allait le lui prouver ! Molly avait raison, c'était aujourd'hui ou jamais… Elle visualisa la petite maison de Remus et transplana devant.

Entretenant sa colère, elle cogna violemment contre la porte et faillit tomber lorsque celle-ci s'ouvrit brusquement sur un Remus qui n'avait pas l'air ravi non plus. La discussion promettait d'être chaude.

-Qu'est-ce que tu veux encore ? grogna-t-il.

-Te parler. Je n'ai pas l'impression qu'on ai terminé celle commencée dans l'infirmerie…

Avec un énorme soupir qu'il n'essaya même pas de cacher, Remus s'effaça pour la laisser passer. Première victoire, se dit Dora intérieurement. Au moins, elle était entrée. Une fois dans le salon, elle se retourna vers lui.

-Qu'est-ce que tu veux de plus ? attaqua Remus. Je croyais pourtant avoir été très clair.

-Je refuse de prendre « non » comme une réponse, Remus, il faudra t'y faire. J'aime encore mieux venir m'humilier régulièrement ici que d'imaginer le reste de ma vie sans toi.

-Dora, soupira-t-il. Je ne veux pas que… Ecoute, je ne fais pas ça pour t'humilier, je…

Il ferma les yeux, se demandant comment il allait bien pouvoir lui expliquer la situation sans révéler ce qu'il ne voulait absolument qu'elle sache.

-Dora, on ne peut pas… C'est tout simplement impossible, tu comprends ?

-Non, répondit froidement la jeune femme. Justement, je ne comprends pas. Alors explique-moi. Pourquoi est-ce que nous n'aurions pas le droit d'être ensemble ?

-C'est trop dangereux, Dora. Pour toi. Surtout pour toi. Tu es jeune, tu… Je suis vieux, je suis pauvre, je suis un loup-garou. Tu mérites mieux que tout ce que je pourrais t'offrir. Réfléchis, Dora ! Tu es jeune, tu es superbe, tu as une belle carrière devant toi… Tu es intelligente, je suis sûre que tu arriveras très loin dans la hiérarchie des Aurors avec un talent comme le tien. Tu veux vraiment t'encombrer d'un vieux loup-garou ?

-Oui, dit-elle avec un sourire. Je t'aime, Remus. Tu n'as pas écouté ce que t'as dit Molly ? Je t'aime. C'est toi que je veux et personne d'autre. Je me fiche de ton âge, de ta pauvreté et de ta condition. Tu l'as dis toi-même, j'ai une belle carrière devant moi. Et je gagne de l'argent. Beaucoup trop pour moi toute seule mais assez pour une petite famille. Et même si ce n'est pas courant chez les sorciers, tu pourrais rester à la maison t'occuper des enfants… Certains Moldus le font, tu sais ? C'est très moderne.

Remus ferma les yeux, essayant de repousser les images si tentantes que la jeune femme évoquait. Pourquoi fallait-il qu'elle soit si logique, si confiante, si décidée ? Une telle foi dans l'avenir… Il ne méritait pas une femme comme elle, c'était sûr. Mais ce qu'elle proposait lui faisait tellement envie ! Remus n'avait qu'une envie, plonger dans le rêve qu'elle lui proposait, mais il craignait trop que le réveil ne soit brutal. Il ne devait pas.

-Non, Dora, finit-il par articuler au prix d'un énorme effort. Ce n'est pas possible, je… Je finirais par te faire du mal… Ou tu te lasserais… Je me transforme en une créature hurlant à la lune une fois par mois, Dora.

-Je sais, mais qu'importe ? Il suffit de prendre quelques précautions, dit la jeune femme. Elle devait se maîtriser pour que sa voix ne tremble pas. Elle s'était vue si proche du but…

-Non, Dora, non. Il ne faut pas. Il faut que tu m'oublies, que…

-Mais je ne peux pas, cria-t-elle. La fatigue et la douleur lui retombaient dessus.

-Pourquoi est-ce que tu ne peux pas comprendre ça ? demanda-t-elle d'un voix brisée. J'ai essayé, Remus. Vraiment. Mais je ne peux pas. Je t'ai dans la peau, au plus profond de moi. As-tu demandé à Fleur d'oublier Bill quand il a été attaqué par Greyback ? Elle veux toujours l'épouser ! Elle l'aime en dépit de ses blessures ! Pourquoi est-ce que je n'aurais pas droit au bonheur, moi aussi ?

-Dora, murmura Remus, torturé de la voir ainsi.

Mais la jeune femme ne l'écoutait pas. En pleurs, elle arpentait la pièce, continuant à parler et à crier tandis que les larmes coulaient le long de ses joues.

-Pourquoi, hein ? Qu'est-ce que j'ai de moins qu'elle ? Pourquoi est-ce que Fleur a le droit d'épouser l'homme qu'elle aime et pas moi ? Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ? Hein ? Tout ça à cause de ce don maudit…

-De quoi parles-tu ? demanda Remus, interloqué. Elle, maudite ? D'où pouvait donc bien lui venir cette idée ?

Elle se retourna vers lui, les yeux encore pleins des larmes qui couvraient ses joues, mais le regard déterminé et enfiévré.

-Tu crois être le seul à avoir souffert de ta différence, Remus ? Tu crois que ça a été plus facile pour moi ? Toi, au moins, à part tes amis, personne ne savait que tu étais un loup-garou. Ca n'a pas joué sur ta scolarité ! Comment crois-tu qu'on soit vu lorsqu'on peut prendre l'apparence qu'on veut, hein ? Oui, j'en ai profité, ça, crois-moi, mais j'en ai aussi souffert. J'ai eu très peu de véritables amis. A part Dawn, les autres avaient plutôt tendance à se méfier de moi… Moi aussi, j'ai passé de nombreuses nuits à pleurer dans mon oreiller en espérant être normale, banale, comme tout le monde.

Remus ne sut que dire. Il se rappelait avoir souhaité il y a longtemps qu'elle ne souffre pas de sa situation de métamorphomage, mais apparemment, son vœu n'avait pas été exaucé. Il regarda longuement la jeune femme, tentant de comprendre ce qu'elle avait pu vivre. Mais elle continuait de plus belle, incapable de se maîtriser, la voix tremblotante tandis qu'elle revivait des souvenirs douloureux :

-Si tu savais ce que j'ai vécu… Tu ne peux même pas l'imaginer, Remus ! Tu ne pourras jamais. Toi, tu te contentais de tes amis, tu a toujours fuis les femmes, pas vrai ? Sirius me l'a dit. Eh bien, pas moi. J'ai toujours voulu être aimée. Je n'avais que des amis, mais une seule qui était sincère. Je me suis tout de suite vraiment entendue avec Dawn, d'autant qu'elle n'a aimé que Carley et qu'au contraire, il ne m'a jamais intéressé. Evidemment, avant qu'ils se rencontrent, tombent amoureux et sortent ensembles, il s'est passé un peu de temps, mais on a quand même jamais été en compétition en ce qui concerne les mecs. Nous n'avions vraiment pas les même goûts. Mais les autres… J'étais connue, puisque j'étais métamorphomage, mais ça m'a aussi attiré des ennuis et de sacrés problèmes, Remus. Surtout, surtout avec les mecs. Je ne sais pas quand ni avec qui tu as fais l'amour pour la première fois…

Remus rougit et détourna les yeux. Il ne s'attendait pas à ce qu'elle lui parle de ça. Pour tout dire, il était loin d'avoir envie d'aborder le sujet, surtout avec elle. Mais apparemment, ce n'était pas pour le mettre mal à l'aise qu'elle l'avait dit, puisqu'elle continuait sans s'être rendue compte du trouble du loup-garou :

-Moi, j'avais quatorze ans.

Remus leva brusquement la tête pour la regarder, estomaqué. La jeune femme continuait, toujours exaltée :

-C'était un ami de Bill Weasley, un Gryffondor de septième année quand j'étais en quatrième année à Serdaigle. Il s'appelait Stefan et n'avait aucune raison de me remarquer. D'autant plus qu'il était fou amoureux d'une fille de sa classe qui se fichait de lui comme de sa première robe. Et c'est là que j'ai saisi ma chance. Je suis allée le voir et je lui ai dit que s'il acceptait de sortir avec moi, je ferais tout ce qu'il voudrait et qu'en plus, je pourrais prendre l'apparence de l'autre. Il a accepté, et j'étais aux anges, mais évidemment… Il a tout de suite mis ses conditions, je ne devais pas l'approcher en dehors des moments où on était en rendez-vous et surtout, surtout, toujours avoir l'apparence de cette fille. Je l'ai fait. Et un jour… -La voix de la jeune femme s'étrangla- il a voulu qu'on fasse l'amour. Je n'étais pas vraiment prête pour ça mais sur le coup, j'étais folle de joie, idiote que j'étais, j'ai cru qu'il avait enfin des sentiments pour moi et j'ai commencé à reprendre mon apparence habituelle. Il a hurlé, disant qu'il ne voulait qu'elle et que j'avais promis, que j'avais juré… Je suis restée comme l'autre… On a fait l'amour… Je suis rentrée effondrée dans mon dortoir et j'ai pleuré toute la nuit. Dawn a essayé de me consoler, mais c'était impossible. Le lendemain, elle est allée voir Stefan pour lui interdire de me revoir, même si j'essayais, que sinon elle irait tout dire à Flitwick et MacGonagall. Il a eu peur, il a accepté et moi j'ai souffert, je ne comprenais pas… Dawn tentait de me réconforter, de me dire qu'il n'en valait pas la peine… Et puis, ça a été les vacances, il a quitté Poudlard et j'ai fini par m'en remettre.

Remus ne savait pas quoi dire. Jamais il n'aurait imaginé qu'elle ai pu vivre de telles situations. Elle paraissait toujours si gaie, si cela était-il possible ? Elle n'avait pas méritait ça… Et Dora continuait, la voix toujours plus vibrante et brisée à la fois. Les nerfs de la jeune femme craquaient, trop d'émotions en peu de temps…

-L'année suivante, ma foi, c'était un camarade de dortoir de Charlie ! Je me demande comment j'ai fait pour ne jamais tomber amoureuse d'un Weasley, mais c'était comme ça. Un jour, à la bibliothèque, Charlie m'a pris à part pour me dire que je devrais faire attention au lieu de me jeter comme ça la tête des hommes, que j'en souffrirais plus que je n'aurais de joies. Il a été vraiment sympa avec moi, il a ajouté avec un sourire qu'avec lui, c'était même pas la peine que j'essaye parce qu'il n'aimait que les dragons et ça m'a fait rire, il était gentil et ça me semblait si étrange… Mais je ne l'ai pas écouté. Je suis sortie avec son l'autre, pas très longtemps. Je me suis lassée et je suis partie après un Serdaigle de dernière année. Je commençais à avoir une réputation d'allumeuse, les autres filles m'en voulaient d'avoir tout les mecs que je souhaitais. Et moi, j'étais malheureuse, mais Dawn était la seule à le savoir. Je refusais de montrer aux autres que tout n'était pas si rose… Ce mec me traitait comme de la boue sur ses chaussures, il me demandait toutes les femmes qui lui passaient par la tête et ne m'accordait son attention que lorsqu'il en avait envie. Ca ne s'est terminé qu'avec la fin de l'année, un fois de plus.

Dora s'arrêta un instant pour reprendre son souffle mais ne parût ni calmée ni prête à s'arrêter, ce qui inquiéta Remus. Par Merlin, elle n'avait déjà pas mérité ça, avait-elle vécu pire ?

-En septième année, ma réputation était telle que bon nombre des mecs me couraient après pour prendre leur pied. Ils pensaient que je couchais à droite à gauche et en plus, que j'acceptais de prendre l'apparence de n'importe qui. Ce qui n'était pas tout à fait faux. Il y en a eu un, un Poufsoufle, qui m'a demandé de prendre l'apparence d'un de ses camarades de dortoir. Je me suis tirée. Mais j'ai pleuré, encore et encore, il me plaisait sacrément. Dawn commençait à se dire que j'étais complètement maso de sortir avec des dingues pareils, mais c'était moi, la dingue. J'ai pris toutes les apparences, j'ai jamais rien refusé… Celui qui a suivi le Poufsoufle m'insultait pendant qu'on faisait l'amour, c'était des « grosse cochonne » par ci, des « salope » par là, sans parler des « tu aimes, hein, sale putain ». J'ai fini par craquer, à la fin de l'année j'ai tout arrêté et j'ai bossé comme une folle pour les ASPIC pour pouvoir entrer chez les Aurors. Grâce à Merlin, j'ai réussi. Je me suis alors promis de ne plus continuer comme ça, de mieux gérer ma vie personnelle. Si j'avais su ce qui allait me tomber dessus chez les Aurors…

Elle poussa un profond soupir et Remus eu envie de la prendre dans ses bras, qu'elle cesse de souffrir, qu'elle arrête de revivre ça. Lui-même ne le supportait plus. Comment avait-elle fait pour se remettre de telles horreurs ?

-Pendant la formation, j'ai plus ou moins gardé une apparence, j'en avais assez de servir de miroir aux gens. Dawn et Carley étaient avec moi, ils m'ont sacrément aidé à me remettre de mes dernières aventures. Je commençais à penser que c'était derrière moi et que j'allais peut-être trouver un homme qui m'aimerait pour moi-même… Tu parles ! Au bout de six mois, j'ai commencé à fréquenter un futur Auror, il avait un an de plus que moi et je n'avais jamais fait attention à lui à Poudlard mais il était tellement gentil, il me gavait de compliments, il me disait même qu'il appréciait les cheveux roses…

Elle sourit à ce souvenir et Remus sentit son cœur se serrer. Il en voulait à ce type d'avoir été tellement aimé par Dora mais surtout, surtout, se demandait ce qu'il avait bien pu lui faire pour qu'aujourd'hui, ils ne soient plus ensemble.

-J'avais déjà l'apparence que j'ai d'habitude, que veux-tu, j'ai toujours été un peu provocatrice, et je l'aimais bien… Enfin bref, on est resté ensemble longtemps, j'ai vraiment cru que c'était le bon. Et puis un jour, je suis passé devant son bureau et je l'ai entendu débiter des compliments. Comme c'était ceux qu'il me servait en général, je me suis dit qu'il devait réviser et j'ai trouvé ça tellement adorable que je suis entrée. Il y avait une fille sur ses genoux… Il m'a regardé et je suis partie sans rien dire. J'ai eu énormément de mal à m'en remettre ! Et tu sais pourquoi ?

Remus secoua la tête, incapable de parler, mais de toute façon, Dora ne le regardait pas, bien trop plongée dans ses souvenirs pour l'écouter.

-Ce mec aimait les femmes, toutes les femmes et c'est pour ça qu'il m'aimait avec mes cheveux roses et mes tenues folles. Mais je n'étais pas la seule, il draguait toutes celles qui passaient. Et j'ai eu mal parce que je pensais qu'étant métamorphomage, j'aurais des problèmes avec les hommes pour cette raison surtout. Et que si un jour j'en trouvais un qui m'aimait quand même, ce serait le bon. Jamais je n'aurais cru finir une histoire d'amour avec une banale histoire de tromperie, expliqua-t-elle avec un sourire désabusé. Ca me paraissait tellement ordinaire, je me pensais au-dessus de ça ! Comme quoi, même une Auror métamorphomage peut avoir des histoires d'amour absolument normale.

Remus eut envie de la prendre dans ses bras pour la consoler tellement elle avait l'air touchée, aujourd'hui encore, par ce souvenir. Il comprenait parfaitement ce qu'elle voulait dire. Elle méritait le mieux, le plus beau et au lieu de ça, elle avait récolté de si tristes histoires.

-Après… en troisième année de formation, on avait des stages avec des Aurors plus qualifiés sur de petites missions. C'est comme ça que j'ai rencontré Kingsley, on s'est entendu tout de suite et il a vite été un des seuls à m'accepter comme stagiaire. J'étais tellement maladroite que les autres piquaient des crises ! Enfin bref, une fois, j'ai été associée à Sfiard, un Auror quelconque, je devais récupérer des informations sur des mecs louches qu'on tentait d'arrêter. Donc on traînait dans les bars les plus infâmes d'Angleterre dans l'espoir de trouver quelque chose sans que ça marche vraiment, les gens se méfiaient dès qu'on posait des questions. Et puis un jour, Sfiard m'a demandé si je pouvais faire une « bien trop jolie fille », je le cite, comme ça, je pourrais alpaguer les mecs et les faire parler plus facilement. J'ai accepté, très enthousiaste, et on a eu des résultats exceptionnels très vite. On a arrêté le gang peu après, un vrai succès. J'ai été félicitée et je suis retournée en formation, mais après, j'ai récupéré d'autres missions de ce genre. Quand j'ai réussi mon examen, ils m'ont mise avec Kingsley et ça a continué. Franchement, je n'y voyait pas d'inconvénient particulier.

Remus serra les dents à l'idée de ce qu'elle avait pu vivre, honteux de sentir au fond de lui une jalousie intense envers tout ces hommes qu'elle avait attiré. Il n'avait aucun droit sur elle, se répétait-il sans cesse – sans que cela ait le moindre effet -. Mais la jeune femme continuait et il lui porta toute son attention, effrayé par le tremblement de sa voix qui se faisait encore plus important :

-Une fois, j'étais avec Kingsley dans un motel, je devais allumer un mec, l'entraîner dans une chambre et là, Kingsley devait lui sauter dessus pour l'emprisonner. On ne pouvait pas le faire tout bêtement dans le restaurant parce qu'il était entouré de tout un tas de gardes du corps, bref, il fallait absolument qu'on le coince seul. Je me souviendrais toute ma vie de cette soirée, ajouta-t-elle en frissonnant après un court silence. J'ai joué mon rôle à la perfection. J'étais un sosie de Fleur Delacour, j'ai joué l'idiote éblouie, j'ai séduit le mec. Je passe dans le couloir, il me suit, j'entre dans la chambre, parfait, tout se passe bien. Sauf qu'à ce moment-là, Kingsley aurait dû intervenir et qu'il ne l'a pas fait. Je ne l'ai su qu'après, mais quand il a voulu nous suivre, les gros bras l'en ont empêché. J'étais donc dans cette chambre, seule avec ce mec que j'avais volontairement allumé et qui était bien assez saoul pour me violer sans se poser de questions. Ce qu'il a d'ailleurs failli faire. Il m'a embrassé et voyant que King n'arrivait pas, j'ai commencé à me débattre. Mais il était beaucoup plus fort que moi et je me suis vite retrouvée sur le lit avec mes fringues déchirées et sans ma baguette, articula-t-elle la voix hachée par le souvenir. Il s'est couché sur moi. Heureusement, il y avait une lourde lampe de chevet sur la table de nuit que j'ai réussi à attraper et à abattre sur son crâne juste à temps. Après, j'ai métamorphosé et je suis rentrée au Ministère avec le mec que j'avais attaché, je l'ai livré aux autres Aurors… Et je me suis écroulée. Physiquement et moralement. Ils m'ont donné un mois de congés, je suis partie en France sur le conseil de Kingsley qui a fait un scandale pour que je ne risque plus jamais ce genre de choses.

Elle s'arrêta et inspira lentement pour se calmer, tremblante de tous ses membres. Remus était complètement déboussolé. Par Merlin, elle n'avait pas mérité ça ! Comment avait-elle pu s'en remettre ? Décidément, la jeune femme portait plus de blessures qu'il ne l'aurait cru ou qu'elle le montrait, ce qui n'empêchait pas le loup-garou de souhaiter que cela ne lui soit jamais arrivé.

-En rentrant de France, continua-t-elle une fois plus calme, j'étais encore sacrément choquée, mais ça allait. Mais je n'ai pas pu approcher un homme avant quelques temps. J'avais trop peur. Heureusement que Kingsley, Dawn et Carley étaient là, sinon… Ils m'ont obligée à sortir, à rencontrer des gens, à me détendre, à avoir de nouveau confiance. Ils m'ont réappris à sourire et à profiter de la vie. C'est comme ça qu'un soir, on s'est retrouvé dans une boîte moldue. Pour une fois, je n'avais pas les cheveux roses, je n'avais pas osé, tu comprends… J'ai rencontré un type, là-bas. Il m'a regardé avec des yeux ébahis toute la soirée, m'a posé plein de questions, m'a gavé de compliments et pour finir, il m'a demandé mon numéro. Par chance, une moitié de ma famille étant Moldue, mon père avait tenu à ce que j'ai un téléphone. Je lui ai donné, et il m'a invité au cinéma peu après. C'est comme ça que j'ai commencé à sortir avec lui. Ca me faisait du bien, je me sentais normale, pas de métamorphomage chez les Moldus… Il m'aimait pour moi-même. Je me suis inventée une apparence, un nom, une famille, un passé, des amis, une histoire, bref, toute une vie ! Mais j'ai fini par craquer. Je lui mentais tout le temps et je m'en trouvais horrible. J'aurais pu décider de lui dire la vérité, j'ai d'ailleurs failli le faire. Mais je n'ai pas pu m'y résoudre, j'ai eu trop peur des conséquences, de sa réaction. Je l'ai quitté du jour au lendemain sans véritable explication, le pauvre… Je m'en veux encore. Mais il le fallait. Et c'est peu après que Kingsley m'a parlé de l'Ordre. Et que je t'ai rencontré.

Le cœur de Remus se serra. Certainement la pire histoire que Dora avait vécu, cette rencontre avec un loup-garou.

-Au début, continua la jeune femme, j'avoue que je n'ai pas vraiment fait attention à toi. J'avais envie de retrouver Sirius, celui dont je gardais des images floues mais pleines de joies des rares moments que j'avais passé avec lui avant d'avoir six ans. En plus, je ne voulais plus d'histoire d'amour, j'avais trop peur de souffrir ou de faire souffrir, je me croyais incapable d'aimer vraiment quelqu'un. Mais tu étais là, tu me parlais, tu étais… tellement toi ! Je ne voulais pas tomber amoureuse de toi, Remus. Mais personne ne choisit quand l'amour lui tombe dessus. C'est arrivé à mon insu. Je m'en suis rendu compte un soir, on était dans la cuisine du 12 avec Sirius en train de boire du Whisky Pur Feu, et tu m'as regardé dans les yeux. Pendant un temps qui m'a paru infini. Je me suis alors dis que j'aimerais bien passer le restant de ma vie avec un tel regard posé sur moi. Je crois que si Sirius ne m'avait pas violemment réveillée en tombant de sa chaise, je t'aurais embrassé à ce moment-là. Après, je m'en suis voulu, je me suis dis que c'était une bêtise, j'ai essayé de t'oublier. Tu vois, je n'avais même pas besoin que tu me dises de le faire. Mais c'était impossible. Je t'aime, Remus, envers et contre tout.

Sur ces mots, elle s'arrêta enfin, et Remus détourna les yeux pour ne pas croiser son regard noyé de larmes. Il savait parfaitement qu'il n'y résisterait pas.

Dora se mordit violemment l'intérieur des joues pour tenter de faire cesser ses larmes. Lui dire tout cela avait été dur, beaucoup trop, mais elle se sentait soulagée de l'avoir fait. Cela allait-il l'aider à comprendre qu'elle avait réellement besoin de lui, qu'elle se fichait de tout le reste ? Il le fallait, se dit-elle tandis que son cœur se serrait un peu plus. Remus refusait de la regarder et cela l'inquiétait. Pourtant, elle s'était bien rendue compte que son discours ne l'avait pas laissé indifférent. Elle soupira. Une fois de plus, il fallait qu'elle fasse l'effort, qu'elle aille jusqu'à lui.

Elle avança et se planta en face de Remus pour le forcer à la regarder. A contrecœur, il tourna ses yeux vers elle et son cœur manqua un battement. Elle était là, l'air si fragile, les yeux noyés, si proche, son visage plein d'espoir tendu vers lui. Il aurait tellement voulu pouvoir la serrer contre lui ! Mais avant qu'il puisse faire le moindre mouvement pour s'éloigner d'elle, elle passa ses bras autour du cou du loup-garou et, avec un long soupir de bien-être, appuya sa tête contre le torse de Remus. Il referma ses bras autour d'elle et la berça tendrement, lui murmurant quelques paroles réconfortantes à l'oreille et déposant de légers baisers sur ses cheveux.

Après un long moment, Dora releva la tête et l'instant de paix fut terminé. La voix rauque, elle dit :

-Je ne te demande rien, Remus. Ni mariage, ni promesse d'amour éternel. Je veux juste qu'on essaye. Laisse-moi une chance de te convaincre. Tu ne saura jamais si c'est mieux ou pire si tu ne tentes rien. Permets-moi de t'aimer, Remus. C'est tout ce que je veux.

Le loup-garou leva les yeux au-dessus de la tête de la jeune femme et parcourut la pièce du regard sans la voir. Il pensa à tout ce qu'elle avait enduré et se dit que oui, il l'aimait sûrement plus que les précédents, assez pour ne pas avoir envie de la faire ou de la voir souffrir. Il contempla sa vie à lui, solitaire, faite de sept années d'un bonheur trop vite brisé, de travaux solitaires, de rencontres d'un soir au hasard d'une rue. Il avait toujours rêvé à une vie de famille, banale et simple, tout en sachant parfaitement qu'il n'y avait pas droit. Et voilà que Dora lui offrait son rêve sur un plateau. Avait-il vraiment le droit de refuser ? Quand le bonheur frappait à la porte, avait-on le droit de la lui refermer sur le nez en prétextant qu'il arrivait trop tard ? Il vit le visage de Lily qui souriait, disant à James qu'on ne disait jamais non à une femme. Et Dumbledore, qui croyait depuis toujours que l'amour était la plus grande force, celle qui pourrait vaincre Voldemort. Alors, baissant la tête vers celle de la jeune femme, il planta ses yeux dans les siens et murmura :

-D'accord.

Le sourire qui illumina le visage de la jeune femme fut si éblouissant que Remus se promit d'en garder le souvenir à jamais. Puis, se baissant, il la prit dans ses bras et l'emmena dans sa chambre.

-

Au matin, lorsque Dora ouvrit les yeux, elle découvrit les yeux de Remus penché sur elle. Avec un sourire et un soupir de plaisir, elle se rapprocha de lui et posa sa tête sur son torse. Elle se sentait bien. A sa place. Elle l'embrassa légèrement et demanda :

-Tu m'aimes vraiment pour ce que je suis ? Malgré mon air tellement Black ?

Il se souleva légèrement, la scruta quelques secondes et sourit :

-J'aime bien tes cheveux roses. Tant que tu te ressembles, tout va bien. Mais je t'interdis de prendre l'apparence d'Ombrage ou de quelqu'un de ce genre…

Elle rit et se blottit un peu plus contre lui. Par Merlin, ce que c'était bon ! Elle sentit qu'elle pourrait rester là jusqu'à la fin des temps. C'est alors qu'une pensée s'imposa à elle et lui fit l'effet d'une douche froide. Le bébé ! Sous l'effet conjugué de la bataille, de la fatigue et de l'énervement, elle l'avait complètement oublié et s'en senti terriblement coupable. Quelle mère allait-elle faire, par Morgane, si elle oubliait jusqu'à l'existence de son enfant ! Elle se tourna vers Remus, mordillant ses lèvres. C'était le moment où jamais… Pas vrai ?

-Remus, commença-t-elle d'un ton hésitant. Je suis désolée, mais… Enfin, j'ai encore quelque chose à t'avouer. Mais je t'en supplie, ne le prends pas mal. C'est arrivé par accident, je te jure que je n'avais rien prévu du tout et de toute façon, je ne veux rien t'imposer !

Il s'assit dans le lit, fronçant les sourcils. Il n'aimait pas cette entrée en matière et il sentit qu'il allait encore moins apprécier la suite.

-Je t'écoute, déclara-t-il d'un ton qu'il espéra neutre.

-Je suis enceinte, murmura-t-elle en baissant les yeux.

Cette petite phrase pris Remus complètement par surprise. Il s'était attendu à quelque chose de grave, de dramatique, de gênant, bref, à tout, mais vraiment pas à ça. Parmi les milliards de questions qui assaillirent son esprit en même temps, celle qui franchit ses lèvres en premier fut :

-De qui ?

Elle lui jeta un regard noir.

-De toi, évidemment ! Ca fait deux ans que je te cours après, tu crois vraiment que j'ai couché avec d'autres hommes en attendant ? répondit-elle d'un ton mordant et blessé.

-Non, bien sûr, répondit-il hâtivement pour s'excuser. Je suis désolé, ce n'est pas ce que je voulais dire. Seulement… Comment ? Pourquoi ? Depuis quand ? Tu en es sûre ?

-Oui, j'en suis certaine, je suis allée voir une gynécomage. Quand, eh bien, la dernière et unique fois, Remus. Et je suppose que tu sais comment on fait les enfants… Je l'ai découvert il y a trois semaines à peu près.

-Pourquoi tu ne m'en as pas parlé ? demanda-t-il avec de la douleur dans la voix.

-J'ai voulu le faire, tu te rappelles ? Je suis venue te voir. Mais il y a eu cette histoire d'Avery sur laquelle on est partis, et après, je n'ai pas eu le courage.

Plein de remords, il la prit dans ses bras :

-Je suis désolé, murmura-t-il. Si tu savais comme je m'en veux de t'avoir fait cette scène.

-Ce n'est pas grave, murmura-t-elle.

Elle s'écarta de lui, le laissant réfléchir. Il avait l'air soucieux et elle ne put s'empêcher de s'en vouloir. Elle lui avait assuré la veille au soir qu'elle ne lui demandait rien et voilà qu'elle lui apprenait qu'elle était enceinte de lui ! Il finit par se tourner vers elle et déclara, l'air décidé :

-Epouse-moi.

Dora le regarda, estomaquée. Un tourbillon de joie lui traversa les entrailles mais elle se força à rester lucide et à ne pas sauter sur Remus en hurlant « oui » et en l'embrassant partout. Sa raison lui soufflait que connaissant l'homme qui s'adressait à elle, il ne lui avait pas fait cette demande sans raison précise et elle voulait la connaître avant de répondre.

-Pourquoi ? demanda-t-elle.

-Mais, dit-il en paraissant étonné par la question, c'est évident ! Tu es enceinte à cause de moi, je dois en assumer les conséquences. Je ne veux pas qu'on dise que j'ai mis une femme enceinte et que je ne m'en suis pas préoccupé. Je me dois de restaurer ton honneur et cet enfant doit porter mon nom !

Dora soupira et secoua la tête. Gagné ! se dit-elle sombrement. Encore un foutu Gryffondor qui n'écoutait rien à ce que les autres disaient. L'honneur !

-Je suis désolée, Remus, dit-elle platement. Je n'aurais jamais pensé dire non à une demande en mariage de ta part, mais j'y suis obligée. Je t'ai dit hier que je ne voulais rien t'imposer et cet enfant en fait partie. Je t'aime profondément, mais je ne veux pas t'épouser parce que je suis enceinte. Je me fiche de ce que les gens disent et je suis capable de l'élever seule. Bien sûr, je ne le souhaite pas, rajouta-t-elle en le voyant ouvrir la bouche. J'aimerais énormément que tu sois à mes côtés pour les années à venir, mais je ne veux pas t'y forcer. Et je préférerais que tu me demandes en mariage parce que tu as envie de finir tes jours avec moi. Mais j'aimerais savoir ce que tu en penses, finit-elle d'une voix hésitante.

Une fois de plus, Remus se tut. Décidément, cette femme le surprendrait toujours ! Il tourna ses paroles plusieurs fois dans sa tête et dût bien admettre qu'elle avait raison. Elle était effectivement capable d'élever seule ce bébé et n'avait guère besoin de lui. Son cœur se souleva à cette idée : cet enfant, il savait qu'il l'aimait déjà, il se sentait fondre de bonheur et de fierté en imaginant ce petit être dans ses bras et il n'y aurait pas droit ? Si, se souvint-il, elle avait dit qu'elle préférerait l'avoir avec lui. Il comprenait pourquoi elle avait rejeté sa demande en mariage et s'en voulu de l'avoir faite. La connaissant, il était évident qu'elle allait refuser et il aurait dû le savoir. Surtout qu'il l'avait probablement blessée. Dans le même temps, il apprécia l'abnégation de la jeune femme qui lui offrait tellement de liberté, tellement de choix en refusant de lui imposer quoi que ce soit. Même s'il devait avouer que cela l'effrayait un peu… Remus était parfaitement conscient qu'il était fou amoureux de la jeune auror et qu'il rêvait de passer le reste de sa vie avec elle, mais il sentait également qu'ils avaient tout deux besoin de temps pour s'apprivoiser, pour s'habituer à leurs situations respectives. Il se rapprocha d'elle et effleura sa joue de son pouce avant de dire :

-Dora… Je suis désolé si je t'ai blessé, ce n'était pas mon intention. Mais j'espère que tu m'accepteras dans ta vie et dans celle de ce bébé.

Doucement, respectueusement, il posa ses lèvres sur le ventre de la jeune femme puis continua :

-Je te suis… incroyablement reconnaissant de porter mon enfant. C'est un superbe cadeau que tu me fais là, bien supérieur à tout ce que je mérite, surtout après ce que je t'ai fait. Mais si tu acceptes mes excuses et ma présence à tes côtés, je te promets de faire de mon mieux pour m'occuper de vous deux.

Avec un large sourire, Dora se serra contre lui.

-Oui, murmura-t-elle à son oreille.

Et elle se laissa aller contre l'épaule de Remus et allait se rendormir lorsqu'il se releva brusquement, demandant d'un ton alarmé :

-Et il est normal ? Je veux dire, tu n'as rien senti pendant la pleine lune ? Pas de complications en vue, pas de problèmes ?

-Remus, dit-elle d'un ton apaisant. J'aurais pensé que tu le savais… La lycanthropie ne se transmet que par morsure, il n'y a pas de familles de loups-garous. Sinon, il y en aurait sûrement plus ! Je n'ai pas dit à la gynécomage que tu étais un loup-garou mais j'ai essayé de me renseigner. Il n'y a d'ailleurs pas beaucoup de livres qui traitent des enfants de loups-garous…

-Oui, je sais. Je n'aurais jamais cru trouver une femme qui accepterait de me donner des enfants, mais j'ai quand même fait des recherches. Mais c'était y a un moment, quand Lily était encore là pour me forcer à y croire… C'est lorsque la mère est une louve que c'est dangereux, n'est-ce pas ?

-Oui. Si le loup-garou est le père, la mère ne risque pas grand-chose. Quelques nausées pendant les pleines lunes, surtout à la fin de la grossesse, mais rien de grave. Ton enfant sera peut-être un peu plus excité que les autres à l'approche de la pleine lune, mais il sera tout à fait normal. Enfin, autant que cela puisse être possible avec une mère telle que moi !

Dora rit et Remus lui sourit puis l'embrassa tendrement, la remerciant silencieusement de faire taire ses angoisses.

-Merci, murmura-t-il à son oreille.