Nouvelle version, 2021
Ransa no Moribito
Gardien des Lanciers
Chapitre 17
Fièvre et Thé
Après cet événement, j'étais plus sage et légèrement plus réservée qu'avant. J'avais un peu perdu l'envie de m'entrainer le matin avec Maman et Niisan. Maman me dit que si je n'avais pas envie de les suivre, je pouvais rester avec Papa à l'intérieur de la grotte. J'avais aussi adopté la voie du mutisme pendant un moment – je ne voulais pas déranger ni revoir Maman en colère comme elle l'avait été. Je gardai ma cape sur mes épaules même à l'intérieur de la grotte, car c'était le temps de l'hiver le plus froid. Même si ma punition était terminée et que je n'étais plus obligée de me coucher avant les autres, je conservai cette habitude.
J'avais aussi envie de voir des gens, de sortir – voir d'autres paysages autre que ceux à l'extérieur de la grotte des chasseurs. Je bougeai ma main de mon front et allai voir mon commandant esprit dans l'une des pièces. J'usai de ma télépathie pour ne pas que mes parents m'entendent parler seule.
« Nae, commandant esprit, commençai-je. Je voudrais voir d'autres gens...
- Ah ? Comment ?
- ... Je voudrais voir Mayuna ! Tu sais ? La jolie esprit qui suivait Monsieur Jin...
- Elle ne sait sans doute pas où tu te trouves présentement.
- Non, mais toi, oui... tu peux aller la chercher, toi. »
Il me regarda, incertain.
« Tu peux suivre son énergie, non ? insistai-je. S'il te plait... ? »
Mon commandant esprit soupira et je le senti quitter l'endroit pour retrouver Mayuna. J'allai dans le salon. Papa me vit.
« Bon matin, ma puce.
- Allô, répondis-je en fouillant dans la vaisselle.
- Qu'est-ce que tu recherches, mon cœur ?
- Je peux prendre trois tasses de thé ? demandai-je. Celles avec des poignées.
- Des tasses de thé ? Pour quoi faire ?
- J'ai envie de prendre le thé avec mes amis ! »
Papa sembla surprit, mais il me dit que je pouvais les prendre.
« Tu peux faire chauffer l'eau ? Je vais aller en haut... »
Je pointai la place avec la fente horizontale qui donnait une vue sur dehors, dans le mur de la grotte. C'était là où Maman avait raconté son histoire et son passé pour la première fois à Niisan. Je déposai les trois tasses de thé dans de petites assiettes sur une caisse en bois et demandai aussi si je pouvais prendre quelques onigiri déjà cuisinés. Après avoir eu son accord, j'en déposai cinq dans un petit plat. Papa m'apporta une théière fumante et la déposa au milieu de la caisse avant de caresser ma tête et sourire.
« Tu sais que je t'aime ? me dit-il.
- Oui.
- Je t'ai fait ton thé préférée, celui qui est sucré. Je te souhaite un bon thé avec tes amis. »
Il descendit et je vis mon commandant esprit monter les escaliers peu de temps après que Papa fût passé. Je vis une silhouette derrière lui et mon visage s'illumina : elle était vraiment venue ! Comme j'avais une petite réception de thé avec eux, je ne me gênai pas pour parler à haute voix. Mes parents étaient au courant de mon don, de toutes manières.
« Mayuna-Tan ! souris-je. Tu es vraiment venue !
- Bonjour Alika-Tan, me répondit-elle.
- Oh ! tu connais mon nom ?
- Le commandant esprit me l'a dit.
- Assied-toi... et toi aussi, mon commandant, ordonnai-je alors qu'il allait rebrousser le chemin. »
Peu importe à quel point mon commandant esprit était imposant, très masculin et viril, lorsqu'une petite fille lui disait que c'était une princesse, il jouait le rôle à la perfection. C'est en soupirant qu'il prit place en face de moi et que Mayuna s'assit à ma gauche. Tout dans sa démarche laissait démontrer qu'elle connaissait les manières et cérémonies reliés à la classe plus élevée que les simples roturiers comme moi. J'étais fascinée de voir comment ses gestes étaient gracieux et minutieusement calculés.
« Ça fait tellement étrange..., dit-elle. Je n'ai jamais été capable de communiquer ni même de parler à des personnes vivantes depuis que je suis devenue esprit. Tu es la première enfant et personne vivante que je côtoie qui désire autant me parler. »
Je souris et lui versai du thé dans sa tasse. Côtoyer des esprits pouvaient être très spécial et les frontières entre le matériel et l'immatériel, le tangible et l'intangible, étaient très difficile à délimiter. Physiquement, la tasse reposait toujours dans la petite assiette, mais je pouvais clairement voir Mayuna prendre la tasse de thé dans ses mains comme si la tasse elle-même possédait une âme et voir le liquide baisser. Elle souffla dessus et réchauffa ses mains.
« Il est à quoi le thé ? demanda-t-elle.
- Au Genmaicha... c'est mon préféré. Il est sucré... »
Elle prit une gorgée et sembla s'en délecter.
« C'est très bon, je n'ai jamais vraiment eu l'occasion de pouvoir y goûter.
- Nae, Alika, m'interpella mon commandant esprit en prenant un onigiri.
- Oui ?
- Est-ce que tu peux être amie avec Mayuna-San ? Elle m'a avouée se sentir très seule...
- ... Je ne peux pas être amie avec elle... »
Les deux suspendirent leurs gestes, confus.
« Je veux être amie avec elle, corrigeai-je avec un grand sourire.
- Et vous, Mayuna-San, désirez-vous être amie avec ma protégée ? lui demanda-t-il de façon très formelle qui ne lui ressemblait pas.
- S'il vous plait commandant, vous n'avez pas besoin d'être aussi poli avec moi..., s'embarrassa Mayuna. Maintenant que je suis revenue à l'état d'esprit, le titre de petite noblesse ne s'applique plus pour moi. Je suis au même titre qu'Alika-Tan. Pour répondre à votre question : oui, je veux être amie avec Alika-Tan, moi aussi. »
Je souris, remplis de joie et mordis dans mon onigiri. J'entendis Maman entrer dans le salon avec Niisan. Chagum demanda où j'étais et je le vis monter à son tour les escaliers pour venir me rejoindre.
« Hey Alika-Chan, qu'est-ce que tu fais avec ces tasses de thé et des onigiri ? Je peux en prendre un ? »
Je le vis tendre son bras. Je lui tapai doucement les doigts. Je ne l'avais pas tapé fort, j'avais retenu ma leçon avec Maman.
« Non, rétorquai-je alors que je voyais son air incrédule. Les onigiri, c'est juste pour mes amis qui viennent prendre le thé.
- Vas-tu l'inviter ? me demanda Mayuna. Il a l'air gentil. »
Je regardai mon commandant esprit, incertaine ; il nous manquait une tasse de thé. À ma plus grande surprise, je vis mon commandant pointer sa tasse de thé : il n'avait pas pris une gorgée du thé. Je soupirai et poussai l'ancienne tasse de thé à la place libre, à ma droite.
« Assied-toi, ordonnai-je. Si tu prends le thé, il faut que je te présente mes invités. »
Chagum s'assit et réessaya de se prendre un onigiri. Son hésitation disparut quand il vit que je ne réagissais plus.
« Tes invités sont des amis imaginaires ? questionna-t-il.
- Non, ce sont des esprits. Ils sont comme toi et moi. À gauche il y a Mayuna-Tan. Elle est très belle et gentille. Et en face de moi, il y a mon commandant esprit. Lui, il est toujours avec moi. Mayuna et moi, on est devenues amies. »
Je lui décrivis à quoi Mayuna ressemblait, mais je me conservai de décrire le physique de mon commandant esprit à l'exception qu'il était musclé, imposant et grand. Je répétai tout ce qu'ils disaient à Chagum pour qu'il puisse suivre notre conversation. L'assiette d'onigiri se vida et la théière également. Je savais que mon heure du thé était terminée.
« Tu fais souvent des réceptions de thé comme ceux-ci avec les esprits ? m'interrogea Niisan.
- Quand j'ai envie. »
Je vis Mayuna se redresser à son tour.
« Merci pour le thé, Alika-Tan... je me sens beaucoup moins seule. Je sens que mon fiancé est sur le point de se réveiller, alors je dois y retourner.
- Tu peux venir me voir quand tu veux !
- Tu es tellement mign— qu'est-ce que tu fais ?! Tu peux me toucher ?!
- Oui, m'attendris-je. Je peux faire ça quand je vois les esprits. Je peux vous toucher comme une personne en vie. »
Je la serrai dans mes bras et elle resserra son étreinte à son tour. Je sentis que Niisan me regardait avec un regard incrédule, car je devais sans doute me serrer moi-même dans mes bras physiquement. Mayuna se volatilisa alors qu'elle descendait les escaliers de pierres et Chagum m'aida à ranger les tasses pour les laver.
Une semaine après que Niisan eut fêté ses douze ans, mes parents avaient décidé d'organiser une sortie tous ensembles dans les prochains jours. Il allait bientôt nous manquer de viande, alors il fallait vérifier les pièges posés au préalable et Papa pourra jeter un coup d'œil pour voir les signes qui annonçaient si le printemps serait précoce ou tardif cette année.
Je me réveillai un matin, précédant la sortie. Je me sentais bien. J'avais légèrement trop chaud en faisant mes entraînements matinaux avec Maman et Niisan, mais je croyais que c'était normal. Je ne parlais pas beaucoup non plus, ma gorge me faisait mal alors je n'émettais que des petits sons pour confirmer que j'étais d'accord ou pas avec ce qu'on me disait. Je rentrai à l'intérieur et essuyai mon front perlé de sueur. J'enlevai mon manteau dans ma chambre. Nous allions bientôt dîner. Mon commandant esprit était beaucoup plus présent avec moi ce jour-là, inquiet de quelque chose.
« Petite fleur, tout vas bien ?
- Oui, répondis-je en télépathie. J'ai juste un peu mal à la tête...
- As-tu juste mal ou tu sens une pulsion ? Comme si ton cœur était à l'intérieur de ta tête ? »
Je tentai de me concentrer, mais je vis légèrement flou. Je marchai tranquillement vers la porte, mais je dû prendre appuie contre le mur pour éviter de tomber. Le plancher de la pièce semblait se mouvoir, comme des vagues sur une rivière.
« Tu devrais aller voir Maman et Papa, proposa mon commandant en venant me soutenir. Tu as les joues toutes rouges et ton regard est vitreux... vois-tu des points se promener dans tes yeux ?
- Des points ?
- Comme des mouches ou des lucioles.
- Quelques-unes... »
Bien qu'il ne fût physiquement pas présent, je sentais qu'il m'aidait à garder un certain équilibre. Normalement, l'espace entre la chambre et le salon n'était pas énorme, mais cette fois-là, j'eus l'impression de mettre une éternité avant d'atteindre la porte où Papa et Maman se tenaient. J'ouvris le rideau.
« Ah, te voilà ! s'exclama Maman. Chagum était sur le point de venir te chercher. Nous allons bientôt manger.
- Aah..., dis-je.
- Alika ? Tu ne te sens pas bien ? s'inquiéta-t-elle. »
Je fis un pas dans sa direction. Tout devint soudainement trouble et de couleur vive autour de moi : les membres de ma famille se mêlaient, s'entremêlaient pour se démêler et recommencer encore et encore. Il me sembla entendre mon propre pouls dans mes oreilles et l'air ne passait plus dans mes poumons. La dernière chose dont je me souvins avant de perdre contact avec la réalité fut la silhouette de Maman courant vers moi. J'eus la vague sensation de me faire porter, ainsi qu'une main sur mon front. J'entendais les voix de mes parents comme si j'avais du coton dans les oreilles; les voix étaient identifiables, mais je ne parvenais pas à discerner ce qu'ils disaient. Je ressentais leurs mains sur mes joues et dans mes cheveux.
« Elle est... brûlante !
- Comment ça... je n'ai rien vu venir ?!
- Allons la coucher dans son lit... »
Je gémis, comme si je voulais leur dire de se taire pour retrouver un silence apaisant. Les sons m'étourdissaient et mes paupières étaient trop lourdes pour que je puisse les rouvrir. Ce fut la dernière chose que je me souvins avant de tomber dans un sommeil lourd et profond.
Lorsque j'ouvris les yeux, je sentis qu'une serviette humide froide avait été déposé sur mon front et que j'avais deux couvertures au lieu d'une. Mes mains s'entortillaient dans les draps. Je vis la silhouette de Maman du coin de l'œil et tournai légèrement ma tête vers elle, faisant tomber ma serviette.
« Comment tu te sens, ma chérie ? demanda-t-elle en posant sa main sur ma joue, vérifiant ma chaleur corporelle.
- ... Eh... comme si j'avais eu quelque chose sur la tête, avouai-je en essayant de me redresser doucement sur mon lit alors que Maman m'aidait à garder mon équilibre, même en position assise.
- Tu nous as fait tellement peur ! Bois un peu d'eau. »
Elle approcha un verre et me le mit à portée pour que je puisse avaler quelques gorgées. Je remarquai que j'avais été changé et avais mon pyjama sur le dos.
« Où est Papa ?
- Il te prépare une bonne soupe avec Chagum.
- ... Je voulais jouer dehors aujourd'hui et faire des bonhommes de neiges, ronchonnai-je.
- Ah non, rétorqua Maman, tu dois te reposer et reprendre des forces. As-tu mal à la tête ?
- Un peu... »
Je sentis Maman me tâter le front.
« Ta fièvre n'as pas l'air d'avoir baissée encore.
- Maman ?
- Oui ?
- ... tu veux me bercer ?
- Les grands esprits se rencontrent, j'allais justement te demander si tu voulais que je te berce. Je continuerai de te bercer dans mes bras, même quand tu seras adulte. »
Elle retira ses souliers et souleva mes couvertures.
« Maman ?! Qu'est-ce que tu fais ?
- J'ai froid, moi aussi. »
Elle me prit dans ses bras avant de nous enrouler toutes les deux dans les couvertures, elle, assise sur mon futon. J'enfouis mon visage brûlant dans son cou et de la sentit poser sa main derrière ma tête. Je fermai les yeux et l'écoutai fredonner ma berceuse Kanbalese préférée. Je dû m'endormir dans ses bras, car lorsque je rouvris les yeux à nouveau, j'étais de nouveau couchée dans mon lit avec une serviette froide sur le front et personne n'était dans ma chambre... sauf mon commandant esprit. La porte-rideau s'agita et je vis Papa arriver avec un plat fumant sur un petit plateau. Maman et Chagum entrèrent aussi.
« Tiens ma belle, ça devrait te faire du bien, sourit Papa en s'approchant et déposant le plateau à mes côtés. Je n'ai mis que de bonnes choses dans la soupe pour t'aider à reprendre des forces. N'oublie pas de boire beaucoup d'eau. Tu dois garder ton corps hydraté.
- Nae, Alika-Chan, je t'ai fait quelque chose quand j'ai été dehors avec Balsa, dit Niisan. »
Je remarquai qu'il portait encore ses gants et il déposa, à côté de mon plateau, une petite sculpture de neige en forme de lapin, avec des baies pour les yeux et des feuilles séchés pour les oreilles : un Yukiusagi. Je souris.
« Wow ! Il est beau ton Yukiusagi ! m'émerveillai-je en le touchant du bout des doigts. Froid...
- Je sais que tu voulais jouer dans la neige aujourd'hui, continua-t-il, mais tu es malade. Alors je me suis dit que je te ramènerai quelque chose quand je reviendrai. Pour que tu aies l'impression de m'avoir accompagné. »
Je commençai à manger doucement la soupe de Papa. Je fis une moue.
« Qu'est-ce qu'il y a, ma chérie ? Ta soupe n'a pas bon goût ? s'étonna Maman.
- ... Je goûte rien, avouai-je.
- Tu es peut-être congestionnée. Tu parles un peu du nez, en fait. C'est la soupe aux légumes régulières de Papa, pourtant.
- J'ai même rajouté des épices, ajouta Papa. Mange quand même ta soupe, ça va aider ton corps à combattre l'infection. »
Je mangeai quand même mon plat et me recouchai sans fermer les yeux. Niisan me tint compagnie et continua de me raconter de petites histoires reliées à sa vie au palais en même temps que je polissais ma branche d'arbre.
Maman revint dans la pièce et me prit dans ses bras pour me donner un bain dans la cavité du milieu. Cette dernière était réservée à l'eau potable et au bain qui était creusé à même la pierre. Il y avait un drain au fond qui pouvait être bloqué par un bouchon de liège afin de conserver l'eau, le temps du bain. L'eau était puisée d'une rivière souterraine et réchauffer dans un compartiment qui comportait un feu de foyer – ce dernier, une fois allumé, conservait la pièce chaude et tiède. On ne prenait pas un bain à tous les soirs, mais une à deux fois par semaine. Le plus important pour le moment était que j'avais accès à un bain et que Maman allait pouvoir m'accompagner. Le bain avait été creusé de sorte qu'on puisse rentrer au moins trois personnes adultes. Elle retira mes vêtements et détacha mes cheveux pour pouvoir me les nettoyer.
« Tu peux entrer dans le bain, Alika, me dit-elle. J'ai déjà préparé de nouveaux sous-vêtements pour toi.
- Tu viens avec moi ?
- Bien sûre. Laisse-moi enlever mes vêtements. »
J'entrai dans l'eau chaude et regardai Maman se dévêtir à son tour. Mon regard se posa sur son corps couvert de cicatrices. Comme la longue cicatrice qui courait dans son dos, de son épaule droite à sa hanche gauche. Maman attacha ses longs cheveux en un gros chignon et vint me rejoindre. Elle prit le savon et me frotta gentiment les cheveux.
« Attention à tes yeux, je rince, m'avertit-elle. »
J'obéis et sentis l'eau couler sur ma tête. L'eau chaude contre ma peau semblait me faire du bien. Elle me passa un savon pour le corps et je fis de mon mieux pour me savonner partout en même temps qu'elle. Une fois terminé, j'allai me réfugier encore dans ses bras.
« Maman ?
- Oui, mon cœur ?
- Tu veux encore me parler de Kanbal ?
- Encore ? rit-elle.
- S'il te plait ?
- D'accord. Alors... »
Nous restâmes un moment dans le bain jusqu'à ce que Maman termine son histoire et se sèche. Elle me sécha rapidement et m'aida à réenfiler mon pyjama. Même si j'avais les cheveux encore humides, j'avais l'habitude de me coucher ainsi après chaque lavage de tête. Je lui demandai si elle pouvait aussi en profiter pour dormir avec moi le temps que je m'endorme. Une fois endormie, je savais que mon commandant esprit allait prendre la relève durant la nuit et dormir à mes côtés. Nous n'avions pas vraiment de pièce attitrée pour dormir, mais de temps en temps, Chagum dormait avec moi. Comme j'étais malade, mes parents en avaient conclu que c'était mieux pour moi d'être isolée afin de ne pas contaminer Chagum. Quand je répliquai à mes parents pourquoi ils pouvaient rester avec moi et non pas lui, Papa disait tout simplement que c'était « parce qu'ils étaient mes parents » et que j'avais leur propre anticorps, de « petits soldats », dans le mien.
